Dingo vu par un vétérinaire cynophile - Octave Mirbeau

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Je veux entrer, dit le cabot.Je suis Dingo, chien pauvre et rustre,Vous savez, la bête à Mirbeau..."Le pauvre ! Il reçoit au derrièreDes coups de pied – et de quels pieds !– "Hors d’ici ! gibier de fourrièreQui ne peut montrer tes papiers !"Dingo fuit les agents de l’Ordre,Gardiens de ses frères cossus.Mais il gronde... Va-t-il les mordre ?Il fait mieux : il pisse dessus... 34Que reste-t-il du dingo ?Les chiens de Mirbeau passés en revue et re-lecture faite de sonlivre, il n’en reste qu’un nom et qu’une idée. Un nom qui fascinalittéralement l’auteur au point de le lui faire choisir pour deux de seschiens de compagnie, pour le héros d’un de ses romans, jusqu’autitre enfin de ce dernier. Une idée, qui le séduisit un jour d’un animalfamilier, mais ayant gardé toute sa liberté, son état de nature, unebrute au sens littéraire du terme, la bête considérée dans ce qu’elle ade plus éloigné de l’homme. Le dingo d’Australie, découvert on nesait comment, lui a semblé remplir ces conditions et apte à jouer cerôle. Il chercha à le retrouver dans les livres et dans l’histoire. Il sepersuada et fit tout pour nous convaincre qu’il en avait possédé un, lepremier du nom, un véritable dingo vivant qu’il aurait connu et aimé. Ilen fit alors un plausible personnage de roman, le principal, le héros,un héros mythique, symbolique qui pourrait parler à sa place, lui faireexprimer tout ce qu’il avait sur le cœur. Il lui ferait règler ses comptesavec la société qu’il rejette, comme le dingo refuse la compagnie desautres animaux, de l’homme, et de ses propres congénères.Il aurait pu retenir, tout simplement, pour s’exprimer à sa place, unchien, un simple chien, un des siens, particulièrement admirable etqu’il aurait beaucoup aimé, au caractère aussi voisin que possible decelui de l’animal auquel il rêvait. Certes, mais Mirbeau voulait plusoriginal, plus étonnant, un vrai sauvage, auquel on pourrait toutpasser, tout excuser, ses frasques, sa sauvagerie, ses excès, sonanormalité, mais qui trouverait grâce et sur lequel on pourraits’émerveiller pour ses moments de tendresse et ses rares élans ducœur.Il a jugé que Dingo était mieux que Canard ou Pierrot et le résultat luidonnera raison : un grand livre naîtra, sa dernière attaque, sontestament littéraire, un chef-d’œuvre ont dit certains, une violentesatire sociale et... un grand moment de littérature "canine". Dans legenre, difficile, où les réussites sont rares, on n’avait pas encore faitmieux. D’autres s’y essaieront par la suite avec moins de succès.Michel CONTARTNOTES :1. Dr. CHENU,Encyclopédie d’Histoire naturelle ou Traité complet de cette science,Carnassiers, 2ème partie, Paris, Marescq et Cie., 1853, p. 47.2. Bénédict-Henry REVOIL, Histoire physiologique et anecdotique des chiens detoutes les races, Paris, E. Dentu, 1867, pp. 86-89.3. Eugène GAYOT, Le Chien. Histoire naturelle, avec un atlas de planches et figures,Paris, Librairie de Firmin Didot, 1867, pp. 25-27.4. Emile RICHEBOURG, Histoire des chiens célèbres, Paris, C. Vanier, 1867.5. Le Chien, Paris, J. Rothschild, 1876, p. 17.6. Ad. REUL, Les Races de chiens, Bruxelles, Imprim. Charles Van de Weghe, 1891-1894, t. 1 : pp. 399-400.7. Joanny PERTUS, Le Chien. Races, hygiène et maladies, Bibliothèque desconnaissances utiles, Paris, J.-B. Baillière et fils, 1893, p. 13.
