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FocusExode laïcPar Yacine ChabiEgypte, Irak et SyrieIl n’est pas bon d’êtrechrétien en OrientLes Occidentaux doivent cesser d'« avoir peur de leur ombre » et d'observer « un silencedommageable » face aux atteintes aux droits des minorités chrétiennes dans les paysmusulmans, a déclaré jeudi le directeur de l'œuvre d'Orient, le père Pascal Gollnisch.Au cours d'une table ronde sur les chrétiensd'Orient, organisée par l'Institutfrançais : Centre Saint-Louis à Rome,le religieux, qui dirige cette associationspécialisée dans l'aide aux communautés catholiquesdu Moyen-Orient, a relevé que "certainspays sunnites ou chiites n'hésitent pas à aider"leurs coreligionnaires en Irak ou ailleurs dans larégion, tandis que "les chrétiens sont les seuls àne pas avoir de soutiens extérieurs. "Nous nedemandons pas de favoriser les chrétiens maisde faire respecter certaines règles", a-t-il dit,alors que, de l'Irak à l'Egypte, ils sont souventmenacés et obligés à émigrer. Il s'est "étonnéqu'il soit difficile à nos pays de réclamer pourdeux millions de chrétiens en Arabie Saoudite laliberté de religion, et de déplorer qu'ils soientprivés de lieux de culte". "On devrait aussi pouvoirdire avec clarté qu'il n'est pas normalqu'une Constitution prévoit qu'un présidentdoive être musulman. Et pourquoi les organisationsféministes sont-elles si discrètes sur lacondition de la femme dans ces pays?", a-t-ilencore demandé. Selon le père Gollnisch, "leschrétiens d'Orient portent parfois un regardextrêmement critique" sur les pays occidentauxet leur conception de la laïcité. "Notre laïcité estperçue comme un faux nez de l'athéisme", a-t-ilremarqué et cela affaiblit, selon lui, la cause dela laïcité dans les pays musulmans confrontés àla montée du fondamentalisme islamiste. Lepère Gollnisch a jugé le dialogue inter religieuxavec les musulmans plus incontournable quejamais : "Je ne veux pas seulement m'asseoiravec eux pour boire du thé, je veux parler detout avec nos amis musulmans. Certains,notamment des intégristes catholiques, voudraienttorpiller ce dialogue. Moi, je tiens à cequ’il soit inscrit dans ce dialogue la question deschrétiens d'Orient, qui ne doit pas être tabou".Un discours qui intervient au moment où leschrétiens de Syrie sont accusés par les maniféstantsd’être les «complices des Alaouites au pouvoir».Un analyste estime que cette situation estle résultat d’une politique communautaristecatastrophique «voulue» par plusieurs régimesarabes, notamment syrien et égyptien. « EnSyrie, le régime a toujours fait comprendre auxchrétiens qu’il est le seul garant de leur sécuritéet de leur survie face aux autres communautés,notamment sunnite, qui n’hésiteraient pas, unefois au pouvoir, à les persécuter». En Egypte, lerégime Moubarak a toujours expliqué auxOccidentaux qu’il protégéreait les Coptesd’Egypte face à l’intégrisme musulman.Celà dit, depuis la révolution du 25 janvier,les chrétiens égyptiens se sentent marginaliséset persécutés. Autre pays où les chrétiens fontface à la violence présque quotidienne, l’Irak.Le carnage perpétré dimanche dernier à Bagdaddans l'église Notre-Dame du Perpétuel Secoursn'est pas un incident isolé. Il s'inscrit dans unprocessus qui semble inexorable : l'éradicationprogressive de la présence chrétienne entre leNil et l’Euphrate.Les pressions exercées sur les chrétiens revêtentrarement un tel degré de bestiale violence.Il s'agit, le plus souvent, de tracasseries administratives,de mesures insidieuses, de réglementationstatillonnes sur la pratique religieuse ou leslieux de culte. Mais le résultat est le même :quand ils le peuvent, les chrétiens quittent leursterres ancestrales pour aller en Occident, oùleur intégration ne pose généralement pas deproblème. Il existe cependant des communautéschrétiennes difficiles à réduire, car elles sontencore protégées par leur nombre, comme enÉgypte, par les institutions, comme au Liban,ou par l'idéologie du régime, comme en Syrie.Les chrétiens d'Orient rasentles mursGlobalement, la situation