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Le home Désiré De Meyer pour enfants de bateliers à Saint-Ghislain

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ETUDE<strong>Le</strong> <strong>home</strong> Désiré <strong>De</strong><strong>Meyer</strong> <strong>pour</strong> <strong>enfants</strong> <strong>de</strong><strong>bateliers</strong> à <strong>Saint</strong>-<strong>Ghislain</strong>Sous le régime napoléonien, lecreusement du canal <strong>de</strong> Monsà Condé a permis l’exportationvers l’étranger du charbon parbateau, via l’Escaut. Par la suite,tout au long <strong>de</strong>s 19 e et 20 esiècles, le développementindustriel le long <strong>de</strong>s fleuves etcanaux a contribué à faire vivre<strong>de</strong> nombreux <strong>bateliers</strong>.à Bruges. Un troisième établissementvoit le jour en 1932 àMont-sur-Marchienne, géré parles Sœurs <strong>de</strong> l’ImmaculéeConception <strong>de</strong> Gand puis parles Sœurs franciscaines <strong>de</strong>Manage. Entre temps, en 1925,un dénommé Jean Dubrucqfait une donation à la province<strong>de</strong> Brabant <strong>pour</strong> la créationd’une école batelière provincialeà Bruxelles. La mêmeannée, Anvers est dotée d’un<strong>home</strong> <strong>de</strong> l’Etat <strong>pour</strong> <strong>enfants</strong> <strong>de</strong><strong>bateliers</strong>.Bien vite, la loi scolaire du 15mai 1929 sur l’obligation <strong>de</strong>fréquenter un établissementscolaire à partir <strong>de</strong> 10 ans <strong>pour</strong>les <strong>enfants</strong> dont les parentsn’ont pas <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce fixe vacontribuer à surpeupler leseffectifs du <strong>home</strong>. La Ville <strong>de</strong><strong>Saint</strong>-<strong>Ghislain</strong> va alors envisagerla construction d’un nouveaubâtiment en bordure ducanal. Pour ce faire, un terrainest d’ailleurs acquis auprès <strong>de</strong>la S.A. du Charbonnage <strong>de</strong>Hornu et Wasmes. Il est situéau coin <strong>de</strong> la rue du Port et <strong>de</strong>la rive gauche du canal. A l’initiative<strong>de</strong> l’échevin saintghislainoisDésiré <strong>De</strong> <strong>Meyer</strong>, ilest construit entre 1932 et 1935,année <strong>de</strong> son inauguration.Imposant bâtiment <strong>de</strong> plus <strong>de</strong>100 mètres <strong>de</strong> longueur surplus <strong>de</strong> 30 <strong>de</strong> largeur, il estentièrement conçu en style artdéco mêlant la brique et lebéton à l’extérieur et la céramiquelocale et le bois exotiqueà l’intérieur. <strong>Le</strong> porche d’entrée,en béton, est composé <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxcolonnes fuselées ou renfléessurmontées d’une arca<strong>de</strong> ensaillie formant un <strong>de</strong>mi-cercle.<strong>Le</strong>s faça<strong>de</strong>s sont entièrementFig. 1. - Vue ancienne, s.d. (Collection Jean-Louis Capouillez).C’est <strong>pour</strong> assurer l’éducation<strong>de</strong> leurs <strong>enfants</strong> qu’un <strong>home</strong><strong>pour</strong> <strong>enfants</strong> <strong>de</strong> <strong>bateliers</strong> s’estouvert à <strong>Saint</strong>-<strong>Ghislain</strong> dès1927 dans un bâtiment communalrénové au n° 12 <strong>de</strong> larue <strong>de</strong>s Canadiens. Réservé audépart à la gent masculine, ilaccueille dès 1929 les premièresélèves <strong>de</strong> sexe féminin.Ce n’est pas le premier établissementdu genre : en 1905, lePère jésuite Lucas ouvre uneécole libre à Namur, et un peuplus tard, une secon<strong>de</strong> s’ouvreen briques <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux coloris : <strong>de</strong>sban<strong>de</strong>s plus claires soulignentl’arca<strong>de</strong> <strong>de</strong>s baies et rompent lamonotonie <strong>de</strong>s travées. La toitureen tuiles noires est ornéesur son faîte <strong>de</strong> motifs végétaux.Sur les gran<strong>de</strong>s portesd’entrée situées en haut duperron, on note la présence <strong>de</strong>fer forgé d’inspiration végétale.<strong>Le</strong>s soubassements sont réalisésen pierre.Pensé en terme <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnité,le bâtiment est à l’avant-gar<strong>de</strong>3


