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Discours de François Fillon prononcé à l'occasion de l'inauguration du

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Mais que seraient cette fierté, cette admiration d’hier, si elles faisaient oublier à l’EcoleCentrale l’obligation constante <strong>de</strong> se projeter vers <strong>de</strong>main ? Sans nul doute, elles en trahiraientl’esprit.Un même paradoxe me frappe à propos <strong>du</strong> Cnam. Une partie <strong>du</strong> public, lorsqu’on mentionnecette institution, songe d’abord au Musée qu’elle abrite. Malgré son caractère unique, ceMusée n’en constitue pourtant qu’une facette Est-ce dû à ce titre <strong>de</strong> « conservatoire » ? Onn’y constate pourtant pas le moindre conservatisme. Rappelons le : quand l’abbé Grégoirefonda l’ancêtre <strong>du</strong> Cnam, ce n’était pas dans un esprit d’accumulation ; c’était pour mettre <strong>de</strong>scollections jusque là privées au service <strong>de</strong> la création artisanale, <strong>de</strong> l’innovation collective, <strong>de</strong>la proto-in<strong>du</strong>strie.Les réalisations <strong>de</strong>s centraliens, comme les collections <strong>du</strong> Cnam, nous intéressent avant toutparce qu’elles inspirent notre mo<strong>de</strong>rnité. Voilà pourquoi j’ai voulu compléter mes félicitationsaux <strong>de</strong>ux institutions d’un encouragement pour <strong>de</strong>main.Centrale et le Cnam, institutions anciennes, ont su perpétuer la démarche <strong>de</strong> renouvellement,<strong>de</strong> prospective et d’initiative qui les fondait. Elles entrent ainsi dans une maturité dynamique.Leur reconnaissance en fait foi, puisque les responsables <strong>du</strong> recrutement les situent aux toutespremières places <strong>du</strong> classement <strong>de</strong>s écoles en termes <strong>de</strong> notoriété. Des milliers d’auditeurs oud’élèves les fréquentent, <strong>de</strong>s milliers d’enseignants ou d’intervenants les animent.Comment exploiter et préserver <strong>du</strong>rablement cette vigueur ?Une première priorité me paraît être celle <strong>de</strong> la compétitivité. Vous savez comme moi quel’excellence est relative. En 1829, la France, distancée par l’Angleterre <strong>de</strong> la premièrerévolution in<strong>du</strong>strielle, s’appuyait sur Polytechnique, les Mines et les Ponts. Elle avait <strong>de</strong>ssavants, <strong>de</strong>s ingénieurs militaires et <strong>de</strong>s constructeurs. Il lui manquait <strong>de</strong>s ingénieurs civils,disposant d’une formation technologique <strong>de</strong> haut niveau. Des Saint-Simoniens, commeLavallée et Péclet, ont voulu l’en doter. En acceptant que la nouvelle Ecole Centrale <strong>de</strong>s Artset Manufactures soit transférée à l’Etat en 1857, Napoléon III reprenait à son compte cettestratégie profondément politique qui consiste à asseoir le dynamisme <strong>du</strong> pays sur laprééminence internationale <strong>de</strong> ses élites. Face aux ennemis <strong>de</strong> la République, l’ambition <strong>de</strong>sconstitutionnels créant le Cnam n’était guère différente.<strong>Discours</strong> <strong>de</strong> François <strong>Fillon</strong> - Inauguration <strong>de</strong> l’exposition « Parcours <strong>de</strong> Centraliens » - Musée <strong>de</strong>s arts et métiers, 9 novembre 2004 2