des chrétiensd'Orient est néanmoins catastrophique. EnPalestine, ils sont menacés par la montée enpuissance du Hamas. En Israël, les Arabes israéliensde confession chrétienne sont doublementminoritaires par rapport à la sociétéisraélienne : en tant qu'Arabes et en tant quechrétiens. Au Liban, le Hezbollah chiite tient lehaut du pavé, et les chrétiens ont vu leurs prérogativesdimi-nuées, notamment au profit dessunnites. En Irak – terre d'Abraham en qui sereconnaissent les trois religions monothéistes–, le nombre de chrétiens se réduit à peau dechagrin. En Algérie, la poignée de musulmansconvertis au christianisme et accusés d'apostasierisquent leur vie. En Arabie Saoudite, leschoses sont plus simples : seul l'islam a droit decité. Il n'existe aucune église sur le territoiresaoudien. Argument : "L'Arabie est une terresacrée, vous imaginez une mosquée auVatican ?"Les gouvernements de la plupart des paysmusulmans veulent surtout éviter les vagues :ils recommandent à leurs chrétiens d'être discrets,de raser les murs.Le nationalisme arabe laïqueles protègeIl n'en a pas toujours été ainsi. Au XX e siècle,le nationalisme arabe se voulait laïc et refusaitde s'identifier à l'islam. Il constituait un avatardu mouvement des nationalités et s'inspiraitdes idéologies européennes, marxistes ounationalistes, et avait été influencé par l'expérienceen Turquie de Kemal Atatürk. Ainsinaquit, entre autres, le Baas (Parti de la renaissancearabe) sous l'égide notamment du chrétienMichel Aflak qui prit le pouvoir en Syrie eten Irak. Mais un autre courant de pensée étaitapparu sur les bords du Nil : la confrérie desFrères musulmans. Celle-ci voyait dans leCoran l'alpha et l'oméga de la politique et préconisaitde rétablir le califat. Dans cette batailleidéologique, c'est finalement le nationalismearabe laïc qui a été défait. Pour le plus grandmalheur des chrétiens...Synthèse : Y. C.Un religieux catholique areproché aux paysoccidentaux leur inaction etmême leur peur à vouloirporter secours aux minoritésreligieuses catholiques despays arabes. Il ne comprendpas le fait que cet Occident,inventeur du « droitd'ingérence » humanitaire etmilitaire n'ait pas pensé àcréer le droit d'ingérencereligieuse ! La réponse estpourtant toute simple, cetOccident est laïc. Un conceptqui écarte toute actionpolitique ou diplomatique,qui repose sur desconsidérations religieuses.Pourtant, ce même Occidentne cesse de crier au dangerquand il s'agit de commenterla victoire des partisislamistes dans ces mêmespays arabes !Pour l'instant, la seule aideque peut offrir cetOccident,est d’accorder desvisas aux chrétiens quiveulent fuir la répression. LaSuède, un pays qui est loind'être connu pour sa ferveurcatholique, a délivré plus decinq mille visas aux chrétiensd'Irak, depuis la défaite deSaddam Hussein.Dernièrement, ces réfugiésirakiens se sont vu prier detrouver un autre paysd'accueil !En France, berceau de lalaïcité, Bernard Kouchner,l'ex-ministre des Affairesétrangères, avait lancé en2007 l'opération « Irak 500 ».Cinq cent visas d'entréesdestinés exclusivement auxchrétiens irakiens désireux defuir leur pays sont accordés.Mais voilà, il y avait huit foisplus de demandes que devisas ! Très vite, Kouchner adû revoir sa copie. Avec l'aidedu HCR, il prolongel'opération en 2008 et 2009.Au total, 1200 chrétiensirakiens réfugiés en Syrie eten Jordanie arrivent en Franceavec un statut de « réfugiéspolitiques » celui de réfugiésreligieux n'est pas encoreprévu.Selon le HCR, plus de1,8 million de chrétiensd'Orient se retrouventmenacés pour leurappartenance religieuse enIrak et, maintenant, en Syrie.Le Vatican, pays souverain etnon laïc, n'a délivré aucunvisa. Un prêtre chaldéen,réfugié depuis cinq ans enAustralie, avait déclaré :«L'Eglise catholique romainecontinue de faire del'apartheid entre groupesreligieux catholiques. Auxsollicitations des populationsmenacées, elleestime qu'un exode massif enAustralie serait la meilleuresolution». Voilà donc le Papequi incite les dernierschrétiens d'Orient à quitter laterre natale de Jésus… !