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Du doigt à la machine, le calcul - Musée des arts et métiers

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<strong>Du</strong> <strong>doigt</strong> à <strong>la</strong> <strong>machine</strong>, <strong>le</strong> <strong>calcul</strong>LE PETIT JOURNALL’histoire de <strong>la</strong> <strong>machine</strong> à calcu<strong>le</strong>r est comp<strong>le</strong>xe. D’abord, parce queplusieurs de ces étapes sont constituées d'emprunts mutuels, un inventeurprenant à un autre un élément ou un principe qu'il modifie. Ensuite, parceque plusieurs de ces <strong>machine</strong>s visent à <strong>des</strong> buts différents <strong>et</strong> réalisent <strong>des</strong>opérations différentes.Le premier procédé opératoire connu est <strong>le</strong><strong>calcul</strong> sur <strong>le</strong>s dix <strong>doigt</strong>s de <strong>la</strong> main,probab<strong>le</strong>ment à l’origine de l’utilisation dusystème décimal. Seu<strong>le</strong>ment, ce systèmene perm<strong>et</strong> pas de manipu<strong>le</strong>r de grandsnombres. L’homme a donc développéparallè<strong>le</strong>ment :- un système de comptabilité parmanipu<strong>la</strong>tion d’obj<strong>et</strong>s (cailloux, du <strong>la</strong>tin<strong>calcul</strong>us, <strong>calcul</strong>i, j<strong>et</strong>ons, <strong>et</strong>c.) qui a aboutiaux abaques, tab<strong>le</strong>s de <strong>calcul</strong>, puis auxbouliers.- <strong>le</strong> <strong>calcul</strong> écrit, résultat de l’invention <strong>des</strong>chiffres, du système de numération deposition <strong>et</strong> de <strong>la</strong> pratique de l’écriture.Ces deux pratiques ont longtemps coexisté<strong>et</strong> ce n’est qu’à <strong>la</strong> fin du XVIII e sièc<strong>le</strong> que<strong>le</strong> <strong>calcul</strong> écrit s’est imposé.I- AVANT LA CALCULATRICE…1. Les tab<strong>le</strong>s de <strong>calcul</strong>Développées en Mésopotamie, <strong>le</strong>s tab<strong>le</strong>sde <strong>calcul</strong> – ou « abaques » - sont à l'origine<strong>des</strong> lignes tracées dans <strong>le</strong> sab<strong>le</strong>. On utilisait<strong>le</strong>s colonnes ainsi formées pour donnerdifférentes va<strong>le</strong>urs aux cailloux selon <strong>le</strong>urposition. Les supports de ces tab<strong>le</strong>s étaientdivers : pierre, terre cuite, bois, marbre,<strong>et</strong>c. La plus ancienne tab<strong>le</strong> à calcu<strong>le</strong>r datedu VI e sièc<strong>le</strong> avant J.-C. El<strong>le</strong> était enmarbre <strong>et</strong> a été découverte dans l'î<strong>le</strong>grecque de Sa<strong>la</strong>mine.Plus tard, <strong>le</strong>s tab<strong>le</strong>s de <strong>calcul</strong> donnèrentnaissance au <strong>calcul</strong> avec j<strong>et</strong>ons, utilisécouramment en Europe occidenta<strong>le</strong> auMoyen Âge. Sur <strong>la</strong> tab<strong>le</strong> de <strong>calcul</strong> (cf.<strong>des</strong>sin à droite), on posait un certainnombre de j<strong>et</strong>ons sur <strong>des</strong> lignes quicorrespondaient à un ordre de grandeur(deniers, sols, livres, <strong>et</strong>c.). Les utilisateurs- 1 -entraînés pouvaient réaliser de façon trèsrapide <strong>le</strong>s opérations nécessaires pour <strong>la</strong>gestion <strong>et</strong> <strong>le</strong> commerce. L'enseignement <strong>des</strong>on utilisation était assez répandu, ycompris dans tous <strong>le</strong>s bons traitésd'arithmétique 1 de l'époque.Pourtant, bien que fort uti<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s<strong>calcul</strong>s commerciaux, <strong>le</strong> <strong>calcul</strong> avec j<strong>et</strong>onsfut, pour <strong>le</strong>s mathématiciens <strong>et</strong> astronomes,remp<strong>la</strong>cé par l'utilisation du <strong>calcul</strong> écrit <strong>et</strong><strong>des</strong> règ<strong>le</strong>s d'arithmétique, notamment grâceà l'introduction du système de numération,dit arabe, par Gerbert d'Auril<strong>la</strong>c <strong>et</strong>Fibonacci.Tab<strong>le</strong> de <strong>calcul</strong> :<strong>le</strong>s traits représententde droite àgauche <strong>le</strong>s deniers,<strong>le</strong>s sols, <strong>le</strong>s livres,<strong>le</strong>s dizaines de livres,<strong>et</strong>c.2. Les bouliersInventé en Chine vers <strong>le</strong> XII e sièc<strong>le</strong>, <strong>le</strong>boulier est, parmi <strong>le</strong>s dispositifs de calcu<strong>le</strong>mployés par <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s au cours <strong>des</strong>âges, <strong>le</strong> seul à offrir l'avantage d'unepratique re<strong>la</strong>tivement simp<strong>le</strong> <strong>et</strong> rapide (cf.l’activité boulier).Les bouliers sont constitués d’une série debroches sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s sont enfilées <strong>des</strong>bou<strong>le</strong>s. Dans <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s chinois <strong>et</strong>japonais, toutes ces broches sont traverséespar une même barre qui sépare <strong>le</strong>s bou<strong>le</strong>s1 Partie de <strong>la</strong> mathématique qui étudie <strong>le</strong>spropriétés <strong>et</strong> <strong>le</strong>s re<strong>la</strong>tions élémentaires sur <strong>le</strong>sensemb<strong>le</strong>s <strong>des</strong> entiers (naturels <strong>et</strong> re<strong>la</strong>tifs) <strong>et</strong> <strong>des</strong>nombres rationnels


