13.07.2015 Views

le passé de l'écoquartier flaubert - La Crea

le passé de l'écoquartier flaubert - La Crea

le passé de l'écoquartier flaubert - La Crea

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>La</strong> campagne aux portes <strong>de</strong> Rouen6<strong>La</strong> zone concernée par <strong>le</strong>futur éco-quartier Flauberts’étend, au début du XIX esièc<strong>le</strong>, sur <strong>le</strong> territoire <strong>de</strong>shameaux <strong>de</strong>s Curandiers rattaché àRouen et du Chiquet dépendant <strong>de</strong> Petit-Quevilly.Cette vaste étendue formeun quadrilatère délimité au sud par <strong>le</strong>chemin <strong>de</strong> la Motte (actuel<strong>le</strong> rue <strong>de</strong> laMotte), à l’ouest par la Gran<strong>de</strong> Chaussée(actuel<strong>le</strong> avenue Jean Ron<strong>de</strong>aux),au nord par <strong>le</strong> chemin <strong>de</strong> halage quilonge <strong>le</strong> f<strong>le</strong>uve et à l’est par la sente duChiquet qui <strong>de</strong>viendra au XX e sièc<strong>le</strong>la rue <strong>de</strong> Bourbaki. Du fait <strong>de</strong>s crues<strong>de</strong> la Seine qui inon<strong>de</strong>nt chaque hiverune partie <strong>de</strong> ces terres, <strong>le</strong> secteur estpeu habité exception faite <strong>de</strong> quelquesfermes et maisons dont la plus importante<strong>de</strong>meure <strong>le</strong> château <strong>de</strong> la Motteoccupé au XVIII e sièc<strong>le</strong> par <strong>le</strong> chirurgienrouennais Clau<strong>de</strong> Nicolas Lecatet qui sera démoli en 1912. Bâtissequi donnera son nom au hameau <strong>de</strong> laMotte situé à l’extrémité sud du secteurqui nous intéresse.Une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s parcel<strong>le</strong>s quiconstituent cet espace est occupée,sous l’Ancien Régime, par <strong>de</strong>s terresagrico<strong>le</strong>s <strong>de</strong>stinées à l’alimentation<strong>de</strong>s Quevillais et <strong>de</strong>s Rouennais.Cependant, ces terrains <strong>de</strong>meurent<strong>de</strong> piètre qualité et sont qualifiés <strong>de</strong>« mauvais sablon ». De fait, <strong>le</strong>s agriculteursdoivent se contenter d’y cultiverseig<strong>le</strong>, avoine et orge. Compte tenu<strong>de</strong>s faib<strong>le</strong>s ren<strong>de</strong>ments obtenus, certainspréfèrent consacrer <strong>le</strong>urs terres àl’é<strong>le</strong>vage <strong>de</strong>s animaux pour <strong>le</strong> lait et lavian<strong>de</strong> plus particulièrement <strong>de</strong>stinésau ravitail<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> Rouen. Mais àpartir du XVIII e sièc<strong>le</strong>, <strong>le</strong> maraîchageconnaît ici un certain essor notammentavec la culture <strong>de</strong>s pois et <strong>de</strong>s fèves.P. 7 : Le château <strong>de</strong> la Mottedans <strong>le</strong>s années 1900.


