<strong>Du</strong> <strong>doigt</strong> à <strong>la</strong> <strong>machine</strong>, <strong>le</strong> <strong>calcul</strong>LE PETIT JOURNAL4. Le Comptom<strong>et</strong>erLe principe <strong>des</strong> <strong>machine</strong>s à calcu<strong>le</strong>r àtouches est dû à l’Américain E. Dorr Feltde Chicago (U.S.A). En 1887, il prend unbrev<strong>et</strong> pour un « Comptom<strong>et</strong>er », première<strong>machine</strong> à calcu<strong>le</strong>r, construite en série,avec un c<strong>la</strong>vier comp<strong>le</strong>t. Pour inscrire unchiffre, plus besoin d’effectuer <strong>des</strong> tours deroues comme dans <strong>le</strong>s <strong>machine</strong>s de typePascal, il suffit de presser <strong>la</strong> touche correspondante!Le Comptom<strong>et</strong>er effectue <strong>le</strong>s quatreopérations de base par répétition del’addition. En 1888, E. D. Felt ajoute unefonctionnalité à sa <strong>machine</strong> qui imprime<strong>le</strong>s nombres au fur <strong>et</strong> à mesure <strong>des</strong>inscriptions ainsi que <strong>le</strong> total du <strong>calcul</strong> aubas de <strong>la</strong> colonne.5. Les <strong>machine</strong>s à calcu<strong>le</strong>r de LéonBolléeC’est à 19 ans que Léon Bollée (1870-1913), fils d’Amédée Bollée, <strong>le</strong>constructeur de l’omnibus à vapeur« l’Obéissante », invente <strong>et</strong> construit unepremière <strong>machine</strong> arithmétique à multiplierdirectement. Sa <strong>machine</strong> utilise unematérialisation de <strong>la</strong> tab<strong>le</strong> de Pythagoresous <strong>la</strong> forme de chevil<strong>le</strong>s imp<strong>la</strong>ntées sur<strong>des</strong> p<strong>la</strong>ques métalliques. Ces chevil<strong>le</strong>sagissent sur <strong>des</strong> crémaillères quiconstituent l’organe multiplicateur. Untour de manivel<strong>le</strong> suffit pour réaliser uneopération contrairement aux <strong>machine</strong>sprocédant par additions répétées. 2 Machine à calcu<strong>le</strong>r de Léon Bollée, modè<strong>le</strong>de 1889 modifié en 1892. Inv. 11650-0001-Comptomètre de Felt <strong>et</strong> Tarrant, 1884. Inv. 14249-0001- (Réserves de Saint-Denis)La <strong>machine</strong> à calcu<strong>le</strong>r de Felt <strong>et</strong> Tarrantcomporte un c<strong>la</strong>vier se composant decolonnes de 9 touches de chiffres. « La<strong>machine</strong> fonctionne comme un piano, dont<strong>le</strong>s gammes seraient disposées en colonnesau lieu d’être p<strong>la</strong>cées <strong>le</strong>s unes à <strong>la</strong> suite<strong>des</strong> autres ». La pression sur une touchefait entrer immédiatement sa va<strong>le</strong>ur dansun totalisateur. Le report <strong>des</strong> dizaines dans<strong>la</strong> colonne voisine de gauche se fait par unressort accumu<strong>la</strong>teur d’énergie qui, ayantaccumulé <strong>le</strong>s unités, déc<strong>le</strong>nche <strong>le</strong> report.Sans cesse perfectionnées, <strong>le</strong>s <strong>machine</strong>s àtouches ont ensuite été dotées d’undispositif d’impression sur papier, puisé<strong>le</strong>ctrifiées. El<strong>le</strong>s survécurent jusqu’àl’arrivée <strong>des</strong> calcu<strong>le</strong>ttes é<strong>le</strong>ctroniques.La même année, Léon Bollée invente uneautre <strong>machine</strong> à calcu<strong>le</strong>r :l’arithmographe. Celui-ci comprend unadditionneur à crosses <strong>et</strong> une série derég<strong>le</strong>ttes, disposées en feuil<strong>le</strong>tssuperposés, qui perm<strong>et</strong> d’exécuter <strong>le</strong>smultiplications <strong>et</strong> <strong>le</strong>s divisions. On peutainsi effectuer toutes <strong>le</strong>s opérationsfondamenta<strong>le</strong>s de l’arithmétique, ycompris l’extraction <strong>des</strong> racines carrées.C<strong>et</strong> appareil ne comporte pas de dispositifmécanique, mais assemb<strong>le</strong> <strong>des</strong> instrumentsd’aide au <strong>calcul</strong>.- 8 -
