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N° 69-70 - Patrimoine Industriel Wallonie-Bruxelles

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BULLETIN TRIMESTRIEL DE L’A.S.B.L.PATRIMOINE INDUSTRIEL WALLONIE-BRUXELLESPublié avec l’aide de la Communauté Françaisewww.patrimoineindustriel.beN° <strong>69</strong>-<strong>70</strong>AVRIL - SEPTEMBRE 2007


ÉDITORIALL’asbl <strong>Patrimoine</strong> <strong>Industriel</strong> <strong>Wallonie</strong>-<strong>Bruxelles</strong>rentre dans leXXI e siècle avec le changementdes formes de communicationqu’elle privilégiera pour développerses actions de sensibilisation.La nouvelle équipe, mise en placeen avril 2007, s’est investie à brasle corps dans ce défi que représentele passage du papier au numérique.La structure du siteWeb et l’alimentation de soncontenu ont retenu particulièrementnotre attention. L’arborescencedu site désormais en lignewww.patrimoineindustriel.be offred’ores et déjà plusieurs possibilitésde consultation : la bibliothèqueet les publications dePIWB, avec le partenariat duCentre liégeois d’Archives et dedocumentation de l’Industriecharbonnière (CLADIC),l’agenda, la newsletter, les liens etenfin « Qui sommes-nous ? »permettant à l’internaute demieux nous connaître.Quant à lui, le présent bulletinvous propose de remonter dans letemps avec notamment unecontribution du fondateur et ancienprésident Claude Gaïer quiretrace les deux décennies d’existencede notre association. Cebulletin évoque aussi les longschemins parcourus ces dernièresannées par des sites comme leBois du Cazier, le Grand Hornuou Bois-du-Luc, de leur abandonà leur requalification. Cette revuedouble n’est cependant pas ladernière puisque le numéro 71sera la table des matières des <strong>70</strong>numéros de la revue papier. Ilclôturera ainsi l’existence denotre Bulletin trimestriel.Profitant de cet éditorial, nousévoquons une autre priorité de laprésente équipe : étendre noscontacts avec les milieux scientifiques,à l’occasion de la redéfinitiondes cursus universitaires parla réforme dite de « Bologne ».Dans le cadre des « masters »,des sections ou des professeurs defacultés pourraient être intéresséspar le patrimoine industriel dansle cadre de l’offre de stages ou detravaux de fin d’études. Nousentamerons prochainement unelarge sensibilisation vers ces milieuxuniversitaires pour encoremieux assurer à cette disciplineses lettres de noblesse.Le Conseil d’administration etmoi-même vous souhaitons uneannée 2008 pleine d’énergie et deréalisations pour vos projets.Jean-Louis DELAETPrésidentTABLE DES MATIÈRESEditorial 2Table des matières 2Etudes 3Aux origines de <strong>Patrimoine</strong> <strong>Industriel</strong> <strong>Wallonie</strong> <strong>Bruxelles</strong> (C.GAIER) 3Pérennité du patrimoine industriel. L’exemple de Mouscron 1994-2007 (C. DEPAUW) 5Le Bois du Cazier : présent pour le futur. Le sauvetage et la requalification de l’anciensite charbonnier 1986-2006 (J-L DELAET) 9Le Grand-Hornu aujourd’hui et demain (F. FOULON) 15Pour faire comprendre le Taylorisme : l’épluchage des pommes de terre ! (C. GAIER) 17Compte rendus 20De la mine à Mars : la genèse d’Umicore 20Ouvriers et ville en mouvement : Hommage à Jean Puissant 21Tout feu, tout flamme 21La Louvière en Images : Tome 2, les Hameaux 22Petite histoire des charbonnages d’Oupeye 23Actualités 24La galerie de schiste ardoisier de Recht 24La Mine dans la Ville : appel à documents 24Les sites miniers de Bois-du-Luc et Beringen, points d’ancrage de « l’Itinéraire européende la Culture industrielle (ERIH) » 25Le Bois du Cazier adhère à la « Coalition internationale des Musées des Siteshistoriques de Conscience » 272


ETUDE : AUX ORIGINES DE PATRIMOINE INDUSTRIELWALLONIE BRUXELLESJusque dans les années 1960,l’opinion la plus éclairée, dans sagrande majorité, n’avait guèreconscience, en Belgique, de lavaleur historique des vestigesmatériels du passé industriel.Certes, il y avait d’heureusesexceptions, comme lessauveteurs du site du GrandHornu, les promoteurs du futurMusée du fer et du charbon deLiège ou des amateurs etchercheurs isolés tels RenéEvrard à Liège ou Georges vanden Abeelen à <strong>Bruxelles</strong>. Grâcesleur soient rendues, car ils eurentla prémonition que, sous lescoups de boutoir des avancéestechnologiques et des bouleversementséconomiques, lesentreprises nées de la Révolutionindustrielle allaient subir de profondesmutations, voire disparaître.Or, le contexte étaitfavorable à des démarches desauvegarde plus systématiques,car des pays étrangers montraientdéjà la voie, comme leRoyaume Uni (à tout seigneurtout honneur !) avec le complexede l’Iron Bridge, ou la Suède etl’Allemagne.En 1973, Georges van denAbeelen créait le « Centred’archéologie industrielle » qui,en mettant sur pied à <strong>Bruxelles</strong>,deux ans plus tard, l’exposition«L’homme et la machine», fut levéritable déclencheur de l’intérêtpour le sujet en Belgique, appuyépar des historiens et archéologuesvenus d’autres horizonsmais orientés vers ce champ nouveaud’investigation, telsMarinette Bruwier, JacquesStiennon, Luc François Génicot,et d’autres encore qui, bienavant, avaient abordé le sujetpresque sans le savoir – mais fortbien – un peu comme MonsieurJourdain faisant le la prose. En1978 naissait en Flandre la« Vlaamse Vereeniging voorIndustriële Archeologie » (laV.V.I.A.) animée par quelquespersonnalités jeunes etdynamiques, totalement dédicacéesà ce domaine peu couru.Le résultat de cette initiative nese fit guère attendre, car bientôtl’association néerlandophoneoccupa, au plan national, uneplace prépondérante et même,au niveau international, finit parfaire figure de représentant de laBelgique toute entière alorsqu’en principe, elle avait étéfondée pour illustrer l’apport dela Flandre en matière d’archéologieindustrielle. Curieux paradoxealors que, précisément,cette région était venue assez tardivementà l’industrialisation,contrairement à la <strong>Wallonie</strong>, secondeaprès l’Angleterre danscette voie. Entre-temps, uneassociation mondiale d’archéologieindustrielle, le TICCIH,avait été fondée en Suède, en1978. Elle représente depuis lorsl’instance supérieure dans cesecteur et tient régulièrement descongrès internationaux, dontLes 4 présidents successifs de PIWB (de droite à gauche) : C. GAIER, J. DEFER, B. VAN MOL et J.L. DELAET.3


celui, en Belgique, en 1990, coorganisépar PIWB.Les années septante furent résolumentmarquées par un foisonnementextraordinaire d’études,de projets et de reportages consacrésau patrimoine industrielancien. Le sauvetage et la réhabilitationfiguraient désormais àl’ordre du jour, en négligeantparfois la nécessité des choix, dufinancement et de la viabilisationà terme. Quoiqu’il en soit, laBelgique francophone se devaitde revendiquer sa place dans lecontexte d’une fédéralisation enmarche et par simple respectpour son identité historique, oùl’industrie a tenu une si largeplace. Ainsi, sous l’impulsion etavec l’appui de l’Exécutif de laCommunauté française futfondée, le 22 février 1984, l’associationsans but lucratif«<strong>Patrimoine</strong> industriel <strong>Wallonie</strong>-<strong>Bruxelles</strong>», que j’eus l’honneurde présider d’emblée et durantles dix premières années de sonexistence. Les trentequatremembres fondateursétaient animés du même désir dedéfendre et d’illustrer le patrimoineindustriel ancien de leurcommunauté, dans un souciaussi bien scientifique qu’identitaire.La même année était créeun bulletin de liaison :«<strong>Patrimoine</strong> industriel». Lemodeste numéro 1, de type «desktop», fut désormais suivi, dès lenumérosuivant,d’une présentationimprimée en bonne et dueforme. Ce périodique demeureaujourd’hui, près d’un quart desiècle plus tard, une contributionappréciée dans le domaine qui estle sien. Articles, reportages,comptes rendus, nouvelles brèvesapportent aux membres et auxautres une information soutenueet, on peut l’espérer, un stimulantà leur centre d’intérêt particulier.En 1984 encore, la section belgedu TICCIH, dénommée «TIC-CIH Belgium» fut structurée enéquilibrant, cette fois, le nouveauP.I.W.B. et son aînée, laV.V.I.A.Les tâches de PIWB étaient multiples,tant son domaine deprédilection était alors nouveau.Il s’agissait de mettre en valeurles grands sites réhabilités etd’encourager la préservation deceux, alors nombreux, qui pouvaientl’être. Il fallait aussi gérerune association qui couvrait uneaire assez vaste, nécessitant denombreux déplacements du conseild’administration, tant pourdiversifier les lieux de rencontreque pour se rendre compte desréalités locales. En 1987, cesdéplacements furent étendus auxmembres eux-mêmes, en leuroffrant la possibilité de visiter lesdivers sites intéressants au coursd’excursions organisées enBelgique et, par la suite, dès1991, dans les pays limitrophes.On mit également sur pied desexpositions itinérantes (en 1985et 1986), des colloques, notammentcelui sur la reconversiondes sites industriels en collaborationavec la Société royale belgedes ingénieurs et des industriels(1987), sans parler du congrèsinternational du TICCIH en1990. Des contacts formelsfurent noués avec les servicesd’archéologie industrielle duGrand-Duché de Luxembourg.P.I.W.B. participa également, en1994, aux Journées du<strong>Patrimoine</strong> en région wallonne,axées sur l’archéologie industrielle.Enfin, des contacts fréquentsfurent noués avec des mandatairespublics, dans un but desensibilisation, outre ceux, constantsceux-là, avec laCommunauté française deBelgique. Le Ministre del’Aménagement du Territoireconfia à l’association un inventairedes sites industriels wallons,projet qui fut mené de 1991 à1993, même si d’autres instancess’assurèrent le privilège,par la suite, de le paracheveren leur nom. Déjà, en effet, seposait la question des choix dansl’intervention des servicespublics en matière de réhabilitation.Entre-temps, le conceptmême d’archéologie industrielleétait en train de s’élargir considérablement,incitant à une vigilanceétendue à d’autresdomaines : techniques ancestraleset proto-industries, patrimoinemobilier et pas seulementimmobilier, histoire orale …La création et les débuts dePIWB ont constitué, pour moi,une expérience enthousiasmante,partagée avec des administrateurs– dont certains, hélas, nesont plus – et des adhérents souventtrès motivés. J’en retire, entoute modestie, le sentimentd’avoir apporté ma contribution,d’une part à la connaissance d’un phénomène historique que jeconsidère comme un des plusimportants de l’évolution del’humanité : la Révolutionindustrielle, d’autre part au renforcementde l’identité francophoneen Belgique (et ceci sansexclusive) et enfin à la promotionde l’image de cette communautéet de la Belgique à l’étranger.Jucundi acti labores,«heureux les travaux finis», disaitCicéron. Mais le sont-ils jamais? Mon successeur, Jean Defer, etceux après lui ont assumé etassument d’autres tâches,d’autres défis, dans un contextemouvant. Mais ceci est uneautre histoire …Claude GAIERAncien président - Fondateur4


