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deux nouvelles littéraires - Le mec de l'underground

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Comment j’ai retourné Amsterdam (par <strong>Le</strong> <strong>mec</strong> <strong>de</strong> l'un<strong>de</strong>rground)Deux bigleux, l’un avec une touffe à la Jacks, l’autre avec <strong>de</strong>s locks foireuses. Une gratte dans le dos pour lepremier, un djembé pour le second. Des kes <strong>de</strong> routards, <strong>de</strong>s sapes confectionnées à partir <strong>de</strong> ri<strong>de</strong>aux et toute lapanoplie <strong>de</strong>s parfaits bouffons en quête d’i<strong>de</strong>ntité. Des tronches à claques en puissance ! Je les montre à MaloKid, le radar <strong>de</strong> mon srab s’active. Il a capté. Ces <strong><strong>de</strong>ux</strong>-là doivent-être blindés <strong>de</strong> zeillo. <strong>Le</strong>s roots, ces petits fils<strong>de</strong> bourge ou <strong>de</strong> pute, c’est au choix mais dans les <strong><strong>de</strong>ux</strong> cas, il y a <strong>de</strong> la maille à la clef ! Perso, je vois en eux <strong>de</strong>slarfeuilles sur pattes. On va se les faire !Malo Kid s’éloigne pour scanner les keufs <strong>de</strong>s alentours. Je guette aussi <strong>de</strong> mon côté, surtout les potentiels vilcisparce que la Gare du Nord est blindée <strong>de</strong> ces chiens qui se font passer pour <strong>de</strong>s touristes et qui te tombent <strong>de</strong>ssusau moindre larcin. <strong>Le</strong>s rnouchs ne rô<strong>de</strong>nt pas dans mon angle <strong>de</strong> vue. Je le sais, avec Malo Kid on connait tousles chmits <strong>de</strong> GDN. <strong>Le</strong> pote me fait signe que <strong>de</strong> son côté, le terrain aussi est défliqué. Nickel !Je m’avance vers les babos. Deux possibilités : soit je me la joue reurti, je les accoste, les baratine et en profitepour leur vi<strong>de</strong>r les fouilles en scred, soit je me lance dans un petit vol à l’arraché dans les règles <strong>de</strong> l’art, commemon pote « la flèche ». De la balle, les <strong><strong>de</strong>ux</strong> roblais m’offrent un troisième choix, et le meilleur : ils pointent versles chiottes <strong>de</strong> la gare. Je fais signe à Malo Kid <strong>de</strong> rabouler sa ganache.<strong>Le</strong>s peaces entrent dans les gogues, nous aussi. L’un squatte une pissotière, l’autre une cabine turque, sans doutepour lâcher un cake. Il va encore y avoir embrouille entre Malo Kid et moi. On va tous les <strong><strong>de</strong>ux</strong> vouloir se fairele gars qui pisse, parce que c’est relou <strong>de</strong> dépouiller un <strong>mec</strong> qui chie.— Tu y vas ? je fais au srab.— Nan, toi tu y vas ! il me répond.— C’était pas une question !— Si enfoiré ! Y avait un point d’interrogation à la fin d’ta phrase.— Mes couilles ouais !— Va t’faire enculer ! J’veux pas voir sa mer<strong>de</strong>, j’ai la gerbe aujourd’hui !— J’m’en bats les steaks, la <strong>de</strong>rnière fois c’était moi !— Nan, la <strong>de</strong>rnière fois c’était oim, essaye pas d’sortir ta disquette !— Va t’faire mettre !<strong>Le</strong> temps qu’on termine notre discussion, le pisseur a remonté sa braguette et le chieur est sorti <strong>de</strong> la cabine. <strong>Le</strong>s<strong><strong>de</strong>ux</strong> bouffons nous regar<strong>de</strong>nt s’engueuler. Ça hurle, dans les chiottes <strong>de</strong> GDN :— Toi tu dépouilles le chiasseux, j’en ai ras-le-cul d’tes phases <strong>de</strong> mer<strong>de</strong> !— Heu…Malo Kid ?— T’es relou, à chaque fois d’casser les ‘becs…— Malo Kid !— Quoi ?


<strong>Le</strong> noiche à l’accueil compare nos tronches avec celles <strong>de</strong>s hippies qu’on a pouilledés à GDN, vu qu’on a prissoin <strong>de</strong> barber aussi leurs fafs. <strong>Le</strong> un truc génial avec les asiats (et ça marche aussi avec les cainfris), c’est quepour eux les babtous ont tous la même chetron. D’ailleurs c’est réciproque, la première fois que je suis allé dansle quartier chinois <strong>de</strong> Paname, je croyais qu’un couple <strong>de</strong> niaks avait pondu <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> jumeaux. <strong>Le</strong> <strong>mec</strong> àl’accueil ne se rend compte <strong>de</strong> rien et note <strong>de</strong>s trucs sur son ordi avant <strong>de</strong> nous refiler les clefs puis <strong>de</strong> nousexpliquer <strong>de</strong>s trucs imbitables. Faut dire qu’avec Malo kid, on n’entrave pas un mot <strong>de</strong> rosbif. Et comme on aenvie <strong>de</strong> se claquer une barre, on se fout <strong>de</strong> sa gueule en gardant l’air sérieux :— Ouais ouais le chinetok, on baise ta mère et on lui rentre <strong>de</strong>s rouleaux <strong>de</strong> printemps dans sa teucha !C’est énorme <strong>de</strong> tailler un gars qui ne pige que dalle. Il continue à nous parler comme si <strong>de</strong> rien n’était :— Ok motherfuckers, I piss on yours faces!— Abrège le noiche, on s’en bat les reins !<strong>Le</strong> <strong>mec</strong> nous lâche un smile, on monte à l’étage poser nos affaires dans le dortoir pour 16 puis surtout, pour toutrafler.*125 dolls <strong>de</strong> plus dans la cagnotte et un shit noir style afghan ou Népal Cream. Ça change <strong>de</strong>s 250 millionsbarbés par le manouche mais c’est déjà ça dans les fouilles. Et sachant qu’on est encore là trois nuits, on n’a pasfini <strong>de</strong> carotter. On técale <strong>de</strong> l’auberge, tout guèze. Il ne nous reste plus qu’à liqui<strong>de</strong>r la thune dans <strong>de</strong>s trucscools : bédos, tepus et graille. On quitte le tiéquar et on entre dans le premier coffee venu, le Joly Joker. <strong>Le</strong><strong>de</strong>aler, un blond avec une tête à claque, nous tend le menu. Je prends un meuge <strong>de</strong> King Hassan et Malo Kid<strong><strong>de</strong>ux</strong> <strong>de</strong> <strong>Le</strong>mon Haze.On se pécho <strong>de</strong>s Loozas, ces jus que tu trouves dans tous les ra<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Dam, que tu payes trois dolls et que tuencules en <strong><strong>de</strong>ux</strong> gorgées. Avec Malo Kid, on monte à l’étage et on se pose à une table. À côté <strong>de</strong> nous, un groupe<strong>de</strong> céfrans style cailleras s’encule <strong>de</strong>s oinjs sans moufeter, à moitié dans le coma. Typique Dam, tu viens avec tespotes mais personne ne tchatche tellement que tout le mon<strong>de</strong> est fracasse.En nous entendant tchatcher, les céfrans nous téma <strong>de</strong> bas en haut, comme si on était <strong>de</strong>s adversaires en compèt’.C’est bien céfran, ça. Un rabza <strong>de</strong> leur crew se fout un petit coup <strong>de</strong> booste et commence un collage avec <strong><strong>de</strong>ux</strong>masses extra-larges. Il va rouler un <strong><strong>de</strong>ux</strong>-youfs. Il veut jouer à ça, juste pour se la péter « j’ai une grosse bite etj’encaisse les oinjs comme Bob Marley ». Et ta daronne au bout <strong>de</strong> mon gland, fils <strong>de</strong> pute ! Je roule un troisfeuilles pour lui foutre le seum.<strong>Le</strong> rebeu rajoute <strong><strong>de</strong>ux</strong> feuilles à son collage, j’en rajoute trois au miens. Ouais, je vais rouler un 6 feuilles ! MaloKid re<strong>de</strong>scend pour emprunter un Bang. Parfait, là ils vont piger qui est la TEAM UNDERGROUND, la cliquela plus calcinée du cerveau. Je me lance dans une grosse baston <strong>de</strong> regards avec le groupe <strong>de</strong> céfrans, Malo Kidrevient avec le Bang. Et on commence à se fonce<strong>de</strong>r. Je parle fort au rhey, pour que ces enculés enten<strong>de</strong>nt :— ’fume mon 6 feuilles et j’m’en refais un d’Isolator !L’Isolator est un shit tellement puissant que s’en fumer un six feuilles revient à se cramer la moitié <strong>de</strong>s neurones.Ces céfrans le savent mais l’un d’eux, pour casser les yeucs, embraye :— Et si on roulait un 15 feuilles <strong>de</strong> Haze ?J’enchaîne :-Vas-y Malo Kid, sinon on fait carrément un trente feuilles d’Isolator !<strong>Le</strong> rebeu comprend que ça <strong>de</strong>vient nawak, il commence à se vénère après nous :


— Hey les gars ! Arrêtez d’vous la raconter, nous on vous baise !Je réponds du tac au tac :— Pour ça faut avoir une bite, enculé ! Tu fumais ton premier oinj que j’me butais au shilom à 8 du mat,trimard ! Tiens, teste ça !Je lui tends le big bédo que je viens d’éclater, il fume <strong>de</strong>ssus et je vois bien qu’il lutte pour ne pas s’écroulercomme une pauvre mer<strong>de</strong> sur sa table. Pourtant, il ose me dire que mon teushe est gentillet et me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ceque je pense <strong>de</strong> sa weed. Je lui taxe son splif et tire quelques tafs :— Ouais, la weed a bon goût, dommage qu’elle fracasse pas plus qu’une garo.— Tu t’fous d’ma gueule ? Pas plus qu’une garo ?— Ouais, franchement j’pourrais faire méfu ça à ma mère grand !*Avec Malo kid, on ressort du coffee complètement défractés. <strong>Le</strong> rebeu s’est fait éjecter du Joly Joker après avoirgerbé ses tripes sur le plancher. Voilà ce que c’est que <strong>de</strong> vouloir faire son chaud avec la clique <strong>de</strong> l’un<strong>de</strong>rground.Fils <strong>de</strong> pute !— Bon, on branle quoi ? me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> Malo kid.— Nos bites !— Hein ?— Deux !-— Quoi ? Mais putain, qu’est-c’que tu racontes enfoiré ?— Bah tu me dis « qu’est-ce qu’on branle ? », j’te réponds « nos bites ». Après tu m’dis « hein ? », j’réponds« <strong><strong>de</strong>ux</strong> ».— Putain, t’es vraiment un gamin ! T’as qu’ça à foutre ou quoi ?— Quoi !— Sérieux, tu sais pas t’arrêter, t’es relou ! On va où ?— Dans un autre coffee !— Dur ! J’suis trop faya, tu veux pas qu’on s’fasse un p’tit tour du quartier rouge avant ?— Nan, il fait pas encore nuit ! On truci<strong>de</strong> les coffees jusqu’à leur fermeture et on fera du lèche-vitrine après.— Vas-y !On se bouge en direction du Goa. Je me souviens qu’ils bicravent <strong>de</strong> la bonne colombienne, la native la moinsreuche <strong>de</strong> Dam. Je me rappelle aussi qu’ils font <strong>de</strong> la Cheese et du bon Double-Zéro. On va se brutaliser lagueule.*On tient à peine <strong>de</strong>bout. <strong>Le</strong>s splifs nous ont ramollis comme le zguègue <strong>de</strong> Tonton Pérave. Pourtant, nos burnessont pleines et nous tirent vers le redlight. Avec Malo Kid, le bédo ne nous a jamais empêchés <strong>de</strong> triquer, même