À côté <strong>de</strong> ces espaces agrico<strong>le</strong>s, <strong>de</strong>scuran<strong>de</strong>ries (2) sont implantées en bord<strong>de</strong> Seine pour <strong>le</strong> blanchiment <strong>de</strong>s toi<strong>le</strong>s<strong>de</strong> lin et <strong>de</strong> chanvre lavées dans l’eaudu f<strong>le</strong>uve et séchées au so<strong>le</strong>il. En longeantvers l’aval la rive tapissée d’unemultitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> plantes aquatiques, onpeut découvrir, jusqu’au début <strong>de</strong>s années1880, <strong>de</strong>ux î<strong>le</strong>s rattachées administrativementà la commune <strong>de</strong> Petit-Quevilly. Ces <strong>de</strong>ux morceaux <strong>de</strong> terreposés au milieu du f<strong>le</strong>uve se nommentpour celui <strong>le</strong> plus proche <strong>de</strong> Rouen,Meru, et pour <strong>le</strong> second, Rol<strong>le</strong>t, dunom <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs propriétaires. D’une surface<strong>de</strong> moins <strong>de</strong> dix hectares chacune,ces <strong>de</strong>ux î<strong>le</strong>s sont occupées par <strong>de</strong>sherbages, <strong>de</strong>s vergers, <strong>de</strong>s jardins etpar quelques maisons habitées par <strong>de</strong>sfamil<strong>le</strong>s <strong>de</strong> pêcheurs et <strong>de</strong> mariniers.Cel<strong>le</strong>s-ci accueil<strong>le</strong>nt éga<strong>le</strong>ment, auXIX e sièc<strong>le</strong>, <strong>de</strong>s guinguettes installéesdans <strong>de</strong>s cabanes en bois implantées <strong>le</strong>long <strong>de</strong>s rives. Aux beaux jours, Quevillaiset Rouennais viennent nombreuxy déguster, après avoir pris unbon bain rafraîchissant dans la Seine,<strong>de</strong> délicieuses matelotes (3) <strong>de</strong> poissonspêchés dans <strong>le</strong> f<strong>le</strong>uve et serviesà l’ombre <strong>de</strong>s sau<strong>le</strong>s et <strong>de</strong>s peupliers.Mais <strong>le</strong> développement du port <strong>de</strong>Rouen et l’expansion <strong>de</strong>s activités industriel<strong>le</strong>svont, dans la secon<strong>de</strong> partiedu XIX e sièc<strong>le</strong>, transformer radica<strong>le</strong>mentce paysage bucolique.9


L’extension du port <strong>de</strong> Rouen10du trafic duport rouennais généréepar <strong>le</strong>s travaux d’endiguement<strong>de</strong> la Seine com-L’augmentationmencés en 1848, pousse la Chambre<strong>de</strong> commerce <strong>de</strong> Rouen à réclamer àl’État un accroissement <strong>de</strong>s capacitésd’accostage <strong>de</strong>s navires. <strong>La</strong> loi du 8août 1879 votée par <strong>le</strong> Par<strong>le</strong>ment, autorise<strong>le</strong> financement <strong>de</strong> la construction<strong>de</strong> 900 m <strong>de</strong> nouveaux quais verticauxen maçonnerie sur la rive gauche, dans<strong>le</strong> prolongement <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong>Chaussée. Les travaux incluent <strong>le</strong> rattachement,par sa partie amont, <strong>de</strong> l’î<strong>le</strong>Méru à la rive gauche du f<strong>le</strong>uve ce quipermet, dans <strong>le</strong> même temps, la formationd’un bassin artificiel dans <strong>le</strong>quel<strong>le</strong>s navires vont pouvoir venir décharger<strong>le</strong>urs cargaisons. Une secon<strong>de</strong> loi<strong>de</strong> financement votée <strong>le</strong> 11 mars 1885permet d’achever <strong>de</strong> mo<strong>de</strong><strong>le</strong>r cette partiedu port <strong>de</strong> Rouen dédiée aux activitéscommercia<strong>le</strong>s. Les crédits allouésautorisent la poursuite du prolongement<strong>de</strong>s quais vers l’aval en rattachant l’î<strong>le</strong>Rol<strong>le</strong>t à l’extrémité <strong>de</strong> l’ancienne î<strong>le</strong>Méru. Le vaste bassin ainsi formé estconsacré à l’importation <strong>de</strong>s bois scandinavesjusqu’ici débarqués sur la rivedroite. Grâce à ces importants travauxqui sont complétés par l’aménagementd’appontements <strong>le</strong> long <strong>de</strong>s rives dubassin aux bois, <strong>le</strong> port <strong>de</strong> Rouen possè<strong>de</strong>à la fin <strong>de</strong>s années 1890 près <strong>de</strong>1200 m <strong>de</strong> nouveaux quais nommésJean <strong>de</strong> Béthencourt <strong>le</strong> long <strong>de</strong> la Seineet quai <strong>de</strong> France <strong>le</strong> long <strong>de</strong> la rivesud du bassin aux bois. Ces travauxsont complétés par l’aménagement <strong>de</strong>vastes terre-p<strong>le</strong>ins pour la réception<strong>de</strong>s marchandises. Ceux-ci sont équipés<strong>de</strong> puissantes grues <strong>de</strong>stinées auxopérations <strong>de</strong> déchargement <strong>de</strong>s naviresqui ont la particularité d’être déplacéesgrâce à <strong>de</strong> l’eau sous-pression stockéedans une tour réservoir construite quaiJean <strong>de</strong> Béthencourt (du même type que