ETUDE : PÉRENNITÉ DU PATRIMOINE INDUSTRIEL. L’EXEMPLE DEMOUSCRON 1994-2007 CLAUDE DEPAUWChacun sait que les lieux du patrimoineindustriel immobiliernon protégé par la loi ont tendance,pour toutes sortes deraisons, bonnes ou mauvaises, aupire, à disparaître purement etsimplement, au mieux, à êtretransformés, parfois correctementdu point de vue del’archéologie industrielle.Mais il faut bien dire que, le plussouvent, ils sont défigurés demanière irrémédiable.Et ne parlons pas du patrimoinemobilier : en ce qui concernel’industrie textile mouscronnoise,tellement peu de chosesont survécu à plus de deux sièclesde progrès technique qu’il nepourra pas être question ici de cequasi rien.Je m’attacherai donc aux seulsbâtiments industriels de la villede Mouscron.Or, Mouscron, c’est le textile.Après un itinéraire de plus dedeux siècles et demi, cette activitéa fait d’un village paysan unecité industrielle 1 , située dans unerégion où cette branche de l’industriea été durement touchéepar des transformations radicalesqu’elle a connues en Europe dansle dernier quart du XX e siècle 2 .Témoins d’un pan non négligeablede l’histoire de l’industrietextile en Belgique – une histoireencore largement méconnue,sauf exceptions 3 –, nombrede sites industriels mouscronnoisont réussi à se maintenir jusqu’àprésent. Les disparitions totalesont été assez peu nombreuses.Sous les nefs de la Manufacture Française de Tapis et Couvertures en 1997(cliché Florence Vanderhaegen,Archives de la Ville de Mouscron).Mais deux lieux qui ont vus’éteindre leur activité première ily a peu suscitent l’intérêt desinvestisseurs immobiliers parcequ’ils sont situés en zone d’habitat.Nul doute qu’ils subiront unjour l’assaut des démolisseurs envue de requalifier ces espacesurbains avant qu’ils ne deviennentchancres ou friches.Parmi les sites qui ont survécuaux démolitions ou auxincendies, la plupart ont ététransformés en tout ou en partieavec plus ou moins de bonheur.La difficulté réside à conserverl’intégrité du patrimoine industrieltextile quand l’entreprisemaintient son activité et surtoutlorsqu’une autre activité y a trouvéson siège.L’évolution normale d’un siteindustriel est de subir les contraintesdu développementéconomique.Cela entraîne des modificationsparfois radicales des bâtiments àtel point que leur aspect peutvite perdre les qualités architecturalesqui en faisaient un lieu depatrimoine alliant esthétisme etfonctionnalité au niveau du plangénéral et/ou des détails particuliers.En 1994, j’ai présenté quatre casdestinés à illustrer le patrimoineindustriel local au sein de celuide la <strong>Wallonie</strong> 4 : le tissage et teinturerieVanoutryve (depuis1880), la Manufacture Françaisede Tapis et Couvertures (depuis1925) 5 , la filature Motte (depuis1907) 6 et la filature Catteau(depuis 1929) 7 . Les plus ancienset les seuls encore aujourd’huidévolus à l’industrie textile, lesbâtiments de Vanoutryve, ontété les seuls jugés suffisammentintéressants pour faire l’objetd’une notice plus détaillée parmiles vingt-cinq lieux de l’entité1Pour reprendre le titre de la monographie de J. Debaes et R. Vandenberghe, « Mouscron 1789-1945. Itinéraire du village paysan à la citéindustrielle », Mémoires de la Société d’Histoire de Mouscron et de la Région [=M.S.H.M.R.], t. XIII, fasc. 1, 1991.2Un aperçu de ce passé industriel textile se trouve dans C. Depauw, « Mouscron, un passé industriel méconnu », M.S.H.M.R., t. XIX, 1997,pp. 51-124.3Id., « L’industrie textile en Belgique, en <strong>Wallonie</strong> et en Hainaut aux XIX e et XX e siècles », Le fil du temps. Revue de la Société d’Histoire deMouscron et de la Région, n° 6, septembre 2002, pp. 5-41 ; condensé dans Id., « Une industrie méconnue : le textile en <strong>Wallonie</strong> et enHainaut », Bulletin trimestriel de l’a.s.b.l. <strong>Patrimoine</strong> <strong>Industriel</strong> <strong>Wallonie</strong>-<strong>Bruxelles</strong> [=Bulletin PIWB], n° 58, avril-mai-juin 2004, pp. 3-7 ;n° 59-60, juillet-décembre 2004, pp. 3-7 (certaines illustrations de cet article représentent des entreprises mouscronnoises).4Id., « Mouscron. L’industrie textile », Le patrimoine industriel de <strong>Wallonie</strong>, Liège, 1994, pp. 310-313.5Sur la Manufacture Française de Tapis et Couvertures : Id., « Les Archives de la Ville de Mouscron. Chronique d’une naissance, 1979-2004 »,Le fil du temps, n° 8, décembre 2004, p. 81, note 46.6° 25, février 1993, pp. 2-13, et Id., « La «Tour Motte» à Mouscron », Bulletin PIWB, n° 27, décembre 1993, pp. 18-20 ; Id., « Les archives de lafilature Motte et Cie à Mouscron, Miscellanea Cécile Douxchamps-Lefèvre, Archives et Bibliothèques de Belgique, t. LIX, n° 3-4, 1988, pp. <strong>69</strong>-77.7Les 3 premières entreprises bénéficient d’une notice dans Id., « Le quartier de la Gare, une étape dans l’industrialisation de Mouscron », Le fildu temps, n° 6, septembre 2002, pp. 53-55 et 58. Une belle photo aérienne de ce quartier (reproduite dans Id., « L’industrie textile dans l’ouestde la <strong>Wallonie</strong>, particulièrement en Hainaut occidental », <strong>Wallonie</strong>-<strong>Bruxelles</strong> : berceau de l’industrie sur le continent européen, P.I.W.B.,Louvain-la-Neuve, 1990, p. 195) montre ces 3 lieux peu avant 19<strong>70</strong>.5


mouscronnoise repris dans l’inventairethématique publié par laRégion wallonne en 1995 8 .Le tableau annexé ci-après permetde comparer rapidement lasituation de 1995 à celle de2007. D’emblée, on remarqueraque quinze lieux sont situés dansle quartier de la Gare deMouscron ou près des gares dechemin de fer de Dottignies etd’Herseaux. Pour Mouscron, ils’agit du troisième pôle de sonindustrialisation et de sondéveloppement urbain : « Ilsemble en effet que l’aventureindustrielle de Mouscron débutaau Tuquet au XVIIIe siècle [àproximité immédiate de la frontièrefrançaise] pour se poursuivreensuite plus particulièrementà la Gare du XIX e siècle [depuis1845 au carrefour des liaisonsferroviaires Courtrai-Tournai etCourtrai-Tourcoing], le Centre[autour de l’actuelle Grandplace]faisant alors la jonction.En tout cas, un fait est frappanten 1905 : alors que l’habitat textile,celui du travail à domicile,occupe quasiment tout l’espaceau Tuquet, les usines du XIX esiècle se concentrent près de laGare tandis que le Centreregroupe à la fois les toutes premièresfabriques et la plupart descours » 9 .Si la situation de chaque lieu, en1995 comme en 2007, est souventmultiple, en une douzained’années, certains changementssont perceptibles. Tout d’abord,il ne fait pas de doute que lesactivités industrielles, le textilecontinuant son déclin, ont pratiquementdéserté la ville.C’est le résultat de la politiquevolontariste mise en œuvre à partirde 1964 10 sous l’égide de laSociété Intercommunale deDéveloppement économique duHainaut Occidental et après1985 par l’Intercommunale pourl’étude et la Gestion des servicespublics. Durant plus de quaranteans ont été concentrées dans leszones industrielles les usinesmouscronnoises désireuses de sedévelopper dans des locaux plusspacieux et fonctionnels. S’y sontaussi implantées nombre de nouvellesentreprises attirées pourcontrecarrer le reflux des travailleursfrontaliers. Certaines sesont agrégées autour d’un pôleagro-alimentaire centré sur lenouvel abattoir construit en1988-1990, d’abord communalmais désormais privatisé.Beaucoup d’autres, avec l’aide dela manne européenne (Objectif1), ont occupé des surfaces agricolesfacilement mises à leur dispositionet toujours plus étendues.Cependant, la géographieet la défense de l’environnementvont mettre un terme à ceprocessus. D’une part, parce quele territoire de Mouscron n’estpas extensible, enfoncé qu’il estcomme un coin entre la Flandreet la France. D’autre part, parceque l’extension des zones industriellesne va plus de soi quandles nuisances incommodent deplus en plus fréquemment leshabitants des lotissements résidentielsqui, eux aussi, se sontmultipliés et étendus. Je m’arrêteà ce constat que l’usine, chasséede la ville, est rattrapée par elle.Pendant ce temps, qu’est-iladvenu de ces lieux industrielsdésertés ? Assez rarement tout àfait abandonnés (Photo cidessus),la plupart ont subi destransformations plus ou moinsimportantes visant à les adapter àde nouveaux usages privés oupublics.On y trouve un peu d’habitat,plus souvent des locaux techniquesà l’usage de l’administrationlocale. Après une réhabilitationprécédant la mise en locationou suivant la mise en vente,ces lieux voient s’installer denouvelles entreprises, mais nontextiles celles-là. Quels qu’ilssoient, ces travaux d’adaptationL’entrée des Archives de la Ville deMouscron depuis 2001 dans les anciens bâtimentsrénovés de la Manufacture Françaisede Tapis et Couvertures(cliché Claude Depauw,Archives de la Ville de Mouscron)dénaturent autant l’aspectextérieur des bâtiments qu’ilsassurent le maintien de détailsarchitecturaux ou décoratifs particuliers.Dans d’autres cas, l’économiegénérale des lieux peutêtre bouleversée en raison de lafacilité avec laquelle les sites textilesoffrent des espaces videscouverts, aisément clos et doncpropres à de multiples usages.C’est ainsi que la succession temporelleet spatiale des volumesd’un site peut être maintenuedans son aspect extérieur.Son inscription dans le paysageest alors préservée. Pourtant, lesdiverses parties du site, selon lespossibilités de cloisonnement, sevoient attribuer des activités fortdifférentes de telle façon quel’intérieur ne ressemble plus dutout à une usine textile. Parexemple, le bâtiment à étage etles bureaux de la ManufactureFrançaise de Tapis etCouvertures servent de bureauxet sont inoccupés pour l’instant.Son ancienne conciergerieest habitée. Les anciensbureaux, le local de la chaudièreet les trois premières nefs ont étéréhabilités en 2000-2001 en centred’archives communales, desouvertures ayant été percées dansle mur clôturant l’usine du côtéde la rue (Photo ci-dessus).8Ministère de la Région wallonne, Direction générale de l’Aménagement du Territoire du Logement et du <strong>Patrimoine</strong>, Division du <strong>Patrimoine</strong>,Inventaires thématiques). Les membres de P.I.W.B. ont visité Vanoutryve et la Manufacture Française de Tapis et Couvertures à l’occasion de leurassemblée générale à Mouscron le 27 mars 1993 (C. Gaier, « Vie de l’association. [Le passé industriel de Mouscron. Visite de l’entrepriseF. Vanoutryve & Cie. Visite de l’ancienne Manufacture Française de Tapis et Couvertures] », Bulletin PIWB, n° 26, juin 1993, pp. 31-34).9V. Brausch, « L’habitat textile mouscronnois au début du XXe siècle. Première approche », M.S.H.M.R., t. IX, fasc. 2, 1987. pp. 85-86.10Pour rappel, « les villes de Mouscron et de Comines-Warneton ont été constituées par la fusion au 1er janvier 1977 de communes qui, avant le1 er septembre 1963, faisaient partie de la province de Flandre occidentale » (C. Depauw, « Un peu d’histoire et de géographie ;Flandre Wallonne et Hainaut Occidental », M.S.H.M.R., t. XVIII, 1996, p. 35).6


Les autres nefs, elles aussirégulièrement percées de grandesportes, sont converties en entrepôtpour le matériel ancien dessapeurs-pompiers (deux nefs),pour les articles pondéreux d’uneproche surface commerciale debricolage (trois nefs), pour lematériel du service communaldes festivités (trois nefs). Lestrois dernières nefs, de constructionplus récente, sont devenuesil y a peu une surface commercialed’électroménager. De surcroît,l’installation d’uneantenne pour téléphonie mobileen 2005 a même entraîné larénovation – et la sauvegarde –de la cheminéemillésimée 1925.Il n’en reste pas moins qued’autres exemples de réhabilitationaboutie ou à venir ont deseffets franchement négatifs.Ainsi le site Motte, avec ses neufhectares de toitures (Photo degauche), a vu une partie de sesbâtiments démolie en 1984, peuaprès son rachat par la ville deMouscron. En 1992, une autrepartie disparaissait en vue del’érection d’une nouvelle usinetextile, maintenant arrêtée. En2004, une troisième partie disparaissaitsuite à l’incendie d’unecroissanterie industrielle. Ce futle coup de grâce : le reste du siteest voué, semble-t-il, à la piochedes démolisseurs pour permettrela construction d’un tout nouveauquartier d’habitations. Il estpeut-être possible que le promoteurenvisage de laisser un souvenirconcret de cette grandentreprise qui, au cours de sestrois quarts de siècle d’existence,a fait vivre des générations deMouscronnois. Mais rien n’estmoins sûr !La démolition volontaire atouché cinq usines tandis que lesincendies – dont on peut sedemander si certains d’entre euxne furent pas volontaires – ontravagé trois sites, soit presque unAu temps de sa plus grand extension (1960-1980), la filature Motte & Cie face à la gare deMouscron(cliché Archives de la Ville de Mouscron, Archives Motte)tiers des lieux signalés à l’inventairede 1995. À ce rythme, dansune génération, de ces vingt-cinqlieux, il risque de ne rester quepeu de souvenirs. La remarque adéjà été formulée 11 mais elle estici prouvée localement : il y amanifestement un déficit d’imagedes usines textiles par rapportau commerce local notamment 12 .Cette carence, alliée à la disparitiondes témoins physiques, sanscompter la perte irrémédiabledes témoignages humains, n’estpas positive à long terme pour laconservation du patrimoineindustriel à Mouscron, qu’il soittextile ou non. Si les projets desaménageurs ne font pas toujourscomplètement table rase dupassé, il reste à affirmer en conclusionque la vigilance reste demise, telle qu’énoncée dans l’éditoriald’un récent Bulletin, envue « de surveiller, de sauvegarderou au moins d’assurer laconservation de telle façon quel’histoire, la mémoire, n’en souffrentpas trop » 13 . Mais au-delàde cette veille constante que doitmener autour de lui tout amateurde patrimoine industriel, ilme semble que de nouvellesinterrogations méritent d’êtreposées. En effet, la disparition oula transformation des sites industrielsanciens a souvent commecorollaire l’ouverture ailleurs dezones dévolues spécifiquementau développement commercial,artisanal et industriel.Dès lors, n’y a-t-il pas lieu deréfléchir déjà aujourd’hui à unetransposition de la problématiquedes sites anciens à ces nouvelleszones. Ne devraient-ellespas être considérées comme deslieux de patrimoine industriel àvenir ? Bien que leur valeurarchitecturale soit souvent trèspauvre (avec des exceptionsremarquables évidemment) etbien que la pérennité des entrepriseset de leurs bâtiments y estbeaucoup plus faible que celledes sites anciens, leur inscriptiondans l’environnement est si fortequ’elle laissera des traceslongtemps encore.Nul doute que certains bâtiments,certains aménagementsmériteront d’être conservés, nefut-ce qu’à titre d’exemple. Maisfaut-il laisser le hasard choisir dece qui restera ou pouvons-nousdès maintenant pointer les aménagementset les constructionsqui mériteraient d’être sauvegardées?11Id., « L’industrie textile en Belgique, en <strong>Wallonie</strong> et en Hainaut aux XIX e et XX e siècles », Le fil du temps, p. 35.12Tel que le montre l’ouvrage de D. Declercq, J. Hossey, M. Christiaens, J. Deroubaix et R. Windels, 100 ans de commerce et d’industrie,Cartafana Cercle cartophile mouscronnois, 2005, pp. 9, 13, 63 et 90, où l’on ne voit que quatre (Motte, Vanoutryve, Flamme, La Herseautoise)des lieux industriels du tableau, avec la réserve qu’il s’agit d’une sélection faite parmi des vues présentées lors d’une exposition de grande ampleuret que cet ouvrage, qui n’est pas le catalogue de cette exposition, montre bien d’autres lieux qui ne sont pas repris dans le tableau ou qui ont maintenantdisparu.13C. Depauw, « éditorial », Bulletin PIWB, n° 65, avril-juin 2006, p. 2.7