en phase ultime <strong>de</strong> défonce. <strong>Le</strong>s néons rouges et violets illuminent le tiéquar. Juste à voir le panorama, ma triques’active déjà. J’ai encore du zeillo dans les fouilles et je compte bien fourrer mon braque. Ce qu’il y a <strong>de</strong> styléchez les putes, tout micheton connaît ça, ce n’est pas seulement <strong>de</strong> les bouillave, c’est aussi <strong>de</strong> savoir que tu vasles bouillave. La phase pré-baise est très importante, elle conditionne ta partie <strong>de</strong> cul.Enfin, la première vitrine apparait avec surtout ce qu’il y a <strong>de</strong>dans. Une blon<strong>de</strong> archi michto, tifs bouclés, pêchessiliconées, décolleté et mini-jupe en <strong>de</strong>ntelle ras la fouf. Je n’attends pas, sors un bifton <strong>de</strong> cinquante et meprécipite vers la vitrine. Malo Kid me retient :— Attends <strong>mec</strong>, tu t’jettes sur la première meuf qu’tu vois, tu veux pas faire le tour du tiéquar d’abord ?— Trop envie d’baiser ! Trop envie d’baiser !— Attends, sérieux ! Si tu gicles maintenant ça va t’niquer le reste <strong>de</strong> la nuit.— Trop envie d’baiser ! Trop envie d’baiser !— Tu les as même pas toutes téma, si ça s’trouve y a encore mieux !— Trop envie d’baiser ! Trop envie d’baiser !Je me spee<strong>de</strong> vers la vitrine mais manque <strong>de</strong> chatte, mes couilles pleines me ralentissent et un gadjo me grille laplace. La pute ouvre la lour<strong>de</strong> et la referme <strong>de</strong>rrière le micheton avant <strong>de</strong> tirer le ri<strong>de</strong>au. Fait ièche ! Trop envie<strong>de</strong> baiser ! Pas grave, Malo Kid a raison, ce n’est que partie remise.*<strong>Le</strong> gros blème du quartier rouge, les tapins ne sucent pas sans capote et n’acceptent pas <strong>de</strong> se faire spermer à laface. C’est la cinquième pute à qui je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> cette prestation, elle m’envoie péter en beauté. « You’re crazy ! »elle me fait. Je ne sais pas ce que ça veut dire mais ça n’a pas l’air cool. Taspé ! Elle ne pige pas que je nesupporte pas le latex (surtout quand je me fais sucer) et que je ne conçois pas une baise sans faciale à la fin.Deux bitchs en hauteur nous font signe <strong>de</strong> les rejoindre. Une renoi et une babtou blon<strong>de</strong>. Elles sont fraiches, unebonne partouze s’impose.— On les baise ? je propose à Malo Kid.— Vas-y, j’suis grave chaud !On monte l’escalier, les taimpes nous ouvrent. Je prends les <strong>de</strong>vants :— How much ? (ça veut dire « c’est combien ? »)— One hundred ! me répond la renoi.Je me tourne vers Malo Kid :— Elle a dit qu’on pouvait les troncher pour cent balles ! Ça fait 50 dolls chacun !— Cimer, j’sais diviser par <strong><strong>de</strong>ux</strong>.— Alors, on fait quoi ?— Bah vas-y, j’suis chaud, elles sont bonnes et elles ont l’air bouillantes !— Ok ! je fais à la renoi.


Elle tire le ri<strong>de</strong>au. Je tente le bluff en filant 80 eus aux meufs, la renoi m’annonce qu’il manque 20 balles.Rapia ! Je lui balance les 20 dolls restant. Avec Malo Kid on ne veut pas perdre <strong>de</strong> temps, on se fout à oilpé enmoins <strong>de</strong> vingt secon<strong>de</strong>s. <strong>Le</strong> poto <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à la blon<strong>de</strong> <strong>de</strong> se foutre en doggystyle, je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pareille à la renoi.<strong>Le</strong>s tepus se foutent sur le plumeton, <strong><strong>de</strong>ux</strong> <strong>de</strong>rches s’exposent en face <strong>de</strong> nous. Une trique <strong>de</strong> guedin ! On lesperfore.J’essaye d’envoyer un max <strong>de</strong> coups à la secon<strong>de</strong>, histoire <strong>de</strong> représenter la clique <strong>de</strong> l’un<strong>de</strong>rground etd’impressionner Malo Kid. J’ai l’impression que le srab joue au même jeu, il bouillave vénère. Je tente une sodomais la renoi me fait « no ! » (ça veut dire « nan »). Je lui fais signe <strong>de</strong> se foutre sur le dos, elle me répond « no,just one position ». Putain, ça <strong>de</strong>vient casse-couilles !— On échange ? je propose à Malo Kid.— Vas-y !Je m’installe <strong>de</strong>rrière la blon<strong>de</strong>, Malo Kid prend la renoi mais les tepus nous font changer <strong>de</strong> capote. Relou d’êtrecoupé par <strong>de</strong>s conneries pareilles ! Faut pas faire-ci, faut pas faire ça, faut changer <strong>de</strong> cagoule… et mes couillesputain ! On se remet à bourriner les teuches. Je retente quand même un truc, un oid dans le fiacre, encore« no ! ». Bor<strong>de</strong>l ! <strong>Le</strong>s putes <strong>de</strong> Dam brisent les burnes, je n’ai jamais vu ça. Et ce n’est pas fini, les bitchs nousspee<strong>de</strong>nt alors qu’on lime profondément le dindon :— Quick guys! You have two minutes !Je m’active pour cracher la purée, me conditionne à soulager mes glaouis mais que dalle, le fait <strong>de</strong> m’avoirpressé me ramollit le zguègue. Puis soudain « stop ! », les putes se dégagent et nous sortent que le temps s’estécoulé. Quoi ? De quoi ? Nous faire ça en pleine baise ! Quelle ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> putes ! J’ai trop le seum, je suisdégoûté ! Tu payes pour te faire plaisir et au final tu te retrouves encore plus nerveux. Pétage <strong>de</strong> câble dans macafetière, je commence à insulter les kharbas :— Fuck you bitch, fuck and suck you and fuck you fucking mother fucking fuck ! (c’est la seule insulte que jeconnaisse en rosbif).La blon<strong>de</strong> ramasse une chlop et se met à me menacer avec son talon-aiguille. Je m’apprête à lui envoyer unepatate dans les chicos mais Malo Kid me retient :— Nan <strong>mec</strong>, laisse-tomber, c’est blindé d’macs ici !— Qu’est-c’que j’en ai à foutre <strong>de</strong>s macs ? Je les défonce, je supporte pas qu’on s’foute <strong>de</strong> ma gueule !— Vas-y, c’est bon, on en baisera d’autres.<strong>Le</strong>s meufs s’excitent, on se barre. Y a <strong>de</strong>s patates dans la bouche qui se per<strong>de</strong>nt.*On vi<strong>de</strong> les kes qui traînent dans le dortoir <strong>de</strong> l’auberge. Faut dire qu’entre les tapins et la weed, on a pas malliquidé le pèze <strong>de</strong>s bouffons qu’on a éclatés à GDN. Un <strong>mec</strong> pachave en ronflant, la tête posée sur un sac <strong>de</strong>sport. <strong>Le</strong> kes en guise d’oreiller, c’est typique du <strong>mec</strong> qui cache son zeillo <strong>de</strong>dans. Je m’approche du plumard ettire doucement la bandoulière pour ramener le kes vers moi. <strong>Le</strong> <strong>mec</strong> remue un peu en murmurant un trucimpigeable. J’entends Malo Kid :— Mec ! Mec ! J’viens d’rotka 300 dolls !Je ne lui réponds pas, histoire <strong>de</strong> ne pas réveiller le fils <strong>de</strong> pute que je suis en train <strong>de</strong> barber. Je tire un peu plusla bandoulière, la tête du pachaveur tombe sur le matelas. Cool ! Je pécho le kes et recule doucement. J’adore cesmoments boostés à l’adren’. Je me pose par terre, à l’arrache dans le dortoir et me mets à fouiner dans les


affaires du <strong>mec</strong>. Des chaussettes, <strong>de</strong>s t-shirts…Putain, <strong>de</strong>s <strong>mec</strong>s osent encore porter <strong>de</strong>s moules-bites du XXèmesiècle avant JCVD ! Je fouille partout mais ne déniche rien, à part un paquet entamé <strong>de</strong> biscuits. C’est relou !— Hey ! me fait sursauter le proprio du sac.Je me lève et lui envoie un kick dans la face pour le recoucher. Fils <strong>de</strong> pute ! Je lui chourave un biscuit et me lefourre dans le bec. Histoire <strong>de</strong> ne pas avoir fait tout ça pour nada. Puis je m’aperçois en reluquant le paquet qu’ils’agit <strong>de</strong> space-cakes, ces sucreries blindées <strong>de</strong> canna. Stylé ! Quitte à bouffer, autant que ça défonce. J’encule lepaquet entier même si je n’ai pas du tout les crocs. Je ferme le kes <strong>de</strong> sport et le recale sous la tête du type.Comme ça au réveil, il ne se rappellera <strong>de</strong> rien. Si ça se trouve.Je retourne encore quelques kes pendant que Malo Kid dézingue les casiers privés puis on se taille <strong>de</strong> l’aubergeen saluant le chinois à l’accueil :— Salut Bruce <strong>Le</strong>e, va bien niquer ta daronne !— Bye, motherfuckers !*On marche comme <strong>de</strong>s galériens le long <strong>de</strong>s canaux. <strong>Le</strong>s coffees ont fermé, tout comme les smartshops. Pas <strong>de</strong>plans champis pour ce soir ! Nos couilles sont plus pleines que tout à l’heure, les <strong><strong>de</strong>ux</strong> putes ont réussi à nousfaire monter la sève mais sans l’évacuer. L’envie <strong>de</strong> bouillave est toujours là, encore plus insupportable.— Quelles putes, ces putes ! me fait Malo Kid. On s’en baise d’autres ?— Ouais, j’suis chaud ! Mais j’ai envie d’me défoncer !— Et alors ? Qu’est-c’qui t’en empêche ? Roule un joint !— J’te parle pas d’ça ! Évi<strong>de</strong>mment que j’vais en rouler un, mais j’kifferais bien me rebooster un peu, là j’suissur-éclaté.— Ah ok ! Bah compte pas sur moi pour t’suivre sur <strong>de</strong> la chnouf.— J’compte pas sur toi, j’parle pour moi !Malo Kid, je ne l’ai jamais pigé. C’est son côté bouffon, ses principes à <strong><strong>de</strong>ux</strong> balles. Ne pas toucher à la camehard, je n’entrave pas son délire. On n’a qu’une vie, c’est bien pour se la flinguer, bor<strong>de</strong>l <strong>de</strong> mer<strong>de</strong> ! Perso, s’il ya un truc qui me gave, c’est <strong>de</strong> me fonce<strong>de</strong>r seul dans ma matrice à côté d’un coéquipier qui ne me suit pas dansmes délires.On déboule <strong>de</strong>vant la vieille église, au milieu <strong>de</strong>s vitrines squattées par <strong>de</strong>s mamas africas. Tant qu’à faire, ons’improvise un petit tour <strong>de</strong> lèche-vitrines.— Elles sont bonnes ! je fais à Malo Kid.— T’es ouf toi ! Elles sont dégueulasses !— C’est toi qu’es ouf, chouffe celle-là ! je réplique en lui montrant une karlouche en guépière.— Celle-là elle est encore plus hardcore que les autres, elle a au moins 50 berges et 30 kils <strong>de</strong> trop.— Ouais mais justement, c’est bandant j’trouve. T’as <strong>de</strong>s grosses daronnes, elles foutent la trique. Ça leur donneun côté dominatrice.— Ouais ben moi, m’faire cravacher la gueule, c’est pas mon délire. T’es guedin comme type !