12<strong>le</strong>s tours marégraphes implantées sur larive droite). <strong>La</strong> Chambre <strong>de</strong> commerce<strong>de</strong> Rouen, concessionnaire <strong>de</strong> l’outillageportuaire, veil<strong>le</strong> éga<strong>le</strong>ment à ceque <strong>le</strong>s nouveaux quais soient dotés <strong>de</strong>hangars afin d’abriter <strong>le</strong>s marchandisesdébarquées qui doivent être triées sous<strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> <strong>de</strong>s Douanes avant d’êtreévacuées. Les installations portuaires<strong>de</strong> la rive gauche sont ainsi pourvues <strong>de</strong><strong>de</strong>ux vastes bâtiments conçus par l’ingénieurVictor Dubreuil. De son côté, lacompagnie <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> l’Ouesteffectue la pose <strong>de</strong> voies ferrées <strong>le</strong> long<strong>de</strong>s quais permettant la <strong>de</strong>sserte <strong>de</strong> cesnouvel<strong>le</strong>s installations portuaires.L’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s ces aménagementsencourage, par <strong>le</strong>s facilités offertes,l’implantation d’entreprises <strong>de</strong> transportet <strong>de</strong> magasinage <strong>de</strong>s marchandisesdiverses tel<strong>le</strong>s la compagnie <strong>de</strong>sMagasins Généraux <strong>de</strong> Paris, la maisonClamageran et Cie ou la société P.Lecat et Matissart qui viennent instal<strong>le</strong>r<strong>le</strong>urs vastes magasins à l’arrière <strong>de</strong>snouveaux quais.Au <strong>le</strong>n<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerremondia<strong>le</strong>, la fonction du bassin auxbois va évoluer. Cel<strong>le</strong>-ci se spécialisedorénavant dans la prise en charge<strong>de</strong>s pondéreux (4) en vrac ou en sacavec l’aménagement d’un poste spécialpour <strong>le</strong>s produits chimiques. Maisla migration <strong>de</strong>s activités portuairesvers l’aval du f<strong>le</strong>uve à partir <strong>de</strong>s années1970, a pour effet d’entraînerun abandon progressif <strong>de</strong>s installations.Alors que l’activité du terminalcharbonnier <strong>de</strong> la presqu’î<strong>le</strong> Rol<strong>le</strong>t necesse <strong>de</strong> baisser, <strong>le</strong> Port autonome <strong>de</strong>Rouen gestionnaire <strong>de</strong>s installationsportuaires déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> remblayer lapartie amont du bassin aux bois. Lestravaux qui débutent en 1989 vont àterme réduire d’un tiers la longueur<strong>de</strong> celui-ci. De <strong>le</strong>ur côté, <strong>le</strong>s hangarssitués <strong>le</strong> long <strong>de</strong> la Seine n’ayant plus<strong>de</strong> fonction portuaire sont loués àdiverses entreprises privées sans lienavec <strong>le</strong> port ou pour être transformé,comme <strong>le</strong> hangar 106, en sal<strong>le</strong> <strong>de</strong>concerts.


P. 11 : Le bassin aux bois et ses installations dans <strong>le</strong>s années 1950.P. 13 : Les hangars <strong>de</strong> la société Clamageran dans <strong>le</strong>s années 1920.13


