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Fonte à la cire perdue. Bronze ou airain par Jean DUBOS - 26 ...

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05-2008-Dubos:communication 19/10/09 10:57 Page 85FONTE À LA CIRE PERDUEBRONZE OU AIRAIN<strong>par</strong><strong>Jean</strong> DubosSéance du <strong>26</strong> novembre 2008C’est une longue histoire qui c<strong>ou</strong>vre plusieurs civilisations, cet alliage de cuivre et d’étainalliés <strong>par</strong> le feu est resté le métal <strong>par</strong> excellence de <strong>la</strong> statuaire. Les premières traces de <strong>la</strong> métallurgiedu cuivre remontent au XI e et au XII e millénaire avant notre aire (traces de scories de transformationde cuivre à <strong>par</strong>tir du minerai retr<strong>ou</strong>vées en Anatolie, site Gatal Huyuh).C’est au V e millénaire avant J.-C. que <strong>la</strong> réduction du minerai et <strong>la</strong> fusion du cuivre sontattestées. Cette technique s’est développée ensuite en Iran, Irak, Égypte. On p<strong>ou</strong>vait admirer aumusée de Bagdad <strong>la</strong> tête magnifique du roi Sargon c<strong>ou</strong>lée au III e millénaire avant J.-C. <strong>ou</strong> bienencore voir au musée du L<strong>ou</strong>vre <strong>la</strong> statue de <strong>la</strong> reine Napir-Asu retr<strong>ou</strong>vée à Suze mutilée de satête qui mesure 1,30 m de haut p<strong>ou</strong>r un poids de 2 000 kg (elle est massive). À cette époque deuxalliages assez proches étaient utilisés :– le bronze à l’arsenic (cuivre, arsenic 2 à 3 %) s<strong>ou</strong>vent lié au minerai de cuivre, en Anatolie, auCaucase, en Égypte ;– le bronze à l’étain (cuivre, étain 10 à 12 %) en Mésopotamie, Iran, Syrie.C’est le bronze à l’étain qui prédominera en <strong>par</strong>ticulier dans le bassin méditerranéen grâceaux mines de cuivre de l’île de Chypre ; Chypre qui donnera son nom au cuivre. L’étain venantde Gaulle et de Corn<strong>ou</strong>aille. La Grèce dès le V e siècle avant J.-C. aura une production intensede grands bronzes, dit-on, plus importante que ses marbres. Les Étrusques prendront <strong>la</strong> relèvesuivis <strong>par</strong> les Romains (I er siècle avant, III e siècle après). La chute de l’Empire romain va créerun grand vide, il faudra attendre <strong>la</strong> Renaissance italienne p<strong>ou</strong>r ren<strong>ou</strong>er avec les grandes sculpturesen bronze en Occident :– 1409, le David de Donatello ;– 1452, les portes du baptistère de Florence de Ghiberti ;– 1554, le Persée de Benvenuto Cellini.En France, les commandes de François I er p<strong>ou</strong>r Fontainebleau re<strong>la</strong>ncent <strong>la</strong> production degrands bronzes à <strong>la</strong> <strong>cire</strong> <strong>perdue</strong> avec <strong>la</strong> venue de Léonard de Vinci et le passage de BenvenutoCellini. L’apogée des grandes fontes à <strong>la</strong> <strong>cire</strong> <strong>perdue</strong> en France fut le XVII e et le XVIII e siècle :85


05-2008-Dubos:communication 19/10/09 10:57 Page 86COMMUNICATIONS 2008Statue équestre de L<strong>ou</strong>is XVavec son alimentation(photo <strong>Jean</strong> Dubos).– en 1691, <strong>la</strong> statue équestre de L<strong>ou</strong>is XIV, sculptée <strong>par</strong> Girardon, fondue <strong>par</strong> Balthazar Keller(35 à 40 tonnes de bronze) ;– en 1758, <strong>la</strong> statue équestre de L<strong>ou</strong>is XV, sculptée <strong>par</strong> B<strong>ou</strong>chardon, fondue <strong>par</strong> Gor (30 tonnesde bronze) ;– en 1775, une commande de Catherine II de Russie, statue équestre de Pierre I er à Saint-Pétersb<strong>ou</strong>rg,sculptée et fondue <strong>par</strong> Falconnet (travail qui a duré 9 ans).Au XIX e siècle et début du XX e en