Malo Kid, il me vénère quand il me juge.-Va t’faire enculer ! Si elles sont encore là, c’est qu’y en a plein qui pensent comme moi.Il me gave, avec son esprit <strong>de</strong> contradiction <strong>de</strong> mer<strong>de</strong> ! J’ai quand même le droit d’avoir <strong>de</strong>s fantasmes différents<strong>de</strong>s siens. Mais nan, avec Malo Kid, si ça ne vire pas en gang-bang, en douche <strong>de</strong> sperme et en partouze avec <strong>de</strong>sbitchs siliconées qui n’existent que dans les films <strong>de</strong> ionf, tu es un <strong>mec</strong> chelou. Casse les yeucs !J’aperçois au loin un grand renoi à capuche postiché <strong>de</strong>vant une tritrine. Lui, s’il ne bicrave pas <strong>de</strong>s trucschelous… je m’avance vers le <strong>mec</strong> en laissant Malo Kid reluquer les renois soi-disant « dégueulasses ». Je témale type dans les yeux. Ça ne loupe pas :— Cocaïne ! Extasy ! il me fait.— Yes ! je réponds.— Ok come !<strong>Le</strong> renoi m'entraîne un peu plus loin, à l’angle <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>ux</strong> ruelles discrètes. Il fout sa main droite dans une fouille etme sort trois petits sacs et un pochtar remplit <strong>de</strong> pilules.— So what d’you want ?Quoi ? Je ne pige pas l’anglais, c’est relou! Il me tchatche mais je ne bite rien à ce qu’il veut.— Can you repeat please ! je réponds.— What d’you want ?— Hein?<strong>Le</strong> renoi commence à se vénère. Ce n’est quand même pas <strong>de</strong> ma faute s’il ne parle pas céfran. Je le voiss’exciter, reluquer un peu partout comme si les keufs d’ici en avaient quelque chose à battre <strong>de</strong> sa gueule et il semet à me parler sur un ton que je ne kiffe pas du tout :— So what man? What d’you fuckin’ want !Il me refile son stress, cet enculé. En plus j’ai trop envie <strong>de</strong> me buter le crâne. Je lui balance un genou dans lebi<strong>de</strong>, il se plie en <strong><strong>de</strong>ux</strong>, puis un direct dans la bouche. Il se rétame par terre. Penalty <strong>de</strong> Zizou dans sa gueule, jel’endors une fois pour toute, ramasse sa meumeu et me taille fissa.*A Dam, autant les coffees et les smartshops ferment tôt, autant les ra<strong>de</strong>s du quartier rouge restent ouvertsjusqu’au matin. J’attends que Malo Kid soit gentiment torché pour glisser en scred dans son verre un mix <strong>de</strong> CC,<strong>de</strong> MD et d’une came que je ne reconnais pas. On attaque notre quatrième peinte et je ressens déjà une montéefamilière. Celle d’une méthanf’, style <strong>de</strong> la ICE. <strong>Le</strong> poto s’agite aussi et tchatche <strong>de</strong>uspi sans se rendre comptequ’il tenait à peine <strong>de</strong>bout une heure avant, comme si le THC avait déserté son résiné.-— Putain, j’me sens opé ! il me sort. Tu vois, j’étais éclaté tout à l’heure à cause <strong>de</strong> la skunk, j’avais trop envie<strong>de</strong> pachave et là j’ai la patate sa mère. J’suis opé ! Sur-opé ! Pire que si j’avais tapé d’la C.Je me retiens <strong>de</strong> me marrer, en me mordant l’intérieur <strong>de</strong> la joue. Faudrait pas que je sois cramé, sans quoi avecla force <strong>de</strong> l’auto-persuasion, le soce risquerait <strong>de</strong> partir en bad, lui qui voit la came hard comme un truc hard. Ilcontinue <strong>de</strong> pénave, je le laisse s’exprimer et l’écoute :


— Tu vois Mec, ça m’casse les burnes ce manque d’ambition chez nous. J’veux dire, on dépouille un peu par-cipar-là, c’est cool, on bicrave aussi, vite-fait, <strong>de</strong>s petites magouilles comme ça, mais ça va durer combien <strong>de</strong>temps ? C’est bon quoi, on a plus 12 piges, il faut voir les choses en grand maintenant !— J’suis d’accord Malo Kid mais tu crois que j’fais quoi ? J’tiens un gueblo, j’ai <strong>de</strong>s bouquins sous l’cou<strong>de</strong>, moiaussi j’vois les choses en fat.— Nan mais ça c’est autre chose. Ton blog par exemple, c’est d’la mer<strong>de</strong> ! Tout le mon<strong>de</strong> s’en bat la race <strong>de</strong> liretes anecdotes <strong>de</strong> l’un<strong>de</strong>rground. Moi j’te parle <strong>de</strong> faire un gros coup, un truc qu’on organise en <strong><strong>de</strong>ux</strong>-quatre-septet qui t’paye une retraite express à Pattaya. Ton site et tes bouquins, c’est pas ça qui va t’rincer !Il me vénère…— Qu’est-ce t’en sais ? La meuf d’Ali Porteur, elle est plus thunée qu’un saoudien à l’heure qu’il est.— On s’en bat les grelots mon frère ! Ça t’empêche pas d’continuer à gratter si ça t’fait plaize, même si j’trouveça bildé et qu’la littérature c’est un truc <strong>de</strong> suce-boules. Mais en plus, si on tapait un gros coup !Il marque un point. L’un n’empêche pas l’autre.— Ok mais alors qu’est-c’que tu proposes ? Un braquo ?— Par exemple ! On dépouille un ou <strong><strong>de</strong>ux</strong> coffees, on ramène le bédo et on liqui<strong>de</strong> tout en France !Je réfléchis. Bof ! Trop galère, trop risqué et pas assez lucratif.— Mouais ! Sans plus !— Quoi ? Alors quoi ? Vas-y, explique ! Explique !— Putain, arrête d’être speed comme ça, tu m’fais mal au crâne !— Quoi ? Quoi ? Quoi ? J’suis <strong>de</strong>uspi là ? Hein ? Hein ? Hein ? Vas-y, tu proposes quoi ? Vas-y, vas-y !Propose ! Vas-y ! Hein ?Puis comme d’hab, une pure idée me tombe <strong>de</strong>ssus :— Et ben moi j’dis, ce serait d’la balle si une pute tapinait pour nous ! On la tabasserait tellement qu’elle nousramènerait masse <strong>de</strong> zeillo, en plus elle serait archi bonne et on pourrait même la baiser quand on voudrait.Hein ? Hein ? Hein ?*Adjugé bicrave, on va bitchnapper. Comme un kidnapping, mais avec une bitch à la place d’un kid. Malo estchaud bouillant, je l’ai rarement vu dans un état pareil. Ça fait zizir ! On tourne dans le redlight <strong>de</strong> Singel pourdénicher la gagneuse idéale. On a préféré le quartier rouge <strong>de</strong> Singel au principal, blindé <strong>de</strong> touristes donc <strong>de</strong>poucaves potentielles. On va faire ça <strong>de</strong> manière pro. On est <strong>de</strong>s macs ou on ne l’est pas, et nous on l’est.Il est cinq du mat et à cette heure-ci il n’y a plus foule, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur <strong>de</strong>s vitrines. Enplus, j’ai l’impression que les quelques tapins qui restent ne sont pas les plus bonnes. Beaucoup <strong>de</strong> vieilles, <strong>de</strong>grosses et <strong>de</strong> fatous, ça me rappelle un peu la Rue Saint-Denis. Fait chier, on ne va quand même pas ramener uncageot en France !— T’es sûr que c’est une bonne idée ? me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> Malo Kid.Et mer<strong>de</strong> ! <strong>Le</strong> poto re<strong>de</strong>scend, j’aurais dû foutre plus <strong>de</strong> dope dans sa bibine.— C’est une pure idée ! je lui réponds. N’oublie pas, on va palper grave !


— Ok ok, j’te fais confiance.Il va falloir agir vite avant que Malo Kid s’aperçoive qu’on prépare un plan complètement barré. Quand il estnet, le soce gar<strong>de</strong> les pieds sur terre, il n’y a que foncedé qu’il se laisse engrainer dans mes plans.— Tiens, chouffe celle-là ! je lui fais en montrant une blon<strong>de</strong> pas trop dègue style Europe <strong>de</strong> l’est, ruskov oupolac.— Ouais, j’avoue, elle est pas mal ! Mais t’es sûr qu…Je n’écoute pas la fin <strong>de</strong> sa phrase et me spee<strong>de</strong> vers la vitrine. La tepu ouvre la lour<strong>de</strong> et me laisse entrer.— Fifty euros ! elle m’explique comme si j’étais un débutant.— Ok !Malo Kid reste <strong>de</strong>hors comme un chéla. Tant pis pour lui ! Quand je serai mac, il ne prendra que 10% <strong>de</strong>srecettes <strong>de</strong> ma tartineuse. Je lâche 50 balles à la pute, autant la niquer avant <strong>de</strong> l’embarquer, surtout que j’aiencore les couilles pleines à ras bord. Elle baisse son string, mon fute, m’enfile une capote avec sa bouche etcommence à me pomper le dard. La pipe cagoulée n’est pas mon truc, je la fous en doggstyle sur son pieu et memets au taf.Je la bourrine comme un har<strong>de</strong>ur dopé aux méthanfs. Je vais essayer <strong>de</strong> cracher rapi<strong>de</strong>ment vu que ces lopsasgar<strong>de</strong>nt les yeux rivés sur leur breloque. Je lui défonce la teucha, tente <strong>de</strong> lui glisser un oid dans le <strong>de</strong>rche maiselle repousse ma main. Putain ! On ne peut jamais rien entreprendre avec les putes <strong>de</strong> Dam. Tu verras quand elletaffera pour moi, ce sera du no-limit et du no-capote. Juste un supplément pour lui spermer à la gueule et luiramoner l’oignon.Je lui défouraille le dindon, la sève monte…je crache et m’effondre sur le plumard. Grosse défonce liée à l’éjac.<strong>Le</strong> corps, c’est vraiment un truc chimique ! Mon palpitant s’emballe, je me relève et remonte mon moule-bite.J’ai tapé trop <strong>de</strong> coke. Je ne poireaute pas dix plombes, je saute sur la pute pour l’assommer mais je me casse lagueule. Elle hurle. Je suis trop teubé, j’ai pensé à remonter mon calfouette mais j’ai zappé le futal et je me suispris les pattes <strong>de</strong>dans.*Deux ruskofs bodybuildés déboulent dans la chambre au moment où je viens d’éclater leur poule. Mer<strong>de</strong> ! Soidisant,sous prétexte que les passes sont en vente libre, il n’y a pas <strong>de</strong> macs à Amsterdam. Mon <strong>de</strong>rche ! <strong>Le</strong>stypes ont l’air coriace, <strong>de</strong>s bonnes tronches <strong>de</strong> psychos comme on voit dans les films <strong>de</strong> mafieux. Je me suistoujours méfié <strong>de</strong>s types d’Europe <strong>de</strong> l’est, surtout <strong>de</strong> ceux qui portent <strong>de</strong>s tatouages <strong>de</strong> clans et <strong>de</strong> taulards.J’avais un pote comme ça qui avait tenté d’enculer <strong>de</strong>s tchèques sur <strong>de</strong> l’héro. On n’a retrouvé que sa tête et unecouille trois mètres plus loin.<strong>Le</strong>s <strong><strong>de</strong>ux</strong> colosses s’avancent vers moi, je sens que ça va bastonner grave. Ils tchatchent dans leur langue chelou,je kifferais bien savoir ce qu’ils se racontent mais d’un autre côté, mieux ne vaut peut-être pas, je ne suis pas sûrque ça soit hyper tigen.— Nasdrovia ! je leur fais pour gratter l’amitié.Je ne connais que ce mot-là en ruskof et encore, je ne suis pas totalement certain <strong>de</strong> sa signification. J’espèrejuste que ce n’est pas une insulte. <strong>Le</strong>s types se regar<strong>de</strong>nt puis continuent à avancer vers moi, j’essaye autrechose :— Popov ! Bratva ! Cocktail Molotov ! Kalashnikov!