Le rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> la presqu’î<strong>le</strong> Rol<strong>le</strong>t14Rattachée à la terre ferme en1888-1889 suite aux travauxd’extension <strong>de</strong>s quaisvers l’aval du f<strong>le</strong>uve, lapresqu’î<strong>le</strong> Rol<strong>le</strong>t est rapi<strong>de</strong>ment investiepar <strong>le</strong>s maisons rouennaises d’importationdu charbon et en particulier<strong>de</strong> l’anthracite. Cel<strong>le</strong>s-ci y instal<strong>le</strong>ntl’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’outillage permettantson traitement et son conditionnementdans <strong>le</strong>s délais <strong>le</strong>s plus courts. Grâceà ces équipements, Rouen s’impose,en quelques années, comme <strong>le</strong> premierport d’importation du charbon enFrance. Déchargé <strong>de</strong>s navires sur <strong>le</strong>sterre-p<strong>le</strong>ins situés <strong>le</strong> long <strong>de</strong> la Seine,<strong>le</strong> charbon est acheminé dans <strong>le</strong>s usines<strong>de</strong> traitement situées dans la partiecentra<strong>le</strong> <strong>de</strong> la presqu’î<strong>le</strong>. En gran<strong>de</strong>partie <strong>de</strong>stiné à un usage domestique,l’anthracite principa<strong>le</strong>ment importé dupays <strong>de</strong> Gal<strong>le</strong>s subit tout un ensemb<strong>le</strong>d’opérations tel<strong>le</strong>s que l’épierrage, <strong>le</strong>concassage et <strong>le</strong> criblage. Le charbonpeut ensuite être aggloméré en bou<strong>le</strong>tteset briquettes selon son usagefinal. Une fois transformé, celui-ciest acheminé vers la rive sud <strong>de</strong> lapresqu’î<strong>le</strong> bordée par <strong>le</strong> bassin aubois où il peut être chargé à bord <strong>de</strong>péniches ou <strong>de</strong> wagons afin d’être évacuévers <strong>le</strong>s centres <strong>de</strong> consommationessentiel<strong>le</strong>ment situés dans la régionparisienne. L’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> ces installations,qui permet un transbor<strong>de</strong>mentrapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s cargaisons, offre ainsi auport <strong>de</strong> Rouen l’une <strong>de</strong>s plus grossescapacités <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s charbonstransitant par <strong>le</strong>s ports français.Au plus fort <strong>de</strong> son activité, <strong>le</strong> comp<strong>le</strong>xecharbonnier <strong>de</strong> la presqu’î<strong>le</strong> Rol<strong>le</strong>t, quel’on surnomme « l’î<strong>le</strong> au charbon » ou<strong>le</strong> « village nègre » du fait <strong>de</strong>s poussièresnoires qui imprègnent tout l’environnement,va compter jusqu’à neufentreprises dont <strong>le</strong>s sociétés Lemoine,C<strong>le</strong>eves Jaqueline et Brizay, Depeaux,Châtel & Dolfus, ou Delmas Vieljeux.


la surface <strong>de</strong> son territoire soient 160hectares sur 661. Pour <strong>le</strong>s Quevillais,la rancœur vis-à-vis <strong>de</strong> Rouen seralongue à apaiser.Carte posta<strong>le</strong> dénonçant l’annexion d’une partie du territoire <strong>de</strong> Petit-Quevilly par Rouen.17


tion <strong>de</strong> la gare d’Orléans et la reconstruction<strong>de</strong> la rive gauche <strong>de</strong> Rouenentraînent une profon<strong>de</strong> modification<strong>de</strong>s installations ferroviaires. <strong>La</strong> gare<strong>de</strong> voyageurs n’est pas reconstruite etl’intégralité <strong>de</strong> la gare <strong>de</strong> marchandisesest reportée à l’ouest <strong>de</strong> l’avenue JeanRon<strong>de</strong>aux. Cette décision entraîne <strong>le</strong>renforcement <strong>de</strong>s faisceaux <strong>de</strong> triage et<strong>de</strong> stationnement ainsi que <strong>le</strong>ur extensionvers la Seine afin d’améliorer la<strong>de</strong>sserte du port et <strong>de</strong> ses industries. <strong>La</strong>nouvel<strong>le</strong> gare d’Orléans s’étend alorssur plusieurs dizaines d’hectares. Toutefois,en 1967, sa fonction <strong>de</strong> dépôt<strong>de</strong>s locomotives est abandonnée auprofit <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> Sottevil<strong>le</strong>-lès-Rouenmieux situé par rapport à la gare principa<strong>le</strong><strong>de</strong> Rouen rue Verte. Désaffectée,la roton<strong>de</strong> est détruite à la fin <strong>de</strong>sannées 1980. <strong>La</strong> gare d’Orléans n’estplus consacrée, dès lors, qu’au traitement<strong>de</strong>s wagons <strong>de</strong> marchandises.<strong>La</strong> gare d’Orléans à la fin <strong>de</strong>s années 1940.19


