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Dingo vu par un vétérinaire cynophile - Octave Mirbeau

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Voilà qui pourrait mettre <strong>un</strong> terme à cette étude, d’autant que <strong>Mirbeau</strong>pour bien convaincre son interlocuteur et ses futurs lecteurs,complète l’information <strong>par</strong> quelques considérations cynotechniques,confirmant ainsi ce que nous avancions sur ses lectures : "Originairede l’Australie centrale, de la contrée de <strong>Dingo</strong>, il avait gardé son âmeprimitive et ses instincts libres et farouches... Il tenait à la fois durenard et du loup, dont il possédait les terribles mâchoires... Au reste,<strong>Dingo</strong> n’était pas <strong>un</strong> chien, si j’en crois les savants, si habiles à créerd’inutiles classifications, mais <strong>un</strong> dingo... Ainsi, le définissaient leszoologistes, les heureux hommes...". Voilà, on se demande pourquoi,les zoologistes épinglés ; suivront peu de temps après, dans <strong>Dingo</strong>,les <strong>vétérinaire</strong>s et les entomologistes, qui ne sont qu’<strong>un</strong>e variante despremiers !<strong>Mirbeau</strong> a donc lu les savants ouvrages, au moins <strong>un</strong>e <strong>par</strong>tie d’entreeux, ou peut-être <strong>un</strong> seul ? mais lequel ? Il n’y a trop rien à redire sursa brève description du dingo, qui n’est peut-être pas <strong>un</strong> chien. Maisle poil long – certes la notion de longueur est toute relative – pose <strong>un</strong>problème : non seulement <strong>Mirbeau</strong> a éprouvé le besoin et a réussi letour de force de faire venir <strong>un</strong> dingo d’Australie, mais il a reçu sansdoute le seul exemplaire à poil long qui eût jamais existé ! Et où a-t-ilbien pu trouver l’information sur l’origine géographique de l’animal,l’Australie centrale et, plus précisément, la région de <strong>Dingo</strong> ? Voilà quilaisse déja planer <strong>un</strong> doute sur l’exactitude de ses propos et quidonne l’occasion de s’attarder quelque peu sur l’origine de ce mot de"dingo".Le nom est empr<strong>un</strong>té à l’anglais dingo, lui-même empr<strong>un</strong>té à <strong>un</strong>elangue d’Australie. "Le mot est relevé dans <strong>un</strong>e traduction de W.Trench (1789), qui cite le mot comme aborigène et de nouveau chezDumont d’Urville (1834-1835). Il désigne <strong>un</strong> chien sauvaged’Australie." 17 <strong>Dingo</strong>, adjectif et nom, dans le sens de fou, attesté en1907 sous la forme suffixée dingot, est généralement considérécomme <strong>un</strong> dérivé de dingue (1916, chez Barbusse), "mais sonap<strong>par</strong>ente antériorité pose problème" 17 . Et certains linguistes pensentque ce mot pourrait venir, dans ce sens, du premier. Le dingo : <strong>un</strong>chien fou ! Rappelons que, pour les Blancs d’Australie, "<strong>Dingo</strong>" est <strong>un</strong>terme injurieux 14 . Les ouvrages anglais confirment le Robert : <strong>Dingo</strong>,1789, précisant que le mot est indigène et originaire de la Nouvelle-Galles du Sud, ce qui nous ramène à la géographie 18 . Les atlasconsultés ne nous ont pas permis de retrouver trace d’<strong>un</strong>e régionportant le nom de <strong>Dingo</strong>, mais tous connaissent la petite ville de<strong>Dingo</strong>, dans le Queensland, sur le Tropique du Capricorne, à moinsde 200 km de Rockhampton et à 600 km environ de Brisbane, dans leGreat Dividing Range, très loin de la Nouvelle-Galles du Sud.Laissons donc à <strong>Mirbeau</strong> la paternité de l’information.<strong>Mirbeau</strong> connaissait bien le caractère de ce dingo et c’estprécisément celui-ci qui, nous dit-il, aurait guidé son choix : "Ce quim’a fait m’intéresser à cette bête et l’aimer, c’était son amour del’indépendance, son individualisme outrancier... Il n’avait rien de cetteservilité douloureuse des autres chiens. Il consentait quelquefois àobéir, mais à ses heures... Par exemple, s’il ne lui plaisait point,impossible de la faire grimper dans <strong>un</strong> fiacre... Il me fallait rentrer àpied à la maison, quelque temps qu’il fasse, derrière <strong>Dingo</strong> satisfait...Et pourtant, en dépit de sa férocité héréditaire, il avait <strong>un</strong> pouvoird’adaptation qui a toujours suscité mon émerveillement... Très vite, ilavait pris l’habitude de notre vie civilisée, il se sentait à l’aise dansnos ap<strong>par</strong>tements qu’il arpentait comme ses ancêtres, la brousse...".Si les premiers caractères de son chien correspondent bien à ce

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