Pour innover, il faut <strong>de</strong>s esprits libres. L’Ecole Centrale les forme sans les formater. Elle leurouvre <strong>de</strong>s enseignements optionnels variés qui font <strong>de</strong> chaque centralien un indivi<strong>du</strong> unique,valorisant au mieux ses compétences propres. Ainsi les Centraliens éprouvent souvent unecertaine fierté à rappeler que l’un <strong>de</strong>s leurs a fait une belle carrière dans la chanson.L’in<strong>du</strong>strie, d’ailleurs, ne se limite pas à la maîtrise <strong>de</strong>s outils in<strong>du</strong>striels. Elle présente <strong>de</strong>sdimensions sociales, humaines et économiques. La prise en compte <strong>de</strong> ces dimensionsreprésente plus <strong>du</strong> tiers <strong>du</strong> cursus <strong>de</strong>s élèves ingénieurs <strong>de</strong> Centrale. Elle en fait <strong>de</strong>sanimateurs <strong>de</strong> l’entreprise, aussi bien que <strong>de</strong> la société. Quant au Cnam, son pôle Travail etsociété accueille 20% <strong>de</strong>s auditeurs. Un musée <strong>de</strong> la prévention <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts <strong>du</strong> travail et <strong>de</strong>l’hygiène in<strong>du</strong>strielle a été créé dans ses murs dès 1904. Il représente bien la nécessité <strong>de</strong>prendre en compte <strong>de</strong>s réalités nouvelles, <strong>de</strong> s’en informer, <strong>de</strong> s’y former.Les hommes sont donc appelés à évoluer ; les institutions aussi. Daniel Grimm, directeuradjoint <strong>de</strong> l’Ecole Centrale déclarait : « Il n’y a pas <strong>de</strong>ux promotions qui sortent <strong>de</strong> Centraleavec la même formation ». Je voudrais que bien d’autres écoles puissent en dire autant ; car jecrois suffisamment à l’importance <strong>de</strong> cette souplesse, <strong>de</strong> cette adaptabilité pour en faire matroisième priorité.Elle est parmi les premières vertus <strong>de</strong> Centrale. Elle lui permet <strong>de</strong> pratiquer une ouvertureinternationale toujours plus gran<strong>de</strong>. Le réseau TIME facilite la multiplication <strong>de</strong>s échanges.L’Intergroupe constitué avec les écoles <strong>de</strong> Lille, <strong>de</strong> Nantes et <strong>de</strong> Lyon accroît son poids sur lascène internationale. Actuellement, non seulement l’école accueille 26% d’élèves étrangers ;mais 36% <strong>de</strong> ses étudiants reçoivent un double diplôme à l’issue <strong>de</strong> leur scolarité - preuvequ’une institution française d’enseignement supérieur, même <strong>de</strong> taille limitée, peut attirer <strong>de</strong>sétudiants étrangers <strong>de</strong> haut niveau. Elle peut même parfois servir d’exemple : le modèlefrançais <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> école, souvent décrié, pourrait bien ainsi s’enraciner en Chine, si le projetd’Ecole Centrale à Pékin aboutit comme prévu. Quant au Cnam, dont le pôle enseignement seconsacre largement à la formation continue, il a l’adaptation, l’évolution et la mobilité pourprincipes. La récente loi sur la valorisation <strong>de</strong>s acquis <strong>de</strong> l’expérience ne fait que confirmer lapertinence <strong>de</strong> cette activité en l’amplifiant. Son savoir-faire en matière <strong>de</strong> formation continueest, <strong>du</strong> coup, plus que jamais apprécié, par l’étranger. A ce jour, 30 pays constituent sonréseau <strong>de</strong> partenaires. Ils ont signé avec le Cnam 80 accords <strong>de</strong> coopération internationale etlui fournissent 9 000 auditeurs étrangers.<strong>Discours</strong> <strong>de</strong> François <strong>Fillon</strong> - Inauguration <strong>de</strong> l’exposition « Parcours <strong>de</strong> Centraliens » - Musée <strong>de</strong>s arts et métiers, 9 novembre 2004 4


Mesdames, messieurs,Excellence nationale et reconnaissance internationale, innovation, adaptation sont donc les<strong>de</strong>vises que je propose aux Ecoles d’ingénieurs <strong>de</strong> <strong>de</strong>main. Elles seules permettent d'inscrireces institutions dans le mouvement, parfois incompris, <strong>du</strong> progrès. Centrale, comme le Cnam,peuvent contribuer à réconcilier la société avec lui.Ecoles dotées d’une forte culture, capables <strong>de</strong> retenir leur expérience pour en tirer uneinspiration pour le futur, Centrale et le Cnam nous prouvent que les institutions qui possè<strong>de</strong>ntun passé ont aussi le plus bel avenir.<strong>Discours</strong> <strong>de</strong> François <strong>Fillon</strong> - Inauguration <strong>de</strong> l’exposition « Parcours <strong>de</strong> Centraliens » - Musée <strong>de</strong>s arts et métiers, 9 novembre 2004 5

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