Situation en 1995 et en 2007 de 25 sites industriels de MouscronDénominations Adresses Situation en 1995 Situation en 2007Brasserie Moderne Rue de Saint-Léger Abandon Démolition : surface(à Dottignies) commercialeSociété Textile Cotonnière Rue du Valemprez Toujours en activité Activité non textilede Dottignies[au lieu de Cardinal Mercier](à Dottignies)La Herseautoise Rue de l’épinette Toujours en activité École communale(à Herseaux) d’enseignement techniqueBrasserie Rue des Croisiers Abandon Démolition : surface(à Herseaux) commercialeEts Catteau Rue de Menin Activités culturelles Activités culturellesS.C. Textile Cotonnière Rue Cotonnière Administration publique Incendié en partie : administrationpublique, écolecommunale d’enseignementprimaireManufacture Française Rue du Petit-Pont PME Bureaux, archives communadeTapis et Couverturesles, entrepôts et commercesFilature Motte Place Motte PME Incendié en partie : projet dereconversion du site en habitatTeinturerie Franco-Belge Rue de la Royenne Toujours en activité Salle de ventes publiquesFilature du Castert rue du Nouveau-Monde, 240 Toujours en activité Habitat en partieManufacture Mouscronnoise rue Roger Salengro Toujours en activité Activité non textilede TapisBrasserie rue des Brasseurs Habitat privé Habitat, commerce et activitésculturellesFilature d’Halluin-La Vesdre rue Achille Debacker PME Démolition en partie : habitat,PME, administration publiqueEts Baeyens & Detournay rue du Télégraphe, 54 Abandon HabitatFilature Six rue de la Bouverie, 25 École École libre d’enseignementspécialEts Henri Labbé rue de la Passerelle PME PMEBonneterie Spes sa rue du Pont-Vert, 51 PME Démolition : en fricheFilature Lepoutre rue de Naples PME PMEFilature Saint-Blaise chaussée d’Aelbeke PME PMESavonnerie Tranoy rue Roger Decoene Toujours en activité Incendié : en fricheManufacture Vanoutryve rue du Phénix, 79 Toujours en activité Toujours en activitéManufacture Belge de Bérets rue de Dixmude, 24 Toujours en activité Démolition : habitat en partieBasques (COFABEBA)Moulin Vernier rue du Limbourg Toujours en activité Inoccupé : en attenteBrasserie Hollebecq rue du Beau-Chêne, 50 Toujours en activité Toujours en activité(dépôt de brasserie)Ets Flamme rue Roger Salengro Entrepôt Inoccupé : en attente8


ETUDE : LE BOIS DU CAZIER :PRÉSENT POUR LE FUTUR.LE SAUVETAGE ET LA REQUALIFICATIONDE L’ANCIEN SITE CHARBONNIER 1986-2006JEAN-LOUIS DELAET DIRECTEURPhotos : Camille Detraux.Le Bois du Cazier est avant tout un site, celui du charbonnage le plus célèbre de <strong>Wallonie</strong>.Il est indéfectiblement associé à la Tragédie du 8 août 1956 et à la place essentielle que les travailleurs immigrés italiensont prise non seulement parmi les victimes de cette catastrophe, mais encore dans l’ensemble de la production charbonnièredu XX e siècle en Belgique.Les Italiens de Belgique sont doublement attachés à ce passé.D’une part, parce qu’il est gravé dans leur mémoire et dans leur chair et, d’autre part, parce qu’il constitue, à leurs yeux,l’amorce d’un avenir.Ils veulent que les sacrif ices consentis par les anciens portent leurs fruits pour les nouvelles générations.Nulle part en Europe, on ne trouve un symbole plus poignant de l’histoire de la mine et de l’épopée de ces « gueules noires», entrées dans la légende, que le Bois du Cazier.9


La sauvegarde du site duBois du CazierL’émotion du souvenir de la Tragédieest ravivée lors du 30 e anniversairede la catastrophe minièreen 1986. Un mouvement d’opinionnaît pour dire : non, le Boisdu Cazier ne doit pas disparaître !Il y avait d’anciens mineurs, ExMinatori et Amicale des Mineursdes Charbonnages de <strong>Wallonie</strong> ;des membres de la communautéitalienne, particulièrement laMission catholique italienne deMarchienne-au-Pont ; des Marcinelloisgroupés au sein de l’asblMémoire du Bois du Cazier ; et,enfin, des personnes sensibiliséesau patrimoine industriel et àl’aménagement du territoire présentsau sein de l’asbl Espace Environnement.Une pétition regroupant des milliersde signatures, relayée par leConseil communal de la Ville deCharleroi, aboutit au classementdu site comme monument historiquele 28 mai 1990 par le ministrecompétent de la Régionwallonne. Un rapport d’assistancetechnique au futur projetest établi par des experts nomméspar le Conseil de l’Europe en novembre1991, à l’initiative d’EspaceEnvironnement mais restelettre morte. Le Gouvernementwallon prend ensuite trois décisionsimportantes :• le 20 juillet 1993 pour l’inscriptiondu site dans le cadre de l’Objectif1, programme européen enfaveur des régions en retard dedéveloppement économique ;• le 18 mai 1995 pour l’acquisitiondu site ;• le 24 juillet 1997 pour la priseen considération du projet présentépar la Ville de Charleroi.Ce premier projet de requalification,adopté par le Conseil communaldu 9 mai 1996, quelquesmois avant le 40 e anniversaire dela tragédie, comprend un espaceMémorial, un espace Artisanat etEconomie sociale, valorisant lesite par le travail, et un espace Vieaménageant les espaces verts,sentiers et terrils.L’achat du site par la Région wallonne,retardé par la levée d’uneaction paulienne, est effective le7 mai 1998 et le maître de l’ouvragedélégué est aussitôt désignéen l’intercommunale de développementéconomique IGRETEC.Sur proposition du MinistreJean-Claude Van Cauwenbergheest décidé le transfert du muséede l’Industrie des Forges de laProvidence, à Marchienne-au-Pont, vers le site du Bois du Cazierà Marcinelle.Le transfert du Musée del’IndustrieOuvert au public en septembre1988, le musée de l’Industrie,géré par l’asbl Archéologie <strong>Industriel</strong>lede la Sambre (AIS) étaitdevenu un outil touristique etpédagogique incontournable. Ils’était mué progressivement enun centre permanent de rencontreet d’animation autour de l’archéologieindustrielle. Malgré sarenommée grandissante, le muséede l’Industrie vivait, depuisses origines, principalement dumécénat de Cockerill Sambre etde bénévolat de la part de tous lespartenaires concernés. Musée detype « lourd », aussi bien par lanature de ses collections, et l’étatde vétusté des bâtiments industrielsque par l’importance dubudget de fonctionnement, sagestion ne pouvait continuer à sefaire au jour le jour, sans savoir ceque lui réservait le lendemain.Pour remédier à cette situation,un dossier Objectif 1 est introduiten 1998 ; une somme de110 millions d’anciens francsbelges devait assurer un véritableessor au musée de l’Industrie.L’Union européenne et la Régionwallonne se sont toutefois montréesdubitatives sur le développementd’un projet touristique etculturel à l’emplacement du musée.En effet, son implantation àMarchienne-au-Pont, dans unevéritable enclave industrielledont l’avenir foncier et urbanistiquedépendait des décisions quiseraient prises par Cockerill Sambre,acquis depuis lors par lesgroupes Usinor puis Arcelor,n’était pas un atout. L’avenir adonné raison à ces craintes puisque,en 2001, Cockerill Sambreannonçait son retrait du site deMarchienne-au-Pont.Le dossier rencontrant toutefois,par ses qualités intrinsèques, l’assentimentdes autorités européennes,il est décidé de le prendreen considération mais deproposer le transfert du muséevers un site plus attractif sur leplan touristique, et encore plussymbolique pour la mémoire collective: le Bois du Cazier bénéficiaitdéjà de l’aide Objectif 1.L’idée était séduisante : d’uncôté, des collections importantesdans des bâtiments vétustes, del’autre des bâtiments qui seraientrénovés mais risqueraient de restersans réaffectation d’ampleur.Le site deviendrait alors avec lescollections du musée de l’Industrieet le savoir faire acquis parl’asbl Archéologie <strong>Industriel</strong>le dela Sambre, dans un domaineaussi particulier que celui du patrimoineindustriel, le « mégaprojet » dont Charleroi avait besoinpour compléter de manièrejudicieuse la palette de possibilitésqu’offre la région en matièrede tourisme.Les arguments en faveur du transfertétaient nombreux et les avantagesde la fusion des deux projetsplaidaient en faveur d’une réalisationriche de potentialités et ouvertevers le plus large public :- En tant que monument du patrimoineindustriel et social de<strong>Wallonie</strong>, le Bois du Cazier réaffectéétait probablement le derniergrand site charbonnier à êtreproposé à la visite touristique.Les sites de Blegny (Liège), deBois-du-Luc (Centre), du Crachetet du Grand-Hornu (Borinage)l’avaient précédé, parfois10


de peu. Non loin de la frontière,Lewarde, dans le Nord de laFrance, est une attraction de qualitéet de prestige, tandis qu’à Beringen,en Campine, est projetéle Vlaams Mijnmuseum. Le Boisdu Cazier se devait de dégagerune spécificité qui le différencieet, dans ce sens, l’apport du muséede l’Industrie l’y aiderait ;- L’importance des moyens financiersdégagés donnait une nouvelleampleur au projet qui renforceraitson attractivité : il y auraplus à voir et à découvrir, et la possibilitépour le visiteur de passerune demi-journée ou même plussur le site par la présence des atelierscréatifs, des forges- Un seul projet axé sur le patrimoineindustriel au Pays deCharleroi offrait une plus grandevisibilité en terme de promotion,ou de tourisme, et une plusgrande crédibilité vis-à-vis departenaires éventuels.- Les économies sur les infrastructureset le fonctionnementn’étaient pas négligeables : accueilet visites du public, cafétéria etfrais administratifs. Une seuleéquipe de gestion rassembleraittoutes les énergies humaines.De plus, le site marcinellois estsitué dans une zone dynamique àproximité du périphérique R3 etde la Nationale 5. Les possibilitésd’extension des bâtiments et lesespaces verts couvrant le sud dusite sont les gages de développementsfuturs qui seront d’ailleursutilisés dans le cadre du phasingout de l’Objectif 1.Le projet de requalificationdu site en deux phasesOn ne pouvait se dissimuler, affirmele rapport d’étude réalisépar l’Institut de Gestion de l’Environnementet de l’Aménagementdu Territoire de l’IGEATen 1999, que la double signification,mémoire et mise en valeurdu patrimoine industriel et social,qui devra être assumée par lesite du Bois du Cazier, resterasans doute l’une des plus grandesdifficultés de son aménagementet de son exploitation. Sa propositionétait que l’aspect miniersoit absorbé dans le seul espacemuséal destiné à conserver la mémoirede la catastrophe.Le programme de requalificationdéfini, et adopté par le Comitéd’accompagnement du projetmis en place par la Région wallonne,peut être résumé en dixoptions :1) un centre d’interprétationconsacré à la catastrophe du 8août 1956 et aux phénomènesmigratoires qui prend place dansla salle de la machine d’extraction;2) un programme scénographiéretraçant l’histoire des principauxsecteurs d’activités du sillonindustriel Haine-Sambre-et-Meuse avec l’appui des principalespièces de collections de l’asblArchéologie <strong>Industriel</strong>le de laSambre, dans l’ancienne salle despendus et des douches ;3) un lieu d’expositions et de manifestationstemporaires, le forum,dans la centrale électrique ;4) un ensemble de services liés àla gestion et à l’exploitation dusite (administration, bibliothèque),dans les anciens bureaux ducharbonnage ;11


