6 / L’Écho du Pas-<strong>de</strong>-Ca<strong>la</strong>is n o 75 – juin 2006Lama par-ci, <strong>la</strong>ma par-làZutkerqueLama : camélidé qui vit dans les régions montagneuses d’Amériquedu Sud. Certes… mais aussi dans le Pas-<strong>de</strong>-Ca<strong>la</strong>is ! Entre unwatergang et un coteau calcaire. Benoît Daveau <strong>de</strong> Zutkerquepromène ses quinze <strong>la</strong>mas et six alpagas <strong>de</strong> pré en pâturage.Derrière lui, <strong>de</strong>s randonneurs qui pourraient bien jouer El condorpasa à <strong>la</strong> flûte indienne sans dénoter et qui s’apprêtent à car<strong>de</strong>r<strong>la</strong> <strong>la</strong>ine pour s’en faire un bonnet. Voyage en insolite.Le <strong>la</strong>ma est un animal sensible,il déteste <strong>la</strong> promiscuité. S’i<strong>la</strong>rrive qu’un congénère ou unhumain ne respecte pas lesdistances d’usage, alors <strong>la</strong>mafâché : lui toujours vi<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> tête <strong>de</strong> l’importunle contenu <strong>de</strong> son estomac.Difficile pourtant <strong>de</strong> résister à l’envied’enfouir ses mains dans le <strong>la</strong>inage <strong>de</strong> <strong>la</strong>robe épaisse, ou <strong>de</strong> plonger les yeux dansle regard « altier » <strong>de</strong> l’animal. Lequalificatif est <strong>de</strong> Benoît Daveau, éleveur<strong>de</strong> <strong>la</strong>mas dans le Ca<strong>la</strong>isis. L’homme arencontré <strong>la</strong> bête dans un zoo, alors qu’ilétait directeur d’équipement médicosocial.Il a été séduit par elle au point <strong>de</strong>lâcher son métier. Originaire <strong>de</strong>Bretagne, il a posé ses valises dans leNord <strong>de</strong> <strong>la</strong> France <strong>de</strong>puis 1975. Il y aquatre ans, avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’associationAvenir, il a créé cet élevage original etvend <strong>la</strong> <strong>la</strong>ine <strong>de</strong> ses animaux.Ba<strong>la</strong><strong>de</strong> et fi<strong>la</strong>geL’homme organise <strong>de</strong>s randonnées <strong>de</strong><strong>de</strong>ux heures ou plus. Le temps pour lepromeneur <strong>de</strong> découvrir les mœurs ducousin du chameau, son comportement,son histoire, ses diverses utilisations,notamment <strong>la</strong> prévention <strong>de</strong>s incendies<strong>de</strong> forêt ou <strong>la</strong> protection <strong>de</strong>s moutons…Les <strong>la</strong>mas ont été domestiqués par lesindiens, ce sont <strong>de</strong>s animaux <strong>de</strong> bât. Lesalpagas sont plus petits mais portentplus lourd. Ils ne muent pas, on lestond. Leur <strong>la</strong>ine est <strong>de</strong>nse et l’une <strong>de</strong>splus fines du mon<strong>de</strong>… Pour lesamateurs <strong>de</strong> douceur, fourrer ses mainssur les f<strong>la</strong>ncs <strong>de</strong> l’animal est une joie.P<strong>la</strong>isir infini <strong>de</strong> caresser, <strong>de</strong> toucher.P<strong>la</strong>isir <strong>de</strong> filer, <strong>de</strong> tisser. Benoît Daveaupropose <strong>de</strong>s stages <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> <strong>la</strong>ine.Pour les personnes seules et exigeantesqui souhaitent choisir <strong>la</strong> couleur <strong>de</strong> leurpull sur le dos <strong>de</strong> l’animal… ou pour lesRencontre insoliteentre coteau calcaireet watergang : unélevage <strong>de</strong> <strong>la</strong>masgroupes. Enfants, adultes, publicsfragilisés découvrent ainsi le chemin <strong>de</strong><strong>la</strong> fibre <strong>de</strong> l’animal, qu’ils aurontbrossé, jusqu’au carré <strong>de</strong> tissu. Depetits métiers, <strong>de</strong>s rouets, <strong>de</strong>s fuseaux,<strong>de</strong>s car<strong>de</strong>s sont mis à disposition.L’éleveur-animateur récupère les outilsd’antan et les vieux appareils <strong>de</strong> travail<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ine et les remet en état.L’expérience est belle et le formateur,qu’on en soit convaincu, intarissable!Marie-Pierre GriffonLes <strong>la</strong>mas d’Ecorigan : 439, rue du Listergaux – 62370 ZutkerqueTél. 