France, c’est <strong>la</strong> technique de <strong>la</strong> fonte au sable qui prédomine,elle demande une maîtrise <strong>par</strong>faite du m<strong>ou</strong><strong>la</strong>ge à pièces. Issue de <strong>la</strong> révolution industrielleelle offrait moins de risques que <strong>la</strong> <strong>cire</strong> <strong>perdue</strong> et donnait des résultats de très bonne qualité. La<strong>cire</strong> <strong>perdue</strong> fut alors dé<strong>la</strong>issée.Il fallut attendre l’initiative d’Eugène Gonon en 1888 qui réalisa une pr<strong>ou</strong>esse en fondant lebas-relief de Dal<strong>ou</strong> se tr<strong>ou</strong>vant à l’Assemblée nationale. Ce bas-relief en demi-rond de bosse nemesure pas moins de 6,54 m <strong>par</strong> 2,56 m de hauteur p<strong>ou</strong>r un poids de 4 000 kg et fut c<strong>ou</strong>lé d’unseul jet <strong>par</strong> <strong>la</strong> méthode <strong>cire</strong> <strong>perdue</strong>.À notre époque persiste t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs les deux techniques, fonte au sable, <strong>cire</strong> <strong>perdue</strong>. La méthode« <strong>cire</strong> <strong>perdue</strong> » est de tradition <strong>la</strong> plus ancienne et reste celle de <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration étroite entre le86


05-2008-Dubos:communication 19/10/09 10:57 Page 87<strong>Jean</strong> Dubos, <strong>Fonte</strong> à <strong>la</strong> <strong>cire</strong> <strong>perdue</strong>. <strong>Bronze</strong> <strong>ou</strong> <strong>airain</strong>fondeur et le sculpteur. La <strong>cire</strong> <strong>perdue</strong> donne au sculpteur <strong>la</strong> possibilité de rectifier son modèleen <strong>cire</strong> jusqu’au dernier moment, remords indissociables de <strong>la</strong> création.Le fondeur est ce maître d’<strong>ou</strong>vrage qui cherche à maîtriser les éléments p<strong>ou</strong>r faire naître d’unmodèle périssable une figure pérenne, production <strong>ou</strong> reproduction fidèle en bronze de l’œuvreoriginale du sculpteur. Un lien très fort unit sculpteur et fondeur.Confier sa propre création à d’autres mains est une réelle inquiétude p<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>t créateur. Lefondeur se tr<strong>ou</strong>ve dans <strong>la</strong> position d’interprète et comme t<strong>ou</strong>t interprète il peut gâcher l’œuvre <strong>ou</strong><strong>la</strong> sublimer. Il se doit de connaître l’œuvre du sculpteur, de <strong>la</strong> saisir, de s’en imprégner p<strong>ou</strong>r nepas <strong>la</strong> trahir.Le bronze est une réalisation <strong>par</strong>tagée, un acte en commun, ce n’est pas p<strong>ou</strong>r rien que lesdeux apposent dans <strong>la</strong> <strong>cire</strong> : le sculpteur sa signature et son numéro d’épreuve, le fondeur, lui, lecachet de <strong>la</strong> fonderie avec le millésime. Cette reconnaissance mutuelle est très visible au momentdécisif de <strong>la</strong> c<strong>ou</strong>lée, instant ultime <strong>par</strong>tagé en équipe où t<strong>ou</strong>s les efforts de plusieurs semainesvont se concrétiser.Le métal porté à 1 200 o C sera jeté dans <strong>la</strong> verse du m<strong>ou</strong>le et remp<strong>la</strong>cera le vide <strong>la</strong>issé <strong>par</strong><strong>la</strong> <strong>cire</strong>, moment de silence, presque comme une prière où t<strong>ou</strong>s les hommes sont à leur poste, oùles signes <strong>par</strong>lent plus que les <strong>par</strong>oles, instant où l’on retient sa respiration, où <strong>la</strong> sueur c<strong>ou</strong>le surles fronts et ruisselle au creux des reins. Le ventre n<strong>ou</strong>é, l’<strong>ou</strong>ïe prête à entendre le moindre frémissementdu m<strong>ou</strong>le, air