<strong>Du</strong> <strong>doigt</strong> à <strong>la</strong> <strong>machine</strong>, <strong>le</strong> calcu<strong>le</strong>n deux catégories. On fait correspondre àchaque broche une unité de rang différent,par exemp<strong>le</strong> un million, cent mil<strong>le</strong>, dixmil<strong>le</strong>, mil<strong>le</strong>, cent... Le rapprochementd’une bou<strong>le</strong> vers <strong>la</strong> barre transversa<strong>le</strong>correspond à l’addition d’une unité.L’éloignement de <strong>la</strong> bou<strong>le</strong> par rapport à <strong>la</strong>barre transversa<strong>le</strong> correspond à <strong>la</strong>soustraction d’une unité. Avec un bonentraînement, on peut effectuer <strong>des</strong>multiplications par additions successives <strong>et</strong><strong>des</strong> divisions par soustractions successives.Les occidentaux sont généra<strong>le</strong>mentstupéfaits de constater à quel point <strong>la</strong>dextérité de ceux qui ont appris à s'enservir <strong>le</strong>ur perm<strong>et</strong> d'effectuer, en un tempsrecord, <strong>des</strong> <strong>calcul</strong>s parfois très comp<strong>le</strong>xes.2.1. Le boulier chinoisEn Chine, <strong>le</strong> boulier se présentegénéra<strong>le</strong>ment sous <strong>la</strong> forme d'un cadrerectangu<strong>la</strong>ire de bois dur. Il est composéd'un certain nombre de broches sur<strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s sont enfilées sept bou<strong>le</strong>s mobi<strong>le</strong>sde bois ou de verre, quelquefoislégèrement ap<strong>la</strong>ties. Cel<strong>le</strong>s-ci peuventindifféremment se rapprocher d'unebagu<strong>et</strong>te transversa<strong>le</strong> divisant <strong>le</strong> cadre endeux parties, de tel<strong>le</strong> manière que deux deces bou<strong>le</strong>s demeurent toujours au-<strong>des</strong>sus <strong>et</strong>que <strong>le</strong>s cinq autres soient au-<strong>des</strong>sous. Lerésultat <strong>des</strong> opérations est lu en comptant<strong>le</strong>s bou<strong>le</strong>s accolées à <strong>la</strong> barre centra<strong>le</strong> : <strong>le</strong>sbil<strong>le</strong>s situées sous <strong>la</strong> barre va<strong>le</strong>nt une unitéde l’ordre correspondant à <strong>la</strong> broche(dizaine, centaine, <strong>et</strong>c.), <strong>le</strong>s bil<strong>le</strong>s situéesau-<strong>des</strong>sus de <strong>la</strong> barre va<strong>le</strong>nt 5 unités del’ordre correspondant à <strong>la</strong> broche. (cf. fiche« Le boulier chinois »)Le nombre <strong>des</strong> tiges, qui varie entre 8 <strong>et</strong> 12sur <strong>le</strong>s bouliers courants, peut être porté à15, 20, 30 ou même davantage, selon <strong>le</strong>sbesoins du calcu<strong>la</strong>teur. Plus il y a debroches, plus <strong>le</strong>s nombres à traiter surl'instrument peuvent être importants.En général, <strong>le</strong>s utilisateurs du boulierchinois ne commencent pas par <strong>le</strong>s deuxpremières broches de droite. Ils préfèrent<strong>le</strong>s réserver pour <strong>le</strong>s dixièmes <strong>et</strong> <strong>le</strong>scentièmes d'unité. Dans ce cas, <strong>la</strong> 3 e tigeLE PETIT JOURNALest affectée aux unités simp<strong>le</strong>s, <strong>la</strong> 4 e auxdizaines, <strong>la</strong> 5 e aux centaines, <strong>et</strong>c. 1 Boulier chinois à 17 broches.Inv. 00807-0001-Aujourd’hui, <strong>le</strong> Suan Pan - nom chinois duboulier – est toujours utilisé en Chine. On<strong>le</strong> trouve aussi bien dans <strong>le</strong>s mains d'unmarchand ambu<strong>la</strong>nt qui ne sait ni lire niécrire que dans cel<strong>le</strong>s du commerçant, ducomptab<strong>le</strong>, du banquier, de l'hôtelier, dumathématicien ou de l'astronome.2.2. Le boulier japonaisLe boulier est arrivé au Japon au XVI esièc<strong>le</strong> sous une forme proche du Suan Panchinois. Au XIX e sièc<strong>le</strong>, il prit sa formecaractéristique avec son aspect trèsallongé, <strong>et</strong> fut épuré jusqu’à ne pluscontenir que 5 bil<strong>le</strong>s par broches.Boulier japonais. Inv. 16551-0000-(Réserves de Saint-Denis)En novembre 1945, au Japon, il y eut unmatch opposant <strong>le</strong> Japonais KiyoshiMatsuzaki, champion de soroban (nomjaponais du boulier) à l'Américain ThomasNathan Woods, désigné à l’époque commel’opérateur de calcu<strong>la</strong>trice é<strong>le</strong>ctrique <strong>le</strong>plus expert de l'armée du Japon. Leshommes du général MacArthur- 2 -


<strong>Du</strong> <strong>doigt</strong> à <strong>la</strong> <strong>machine</strong>, <strong>le</strong> <strong>calcul</strong>LE PETIT JOURNALs'efforçaient alors de démontrer auxJaponais vaincus <strong>la</strong> supériorité <strong>des</strong>métho<strong>des</strong> modernes d'origine occidenta<strong>le</strong>.Le match se dérou<strong>la</strong> en 5 roundscomportant <strong>des</strong> opérations de plus en pluscompliquées. Et c’est <strong>le</strong> Japonais quil’emporta avec un score de 4 à 1.2.3. Le boulier russeLa conception du boulier russe estlégèrement différente de cel<strong>le</strong> du boulierchinois. Il comporte 10 bou<strong>le</strong>s sur chaqu<strong>et</strong>ige, dont deux (<strong>la</strong> 5 e <strong>et</strong> <strong>la</strong> 6 e ) sont decou<strong>le</strong>urs différentes, perm<strong>et</strong>tant ainsi àl'œil du manipu<strong>la</strong>teur de discernerfaci<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s nombres de 1 à 10. Pourreprésenter un nombre donné, il suffit defaire glisser, autant de bou<strong>le</strong>s qu'il faut. 1 Boulier Stchoty, grand modè<strong>le</strong> à 10 brochesdont chacune porte 10 bou<strong>le</strong>s. Inv. 17052-0000-3. Les bâtons de NeperEn 1617, l'Ang<strong>la</strong>is John Napier (1550-1617), éga<strong>le</strong>ment connu sous <strong>le</strong> nom deNeper, m<strong>et</strong> au point <strong>des</strong> bâtons mobi<strong>le</strong>squi perm<strong>et</strong>tent de réaliser rapidement <strong>des</strong>multiplications grâce à un codageastucieux <strong>des</strong> tab<strong>le</strong>s de Pythagore. Cf.fiche « bâtons de Neper ». Neper inventeéga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s logarithmes 2 communs avecson compatriote Henri Biggs.Faci<strong>le</strong>s à fabriquer <strong>et</strong> peu coûteux, <strong>le</strong>sbâtons de Neper furent popu<strong>la</strong>ires danstoute l’Europe pendant plus de 200 ans ! 1 Coffr<strong>et</strong> de 17 bâtons de Neper à 4 faces.Inv. 00799-0000- ; Coffr<strong>et</strong> de rou<strong>le</strong>aux népériensavec tab<strong>le</strong> d’addition, ca<strong>le</strong>ndriers, marées <strong>et</strong><strong>calcul</strong>s d’intérêt, 1720. Inv. 17042-0000-4. La règ<strong>le</strong> à calcu<strong>le</strong>rEn 1620, l'astronome <strong>et</strong> mathématicienang<strong>la</strong>is Edmund Gunter perfectionnel'invention de Neper, bloquant <strong>le</strong>s bâtonsde ce dernier sur une surface <strong>et</strong> réalisant de<strong>la</strong> sorte <strong>la</strong> première règ<strong>le</strong> à calcu<strong>le</strong>r. El<strong>le</strong>sera affinée par son compatriote HenryLeadb<strong>et</strong>ter.La règ<strong>le</strong> utilise <strong>la</strong> propriété <strong>des</strong>logarithmes, à savoir que <strong>le</strong> logarithmed’un produit est égal à <strong>la</strong> somme <strong>des</strong>logarithmes de chaque facteur du produit 3 .Une règ<strong>le</strong>, graduée en échel<strong>le</strong>logarithmique, perm<strong>et</strong> donc de transformer<strong>des</strong> multiplications en additions <strong>et</strong> <strong>des</strong>divisions en soustractions. El<strong>le</strong> fut utiliséeprincipa<strong>le</strong>ment par <strong>le</strong>s marins, mais étaitdiffici<strong>le</strong> d’emploi. Il fal<strong>la</strong>it utiliser uncompas pour trouver <strong>le</strong>s logarithmes <strong>des</strong>facteurs <strong>et</strong> accumu<strong>le</strong>r ces logarithmes.C’est ainsi que William Oughtred eut, peude temps après, l’idée de juxtaposer deuxrèg<strong>le</strong>s de Gunter se manœuvrant à l’aided’un piquoir.2 Logarithme népérien d'un nombre a, noté Log aou ln a- 3 -3 Log xy = log x + log y


