Actions, réflexions, mobilisationsConférence La santé, un luxe ?Combattre les inégalités ...A <strong>la</strong> Bourse du travail, le 13 janvier 2011,Fabrice Henry* a décortiqué le coût et les financements<strong>de</strong> <strong>la</strong> santé, un système qui <strong>la</strong>isse pourtantnombre <strong>de</strong> citoyens sans véritable couverture sociale.Anlyse et ébauche <strong>de</strong> propositions.Une action conjointe MGEN, MGET, MNH et MNTNotre système <strong>de</strong> santé passe pour êtredans le mon<strong>de</strong> l’un <strong>de</strong> ceux qui assurent<strong>la</strong> meilleure protection. Mais tous lesFrançais ne sont pas égaux quant à l’accèsau soin, et le déficit chronique <strong>de</strong> <strong>la</strong> Sécuritésociale reste un <strong>de</strong>s problèmes majeurs <strong>de</strong>nos finances publiques.L’inégalité <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> santéOui, on peut affirmer que <strong>la</strong> santé est unluxe, pour une part non négligeable <strong>de</strong>scitoyens : on estime en effet que 15 % <strong>de</strong> <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion renonce à <strong>de</strong>s soins élémentairespour <strong>de</strong>s raisons fiancières. Plus précisément,ce sont 17 % <strong>de</strong>s femmes et 11 % <strong>de</strong>shommes.Parmi les nombreuses personnes qui n’ontpas <strong>de</strong> complémentaire santé 30 % renoncentà <strong>de</strong>s soins élémentaires. Les femmesseules avec enfant sont particulièrementtouchées. D’autres disparités existent,comme celles du milieu rural défavorisé auregard <strong>de</strong>s villes.Elevées, nos dépenses <strong>de</strong> santé ?Certes, elles augmentent plus vite que <strong>la</strong>richesse nationale, au rythme <strong>de</strong> 3 % par an.Ce<strong>la</strong> dit, elles représentent 12 % du PIB - soit2 700 euros par habitant - contre 18 % auxEtats-Unis et 17 % en Allemagne.La C.A.D.E.S.La Caisse d’amortissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>ttesociale a été créée en 1996 pour financer lesdépenses courantes <strong>de</strong> santé par <strong>de</strong>s<strong>de</strong>ttes à moyen terme. Un investissementtrès rentable... pour les banquiers. Mais aussiune fuite en avant : fin 2011, <strong>la</strong> <strong>de</strong>tte cumuléerestant à amortir était <strong>de</strong> 140 milliardsd’euros, à comparer avec le budget annuel<strong>de</strong> 230 milliards d’euros.Résultat : un jeune qui s’installe commencepar payer nos <strong>de</strong>ttes ! Et, comme pour cequi se passe pour le budget <strong>de</strong> l’Etat, le service<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>tte pénalise gravement lesdépenses <strong>de</strong> santé. Ceci explique en partie lecoût <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé dans les systèmes libéraux<strong>de</strong>s Etats-Unis et <strong>de</strong> l’Allemagne.Le financementLes ménages contribuent à raison <strong>de</strong> 9 %,l’assurance complémentaire 14 % et l’assurancema<strong>la</strong>die 77 %.Mais hors hospitalisation et affectionslongue durée, le taux <strong>de</strong> remboursementpar l’assurance ma<strong>la</strong>die n’est que <strong>de</strong> 50 à55 %. Un euro sur <strong>de</strong>ux n’est pas pris encharge !La taxe sur les contrats d’assurance dits “responsables”,que nous dénonçons <strong>de</strong>puis sacréation en 2001, était à cette date <strong>de</strong>2,50 %. Elle est passée à 5,50 % en 2008 et7 % en 2012, où elle rapportera 3 milliardsd’euros.mpanch-Fotolia.com ©Quelles solutions ?Elles sont <strong>de</strong> plusieurs ordres :• Celles liées à <strong>la</strong> maîtrise <strong>de</strong>s coûts :- Une meilleure organisation, à conditionque ce ne soit pas dans une vision commerciale.La santé n’est pas une marchandise.- Une meilleure articu<strong>la</strong>tion entre mé<strong>de</strong>cine<strong>de</strong> ville et hôpital.- Rééquilibrer les rémunérations <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cinsselon les spécialités.- Baisser <strong>la</strong> dépense en médicaments. LaFrance a le record mondial <strong>de</strong> consommation,en quantité, mais surtout en prix, dusnotamment aux marges <strong>de</strong>s <strong>la</strong>boratoires.