5) les infrastructures liées à l’accueildu public : boutique, billetterie,restaurant à l’avant dusite ;6) un mémorial, destiné au recueillementet à la commémorationdu souvenir des victimes,qui occuperait le rez-de-chausséede l’ancienne recette ainsi que lecarreau proprement dit ;7) des ateliers créatifs (forge, fonderie)dans les anciens ateliers dusite ;8) un conservatoire des techniquesdans une réserve de 900 m2à construire ;9) un aménagement de sentiersde promenade parcourant le suddu site constitué de trois terrils ;10) un ensemble de structuresliées au fonctionnement de l’économiesociale et à la promotionaux métiers des musées (maquette,menuiserie, éclairage…)éventuellement dans la recette dela tour « Foraky ».Malgré des crédits complémentaires,faute de moyens financierssuffisants dégagés dans le cadrede l’Objectif 1, tout le programmede requalification n’a puêtre finalisé dans la 1 ère phase.Seuls sont réalisés, au courant desannées 2000 et 2001, les cinqpremiers points pour un montantdépassant les 15.000.000 ?.Les autres options le seront, dansle cadre du Phasing out de l’Objectif1, en 2004 et 2005. Cependantle 10 e point du programme,l’économie sociale, est remplacépar l’opportunité qui s’est présentéede transférer le musée duVerre de Charleroi. La Régie desBâtiments, propriétaire de l’ancienInstitut National du Verre,souhaitait voir partir ce muséecommunal afin de permettre l’affectationdu bâtiment commeannexe du Palais de Justice.Après la réalisation de la 2 e phasedu programme de requalification,le Bois du Cazier présenteen 2006 un panorama de l’histoireindustrielle de la <strong>Wallonie</strong>,axé principalement sur le pays deCharleroi, et de ses trois grandssecteurs industriels : charbonnages,sidérurgie et verrerie. La rencontreavec cette histoire est égalementsensorielle et visuelle parl’animation des ateliers centréssur le métal et le verre. Sans oublierl’émotion toujours perceptibleque dégage le mémorial.L’ensemble de ces dernières optionssont avalisées par le Gouvernementwallon le 27 mars 2002dans le cadre du Phasing out.C’est un budget de plus de8.000.000 qui est ainsi mobilisé.Comme est décidé l’assainissementdu site de la tour « Foraky ».Parallèlement, la Région wallonne,propriétaire du site, prévoitl’aménagement du domaineboisé de 25 ha, appelé 3 e phase.L’ouverture des musées en 2002Le permis d’urbanisme est accordéle 23 novembre 1999.C’est un consortium de sept entreprisesgénérales de travaux quiest désigné pour le gros œuvre etles techniques spéciales. Le chantierdébute le 15 octobre 2000.Pour la scénographie des centresd’interprétation consacrés à laRévolution industrielle et à la catastrophe,c’est la firme TEM-PORA qui est retenue. Son travailest supervisé par un comitéscientifique comprenantl’IGEAT, le Commissariat généralau Tourisme et, bien entendu,l’AIS et le maître de l’ouvrage déléguéIGRETEC. Exigences ducalendrier des aides européennesobligent, les délais sont courts etrespectés : le 31 juillet 2001pour les entreprises ; quelquessemaines supplémentaires pourl’aménagement intérieur desdeux espaces scénographiés.En 2001, le Gouvernement wallonconfie la gestion du site àl’AIS dont les statuts sont modifiés.La première phase des travauxde requalification du site estinaugurée le 8 mars 2002, soit àpeine dix-huit mois après l’ouverturedu chantier, en présencede 2.000 personnes.Toute l’histoire de la catastropheest évoquée dans l’espace « 8 août1956 » par un film de 15 minutes,des statues du sculpteur anglaisPaul Day et la reconstitu-12


tion d’une galerie. La conditiondes travailleurs, et principalementdes immigrés, est relatéedans un film de 6 minutes et unefresque de photographies. La catastrophedu 8 août 1956 est retracéeheure par heure, jour parjour. Et ce jusqu’à ce fatidique 23août où, de la bouche d’un sauveteur,tomba le terrible verdict :« Tutti cadaveri ! ».Dans le musée de l’Industrie, leparcours se décline en plusieursétapes illustrant cette épopée etcorrespondant aux principauxsecteurs industriels : les charbonnages,la sidérurgie, la verrerie,les fabrications métalliques, lesconstructions mécaniques etélectriques, la chimie, l’imprimerieainsi que la vie sociale. Pourreplonger dans cette aventure industrielle,un laminoir à tôles datantdu milieu du XIX e siècle, desmachines à vapeur, des dynamos,des presses, un tramway électriquede 1904… sont mis enscène. La visite se fait à l’aided’un audio-guide qui fournit denombreuses informations (traduitesen néerlandais et anglais)sur les pièces exposées et qui permetau visiteur de parcourir lemusée à son rythme. Une sallemultimédia propose une approchesimple et complète.La maturité du projet en 2006Ponctuée par de nombreuses manifestations,l’année 2006 commémorele 50 e anniversaire de latragédie de Marcinelle en mêmetemps qu’elle voit l’ouverture desnouvelles infrastructures des 2 e et3 e phases du programme de requalificationdu site : mémorial,ateliers, domaine boisé. Ces troisnouveaux espaces s’ouvrent auxvisiteurs le 23 mai 2006, à l’occasionde la venue sur le site du RoiAlbert II et de la Reine Paola.Bâtiment situé aux pieds desdeux châssis à molettes, la recettea été entièrement reconstruitedans le souci de son intégrité historiqueet ce, en maintenant lemaximum d’éléments d’origine.Aux 1 er et 2 e niveaux sont replacésdes mécanismes de translationdes cages afin que le grand publicpuisse appréhender le travail dela mine. Au rez-de-chaussée de larecette, un lieu de recueillementrappelle la mémoire des 262 victimesde la tragédie. La scénographiedu Mémorial, réaliséepar la firme Crossroads, a uneseule ligne conductrice dans lamise en scène et les moyens techniquesutilisés : la sobriété enversles victimes décédées, enversles personnes vivantes, envers lelieu de mémoire.Le principe d’évocation des victimess’établit à l’aide de deux médiasayant pour but de se renforcermutuellement : l’image et leson. Par des moyens simples maisadditionnels, la présence des victimesest renforcée et crée l’émotion.L’évocation visuelle estconstituée du portrait photographiqueet d’une partie texte(nom et prénom de la victime,date de naissance, lieu de naissance,pays d’origine et nombred’enfants). Sur une bande sonoresont diffusées les voix qui symbolisentles mères des victimes, leursépouses, ou leurs filles. Ces voixsont donc de timbres différentsselon l’âge des interprètes. Deplus, elles s’expriment dans lalangue nationale de la personneévoquée. Le principe vocal utilisépuise ses sources dans la techniquedu « chœur parlé ».Les ateliers sont un engagementsolennel pris par la Région wallonnevis-à-vis des sidérurgistesde réinstaller les forges des anciennesusines de la Providence(ex-musée de l’Industrie) au Boisdu Cazier. Les marteaux-pilonsdes forges de la Providence àMarchienne-au-Pont ont prisplace dans les anciens ateliers ducharbonnage. Grâce au soutiendu Commissariat Général auTourisme, les nouvelles forge etfonderie sont équipées de toutl’outillage moderne permettantdes créations originales réaliséespar les artisans.Parmi les collections anciennes,outre les trois marteaux-pilons,relevons la présence d’outils remarquablescomme une cintreusede tôle, une poinçonneuse et diversespresses. Les outils modernescomprennent principalement: un marteau-pilon, desfours de fonderie, de fusion et dedécirage permettant de pratiquerla technique du damas et le travaildes aciers feuilletés. Dans uneambiance particulièrement authentiquesoulignée par lecontraste entre la noirceur desmachines et la lumière des foyersde forge, l’odeur âcre du charbonet le tintement des enclumes, levisiteur peut dès maintenant assisterà des démonstrations deforge.Par le biais de l’aménagement dudomaine boisé, la 3 e phase, leBois du Cazier se tourne résolumentvers l’avenir. La Régionwallonne (Direction générale desRessources naturelles et de l’Environnement)a aménagé le domaineboisé de 25 ha en parcsemi-naturel. Le projet a été réalisépar les architectes Dore etSobczak en association momentanéeavec le paysagiste HerbertMeunier (Bureau A&J).Un premier terril, situé au Nord,avec son biotope remarquable,sert de charnière entre le quartierdes Haies, la Cité Parc et l’anciensite industriel, en développant unprocessus de découverte du sitepar les habitants. La morphologieet la configuration du secondterril font penser qu’il s’agit vraisemblablementdu premier dépôtdes résidus d’exploitation. Celieu a été choisi pour établir une« drève de la mémoire » qui recueilleles essences végétales provenantdes pays d’origine des mineursmorts lors de la tragédie deMarcinelle. Ces essences sontplacées le long d’une promenadeappuyée sur le flanc Est du terrilet reprenant le tracé d’une an-13


cienne ligne de mise à terril. Encomplément aux cheminementspiétonniers, un théâtre de verdureest aménagé sur la face Suddu terril. Le fond de scène estconstitué par les bâtiments ducarreau de la mine eux-mêmes.Pour le troisième crassier, l’évolutiondes techniques avait permisd’atteindre une hauteur plus élevée.La morphologie et la dimensionatteinte par le terril dit duSart-Saint-Nicolas donnent lapossibilité d’appréhender le paysagedu Pays de Charleroi. Ce quia conduit à imaginer des cheminementspour atteindre le sommetdu terril, où est aménagé unobservatoire du paysage, pointd’orgue et culminant. Ces deuxderniers crassiers sont reliés parune passerelle piétonne qui permetle franchissement de la ruede la Gare. La structure et les matériauxutilisés s’inspirent du patrimoineindustriel minier.Les objectifs définisSelon la convention signée avec laRégion wallonne, l’asbl de gestion,renommée tout simplement« Le Bois du Cazier », a pourpremière mission le fonctionnementdes espaces muséaux. Ladeuxième mission est la préservationde la mémoire des victimes etla sensibilisation des plus jeunes.L’année d’ouverture en 2002 aété particulièrement riche en événements.Quatre faits majeursont marqué les premiers moisd’existence : l’installation de lacloche « Maria Mater Orphanorum» ; l’inauguration des Journéesdu <strong>Patrimoine</strong> avec le son etlumière créé par Franco Dragone; la visite d’Etat du Présidentde la République italienne ;et le retour de Sainte-Barbe, lapatronne des mineurs dont la statuea retrouvé sa niche. D’autrepart, le parcours du visiteur sur lesite est rythmé par la découvertedes lieux de mémoire que sont lagrille, la salle des pendus, lesbains douches, la lampisterie, lemur du souvenir et, bien entendu,le Mémorial inaugurésymboliquement en cette annéedu cinquantième anniversaire dela tragédie.Troisième mission du contrat degestion : développer des activitésculturelles et touristiques à caractèregénéral, soit de son proprechef (expositions, conférences,concerts), soit en mettant à ladisposition d’opérateurs extérieursle forum et l’auditorium.Plus de trente personnes sont occupéessur le site et l’équipe degestion travaille avec le soutiendes associations des mineurs, ExMinatori et Amicale des mineursdes Charbonnages de <strong>Wallonie</strong>.Au sein du Conseil d’administrationsont représentés avec leursensibilité tous les partis politiquesdémocratiques et des grandesorganisations syndicales. Lesobjectifs du Conseil sont clairementdéfinis :- préserver la mémoire de la tragédiedu 8 août 1956 ;- sauvegarder le patrimoine minierdu site ;- valoriser l’histoire industriellede la Région wallonne ;- exploiter les trois terrils en offrantune gamme de loisirs ;- animer ce lieu en permettant ledéroulement de manifestationsculturelles ;- développer les activités touristiques: incentives, ateliers, boutique,restaurant.Le Bois du Cazier est un site dédiéà la mémoire des victimes du8 août 1956, mais il n’est pas quecela. C’est un site minier mais cen’est pas un musée de la mine.C’est à cette condition que l’Europea accepté de contribuer aufinancement de sa réhabilitationdans le cadre de l’Objectif 1.Promesse d’une nouvelle extension,une dernière phase appeléeCentre d’Interprétation et deRencontre devrait succéder auxtrois précédentes. Pour son développementfutur, le Bois du Caziersouhaite construire un nouveaubâtiment qui aurait troisdestinations : un centre d’interprétationdes terrils, un espace derencontre appelé « Agora » etenfin un centre de documentationet d’archives sur le passé économiqueet industriel du Pays deCharleroi, et enfin, pour compléterces infrastructures, un centrede séminaires.Le Bois du Cazier est devenu unlieu d’animation et de réflexionsur des thèmes comme le travail,l’économie, l’immigration et lepatrimoine. Le site doit aussi répondreaux sollicitations desWallons et, en particulier, desCarolorégiens pour qui le Boisdu Cazier est un endroit qu’ilssouhaitent faire découvrir au plusgrand nombre, chaque annéedéjà plus de 30.000 personnes.C’est une nouvelle page de la viedu Bois du Cazier qui s’est ouverte.Nous lui voulons un avenirdigne de son passé et plein depromesses.C’est le plus bel hommage quenous puissions rendre aux victimesde Marcinelle.Sources :- Jean-Louis DELAET, AlainFORTI, Francis GROFF, LeBois du Cazier. Marcinelle, EditionsLabor, <strong>Bruxelles</strong>, 2002- Alain FORTI, ChristianJOOSTEN, Cazier judiciaire,Editions Luc Pire, <strong>Bruxelles</strong>,200614