Ça ne fonctionne pas, les gadjos ne semblent pas emballés par l’idée <strong>de</strong> faire la causette. Bon, et ben je crois quemon choix est assez limité. Je me lance vers les <strong><strong>de</strong>ux</strong> connards et tente d’envoyer un double-kick, je me mangeune patate <strong>de</strong> bucheron à la place.*J’ouvre les yeux. Ma vision est trouble comme dans une foncedée sous LSD. J’ai mal à la mâchoire et mon zenpisse le sang. Hardcore ! J’ai la gueule en biais. Je suis où, bor<strong>de</strong>l ? Encore dans la chambre, je reconnais lesmurs, le pieu et les go<strong>de</strong>s. Je reconnais aussi la taimpe que j’ai marbrée. Elle est étalée par terre. Moi, je n’arrivepas à bouger. On m’a ligoté sur une chaise. <strong>Le</strong>s voix <strong>de</strong>s ruskofs me ramènent à la réalité. Ça y est, je mesouviens. <strong>Le</strong>s macs. Je suis dans la mer<strong>de</strong>. L’un vient se positionner <strong>de</strong>vant ma gueule, l’autre reste <strong>de</strong>rrière lesbras croisés. Putain, ils n’ont vraiment pas l’air golri !— Nasdrovia ! je lui fais.Il me décolle une tarte dans la face. Fils <strong>de</strong> chien ! Je lui crache un molard ensanglanté à la gueule avant <strong>de</strong>sourire comme le roi <strong>de</strong>s enculés, en mo<strong>de</strong> « je veux me faire torturer salement ». <strong>Le</strong> ruskof recule en tirant latronche d’un <strong>mec</strong> surpris et en s’essuyant la face. Et ouais, la réputation <strong>de</strong> la mafia russe en fait balise plus d’unmais là ils ne sont pas tombés sur un <strong>mec</strong> qui se chie <strong>de</strong>ssus. Je les baise tous moi !En me voyant sourire, Popov se met à golri. Puis il se ravance vers moi et me fait « NO POLIZEÏ ! Capish ?Un<strong>de</strong>rstand ? No Police ! ». Je crois avoir pigé. Ça signifie « pas <strong>de</strong> keufs » ! Ça veut dire qu’ils vont régler ça àleur sauce, sans prévenir les chmitons que j’ai tenté <strong>de</strong> bébar une tepu. Mer<strong>de</strong>, je crois qu’ils veulent meflinguer ! Putain, ça ne le fait archi pas ! J’en recrache un autre sur la face du ruskof. Il me marave la gueule,pendant que Malo s’infiltre en loucedé dans la pièce.*Je gueule ma race. Non pas que j’en ai quelque chose à battre <strong>de</strong> ses putains <strong>de</strong> gifles, mais pour attirerl’attention et couvrir les pas <strong>de</strong> Malo Kid. <strong>Le</strong> russe me sort un chlass d’enfoiré, le genre <strong>de</strong> surin inventéuniquement pour le dépeçage. Je ne vais pas kiffer, même si je me dis que c’est une belle mort. Une mortun<strong>de</strong>rground. Avec son cutter, Malo Kid vient d’égorger par <strong>de</strong>rrière l’autre Popov <strong>de</strong> mes couilles. Je me remetsà hurler pour couvrir le son d’un colosse qui se rétame <strong>de</strong> tout son poids sur le sol.Mon tortionnaire me fout sa lame sous mes yeux, j’arrête <strong>de</strong> gueuler et souris. Il tire une <strong>de</strong> ces tronches, il estégaré. « Nasdrovia », je rajoute pour le vénère encore plus. Et ça marche, je rodave sa mâchoire se contracter etses sourcils <strong>de</strong> froncer. Il passe sa lame sous ma gorge, la <strong>de</strong>scend vers le bi<strong>de</strong> comme s’il allait me déverser lestripes puis la rapproche <strong>de</strong> ma bite. Nan, pas la bite ! Je jette un coup d’œil à Malo Kid :— Putain, grouille-toi enfoiré !<strong>Le</strong> ruskof se retourne, Malo Kid lui plante son cutter dans l’œil. Moi, vu que mes beujes ne sont pas attachées,j’envoie un strashoote dans les burnes du russe. <strong>Le</strong> poto le termine avec une patate <strong>de</strong> forain dans la ganache.Game-Over, rentre chez ta mère !— Putain, quand j’ai entendu hurler et qu’j’ai vu les schwarzys rappliquer dans la piaule, j’ai flippé ma mère !m’explique Malo Kid.— Vas-y, arrête <strong>de</strong> raconter ta life et détache-moi !— Putain, c’est comme ça qu’tu m’remercies ?— Ta gueule ! Grouille-toi ! On prend la pute et on s’arrache !*


La tepu est encore KO, on la porte par-<strong>de</strong>ssous les bras. C’est une technique pour faire croire aux passantsqu’elle est complètement torchée. Heureusement, il n’y a plus un pélo dans la rue. <strong>Le</strong> jour se lève sur Dam etnous, on rentre à l’auberge. Malo Kid ne pipe pas un putain <strong>de</strong> mot, je crois qu’il est re<strong>de</strong>scendu et qu’ils'aperçoit qu’on est un peu parti en couilles. Perso, je n’ai aucun regret. D’accord, on en a charclés <strong><strong>de</strong>ux</strong>, maisc’étaient <strong>de</strong>s fils <strong>de</strong> putes et au final on repart avec la taimpe qu’on fera tapiner une fois <strong>de</strong> retour en France.Donc pour moi, tout va bien.— J’crois qu’on a déconné ! me confie Malo Kid.— Mais nan <strong>mec</strong>, archi pas ! je le rassure.— « Archi pas », « archi pas », moi j’trouve que ça craint. J’sais pas pourquoi j’t’ai suivis, c’est pas mon style <strong>de</strong>faire nawak à c’point.— On n’a pas fait nawak ! J’connais pas un proxo qui n’a pas d’sang sur les mains.— Ouais, t’as p’t’être raison mais j’suis pas sûr que les proxos soient autant à l’arrache que nous.— Si ! Moi j’connaissais un albanais, il a voulu flinguer <strong>de</strong>s kemas pour barber leurs talonneuses.— Et…?— Il s’est fait fumer !— Super !— Ouais, mais il était encore plus à l’arrache que nous !— C’est sensé m’rassurer ?— Bah ouais !— Ah ok ! Cimer alors !On entre dans l’auberge, le noiche nous stoppe direct en voyant le tapin qu’on trimballe.— Hey motherfuckers ! No bitches hear, or you pay one bed more !— Qu’est-c’qu’il dit c’fils <strong>de</strong> chien, j’entrave que dalle ? Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à Malo Kid.— J’en sais rien moi ! J’ai juste pigé « no bitches ». Il veut pas d’putes dans l’auberge.— Putain mais quel tarba ! On fait quoi du coup ?— J’sais pas !— Putain, tu sais jamais ! T’es vraiment trop con !— Va t’faire enculer ! J’aurais dû t’laisser avec les polacs !— Attends attends, j’ai une bête d’idée !*J’ai mal aux beujes. Trimballer une pute du redlight <strong>de</strong> Singel jusqu’au « noiche district », pour ensuite la traînerà Centraalstation, v’là la mission galère ! Il a fallu que je lui refoute un direct dans la face, elle se réveillait etcommençait à se débattre. <strong>Le</strong>s gens nous reluquent un peu chelou mais c’est normal, ça fait toujours zarbi <strong>de</strong>croiser <strong><strong>de</strong>ux</strong> pouilleux traîner une racli en cuissar<strong>de</strong> la face amochée. Je m’en bats les steaks !