<strong>Du</strong> <strong>doigt</strong> à <strong>la</strong> <strong>machine</strong>, <strong>le</strong> <strong>calcul</strong>En 1671, S<strong>et</strong>h Partridge imagine <strong>la</strong> règ<strong>le</strong> àcoulisse dont <strong>le</strong> principe a été maintenudans <strong>le</strong>s instruments de <strong>calcul</strong> <strong>le</strong>s plusrécents. Dès <strong>la</strong> fin du XVIII e sièc<strong>le</strong>, l’usagede <strong>la</strong> règ<strong>le</strong> à calcu<strong>le</strong>r se popu<strong>la</strong>riserapidement en Ang<strong>le</strong>terre. El<strong>le</strong> sera utiliséejusqu’à l’arrivée <strong>des</strong> premières calcu<strong>la</strong>tricesé<strong>le</strong>ctroniques du commerce dans <strong>le</strong>sannées 1970. 1 Règ<strong>le</strong> ang<strong>la</strong>ise de type ancien en bois <strong>et</strong><strong>la</strong>iton, 1671. Inv. 05559-0000- ; Rég<strong>le</strong>tte àadditionner graduée en sols <strong>et</strong> en deniers pouvantcalcu<strong>le</strong>r jusqu’au milliard, 1720. Caze. Inv. 00801-0001-LE PETIT JOURNALapparaissent dans <strong>des</strong> fentes p<strong>la</strong>cées au<strong>des</strong>sus<strong>des</strong> roues.Dans <strong>le</strong> contexte technique de l’époque, <strong>la</strong>« Pascaline » fait plutôt pâ<strong>le</strong> figure. L’idéede Pascal était très diffici<strong>le</strong> à réaliser.L’état de <strong>la</strong> technique <strong>et</strong> celui de <strong>la</strong> maind’œuvrene perm<strong>et</strong>taient pas <strong>la</strong> confectionde pièces avec <strong>la</strong> précision nécessaire.Mais <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion mécanique d’unprocessus était né ! La programmationn’est pas nouvel<strong>le</strong> puisqu’el<strong>le</strong> apparaîtavec <strong>le</strong>s rouages <strong>des</strong> horloges. Cependant,<strong>la</strong> <strong>machine</strong> arithmétique de Pascal sedistingue de ce mécanisme par <strong>la</strong>programmation de règ<strong>le</strong>s opératoires. Onconsidère sa <strong>machine</strong> comme étant <strong>le</strong>premier processeur d’information 4 .II- LES PREMIÈRESMACHINES MÉCANIQUESSi l'on fait abstraction du prototype deLéonard de Vinci très controversé, c'est auXVII e sièc<strong>le</strong> que <strong>la</strong> mécanisation du <strong>calcul</strong>numérique débute. Les <strong>calcul</strong>s devenaientde plus en plus nombreux <strong>et</strong> importants,particulièrement dans <strong>le</strong> domaine del'administration. C'est donc au cours de cesièc<strong>le</strong> que furent développées <strong>le</strong>s troispremières véritab<strong>le</strong>s <strong>machine</strong>s mécaniquesautomatisées de <strong>calcul</strong> numérique : cel<strong>le</strong>sde Wilhelm Schickard, de B<strong>la</strong>ise Pascal <strong>et</strong>de Gottfried Wilhelm Liebniz.1. La <strong>machine</strong> arithmétique de PascalB<strong>la</strong>ise Pascal (1623-1662) a commencéses recherches sur <strong>la</strong> <strong>machine</strong> arithmétiqueen 1642 à Rouen, pour aider son père,Etienne Pascal, alors chargé de rem<strong>et</strong>tre enordre <strong>le</strong>s rec<strong>et</strong>tes fisca<strong>le</strong>s de Normandie. Àl'âge de 19 ans, il invente une <strong>machine</strong>comportant un astucieux systèmed'engrenages. Cel<strong>le</strong>-ci perm<strong>et</strong> de réaliser<strong>des</strong> additions <strong>et</strong> <strong>des</strong> soustractions, parsimp<strong>le</strong> manipu<strong>la</strong>tion de six roues sur <strong>le</strong>couverc<strong>le</strong> d'une boîte oblongue de p<strong>et</strong>itedimension. Les sommes <strong>et</strong> <strong>le</strong>s différences- 4 -Le reporteur de PascalLa principa<strong>le</strong> caractéristique de c<strong>et</strong>te<strong>machine</strong> réside dans son reportautomatique <strong>des</strong> r<strong>et</strong>enues, dont <strong>le</strong> principeest fondé sur un dispositif mécaniquecomposé d'une série de roues dentéesnumérotées de 0 à 9, <strong>et</strong> reliées de tel<strong>le</strong>manière que <strong>la</strong> rotation complète de l'uned'el<strong>le</strong>s fait avancer <strong>la</strong> suivante d'un cran àl’aide d’un sautoir.4 Unité centra<strong>le</strong> d'un ordinateur capab<strong>le</strong> d'exécuter<strong>la</strong> séquence d'instructions du programme contenudans <strong>la</strong> mémoire


<strong>Du</strong> <strong>doigt</strong> à <strong>la</strong> <strong>machine</strong>, <strong>le</strong> <strong>calcul</strong>LE PETIT JOURNAL 1 Machine arithmétique de Pascal à 6 chiffres,1642. Inv. 00823-0001-2. La <strong>machine</strong> arithmétique à cylindresnépériens de Gril<strong>le</strong>tLa partie inférieure de c<strong>et</strong>te <strong>machine</strong>comporte 7 rou<strong>le</strong>aux népériens. Dans <strong>le</strong>couverc<strong>le</strong>, 24 cadrans disposés en 3rangées perm<strong>et</strong>tent <strong>le</strong>s additions sansdispositif de report <strong>des</strong> r<strong>et</strong>enues. Gril<strong>le</strong>tréussit une véritab<strong>le</strong> miniaturisation de sa<strong>machine</strong>. « La <strong>machine</strong> que j’ai inventén’a ni tambours, ni poids, ni c<strong>et</strong>te grandequantité de roues qu’on voit dans cel<strong>le</strong> deM. Pascal. On y fait l’addition en tournant<strong>le</strong>s roues dans un sens <strong>et</strong> <strong>la</strong> soustractionen <strong>le</strong>s tournant dans l’autre. Mais je ne mesuis pas contenté de faire faire à <strong>la</strong>mienne ce que faisait cel<strong>le</strong> de M. Pascal,j’ai trouvé <strong>le</strong> moyen d’y appliquer <strong>le</strong>s<strong>la</strong>mes de <strong>la</strong> tab<strong>le</strong> pythagorique pour servirà <strong>la</strong> manipu<strong>la</strong>tion <strong>et</strong> à <strong>la</strong> division. »3. La calcu<strong>la</strong>trice à étages de LeibnizL'Al<strong>le</strong>mand Gottfried Wilhelm Leibniz,qui admirait Pascal, reprit son invention.En 1671, il commence à <strong>la</strong> perfectionnerafin de <strong>la</strong> rendre capab<strong>le</strong> d'effectuer aussideux autres opérations arithmétiques debase, <strong>le</strong>s multiplications, par additionssuccessives, <strong>et</strong> <strong>le</strong>s divisions parsoustractions successives. Sa <strong>machine</strong> estexposée en 1694 à <strong>la</strong> Royal Soci<strong>et</strong>y deLondres. Sa <strong>machine</strong>, appelée « calcu<strong>la</strong>triceà étages », pouvait éga<strong>le</strong>mentextraire <strong>le</strong>s racines carrées. C’est donc <strong>la</strong>première calcu<strong>la</strong>trice capab<strong>le</strong> d'effectuertoutes <strong>le</strong>s opérations arithmétiquesélémentaires par <strong>des</strong> moyens purementmécaniques !Mais, contrairement à <strong>la</strong> <strong>machine</strong> dePascal, sa calcu<strong>la</strong>trice ne fut jamaiscommercialisée, même si un 2 e exemp<strong>la</strong>irefut produit en 1704. En fait, <strong>la</strong> <strong>machine</strong> deLeibniz n'a jamais fonctionné convenab<strong>le</strong>ment: ses mécanismes, beaucoup pluscomp<strong>le</strong>xes que ceux de <strong>la</strong> Pascaline, seheurtaient à de gran<strong>des</strong> difficultés defabrication, <strong>la</strong> mécanique horlogère n'ayantpas encore atteint à l'époque <strong>le</strong> haut degréde précision nécessaire au montage d'unecalcu<strong>la</strong>trice fiab<strong>le</strong> <strong>et</strong> robuste.La calcu<strong>la</strong>trice à étages de Leibniz 1 Machine arithmétique à cylindres népériensde Gril<strong>le</strong>t, horloger du roi Louis XIV, 1678.Inv. 00798-0001-Sur <strong>le</strong> p<strong>la</strong>n technique, Leibniz a apporté unnombre important de concepts nouveaux :un inscripteur perm<strong>et</strong>tant de poser unnombre avant de l'additionner, un viseur depose, un entraîneur, un chariot perm<strong>et</strong>tantl'addition <strong>et</strong> <strong>la</strong> soustraction en position- 5 -


<strong>Du</strong> <strong>doigt</strong> à <strong>la</strong> <strong>machine</strong>, <strong>le</strong> <strong>calcul</strong>fixe, <strong>la</strong> multiplication mobi<strong>le</strong> orientée vers<strong>la</strong> gauche, <strong>la</strong> division en position mobi<strong>le</strong>orientée vers <strong>la</strong> droite, un système d<strong>et</strong>ambours à dents de longueurs croissantescoulissant chacun sur son axe <strong>et</strong>remp<strong>la</strong>çant dix rouages indépendants, <strong>et</strong>c.La contribution de Leibniz estconsidérab<strong>le</strong>, puisqu'el<strong>le</strong> est à l'origine d<strong>et</strong>oute une lignée d'inventions qui se sontprolongées jusqu'au début du XX e sièc<strong>le</strong>.4. La <strong>machine</strong> arithmétique de LépineC<strong>et</strong>te <strong>machine</strong> à additions <strong>et</strong> soustractionsest semb<strong>la</strong>b<strong>le</strong> dans son principe à cel<strong>le</strong> dePascal. Mécaniquement, Lépine substituedans son additionneur <strong>des</strong> roues dentéesaux engrenages à <strong>la</strong>nterne utilisés parPascal. Les sautoirs assurant <strong>le</strong> report <strong>des</strong>dizaines sont remp<strong>la</strong>cés par un traind’engrenages comprenant une roue à uneseu<strong>le</strong> dent chargée de transm<strong>et</strong>tre <strong>le</strong>sr<strong>et</strong>enues. 1 Machine arithmétique de Lépine, 1725.Inv. 00801-III- ÉVOLUTION DES MACHINESMÉCANIQUESPendant plus d'un sièc<strong>le</strong>, on s'efforça, sansgrand succès, de réaliser <strong>des</strong> <strong>machine</strong>scommercia<strong>le</strong>s sur <strong>la</strong> base <strong>des</strong> inventions dePascal <strong>et</strong> Leibniz. Et, malgré denombreuses tentatives, <strong>le</strong>s <strong>machine</strong>s àcalcu<strong>le</strong>r ne s'imposèrent pas avant <strong>le</strong> XIX esièc<strong>le</strong> comme produit commercialisab<strong>le</strong>.Ne répondant pas à un besoin réel, el<strong>le</strong>ssont restées confinées dans <strong>le</strong>s mains demathématiciens <strong>et</strong> d'inventeurs, <strong>et</strong> n'ontjamais constitué que de simp<strong>le</strong>s obj<strong>et</strong>s decuriosité.Mais <strong>le</strong> XIX e sièc<strong>le</strong> est <strong>le</strong> témoin d'ungrand bou<strong>le</strong>versement, <strong>la</strong> révolutionindustriel<strong>le</strong> avec l'essor du commerce <strong>et</strong> <strong>le</strong>développement du mouvement bancaireinternational faisant prendre désormais auxévénements une tout autre tournure.Avec <strong>le</strong> besoin sans cesse grandissant d'undéveloppement du <strong>calcul</strong> mécanique, <strong>la</strong>nature <strong>des</strong> utilisateurs de <strong>machine</strong>s àLE PETIT JOURNALcalcu<strong>le</strong>r change en eff<strong>et</strong> de manièreradica<strong>le</strong>, passant dès lors d'une élitescientifique à un groupe social de plus enplus vaste <strong>et</strong> hétérogène.On souhaita donc à l'époque qu'unesolution mécanique fût trouvée d'urgencepour que <strong>le</strong>s <strong>calcul</strong>s se fissent <strong>le</strong> plusrapidement <strong>et</strong> <strong>le</strong> plus efficacementpossib<strong>le</strong>, avec un maximum de fiabilité <strong>et</strong>selon un coût minimal.Dans c<strong>et</strong>te course, <strong>la</strong> recherche s'orientaalors dans deux directions : l'une visant àperfectionner <strong>le</strong>s mécanismes ainsi qu'àsécuriser <strong>le</strong> dérou<strong>le</strong>ment <strong>des</strong> opérations ; <strong>et</strong>l'autre cherchant à automatiser aumaximum <strong>le</strong>s réf<strong>le</strong>xes de l'opérateurhumain, d’abord dans <strong>le</strong> but de réduire <strong>le</strong>temps de traitement <strong>des</strong> opérations, <strong>et</strong>ensuite pour m<strong>et</strong>tre l'emploi <strong>des</strong> <strong>machine</strong>sà calcu<strong>le</strong>r à <strong>la</strong> portée de tous. Ce n'estqu'en 1820 que <strong>le</strong>s premiers résultats deces recherches apparurent.1. La <strong>machine</strong> circu<strong>la</strong>ire de D. RothSon fonctionnement repose sur <strong>des</strong> rouesdentées à nombre variab<strong>le</strong> de dents. Eninscrivant chaque chiffre du nombre àmultiplier sur un <strong>des</strong> disques disposés vers<strong>le</strong> bord extérieur du boîtier circu<strong>la</strong>ire, onfait saillir un nombre égal de dents sur <strong>la</strong>roue correspondante. La multiplication sefait au moyen de <strong>la</strong> manivel<strong>le</strong> <strong>et</strong> <strong>le</strong> produitapparaît dans <strong>le</strong>s lucarnes de <strong>la</strong> partiecentra<strong>le</strong>. 2 Machine circu<strong>la</strong>ire de Didier Roth, 1841.Inv. 11315-0010-- 6 -


<strong>Du</strong> <strong>doigt</strong> à <strong>la</strong> <strong>machine</strong>, <strong>le</strong> <strong>calcul</strong>2. L’arithmomètre de Thomas deColmarSi <strong>la</strong> <strong>machine</strong> de Pascal est essentiel<strong>le</strong>mentune additionneuse, <strong>la</strong> <strong>machine</strong> de Thomasopère <strong>le</strong>s multiplications par additionssuccessives : on « pose » un nombre, puison <strong>le</strong> multiplie ou on <strong>le</strong> divise par <strong>des</strong>rotations successives de <strong>la</strong> manivel<strong>le</strong>. Lepremier modè<strong>le</strong> d’arithmomètre est achevéen 1822. C’est <strong>la</strong> première calcu<strong>la</strong>tricefabriquée en série pour <strong>le</strong>s industriels <strong>et</strong> <strong>le</strong>sfinanciers de l’époque.L’arithmomètre utilise l’organe mécaniquede <strong>la</strong> <strong>machine</strong> de Leibniz, <strong>le</strong> tambour à 9dents de longueurs inéga<strong>le</strong>s associé à unchariot perm<strong>et</strong>tant de dép<strong>la</strong>cer en bloc <strong>le</strong>multiplicande 5 .Ceci perm<strong>et</strong> de multiplier d’abord <strong>le</strong>nombre donné par <strong>le</strong> chiffre <strong>des</strong> unités,puis par celui <strong>des</strong> dizaines, <strong>des</strong> centaines,<strong>et</strong>c. en dép<strong>la</strong>çant l’ensemb<strong>le</strong> <strong>des</strong> disquesd’un rang, de deux rangs, <strong>et</strong>c.LE PETIT JOURNALAinsi, pour multiplier un nombre par 532,au lieu d’effectuer 532 tours de manivel<strong>le</strong>,on n’en effectue que 2 + 3 + 5 = 10.Pendant plus de 20 ans, Thomasperfectionne sa <strong>machine</strong>, autant pour enfaciliter <strong>la</strong> commercialisation que pour <strong>le</strong>snécessités de sa propre compagnie.C<strong>et</strong>te <strong>machine</strong> sera <strong>la</strong> seu<strong>le</strong> à êtreconstruite industriel<strong>le</strong>ment, jusqu’à <strong>la</strong> findu XIX e sièc<strong>le</strong> : près de 2000 exemp<strong>la</strong>iresavec de nombreux perfectionnements enfont <strong>la</strong> première <strong>machine</strong> d’usageréel<strong>le</strong>ment pratique dans <strong>des</strong> domainesd’applications divers : assurances, armée,cadastre, statistiques. Devenu chevalier,l’inventeur se fera appe<strong>le</strong>r Thomas deColmar.3. L’ArithmaurelInventé pour <strong>le</strong> <strong>calcul</strong> mécanique parT. Maurel <strong>et</strong> perfectionné par Jay<strong>et</strong>,l’Arithmaurel reprend <strong>le</strong> principe del’arithmomètre de Thomas de Colmar.C<strong>et</strong>te <strong>machine</strong> effectue <strong>le</strong>s multiplicationspar additions successives. L’arithmaurelne possède toutefois qu’un seul tambour àdents inéga<strong>le</strong>s qui agit sur <strong>des</strong> disquesgradués pour l’inscription du résultat.Origina<strong>le</strong> <strong>et</strong> très rapide, c<strong>et</strong>te <strong>machine</strong> futtoutefois handicapée par sa fragilité. 2 Arithmaurel de Maurel <strong>et</strong> Jay<strong>et</strong>, 1854. Inv.6709 3 Arithmomètre de Thomas de Colmar, 1890.Inv. 20306 ; Arithmomètre de T. de Colmar. Inv.91755 Le facteur qui est énoncé <strong>le</strong> premier dans unemultiplication.- 7 -


<strong>Du</strong> <strong>doigt</strong> à <strong>la</strong> <strong>machine</strong>, <strong>le</strong> <strong>calcul</strong>LE PETIT JOURNAL4. Le Comptom<strong>et</strong>erLe principe <strong>des</strong> <strong>machine</strong>s à calcu<strong>le</strong>r àtouches est dû à l’Américain E. Dorr Feltde Chicago (U.S.A). En 1887, il prend unbrev<strong>et</strong> pour un « Comptom<strong>et</strong>er », première<strong>machine</strong> à calcu<strong>le</strong>r, construite en série,avec un c<strong>la</strong>vier comp<strong>le</strong>t. Pour inscrire unchiffre, plus besoin d’effectuer <strong>des</strong> tours deroues comme dans <strong>le</strong>s <strong>machine</strong>s de typePascal, il suffit de presser <strong>la</strong> touche correspondante!Le Comptom<strong>et</strong>er effectue <strong>le</strong>s quatreopérations de base par répétition del’addition. En 1888, E. D. Felt ajoute unefonctionnalité à sa <strong>machine</strong> qui imprime<strong>le</strong>s nombres au fur <strong>et</strong> à mesure <strong>des</strong>inscriptions ainsi que <strong>le</strong> total du <strong>calcul</strong> aubas de <strong>la</strong> colonne.5. Les <strong>machine</strong>s à calcu<strong>le</strong>r de LéonBolléeC’est à 19 ans que Léon Bollée (1870-1913), fils d’Amédée Bollée, <strong>le</strong>constructeur de l’omnibus à vapeur« l’Obéissante », invente <strong>et</strong> construit unepremière <strong>machine</strong> arithmétique à multiplierdirectement. Sa <strong>machine</strong> utilise unematérialisation de <strong>la</strong> tab<strong>le</strong> de Pythagoresous <strong>la</strong> forme de chevil<strong>le</strong>s imp<strong>la</strong>ntées sur<strong>des</strong> p<strong>la</strong>ques métalliques. Ces chevil<strong>le</strong>sagissent sur <strong>des</strong> crémaillères quiconstituent l’organe multiplicateur. Untour de manivel<strong>le</strong> suffit pour réaliser uneopération contrairement aux <strong>machine</strong>sprocédant par additions répétées. 