06 20 55 17 62 – Courriel : ecorigan@libertysurf.fr- Pour 1/2 journée, Maison <strong>de</strong> <strong>la</strong> flore, Ardres, 03 21 82 89 27- Pour 1 journée <strong>de</strong> stage, Le savoir-faire : 0 820 820 186 (prochaine session : jeudi6 juillet à Ardres).Pascal Péron est/et Pascal SelfradiIl est fasciné par le mon<strong>de</strong> du cirque <strong>de</strong>puis toujours.Qui aurait cru que le sage professeur d’ang<strong>la</strong>is consacraittout son temps libre au spectacle en incarnant le rôle<strong>de</strong> Monsieur Loyal ?Photo M.-P. GriffonCa<strong>la</strong>is« Péron, c’est trop court,trop banal » dit-il.L’inspiration lui vient unjour : ce sera Selfradi,trois syl<strong>la</strong>bes chantantes,pratiques à prononcer au micro.Pascal Péron a toujours aimé lecirque. « Enfant, je prenais beaucoup<strong>de</strong> p<strong>la</strong>isir à voir le spectaclemais je ressentais aussi un vifintérêt pour les coulisses. »Pascal Selfradi a commencé paranimer un arbre <strong>de</strong> Noël en 2002à Marconnelle : 1h30 <strong>de</strong> spectacle,Pascal Selfradi et Jerry, <strong>la</strong> jeune tigresse b<strong>la</strong>nche <strong>de</strong>Stéphane Zavatta !45 min <strong>de</strong> jeux à conduire avec les enfants. La fosse aux lions! Il en rêvait <strong>de</strong>puis<strong>de</strong>s années. « Ce qui est génial c’est qu’une poignée <strong>de</strong> main suffit. Si vous n’êtespas à <strong>la</strong> hauteur, on vous renvoie… »L’enseignant et Monsieur Loyal ont un rôle pédagogique. Souvent, PascalSelfradi se faufile parmi les spectateurs pour faire le point sur leurs connaissances: « savez-vous qu’un fauve engloutit quinze à vingt kilos <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> tous lesPassionné<strong>de</strong>ux jours? ». Ce Monsieur Loyal est d’ailleurs un fada <strong>de</strong> cirque traditionne<strong>la</strong>vec animaux. « Les gens viennent pour eux. » Il dit que ce cirque-là est menacéà cause <strong>de</strong> certaines troupes peu respectueuses <strong>de</strong> leur bien-être. « Un jour, mesélèves m’ont reconnu lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> diffusion d’une interview. » Il sait faire <strong>la</strong> part<strong>de</strong>s choses. « J’essaie <strong>de</strong> ne pas mé<strong>la</strong>nger les rôles. Si un élève me pose une question,j’y réponds en début ou en fin <strong>de</strong> cours. »<strong>de</strong> cirqueSon objectif était <strong>de</strong> présenter un grand cirque. C’est fait <strong>de</strong>puis avril <strong>de</strong>rnier :il a été <strong>la</strong> doublure <strong>de</strong> Stéphane Zavatta, petit-fils d’Achille <strong>de</strong>vant 1500 personnes.« Le trac? Non, je me sens bien! » Il a le cœur circassien. Pour lui, c’est <strong>la</strong>vraie vie. Il a même acheté une caravane! Son épouse le suit <strong>de</strong> temps en tempsavec leur fils. « Des vacances <strong>de</strong> rêve pour un enfant, non? »Mé<strong>la</strong>nie RenaultContact : Pascal Selfradi, 03 21 19 01 83. Site www.e-monsite.fr/selfradiPhoto M. Renault
Photos A. VaastL’Écho du Pas-<strong>de</strong>-Ca<strong>la</strong>is n o 75 – juin 2006 / 7Falloux, Guizot, Ferry…l’école se raconteOutreauP<strong>la</strong>nches <strong>de</strong>géographie ou <strong>de</strong>sciences naturellesaux murs, maximedu jour au tableaunoir, bancs et pupitresanciens, poêle au fond<strong>de</strong> <strong>la</strong> salle… La visite <strong>de</strong>l’école-musée d’Outreau,ouverte dans <strong>la</strong> maison <strong>de</strong>sassociations, s’apparenteà un voyage dans le temps.Son inspiratrice l’a voulue comme unhommage à tous ceux qui ont faitl’école telle qu’elle est aujourd’hui :gratuite, <strong>la</strong>ïque et obligatoire. Aupremier rang, celui qui a donné sonnom au musée : Jules Ferry, à ses côtésPaul Bert, Pauline Kergomard.Simone Van<strong>de</strong>ndriessche, ancienneconseillère pédagogique se défendd’être passéiste. « Je suis juste triste <strong>de</strong>voir tant <strong>de</strong> choses partir à <strong>la</strong> poubelleavec les réformes qui se succè<strong>de</strong>nt. »Au fil <strong>de</strong> rencontres, elle a récupérétoutes sortes d’objets ayant trait àl’école du XIX e siècle. « En milieu rural,les