ETUDE : LE GRAND-HORNU AUJOURD’HUI ET DEMAINLe site du Grand-Hornu a été unlieu d’innovations technologiqueset sociales dès le début duXIX ème siècle. Le projet contemporain,élaboré entre 1984 et1989, entend se situer dans lacontinuité de ce phénomène.Un petit groupe constitué d’unélu, d’un économiste, d’unscientifique, d’un historien del’art et d’un responsable encommunication, attachés professionnellementet sentimentalementà la région et au monument,l’a conçu en s’efforçantde faire du lieu un point de rencontreentre la mémoire et la recherche,le patrimoine et lacréation contemporaine; celadans le but d’encouragerla circulation des idées,d’œuvres et de personnes parl’apport d’un cadre unique detravail et d’échange aux artistes,intellectuels et chercheurs.L’engagement passionné desmembres de ce groupe, joint à lavolonté de se donner le tempsd’œuvrer de manière empiriqueau début, avec des moyens extrêmementmodestes, de façon plusrigoureuse et structurée par lasuite, ont sans conteste consolidéle projet et favorisé son développement.Aujourd’hui, sans renierpour autant son ancrage dansune région et une histoire données,le lieu s’ouvre ainsi aumonde et à l’esprit.Développement du projetL’association Grand-Hornu Images,la plus ancienne sur le site,est à la base de la réflexion initiale,de l’élaboration du projet etde son évolution. Pour que celuicisoit construit en accord avecl’histoire et les caractéristique dulieu, l’association a défini quatreaxes de développement à la foisautonomes et intégrés : culture,tourisme, technologie, prospective,le tout se déclinant selon desactivités spécifiques.Expositions d’art contemporainA l’origine, les expositions abordaientdes thématiques directementen rapport avec le site,comme l’histoire sociale ou l’architecture.Peu à peu, elles ontévolué vers l’art contemporain.Dans les activités de Grand-Hornu Images, elles explorentnotamment le champ des relationsentre l’art et l’industrie.Design, création industrielle etarts appliqués y tiennent uneplace prépondérante dans le respectde la vocation première dusite. L’association choisit depréférence d’exposer des artistesdont le travail est en cohérenceavec le lieu. Ce sont, de plus enplus, des personnalités reconnuessur la scène internationale.Les expositions évitent cependantl’élitisme. Elles essaient detoucher la population locale,d’être en résonance avec le lieu,avec l’histoire des gens de la région.Ainsi par exemple, l’expositionde photographies de SebastiaoSalgado (1996) sur les travailleursdu monde entier, La mainde l’homme, ou encore l’installationde Christian Boltanski(1997), intitulée Les registresdu Grand-Hornu, réalisée à partirde livrets d’ouvriers, des femmeset des enfants de la mine, furentaccueillies avec beaucoupd’émotion dans cette région devieille industrialisation.L’évolution subtile de la programmationdes expositions(toujours très proche de « l’espritdu lieu ») a ainsi réussi àamener les publics locaux à la découvertede l’art contemporain,mission dorénavant relayée par leMAC’s(Musée des Arts contemporainsde la Commuauté françaiseinstallé sur le site depuis2002).L’association a tenu à habituer lepublic à cette fonction nouvelledu Grand-Hornu, lieu privilégiéd’expositions. En outre, et toujoursdans la même volonté d’apprivoiserle public proche et dedémystifier un lieu dont l’impressionnantportail peut êtredifficile à franchir la premièrefois, l’équipe a, d’emblée, expliquéà la population l’histoire dulieu et le projet contemporain, enl’invitant à assister gratuitementà des spectacles et des visites (notammentlors des Journées du patrimoine).Cette démarche est renforcée parun droit d’entrée modique quel’association souhaiterait d’ailleursidéalement supprimer pourtous de manière permanente !….Activités pédagogiquesJournées de réflexion, animationsdiverses, expositions « juniors »et accueil de « classes de patrimoine» permettent de sensibiliserle public à l’architecture et aupatrimoine.Les grandes expositions dont lesthèmes sont susceptibles d’intéresserles enfants font l’objetd’ateliers spécifiques…De septembre à juin, le public estprincipalement constitué de scolaire,d’étudiants en art ou en architecture(en provenance detoute la Belgique), de touristesétrangers et de groupes du troisièmeâge. L’été, il est surtout familial.15


Accueil touristique et développementterritorialAu départ, seules des visites guidéesdu site, sur réservation,étaient organisées. L’idée d’y installerun musée de la mine a étéécarté d’emblée : le lieu étaitvide de toute archive, de toutmatériel, et l’implantation d’élémentsexogènes eût été artificielle,incongrue, voire injurieuse.Qui plus est, dans cetterégion, le Borinage, où l’exploitationdu charbon constituait unemono-industrie, on aurait pu -on pourrait - aménager un muséede la mine tous les cents pas !Ce qui, en revanche, semblaitimporter alors est l’histoire singulièredu lieu, un rêve de ville, etde son fondateur. C’est ainsiqu’un petit musée historique futinstallé, aujourd’hui remplacépar un audio-guidage multimédia,permettant le parcours individuel.C’est un tourisme culturel,avec des infrastructures dequalité, que le Grand-Hornu entenddévelopper.Le musée des Arts contemporains(MAC’s) est le dernier arrivésur le site. Trois lieux avaientété sélectionnés, et c’est finalementle Grand-Hornu que laCommunauté française a choisipour accueillir ce musée, qui aouvert ses portes en 2002. L’associationMAC’s, installée tout àla fois dans les parties ancienneset dans de nouveaux volumes(dus à l’architecte liégeois PierreHebbelinck) admirablement intégrésau bâtiment d’origine, entenddonner à voir au public leplus large l’état de la créationcontemporaine internationalesous tous ses aspects. Il s’agit làd’un espace muséal qui se veut vivant,en relation étroite avec lesarts « en train de se faire ». Sesmultiples entrées invitentconstamment les visiteurs du siteà en franchir le seuil.La conception de la collection -fait exceptionnel - a débuté aveccelle du musée, garantissant uneparfaite cohérence entre les bâtimentsdévolus à l’art et leurcontenu. La première acquisitionfut emblématique de la démarchegénérale puisqu’il s’agit del’œuvre de Boltanski, déjà évoquée,produite par Grand-HornuImages et perçue par la populationcomme un mémorial dédiéaux travailleurs du Grand-Hornu.Dès la naissance du projet, d’autresoccupants ont cohabité avecl’association culturelle, tels queTechnocité, association chargéed’une mission essentiellementpédagogique, qui organise desstages de formation (informatique,langues) pour les entrepriseset de recyclage gratuits pour lessans-emplois, qui ont accès auxinfrastructures tous les aprèsmidi.Cette association est désormaisinstallée au Château DeGorgeLieu de progrès et d’innovationdès ses origines, le Grand-Hornua également accueilli des centresde recherche spécialisés dans ledomaine des technologies depointe (laser, télécommunications,conception assistée par ordinateur,images de synthèse…)qui restaient fermés au public enraison de la nature privée de leursactivités. Faute d’espace, ces occupantstemporaires ont disparu,la vocation de toute entrepriseétant de grandir…ET DEMAIN…L’ouverture du Musée des Artscontemporains est en soi déjà uneétape importante dans la vie dumonument et dans l’évolution duprojet de Grand-Hornu Images.Cette dernière et l’associationMAC’s vont développer leur projetpropre sur un site commun,l’enjeu étant que chacune d’entreelles trouve sa place sans monopoliserà son profit l’image dontbénéficie le monument, mais encherchant au contraire toutes lessynergies susceptibles d’en accroîtrele rayonnement. A elles deux,à travers la diversité de leurs domainesd’activités(architecture,patrimoine, paysage, urbanisme,arts plastiques, nouvelles technologies,design et arts appliqués),elles rassemblent les éléments quicontribuent à améliorer et embellirnotre espace de vie.Est-il mission plus exaltante ?Souhaitons que pareils exemplesfassent école ; ils contribuent aurayonnement international demonuments majeurs sauvés de laruine et à la réappropriation, parune population de proximité privéede la plupart de ses repères,d’un patrimoine oublié redevenusujet de fierté et ciment d’identité…..Ce qui semble essentiel dans laréussite de ce projet est de s’êtrefixé dès le début un objectif solidequi guide l’ensemble des actionsà mener, et d’oser refusertoutes les facilités qui pourraientfaire dévier de cet objectif primordial.Avoir un beau projet, ycroire, et se donner les moyens dele réaliser : telle est la clé de laréussite.Françoise Foulon16


ETUDE : POUR FAIRE COMPRENDRE LE TAYLORISME :L’ÉPLUCHAGE DES POMMES DE TERRE !On sait que le principe de la rationalisationet de la spécialisationdu travail industriel dansl’optique du meilleur rendementest né aux Etats-Unis, à la fin dudix-neuvième siècle, du cerveauet de l’expérience de FrederickWinslow Taylor (1856-1915).Mécanicien et inventeur prolifique,conseiller en techniques degestion et de production, notammentau sein de la Bethleem SteelCorporation, il mit ses théoriespar écrit et celles-ci se répandirenten Europe peu avant la premièreGuerre mondiale. Cettedernière fit naître d’énormes besoinsde produits industriels etmilitaires, qui accentuèrent la nécessitéde procéder selon cetteméthode nouvelle. Après l’Armistice,le taylorisme se propageade façon systématique. Encorefallait-il en expliquer les avantages.Un petit livre paru à Paris età Liège chez Béranger, se proposaitprécisément, en 1920 d’exposer: « Comment j’ai mis enpratique le système Taylor ». Ilétait du à un ingénieur-conseilfrançais, Serge Héranger. Celuiciy traite d’applications industriellesmais, afin d’être plus simplementcompris et de montrerque le taylorisme ne devait pas seconfiner aux ateliers, il signaleaussi que la préparation des repaspour une cantine d’usine peuttout aussi bien s’inspirer de ceprocédé et le démontre par unexemple vécu. Nous lui cédonsdonc ci-après la parole :« L’exemple est moins insignifiantet moins puéril qu’il paraît. Lepoids de pommes de terre à éplucherjournellement était de 330 kilospour un seul repas. Ce travail avaitété assuré antérieurement par sixfemmes travaillant à la journée.L’application du système Taylor s’estfaite de manière rigoureuse en étudiantles divers facteurs du travail,absolument comme s’il s’agissaitd’un atelier moderne de machinesoutils.Le résultat obtenu a été desplus probants.La diminution de la main-d’œuvrea été au moins de 50 %, trois ouvrièresétant arrivées facilement àfaire le travail exécuté antérieurementpar six, ou, ce qui revient aumême, la production par heure etpar ouvrière a été doublée. L’augmentationde salaire pour les ouvrièresa été de 25% et l’économie del’État a été de 35%.Il est intéressant d’indiquer en détailles principales dispositions prisespour changer le mode de travail.Que le lecteur oublie pour un momentqu’il s’agit du banal mais précieuxtubercule qui joue un rôle siimportant dans notre vie quotidienne; qu’il applique par l’imaginationles principes de l’étude duproblème de son entreprise ou à sontravail particulier. L’assimilationest certainement possible dans deslimites plus ou moins étendues et ilpourra probablement en tirer desdéductions avantageuses pour le casparticulier qui l’intéresse.Organisation du travail d’épluchage de pommes de terreBesoins quotidiens des ateliers pour un repas, l’autre étant constitué par d’autres légumes--------------------225 kgde tubercules épluchés, obtenus par----------------------------------------------------------------------330 kg de tuberculesnon épluchés de la qualité---------------------------------------------------------------------------------Chair jaune ordinaire et degrosseur moyenne correspondant à------------------------------------------------------------------127 tubercules par 10 kilogr.N.B. – Il s’agit de pommes de terre dites « vieilles », les pommes de terre nouvelles étant épluchées dans une machinetournante à râpe. Des expériences ont été faites pour généraliser ce procédé à toutes les qualités de pommesde terre. Ces considérations n’influent d’ailleurs en rien sur l’intérêt des principes de l’application.MODE DE TRAVAIL ANTERIEUR1° Chaque éplucheuse était assise sur un escabeau etavait sur les genoux un tablier sur lequel elle empilaitde 6 à 12 tubercules qu’elle puisait dans un sac posépar terre.Cette façon de procéder entraînait une perte de tempsconsidérable résultant d’une double manutention :celle qui consistait à prendre les pommes de terredans le sac pour les poser sur les genoux etMODE DE TRAVAIL NOUVEAU1° Chaque éplucheuse est assise sur une chaise dehauteur correspondant à celle d’un récipient uniquecommun à toutes les éplucheuses dans lequel sont placéesles pommes de terre à éplucher, en quantité suffisantepour assurer le travail à plein rendement de toutesles ouvrières pendant une demi-journée.Le récipient est constitué essentiellement par unebassine tournante de 1 m. 25 de diamètre et de0 m. 25 de haut à fond conique, de manière à former un17