Une vocation industriel<strong>le</strong>20Jusqu’aux années 1850, <strong>le</strong> quartiersitué à l’ouest <strong>de</strong> l’avenueJean Ron<strong>de</strong>aux n’a pas encoreretenu l’attention <strong>de</strong>s industrielsen quête <strong>de</strong> terrains libres pours’implanter. Cependant, l’extension<strong>de</strong>s quais du port <strong>de</strong> Rouen vers l’avaldonne soudain à cette zone un nouvelattrait par <strong>le</strong>s facilités offertes pour l’approvisionnement<strong>de</strong>s usines en matièrespremières pondéreuses. Cel<strong>le</strong>-ci va dèslors accueillir <strong>de</strong>s entreprises du secteur<strong>de</strong> la métallurgie, du bois, <strong>de</strong>s produitschimiques mais éga<strong>le</strong>ment du texti<strong>le</strong>.Le démarrage <strong>de</strong> l’industrialisation <strong>de</strong>ce secteur débute en 1859 avec l’installationsur un terrain, situé rue <strong>de</strong> laGran<strong>de</strong> Chaussée à Rouen, <strong>de</strong> la société<strong>de</strong>s Forges et <strong>La</strong>minoirs rouennais.Spécialisée dans la fabrication <strong>de</strong> ferscorroyés (6) et laminés produits à partir<strong>de</strong> vieil<strong>le</strong>s ferrail<strong>le</strong>s, cel<strong>le</strong>-ci s’imposecomme l’une <strong>de</strong>s plus gran<strong>de</strong>s usinessidérurgiques du département. Cependant,l’activité <strong>de</strong> l’entreprise est bruta<strong>le</strong>mentremise en cause par l’applicationdu traité <strong>de</strong> libre-échange signéentre la France et l’Ang<strong>le</strong>terre <strong>le</strong> 23janvier 1860 et qui entraîne une baisse<strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> revient <strong>de</strong>s fers <strong>de</strong> plus<strong>de</strong> 20 %. L’accumulation <strong>de</strong>s pertesfinancières aboutit à la liquidation <strong>de</strong>l’entreprise en 1864. Afin d’éponger <strong>le</strong>s<strong>de</strong>ttes, une partie <strong>de</strong> l’établissement estlouée à la société anonyme <strong>de</strong>s Chantierset Ateliers <strong>de</strong> l’Océan administréepar <strong>le</strong> havrais François Mazeline. Par lasuite, l’usine passe entre <strong>le</strong>s mains <strong>de</strong>la société <strong>de</strong>s Forges rouennaises puis,au début du XX e sièc<strong>le</strong>, entre cel<strong>le</strong>s <strong>de</strong>la Société anonyme <strong>de</strong>s Fers et Métaux.Au <strong>le</strong>n<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerremondia<strong>le</strong>, l’établissement déménage aubénéfice <strong>de</strong> l’extension <strong>de</strong>s installationsferroviaires <strong>de</strong> la gare d’Orléans.En 1868, la famil<strong>le</strong> Pinel fon<strong>de</strong> la société<strong>de</strong> <strong>La</strong> Motte pour financer l’implantationd’une filature <strong>de</strong> coton à Petit-