• Celles liées aux ressources :- Trouver une base plus <strong>la</strong>rge au financement: produits financiers, bénéfices <strong>de</strong>sFabrice Henry - au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s chiffres,un constat et <strong>de</strong>s solutionsentreprises à forte valeur ajoutée ; créer uneautre contribution, du genre <strong>de</strong> <strong>la</strong> CSG ?- Lutter contre les niches sociales et fiscales,qui entraînent un maque à gagner estimé à40 milliards par <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong>s comptes.Au lieu d’un bouclier fiscal, on aurait mieuxfait d’imaginer un “bouclier social” et aulieu <strong>de</strong> p<strong>la</strong>fonner l’impôt pour les plusriches, <strong>de</strong> p<strong>la</strong>fonner <strong>la</strong> contribution <strong>de</strong>s plusdémunis à une véritable couverture sociale,seule digne d’une démocratie mo<strong>de</strong>rne.François LaporteHors hospitalisation etaffections longue durée,Un euro sur <strong>de</strong>uxn’est paspris en charge !Parmi les nombreuses questions- Et <strong>la</strong> gratuité <strong>de</strong> l’accès aus soins ?- Après tout, c’est le cas pour l’éducation !Trente euros pour l’ai<strong>de</strong> médicale d’Etat,par exemple pour un réfugié, c’est uneaberration ! Ne serait-ce que pour garantir<strong>la</strong> santé publique, éviter les risques d’épidémie.A Paris, s’il n’y avait pas les centres <strong>de</strong>santé <strong>de</strong> l’Assurance ma<strong>la</strong>die et ceux du secteurmutualiste, il y a <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions quine se soigneraient pas.* Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Unocam, Union nationale<strong>de</strong>s organismes complémentaires d'assurancema<strong>la</strong>die, et trésorier <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Mgen</strong>4
La santé au Pays <strong>de</strong> l’HommeLoin <strong>de</strong>s idées reçuesL’Observatoire régional <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé publie régulièrementune monographie département par département.Une mine d’informations qui, si elles ne sont pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière pluie,dressent un bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s moyens et <strong>de</strong>s résultats en matière <strong>de</strong> santé.Avec quelques surprises.Popu<strong>la</strong>tion âgée,faible niveau <strong>de</strong> vieCe<strong>la</strong> n’étonnera personne, <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tionpérigourdine est plus âgée que <strong>la</strong> moyennefrançaise : 30% a plus <strong>de</strong> 60 ans contre21,5% en France et moins d’un quart enAquitaine.La Dordogne comptait 405 000 habitants en2006, soit 16 000 <strong>de</strong> plus qu’en 1999.Concernant le niveau <strong>de</strong> vie, 16% <strong>de</strong> personnessont au-<strong>de</strong>ssous du seuil <strong>de</strong>pauvreté, soit 880 euros en 2006 et 5%touchent une allocation en raison <strong>de</strong> l’insuffisance<strong>de</strong> leurs revenus.Cancer et ma<strong>la</strong>dies cardio-vascu<strong>la</strong>iresprincipales causes <strong>de</strong> mortalitéAvec les traumatismes et empoisonnements,ils représentent les <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong>s décès enDordogne. Les ma<strong>la</strong>dies cardio-vascu<strong>la</strong>iressont l’objet <strong>de</strong> 2 500 admissions longuedurée et sont <strong>la</strong> première cause <strong>de</strong> mortalitéchez les femmes. Celle-ci est supérieure à<strong>la</strong> moyenne nationale, <strong>de</strong> même quepour les hommes.Les cancers, qui sont <strong>la</strong> première cause <strong>de</strong>mortalité chez les hommes, sont l’objet <strong>de</strong>2 300 admissions longue durée. La mortalitépar cancer est inférieure à <strong>la</strong>moyenne nationale chez les hommes, etéquivalente à celle-ci chez les femmes.Les cancers les plus meurtriers sont :- chez les femmes les cancers du sein et ducôlon-rectum, dans les mêmes proportionsqu’en France,- chez les hommes les cancers du poumon,<strong>de</strong> <strong>la</strong> prostate, et <strong>de</strong>s voies aéro-digestivessupérieures (VADS).On observe une surmortalité masculine parrapport à <strong>la</strong> moyenne nationale.Les facteurs <strong>de</strong> risque :- Le tabac est responsable <strong>de</strong> 700 décès paran, avec une proportion supérieure à <strong>la</strong>moyenne nationale pour les femmes, etinférieure pour les hommes.