qui s<strong>ou</strong>ffle <strong>par</strong> les évents, métal étince<strong>la</strong>nt dans sa chute sans ret<strong>ou</strong>r quis’éc<strong>ou</strong>le dans <strong>la</strong> matrice du m<strong>ou</strong>le.En quelques secondes, ces plusieurs semaines voire quelques mois de pré<strong>par</strong>ation qui vontse concrétiser. Quel s<strong>ou</strong><strong>la</strong>gement quand le métal jaillit <strong>par</strong> les évents, <strong>la</strong> fatigue et les peines sont<strong>ou</strong>bliées (un dicton du fondeur dit : « Les évents ont jaillis, <strong>la</strong> pièce est réussie »).Puis vient cette longue attente du refroidissement,12, 24, 48 heures voire 3 semaines p<strong>ou</strong>rles grandes c<strong>ou</strong>lées. On v<strong>ou</strong>drait accélérer letemps et donner les premiers c<strong>ou</strong>ps de marteau,casser cette gangue réfractaire et voir ap<strong>par</strong>aîtrele métal encore tiède et fumant : « C’est <strong>la</strong> naissancedu bronze », opération moins spectacu<strong>la</strong>ireque <strong>la</strong> c<strong>ou</strong>lée mais t<strong>ou</strong>t aussi ém<strong>ou</strong>vante quin<strong>ou</strong>s dira si le travail a été bien mené.Les opérations suivantes de ré<strong>par</strong>ure, ciselureconsistent à c<strong>ou</strong>per les jets d’alimentation,à b<strong>ou</strong>cher les orifices <strong>la</strong>issés <strong>par</strong> les broches del’armature du noyau, à rectifier les défauts éventuelsde <strong>la</strong> c<strong>ou</strong>lée, gerces, fissures, retassures, ent<strong>ou</strong>te humilité s<strong>ou</strong>s le regard sans concession dusculpteur et dans le respect du modèle confié.C<strong>ou</strong>lée au f<strong>ou</strong>r réverbère de <strong>la</strong> Porte de l’Enferd’Auguste Rodin (10 tonnes).87


05-2008-Dubos:communication 19/10/09 10:57 Page 88COMMUNICATIONS 2008La patine, dernière et ultime étape, donnera au bronze sa t<strong>ou</strong>che finale. Cette oxydationcontrôlée, faite à chaud en alternant sels métalliques, acide et eau, donnera t<strong>ou</strong>te <strong>la</strong> sensibilitérecherchée et c’est à ce stade que le sculpteur passera un grand nombre d’heures avec le patineurcar une patine mal faite peut altérer <strong>la</strong> bonne lecture d’une œuvre.Archéologie expérimentaleAut<strong>ou</strong>r d’une équipe composée d’un archéologue, <strong>Jean</strong>-Paul Guil<strong>la</strong>umet, CNRS, d’un métallurgiste,Michel Pernot, CNRS, de <strong>Jean</strong> Dubos, fonderie de C<strong>ou</strong>bertin, une opération d’archéologieexpérimentale fut menée en 1990 au mont Beuvray (Morvan) sur le site d’un oppidumgallo-romain. Suite à des f<strong>ou</strong>illes archéologiques et <strong>la</strong> déc<strong>ou</strong>verte d’un atelier de bronzier, il s’agissaitde voir ce qui p<strong>ou</strong>vait rester comme éléments témoignant d’une activité de fondeur. Se basantsur quelques m<strong>ou</strong>les intactes du I er et du II e siècle, n<strong>ou</strong>s avons confectionné <strong>par</strong> <strong>la</strong> méthode traditionnelle<strong>cire</strong> <strong>perdue</strong> « un m<strong>ou</strong>le de potée ».Ce m<strong>ou</strong>le, composé de sable silico-argileux mé<strong>la</strong>ngé à des produits organiques naturels p<strong>ou</strong>rle dégraissage du sable, fut appliqué sur des modèles en <strong>cire</strong> (technique pratiquée jusque dansles années 1960 dans les fonderies d’art) :– pré<strong>par</strong>ation et séchage du crottin de cheval ;– broyage du sable et tamisage ;– pré<strong>par</strong>ation du jus de b<strong>ou</strong>se de vache (lien fibreuxp<strong>ou</strong>r le sable) ;– ma<strong>la</strong>xage et pétrissage de l’ensemble ;– confection de modèles en <strong>cire</strong> d’abeille ;– 1 re c<strong>ou</strong>che de potée (c<strong>ou</strong>che de contact très fine) ;– 2 e c<strong>ou</strong>che de potée plus grossière et séchage ;– décirage et cuisson au feu de bois ;M<strong>ou</strong>les de potée (photo <strong>Jean</strong> Dubos).