2 Machine à calcu<strong>le</strong>r de Léon Bollée, modè<strong>le</strong>de 1889 modifié en 1892. Inv. 11650-0001-Comptomètre de Felt <strong>et</strong> Tarrant, 1884. Inv. 14249-0001- (Réserves de Saint-Denis)La <strong>machine</strong> à calcu<strong>le</strong>r de Felt <strong>et</strong> Tarrantcomporte un c<strong>la</strong>vier se composant decolonnes de 9 touches de chiffres. « La<strong>machine</strong> fonctionne comme un piano, dont<strong>le</strong>s gammes seraient disposées en colonnesau lieu d’être p<strong>la</strong>cées <strong>le</strong>s unes à <strong>la</strong> suite<strong>des</strong> autres ». La pression sur une touchefait entrer immédiatement sa va<strong>le</strong>ur dansun totalisateur. Le report <strong>des</strong> dizaines dans<strong>la</strong> colonne voisine de gauche se fait par unressort accumu<strong>la</strong>teur d’énergie qui, ayantaccumulé <strong>le</strong>s unités, déc<strong>le</strong>nche <strong>le</strong> report.Sans cesse perfectionnées, <strong>le</strong>s <strong>machine</strong>s àtouches ont ensuite été dotées d’undispositif d’impression sur papier, puisé<strong>le</strong>ctrifiées. El<strong>le</strong>s survécurent jusqu’àl’arrivée <strong>des</strong> calcu<strong>le</strong>ttes é<strong>le</strong>ctroniques.La même année, Léon Bollée invente uneautre <strong>machine</strong> à calcu<strong>le</strong>r :l’arithmographe. Celui-ci comprend unadditionneur à crosses <strong>et</strong> une série derég<strong>le</strong>ttes, disposées en feuil<strong>le</strong>tssuperposés, qui perm<strong>et</strong> d’exécuter <strong>le</strong>smultiplications <strong>et</strong> <strong>le</strong>s divisions. On peutainsi effectuer toutes <strong>le</strong>s opérationsfondamenta<strong>le</strong>s de l’arithmétique, ycompris l’extraction <strong>des</strong> racines carrées.C<strong>et</strong> appareil ne comporte pas de dispositifmécanique, mais assemb<strong>le</strong> <strong>des</strong> instrumentsd’aide au <strong>calcul</strong>.- 8 -


<strong>Du</strong> <strong>doigt</strong> à <strong>la</strong> <strong>machine</strong>, <strong>le</strong> <strong>calcul</strong>LE PETIT JOURNAL 2 Arithmographe de Léon Bollée, 1889.Inv. 12582-6. La <strong>machine</strong> différentiel<strong>le</strong> de BabbageLe mathématicien ang<strong>la</strong>is Char<strong>le</strong>s Babbages'est attaqué au problème de <strong>la</strong> rapiditéavec, comme objectif, de fabriquer une<strong>machine</strong> de <strong>calcul</strong> qui combine <strong>le</strong>sfonctions arithmétiques, comme cel<strong>le</strong>s dePascal <strong>et</strong> de Leibniz, <strong>et</strong> <strong>le</strong>s fonctionslogiques. Sa <strong>machine</strong> devait donc prendre<strong>des</strong> décisions en fonction <strong>des</strong> résultats.Proj<strong>et</strong> formidab<strong>le</strong> pour l'époque, puisqu'ilimpliquait <strong>la</strong> combinaison de deux types de<strong>machine</strong>s, <strong>la</strong> numérique <strong>et</strong> l'analytique 6 , enmême temps que l'association de deuxtypes de fonctions. Pour ce<strong>la</strong>, Babbageutilisa <strong>la</strong> technique <strong>des</strong> cartes perforées,<strong>la</strong>rgement utilisée dans <strong>le</strong>s métiers à tisser,pour l'introduction <strong>des</strong> données. Les autresopérations étaient réalisées par l'entremised'engrenages <strong>et</strong> de <strong>le</strong>viers.Babbage rendait hommage au génie deVaucanson, promoteur de <strong>la</strong>programmation par cartes perforées <strong>et</strong> sesituait donc au carrefour del'automatisation 7 , qui devait plus tarddevenir l'automation 8 , <strong>et</strong> du <strong>calcul</strong>mécanique. Babbage exposa un prototypede sa première <strong>machine</strong> en 1822, cel<strong>le</strong> qu'i<strong>la</strong>ppe<strong>la</strong> <strong>la</strong> « <strong>machine</strong> différentiel<strong>le</strong> ».Authentique génie, il n'arriva cependantpas au terme de ces recherches, faute d'uncapital financier <strong>et</strong> technique suffisant. Sa6 Qui appartient à l'analyse.7 Emploi de <strong>machine</strong>s, d'automatismes pour <strong>la</strong>réalisation d'un processus.8 Fonctionnement automatique d'un ensemb<strong>le</strong>productif, sous <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> d'un programme unique.- 9 -<strong>machine</strong> ne fut construite que dans <strong>le</strong>sannées 1970.Au milieu du XIX e sièc<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s idéesmaîtresses de <strong>la</strong> <strong>machine</strong> à calcu<strong>le</strong>r, qu'onal<strong>la</strong>it bien plus tard appe<strong>le</strong>r « ordinateur »,étaient tracées par Pascal, concepteur del'infrastructure mécanique, Leibniz, qui aporté <strong>le</strong>s capacités de <strong>la</strong> <strong>machine</strong> de Pascal,limités au comptage, au niveau <strong>des</strong>opérations arithmétiques demultiplications, divisions <strong>et</strong> extractions <strong>des</strong>racines carrées, Vaucanson, inventeur <strong>des</strong>programmes sur cartes perforées, Babbage,inventeur de <strong>la</strong> <strong>machine</strong> analytique <strong>et</strong> parl'Ang<strong>la</strong>is George Boo<strong>le</strong> qui a créé l'algèbre<strong>et</strong> inventé <strong>le</strong> <strong>la</strong>ngage binaire.IV- LES MACHINESÉLECTROMÉCANIQUESUne <strong>des</strong> étapes importantes dans l’évolution<strong>des</strong> <strong>machine</strong>s de <strong>calcul</strong> est <strong>le</strong> passage<strong>des</strong> <strong>machine</strong>s purement mécaniques aux<strong>machine</strong>s qui intègrent <strong>des</strong> circuitsé<strong>le</strong>ctriques pour <strong>la</strong> réalisation de <strong>le</strong>ursopérations. C<strong>et</strong>te intégration a été progressive,<strong>le</strong>s premières <strong>machine</strong>s combinanté<strong>le</strong>ctricité <strong>et</strong> mouvements mécaniques.En 1880, grâce à l'Américain HermannHol<strong>le</strong>rith, <strong>la</strong> <strong>machine</strong> à calcu<strong>le</strong>r numériquefait son entrée officiel<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>sadministrations. Spécialiste <strong>des</strong> étu<strong>des</strong>statistiques, Hol<strong>le</strong>rith perfectionne <strong>le</strong>principe <strong>des</strong> cartes perforées <strong>et</strong> réalise une<strong>machine</strong> qui perm<strong>et</strong> d'établir <strong>des</strong>recensements de popu<strong>la</strong>tion trois fois plusvite qu'auparavant. Chaque carte pouvaiten eff<strong>et</strong> porter seize nombres à cinqchiffres ou huit nombres à dix chiffres.Grâce à c<strong>et</strong>te <strong>machine</strong>, l’administrationaméricaine pu révé<strong>le</strong>r, six semainesseu<strong>le</strong>ment après <strong>le</strong> recensement de 1890, <strong>le</strong>nombre d’habitants <strong>des</strong> Etats-Unis. Lamécanographie était née <strong>et</strong> el<strong>le</strong> al<strong>la</strong>its’étendre rapidement aux firmescommercia<strong>le</strong>s <strong>et</strong> industriel<strong>le</strong>s <strong>et</strong> auxadministrations. C<strong>et</strong>te <strong>machine</strong> servitnotamment de point de départ à <strong>la</strong> futurecompagnie.


