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Dingo vu par un vétérinaire cynophile - Octave Mirbeau

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Peut-être mâtiné de griffon...” Piscot, ouvrier : – “Je peux vous jurerque <strong>Dingo</strong> était doux comme <strong>un</strong> mouton.” Commentaire de Dorgelès :“Ce fléau du Vexin était en somme <strong>un</strong> gros toutou très caressant etjamais, même en jouant, il n’a étranglé seulement <strong>un</strong> poulet” 24 .Ce témoignage est capital, sous la plume d’<strong>un</strong> très sérieux écrivain, etles réponses des autochtones ne peuvent qu’être acceptées sansréticence. Ils auraient été trop contents d’accabler leur indésirableconcitoyen en imputant à son sale chien tous les défauts et tous lesméfaits possibles et d’en faire <strong>un</strong>e espèce d’animal féroce, <strong>un</strong>enouvelle Bête du Gevaudan ! Pour Pierre Michel, cependant, cestémoignages, "loin d’être <strong>un</strong>ivoques", seraient à prendre avecbeaucoup de précautions. Dans <strong>un</strong>e très belle et très documentéeintroduction à l’ouvrage, Pierre Michel, recherchant la <strong>par</strong>t de véritéqu’il faut accorder à <strong>Dingo</strong> et après avoir souligné la fragilité destémoignages humains, ajoute ces quelques lignes : "Plusdérangeant encore, il ap<strong>par</strong>aît que, si <strong>Dingo</strong> a bien existé et est bienmort dans les conditions évoquées dans les dernières pages duroman, il n’a pour autant jamais posé les pattes à Cormeilles, où ilest censé être arrivé nourrisson, pour la bonne raison que Mirbea<strong>un</strong>e s’y est installé que deux ans et demi après sa mort ! Nousignorons à quelle date exactement le vrai <strong>Dingo</strong>, le <strong>Dingo</strong> historique,est entré dans sa vie, mais c’est forcément après octobre 1894,puisqu’à cette date <strong>Mirbeau</strong> se plaint à Monet de se retrouver sanschien après s’être fait voler le sien, nommé Tholl. Alors, que peuventvaloir les témoignages contradictoires des gens de Cormeilles sur<strong>un</strong> chien qu’ils n’ont jamais rencontré, et pour cause ?" 25 . Faisons lepoint : le chien dont nous a <strong>par</strong>lé <strong>Mirbeau</strong>, au passé répétons-le, en1910 et 1911, <strong>un</strong> dénommé <strong>Dingo</strong>, était, dixit son maître, <strong>un</strong> dingoaustralien. Ce "chien", qui lui aurait servi de modèle, est mort en1901. Il faut croire que <strong>Dingo</strong> était <strong>un</strong> chien remarquable, aucaractère exceptionnel qui seyait bien à celui du polémiste et qu’il luia laissé <strong>un</strong> éternel souvenir pour en avoir fait le héros de sonroman...Christopher Lloyd, <strong>un</strong> des nombreux étrangers à s’être intéressés à<strong>Mirbeau</strong>, revient sur le sujet à l’occasion de son <strong>par</strong>allèle entre notreromancier et Jack London, deux grands auteurs de "romans-Chien",entre <strong>Dingo</strong> et Croc-Blanc, deux "biographies fictives" de chienssauvages, qui ont toutes deux "<strong>un</strong>e solide base documentaire,construite à <strong>par</strong>tir de l’observation personnelle de leurs auteurs.<strong>Mirbeau</strong> était le propriétaire de deux chiens appelés successivement<strong>Dingo</strong> (bien que ses biographes ne sachent pas à quelle race canineces chiens ap<strong>par</strong>tenaient)" 26 . Outre l’intéressante information que ledernier chien de <strong>Mirbeau</strong> portait le même nom que <strong>Dingo</strong>, le supposédingo, mort en 1901, <strong>un</strong>e note apporte deux autres précieusesréférences : “Reg Carr prétend même que le véritable <strong>Dingo</strong> n’étaitqu’<strong>un</strong> grand caniche (voir Anarchism in France : the case of <strong>Octave</strong><strong>Mirbeau</strong> (Manchester University Press 1977, p. 149 ; tandis qued’après Catherine Fritz, dans sa préface à la réédition de <strong>Dingo</strong>(Éditions Michel de Maule, 1987, p. 11), le chien de <strong>Mirbeau</strong> était ‘dela brave race des bergers, moutonnant et affectueux’” 27 . "Le véritable<strong>Dingo</strong>" dont il est question ici semble bien être celui qui est mort en1901, comme le laisse supposer la suite du propos : "Quand <strong>Mirbeau</strong>raconte la mort du véritable <strong>Dingo</strong> dans <strong>un</strong>e lettre à Rodin, en octobre1901, il observe justement que ‘jamais je n’ai <strong>vu</strong> aux yeux d’<strong>un</strong>homme <strong>un</strong>e telle expression humaine d’amour, de supplication et desouffrance. [...] Ah, je lui eusse sacrifié bien des personnes que jeconnais’ ” 28 .

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