– fusion et c<strong>ou</strong>lée du bronze à 10 % d’étain dans unf<strong>ou</strong>r fonctionnant au charbon de bois (air pulsé) ;– décochage, ap<strong>par</strong>ition du bronze, reste au sol <strong>la</strong>gangue du m<strong>ou</strong>le.Cette expérience très positive en est restée là,mais démontrait le peu de matériel nécessaire p<strong>ou</strong>r<strong>la</strong> c<strong>ou</strong>lée de petites pièces en bronze et le peu detraces qu’il reste après une telle opération si ce n’estun tr<strong>ou</strong> dans le sol p<strong>ou</strong>r le f<strong>ou</strong>r et des c<strong>ou</strong>ches desable silico-argileux ré<strong>par</strong>ties sur le lieu de travailet quelques éc<strong>la</strong>b<strong>ou</strong>ssures de métal figé.Après décochage (photo <strong>Jean</strong> Dubos).88


05-2008-Dubos:communication 19/10/09 10:57 Page 89<strong>Jean</strong> Dubos, <strong>Fonte</strong> à <strong>la</strong> <strong>cire</strong> <strong>perdue</strong>. <strong>Bronze</strong> <strong>ou</strong> <strong>airain</strong><strong>Fonte</strong> à <strong>la</strong> <strong>cire</strong> <strong>perdue</strong> au Camer<strong>ou</strong>nC’est en 2005 que Francis C<strong>ou</strong>tant, responsable de <strong>la</strong> formation à <strong>la</strong> fondation de C<strong>ou</strong>bertin,me fit <strong>par</strong>t de son séj<strong>ou</strong>r au Camer<strong>ou</strong>n et m’a décrit une opération de c<strong>ou</strong>lée à <strong>la</strong>quelle il avaitassisté dans le vil<strong>la</strong>ge africain de Bamenda, fonderie Mille 2.À l’éc<strong>ou</strong>te de son récit et à <strong>la</strong> vue de ses documents photographiques je fus admiratif, avecpeu de moyen matériel les fondeurs africains fondaient des bronzes de bonne qualité.Ma surprise fut plus grande encore quand je remarquais que <strong>la</strong> fabrication du « banko »(m<strong>ou</strong>le de potée) était presque simi<strong>la</strong>ire à notre expérience d’archéologie.Plus sidérant encore était <strong>la</strong> c<strong>ou</strong>lée à <strong>la</strong> « marmite », p<strong>ou</strong>r moi inconnue, presque à mainsnues, juste protégées <strong>par</strong> un chiffon humide. Le fondeur africain saisit <strong>la</strong> « marmite » pleine demétal en fusion et le verse dans les m<strong>ou</strong>les.Ce<strong>la</strong> évoque les premiers âges de <strong>la</strong> c<strong>ou</strong>lée du bronze : peu de moyen, beauc<strong>ou</strong>p d’efficacité,beauc<strong>ou</strong>p de risques aussi mais une maîtrise certaine des f<strong>ou</strong>rs, du feu, des cuissons, des terres,du métal, une bonne leçon sur leur savoir-faire.Ce<strong>la</strong> n’est pas sans me rappeler une fresqueégyptienne où le creuset est, semble-t-il,manœuvré <strong>par</strong> deux hommes munis de deuxgrandes perches de bois vert.Confection des <strong>cire</strong>s (photo Francis C<strong>ou</strong>tant).Pré<strong>par</strong>ation du banko (photo Francis C<strong>ou</strong>tant).C<strong>ou</strong>lée à <strong>la</strong> « marmite » (photo Francis C<strong>ou</strong>tant).89


