<strong>Du</strong> <strong>doigt</strong> à <strong>la</strong> <strong>machine</strong>, <strong>le</strong> <strong>calcul</strong>V- LES MACHINESÉLECTRONIQUESLa première tentative de construction d'uncalcu<strong>la</strong>teur au fonctionnement é<strong>le</strong>ctroniqueest due à un professeur de physique <strong>et</strong> demathématiques de l'Iowa State Col<strong>le</strong>ge,John Vincent Atanasoff, <strong>et</strong> à un de sesétudiants, Clifford Berry. Le proj<strong>et</strong> a étéconçu par Atanasoff entre 1937 <strong>et</strong> 1939. Lecalcu<strong>la</strong>teur travail<strong>la</strong>it en binaire 9 , systèmesimp<strong>le</strong> <strong>et</strong> fiab<strong>le</strong>, <strong>et</strong> disposait d'une mémoireà condensateurs. Hé<strong>la</strong>s, <strong>le</strong> manque d'intérêt<strong>et</strong> de financement de <strong>la</strong> part de l'universitéa forcé <strong>le</strong>s deux hommes à construire une<strong>machine</strong> limitée en puissance. Le proj<strong>et</strong>prit fin au printemps de l’année 1942.1. L’E<strong>le</strong>ctronic Numerator, Integrator,Analyser and Computer (ENIAC)En 1935, l'armée américaine crée son<strong>la</strong>boratoire de recherche balistique. Lelieutenant Hermann Heine Goldstine estchargé de trouver <strong>des</strong> moyens d’accélérer<strong>le</strong> <strong>calcul</strong> <strong>des</strong> tab<strong>le</strong>s de tir, pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s ilétait nécessaire de calcu<strong>le</strong>r 2000 à 4000trajectoires. Chacune de ces trajectoiresnécessitait près de 700 multiplications. En1943, il rencontre John Mauchly,professeur de physique au Ursinus Col<strong>le</strong>ge,qui a rédigé un mémoire sur un calcu<strong>la</strong>teuré<strong>le</strong>ctronique prom<strong>et</strong>tant <strong>des</strong> performancesremarquab<strong>le</strong>s. La construction d'une<strong>machine</strong> à calcu<strong>le</strong>r é<strong>le</strong>ctroniques’amorçait : <strong>le</strong> proj<strong>et</strong> secr<strong>et</strong> de l'ENIAC(E<strong>le</strong>ctronic Numerator, Integrator,Analyser and Computer). Mauchly futnommé conseil<strong>le</strong>r principal du proj<strong>et</strong> <strong>et</strong>Presper Eckert, un étudiant de <strong>la</strong> MooreSchool en fut l'ingénieur en chef. La<strong>machine</strong> fut terminée vers <strong>la</strong> fin de 1945,après <strong>la</strong> guerre, <strong>et</strong> el<strong>le</strong> fut utilisée jusqu'enoctobre 1955. Le terme d’ « ordinateur »ne peut véritab<strong>le</strong>ment s'appliquer àl'ENIAC, car il n'était qu'une réalisationé<strong>le</strong>ctronique d'une <strong>machine</strong> à calcu<strong>le</strong>rmécanique. L'ENIAC travail<strong>la</strong>it même enLE PETIT JOURNALbase 10 plutôt qu'en binaire, grâce à <strong>des</strong>assemb<strong>la</strong>ges é<strong>le</strong>ctroniques appelésdéca<strong>des</strong> ! Cependant, <strong>la</strong> plus grandefaib<strong>le</strong>sse de l'ENIAC était <strong>le</strong> fait qu'iln'utilisait pas d'enregistrement interne <strong>des</strong>programmes. Par conséquent, <strong>la</strong> réexécutiond'un programme ou d'une de sesparties nécessitait <strong>la</strong> réintroduction manuel<strong>le</strong><strong>des</strong> cartes correspondantes.2. Manchester Mark 1Le premier ordinateur à avoir fonctionnéest <strong>le</strong> Manchester Mark 1. Le proj<strong>et</strong>démarre en 1946 sous <strong>la</strong> direction de MaxNewmann, professeur de mathématiques àl'université de Manchester. C<strong>et</strong>te <strong>machine</strong>porte <strong>le</strong> nom d’ordinateur en raison de samémoire interne, conçue par F.C. Williams,composée de tubes cathodiques,déjà utilisés à l'époque pour <strong>la</strong> génération<strong>des</strong> images télévisées. Dans c<strong>et</strong>te mémoire,<strong>le</strong>s bits 10 sont mémorisés simp<strong>le</strong>ment par<strong>des</strong> points lumineux apparaissant sur unécran.3. Calcu<strong>la</strong>trice é<strong>le</strong>ctronique de pocheLa première calcu<strong>la</strong>trice é<strong>le</strong>ctronique depoche fut mise au point par <strong>le</strong>s AméricainsJ.S. Kilby, J.D. Merryman <strong>et</strong> J.H.VanTassel, de Texas Instruments en 1972, <strong>le</strong>brev<strong>et</strong> fut accordé en 1978. Hew<strong>le</strong>tt-Packard commercialisa <strong>le</strong>s premièrescalcu<strong>la</strong>trices programmab<strong>le</strong>s en 1976.VI- LES SUPERORDINATEURSÀ <strong>la</strong> fin <strong>des</strong> années 50, quatre superordinateurssont construits dans <strong>le</strong> monde :<strong>le</strong> Ferranti At<strong>la</strong>s, <strong>le</strong> Gamma 60 de Bull,l’Univac LARC <strong>et</strong> l’IBM 7030 « Str<strong>et</strong>ch ».Le nom même de c<strong>et</strong>te dernière <strong>machine</strong>symbolise une course à <strong>la</strong> puissance,puisqu’il s’agit d’étendre (to str<strong>et</strong>ch enang<strong>la</strong>is), de repousser <strong>le</strong>s limites <strong>des</strong>performances <strong>des</strong> <strong>machine</strong>s.9 Système binaire : code binaire d'une <strong>machine</strong>n'utilisant que deux symbo<strong>le</strong>s (1 <strong>et</strong> 0) correspondantà deux états d'une cellu<strong>le</strong> é<strong>le</strong>ctrique.- 10 -10 Unité élémentaire d'information pouvant prendredeux va<strong>le</strong>urs distinctes, notées 0 <strong>et</strong> 1.
<strong>Du</strong> <strong>doigt</strong> à <strong>la</strong> <strong>machine</strong>, <strong>le</strong> <strong>calcul</strong>LE PETIT JOURNALLes quatre proj<strong>et</strong>s constituent à <strong>la</strong> fois <strong>des</strong>échecs commerciaux <strong>et</strong> <strong>des</strong> expériencesriches d’enseignements. IBM en tire <strong>le</strong>sprincipes qui feront <strong>le</strong> succès de sa série360.En 1957, l’ingénieur américain SeymourCray (1925-1996) m<strong>et</strong> au point <strong>le</strong> premierordinateur fonctionnant à base d<strong>et</strong>ransistors. Il fonde Cray Research Inc. en1972 pour développer <strong>la</strong> nouvel<strong>le</strong>conception de supercalcu<strong>la</strong>teurs. Le Cray-1est commercialisé en 1976.Second d’une lignée mémorab<strong>le</strong> <strong>des</strong>uperordinateurs, <strong>le</strong> Cray-2 a été mis aupoint pour traiter d’énormes quantités dedonnées, réc<strong>la</strong>mant donc une puissance de<strong>calcul</strong> considérab<strong>le</strong>. Sur <strong>la</strong> série de trenteCray-2 livrés dans <strong>le</strong> monde à partir de1985, quatorze <strong>machine</strong>s étaient encore enservice dix ans plus tard.Si <strong>le</strong> Cray-2 mérite <strong>le</strong> titre de calcu<strong>la</strong>teur <strong>le</strong>plus puissant du monde, c’est qu’il utilise<strong>le</strong> <strong>calcul</strong> vectoriel 11 . Dans ce type de<strong>machine</strong>, une seu<strong>le</strong> instruction provoqueune cascade de <strong>calcul</strong>s, effectuéssimultanément par plusieurs processeurstravail<strong>la</strong>nt à très grande vitesse pourl’époque (243 MHz). Pour dissiper <strong>la</strong>cha<strong>le</strong>ur produite, <strong>le</strong>s vingt-quatre modu<strong>le</strong>sé<strong>le</strong>ctroniques de l’unité de <strong>calcul</strong> baignentdans un liquide hautement iso<strong>la</strong>nt, dufluorocarbone, constamment refroidi. 4 Supercalcu<strong>la</strong>teur Cray-2, 1985.Inv. 43964-0000-Les Cray ont permis de faire progresser <strong>la</strong>recherche en dynamique <strong>des</strong> flui<strong>des</strong>, enocéanographie ou en modélisations11 Étude <strong>des</strong> opérations que l'on peut effectuer sur<strong>le</strong>s vecteurs.- 11 -mathématiques. Les Cray-2, puis <strong>le</strong>s CrayX-MP, se sont notamment illustrés avecsuccès dans <strong>la</strong> prévision météorologique.CONCLUSIONAujourd’hui, différents instrumentsperm<strong>et</strong>tent de faire <strong>des</strong> <strong>calcul</strong>s simp<strong>le</strong>s,qu’il s’agisse de <strong>le</strong>ur utilisation première(calcu<strong>la</strong>trice de poche) ou d’une fonction« gadg<strong>et</strong> » ajoutée à <strong>le</strong>ur fonction première(montre calcu<strong>la</strong>trice, téléphone portab<strong>le</strong>).D’autres <strong>machine</strong>s, sco<strong>la</strong>ires (calcu<strong>la</strong>triceprogrammab<strong>le</strong>) ou professionnel<strong>le</strong>s(ordinateur) visent au contraire à faire <strong>des</strong><strong>calcul</strong>s compliqués.Le concept essentiel dans l’invention del’ordinateur n’est pas l’adoption du<strong>la</strong>ngage binaire mais bien <strong>le</strong> programmeenregistré. En un demi-sièc<strong>le</strong>, l’informatiquea connu un intense perfectionnementtechnique, affectant principa<strong>le</strong>ment<strong>le</strong>s composants é<strong>le</strong>ctroniques. Mais, dans<strong>le</strong>urs principes, <strong>le</strong>s outils informatiquesactuels restent très proches du premierordinateur mis au point en 1945 : <strong>des</strong>unités d’entrée <strong>et</strong> de sortie, une unitécentra<strong>le</strong> de <strong>calcul</strong>, une mémoire <strong>et</strong> unprogramme qui marque <strong>la</strong> rupture avec <strong>le</strong>scalcu<strong>la</strong>trices mécaniques ou é<strong>le</strong>ctriques.Rédaction : V. PerezPhotos : © Musée <strong>des</strong> <strong>arts</strong> <strong>et</strong>métiers/Cnam, S. Pelly.Illustrations : Serge PicardSources :L’album du Musée <strong>des</strong> <strong>arts</strong> <strong>et</strong> métiers,cédérom, CNAM, 1994Jean Rosmorduc, Chronologie <strong>des</strong> sciences<strong>et</strong> <strong>des</strong> techniques, Paris, CDRP, 1997,46 p.Richard P<strong>la</strong>tt, Inventions : une chronologievisuel<strong>le</strong>. De <strong>la</strong> pierre taillée aux satellites<strong>et</strong> aux ordinateurs, Seuil, 1995, 64 p.F<strong>la</strong>sh Museum <strong>et</strong> cartels du Musée <strong>des</strong> <strong>arts</strong><strong>et</strong> métiersEncyclopaedia Universalis en lignehttp://www.universalis-edu.com/