13.07.2015 Views

Le Père Goriot - CNDP

Le Père Goriot - CNDP

Le Père Goriot - CNDP

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>Le</strong>s lieux> Relever comment le filmage des lieux appuie lacaractérisation des personnages et de l’intrigue.• Paris. <strong>Le</strong>s nombreux déplacements de Rastignacdans le roman esquissent une géographie symboliquede Paris opposant les beaux quartiers du faubourgSaint-Germain au quartier pauvre duVal-de-Grâce. Cette opposition est fortement soulignéedans les scènes d’intérieur: salon lumineux etvaste pour la vicomtesse de Beauséant (scènes tournéesdans le palais présidentiel de Bucarest) et salleà manger entièrement reconstituée, confinée, auxtons ocres surannés, encombrée de bibelots de goûtbourgeois pour la pension.Mais, dans ce téléfilm aux moyens financiers modestes,le Paris préhaussmannien, si important dans leroman, ne peut être que suggéré. Recenser les vuesde Paris et observer les procédés employés pourcontourner les difficultés de la reconstitution historique.<strong>Le</strong> film s’ouvre et se ferme sur des représentationspicturales de Paris. Un montage de dessinsen sépia est animé par un travelling latéral et par lebruit des chevaux et le brouhaha de passants. Laneige qui tombe en surimpression dynamise ce montageet situe déjà l’action en hiver dans un Parisenseveli par la neige. Un plan sur la plaque de lapension Vauquer à l’angle d’une rue permet d’introduirela fiction en vues réelles. <strong>Le</strong>s dernières imagesdu film répondent à cette amorce : Eugène deRastignac se tourne vers Paris pour lui lancer soncélèbre défi. Une voix off lit le dernier paragraphe duroman pendant qu’apparaît une peinture représentantParis vu de Montmartre. Cette peinture vient rappelerque Paris est la toile de fond du roman etinvite le spectateur à se replonger dans l’universbalzacien.<strong>Le</strong>s scènes tournées en extérieur sont peu nombreuseset toujours très courtes. La rencontre dePoiret et M lle Michonneau avec l’agent de la préfecturede police a lieu dans un parc, mais les imagessont vite relayées par une scène d’intérieur dansune taverne. <strong>Le</strong> jardin du Luxembourg apparaît égalementdans un court flash-back montrant le père<strong>Goriot</strong> caché derrière un arbre en train d’admirerses filles dans leurs promenades mondaines. Danstoutes les scènes extérieures, le cadrage est resserrésur les personnages, le décor montre la nature enseveliepar la neige. Cette dernière permet de masquertout détail de l’urbanisme moderne anachronique.Enfin, les scènes extérieures montrent toujours unobservateur tapi derrière une fenêtre, dans le recoind’une porte cochère, derrière un arbre... Ce dispositifrécurrent souligne l’importance du secret quechacun recèle et que l’autre veut percer. Il contribueégalement à créer une atmosphère oppressante demanigances sournoises.• La pension Vauquer. La misère au XIX e siècle n’estpas horizontale comme elle l’est au XX e siècle, chassantles pauvres vers les faubourgs et la banlieue;elle est verticale: les déménagements successifs dupère <strong>Goriot</strong> en attestent. On comparera cettedéchéance verticale avec la représentation lithographiquede l’immeuble parisien réalisée par Bertall,et on observera cette progression dans le film: aprèsque M me Vauquer a présenté à Eugène de Rastignacses pensionnaires en respectant l’ordre hiérarchiquedes étages, l’ancien négociant demande à sa logeusede lui donner une nouvelle chambre. La pauvretécroissante du père qui ne cesse de se sacrifier estperceptible dans les scènes de plus en plus nombreusesqui montrent le galetas dans lequel il vamourir. Des plans en contre-plongée sur l’escalierviennent souligner cette paradoxale ascension versla misère. L’unique accoutrement étriqué et lustrédu père <strong>Goriot</strong> suggère le froid, l’usure d’un homme.La lente infiltration de la pauvreté apparaît égalementdans les scènes montrant la salle à mangerdont tous les éléments ont la patine du temps. Lacaméra montre au début dans des plans généraux unespace respectant les usages de la petite-bourgeoisie.Ce lieu s’assombrit dans des scènes nocturnes etdevient plus confiné grâce aux plans resserrés sur latable. L’élargissement de l’espace ne vient que constaterle vide après le départ de plusieurs pensionnaires.Il dit une nouvelle fois la menace de lapauvreté.•Pour en savoir plus• BALZAC Honoré (de), <strong>Le</strong> Père <strong>Goriot</strong>, LGF, coll. «<strong>Le</strong>Livre de poche», 2004.• <strong>Le</strong> Père <strong>Goriot</strong>, <strong>CNDP</strong>, éditions Montparnasse, 2005.<strong>Le</strong> DVD comprend, outre le téléfilm de Jean-DanielVerhaeghe, deux compléments réalisés par le SCÉRÉN-<strong>CNDP</strong> : Secrets de fabrication, un making-of de30 minutes de Brigitte Bouvier et Philippe Gibsonqui revient sur le tournage du film; <strong>Le</strong> Paris du «Père<strong>Goriot</strong>», un documentaire de 26 minutes de ClaudineCerf et Thierry Imbert qui nous entraîne à la découvertedu Paris d’avant Haussmann.http://www.cndp.fr/Produits/DetailSimp.asp?ID=69132Jean-Claude Carrièreévoque l’adaptationdu Père <strong>Goriot</strong>.Vautrin et <strong>Goriot</strong> se traitentplus d’égal à égal dans votreadaptation...J’ai développé cette idéeque Vautrin et <strong>Goriot</strong>, tousdeux d’origine populaire,se connaissent, se jaugentet, d’une certaine façon,s’apprécient, partagent lamême force et la mêmevision du monde.Cependant, une rivalité lesoppose autour deRastignac : <strong>Goriot</strong> le désirepour sa fille, Vautrin pourlui et ses petites affaires.D’où leur altercation, quej’ai inventée.Qu’est-ce qui, pour vous,fait la force particulièredu Père <strong>Goriot</strong>?C’est du pur génie, si lemot génie a un sens. Il y apour moi un mystèrefondamental qui doithanter tout écrivain lecteurde Balzac : comment, et où,un homme qui n’a pasd’enfant trouve-t-il leséléments pour parler ainside la passion d’un pèrepour ses filles ?[…] La passion captiveBalzac et, paradoxalement,au cœur de l’œuvre de cepassionné, elle apparaîtcomme le danger à fuir,l’ennemi social ; la passionse paie toujours très cheret – c’est une grande visionde son temps – ce sont lescalculateurs froids,raisonnables commeRastignac qui triomphentdans La Comédie humaine.Dossier de pressede France 2.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!