<strong>Du</strong> <strong>doigt</strong> à <strong>la</strong> <strong>machine</strong>, <strong>le</strong> <strong>calcul</strong>LE PETIT JOURNAL 2 Arithmographe de Léon Bollée, 1889.Inv. 12582-6. La <strong>machine</strong> différentiel<strong>le</strong> de BabbageLe mathématicien ang<strong>la</strong>is Char<strong>le</strong>s Babbages'est attaqué au problème de <strong>la</strong> rapiditéavec, comme objectif, de fabriquer une<strong>machine</strong> de <strong>calcul</strong> qui combine <strong>le</strong>sfonctions arithmétiques, comme cel<strong>le</strong>s dePascal <strong>et</strong> de Leibniz, <strong>et</strong> <strong>le</strong>s fonctionslogiques. Sa <strong>machine</strong> devait donc prendre<strong>des</strong> décisions en fonction <strong>des</strong> résultats.Proj<strong>et</strong> formidab<strong>le</strong> pour l'époque, puisqu'ilimpliquait <strong>la</strong> combinaison de deux types de<strong>machine</strong>s, <strong>la</strong> numérique <strong>et</strong> l'analytique 6 , enmême temps que l'association de deuxtypes de fonctions. Pour ce<strong>la</strong>, Babbageutilisa <strong>la</strong> technique <strong>des</strong> cartes perforées,<strong>la</strong>rgement utilisée dans <strong>le</strong>s métiers à tisser,pour l'introduction <strong>des</strong> données. Les autresopérations étaient réalisées par l'entremised'engrenages <strong>et</strong> de <strong>le</strong>viers.Babbage rendait hommage au génie deVaucanson, promoteur de <strong>la</strong>programmation par cartes perforées <strong>et</strong> sesituait donc au carrefour del'automatisation 7 , qui devait plus tarddevenir l'automation 8 , <strong>et</strong> du <strong>calcul</strong>mécanique. Babbage exposa un prototypede sa première <strong>machine</strong> en 1822, cel<strong>le</strong> qu'i<strong>la</strong>ppe<strong>la</strong> <strong>la</strong> « <strong>machine</strong> différentiel<strong>le</strong> ».Authentique génie, il n'arriva cependantpas au terme de ces recherches, faute d'uncapital financier <strong>et</strong> technique suffisant. Sa6 Qui appartient à l'analyse.7 Emploi de <strong>machine</strong>s, d'automatismes pour <strong>la</strong>réalisation d'un processus.8 Fonctionnement automatique d'un ensemb<strong>le</strong>productif, sous <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> d'un programme unique.- 9 -<strong>machine</strong> ne fut construite que dans <strong>le</strong>sannées 1970.Au milieu du XIX e sièc<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s idéesmaîtresses de <strong>la</strong> <strong>machine</strong> à calcu<strong>le</strong>r, qu'onal<strong>la</strong>it bien plus tard appe<strong>le</strong>r « ordinateur »,étaient tracées par Pascal, concepteur del'infrastructure mécanique, Leibniz, qui aporté <strong>le</strong>s capacités de <strong>la</strong> <strong>machine</strong> de Pascal,limités au comptage, au niveau <strong>des</strong>opérations arithmétiques demultiplications, divisions <strong>et</strong> extractions <strong>des</strong>racines carrées, Vaucanson, inventeur <strong>des</strong>programmes sur cartes perforées, Babbage,inventeur de <strong>la</strong> <strong>machine</strong> analytique <strong>et</strong> parl'Ang<strong>la</strong>is George Boo<strong>le</strong> qui a créé l'algèbre<strong>et</strong> inventé <strong>le</strong> <strong>la</strong>ngage binaire.IV- LES MACHINESÉLECTROMÉCANIQUESUne <strong>des</strong> étapes importantes dans l’évolution<strong>des</strong> <strong>machine</strong>s de <strong>calcul</strong> est <strong>le</strong> passage<strong>des</strong> <strong>machine</strong>s purement mécaniques aux<strong>machine</strong>s qui intègrent <strong>des</strong> circuitsé<strong>le</strong>ctriques pour <strong>la</strong> réalisation de <strong>le</strong>ursopérations. C<strong>et</strong>te intégration a été progressive,<strong>le</strong>s premières <strong>machine</strong>s combinanté<strong>le</strong>ctricité <strong>et</strong> mouvements mécaniques.En 1880, grâce à l'Américain HermannHol<strong>le</strong>rith, <strong>la</strong> <strong>machine</strong> à calcu<strong>le</strong>r numériquefait son entrée officiel<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>sadministrations. Spécialiste <strong>des</strong> étu<strong>des</strong>statistiques, Hol<strong>le</strong>rith perfectionne <strong>le</strong>principe <strong>des</strong> cartes perforées <strong>et</strong> réalise une<strong>machine</strong> qui perm<strong>et</strong> d'établir <strong>des</strong>recensements de popu<strong>la</strong>tion trois fois plusvite qu'auparavant. Chaque carte pouvaiten eff<strong>et</strong> porter seize nombres à cinqchiffres ou huit nombres à dix chiffres.Grâce à c<strong>et</strong>te <strong>machine</strong>, l’administrationaméricaine pu révé<strong>le</strong>r, six semainesseu<strong>le</strong>ment après <strong>le</strong> recensement de 1890, <strong>le</strong>nombre d’habitants <strong>des</strong> Etats-Unis. Lamécanographie était née <strong>et</strong> el<strong>le</strong> al<strong>la</strong>its’étendre rapidement aux firmescommercia<strong>le</strong>s <strong>et</strong> industriel<strong>le</strong>s <strong>et</strong> auxadministrations. C<strong>et</strong>te <strong>machine</strong> servitnotamment de point de départ à <strong>la</strong> futurecompagnie.