celle de reprise de ces pommes de terre pour les éplucherD’autre part, pour plonger la main dans le sac contenantles pommes de terre à éplucher, l’éplucheuse étaitcontrainte à une amplitude du geste qui se modifiaitconstamment et qui, par ses nombreuses répétitions,fatiguait l’ouvrière, et de ce fait, diminuait son rendement.2° Chaque éplucheuse laissait tomber les épluchuressur ses genoux d’abord et les rejetait ensuite par terreCette façon de procéder entraînait également unegrande perte de temps, non seulement à cause dutemps pris pour le rejet des épluchures, des genouxjusqu’au sol, mais encore à cause du déplacement obligatoirede l’ouvrière pour permettre l’enlèvement desépluchures et pendant le nettoyage du sol qui, d’ailleursrestait toujours très sale ;3° Après épluchage, chaque pomme de terre était jetéedans un récipient placé au milieu du local à peu près àégale distance des éplucheusesD’où première perte de temps, par suite de l’amplitudedu geste de l’ouvrière pour atteindre le récipient et,conséquemment, fatigue proportionnelle au geste.Quelquefois la pomme de terre tombait à côté du récipientet la femme s’arrêtait naturellement pour la ramasser,d’où deuxième perte de temps et effort inopportunlors du passage de la position assise à laposition debout, puis accroupie pour ramasser lapomme de terre tombée.D’autre part, les faibles dimensions du récipientcommun entraînait à de multiples déplacements pourtransporter aux cuisines les tubercules épluchés ;4° Les pommes de terre à éplucher étaient apportéesau local où se fait l’épluchage dans des sacs contenantchacun environ 50 kg de ces tubercules. Un employédu réfectoire devait déposer un sac plein à côté de chaqueouvrière, mais comme le rendement de celles-cidifférait dans des proportions allant jusqu’à 50 % il nepouvait y avoir d’heures arrêtées pour la distribution detravail.D’où perte de temps dans la manipulation avecrépercussion sur le rendement des ouvrières dérangéesde ce fait5° Antérieurement la production nécessaire auxbesoins des ateliers était assurée par six ouvrières.plan incliné qui amène les pommes de terre directementsous la main de l’éplucheuse.Chaque ouvrière est placée à gauche du récipient tournant,à distance convenable pour que l’avant-bras droitsoit toujours appuyé sur le rebord arrondi du récipient,position reposante qui permet néanmoins à l’ouvrièrede prendre avec le minimum d’efforts et avec le gesteplus réduit, les tubercules à éplucher.Les dimensions du siège et du récipient sont calculéesde telle façon que1° l’éplucheuse ait la possibilité de travailler indifféremmentdans la position assise ou debout selon que la fatiguese fait plus ou moins sentir après une longue stationdans l’une ou l’autre de ces positions.2° Chaque éplucheuse laisse tomber directement lesépluchures dans une caisse munie d’un couvercle àcharnières étudié de façon à pouvoir être maintenudans une position déterminée pour obtenir un plan incliné.La hauteur de cette caisse est calculée pour que le couvercleformant plan incliné repose sur les genoux del’ouvrière quant celle-ci travaille dans la position assise,ou arrive à hauteur de sa ceinture lorsque l’ouvrière travailledans la position debout.Avec ce procédé le ramassage et le transport des épluchuresse font rapidement et proprement, à des heuresdéterminées ;3° Après épluchage de la pomme de terre l’éplucheusedont l’avant-bras est appuyé sur un accoudoir tenu à sachaise, n’a qu’à déplacer le bras pour laisser tomber letubercule épluché dans un récipient placé à sa gaucheet qui est de grandeur et de hauteur suffisantes pourrendre impossible la chute par terre du tubercule.D’autre part, le récipient est calculé pour pouvoir contenirles pommes de terre épluchées en quantité ou poidscorrespondant à la production bi-journalière de chaqueouvrière et dans ces conditions le transport aux cuisinesse fait rapidement et proprement à des heures déterminées.4° L’adoption d’un récipient commun à toutes les ouvrièreset de capacité suffisante pour assurer le travailpendant une demi-journée permet de fixer une heurepour le transport des pommes de terre à éplucher et lerendement variable des ouvrières n’affecte en rien l’organisationconcernant la distribution du travail ;5° Grâce au nouveau mode de travail, cette productiona été facilement assurée par trois ouvrières.Les conséquences résultant de l’application du systèmeTaylor sont les suivantes :Diminution de main-d’œuvre 50 %Augmentation de salaire individuel 25 %Économie sur la totalité des salaires 35 %18


L’auteur de cet écrit, Serge Héranger,manifeste un parfait optimismequant à l’efficacité de laméthode qu’il préconise et à lasatisfaction que le personneld’exécution est censé en retirer. Ilinsiste notamment sur le «boni»(sous forme de primes ou decongés) que l’ouvrier doit obtenir,selon la doctrine même deTaylor, s’il arrive au rendementqui lui est assigné par la nouvelleorganisation du travail. Reste àvoir dans quelle mesure ce supplémentextra-salarial fut toujoursscrupuleusement octroyé.Quant à l’aliénation de l’individuface à des tâches ainsi «robotisées»,loin des traditions artisanales,il n’en est point encore questiondans cet opuscule. Bien plustard, dans les années 1960, leconcept d’»enrichissement destâches» s’opposera au taylorismepur et dur au point, parfois, de lesupplanter, dans une société devenue«post-industrielle». Puisviendront l’informatisation, lamondialisation, les délocalisations...Mais ceci est une autrehistoire. Elle constituera l’archéologieindustrielle de demain...Post-scriptumLe Taylorisme est-il mort ? Loinde là, malgré l’effet d’annonced’une « entreprise à visage humain», préconisée entre-temps(et certes concrétisée en Occident)mais qui n’a pas effacé lespréoccupations du théoricien del’efficacité d’Outre-Atlantique.Témoin cet article paru dans le« Time Magazine » du 18 décembre2006 (Barbara KIVIAT, Thebig gulp at Starbucks, pages 36-38). Le témoignage de ce reportage,que nous résumons ici, méritede figurer dans les annalesindustrielles de notre temps.Basé à Seattle, Starbucks est unechaîne de débit et de vente de caféssélectionnés qui possède12.440 points de vente à traversle monde (et qui vise les 40.000points de vente !). Avec un débittotal annuel de plus de 140.000tonnes de café, le chiffre d’affairesest de l’ordre de 8 milliards dedollars U.S. L’objectif constantest évidemment d’accroître ce résultat.Pour ce faire, les moyensévoqués par la journaliste du« Time » sont triples :augmenter la productivité desserveurs au comptoir. En 2000,l’entreprise avait remplacé l’expresso« fait main » par un breuvageproduit dans des machines àcafé. Gain de temps : 24 secondespar expresso.résorber les files d’attente en servantle client en moins de 3 minutes.Mais comme plus de 40%des serveurs n’arrivent pas à atteindrecette cadence, il en résultedes milliers de dollars deperte, car les clients impatientsn’attendent pas (ou n’entrentpas). Il faut donc trouver une solutiontechnique. Celle à l’étudeest d’introduire un distributeurautomatique d’extrait de café…diversifier la vente afin d’augmenterle degré de chalandise :petite restauration, offre de produitscomplémentaires (services àcafé, thermos…), cyber-café, vidéo.Mais est-ce conciliable avecle concept original de point devente individualisé, sans l’aspect« fast-food » ou bazar ? Est-ceque cette croissance ne va pas entraînerun niveau de complexitéingérable, avec le risque de ralentirl’expansion de l’entreprise ?Un consultant n’a-t-il pas déterminéque la croissance des firmesparmi les moins complexes est1,7 fois supérieure à celle de leursconcurrent moyen (« averagecompetitor ») ?Une autre voie consiste à multiplierdes « drive-through », maisalors qu’en est-il de la convivialité,atout déclaré de « Starbucks » ?Toujours est-il que le volumeglobal des ventes demeure essentiel.Il est d’ailleurs suivi mois parmois, car le cours des actions dela firme se ressent des fluctuationsdu chiffre d’affaire tout aulong de l’année. Mais en ramenanttout à des chiffres, on risquede dénaturer le produit. Les dirigeantsle savent mieux que quiconque.Et la journaliste ironisedéjà : « Si vous le demandezgentiment, vous pouvez mêmeavoir une tasse de café ». Cecidit, il est savoureux. Le signatairede la présente en atteste… A lasanté de Taylor !Claude GAIER19


COMPTES RENDUSDela mine à mars : la genèse d’UmicoreRené Brion et Jean-Louis Moreau. – Tielt : Lannoo, 2006. – 471 p. :ill. en noir et en coul., couv. ill. en coul. ; 24 cmBibliogr. pp. 458-459. Index.Renseignements et commande : Lannoo – Kasteelstraat 97 – B-8<strong>70</strong>0TIELT – Tél. 051 42 42 11 – Fax 051 40 11 52E-mail:lannoo@lannoo.beSite Internet : www.lannoo.comEn ces temps troubles, voicipeut-être un ouvrage à la foissymbolique et représentatif del’histoire socioéconomique belgeet, plus particulièrement, d’unfleuron : UMICORE.D’abord constitué d’entreprisesactives dans le milieu des métauxnon ferreux, UMICORE s’inspire,depuis toujours, de sa passionpour la technologie, de sonesprit d’entreprise et de son désirinassouvissable d’explorer denouveaux territoires pour dessinerson avenir.Il est vrai que le parcours de cegroupe mondial (et de ses composantes)a imprimé à l’encre indélébileles deux derniers siècles, tantdans le domaine de l’industrielourde que dans le nucléaire et,depuis quelques années, dans lesnouvelles technologies dont lesapplications se concrétisent nonplus sur Terre, mais sur Mars…Symbole belge, certes, cette œuvreest surtout le fruit d’un travailde longue haleine dans les archivesde la société, en collaborationavec l’AVAE (Association pour lavalorisation des archives d’entreprises)dont les auteurs, RenéBrion et Jean-Louis Moreau,sont des membres actifs. Preuve,s’il en fallait encore, de l’importancede la prise de conscience duproducteur de documents dans lasauvegarde de son patrimoinehistorique.Libre proposUMICORE, fille de l’UnionMinière du Haut-KatangaEt petite fille de la Vieille MontagneLe nom UMICORE ne dit rien àla plupart des Belges, sauf aux financiers,aux boursicoteurs etaux milliers d’anciens agents del’Union Minière du Haut Katanga(UMHK), familièrementappelés agents de l’UM, qui,comme moi, ont passé de nombreusesannées au Katanga auservice de cette société phare.L’UMHK a donné naissance infine à UMICORE en 2001.Le livre «De la Mine à Mars, lagénèse d’Umicore» prend biensoin de ne pas citer dans son titrele nom de sa mère, l’Union Minièredu Haut Katanga, nom devenumalséant dans notre paysqui voudrait occulter son œuvreen Afrique centrale ! Tout au plusy fait-on mention en 4 e page decouverture.Or ce livre décrit en détail toutel’action de cette société en Afriqueet dans le monde, et aussi lagenèse de la Société de la VielleMontagne, fleuron de l’industrieliégeoise, mère elle-même del’UMHK.Richement illustré, cet ouvragede 4<strong>70</strong> pages au format 240 x200, commence par l’évocationfouillée de l’industrie du zinc néeà Liège au début du 19 e siècleavec la famille Dony et la minede la Vieille Montagne à Moresnet(pages 11 à 57).Vient ensuite le déroulementprodigieux de l’Union Minièreen Afrique, depuis sa naissanceen 1909 jusqu’à sa nationalisationen 1966, en passant par lespéripéties de la découverte del’uranium et la production de radiumà usage médical par la SociétéMétallurgique de Hoboken-Overpelt,jusqu’à la célèbrebombe atomique d’Hiroshima(pages 171 à 252).La fin de l’UMHK en 1988(alors ACEC-Union Minière) etsa transformation en Umicorespécialisée dans les métaux nonferreux dans le monde entier, ycompris l’exploitation des nodulespolymétalliques dans le fonddes océans (pages 379-380), terminel’ouvrage.Dans le titre, la référence à Marsprovient de l’utilisation de substratsde germanium fournis parUmicore pour les cellules solairesdu véhicule d’exploration deMars.A ma connaissance, seul le quotidienLa Libre Belgique a publiéune recension correcte de cet ouvragelors de sa parution en 2006.Ir Bruno VAN MOL,pupille de l’UM (comme ditJean Defer) puisque mon père ytravaillait depuis 1921, et fier del’être !20


COMPTES RENDUSOuvriers et ville en mouvement :Hommage à Jean PuissantOuvrage collectif. – <strong>Bruxelles</strong> : La Fonderie, 2007. – 119 p. : ill. ennoir et en coul., couv. ill. en coul. ; 30 cm. – (Les cahiers de la Fonderie; 36)Bibliogr. pp. 116-119Renseignements et commande : La Fonderie – Rue Ransfort, 27 –1080 BRUXELLES – Tél. 02 410 10 80 – Fax 02 410 39 85E-mail : info@lafonderie.beSite Internet : www.lafonderie.bePrix : 12 € + 3 € pour les frais de portNouvelle pièce à l’édifice foisonnantque constitue la collection« Les Cahiers de la Fonderie », cenuméro compose un hommagevibrant à Jean Puissant en l’honneurde son importante carrièreacadémique.Quoi de mieux que cette réalisationportant sur quelques-unsdes thèmes chers à cet historienpédagogue: la condition socialedes travailleurs, la ville, l’archéologieindustrielle et les activitéspolitiques de la classe ouvrière àtravers le regard de spécialistesexternes à la Fonderie. Le toutagrémenté d’extraits de textes de« l’historien de l’ULB ».Une très intéressante contributionà une série qui n’a eu de cessede mettre en évidence les liensqui unissent de manière impérissablepassé et présent.Tout feu, tout flamme– <strong>Bruxelles</strong> : La Fonderie, déc. 2006. – 104 p. : ill. en noir et en coul.,couv. ill. en coul. ; 30 cm. – (Les cahiers de la Fonderie, ISSN 0775-2202 ; 35)Renseignements et commande : La Fonderie – Rue Ransfort, 27 –1080 BRUXELLES – Tél. 02 410 10 80 – Fax 02 410 39 85E-mail : info@lafonderie.beSite Internet : www.lafonderie.bePrix : 12 € + 3 € pour les frais de portExposition du 5 mai 2007 au 4 mai 2008.Le domaine patrimonial et historiquebelge compte en lui uneimpressionnante diversité.Preuve en est, ce nouveau numérodes « Cahiers de la Fonderie», consacré au chauffage domestiqueet, plus particulièrement,aux articles qui le représententle mieux : les poêles.Ceux que l’on alimentait dans lacuisine, le salon, la salle à mangerou d’autres pièces de vie se sontmaintenant éteints pour devenirde véritables objets de décoration,sans pour autant quitterleur place d’antan.Des poêles au développement duchauffage central, l’univers duchauffage est soumis aux évolutionséconomiques, industrielles,sociales et culturelles qui jalonnentl’histoire de nos civilisations.Jean Puissant, dans son éditorial,n’écrit pas autre chose : « Alors quele foyer ancestral où le poêle primitifréunissait l’ensemble de la familleautour de l’unique source dechaleur, le chauffage accompagneet soutient l’individualisation descomportements sociaux. »De ses balbutiements à l’évolutiondes techniques de fabricationdes outils de chauffage, l’onvoyage à travers les modes et lesdesigns successifs intégrés par lesentreprises actives dans saconception. La promotion deleurs produits n’est pas écartée etl’iconographie sur laquelle elles’appuie montre le soucis qu’onttoujours eu, à travers les époques,les fabricants de toucher toutesles catégories sociales de la population.Cela ne peut masquer les nouveauxenjeux et défis auxquelssont confrontés les concepteursmais aussi les consommateurs :les problématiques environnementalescontemporaines d’utilisationrationnelle ou d’économiesd’énergie, liées à la prise deconscience de la limite des ressourcesdisponibles et à l’explosiondes coûts de leur emploi. Lepoids du chauffage dans notreconfort de vie reste donc évident.21