— Ton idée est ultra teubé ! me fait Malo Kid.— T’en as une autre ? je lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.— Aussi con ou encore plus ?Il me fait golri Malo ! A part critiquer et me dire sans arrêts que j’ai <strong>de</strong>s idées <strong>de</strong> mer<strong>de</strong>, il ne propose rien. SiChivas avait été là, on ne se serait pas pris la tête à ce point. On aurait foutu la gagneuse dans le coffre <strong>de</strong> sagova et on serait rentré peinard en mo<strong>de</strong> « go-fast ».On passe les portes <strong>de</strong> la gare et on pointe direct à la consigne. Un vioque fout ses bagages dans un coffre,j’hésite <strong><strong>de</strong>ux</strong> secon<strong>de</strong>s à le dépouiller avant <strong>de</strong> me dire qu’en fin <strong>de</strong> compte, je vais peut-être m’arrêter là. Cen’est pas une très bonne idée d’accumuler les conneries. <strong>Le</strong> vieux se taille, la voie est libre. Pendant que MaloKid tient la pute, je vérifie qu’il n’y a pas <strong>de</strong> caméras. Que tchi ! Je remets une patate à la bitch qui se réveille,on la recroqueville et on la fout dans un coffre avec une teille <strong>de</strong> flotte récupérée dans un distrib’ <strong>de</strong> la gare. Ceserait con que notre fric crève <strong>de</strong> déshydratation.*Je me réveille en sursaut. Cauchemar <strong>de</strong> ouf ! J’ai rêvé que je passais l’aspirateur dans mon squat. Nan, c’est enfait un homme <strong>de</strong> ménage qui le passe dans le dortoir. Putain, le fils <strong>de</strong> pute, il m’a sorti du plumeton ! Je reluquel’heure sur l’horloge <strong>de</strong> la pièce. Midi. L’enculé <strong>de</strong> sa mère la din<strong>de</strong> ! Ce n’est pas humain <strong>de</strong> nous réveiller àcette heure-ci. Je comate un peu sur mon pieu, Malo Kid est toujours en train <strong>de</strong> pachave. Ça va, il se met bienl’enfoiré !Je reluque le <strong>mec</strong> allongé sur le plumard en face <strong>de</strong> moi. Il a un gnon sur la gueule. Sans doutes le type que j’aikické cette nuit. Lui aussi, il pionce bien. Cimer qui ? Cimer moi. Je me lève et tèje un regard meurtrier àl’homme <strong>de</strong> ménage. Il s’en bat les steaks comme un vrai hollandais. Fils <strong>de</strong> pute ! Je me ramène vers Malo Ki<strong>de</strong>t le secoue un peu :— Malo Kid ! Malo Kid !— Humm…— Réveille-toi!Il remue sans me calculer, j’insiste:— Malo Kid putain ! Réveille-toi !— Ta mère la pute ! il me répond toujours en dormant.— Enculé va ! Tu bouges ton cul ou quoi ?<strong>Le</strong> ref finit par ouvrir les yeux.— Mec ! Pourquoi tu m’fais chier ?— C’est l’autre bâtard, il m’a réveillé avec son aspirateur.— Et alors tu t’sens obligé d’te venger sur moi ? Espèce d’égoïste !— C’est quoi un égoïste ?— C’est quelqu’un qui pense pas à moi !— Bon, tu viens ou pas ?


— Nan, j’pachave !— Vas-y, viens !— Putain, tu fais chier !*La Nother Light n’est pas la zèbe qui défonce le plus mais ça reste une valeur sûre au niveau du goût. J’en fousun meuge dans mon blunt et on se taille du Rokerij. Je kiffe me promener dans les rues <strong>de</strong> Dam avec un gros purentre les doigts. Quand je dis que je kiffe me promener, je kiffe surtout galérer dans le redlight et faire du lèchevitrinescomme un dalleux.Malo Kid me propose <strong>de</strong> pointer au musée du sexe, je l’envoie chier. Pas que ça à foutre <strong>de</strong> reluquer <strong>de</strong>sautomates m’exhiber leur zguègue ou <strong>de</strong>s tofs à l’ancienne, moins bandantes qu’un bon film <strong>de</strong> boules. Et puisles musées, c’est <strong>de</strong> la mer<strong>de</strong> ! Je n’ai jamais kiffé ça, c’est un délire <strong>de</strong> gros suceurs. Et moi le suce-boulage, çame casse les yeucs !Malo Kid me suit vers le red-light <strong>de</strong> Singel, celui où on a fait un carnage la nuit <strong>de</strong>rnière. J’éclate mon blunt<strong>de</strong>vant la première vitrine que je mirave, même si personne ne tapine <strong>de</strong>dans. J’ai une <strong>de</strong> ces envies <strong>de</strong> me vi<strong>de</strong>rles burnes moi ! Alors, qu’est-ce qui se trame dans ce boxon ? Où elles sont les puputes ? On prend une ruelle àgauche, je planque mon oinj en voyant qu’elle est blindée <strong>de</strong> rnouchs.— Et mer<strong>de</strong> ! fait Malo Kid.Ouais, comme il dit. <strong>Le</strong> passage est bouché par une foule curieuse qui se grouille <strong>de</strong>vant la scène du crime : lachambre dans laquelle <strong><strong>de</strong>ux</strong> ruskofs se sont fait égorgés et une pute putenappée. Il parait qu’un tueur revienttoujours sur le lieu <strong>de</strong> son meurtre, c’est exactement ce qu’on est en train <strong>de</strong> faire. Sauf que moi, je n’ai butépersonne et en plus, à la base on était juste venu rafler une taimpe. Alors si je ne suis pas un psychopathe, je suispeut-être juste très con. Nan, c’est impossible, j’ai toujours <strong>de</strong>s pures idées. J’avance vers le troupeau <strong>de</strong> pélos.— C’est une connerie ! me sort Malo Kid. Viens, on s’casse <strong>de</strong> là !Je ne calcule pas le rhey et continue d’avancer. Puis un tapin se met à hurler en me pointant du doigt. Bor<strong>de</strong>l <strong>de</strong>mer<strong>de</strong> ! 180°, on pique un sprint d’enculé !*Dans la course, j’ai lâché mon blunt et ça me vénère. Je crache mes éponges, ça fait une paye que je n’ai passpeedé comme ça. Putain, je ne pensais pas qu’on nous avait rodave hier ! C’est relou ! Je téma <strong>de</strong>rrière moi.Que tchi !— C’est bon arrête-toi, y a personne ! je fais à Malo Kid.On stoppe pour reprendre <strong>de</strong> l’air. Si un jour on m’avait dit que je ferai du sport à Dam, j’aurais pris ce « on »pour le roi <strong>de</strong>s narvalos. Je lâche un gros molard pour me nettoyer les bronches, le poto gerbe une galette. Onn’est pas prêt <strong>de</strong> refoutre nos chlops dans le redlight <strong>de</strong> Singel, on ira se dégorger le poireau à De Wallen.— C’était une idée fanée d’y retourner ! me dit Malo Kid.— Ça arrive <strong>de</strong> s’tromper ! je me défends.On avance doucement dans le quartier chinois, en direction <strong>de</strong> l’auberge. Il va falloir barber <strong>de</strong> la thune, je croisqu’il ne nous reste plus grand-chose. Puis je m’enfilerais bien un Burger King avant <strong>de</strong> m’envoyer <strong>de</strong>s champisdans la gueule, même si c’est mieux <strong>de</strong> les consommer à jeun. Au pire, je n’aurai qu’à tripler les doses. Ouais,c’est ce que je vais faire, bien damer et me buter aux hawaïens. Je pourrais même les coupler à <strong>de</strong> l’alcool et <strong>de</strong>la came, pour une expérience psychédélique hors du commun.


Je sème les crachats comme le Petit Cépou sème les youcas. Spee<strong>de</strong>r comme ça, c’est inhumain ! Pas humain, jeveux dire. Malo Kid presse son point <strong>de</strong> côté avant d’en lâcher une autre. Je lui avais dit d’entretenir son souffle,plutôt que <strong>de</strong> pousser <strong>de</strong> la fonte comme un gros blair. Moi au moins, même si je m’encrasse salement leséponges, je taffe ma ventilation et mon palpitant à coups <strong>de</strong> boxe et <strong>de</strong> sacs <strong>de</strong> frappes. <strong>Le</strong> srab jette un coupd’œil <strong>de</strong>rrière nous et s’arrête <strong>de</strong> chémar. Je le taille :— Ça y est, t’en peux plus ? Tu déclares forfait ?— Attends, attends !— Hein, madame la baltringue n’en peut plus ?— Et mer<strong>de</strong> ! il se met à gueuler.Je regar<strong>de</strong> <strong>de</strong>rrière moi, trois colosses courent vers nous. Putain, on dirait <strong>de</strong>s ruskofs ! <strong>Le</strong>s maquereaux à notre<strong>de</strong>rche. On retape un sprint d’enculé, heureusement que les types mastocs ne sont pas rapi<strong>de</strong>s. Je me retourne, ona distancé ces chiens <strong>de</strong> la casse. Ils ne se trouvent plus dans notre ligne <strong>de</strong> mire. Nickel ! Malo Kid balance unegalette, on se planque dans l’auberge.*A peine on passe les portes <strong>de</strong> l’hébergement que tous les regards se braquent sur nous. <strong>Le</strong> noiche à l’accueil,trois chmits en uniforme, l’enculé avec son œil au beurre noir que j’ai kické dans son sommeil et les <strong><strong>de</strong>ux</strong> babos<strong>de</strong> Gare du Nord, avec leur ganache fracturée. La scoumoune !Volte-face, on técale dans l’autre direction. On se natchave <strong>de</strong> l’auberge en <strong><strong>de</strong>ux</strong>-quatre-sept pour se retrouver<strong>de</strong>vant les trois big-macs. L’un d’eux essaye <strong>de</strong> me pécho le bras, je l’esquive et trace à la Usan Bolt. Malo Kidaussi se fout en mo<strong>de</strong> fusée. Des lapins, sauf que j’aurais préféré piner plutôt que <strong>de</strong> détaler. <strong>Le</strong> boxon <strong>de</strong>rrièrenous, ça gueule vénère. Kisdés et proxos au cul, c’est la hass totale !On prend une rue à droite pour atterrir au bord du canal <strong>de</strong>s vitrineuses. Je dégage les michetons et fait béton<strong><strong>de</strong>ux</strong> trois passants sur mon passage, Malo Kid se mange un vieux et le pousse à la flotte. Ça hurle dans lequartier rouge.— Hey motherfucker ! m’insulte un renoi au milieu d’un groupe <strong>de</strong> karlouches.Je reconnais le <strong>de</strong>aler que j’ai couché hier soir avant <strong>de</strong> lui avoir tiré sa came. Maintenant, les cainfris à nostrousses. Je fonce. On est dans une sacrée chiasse mais en même temps je préfère relativiser en partant duprincipe où ça nous occupe. On tourne à gauche en direction <strong>de</strong> la place Dam, une daronne passe <strong>de</strong>vant nousavec sa poussette. Réaction instinctive, je saute par-<strong>de</strong>ssus la poussette mais Malo Kid se la mange en pleinegueule et l’éjecte sur la route au moment où passe un vélo. Gros bor<strong>de</strong>l ! Pauvre gamin, en même temps iln’avait rien à foutre-là. Malo Kid se ramasse la gueule par terre, se relève et se remet à courir.On déboule sur la place Dam et on remonte Damrak vers Centraalstation.*Je dois dire qu’on a une chatte <strong>de</strong> dingue. Ça arrive, mine <strong>de</strong> rien. On monte dans le train pour Paname mêmepas cinq minutes avant son départ. De toute façon on a semé tous ces enculés <strong>de</strong> leur mère. Malo Kid dégueuleses tripes dans le train, moi je crache un peu partout. Des barres, ils vont tèje le wagon ! On se pose sur <strong>de</strong>splaces inoccupées et on se met à golri. Normal, on a échappé <strong>de</strong> peu à l’incarcération ou la torture.— Ah putain, on a eu chaud au tarpé ! me fait Malo Kid.— C’est clair, on les a bien niqués, ces tarbas !— Sympa cette petite session Dam !