22<strong>le</strong> dépôt du second établissement <strong>de</strong>production implanté sur <strong>le</strong> territoire <strong>de</strong>Grand Quevilly. Cependant, <strong>le</strong> regroupement<strong>de</strong> l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s activités surce <strong>de</strong>rnier site se traduit, en 2000-2001,par la démolition <strong>de</strong>s bâtiments laissantla place aux voies d’accès du nouveaupont Flaubert en cours <strong>de</strong> construction.En 1940, la société parisienne <strong>de</strong>s EntreprisesMétropolitaines et Colonia<strong>le</strong>s(EMC) vient s’instal<strong>le</strong>r à son tour 11quai <strong>de</strong> France pour la production <strong>de</strong>charpentes en fer, la construction <strong>de</strong>ponts roulants, <strong>de</strong> portique <strong>de</strong> déchargement,<strong>de</strong> hangars métalliques, <strong>de</strong>grues ainsi que la réalisation <strong>de</strong> travauxpublics. Détruit durant la guerre,l’établissement métallurgique surnomméla « Métro » est reconstruit sur unesuperficie <strong>de</strong> 20 000 m 2 et son équipementlui permet <strong>de</strong> s’imposer commel’usine la plus importante <strong>de</strong> Francedans <strong>le</strong> domaine <strong>de</strong>s constructionsmétalliques. Grâce à ses nouvel<strong>le</strong>s ins-


P. 21 : <strong>La</strong> filature Pinel dans <strong>le</strong>s années 1900.P. 22 : Bâtiments <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Paroisse avant <strong>le</strong>ur abandon.P. 24 : Déchargement <strong>de</strong>s grumes <strong>le</strong> long du bassin aux bois dans <strong>le</strong>s années 1920.24COUVERTURE : <strong>La</strong> presqu’î<strong>le</strong> Rol<strong>le</strong>t cité du charbon dans <strong>le</strong>s années 1950.


Les textes sont publiés sous la responsabilité <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs auteurs.<strong>La</strong>issé à l’écart du développementindustriel <strong>de</strong> la rive gauche durantla première moitié du XIX e sièc<strong>le</strong>,<strong>le</strong> secteur du futur éco-quartierFlaubert va largement comb<strong>le</strong>r sonretard à partir <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong>s années1850 et <strong>de</strong>venir l’une <strong>de</strong>s zones <strong>le</strong>splus actives <strong>de</strong> la banlieue rouennaise.Cependant comme dans tous<strong>le</strong>s ports <strong>de</strong> fond d’estuaire, <strong>le</strong> glissement<strong>de</strong>s activités portuaires versl’aval dans la secon<strong>de</strong> moitié du XX esièc<strong>le</strong> touche <strong>de</strong> p<strong>le</strong>in fouet cettepartie du port. <strong>La</strong> dévitalisationdu tissu économique que ce mouvemententraîne se trouve accentuépar <strong>le</strong> départ <strong>de</strong>s usines. Dans cecontexte <strong>de</strong> repli <strong>de</strong>s activités industrialoportuaires, la construction dupont Flaubert et sa mise en liaisonavec la Sud III constituent <strong>de</strong> formidab<strong>le</strong>sopportunités pour redonnerun avenir à ce territoire délaissé.Longtemps jugé répulsif, au seuild’une rive gauche vouée à l’industrie,<strong>le</strong> futur éco-quartier Flaubert<strong>de</strong>vrait offrir avec ses milliers <strong>de</strong>logements, <strong>de</strong> bureaux et <strong>de</strong> commercesune nouvel<strong>le</strong> attractivité à ceterritoire dans <strong>le</strong>s décennies à venir.Michel CroguennecCe fascicu<strong>le</strong> tiré à 30 000 exemplaires est une publication <strong>de</strong> la Communauté d’agglomération <strong>de</strong> Rouen Elbeuf Austreberthe,14 bis avenue Pasteur, Norwich House BP 589, 76006 Rouen ce<strong>de</strong>x 1. Représentant légal et Directeur <strong>de</strong> la publication : Frédéric Sanchez,Conception et rédaction : <strong>La</strong> CREA et Michel Croguennec, Direction généra<strong>le</strong> / Impression : Imprimerie E.T.C à Yvetot,Date <strong>de</strong> parution et dépôt légal à parution : janvier 2012.N°ISBN 978-2-919292-02-8 / N°ISSN 2110-065925