- l’acool : 160 décès, dont les trois-quartspour les hommes, et dont <strong>la</strong> moitié survientà moins <strong>de</strong> 65 ans.Les autres causes :- les suici<strong>de</strong>s, puis les acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> <strong>la</strong> route,qui touchent en premier les jeunes, sontsupérieurs à <strong>la</strong> moyenne nationale.- les acci<strong>de</strong>nts domestiques (chutes, blessures,empoisonnements...) sont <strong>de</strong> plus enplus fréquents, sans doute liés au vieillissement<strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, et sont souvent <strong>la</strong>cause <strong>de</strong> traumatismes graves.La mortalité toutes causes confondues adiminué <strong>de</strong> 1996 à 2006 en Dordognecomme en France, mais elle est supérieure àcelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> région, et pour les femmes supérieureà celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> France.La proportion <strong>de</strong> personnes âgées augmente,celle <strong>de</strong>s jeunes diminue. La popu<strong>la</strong>tionaugmente, mais plus par phénomènemigratoire que par naissances. Le Périgordattire toujours pour les vieux jours...Les établissements hospitaliersLe taux d’hospitalisation en Dordogne estinférieur à celui <strong>de</strong> l’Aquitaine. Défautd’équipements, ou meilleure santé ? Difficileà dire.Les centres hospitaliers interviennent plus enmé<strong>de</strong>cine et obstétrique - 50% du départementpour celui <strong>de</strong> Périgueux - les cliniquesprivées font 64% <strong>de</strong> <strong>la</strong> chirurgie, dont 30%pour <strong>la</strong> clinique Francheville.L’ensemble représentait 60 000 entrées paran en hospitalisation complète en 2007 et315 000 journées en soins <strong>de</strong> courte durée.Le corps médical :les femmes sont plus jeunesIl comprenait 660 mé<strong>de</strong>cins libéraux en 2009dont 440 généralistes et 220 spécialistes soitune <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> 164 mé<strong>de</strong>cins pour 100 000habitants. C’est moins que <strong>la</strong> France (198) etqu’en Aquitaine (230). Non seulement <strong>la</strong>Dordogne est, avec le Lot-et-Garonne, ledépartement le moins doté en mé<strong>de</strong>cinslibéraux <strong>de</strong> <strong>la</strong> région, mais un généralistesur <strong>de</strong>ux a plus <strong>de</strong> 55 ans et un sur quatreplus <strong>de</strong> 60 ans. Le quart <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins sont<strong>de</strong>s femmes, dont une sur <strong>de</strong>ux a moins <strong>de</strong>44 ans.La <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong>s autres professionnels <strong>de</strong>santé (masseurs, kinésithérapeutes, pharmaciens,orthophonistes...) est ici encore inférieureà <strong>la</strong> moyenne nationale (-25%). Elle acependant augmenté en neuf ans, à l’exception<strong>de</strong>s chirurgiens <strong>de</strong>ntistes. Ceux-ci peinentsouvent en fin <strong>de</strong> carrière à trouver unremp<strong>la</strong>çant.Des raisons d’espérerEn terme <strong>de</strong> prévention, le taux <strong>de</strong> vaccination<strong>de</strong>s enfants est proche <strong>de</strong> <strong>la</strong> moyennerégionale, à l’exception du BCG. Le dépistagedu cancer du sein a <strong>la</strong>rgement rattrapéson retard <strong>de</strong> 2005 et dépasse maintenant <strong>la</strong>moyenne. Le taux <strong>de</strong> cancers dépistés estpassé <strong>de</strong> 0,8% en 2004 à 0,46% en 2008.Et les indicateurs environnementaux sontconformes à <strong>la</strong> moyenne nationale.Heureusement ! Pour un Pays <strong>de</strong> l’Hommequi, bon an mal an, porte bien son âge, enbien comme en mal.Un pays qui a <strong>de</strong> <strong>la</strong> bouteille... à moitiépleine, ou à moitié vi<strong>de</strong> ?Du Centre Historique <strong>de</strong> <strong>la</strong> Préhistoireau Centre Hospitalier <strong>de</strong> Périgueux... quel chemin parcouru tout <strong>de</strong> même.François Laporte5