instituteurs étaient souvent lessecrétaires <strong>de</strong> mairie. C’est grâce à euxque toutes ces choses ont été conservées.Presque tout ce que nous avons icivient <strong>de</strong> <strong>la</strong> campagne. » Parmi sestrésors, un compendium <strong>de</strong> physiquechimiecontenant entre autres unemo<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> mammouth, <strong>de</strong>s squelettesd’animaux ou une noix <strong>de</strong> coco ramenée<strong>de</strong>s colonies par les marins. Un coinest même réservé à l’école maternelle,dont on n’a que peu <strong>de</strong> traces, où l’ontrouve notamment l’uniforme <strong>de</strong>sécoliers. À l’étage, un espace est consacréà l’école d’avant Ferry. Celle <strong>de</strong>Guizot et <strong>de</strong> Falloux. Celle <strong>de</strong>s châtimentscorporels aussi. Et partout, <strong>de</strong>svitrines renferment les livres d’époqueet <strong>la</strong> documentation propre aux instituteurs.Le musée n’est pas figé. Les cartes et lesp<strong>la</strong>nches affichées <strong>la</strong>issent régulièrementleur p<strong>la</strong>ce à d’autres. La collectionne cesse <strong>de</strong> s’enrichir, « à chaquevisite » affirme même SimoneVan<strong>de</strong>ndriessche. « Les gens font <strong>de</strong>sdons, ils <strong>la</strong>issent <strong>de</strong>s choses qui encombraientleur grenier mais qui, pour nous, ont beaucoup<strong>de</strong> valeur. » Petit à petit, <strong>la</strong> salle <strong>de</strong>c<strong>la</strong>sse se reconstitue. L’Association <strong>de</strong>s amis<strong>de</strong> l’école-musée Jules-Ferry a attiré quelquecent-cinquante adhérents en à peine six mois.Une équipe d’une douzaine <strong>de</strong> personnestravaille également sur un petit journa<strong>la</strong>ppelé Raconte nous l’école. Le musée estbien sûr ouvert en priorité aux écoliers. Unep<strong>la</strong>ge horaire leur est réservée tous les jeudis.Antoine VaastL’école-musée est située dans <strong>la</strong> maison<strong>de</strong>s Associations, rue Jean-Jaurès à Outreau ;elle est ouverte au public tous les mardis<strong>de</strong> 9 h à 12 h et <strong>de</strong> 14 h à 19 h ;le jeudi aux sco<strong>la</strong>ires et aux groupessur réservation <strong>de</strong>mandée uniquementle mardi au 06 87 94 55 71« Les entrées <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer »Le poisson, l’ingénieur et le cuisinier« Le poisson estun marché compliqué» avoue GuyFarrugia, le sauveurd’une entrepriseagroalimentaire, « Lesentrées <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer » endépôt <strong>de</strong> bi<strong>la</strong>n quand il <strong>la</strong>récupère en 1995 ! Pour s’ensortir, il suffisait <strong>de</strong> se souvenirque le poisson est un metsfacile à déguster quand il aété « transformé » par leshommes et les machines. Travail<strong>la</strong>ntd’abord avec les restaurants, les collectivitéslocales sous le signe du « traiteurfrais, cuit, sous vi<strong>de</strong> », Guy Farrugia s’attaqueen 1998 à <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> distribution.Il s’agit <strong>de</strong> donner au poisson l’allure <strong>de</strong>Wimillerillettes, <strong>de</strong> terrines, <strong>de</strong> mousselines…Pas <strong>de</strong> baguette magique mais unservice « recherche et développement »et les conseils <strong>de</strong> grands cuisiniers. Cesproduits haut <strong>de</strong> gamme, <strong>la</strong> charcuterie<strong>de</strong> <strong>la</strong> mer, ont rapi<strong>de</strong>ment séduit lesconsommateurs et les distributeurs.Imp<strong>la</strong>ntée sur <strong>la</strong> zone d’activité <strong>de</strong> <strong>la</strong>Trésorerie à Wimille, l’entreprisenaguère moribon<strong>de</strong> affiche aujourd’huitrois millions <strong>de</strong> chiffre d’affaires…que Guy Farrugia veut doublerdans les cinq ans ! Il a é<strong>la</strong>boré une stratégie<strong>de</strong> développement avec l’Aditec,Association pour le développement <strong>de</strong>l’innovation et <strong>de</strong> <strong>la</strong> technologie. « Lesentrées <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer » sont <strong>la</strong> cerise sur legâteau <strong>de</strong> l’agroalimentaire boulonnais.