— Grave ! Mais c’est pas <strong>de</strong>main qu’on y refoutra les pieds.— C’est clair !— Et maintenant, à nous la thune !— Hein ?— Et mer<strong>de</strong>…Fait chier ! On a oublié la pute à la consigne…FIN


<strong>Le</strong> porc d'Amsterdam (par Tonton Pérave)On avait dans les 20 piges. Et à force que je tanne le cuir à mes <strong><strong>de</strong>ux</strong> potes, en les baratinant sans cesse qu'à Damc'est trop bien, on a décidé d'y aller. Un week-end <strong>de</strong> défonce entre couilles, ça peut pas faire <strong>de</strong> mal... c'est rienque du bonheur en perspective. Surtout qu'au pays, tu tombes amoureux à tous les coins <strong>de</strong> rue, et ça, ça allaitnous changer <strong>de</strong>s crevures et autres radasses, celles qu'on avait l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> tringler, en travers <strong>de</strong> la caisse,après la fermeture <strong>de</strong>s bars. Voir le cul <strong>de</strong> ton pote qui lime pendant que tu attends ton tour, ses va-et-viens par laportière, c'est pas à proprement parler l'extase. Surtout quand tu as 4 grammes <strong>de</strong> sang <strong>de</strong> l'alcool, et que tu te<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s si tu vas réussir à chopper la mi-molle qui te permettra <strong>de</strong> fourrer un peu le cadavre qui t'attend.Moi, j'y étais déjà allé à Amsterdam avec <strong><strong>de</strong>ux</strong> autres potes. Une semaine entière, une semaine <strong>de</strong> vacances, lesdoigts <strong>de</strong> pied en éventail et le bédo au coin <strong>de</strong>s lèvres. On était parti tôt le matin, faire un peu le tour à lacapitale avant <strong>de</strong> pousser sur la côte, un peu plus loin qu'Haarlem, à Castricum aan Zee, afin <strong>de</strong> faire ducamping, du tourisme vert : la bonne blague ! Je me rappelle, le premier soir sous la tente, on avait 15 sortes <strong>de</strong>beu, et 10 sortes <strong>de</strong> shit. Pas la peine <strong>de</strong> dire qu'on avait même pas envie <strong>de</strong> ban<strong>de</strong>r. Par contre <strong>de</strong>s femmes <strong>de</strong>notre vie, on en avait plein la tête.Vu qu'au Nord, le matos coûtait que dalle (dans les capitales, ils se foutent carrément <strong>de</strong> la gueule du mon<strong>de</strong>), etqu'il nous restait <strong>de</strong> la thune, pour les <strong>de</strong>rniers jours on a décidé <strong>de</strong> s'offrir une chambre d'hôtel. Alors, on estretourné à Amsterdam, histoire d'approfondir un peu l'exploration du quartier rouge. On a un peu galèré pourtrouver une piaule, mais sans plus. Dans une agence, ils nous en ont trouvé une excentrée mais dans nos moyens.Sur la route, on s'est arrêté dans un coffee afin <strong>de</strong> compléter notre collection. C'est pas qu'on avait plus rien àfumer, c'était juste pour voir s'il existait une sorte <strong>de</strong> weed qu'on ne connaîtrait pas, ou un tos encore plusexotique que le libanais rouge. La serveuse était cool. <strong>Le</strong> coffee était clean. On aurait dit un salon <strong>de</strong> thé. Mêmeque sur le comptoir, il y avait un space-cake sous une cloche en verre. Il était trop beau et avait l'air trop bon. Aforce <strong>de</strong> nous voir baver <strong>de</strong>vant comme <strong>de</strong>s morfales, la serveuse nous a <strong>de</strong>mandé : "You want some ?", alors ona dit "Yes !" et avec on a commandé trois infus pour l'accompagner. Là, la meuf a dû nous dire un truc commequoi on était complètement barge, et on lui a répondu (ou essayé <strong>de</strong> lui répondre) qu'on était pas stupi<strong>de</strong> pourautant, que d'ici à ce que le bazar soit monté, on serait tranquille peinard dans notre chambre à l'hôtel à regar<strong>de</strong>rla téloche que <strong>de</strong> toute façon on y comprendrait rien.Fini le goûter, comme promis, on a pris la caisse pour aller se perdre en banlieue avant <strong>de</strong> trouver l'hôtel.Vraiment classe, au charme cosy et super propre. Quand tu viens <strong>de</strong> passer plusieurs nuits à dormir à la dure, àmême le sol parce que t'as pas <strong>de</strong> matelas pneumatique, t' as beau ne pas être <strong>de</strong> la haute, un plumard et <strong>de</strong>s drapsqui sentent bon, tu apprécies à donf. La vie <strong>de</strong> château c'est quand même <strong>de</strong> la balle. Tannés sur les plumards, ona zappé à la télé et effectivement on a rien compris à ce qui se disait, mais normal le néerlandais c'est trop cheloucomme langue. Cela va <strong>de</strong> soi qu'on a fumé encore plein <strong>de</strong> tarpés. C'est là que le blème s'est installé parce qu'onétait pas plus défoncé que ça. Space-cake plus tisane à l'herbe, on s'attendait à ce qu'il nous arrive le même trucqu'à Jospin lorsqu'il a tiré une taffe sur son pète, genre halluciner une déesse indienne. Soit le gus c'est un mytho,soit la serveuse nous avait entubé, parce que rien... on était mort <strong>de</strong> rire que ça ne nous fasse rien, mais on étaitsurtout vénère que notre cerveau ne se retourne pas dans notre crane. En plus, au bout d'un moment, histoire <strong>de</strong>corser l'affaire, on a eu la dalle, une putain <strong>de</strong> fringale d'enculés. C'est là qu'on a compris que ce n'était pas que letruc nous faisait rien, mais qu'on avait tellement emmagasiné <strong>de</strong> THC les jours précé<strong>de</strong>nts, que mis à partl'hypoglycémie le cannabis ne nous apporterait pas grand-chose... c'est là, qu'on a décidé d'essayer un trucvachement plus hardcore...*Faut que tu saches, fils, que je suis un vioc, un daron... je sais pas comment tu dis dans ton dialecte <strong>de</strong> Zoulou.Mais pour te situer ma life dans le contexte, les Spirals Tribes ont débarqué en France en même temps que mapremière paie. Autant te dire que les accords Matignon, je les ai célébrés dignement dans <strong>de</strong>s technivals mêmepas financés par le ministère <strong>de</strong> la culture. Par exemple, j'ai vu sous petris, le soleil se lever sur le cordon <strong>de</strong> CRS


qui ceinturait notre spot. Alors, on a poussé comme <strong>de</strong>s loups, dansant <strong>de</strong>vant eux, à se coller <strong>de</strong>s buvards sur lalangue pour les faire rager. Depuis, avec le temps, je suis passé à autre chose, le rouge qui tache c'est vachementplus compatible avec le RSA, et les benzos remboursées par la sécu, c'est rien que <strong>de</strong> la saloperie <strong>de</strong> camesponsorisée par l'État. Une fois, il n'y a pas trop longtemps, que j'avais fait l'intérim à l'équarrissage, et que j'enavais chié à transbahuter <strong>de</strong>s carcasses en putréfaction contre <strong>de</strong> l'oseille, je me suis dit que je j'avais bien méritéun petit plaisir, une récompense, un revival. Alors, je me suis dégoté les ch'tons que t'avales. Et bien laisse moi tedire, qu'en bouffer cinq, ça te fait pas le quart d'un double olympique. Ton LSD, c'est pareil, ça vaut chipette àcôté d'un Hoffmann fabrication artisanale, ou d'un panoramix recette originale du drui<strong>de</strong>. Je te laisse imaginer leseffets <strong>de</strong> la potion magique que les travellers concoctaient sous nos yeux. Enfin, tout ça pour dire que questiondéfonce, je suis pas un nasebroc.Pas plus défoncés que ça mais bien rétamés quand même, il nous fallait du lourd, du costaud. Alors, on a pris lacaisse et on a tourné dans le secteur jusqu'à trouver notre bonheur. Et là, faut que tu saches un truc qui pourra teservir le jour où tu entreprendras le grand voyage : la frica<strong>de</strong>lle, c'est vraiment <strong>de</strong> la kétamine pour lecholestérol... ces espèces <strong>de</strong> saucisses à tartiner plongées dans la friture, c'est du concentré <strong>de</strong> lipi<strong>de</strong> à t'en fairegicler les adipocytes par les globes oculaires. Rien à foutre <strong>de</strong> la défonce, on avait trop la dalle, on a raflé lestock ! Une vingtaine par personne, on a voulu goûter chaque sorte. À part ça, le space-cake et l'infus, ne nousont absolument rien fait...C'est à force <strong>de</strong> leur raconter cette histoire que mes <strong><strong>de</strong>ux</strong> autres potes ont eu envie <strong>de</strong> voir <strong>de</strong> quoi il retournait,<strong>de</strong> leurs yeux vus, à Bédoland, et qu'on a décidé <strong>de</strong> partir en week-end. L'un d’eux a dit que ça craignait <strong>de</strong> partirà l'arrache en fin <strong>de</strong> semaine, qu'on trouverait pas d'endroit où pieuter, que c'était l'hiver, et que ça allait sûrementpas le faire <strong>de</strong> dormir dans la caisse. Je les ai rassurés, en disant que j'avais toujours eu <strong>de</strong> la chance aux Pays-Bas, que sûrement le dieu <strong>de</strong>s rastas veillait consciencieusement sur les narco-touristes. Une fois, je suis parti àMaastricht avec <strong><strong>de</strong>ux</strong> bourges qui voulaient délirer un peu. En 205 cabriolet rouge feu, avec carénage Pininfarinaet moteur préparé, on a pris la route. Avec une caisse pareille, les 260 bornes ont été avalées en un rien <strong>de</strong> temps.Par contre, question discrétion rapport aux douanes (c'était bien avant l'ouverture <strong>de</strong>s frontières), on oublie.Même pas en rêve que j'ai pu ramener ma boulette pour la semaine, parce que le proprio <strong>de</strong> la caisse, il avait troples miquettes. Même faire l'aller-retour dans la journée, il a pas voulu. Il avait trop peur <strong>de</strong> planter sa bagnole enrentrant défoncé. Alors, on a dû trouver à crécher sur place. Rien <strong>de</strong> plus fastoche en fait : on a eu qu'à rentrerdans un café avec un drapeau français sur la faça<strong>de</strong>, expliquer notre soucis, et là, une 100% pure bonnehollandaise, nous a proposé <strong>de</strong> nous héberger chez elle contre pas trop <strong>de</strong> thune.La meuf était infirmière psychiatrique et avait du mal à boucler ses fins <strong>de</strong> mois. <strong>Le</strong> temps qu'elle aille faire unpeu <strong>de</strong> ménage, nous sommes allés tourner quelques joints à l'Easy Going. Mais on était surtout comme <strong>de</strong>schiens en rut persuadés d'avoir dégoté une super salope qui voulait se faire farcir l'oignon façon gang-bang. Enarrivant chez elle, on a déchanté. Déjà dans son appart, il n'y avait presque pas <strong>de</strong> meubles, et elle écoutait <strong>de</strong>l'opéra à fond. Trop chéper, trop mystique la gonzesse. Elle nous a offert un café, le temps <strong>de</strong> nous filer lesconsignes. Parce qu'elle avait l'air barge, un pote qui avait trop peur qu'elle foute <strong>de</strong>s trucs <strong>de</strong>dans et qu'on seréveille au Brésil à se faire enculer dans un boxon a refusé. L'autre qui avait peur aussi, a versé trop <strong>de</strong> sucredans le sien comme excuse pour pas boire. Moi, j'ai bu le mien en espérant qu'elle y ait fichu quelque chose...après tout j'étais venu là pour me fonce<strong>de</strong>r.Après, on est parti faire la tournée <strong>de</strong>s grands ducs, le Wall Street, les péniches, et tout ça... j'ai même réussi aretrouver le petit coffee où t'as l'impression d'être dans le salon <strong>de</strong>s gens ; <strong>de</strong>s arabes en djellaba et babouches quinous avaient offert <strong>de</strong>s cerises la première fois que j'y avais mis les pieds. Bon, c'est pas la peine que je teraconte comment on s'est fumé la tête. Dans les coffees, c'est pour tout le mon<strong>de</strong> pareil : au début tu fais lemariole, tu achètes plein <strong>de</strong> trucs et tu roules plein <strong>de</strong> joints jusqu'au moment où t'en peux plus, mais que tucontinues à en rouler quand même, vu que t'as que ça comme prétexte pour pas tirer sur ceux qu'on te tend.Comme tout le mon<strong>de</strong> fait pareil, forcément ça vire au carnage. <strong>Le</strong>s mégots à peine allumés finissent pars'entasser dans le cendar, jusqu'à ce qu'il y en ait un qui se tape un white façon épileptique, ou un autre qui ayanttiré trop fort sur la pipe à eau, finisse par gerber sa race dans la ruelle à côté, sauf que c'est les fenêtres d'un