La Louvière en Images : Tome2, les HameauxEn 18<strong>69</strong>, La Louvière, alors simplehameau de la commune deSaint-Vaast, se sépare de sa communemère et s’érige en communeindépendante. Née de la présencede nombreuses industries (charbonnages,constructions métalliqueet ferroviaire, verreries, sidérurgie,faïencerie, etc.) sur sonterritoire, La Louvière connaît rapidementun essor considérable.Les nombreuses industries attirentune main-d’œuvre importante issued’horizons divers. Très vite, lanécessité de créer des logementsouvriers s’impose. De nouveauxquartiers apparaissent, tel le DrapeauBlanc, qui devient le « quartiercommerçant » de la nouvellelocalité.La Louvière regroupe différentshameaux, possédant chacun leuridentité propre : Baume, BasseLouvière, Bois-de-Saint-Vaast,Bouvy, Le Centre, Fonds Gaillards,Hocquet, La Barette, LaCroyère, Longtain, Mitant desCamps. Chacun, à sa manière, amarqué le développement de lacité. Tous ont su préservr leur authenticité.Et si les Louviéroissont attachés à leur ville, ils lesont plus encore envers leur hameau.Un hameau, dont il estparfois bien difficile de situer leslimites géographiques. Tous ceshameaux sont décrits au sein del’ouvrage. Citons notamment :Baume, le plus ancien hameaude La Louvière, se subdivise endeux parties distinctes : la partiehaute, plus commerciale ; et lapartie basse, plus industrielle etagricole (poteries Lecat, fermeSars Longchamps). Baume abritaégalement, au début du 20 ème siècle,un terrain d’aviation. Dansl’entre-deux-guerres, le docteurHerman Pourtois y installe unatelier de lutherie, rapidementreconnu par l’Association des Luthierset Archetiers de France(l’atelier a aujourd’hui trouvé refugeà l’Ecomusée du Bois-du-Luc). Baume est également le hameaude personnages qui ontmarqué l’histoire louviéroise :Omer du Bouillon (championdu monde de lutte gréco-romaineen 1907) ; Victor Garin,escrimeur et professeur dedanse ; Joseph Brismet (surnomméDjobri), acteur, auteur etpoète wallon et Léopold Dupuis,dit Vî Stou, compositeur, poète,comédien et musicien wallon.Bouvy se constitue autour descharbonnages. La première citéouvrière de La Louvière y estconstruite en 1841. De nombreuxindustriels y érigent leurssomptueuses demeures. L’uned’entre elles, le château Mairiaux,héberge la tristement célèbre« Bande Duquesne » dès 1944.L’Institut des Filles de Marie estinauguré en 1860. Vingt-deuxans plus tard, la commune de LaLouvière achète le château Mairaux,afin d’y aménager une« Ecole Moyenne pour JeunesFilles ». Le 20 juin 1949, l’établissementdevient le LycéeRoyal.Le Centre s’articule autour ducarrefour du Drapeau Blanc.Centre commercial et carrefourimportant, le Drapeau Blanc estle lieu le plus fréquenté de LaLouvière et ce, quelle que soitl’époque. Dès la fin du 19 ème siècle,les commerces sont omniprésents.Les actuelles rues SylvainGuyaux, du Temple, Albert Ier,Paul Leduc, Kéramis, Hamoir etla Place Jules Mansart, abritentplus de magasins et de cafés quede maisons particulières. Dès lafin des années 1960, de grandessurfaces commerciales apparaissent: « Priba », « Sarma », « BonMarché ». Lieu de passage, espacecommercial, le Centre estégalement un lieu de distraction.De nombreux cinémas sont présents.Le cortège carnavalesque ypasse durant plusieurs décennies.Peu de gens se souviennent aujourd’huide la prodigieuse carrièrede chanteuse de MonaClaire, qui gérait la salle du Palace,avec son époux.Le Hocquet est un hameau essentiellementagricole. En 1802,on n’y dénombrait que 33 habitations.Les travaux de creusementdes embranchements ducanal vont drainer une populationimportante, composée principalementde travailleurs flamandsqui vont s’établir au seindu hameau. Quartier populaireet ouvrier par excellence, le Hocquetpossède, dès 1897, sa sociétéde tir à l’arc : « Les Francs Cœursdu Hocquet ». Vers 1895, un vélodromey est construit. Laconstruction des embranchementscoïncide avec un importantessor industriel : brasseries,fonderies, laminoirs, etc. Denombreuses sociétés folkloriquesapparaissent : les « Rinlis »(1894), les « Gilles du Hocquet», etc. On y trouve mêmeun atelier de confection de costumesde gilles, dans les années1950-1960.Connu pour sa verrerie, la « S.A.des Cristallerie et Pâtes de Verre »(1927-1942), le Mitant desCamps est traversé par une artèreprincipale qui portait anciennementle nom de « Chemin desmorts » (actuellement les rues desChamps et Mitant des Camps).Un chemin qui était régulièrementemprunté par les cortèges22


funèbres qui se rendaient deBaume à l’église de Saint-Vaast.Parallèlement aux différents hameaux,l’ouvrage, fort de près de200 photos et cartes postales originales(dont beaucoup sont issuesdes collections de l’Ecomusée),s’attache à illustrer deuxinstitutions louviéroises aujourd’huidisparues : les « Damesde la Croix » et la « CentralePharmaceutique », toutesdeux situées dans l’actuelle rueChavée. La plupart des documentsrepris dans l’ouvrage sontpubliés pour la toute premièrefois, ce qui ajoute au caractère exclusifde la publication.Il faut noter que le premier tome(qui a dû être réimprimé), égalementconsacré à la Ville de LaLouvière, est toujours disponible.Plus de 200 documents illustrentla naissance de la cité, lecarrefour du Drapeau Blanc, leschâteaux et demeures bourgeoises,les édifices du culte, les monumentset parcs publics, les institutions(poste, banques, etc.), lavie culturelle et sportive, le logement(ouvrier, bourgeois), lesdeux conflits mondiaux, l’enseignement,l’agriculture et l’industrie,les voies de communication(routes, voies ferrées et canaux),la vie quotidienne.Les deux ouvrages sont toujoursdisponibles à l’Ecomusée, au prixunitaire de 19 euros.Adresse de contact :Ecomusée du Bois-du-LucRue Saint-Patrice, 2B7110 Houdeng-AimeriesTéléphone : 064/28 20 00Fax : 064/21 26 41info@ecomuseeboisduluc.bewww.ecomuseeboisduluc.bePetite histoire des charbonnages d’OupeyeToussaint Pirotte. - Blegny : Domaine touristique de Blegny-Mine,2007. – 132 p. : ill. en noir, couv. ill. en noir et en coul. ; 30 cm. –(Comté de Dalhem)Renseignements et commandes :Domaine touristique de Blegny-Mine – Rue L. Marlet, 23 – 46<strong>70</strong>BLEGNY – Tél. 04/ 387 43 33 – Fax 04/387 58 50E-mail : domaine@blegny.beRetour aux sources confirmépour Blegny-Mine avec ce dixhuitièmeopus de sa collection« Comté de Dalhem », destinée àpublier des récits ou des recherchesde passionnés de la région.L’auteur, Toussaint Pirotte, n’enest pas à ses débuts puisqu’il adéjà signé pas moins de trois ouvragesdans cette collection.Le petit dernier s’attache toutparticulièrement à un aspect méconnude la vie industrielle et socialeoupeyenne : les charbonnages.Si le thème n’est pas forcémentneuf, cet ouvrage nous éclaire surles balbutiements de l’exploitationcharbonnière dans la régiond’Oupeye et son déploiement,sur la condition ouvrière et surl’existence de trois sociétés houillèresdu terroir (« Bicquet-Gorée», « Abhooz et Bonne-Foi-Hareng » et « Bon espoir et bonsamis »). Au travers de documentssouvent inédits, M. Pirotte nouspropose un voyage dans une facettede l’histoire locale ignoréemême des habitants de la région.Une recherche laborieuse qui a lemérite d’exister et qui conscientiserasûrement la population localeà la connaissance de son patrimoine.23


ACTUALITÉ : LA GALERIE DE SCHISTE ARDOISIER DE RECHTL’ardoisière de Recht est situéedans le Salmien métamorphiquedu sud massif de Stavelot dans larégion de Recht sur une longueurde 500 m. Elle fût exploitée durantprès de 200 ans, d’abord ensurface et dès que le gisement s’enfonçaitd’une façon souterraine.Le travail de la pierre faisait partiedu village de Recht et attirades immigrés dont des Tyroliensqui s’installèrent au 18 e siècle.Fin du 19 e siècle ayant épuisél’extraction en surface ils commencèrenta creuser des galeriessouterraines. Deux galeries furentcreusées à flanc de coteaux,la galerie supérieure ne recoupapas de gisement intéressant ; tandisque la galerie inférieure en découvritun. Une communicationfût établie entre les deux niveauxqui étaient distant de 30 m deverticale.Dans les années 1980 un grouped’habitants de Recht se mit à rêverde remettre en état cette carrière envue de la visiter ; bien que n’étantplus accessible, ils connaissaientpar les anciens l’existence de l’exploitationsouterraine.En 1996 la ville de Saint-Vith,sensibilisée par les habitants deRecht, sollicita la SPI, et lui demandaun rapport en vue d’êtresubsidiée par les fonds européens.Et une première visite a eu lieu en1996. A l’époque la galerie inférieureétait bloquée à 35 mètresde l’entrée par un barrage qui retenaitles eaux servant de réservepour une partie du village. La galeriesupérieure était accessible eton pouvait accéder à l’étage inférieurau moyen d’échelle de corde.Une visite fût organisée dans lesannées 1997 et on découvrit unegrande salle en parfait état deconservation. Mais pour permettred’avancer il fallait à tout prixremettre en état l’accès inférieur.Une première partie de l’éboulementfut enlevée après avoir étéétançonnée. Ce travail était lentd’autant plus que les bénévolesne travaillaient que le week-end.Après avoir écouté l’avis d’un soidisantspécialiste qui leur avaitexpliqué qu’en évacuant les terresils iraient beaucoup plus vite, ilsévacuèrent de nombreux camionset s’aperçurent que le travailn’avançait pas. Ils revinrent àla bonne vielle méthode.Après 4 ans de travail la galerieinférieure fût accessible et certainsaménagements permirentl’accès d’une nacelle. On putsonder la voûte se trouvant entre10 et 15 mètres de haut ainsi queles cloisons, ce qui permit d’établirun cahier des charges pourassurer la sécurité de ce mondesouterrain. Le cahier des chargesprévoyait le placement de 65boulons, 36 m 2 de treillis et 15cadres dans la galerie d’accès.Les travaux furent réalisés demain de maître par un entrepreneurlocal. Un bâtiment d’accueilfût construit au-dessus de la galeried’accès et un parking aménagéau niveau de la galerie supérieureAprès avoir installé l’éclairage onput inaugurer l’accès aux touristesle 18 mai 2007. La visite de cesite permet non seulement de découvrirles particularités de lagéologie mais également le travailde l’homme avec les moyens des19 ème et 20 ème siècles.ACTUALITÉ : LA MINE DANS LA VILLE : APPEL À DOCUMENTSL’Ecomusée du Bois-du-Luc etVincent Vincke, consultant enarchéologie industrielle, sont à larecherche de vitraux représentantla mine au sens large. Ces vitrauxpeuvent représenter SainteBarbe, des mineurs au travail, despaysages (châssis à molettes, terrils…),des outils (lampes,pics…).Il peut s’agir de vitraux à caractèredécoratif qui ont été réaliséspar des charbonnages.Si vous connaissez des vitraux dece type ou si vous pouvez nous aiderdans notre recherche (témoignagesrelatifs à des vitraux disparus,votre attachement à cepatrimoine…), nous vous serionsreconnaissants de nous contacter064.28.20.00 ou info@ecomuseeboisduluc.be.ECOMUSEE du BOIS-du-LUC2b Rue Saint Patrice7110 La Louvièrewww.ecomusee-regional-du-centre.be24