Pour en savoir plusCHAVY Marcel, CONSTANT Olivier, Les dépôts vapeur <strong>de</strong> l’Ouest, <strong>La</strong> vie du rail & <strong>de</strong>s transports,Paris, 2000.DESCHAMPS Philippe, Histoire <strong>de</strong> la rive gauche, Connaître Rouen, 1973.CROGUENNEC Michel, « Aménagement du port <strong>de</strong> Rouen <strong>de</strong> 1800 à 1940 : contraintes, techniqueset stratégies », mémoire <strong>de</strong> Doctorat d’histoire, Université <strong>de</strong> Rouen, 1999.Archives municipa<strong>le</strong>s <strong>de</strong> Petit-Quevilly, Fragments du passé fluvial <strong>de</strong> la commune <strong>de</strong> Petit-Quevilly,2008.DECOUX Jérôme, Le port <strong>de</strong> Rouen, Région <strong>de</strong> Haute-Normandie, 2010.CAYZEELE Catherine, Le développement <strong>de</strong> l’industrie dans <strong>le</strong>s cantons <strong>de</strong> Sottevil<strong>le</strong> et <strong>de</strong>Grand-Couronne, Étu<strong>de</strong>s Norman<strong>de</strong>s, n° 279-1974.MATHIEU Aurélie, Stratégies pour la mutation d’un territoire portuaire <strong>de</strong> l’agglomérationrouennaise, Éco<strong>le</strong> nationa<strong>le</strong> supérieure d’architecture <strong>de</strong> Paris-Bel<strong>le</strong>vil<strong>le</strong>, 2007.FOLLAIN Antoine, Les institutions <strong>de</strong> gouvernement d’une paroisse : Petit-Quevilly (vers 1550-vers 1775), mémoire <strong>de</strong> maîtrise, université <strong>de</strong> Rouen, 1983.Communes <strong>de</strong> Rouen et <strong>de</strong> Petit-Quevilly, perspectives <strong>de</strong> développement du secteur ouest <strong>de</strong>l’agglomération, janvier 1992.Glossaire(1)Éco-quartier : quartier urbain conçu <strong>de</strong> manière à minimiser son impact sur l’environnement et àatteindre son autonomie énergétique.(2)Curan<strong>de</strong>rie : établissement où l’on pratique <strong>le</strong> blanchiment <strong>de</strong>s toi<strong>le</strong>s.(3)Matelote : plat cuisiné composé <strong>de</strong> poissons, surtout d’anguil<strong>le</strong>s, accommodé au vin et aux oignons.(4)Pondéreux : matériau particulièrement <strong>de</strong>nse pesant plus d’une tonne au mètre cube.(5)Roton<strong>de</strong> : bâtiment <strong>de</strong> forme circulaire, surmonté d’une couverture hémisphérique.(6)Fer corroyé : fer forgé ou soudé à chaud.Photographies26© Col<strong>le</strong>ction Pierre Nouaud, Col<strong>le</strong>ction <strong>de</strong> l’auteur, Service régional <strong>de</strong> l’inventaire <strong>de</strong> Haute-Normandie.


Le groupe histoireAlain A<strong>le</strong>xandre, Jérôme Chaïb, Chantal Cormont, Michel Croguennec, FrédéricDavid, Jérôme Decoux, Alain Gerbi, Clau<strong>de</strong> <strong>La</strong>iné, Serge Martin-Desgranges, Jean-Yves Mer<strong>le</strong>, Pierre Nouaud, Jean-Robert Ragache, Jacques Tanguy, Céci<strong>le</strong>-AnneSibout.Coordonnateur : Loïc Va<strong>de</strong>lorgeConception, réalisation et suiviDirection Culture <strong>de</strong> la CREASerge Martin-DesgrangesConception graphique et réalisationNicolas CarbonnierContactsDirection Culture<strong>de</strong> la CREA14 bis, avenue Pasteur - BP 58976006 Rouen Ce<strong>de</strong>x 1Tél : 02 32 76 44 95 - Fax : 02 32 08 48 65 - e-mail : culture@la-crea.frRemerciementsUn groupe <strong>de</strong> travail composé <strong>de</strong> membres du Conseil <strong>de</strong> Développement <strong>de</strong>la CREA (représentants <strong>de</strong> la société civi<strong>le</strong> économique et syndica<strong>le</strong>), se réunit<strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans afin <strong>de</strong> mener une réf<strong>le</strong>xion autour <strong>de</strong> la réalisation dufutur éco-quartier Flaubert. Ce fascicu<strong>le</strong> été élaboré à <strong>le</strong>ur initiative.27

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!