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Ethnicisation des rapports entre élèves : une approche ... - CNDP

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éférents identitaires de chaque groupe d’appartenance regardent lemonde et se regardent à travers un filtre culturel (le plus souvent centrésur leur propre culture), l’individu né et élevé au croisement <strong>des</strong> systèmesculturels se regarde et regarde le monde à travers un prisme interculturelqui juxtapose l’ensemble <strong>des</strong> absolus culturels dans <strong>une</strong> matriceconstruite de leur croisement.Ainsi, nous avons trouvé que la façon dont l’individu choisit de direses appartenances à l’un, à l’autre ou aux deux groupes d’affiliationminoritaire et majoritaire ne reflète pas son sentiment d’appartenance nison ancrage psychoaffectif et pragmatique par rapport à ces groupes,mais dépend d’<strong>une</strong> équilibration du poids de l’histoire familiale, <strong>des</strong>attitu<strong>des</strong> d’acculturation <strong>des</strong> groupes d’appartenance majoritaire etminoritaire, et <strong>des</strong> enjeux au niveau du sens et de la valeur.Prenons par exemple les réponses données à la question ouverte « jesuis... », à laquelle les je<strong>une</strong>s devaient répondre en se décrivant entermes culturels. L’analyse <strong>des</strong> réponses ouvertes fournies par les sujetsrévèle trois façons différentes employées pour se nommer en termesculturels : la première en termes de l’affiliation au groupe français (jesuis français) ; la deuxième en terme du groupe immigré (je suis«black », soninké, malien, algérien, arabe, musulman/hindou) ; la troisièmeen termes d’<strong>une</strong> structure synthétique qui résume <strong>des</strong> acceptionsidentitaires prises dans les deux groupes de référence en contact (je suis« française d’origine marocaine », « algérien, mais aussi arabe et aussifrançais »...).Au premier abord, ces résultats pourraient être lus comme le refletd’affirmations identitaires revendiquant <strong>une</strong> appartenance univoque à lasociété de naissance et de droit (« je suis français(e) »), au groupe d’origineet d’héritage ancestral (« je suis algérien »), ou aux deux groupesd’appartenance (« je suis marocaine et française »). Cependant, loind’être le reflet miroir de l’image qu’ils se font de leur moi, ces autoappellationsrelèvent plutôt <strong>des</strong> stratégies identitaires que ces je<strong>une</strong>sdéploient, non pas pour négocier <strong>une</strong> disparité de co<strong>des</strong> culturels enprésence, mais pour résister à la violence de la disparité <strong>entre</strong> le sens etla valeur d’<strong>une</strong> réalité interne « interculturelle » – vécue et expérimentéeà travers la représentation de soi –, et <strong>une</strong> réalité externe « culturelle» – assignée, projetée et reflétée dans le regard que les référentsadultes et les pairs portent sur le nourrisson devenu enfant, les discoursemployés par les médias pour décrire sa réalité, et les réactions <strong>des</strong>acteurs socio-éducatifs qui l’entourent.36

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