du progrès en matière d’hygièneet <strong>de</strong> propreté : <strong>de</strong> largesbaies éclairent <strong>de</strong> part et d’autreun vaste couloir dans lequel<strong>de</strong>s lavabos sont disposés enface <strong>de</strong> chaque classe. Danschacune d’elles, la traditionnelleestra<strong>de</strong> en bois a fait placeà un surhaussement du pavement<strong>de</strong> la salle. Un mêmesouci <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnité se rencontredans les cuisines quisont équipées <strong>de</strong> plusieursdécoré en style art-déco permetaux jeunes filles <strong>de</strong> s’entraîner àvivre comme sur une péniche.En outre, un vaste parc annexéà l’école, à la rue du Centenaire,offre une ouverture sur lanature et la possibilité <strong>de</strong>s’adonner à l’exercice physique.<strong>pour</strong> dispenser leur enseignement: au début, ils logent dansl’école même puis obtiennentune habitation dans leur communed’adoption. Pas <strong>de</strong>mixité : le bâtiment est diviséen <strong>de</strong>ux sections bien distinctesqui correspon<strong>de</strong>nt aux <strong>de</strong>uxailes <strong>de</strong> l’école. <strong>De</strong>ux entréesdistinctes toujours existantes,mais actuellement horsd’usage, <strong>de</strong>sservent celles-ci.Fig. 2. - Spectacle théâtral (©Mo<strong>de</strong>ste Piens).machines : l’une sert à laver lavaisselle, l’autre à beurrer lestartines, une troisième à éplucherles pommes <strong>de</strong> terre.L’école dispose en outre <strong>de</strong>douches conçues en céramiqueet <strong>de</strong> tout un service consacré àla lessive et au repassage. Dansla vaste salle <strong>de</strong> gymnastiqueest installé un théâtre sur uneestra<strong>de</strong> qui permet d’organiser<strong>de</strong>s spectacles.L’enseignement n’échappe pasà cette mo<strong>de</strong>rnité puisqu’unbateau-cabine entièrementPendant plus <strong>de</strong> quarante ans,l’établissement va ainsihéberger <strong>de</strong>s <strong>enfants</strong> <strong>de</strong> <strong>bateliers</strong>issus <strong>de</strong> toute la Belgique,voire même d’Allemagne, <strong>de</strong>Hollan<strong>de</strong> et <strong>de</strong> France. A ceuxci,s’ajouteront <strong>de</strong>s <strong>enfants</strong>issus du mon<strong>de</strong> forain qui neformeront guère plus du quart<strong>de</strong> la population scolaire.L’enseignement dispensé estpar la force <strong>de</strong>s choses bilingue.<strong>Le</strong>s élèves suivent généralementles cours dans leur languematernelle mais certains Flamandsadoptent la langue française.Dans ce cadre-là, <strong>de</strong>s instituteursflamands sont appelésSi les filles reçoivent essentiellement<strong>de</strong>s cours d’éducationménagère, les garçons euxreçoivent <strong>de</strong>s leçons techniques<strong>de</strong> batellerie. Tous sont amenésà suivre au jour le jour le trajetqu’empruntent leurs parentssur une carte <strong>de</strong>s cours d’eau àl’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> drapeaux. <strong>Le</strong> cours <strong>de</strong>musique occupe une placeimportante au sein, et même en<strong>de</strong>hors, <strong>de</strong> l’école. Plusieursinstruments sont à l’honneur :la guitare, l’accordéon et lamandoline. <strong>Le</strong>s élèves se produisentdans l’école, notam-4