ACTUALITÉ : LES SITES MINIERS DE BOIS-DU-LUC ET BERINGEN,POINTS D’ANCRAGE DE« L’ITINÉRAIRE EUROPÉEN DE LA CULTURE INDUSTRIELLE (ERIM) »Deux sites miniers, situés l’un en <strong>Wallonie</strong>, l’autre en Flandre sont réunis par la Route Européenne du <strong>Patrimoine</strong><strong>Industriel</strong>. Il s’agit des deux seuls sites à représenter la Belgique au sein du réseau Erih (EuropeanRoute of Industrial Heritage). Bois-du-Luc et Beringen partagent une mémoire minière. Mémoire qui franchitles distances géographiques et linguistiques.Plusieurs points communs relient ces deux sites :L’ancienneté remarquable de ces deux charbonnages ;La conservation exemplaire des infrastructures industrielles (bureaux, atelier, fosses…) et sociales (logementsouvriers, écoles, églises, hôpital…) ;La préservation de l’environnement et d’un paysage modulés par l’activité industrielle (terrils, voies de cheminsde fer, les quatre ascenseurs hydrauliques du Canal du Centre classés <strong>Patrimoine</strong> Mondial de l’Unesco) ;L’apport précieux de ces sites pour l’archéologie industrielle ;La valorisation scientifique et culturelle qui est menée ;La présence d’un urbanisme industriel exceptionnel conçu et réalisé par et pour le travail ;Les collections et les archives qui couvrent tous les aspects de la mine : loisirs, luttes ouvrières, conditionsde travail…Au-delà de ces points communs patrimoniaux et historiques, Beringen et Bois-du-Luc partagent une aventurehumaine, celle de l’immigration. Nombre de mineurs qui ont travaillé dans les mines wallonnes notammentà Bois-du-Luc étaient originaires des contrées de Flandre : Gand, Grammont et Ninove. A Bois-du-Luc, le train « El train des Flaminds » témoigne de leur long périple.Plus tard, ce sera l’arrivée massive des Polonais, Italiens, Turcs, Marocains, Grecs, Espagnols qui descendrontdans les mines de Flandre et de <strong>Wallonie</strong>.Sur la Route Européenne du<strong>Patrimoine</strong> industrielLe réseau Erih a été créé dans lecadre du plan INTERREG II Cet III B et réunit plusieurs sites, etmusées qui se tournent vers le patrimoineindustriel. Ils sont situésen Grande-Bretagne, Allemagne,Pays-Bas, France etrécemment, en Belgique.L’ossature du réseau est composéede points d’ancrage. Ce sontdes sites majeurs, exemples incontournablesde l’aventure industrielle: charbonnages de ZollernII et IV à Dortmund ;complexe urbanistique et industrielde New Lanark en Ecosse ;Iron Bridge à Telford, mine deZollverein à Essen inscrite sur laliste du <strong>Patrimoine</strong> Mondial del’Unesco etc.A ce jour, le réseau comprend 65points d’ancrage répartis dans 10pays illustrant toute la diversitéde l’industrialisation (charbonnages,carrières, verreries, usinestextiles, industries métalliques,aciéries). Les points d’ancrage développentdes itinéraires à uneéchelle régionale qui valorisent etdynamisent le patrimoine industriel.Des itinéraires thématiquesrelient, à une échelle européenne,les points d’ancrage : Bois-du-Luc, Beringen, Zollverein, BigPit National Coal Museum entre25


autres jalonnent l’un des itinéraireles plus importants du réseau: la route de la mine. Tousces sites adhérent à une identitévisuelle commune et s’engagent àcroiser leurs expériences en termede diffusion, de recherche scientifique,de tourisme etc. Enfin,les sites doivent assurer une promotiondu patrimoine industrielà travers des routes thématiqueset régionales qui enclenchent lamise en réseau.Bois-du-Luc, point d’ancragePlusieurs critères scientifiques etculturels ont invité le Comitéd’Erih à attribuer le statut depoint d’ancrage à Bois-du-Luc.Une longévité extraordinaireLa Société des charbonnages duBois-du-Luc est fondée en 1685.C’est l’un des exemples les pluslointains de structure capitalisteen Europe. Elle accueille les grandesinnovations de la Révolution<strong>Industriel</strong>le : machine de Newcomen(1779) et 1ère machine àvapeur du continent (1807). LaSociété possède plus d’une trentainede sièges qui sont répartisdans le bassin industriel du Centre,dont la naissance et le déclincoïncident avec la Société. Lepuits du Quesnoy appartenant àla Société ferme en 1973 et scellel’aventure charbonnière du bassin.La Société ouvre à Bois-du-Luc le puits St-Emmanuel en1846 et installe son siège centralà proximité. Elle bâtit à proximitéde la fosse, au début duXIX e siècle, un village minier surle mode de fonctionnementpaternaliste. Trois cents ans detravail, d’inventivité, de luttes socialeset de vie sont exceptionnellementrestitués à Bois-du-Luc.Un village minier intactLe site comprend toutes les facettesde la vie d’un mineur, depuisles sommets des terrils jusqu’àl’intérieur des corons. Les espacesdu travail comprennent les bureaux,les ateliers, les puits, lasous station électrique et l’ancientriage lavoir. A ces lieux du travailrépond un village minier, rareexemple d’un urbanisme industrielintégralement préservé. Surle modèle du Grand-Hornu àMons (Borinage), la Société bâtitentre 1838 et 1853, une citécomprenant plus de 166 logementsqui est placée sous lecontrôle direct de la maison dudirecteur. Une épicerie, un caféassocié à une salle des fêtes, desécoles, une église Ste-Barbe, unparc agrémenté d’un kiosque, unhospice et un hôpital équipent levillage de la première moitié duXIX e au début du XX e siècle.L’ensemble classé <strong>Patrimoine</strong> Exceptionnelde <strong>Wallonie</strong>, surprendpar le souci de recherche architecturale: le soin décoratif quel’on décèle sur les façades ou surles faîtes des toitures traverse toutle site.La reconversion et les projets menéspar l’EcomuséeL’Ecomusée du Bois-du-Luc occupele site minier depuis 1983.Nous valorisons et animons lepatrimoine ethnologique, industriel,culturel et historique dubassin du Centre.La collecte et l’inventaire (Pallas& Aicim) de témoignages matérielset d’archives du passé industrielparticipent à notre démarchemuséale. Les plus puissantesou les plus modestes industries(verreries, entreprises deconstruction ferroviaire et métallique,industries alimentaires,faïenceries…) qui gravitent autourdu charbon sont représentéespar des archives de diversesnatures (plans, négatifs sur verre,carnets d’ouvriers…) et par dumatériel technique. La collectede témoignages oraux irrigue cetensemble de souvenirs poignantset éclairants. C’est cette histoirequi se donne à voir, à toucher età ressentir dans l’enceinte ducharbonnage dans le cadre de visiteset d’expositions temporairesqui mettent en exergue le passéindustriel tout en le confrontantaux enjeux contemporains :quelles sont les conditions de travaildans les mines d’aujourd’hui ?Comment appréhender la fermeturede son usine ?... Nous cherchonsà valoriser le site en conjuguantpatrimoine et oralité(littérature prolétarienne, témoignagesdes anciens, contes…),industrie et art contemporain(Biennale ARTour, cycle Extraire).La récente installation de l’asblSauvegarde des Archives <strong>Industriel</strong>lesdu Couchant de Mons(Saicom) à Bois-du-Luc permetde concentrer les archives industriellesrelatives aux deux principauxbassins miniers de Belgique :le Centre et le Borinage. Par ailleurs,le projet de création d’uncentre régional d’archives industriellesimpulsera à Bois-du-Lucune nouvelle orientation.L’ancienneté de la Société, le niveauexceptionnel de conservationde l’ensemble, la cohérenceet la qualité architecturales, lesarchives, les collections, la mémoireorale et enfin, les missionsde valorisation du patrimoine industrielaccomplies par l’Ecomuséemontrent que Bois-du-Lucest un repère patrimonial d’unintérêt largement international,soit un point d’ancrage dans laRoute Européenne du <strong>Patrimoine</strong>industriel.www.ecomusee-regional-du-centre.beou www.erih.net26


ACTUALITÉ : LE BOIS DU CAZIER ADHÈREÀLA«COALITION INTERNATIONALE DES MUSÉESDES SITES HISTORIQUES DE CONSCIENCE »Le 25 octobre, s’est tenu àl’ULB-Parentville, une vidéoconférenceentre la Coalition internationaledes Musées des Siteshistoriques de Conscience et leBois du Cazier, actant l’adhésiondu Bois du Cazier à la Coalition.Le médiateur était Jean-LouisLUXEN, Président de Culture-Héritage et Développement international(CHEDI) et Secrétairegénéral du Conseilinternational des Monuments etdes Sites (ICOMOS International)de 1993 à 2001.D’un lieu de mémoire, le Boisdu Cazier devient un site deconscienceLe 13 avril dernier, le Bois du Caziera reçu Vivien Watts, DevelopmentDirector de la « Coalitioninternationale des Musées des Siteshistoriques de Conscience » etJean-Louis Luxen, ancien Secrétairegénéral d’ICOMOS Internationalde 1993 à 2002 qui estleur relais en Europe. Après unevisite du site et un échange autourde nos objectifs et ceux de leur réseau,Mme Watts nous a proposéd’intégrer le Bois du Cazier à laCoalition.Qu’est-ce qu’un site deconscience ?Témoin matériel du passé, un sitehistorique peut évoquer un événementpositif ou négatif. Celuicidispose ainsi d’un pouvoir uniquepour mobiliser la conscienceet l’action sociale. En profitantde la nature intrinsèque du site,celui-ci devient un espace de réflexionset de rencontres autourdes thématiques telles que la citoyennetéet la démocratie.Un site de conscience s’engageau-delà de son rôle de musée à :• interpréter l’histoire à travers lestraces matérielles et naturelles deson site ;• participer à des programmes favorisantle dialogue sur les questionssociales en insistant avanttout sur les valeurs humanitaireset démocratiques ;• soutenir la participation du publicau débat citoyen.Le Bois du Cazier rejoint la Coalitioninternationale des Musées deSites historiques de Conscience.La Coalition est un réseau de muséeset de sites historiques situésdans différentes parties dumonde. Les acteurs de ce réseaupartagent la conviction qu’ils doiventaider le public à établir desliens entre histoire et présent, às’interroger sur l’avenir : « Lepassé présent pour le futur »comme le dit la devise du Bois duCazier. L’objectif est de tirer partides leçons du passé pour comprendrele présent et surtout nepas commettre les mêmes erreursdans le futur.Le site web www.sitesofconscience.orgpermet aux internautesde visiter virtuellement les 13 siteslocalisés en Amérique, en Afrique,en Europe ou en Asie qui s’interrogentsur des thématiques telles queles enfants victimes de la guerre,les déportations, les génocides, letotalitarisme, la pauvreté… LeBois du Cazier apporte désormaissa pierre à l’édifice de la Coalitionen traitant des sujets tels que la sécuritéau travail, l’immigrationhier et aujourd’hui et les conséquencesde celle-ci.En pratiqueLe Bois du Cazier a rejoint la Coalitionau titre de Membre institutionnel,le 5 septembre. Enéchange de notre adhésion, laCoalition nous offre :- L’éligibilité pour participer auxconférences et échanges d’expériences;- L’accès aux nouvelles ressourcesen ligne mise en ligne prochainement(par exemple plans de leçonde site, conceptions de programme,…) ;- La présentation du Bois du Caziersur leur site internet avec unlien vers le nôtre ;- La présentation du Bois du Cazierdans les « Questions deConscience » ;- La présence dans l’e-bulletintrimestriel qui touche 1.<strong>70</strong>0 individuset groupes de plus de 90pays dans le monde entier dansles domaines des musées, desarts, des droits de l’homme, l’enseignement(éducation),… Cete-bulletin contient les dernièresquestions/publications sur la mémoire,des informations pratiques,des informations et un calendriersur les événementsprochains. Le e-bulletin est aussiun moyen d’être connecté auxautres sites de Conscience.Notre participation au réseauest l’occasion de passer de témoindu passé à acteur dans undébat citoyen autour de la sécuritéau travail et de l’immigrationaujourd’hui.D’ores et déjà, les organisationssyndicales mettent sur pied le 28avril de chaque année, à l’occasionde la Journée mondialecontre les accidents de travail,une manifestation au Bois du Cazier.Pour rappel, l’ancien site minierest le symbole de l’histoire del’immigration en Belgique, ycompris pour des pays n’ayantpas connu de ressortissants parmiles victimes de la Tragédie de1956, comme la Turquie ou leMaroc qui ont organisé à Marcinelledes cérémonies du souvenir.Il s’agit d’amplifier encore ces démarchesd’actualisation.27


PATRIMOINE INDUSTRIEL WALLONIE-BRUXELLESAssociation sans but lucratif fondée en 1984Siège social : Le Bois du CazierRue du Cazier, 80BE-6001 MarcinelleTél. : 071/88 08 58Fax : 071/88 08 57jl.delaet@leboisducazier.beConseil d'administrationPrésident : Jean-Louis DELAETVice-présidents : Guido VANDERHULSTClaude MICHAUXSecrétaire : Jacques CRULTrésorier : Claude DEPAUWMembres : Jean DEFERMaryse WILLEMSBruno VAN MOLDaisy VANSTEENEAdresse courrierJacques CRUL SecrétaireRue de Feneur, 71BE-46<strong>70</strong> Blegnyj.crul@blegnymine.beBibliothèqueLa bibliothèque de PIWB est consultable au Centre Liégeoisd’Archives et de Documentation de l’IndustrieCharbonnière (CLADIC)CotisationCotisation à l’asbl : 2,50 €Pour devenir membre de l’asbl, il convient d’adresser unedemande au Conseil d’administration, via l’adresse courrierci-dessus.Bulletin trimestrielBulletin périodique trimestriel publié avec l’aide de laCommunauté françaiseEditeur responsableJean-Louis DELAETRue des Francs, 86BE-6001 Marcinellejl.delaet@leboisducazier.beSecrétariat de rédactionDavid DOUMONTLe Bois du CazierRue du Cazier, 80BE-6001 MarcinelleTél. : 071/88 08 53info@leboisducazier.bewww.patrimoineindustriel.beinfo@patrimoineindustriel.berue Lambert Merlot 23 à BE-46<strong>70</strong>BlegnyTél. : 04/237 98 18cledic@blegnymine.beSÉRIE « ENQUÊTES ET TÉMOIGNAGES » DE PIWBMembres de PIWB :6 € par fascicule+ 3 € de frais de portNon-membres :11 € par fascicule+ 3 € de frais de portA verser au compte068-2019930-29 de PIWB(CLADIC, rue de Feneur 71 àB-46<strong>70</strong> BLEGNY)28N°1 N°2

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