Résultats du sondage sur la violence en milieu de travail - Asstsas

VIOLENCERésultats du sondage surla violence en milieu de travailStéphane Guay, Ph.D.chef d’équipeRichard Boyer, Ph.D.chercheurAndré Marchand, Ph.D.chercheurJuliette Jarvis, M.Sc.coordonnatriceÉquipe de recherche VISAGE 1LLe Centre d’étude sur le trauma mène une recherche sur la violence enmilieu de travail. Dans ce cadre, un sondage a permis d’interroger destravailleurs à risque d’être exposés, sur la fréquence et les conséquencesdes actes de violence.a violence en milieu de travail est une problématiquevaste allant de la violence verbale aux tentatives demeurtre, en passant par le harcèlement et les menaces. Denombreux travailleurs sont à risque d’être exposés à un actede violence grave (AVG, être victimes ou témoins d’agression,de menaces de mort, de blessures ou d’un meurtre). Certains,en raison des fonctions qu’ils exercent, le sont beaucoup plusque d’autres.Selon Statistique Canada, en 2004, le tiers de toutes les affairesde violence en milieu de travail a impliqué une victimequi travaillait dans les secteurs de l’assistance sociale ou desservices de soins de santé. En général, les voies de fait constituentle type d’AVG le plus courant, représentant 71 % detoutes les affaires de violence en milieu de travail. Tout prèsd’un homme sur trois et une femme sur cinq éprouvent lescontrecoups d’une blessure physique après un AVG en milieude travail.Outre les blessures et les homicides, la violence au travailpeut mener à l’anxiété, à la dépression et à des troubles psychosomatiques.L’adaptation et la recherche de soutien à lasuite d’un acte de violence varient selon les individus et onOutre les blessures et les homicides,la violence au travail peut mener àl’anxiété, à la dépression et à destroubles psychosomatiques.observe, notamment, des différences entre les femmes et leshommes. Plus particulièrement, le risque de développer un étatde stress post-traumatique à la suite d’un tel événement estdeux fois plus élevé chez les femmes, tandis que les hommesont moins recours aux services de santé mentale.Le secteur de la santéL’équipe VISAGE, dirigée par Stéphane Guay, directeur duCentre d’étude sur le trauma de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine– Institut universitaire en santé mentale, a pour objectif d’étudierle phénomène des AVG en milieu de travail selon plusieurspoints de vue, notamment celui du travailleur victime (exposéà la violence ou à risque de l’être) en tenant compte des différenceset similitudes entre les femmes et les hommes.La présente étude, menée en partenariat avec l’ASSTSAS, apermis de sonder, via un site Internet sécurisé, 602 travailleursprovenant du secteur de la santé et des services sociaux concernantla fréquence des AVG au cours des 12 derniers mois,leurs conséquences, les besoins de soutien ainsi que le recoursaux services de santé mentale (tableau 1).Fréquence des actes de violenceLes résultats obtenus indiquent que, parmi les 602 travailleursayant répondu au sondage, 76 % ont rapporté avoir étévictimes ou témoins de différents types d’actes de violence aumoins une fois au cours des 12 derniers mois, le nombre moyend’actes vécus étant de 14,5 durant cette période. Les résultatssoulignent que les hommes sont proportionnellement plusvictimes ou témoins de violence que les femmes (tableau 2).L’encadré 1 présente les résultats spécifiques aux AVG.4 – OBJECTIF PRÉVENTION – VOL. 36, N O 1, 2013

2. Un milieu hospitalier psychiatrique (n=831)60 % victimes ou témoins d’au moins un acte de violenceau cours des 12 derniers mois. 8 actes de violenceen moyenne. 23 % victimes et 38 % témoins de violencephysique. 8 % victimes et 11 % témoins de menacesde mort. 65 % ont rapporté que d’en parler avecleurs collègues avait été aidant. 75 % considèrent qu’ilest essentiel d’avoir une po litique de « tolérance zéro » et68 % de se sentir sou te nu par son employeur afin dediminuer le risque de violence.D’autre part, plus de la moitié des répondants occupant unposte de gestion indiquaient qu’ils recevraient probablementdu soutien de leur employeur s’ils étaient victimes, comparativementau tiers des répondants occupant des postes administratifset de soutien et métiers, tandis que ceux-ci étaientplus nombreux à penser qu’ils recevraient probablement dusoutien de la part du syndicat.Cas d’un milieu hospitalier psychiatriqueDans le cadre de cette étude, le même sondage a été réaliséspécifiquement dans un milieu à haut risque, soit une institutionde soins psychiatriques (encadré 2). Ainsi, 831 travailleursde ce milieu ont répondu aux questions portant sur lafréquence des AVG au cours des 12 derniers mois, leurs conséquences,les besoins de soutien ainsi que le recours aux servicesde santé mentale.1. Répartition des répondants selon le type d’emploiTotal Hommes FemmesPersonnel soignant 19 % 14 % 21 %Professionnels 32 % 31 % 33 %Agents d’intervention ou de sécurité 3 % 10 % 1 %gestionnaires 5 % 6 % 4 %Personnel administratif 15 % 7 % 18 %services hospitaliers 5 % 6 % 5 %Assistance sociale et services de soins de santé (non spécifié) 20 % 23 % 19 %2. Fréquence des actes de violenceVictimes (n=376)Témoins (n=415)Total Hommes Femmes Total Hommes FemmesAu moins une fois au cours des 12 derniers mois 62 % 75 % 57 % 70 % 83 % 63 %nombre moyen d’actes 6,1 9,2 4,8 8,4 12,8 6,5(médiane) (2) (3) (1) (3) (8) (2)3. Actes de violence graveTotal (n=162) VictimeS TémoinSViolence physique 67 % 31 % 36 %Menaces de mort 13 % 7 % 6 %Attouchements sexuels 1 % 1 % ---Violence indirecte 4 % 3 % 1 %Violence verbale 1 % 1 % ---Les suites de l’étudeLes données recueillies par ce sondage mené dans diffé rentssecteurs d’emploi serviront à intéresser, informer et sensibili serles milieux de travail et les travailleurs aux AVG et aux spécificitésdes réactions des femmes et des hommes à la suite deces événements. De plus, les divers projets de recherche del’équipe VISAGE permettront de mettre en perspective les résultatsobtenus afin de mieux comprendre les besoins destravailleurs et de proposer des protocoles d’aide adaptés. •RéférenceVISAGE : Violence au travail selon le sexe et le genre (www.equipevisage.ca).6 – OBJECTIF PRÉVENTION – VOL. 36, N O 1, 2013