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Dingo vu par un vétérinaire cynophile - Octave Mirbeau

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n’aurions pas eu <strong>Dingo</strong>. Sortons-le donc de sa caisse, et accueillonsce très je<strong>un</strong>e dingo, venu d’Australie dans le ventre d’<strong>un</strong>e vraiesauvage gestante capturée pour le plaisir d’<strong>un</strong> excentriquecollectionneur britannique <strong>par</strong>ticulièrement argenté... <strong>Mirbeau</strong>reconnaît quand même l’originalité, la rareté et le caractèreexceptionnel d’<strong>un</strong> tel cadeau, <strong>par</strong>tagé, il est vrai, avec le roi ÉdouardVII et <strong>un</strong> indéterminé <strong>par</strong>c zoologique. À ce sujet, il convient deremarquer que les zoos ne se sont jamais battus pour avoir commepensionnaires ces animaux vraiment trop ressemblants... à de<strong>vu</strong>lgaires chiens domestiques et il est peu probable qu’<strong>un</strong> dingo aitjamais fait la gloire de celui de Melbourne : ô comble de l’ironie !<strong>Mirbeau</strong> nous brosse <strong>un</strong> long tableau du dingo, tel que ses lecturesont pu le lui faire connaître, <strong>un</strong> curieux mélange de donnéesgénéralement admises et de pures inventions énoncées sur <strong>un</strong> tonhumoristique. À en croire le romancier, le dingo, ni chien ni loup, mais<strong>un</strong> peu chien quand même, tient du renard... de Guinée et du loup...de Russie. L’étymologie même du mot le confirme : dingo serait <strong>un</strong>vocable nègre qui signifie "ni chien ni loup". Une intéressanteinformation que nous n’avons pu vérifier en l’absence de toutdictionnaire Buschiman-Français disponible. Quant à classer lesaborigènes d’Australie, les Australoïdes d’origine asiatique, dans lespeuples noirs... Passons rapidement – <strong>un</strong>e telle discussion serait icidéplacée – sur le caractère sous-jacent <strong>un</strong> tantinet raciste d’<strong>un</strong>e telledéclaration, qu’on est à moitié surpris de découvrir sous la plume d’<strong>un</strong><strong>Mirbeau</strong> qui eut quelques tendances antisémites, heureusement viteréprimées.L’affirmation très péremptoire que physiologiquement,histologiquement, ostéologiquement, odontologiquement, etpaléontologiquement, le dingo n’est ni <strong>un</strong> chien, ni <strong>un</strong> loup, est desplus plaisantes, quand on connaît les difficultés encore actuelles pourdistinguer les deux espèces. Nous n’en voulons pour preuve que lesdiscussions souvent abracadabrantes qui suivent la découverte d’<strong>un</strong>e"bête" tueuse, de moutons en général, à <strong>par</strong>tir de l’examen de sespoils, de ses os, ou, le plus souvent, de ses seules empreintes. Trèsrécemment encore, de très savants spécialistes, <strong>vétérinaire</strong>s,zoologistes du Muséum National, responsables de la surveillance dela fa<strong>un</strong>e sauvage, et, incontournables comme les plus finsconnaisseurs et plus ardents défenseurs de la nature, les chasseursse sont penchés sur l’<strong>un</strong>e d’elles censée avoir été laissée <strong>par</strong> <strong>un</strong>grand carnassier : les <strong>un</strong>s y croyaient voir <strong>un</strong> chien retourné à l’étatsauvage – le mot dingo n’a pas été jusqu’à être avancé –, les autres<strong>un</strong> loup venu d’ailleurs, d’autres enfin <strong>un</strong> lynx, <strong>un</strong> des dernierssurvivants échappés au massacre annoncé <strong>par</strong> les chasseurs. Quel<strong>vétérinaire</strong> oserait se prononcer, sans hésitation, à l’examen d’<strong>un</strong> ossur son ap<strong>par</strong>tenance à telle ou telle espèce de canidés ? Une dentisolée aurait bien du mal à retrouver son propriétaire, et quiconques’est livré à quelques fouilles archéologiques sait la difficulté que pose<strong>un</strong>e telle diagnose à des fins paléontologiques. Mais <strong>Mirbeau</strong> n’étaitni <strong>vétérinaire</strong>, ni zoologiste, ni paléontologue,... ni chasseur. Noussavons qu’il n’aimait ni les <strong>un</strong>s, ni tous les autres. Il se contente d’être<strong>un</strong> magnifique homme de plume qui sait, quand il le faut, agrémenter<strong>un</strong> très sérieux propos <strong>par</strong> des remarques pleines d’humour.Si la description d’ensemble du dingo tel que le voit <strong>Mirbeau</strong> estassez plausible, sa vision de la queue de l’animal est quelque peuembellie, "<strong>un</strong>e queue touffue, traînant à terre majestueusementcomme <strong>un</strong> gros boa de zibeline" : c’est ainsi, nous l’avons <strong>vu</strong>, que

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