estaurant, alors tu finis par déguerpir sous les insultes <strong>de</strong>s Vikings <strong>de</strong> pure souche. Voilà le genre quoi... Pas lapeine que je raconte...*De retour chez Kathy, c'était le prénom <strong>de</strong> notre hôte, mes <strong><strong>de</strong>ux</strong> zigs ont réparti les piaules. Eux iraient secalfeutrer dans la chambre avec le double lit. Moi, je dormirai dans la chambre du gosse, soi-disant chez sonpère. À vrai dire, j'étais pas trop rassuré, la piaule du môme c'était un pauvre matelas et une armoire minimaliste.Presque pas <strong>de</strong> jouets, peu <strong>de</strong> déco, pas beaucoup <strong>de</strong> fringues, genre décor en carton pâte, chambre en toc pournous berner, nous les couillons <strong>de</strong> passage. Ça m'a vraiment paru chelou comme plan. En entrant dans l'appart,j'avais vu <strong>de</strong> la lumière dans le salon, et j'avais aussi entendu la télé. Elle ne pouvait être que dans cette pièce, etsi elle nous attendait avec <strong>de</strong>s mastards, eux aussi ne pouvaient qu'être là également. Alors, j'ai pris mon courageà <strong><strong>de</strong>ux</strong> mains, non sans penser que la fumette rend parano. Mais quitte à se faire démonter la tête, autant prendreles <strong>de</strong>vants. J'étais pas une fiotte comme les <strong><strong>de</strong>ux</strong> baltringues. Et si j'avais <strong>de</strong> la chance, je serai le seul à latringler. Il fallait que j'en ai le coeur net. En fait, il ne pouvait y avoir que <strong><strong>de</strong>ux</strong> solutions : soit la meuf avaitl'intention <strong>de</strong> nous dépouiller dans notre sommeil ; soit c'est elle qui avait envie <strong>de</strong> se faire dépouiller. De toutefaçon, ça faisait trop longtemps que j'avais ce fantasme en tête, et il fallait que je sache si les Hnoss et lesGersimi, ça couine où ça piaille quand on les pine ? À aucun moment, je n'ai songé que trop fumer trop <strong>de</strong> shitpuisse rendre con.J'ai remonté le couloir à pas <strong>de</strong> loup, pensant à murmurer un truc bien vicelard susceptible <strong>de</strong> l'exciter à mort,genre : "Petite salope, <strong>de</strong>vine qui vient te voir ?". Mais vu qu'elle ne pipait pas un mot <strong>de</strong> français, j'ai fermé magueule. Lorsque j'ai posé la main sur la poignée, je me suis <strong>de</strong>mandé dans quelle tenue j'allais la trouver ? Peutêtremême, après tout c'était possible, qu'elle allait m'accueillir en se touchant, que j'allais tomber nez à nez avecelle, alors qu'elle aurait le majeur et l'in<strong>de</strong>x profondément enfoncés dans sa chatte. À moins qu'elle ne s'enfile unénorme go<strong>de</strong>miché rigolo, un comme ceux que j'avais pu entrevoir dans la vitrine d'une boutique, plus tôt dans lajournée. Je crois que je n'aurais pas eu un peu la trouille, j'aurais eu la gaule. J'ai ouvert la porte, et me suis renducompte que, effectivement, cette meuf était une salope, une grosse, une vraie ! En effet, je me suis aperçu que lapièce était vi<strong>de</strong> et que la pute était partie dormir ailleurs. Vraiment, une salope, une grosse salope !Putain, je me rends compte que je dévie et que j'étais pas parti pour raconter cette histoire. Faut pas m'en vouloir,<strong>de</strong>s fois je disjoncte. C'est à cause <strong>de</strong> toutes les saloperies que je me suis foutu dans le corps. La cécé aussi, j'aibien tapé <strong>de</strong>dans. En rava, le matin pour retar<strong>de</strong>r la <strong>de</strong>scente ou réamorcer la montée. Et un peu plus tard, j'aitapé aussi, mais tout le temps. En after, quand j'étais monté trop haut, je prenais <strong>de</strong> la came pour re<strong>de</strong>scendre. Etun peu plus tard encore, j'en ai tapé, aussi tout le temps, lorsque la coke a commencé à me coûter trop cher et quej'ai essayé <strong>de</strong> me désintoxiquer à l'héro... mais ça, c'était une connerie. C'est lorsque j'ai commencé à m'envoyertout ce qui se broie en rail, que j'ai compris que j'étais allé trop loin. Di-antlavic, Néocodion, paracétamol,Xanax, tout ou presque est passé par mes narines. À force <strong>de</strong> jouer au con, je me suis retrouvé avec le pif dans untel état, sinusite purulente et tout le reste, que j'ai dû me rendre à l'évi<strong>de</strong>nce que j'étais parti trop loin... bien troploin... à <strong><strong>de</strong>ux</strong> doigts du point <strong>de</strong> non retour. Je me suis même piqué, forcément, mais heureusement j'ai eu laprestance <strong>de</strong> réagir. La suite on s'en doute : subutex, méthadone, psychiatrie, assistantes sociales. <strong>Le</strong>s cures <strong>de</strong>désintox et le Secours Populaire, c'est pas vraiment Katmandou. J'suis carrément passé à côté du mythe... mais,encore une fois, je dévie. C'est pas non plus cette histoire que je voulais raconter. Je voulais raconter le planloose du second voyage à Dam. Bon, c'est pas aussi glauque que mon overdose, mais au moins, ça a le mérited'être drôle. Un peu choquant, mais finalement rigolo...*Tu sais petit, c'est pas parce que, quand t'étais à peine haut comme trois pommes, je me parasitais déjà lessynapses, que je cherche à te faire la morale. De tous les gens dont je parle, très peu ont plongé. Maintenantcertains ont un travail, <strong>de</strong>s gosses, une bagnole, une maison... C'est sûr beaucoup ont trop <strong>de</strong> crédits et unepension alimentaire à verser, mais dans le lot, je suis sûr que certains sont heureux... il y en a même qui ontencore <strong>de</strong>s rêves... peu, mais je suis sûr qu'il y en a... je me dis ça pour m'ai<strong>de</strong>r à tenir. C'est pas simple, tu sais,d'attendre rien à en crever dans un foyer SONACOTRA. Alors, comme je sais que tu bourlingues pas mal, je


voudrais juste que tu saches que ne tombent que ceux qui ont le vice, la frustration ou la colère en eux. Toi, t'asrien <strong>de</strong> tout ça en toi. Je le vois dans ton oeil. Et dans ma vie <strong>de</strong> mer<strong>de</strong>, j'en ai vu <strong>de</strong>s yeux injectés, tu peux <strong>mec</strong>roire. Toi, t'as une putain dans lueur dans le regard, Mec. Et moi j'ai que ma gueule, ma pauvre sale gueuleravagée, et toujours cette même colère en moi, celle qui me fera crever. Bref, passons.... À la base, on <strong>de</strong>vait rire.Un <strong>de</strong>s <strong><strong>de</strong>ux</strong> potes avec qui je suis parti en week-end à Dam était polack. Et un polack, il faut que ça piave.Alors, dès notre arrivée, on a mis en place le stratagème suivant : un coffee, un bar, on cherche un hôtel.... etainsi <strong>de</strong> suite. Pour les coffees et les bars pas <strong>de</strong> problème, il y en avait assez. Par contre pour les turnes, çacraignait. Il fallait absolument que ce soit à proximité du quartier rouge. Plus l'heure avançait plus ça <strong>de</strong>venaitnécessaire. On a même dû augmenter le rythme et faire plus <strong>de</strong> coffeeshops et plus <strong>de</strong> bars, afin <strong>de</strong> visiter plusd'hôtels. On commençait à être rai<strong>de</strong>, tous les bulldogs <strong>de</strong> la city, on y est passé plusieurs fois. Tout était blindox,il commençait se faire tard et nous étions pressés que commencent les choses sérieuses. À force <strong>de</strong> tourner, on afinalement trouvé un truc, à ce qu'il parait un trois étoiles, mais je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> encore où elles étaient passées.Mais, il avaient une piaule pour trois, sauf que le Thénardier en voulait 900 francs, 300 boules chacun (pour tedonner une idée, à l'époque je faisais mon service militaire, et ma sol<strong>de</strong> était d'environ 700 balles). On s'est pasconcerté longtemps avant d'accepter malgré tout. Ça <strong>de</strong>vait nous coûter une blin<strong>de</strong>, mais on s'est dit qu'à unmoment, on aurait besoin d'un peu <strong>de</strong> confort. On a payé un acompte, et le patron nous a assuré qu'il feraitmonter nos valises. On est sorti. Enfin, le week-end commençait. Forcément le polack a voulu qu'on aille boirel'apéro.Tout à l'heure, je t'ai dit que c'était <strong>de</strong> la colère que j'avais en moi. Il faut que je te dise que ce n'est pas <strong>de</strong> lafrustration... Attends, t'emballe pas ! Je radote pas. Je viens <strong>de</strong> penser à un truc marrant. En fait, ça peut pas être<strong>de</strong> la frustration que j'ai en moi, parce ma déesse nordique, je l'avais baisée entre temps. Une fois dans la vie, unsale crevé comme moi, aux <strong>de</strong>nts prématurément pourries, s'est tapé une bombe scandinave. Juste une fois... tuvas voir c'est très drôle, parce que mon omelette norvégienne, je me la suis envoyée dans la Creuse... Ouais, dansla Creuse, je t'assure, je déconne pas.On était parti chez un pote, ses parents avaient une rési<strong>de</strong>nce secondaire là-bas. On a fait le calcul, on est particinq jours avec plus <strong>de</strong> quinze grammes <strong>de</strong> shit par personne. Plus le shit à vendre qu'on a fumé aussi. <strong>Le</strong> plan,c'est qu'il y en avait pas, sauf... fumette, fumette, fumette... <strong>Le</strong> début du séjour ne s'est pas très bien passé. Un<strong>mec</strong> qui était avec nous a foutu la caisse <strong>de</strong> ses vieux dans le décor. On était <strong>de</strong> sortie. On voulait tâter <strong>de</strong> lapaysanne, <strong>de</strong> la fille rustique au cuissot bien ferme. On était quatre dans la caisse du gars. Dans celle <strong>de</strong> <strong>de</strong>rrière,ils étaient trois. <strong>Le</strong> <strong>mec</strong> qui conduisait notre caisse voulait se la jouer course <strong>de</strong> côtes, sur une route en lacets.Mais en brave citadin, il prenait tous ses virages en troisième et ce qui <strong>de</strong>vait arrivé est arrivé, parce que tout cequi doit arriver arrive un jour : la roue arrière droite a mordu dans les gravillons, la voiture a chassé et a percutéun poteau téléphonique qui se trouvait heureusement là. Heureusement parce que sinon, on se serrait retrouvésau moins 200 mètres plus bas. Ils venaient <strong>de</strong> couper <strong>de</strong>s sapins, et les troncs qui restaient, étaient pointuscomme une herse. On serait tous crevés, si le poteau ne nous avait pas arrêtés dans notre élan. La voiture a faitun tonneau avant <strong>de</strong> se retourner sur le toit. Anecdote rigolote, la caisse n'était même pas arrivée à la verticaleque d'un coup <strong>de</strong> poing, je faisais exploser la vitre. Et la caisse n'était pas encore sur le toit que j'avais déjà sauté<strong>de</strong>hors. J'ai quand même un putain d'instinct <strong>de</strong> survie. M'en suis, toujours, mine <strong>de</strong> rien sorti, même si parfois çan'a tenu qu'à un fil... Hey oh... relax... Puisque je dis que j'ai promis <strong>de</strong> pas raconter mon overdose. Juré, craché...et pas <strong>de</strong> parole <strong>de</strong> tox. Je ne vais raconter que <strong>de</strong>s trucs rigolos. Bon, il y en a un qui est un choquant, maisfinalement drôle.*Parce qu'on a failli mourir mais qu'on était pas mort. Et surtout parce qu'on était venu à trois caisses, et que donc,il nous en restait une, le len<strong>de</strong>main pour remercier la moule céleste, nous avons décidé d'aller se travailler lemélanome, la cirrhose et le cancer <strong>de</strong>s poumons au bord d'un lac. Toute la journée, on s'est grillé la peau et lecerveau au soleil. <strong>Le</strong> soir, on est allé se miner en boite. <strong>Le</strong> night club était dans une grange aux poutresapparentes, aux murs, il y avait <strong>de</strong>s roues <strong>de</strong> charrettes et <strong>de</strong>s vieux outils pour travailler les champs, un vrairepère <strong>de</strong> pecnos. Direct on s'est pécho une bouteille <strong>de</strong> sky, une <strong>de</strong> vodka et une <strong>de</strong> Bacardi, puis on s'est calé àune table pour siroter comme <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s. La boite était nase mais le carburant y coûtait peanuts, le même prix


