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L’ENTREPRISE du mois
LA GAZETTE DE BALI
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Show animaliers dans décor reconstitué, photos souvenirs avec jeune orang-outang ou bébé lion. Au premier abord,
le Bali Safari Marine Park de Gianyar a tout l’air d’un archétype, celui d’une attraction juteuse pour touristes.
Pourtant, les propriétaires se défendent d’exploiter les animaux car outre son activité de loisirs, le zoo est aussi à
l’origine de programmes d’éducation et de préservation.
BALI SAFARI MARINE PARK : OBSERVER C’EST PROTEGER
« Préservation, Education,
Divertissement », trois mots, un
slogan et une approche marketing
sous forme de package, comme
un rempart aux critiques des
défenseurs des animaux. Car
depuis sa création en 2007, ce
zoo connait le succès mais n’est
pas épargné par les critiques.
Enfermer des animaux au profit
d’un business animalier ? Tout
ça semble très peu raccord
avec l’éthique… D’autant plus
que le Bali Safari Marine Park,
détenteur du Indonesia Travel &
Tourism Award en 2011-2012, est
une grosse machine ; quarantetrois
hectares de terrain, plus de
soixante espèces indonésiennes,
africaines ou indiennes, deux
restaurants, un resort et un
théâtre (le plus grand de Bali),
900 employés et des milliers
de touristes dont 70% sont
australiens.
Ouvert depuis 2007 à Gianyar,
dans l’ouest de l’île, on peut
d’ailleurs voir parmi les léopards,
rhinocéros, zèbres, girafes,
antilopes et autres lions, des
espèces en danger. Endémique
comme avec le Bali mynah, l’étourneau
de Bali (cf. La Gazette de Bali n° 38 –
juillet 2008 et n°75 – août 2011), cet
oiseau blanc au pelage bleu autour des
yeux qui bénéficie d’un programme de
préservation à part entière au sein du
parc, ou importée avec les tigres blancs
ou les éléphants de Sumatra. Mais ici, on
ne demande pas autre chose aux animaux
que ce qu’ils feraient dans la nature, même
si être « acteurs » de deux show présentés
chaque jours au public n’est pas vraiment
au programme de ces derniers dans la
jungle ou la savane. En effet, il n’est ici pas
question de voir un singe sur un vélo ou
un éléphant en équilibre sur un ballon. Car
le Bali Safari Marine Park, c’est aussi une
vraie activité de protection. Depuis cinq
ans, quatre éléphanteaux ont vu le jour
au sein du parc, et plusieurs dizaines de
Bali mynah ont été relâchés dans la nature
après un programme de reproduction. La
seule « exploitation » faite des animaux
concerne leurs excréments. Depuis l’an
dernier est ouverte la Safari Poo Paper
Factory, une petite usine qui transforme
les crottes des animaux en feuilles de
papier, utilisé ensuite pour fabriquer
certains produits des boutiques de
souvenirs. Plus qu’un parc de loisirs, le
Bali Safari Marine Park se donne donc
une vraie mission d’éducation : faire
découvrir aux visiteurs les animaux, leur
parler des menaces qui pèsent sur eux
et les encourager à les protéger.
Dans le public pourtant, il est facile de
deviner qu’aucune des personnes assistant
aux shows éducatifs n’est responsable
de la déforestation à Sumatra, ou du
braconnage en Inde. Sans doute qu’aucun
d’entre eux n’aura également jamais le
pouvoir de stopper les catastrophes
écologiques engendrées dans un monde
sur lequel ils ont peu de prise. Mais le
personnel et les spécialistes du parc ne
comptent plus sur notre génération pour
changer les choses, ils veulent parier sur la
suivante, celle qu’on balade la plupart du
temps en poussette lors de la visite. Les
enfants, voici la cible du Bali Safari Marine
Park et de leur programme d’éducation.
Toucher les animaux, les regarder dans
les yeux, passer du temps avec eux et
expliquer quelles menaces pèsent sur eux
aujourd’hui, voilà ce qui pourraient mettre
fin à la destruction de nos écosystèmes.
Alors tous les matins, sur une des scènes
du parc, le conflit qui oppose les hommes
aux éléphants à Sumatra est reconstitué.
Simplement, sont expliqués les problèmes
engendrés par la déforestation de l’île au
profit des plantations de palmiers, dont
l’huile est commercialisée à travers le
monde entier, la disparition de l’habitat
naturel des éléphants, leur recherche de
nourriture dans les villages, leur violence
parfois envers les hommes auxquels ces
derniers répondent par le feu. En plus du
show, le parc dispense également sur place,
des programmes d’éducation destinés aux
écoliers et aux étudiants dont le contenu
est établi avec chacune des écoles selon
leur volonté. Et pour celles qui ne disposent
pas de moyens suffisants pour passer une
journée au parc, c’est le personnel du Bali
Safari Marine Park qui se rend dans les
établissements, gratuitement.
L ’ i m p o r t a n c e d e c e s m i s s i o n s
conservatrices et éducatives au sein du
Bali Safari Marine Park, s’explique aussi et
surtout par le passé de son propriétaire.
Tony Sumampaw est le descendant d’une
grande famille de cirque. Afin d’accueillir
les animaux en fin de carrière et de les
protéger, un premier Taman Safari Park
fut créé près de Jakarta. Puis un second
à Prigen, toujours à Java. Il est aussi le
spécialiste animalier qui a tenté de sauver
les animaux du terrible zoo de Surabaya
(cf. La Gazette de Bali n°83 – avril 2012). En
2007, c’est au tour du Bali Marine Safari
Park de voir le jour. Si ce n’est les oiseaux
que l’on trouve pour des raisons évidentes
dans les volières, la majorité des animaux
ne vit pas en cages, mais dans un espace
ouvert et naturel que l’on peut découvrir
à travers un « safari ». Au sein de ce parc,
les soins de ces derniers ne dépendraient
pas du nombre de visites et de l’argent
récolté chaque jour. Selon la direction,
le patrimoine du propriétaire suffirait à
couvrir l’entretien des animaux, avec ou
sans public. En véritable passionné, Tony
est également le fondateur du Bali Mynah
Foundation Conservation, au sein du parc
national de Bali et où sont relâchés les
oiseaux nés à Gianyar.
Mais une réputation et une signature sur
un chèque ne suffisent pas à faire venir
des animaux à Bali. Malgré les licences et
les labels dont ils disposent, rien ne prive
les négociateurs de longues discussions
avec les Etats ou les organisations
internationales telles que la WWF. La
dernière en date concerne le futur panda
qu’accueillera d’ici peu le Bali Safari
Marine Park. En 2014, l’aquarium d’eau
douce devrait également être complété
par le futur Marine Park et compter des
dauphins. Une installation qui devrait
réjouir une partie des touristes et en
rebuter quelques uns, car une nouvelle fois,
et malgré toutes leurs bonnes intentions,
il est difficile d’accepter aujourd’hui
l’idée que des animaux doivent vivre en
captivité. Il ne reste plus qu’à espérer que
les zoos d’aujourd’hui, puissent éviter la
construction de ceux de demain et que
la captivité de certains animaux puisse un
jour leur rendre leur entière liberté.
Charlène Lafont
Bali Safari Marine Park
Jl Bypass Prof. Dr. Ida Bagus Mantra,
Gianyar. Tél. (0361) 950 000
info@balisafarimarinepark.com
www.balisafarimarinepark.com