Fig. 3. - Classe <strong>de</strong> musique (©Flameng).ment aux fêtes <strong>de</strong> Noël, maisaussi à l’extérieur, le week-end,à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.Après la fermeture du canal <strong>de</strong>Mons à Condé en 1964 et sareconversion en voie autoroutière,le <strong>home</strong> ferme définitivementses portes le 1 er septembre1977. Il est alorsreconverti en internat <strong>pour</strong>l’Athénée Royal <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ghislain</strong>.Aujourd’hui en voie <strong>de</strong> délabrement,le bâtiment, malgréune occupation partielle <strong>de</strong>slocaux, subit une lente dégradation: l’ancienne salle <strong>de</strong>gymnastique particulièrementsouffre <strong>de</strong> cette situation ; ellene sert plus, sinon commepièce <strong>de</strong> stockage, et <strong>de</strong>s actes<strong>de</strong> vandalisme se <strong>pour</strong>suiventrégulièrement en périphérie dubâtiment notamment par le jet<strong>de</strong> projectiles contre les baiesvitrées en bordure du réseauautoroutier. <strong>Le</strong> parc, en état <strong>de</strong>friche, est laissé à l’abandon.L’internat parvient à maintenirsa présence dans <strong>de</strong>s locauxtrop vastes et <strong>de</strong>venus vétustesmais jusque quand ? Il seraittemps dès maintenant <strong>de</strong> s’interrogersur le <strong>de</strong>venir du bâtimentavant <strong>de</strong> le voir réduit àl’état <strong>de</strong> ruine.La Commission <strong>de</strong>s Monumentset Sites a introduit undossier en vue <strong>de</strong> le faireclasser. Son caractère exceptionneldans la région et la solidité<strong>de</strong> ses murs et fondationsdécorés <strong>de</strong> céramique locale enfont sa particularité et augurentd’une bonne conservation.Actuellement, il existe encoreun <strong>home</strong> <strong>pour</strong> <strong>enfants</strong> <strong>de</strong> <strong>bateliers</strong>à Antoing, près <strong>de</strong>Tournai.Marie ARNOULDLicenciée en Histoire5


Fig. 4. - Faça<strong>de</strong> (©Marie Arnould).Fig. 5. - Entrée <strong>de</strong>s garçons (©Marie Arnould).Fig. 6. - Entrée <strong>de</strong>s filles (©Marie Arnould).Fig. 7. - Maison du directeur (©Marie Arnould).6


Activités économiques autour du canal <strong>de</strong> Mons à CondéFig. 8. - Construction <strong>de</strong> bateaux à <strong>Saint</strong>-<strong>Ghislain</strong>, s.d. (Collection SAICOM).Fig. 9. - Usine Hoffman à Jemappes, s.d. (Collection Jean-Louis Capouillez).Fig. 10. - Siège Sartis <strong>de</strong>s Charbonnages d’Hensies-Pommerœul. Cheminée <strong>de</strong>s chaudières Bailly-Mathot, vers 1930(SAICOM, collection Hensies-Pommerœul).7


Fig. 11. - Charbonnages d’Hensies-Pommerœul. Vue d’une section <strong>de</strong> l’ancien canal <strong>de</strong> Mons àCondé asséché, 1977 (SAICOM, collection Hensies-Pommerœul).Fig. 12. - Cité <strong>de</strong>s Acacias <strong>de</strong>s Charbonnages d’Hensies-Pommerœul le long du canal, vers 1948(SAICOM, Collection Hensies-Pommerœul).8

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