Le socioconstructivisme et les grandes orientations de la réforme

Le socioconstructivisme et les grandes orientations de la réforme (suite)Les pièges des réformesAppliquer la réforme sans connaîtreet comprendre ses fondementsrisque de fausser les résultats. D’uncôté, il y a les réformes sanschangements : celles qui consistentà donner un nouvel habillage rhétoriqueà des pratiques courantes –par exemple, croire que compétenceest un nouveau mot pourparler d’objectif – ou celles qui nemodifient pas les façons de faire,mais plutôt les façons de décrire lesconcepts.D’un autre côté, il ya les changementssans fondements :ceux qui consistentà adopter des pratiquessans comprendrelesfondements ou lesprincipes surlesquels ellesreposent et ceux quimodifient les façonsde faire, mais n’influencent pasnécessairement les intentions quileur sont sous-jacentes. « Le socioconstructivismen’est pas un habillagerhétorique, il n’est pas non plusun répertoire prédéfini de pratiquesà imiter », précise Marie-FrançoiseLegendre.Les grandes orientationsde la réformeLa réforme suppose un changementde la vision éducative : une nouvelleconception des apprentissages quiva de pair avec une nouvelle conceptionde l’enseignement. La nouvelleconception des apprentissagesmise sur le comment et le pourquoiau lieu du quoi. Le transfert desobjets d’apprentissage aux processuspermet l’acquisition et le réinvestissement.Par exemple, un élèvepeu très bien performer à l’école,sans toutefois être capable de réinvestirses connaissances et ses compétences.De plus, l’apprentissageest maintenant envisagé dans sadouble dimension, personnelle etsociale. « Car l’apprentissage est unprocessus interne où l’élève puisedans ses ressources cognitives etaffectives pour cheminer », préciseMarie-Françoise Legendre. Bien sûr,l’enseignant ou l’enseignante et lesautres élèves interviendront aussiau cours de l’apprentissage, ainsil’élève entrera en relation avec lesautres et évoluera à travers sesrelations sociales. « La socialisationcontribue à donner un sens à l’apprentissage,» ajoute la conférencière.« La nouvelleconception del’enseignementne consiste pasà appliquer desrecettes, mais àdécoder des situationset àopérer deschoix », ditMarie-FrançoiseLegendre.Puisqu’il n’existepas de modèle ni de théorieprédéfini, l’enseignant ou l’enseignantedoit être en mesure d’interpréteret d’analyser la situationselon ses propres ressources.« Toute méthode n’est pas universellementbonne. »« L’enseignant compétentn’est pas celui qui appliquedes recettes, mais celui quirésout des problèmes àl’aide des savoirs variés dontil dispose. »L’apport des disciplines contributives« Nos pratiques d’enseignement etd’évaluation sont influencées parnotre représentation de l’apprentissage,celles-ci peuvent être enrichiespar l’apport des disciplines contributives», dit Marie-FrançoiseLegendre. Mais quelles sont ces disciplines? Celles qui s’intéressent àl’apprentissage au « sens large » etcelles qui contribuent à la compréhensionde l’apprentissage encontexte scolaire, par exemplel’épistémologie, la psychologie dudéveloppement, la psychologie cognitive,l’intelligence artificielle, la linguistique,l’anthropologie, lesneurosciences, etc. Ces disciplinespermettent de clarifier et d’expliciterles représentations qui soustendentles pratiques et lesprincipes sous-jacents aux intentionspédagogiques. Elles ont toutefoisleurs limites : elles ne peuventdicter les pratiques particulières etil appartient à l’enseignant ou à l’enseignantede contextualiser dans sapratique les principes qui endécoulent. « Une approche socioconstructivistede l’apprentissageprend appui sur l’apport deplusieurs disciplines, apporte Marie-Françoise Legendre. Celles-ci nedisent pas comment faire, maisaident à déterminer sur quoi faireporter les interventions. »Des fondements aux pratiquesComment appliquer le concept dusocioconstructiviste au quotidien ?Marie-Françoise Legendre préconisetout d’abord la compréhension. Ellesuggère d’approfondir les connaissancesdes concepts des disciplinescontributives qui ont influencé lesocioconstructivisme. « Lesenseignants et les enseignantes possèdentdéjà leur bagage de connaissanceset de savoirs qui sont enconstruction, non statique, qui leurdonne les outils pour analyser dessituations complexes et maldéfinies, prendre une décision etintervenir selon les caractéristiquesde la situation, les ressources, lesintentions, les contraintes et le contexte,et ce sans répertoire de solutionsdéfinies.La mise en œuvre du programmepar l’enseignant ou l’enseignanteimplique nécessairement son interprétation.Ce qui le guide, ce ne sontpas uniquement les caractéristiquesd’une situation, mais la représentationqu’il ou elle s’en fait à partir deson cadre de référence qui prendappui sur un ensemble de savoirsdynamiques. « L’enseignant compétentn’est pas celui qui applique desrecettes, résume Marie-FrançoiseLegendre, mais celui qui résout desproblèmes à l’aide des savoirs variésdont il dispose. »L’appropriation duProgramme de formationau cœur des préoccupations (suite)Depuis août, 16 écoles cibléesexpérimentent le Programme deformation. D’autres écoles ontentamé de leur propre chef l’applicationpartielle de la réforme, constateégalement Robert Bisaillon.En septembre toutefois, ce seral’ensemble des écoles primaires dela province qui devra s’y conformer.« Le compte à rebours estcommencé », note le sous-ministreadjoint.Le grand défi : amener lesenseignants et les enseignantes às’approprier les programmes. Pource faire, le personnel enseignantaura besoin d’accompagnement,une responsabilité qui revient auxorganisations scolaires. « Uneresponsabilité qui ne peut pas êtretransférée à d’autres ni reportéedans le temps », précise RobertBisaillon.Actuellement, il s’agit de formerdes personnes-ressources quipourront aider les équipes-écolesdans leur démarche. « Ces personnesauront une longueur d’avance,dit le sous-ministre adjoint. Leurrôle ne sera pas seulement detransmettre de l’information. Cesacteurs devront partager leurvision, leurs connaissances et leursoutils pour que l’équipe-école semette en mouvement dans leurmilieu. »La réforme est exigeante, reconnaîttoutefois Robert Bisaillon.« Elle nécessite de la part de tousde l’investissement et de la persévérance.» Dans ce contexte, ladimension collective de ce projetnational est primordiale. « C’estpourquoi il est opportun de créerun réseau d’entraide professionnel »,ajoute M. Bisaillon.Les prioritésPour l’équipe-école, la réformedemande plus que de simplementse conformer à un mode d’emploi.2