8. Octave Mirbeau a connu ce spécialiste d’escrime et d’équitation qui, nous dit PierreMichel, a dû être une fois son témoin lors d’un duel en 1883.9. Auteur du beau livre à thème canin, Le roman de Follette.10. Baron de VAUX, Notre Ami le Chien, d’après Gordon Stables, Paris, J. Rotschild,1897.11. Comte Henry de BYLANDT, Les Races de chiens. Leurs Origines, Points,Descriptions, Types, Qualités, Aptitudes et Défauts, Bruxelles, ImprimerieVanbuggenhoudt Frères, 1897, pp. 262-3.12. Comte Henry de BYLANDT, Les Races de chiens, Laeken (Bruxelles), R. B.Postema et J. Van Raalte, 1904, 2 vol..13. Dr. Maurice Burton et Robert Burton, Grand dictionnaire des animaux, rédacteuren chef de l’édition française Paul Schauenberg, introd. de Joseph Kessel, GDABordas, Genève, Edito-Service S.A., 1973, t. 7, pp. 1229-1232.14. Le Monde animal en 13 volumes, Zurich, Editions Stauffacher S.A., 1974, t. XII,pp. 191-2.15. Nouvelle traduite de l’Anglais par Robert d’Humières et Louis Fabulet, in RudyardKipling, Œuvres, 4 vol., coll. Bouquins, Paris, Robert Laffont, 1989, t. 3 : pp. 489-491.16. Louis NAZZI, "À la gloire de Dingo. Octave Mirbeau nous parle de son prochainlivre", Comœdia, 25 février 1910.17. Dictionnaire historique de la langue française, sous la dir. d’Alain Rey, Paris,Dictionnaire Le Robert, 1992, t. 1.18. The Shorter Oxford Dictionary on historical principles, 3ème édition, vol. 1, Oxford,Clarendon Press, 1964.19. Georges PIOCH, "Une visite à Octave Mirbeau. Le grand écrivain, convalescent etmélancolique, nous parle de son prochain roman et de ses contemporains", Gil Blas,11 août 1911. Georges Pioch nous a laissé de très belles lignes sur le chien : cf. E. G.SÉE, Anthologie zoophile, Biarritz, Imprim. moderne de "La Gazette", 1933, et MichelCONTART, Le Chien, coll. Les plus beaux textes de tous les temps, Le Muséumd’Histoire Naturelle, Lausanne, Éditions Favre, 1997.20. Henri CLOUARD, "Dingo par Octave Mirbeau", Le Temps présent, août 1913, p.165.21. Camille MAUCLAIR, ""Dingo" et M. Octave Mirbeau", Le Pamphlet, septembre1913, p. 4.22. Pierre MICHEL et J.-F. NIVET, Octave Mirbeau, L’Imprécateur au cœur fidèle.Biographie, Paris, Séguier, 1990, p. 898.23. "Le monde animal dans l’œuvre de Mirbeau", Actes du Colloque Octave Mirbeaud’Angers, 19 au 22 septembre 1991, Presses de l’Université d’Angers, 1992, p. 292.24. Martin SCHWARZ, Octave Mirbeau. Vie et œuvre, The Hague-Paris, Mouton etCie., 1966, p. 154.25. Pierre MICHEL, "Introduction" à Dingo (à paraître chez Buchet-Chastel, dansl’Œuvre romanesque de Mirbeau)26. Christopher LLOYD, "Octave Mirbeau et Jack London fabulistes. De Dingo à Croc-Blanc", Cahiers Octave Mirbeau, n° 4, 1997, p. 282.27. Ibid., n° 5, p. 291.28. Ibid., n° 19, p. 291 : Correspondance avec Auguste Rodin, éd. P. Michel et J.-F.Nivet, Tusson, Du Lérot, 1988, p. 200.29. Octave MIRBEAU, Dingo, Paris, Bibliothèque-Charpentier, Eugène Fasquelleéditeur, 1919, p. 49. Toutes les autres citations sont extraites de la même édition.30. Octave MIRBEAU, Dingo, bois coloriés de Pierre Falké, Les Beaux Romans, HenriJonquières et Cie., 1923.31. Marguerite BOUVIER, "Pierre Bonnard revient à la lithographie", dans Comœdia,23 janvier 1943, cité par : Francis Bouvet, Bonnard. L’œuvre gravé, Paris,Flammarion, 1981.32. Octave MIRBEAU, Dingo, Paris, Ambroise Vollard, 1924, in-folio, 55 eaux-fortesde Pierre Bonnard, dont 14 hors-texte, tirage à 350 exemplaires.33. Octave MIRBEAU, Dingo, Octave Mirbeau. Œuvres illustrées, aquarelles etdessins de Gus Bofa, Tradition de la France, Paris, Éditions Nationales, 1935.34. "Gazette rimée", Les Hommes du jour, 6ème année, n° 279, 24 mai 1913.
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Page 8 and 9: Voilà qui pourrait mettre un terme
Page 10 and 11: professionnel ! Réalité difficile
Page 12: Peut-être mâtiné de griffon...
Page 15: n’aurions pas eu Dingo. Sortons-l
Page 19: souvent de néphrite. Le récit de

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