05-2008-Dubos:communication 19/10/09 10:57 Page 90COMMUNICATIONS 2008Méthode <strong>cire</strong> <strong>perdue</strong>. Fonderie de C<strong>ou</strong>bertinMes trente-sept années d’expérience à <strong>la</strong> fonderie de C<strong>ou</strong>bertin me permettent d’évoquer lesaméliorations techniques apportées à cette méthode <strong>cire</strong> <strong>perdue</strong>.Comme je l’ai déjà évoqué, cette méthode remonte à <strong>la</strong> plus haute antiquité et a traversé lessiècles sans grandes modifications, seul l’apport de n<strong>ou</strong>veaux matériaux contemporains a amélioré<strong>la</strong> qualité de ce procédé.N<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>lions que cette méthode contemporaine ait <strong>la</strong> rigueur dimensionnelle de <strong>la</strong> fonte ausable et <strong>la</strong> finesse de peau de <strong>la</strong> <strong>cire</strong> <strong>perdue</strong>. N<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>lions aussi ren<strong>ou</strong>er avec les fontes d’unseul jet de grande dimension (10 à 12 tonnes de métal fondu et c<strong>ou</strong>lé d’un seul jet).En voici les différentes étapes :– le modèle : créé <strong>par</strong> le sculpteur il peut être à l’heure actuelle en t<strong>ou</strong>t matériau, ce qui <strong>la</strong>isseune grande liberté de créativité ;– le m<strong>ou</strong><strong>la</strong>ge : cette prise d’empreinte se fait à l’aide d’une membrane s<strong>ou</strong>ple en é<strong>la</strong>stomère rec<strong>ou</strong>vertd’une chape en résine polyester <strong>ou</strong> acrylique. Ce m<strong>ou</strong>le est conçu p<strong>ou</strong>r recevoir l’armaturedu futur noyau et les orifices de c<strong>ou</strong>lée de <strong>la</strong> <strong>cire</strong>, il est composé de deux <strong>ou</strong> multiples piècessuivant <strong>la</strong> complexité de l’œuvre ;– le noyau : après dégagement sans détérioration du modèle commence <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce dans lecreux du m<strong>ou</strong>le d’une armature métallique, squelette du futur noyau. Le m<strong>ou</strong>le refermé, unciment réfractaire fluide est c<strong>ou</strong>lé. Après prise et dém<strong>ou</strong><strong>la</strong>ge le noyau est tiré d’épaisseur, épaisseurqui définira celle de <strong>la</strong> <strong>cire</strong> et <strong>par</strong> conséquent celle du bronze ;– <strong>la</strong> <strong>cire</strong> : après nettoyage le m<strong>ou</strong>le est refermé sur le noyau, les broches de l’armature servant derepère de centrage. À <strong>la</strong> température de 100 o C, <strong>la</strong> <strong>cire</strong> est c<strong>ou</strong>lée entre le noyau et <strong>la</strong> mem-Le modèle plâtre(Gavroche de Robert Wlérick).M<strong>ou</strong>le é<strong>la</strong>stomère. Le noyau. Le noyau tiré d’épaisseurdans son m<strong>ou</strong>le.90


05-2008-Dubos:communication 19/10/09 10:57 Page 91<strong>Jean</strong> Dubos, <strong>Fonte</strong> à <strong>la</strong> <strong>cire</strong> <strong>perdue</strong>. <strong>Bronze</strong> <strong>ou</strong> <strong>airain</strong>brane s<strong>ou</strong>ple du m<strong>ou</strong>le. La <strong>cire</strong> figée, le m<strong>ou</strong>le est à n<strong>ou</strong>veau <strong>ou</strong>vert et ap<strong>par</strong>aît alors <strong>la</strong> répliqueexacte en <strong>cire</strong> de l’original. C’est le temps de <strong>la</strong> ret<strong>ou</strong>che des c<strong>ou</strong>tures, ici intervient le sculpteur<strong>ou</strong> l’ayant droit qui, après vérification des détails, grave <strong>la</strong> signature et le numéro d’épreuve.Le fondeur, lui, mettra le cachet avec l’année de <strong>la</strong> c<strong>ou</strong>lée. Commence ensuite <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>cede l’alimentation, réseau de canalisation en <strong>cire</strong> permettant <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion du métal et l’échappéede l’air et de l’évacuation de <strong>la</strong> <strong>cire</strong> ;– tire-<strong>cire</strong> sur t<strong>ou</strong>s les points bas ;– verse, entonnoir de remplissage ;– évents, sur t<strong>ou</strong>s