<strong>Du</strong> <strong>doigt</strong> à <strong>la</strong> <strong>machine</strong>, <strong>le</strong> <strong>calcul</strong>V- LES MACHINESÉLECTRONIQUESLa première tentative de construction d'uncalcu<strong>la</strong>teur au fonctionnement é<strong>le</strong>ctroniqueest due à un professeur de physique <strong>et</strong> demathématiques de l'Iowa State Col<strong>le</strong>ge,John Vincent Atanasoff, <strong>et</strong> à un de sesétudiants, Clifford Berry. Le proj<strong>et</strong> a étéconçu par Atanasoff entre 1937 <strong>et</strong> 1939. Lecalcu<strong>la</strong>teur travail<strong>la</strong>it en binaire 9 , systèmesimp<strong>le</strong> <strong>et</strong> fiab<strong>le</strong>, <strong>et</strong> disposait d'une mémoireà condensateurs. Hé<strong>la</strong>s, <strong>le</strong> manque d'intérêt<strong>et</strong> de financement de <strong>la</strong> part de l'universitéa forcé <strong>le</strong>s deux hommes à construire une<strong>machine</strong> limitée en puissance. Le proj<strong>et</strong>prit fin au printemps de l’année 1942.1. L’E<strong>le</strong>ctronic Numerator, Integrator,Analyser and Computer (ENIAC)En 1935, l'armée américaine crée son<strong>la</strong>boratoire de recherche balistique. Lelieutenant Hermann Heine Goldstine estchargé de trouver <strong>des</strong> moyens d’accélérer<strong>le</strong> <strong>calcul</strong> <strong>des</strong> tab<strong>le</strong>s de tir, pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s ilétait nécessaire de calcu<strong>le</strong>r 2000 à 4000trajectoires. Chacune de ces trajectoiresnécessitait près de 700 multiplications. En1943, il rencontre John Mauchly,professeur de physique au Ursinus Col<strong>le</strong>ge,qui a rédigé un mémoire sur un calcu<strong>la</strong>teuré<strong>le</strong>ctronique prom<strong>et</strong>tant <strong>des</strong> performancesremarquab<strong>le</strong>s. La construction d'une<strong>machine</strong> à calcu<strong>le</strong>r é<strong>le</strong>ctroniques’amorçait : <strong>le</strong> proj<strong>et</strong> secr<strong>et</strong> de l'ENIAC(E<strong>le</strong>ctronic Numerator, Integrator,Analyser and Computer). Mauchly futnommé conseil<strong>le</strong>r principal du proj<strong>et</strong> <strong>et</strong>Presper Eckert, un étudiant de <strong>la</strong> MooreSchool en fut l'ingénieur en chef. La<strong>machine</strong> fut terminée vers <strong>la</strong> fin de 1945,après <strong>la</strong> guerre, <strong>et</strong> el<strong>le</strong> fut utilisée jusqu'enoctobre 1955. Le terme d’ « ordinateur »ne peut véritab<strong>le</strong>ment s'appliquer àl'ENIAC, car il n'était qu'une réalisationé<strong>le</strong>ctronique d'une <strong>machine</strong> à calcu<strong>le</strong>rmécanique. L'ENIAC travail<strong>la</strong>it même enLE PETIT JOURNALbase 10 plutôt qu'en binaire, grâce à <strong>des</strong>assemb<strong>la</strong>ges é<strong>le</strong>ctroniques appelésdéca<strong>des</strong> ! Cependant, <strong>la</strong> plus grandefaib<strong>le</strong>sse de l'ENIAC était <strong>le</strong> fait qu'iln'utilisait pas d'enregistrement interne <strong>des</strong>programmes. Par conséquent, <strong>la</strong> réexécutiond'un programme ou d'une de sesparties nécessitait <strong>la</strong> réintroduction manuel<strong>le</strong><strong>des</strong> cartes correspondantes.2. Manchester Mark 1Le premier ordinateur à avoir fonctionnéest <strong>le</strong> Manchester Mark 1. Le proj<strong>et</strong>démarre en 1946 sous <strong>la</strong> direction de MaxNewmann, professeur de mathématiques àl'université de Manchester. C<strong>et</strong>te <strong>machine</strong>porte <strong>le</strong> nom d’ordinateur en raison de samémoire interne, conçue par F.C. Williams,composée de tubes cathodiques,déjà utilisés à l'époque pour <strong>la</strong> génération<strong>des</strong> images télévisées. Dans c<strong>et</strong>te mémoire,<strong>le</strong>s bits 10 sont mémorisés simp<strong>le</strong>ment par<strong>des</strong> points lumineux apparaissant sur unécran.3. Calcu<strong>la</strong>trice é<strong>le</strong>ctronique de pocheLa première calcu<strong>la</strong>trice é<strong>le</strong>ctronique depoche fut mise au point par <strong>le</strong>s AméricainsJ.S. Kilby, J.D. Merryman <strong>et</strong> J.H.VanTassel, de Texas Instruments en 1972, <strong>le</strong>brev<strong>et</strong> fut accordé en 1978. Hew<strong>le</strong>tt-Packard commercialisa <strong>le</strong>s premièrescalcu<strong>la</strong>trices programmab<strong>le</strong>s en 1976.VI- LES SUPERORDINATEURSÀ <strong>la</strong> fin <strong>des</strong> années 50, quatre superordinateurssont construits dans <strong>le</strong> monde :<strong>le</strong> Ferranti At<strong>la</strong>s, <strong>le</strong> Gamma 60 de Bull,l’Univac LARC <strong>et</strong> l’IBM 7030 « Str<strong>et</strong>ch ».Le nom même de c<strong>et</strong>te dernière <strong>machine</strong>symbolise une course à <strong>la</strong> puissance,puisqu’il s’agit d’étendre (to str<strong>et</strong>ch enang<strong>la</strong>is), de repousser <strong>le</strong>s limites <strong>des</strong>performances <strong>des</strong> <strong>machine</strong>s.9 Système binaire : code binaire d'une <strong>machine</strong>n'utilisant que deux symbo<strong>le</strong>s (1 <strong>et</strong> 0) correspondantà deux états d'une cellu<strong>le</strong> é<strong>le</strong>ctrique.- 10 -10 Unité élémentaire d'information pouvant prendredeux va<strong>le</strong>urs distinctes, notées 0 <strong>et</strong> 1.