les points hauts de <strong>la</strong> <strong>cire</strong> ;– le m<strong>ou</strong>le de c<strong>ou</strong>lée, (anciennement m<strong>ou</strong>le de potée <strong>ou</strong> banko). La <strong>cire</strong> est rec<strong>ou</strong>verte d’une c<strong>ou</strong>chede barbotine de céramique (silice colloïdale chargée de kaolin). Sur cette première c<strong>ou</strong>chefraîche sont projetés des stucs réfractaires (chamotte, molochite, zircon). Après 5 à 6 c<strong>ou</strong>chessuccessives en prenant soin de grossir les stucs à chaque c<strong>ou</strong>che, on obtient une carapace céramiquequi englobe t<strong>ou</strong>te <strong>la</strong> <strong>cire</strong> avec son alimentation. Après un séchage <strong>par</strong> venti<strong>la</strong>tion le m<strong>ou</strong>leest introduit dans un f<strong>ou</strong>r p<strong>ou</strong>r le décirage. La température monte à 150 o C en 3 heures, <strong>la</strong> <strong>cire</strong>s’éc<strong>ou</strong>le <strong>par</strong> les tire-<strong>cire</strong> et est récupérée en <strong>par</strong>tie. Après <strong>la</strong> fin de l’éc<strong>ou</strong>lement de <strong>la</strong> <strong>cire</strong> lem<strong>ou</strong>le est monté à 750 o C et maintenu à cette température pendant 5 à 6 heures afin d’éliminert<strong>ou</strong>tes traces d’humidité ;– <strong>la</strong> c<strong>ou</strong>lée, après refroidissement du m<strong>ou</strong>le et b<strong>ou</strong>chage des tire-<strong>cire</strong> le m<strong>ou</strong>le est introduit dansune fosse de c<strong>ou</strong>lée qui est comblée <strong>par</strong> un lest de grenaille de fonte afin d’éviter t<strong>ou</strong>t risqued’éc<strong>la</strong>tement du m<strong>ou</strong>le. Le bronze alliage quaternaire – 88 % de cuivre, 7 % de zinc, 4 % d’étain,1 % de plomb – est porté à fusion 1 200 o C dans des f<strong>ou</strong>rs soit fonctionnant au gaz, à l’électricité<strong>ou</strong> bien encore p<strong>ou</strong>r les grandes quantités dans des f<strong>ou</strong>rs réverbères. Le métal sera trans-La <strong>cire</strong>. La <strong>cire</strong> et l’alimentation. Le m<strong>ou</strong>le céramique. Le bronze brut de c<strong>ou</strong>lée.(photos <strong>Jean</strong> Dubos)91


05-2008-Dubos:communication 19/10/09 10:57 Page 92COMMUNICATIONS 2008bordé dans une poche à quen<strong>ou</strong>ille et versé d’un seul jet dans <strong>la</strong> verse du m<strong>ou</strong>le, l’évacuationde l’air et des gaz étant facilitée <strong>par</strong> une pompe à vide. Après refroidissement du m<strong>ou</strong>le suivrale décochage, l’extraction du noyau et de l’armature et <strong>la</strong> c<strong>ou</strong>pe des jets d’alimentation ;– <strong>la</strong> ciselure (ré<strong>par</strong>ure) limitant son intervention qu’aux <strong>par</strong>ties nécessaires, le ciseleur fait dis<strong>par</strong>aîtreles traces des arrivées de métal, des évents, des tire-<strong>cire</strong>. Il b<strong>ou</strong>che les orifices desbroches et procède à l’assemb<strong>la</strong>ge des différents morceaux. Il travaille en étroite col<strong>la</strong>borationavec le sculpteur, il doit faire <strong>ou</strong>blier son passage, il a t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs près de lui comme référence lemodèle original ;– <strong>la</strong> patine, ultime étape elle viendra c<strong>ou</strong>ronner le travail et lui donner son fini. Après un échangede point de vue avec le sculpteur, le patineur procède à l’application <strong>par</strong> c<strong>ou</strong>ches successivesdes produits de patine. L’action conjuguée d’oxydes métalliques, d’acides, d’eau et du feu, vapetit à petit donner le ton s<strong>ou</strong>haité.Le bronze ciselé.92

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