<strong>Du</strong> <strong>doigt</strong> à <strong>la</strong> <strong>machine</strong>, <strong>le</strong> <strong>calcul</strong>LE PETIT JOURNALLes quatre proj<strong>et</strong>s constituent à <strong>la</strong> fois <strong>des</strong>échecs commerciaux <strong>et</strong> <strong>des</strong> expériencesriches d’enseignements. IBM en tire <strong>le</strong>sprincipes qui feront <strong>le</strong> succès de sa série360.En 1957, l’ingénieur américain SeymourCray (1925-1996) m<strong>et</strong> au point <strong>le</strong> premierordinateur fonctionnant à base d<strong>et</strong>ransistors. Il fonde Cray Research Inc. en1972 pour développer <strong>la</strong> nouvel<strong>le</strong>conception de supercalcu<strong>la</strong>teurs. Le Cray-1est commercialisé en 1976.Second d’une lignée mémorab<strong>le</strong> <strong>des</strong>uperordinateurs, <strong>le</strong> Cray-2 a été mis aupoint pour traiter d’énormes quantités dedonnées, réc<strong>la</strong>mant donc une puissance de<strong>calcul</strong> considérab<strong>le</strong>. Sur <strong>la</strong> série de trenteCray-2 livrés dans <strong>le</strong> monde à partir de1985, quatorze <strong>machine</strong>s étaient encore enservice dix ans plus tard.Si <strong>le</strong> Cray-2 mérite <strong>le</strong> titre de calcu<strong>la</strong>teur <strong>le</strong>plus puissant du monde, c’est qu’il utilise<strong>le</strong> <strong>calcul</strong> vectoriel 11 . Dans ce type de<strong>machine</strong>, une seu<strong>le</strong> instruction provoqueune cascade de <strong>calcul</strong>s, effectuéssimultanément par plusieurs processeurstravail<strong>la</strong>nt à très grande vitesse pourl’époque (243 MHz). Pour dissiper <strong>la</strong>cha<strong>le</strong>ur produite, <strong>le</strong>s vingt-quatre modu<strong>le</strong>sé<strong>le</strong>ctroniques de l’unité de <strong>calcul</strong> baignentdans un liquide hautement iso<strong>la</strong>nt, dufluorocarbone, constamment refroidi. 4 Supercalcu<strong>la</strong>teur Cray-2, 1985.Inv. 43964-0000-Les Cray ont permis de faire progresser <strong>la</strong>recherche en dynamique <strong>des</strong> flui<strong>des</strong>, enocéanographie ou en modélisations11 Étude <strong>des</strong> opérations que l'on peut effectuer sur<strong>le</strong>s vecteurs.- 11 -mathématiques. Les Cray-2, puis <strong>le</strong>s CrayX-MP, se sont notamment illustrés avecsuccès dans <strong>la</strong> prévision météorologique.CONCLUSIONAujourd’hui, différents instrumentsperm<strong>et</strong>tent de faire <strong>des</strong> <strong>calcul</strong>s simp<strong>le</strong>s,qu’il s’agisse de <strong>le</strong>ur utilisation première(calcu<strong>la</strong>trice de poche) ou d’une fonction« gadg<strong>et</strong> » ajoutée à <strong>le</strong>ur fonction première(montre calcu<strong>la</strong>trice, téléphone portab<strong>le</strong>).D’autres <strong>machine</strong>s, sco<strong>la</strong>ires (calcu<strong>la</strong>triceprogrammab<strong>le</strong>) ou professionnel<strong>le</strong>s(ordinateur) visent au contraire à faire <strong>des</strong><strong>calcul</strong>s compliqués.Le concept essentiel dans l’invention del’ordinateur n’est pas l’adoption du<strong>la</strong>ngage binaire mais bien <strong>le</strong> programmeenregistré. En un demi-sièc<strong>le</strong>, l’informatiquea connu un intense perfectionnementtechnique, affectant principa<strong>le</strong>ment<strong>le</strong>s composants é<strong>le</strong>ctroniques. Mais, dans<strong>le</strong>urs principes, <strong>le</strong>s outils informatiquesactuels restent très proches du premierordinateur mis au point en 1945 : <strong>des</strong>unités d’entrée <strong>et</strong> de sortie, une unitécentra<strong>le</strong> de <strong>calcul</strong>, une mémoire <strong>et</strong> unprogramme qui marque <strong>la</strong> rupture avec <strong>le</strong>scalcu<strong>la</strong>trices mécaniques ou é<strong>le</strong>ctriques.Rédaction : V. PerezPhotos : © Musée <strong>des</strong> <strong>arts</strong> <strong>et</strong>métiers/Cnam, S. Pelly.Illustrations : Serge PicardSources :L’album du Musée <strong>des</strong> <strong>arts</strong> <strong>et</strong> métiers,cédérom, CNAM, 1994Jean Rosmorduc, Chronologie <strong>des</strong> sciences<strong>et</strong> <strong>des</strong> techniques, Paris, CDRP, 1997,46 p.Richard P<strong>la</strong>tt, Inventions : une chronologievisuel<strong>le</strong>. De <strong>la</strong> pierre taillée aux satellites<strong>et</strong> aux ordinateurs, Seuil, 1995, 64 p.F<strong>la</strong>sh Museum <strong>et</strong> cartels du Musée <strong>des</strong> <strong>arts</strong><strong>et</strong> métiersEncyclopaedia Universalis en lignehttp://www.universalis-edu.com/

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