que chez l'arabe après 22 heures, quand il n'a plus le droit <strong>de</strong> nous servir. On s'est rincé la gueule tranquillos etpas cher, jusqu'à ce que le DJ passe un peu <strong>de</strong> rock. Là, on est allé se trémousser sur le dancefloor en pogotantjoyeusement. On en était à se chauffer avec <strong>de</strong>s ploucs lorsqu'elles ont débarqué. Une hallucination collective !En les voyant débouler, on a compris pourquoi les pécores étaient autant sur les nerfs. C'est qu'ils n'avaient pasenvie <strong>de</strong> se faire gratter leur butin. Nous non plus d'ailleurs. L'hallu <strong>de</strong> chez hallu. Un bus <strong>de</strong> hollandaises adéboulé au milieu <strong>de</strong> la cambrousse, un vrai banc <strong>de</strong> salopes d'élevage pour ces agriculteurs, toutes proprettes,incroyablement gaulées, et sapées je raconte pas comment. <strong>Le</strong> taux d'hormones a grimpé illico dans la boite vules phéromones qu'elles ont balancé dans l'atmosphère. Comment elles ont débarqué là, on a jamais su. Parcontre c'était clair qu'on allait pas les laisser aux rustres paysans creusiens, pour <strong>de</strong>s abrutis pareils lescharolaises, ça suffit bien.Pour jouer les princes, les grands seigneurs, on a investi à fond dans <strong>de</strong>s boultanches, une vraie OPA sur le bar, eton s'est proposé pour rincer la gueule aux minettes. Après on a dansé un peu avec elles, enfin, avec celles quiétaient suffisamment bourrées pour trouver ça drôle, qu'on frotte not'zguegue contre leurs fesses. Avant la ferm,on avait tous au moins roulé une galoche, si bien qu'on a pu en entraîner quelques-unes pour une promena<strong>de</strong>romantique au bord du lac. Bon avec, il y avait quelques autochtones qui croyaient qu'on était leurs potes. Enfait, ils voulaient surtout fumer du shit, alors on leur a fourgué quelques barrettes <strong>de</strong> pneu à un prix défiant touteconcurrence. Comment qu'on les a entubés les Charles Ingalls ! À Walnut Grove, c'est pas souvent qu'ils <strong>de</strong>vaientcroiser un <strong>de</strong>aler.La bombasse qui me servait <strong>de</strong> petite copine était bourrée comme un coing, au bord du coma éthylique. Mais pasgrave, je l'ai fourrée quand même. Une gonzesse pareille, je lui aurais bien mis le babouin en porte cochère, maisvu qu'elle était fonfon, j'ai plus eu l'impression <strong>de</strong> me taper une escalope <strong>de</strong> din<strong>de</strong>. J'en suis encore navréaujourd'hui que ma fatale beauty n'ait été qu'un Kleenex ousque je me suis à peine essuyé la queue <strong>de</strong>dans.Pendant que je la trognais, elle a miaulé <strong>de</strong>s trucs dans son ivresse, <strong>de</strong>s trucs genre : "no, don't, no, baby, stop,stop, baby, baby...". Quand j'y repense, je me dis que si ça se trouve j'ai un gosse là-bas au pays. Que j'ai métissémon ADN au sien, et vachement amélioré le mien du coup. Ou alors, mon rejeton <strong>de</strong> couille a fini dans le fond<strong>de</strong>s chiottes après une pilule du len<strong>de</strong>main. Je sais pas et j'ai pas trop envie <strong>de</strong> savoir, en vrai. Tu vois qu'ellessont drôles mes histoires, et que j'ai pas que ma vie <strong>de</strong> smack à raconter...*La fois à Dam, à force <strong>de</strong> plus savoir si c'est dans un ra<strong>de</strong> ou un coffee qu'on <strong>de</strong>vait aller, on a décidé qu'il étaittemps <strong>de</strong> s'alimenter. On est allé dans un chinois. On a pas regretté. On s'est tapé un bon délire. Déjà, le serveurétait une folle asiatique peroxydée qui avait dû apprendre l'hôtellerie chez les Shaolins, vu que la bouteille <strong>de</strong>rouge quand il nous l'a présentée, on aurait dit qu'il faisait du nunchaku avec. Il avait <strong>de</strong>s franchouillards dans sagargote, fallait bien qu'il fasse honneur à sa vinasse qui <strong>de</strong>vait même pas coûter 10 balles chez nous. Ensuite,quand le polack a commandé son plat, le Bruce <strong>Le</strong>e maniéré lui a dit "piquente !", mon pote lui a ri au nez, etaprès on s'est foutu <strong>de</strong> sa gueule. Tu m'étonnes qu'il était piquant le plat, le zouave, il était tout rouge, et <strong>de</strong>grosses gouttes <strong>de</strong> sueur lui dégoulinaient du front. <strong>Le</strong> bon délire aussi, c'est qu'il avait un plan avec la tafiole. Àun moment qu'il cherchait du feu, le ninja efféminé a bondi d'on ne sait où pour lui tendre un briquet et luiallumer sa clope. On s'est bien marré dans ce restau. On a <strong>de</strong>scendu une bouteille <strong>de</strong> saké et on est repartiarpenter la street.<strong>Le</strong>s harddrugs c'était pas encore notre truc. On avait bien testé <strong><strong>de</strong>ux</strong> ou trois machins, mais on était plutôtbranché par la bonne herbe. À l'époque celui qui avait <strong>de</strong> la beu chez nous était un nabab. Il y avait du super bonmaroco, beaucoup d'afghan bien gras, mais <strong>de</strong> la weed quasiment pas. Dans mon coin, il n'y avait pas trop <strong>de</strong>blacks, surtout <strong>de</strong>s maghrébins dont on a fait venir les parents pour <strong>de</strong>scendre dans la mine, ou construire lesHLM pour que maintenant ils croupissent <strong>de</strong>dans, pendant que leurs gosses tiennent les murs pour pas qu'ilss'effondrent. Souvent, je me dis que c'est juste pour passer le temps qu'ils ven<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la dope, que leur vraieactivité c'est <strong>de</strong> servir <strong>de</strong> pylône aux barres d'immeubles, tellement qu'elles ont été construites à l'arrache. Vucomment on s'est foutu, et qu'on se fout encore <strong>de</strong> leur gueule, je comprends pas que quand ça flambe, ce soit pasl'Élysée qu'ils vont faire cramer. Dans mon coin, je pense que lorsque les gars <strong>de</strong> Florange en auront


suffisamment plein les burnes <strong>de</strong> se faire rouler dans la mer<strong>de</strong> par l'autre naan au fromage, ils vont passer àl'acte. Là, je pense que les lascars viendront leur prêter main forte, pas vraiment par solidarité, plutôt pour faireles boutiques <strong>de</strong>rrière eux. Ça va foutre un sacré bronx. Tu verras, fiston, qu'à ce moment là, ils vont en trouver<strong>de</strong> la thune pour calmer les miséreux qu'ils asphyxient <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s plombes. <strong>Le</strong>ur cumul <strong>de</strong>s mandats, ils ytiennent, et quand ce sera à leur tour <strong>de</strong> serrer le sphincter, ils n'en auront plus rien à foutre <strong>de</strong> creuser encore ledéficit pour pas qu'on leur coupe la tête.À l'époque où je zonais aux Pays-Bas, on en avait rien à foutre <strong>de</strong> ces histoires <strong>de</strong> politique. J'aurais peut-être dûm'y intéresser davantage, je sais pas. Tout ce qu'on voulait, nous, c'était se défoncer la tête et niquer un peu.Surtout se défoncer en fait. On aurait voulu vraiment niquer, on aurait davantage léché les vitrines. J'ai jamaistrop aimé le quartier rouge. Trop <strong>de</strong> vicelards au centimètre carré, trop malsain comme ambiance. Je peux pasvraiment dire que je suis sentimental mais tout <strong>de</strong> même... En fait, je préfère ne pas payer et baiser une mortetoute sèche que lâcher <strong>de</strong> la thune pour une pute qui fait semblant <strong>de</strong> mouiller. Même quand plus tard dans lanuit, une grosse mama black fringuée comme une choriste <strong>de</strong>s Wailers, a hurlé "It's free for you !", j'ai pas tilté.Il <strong>de</strong>vait être tard, parce qu'il n'y avait plus personne dans les rues. Et elle <strong>de</strong>vait être aussi bien stoned pour meproposer un truc comme ça. Un malentendu quoi. En plus, le pote qui n'était ni polack ni alcoolique, n'en pouvaitplus, et il fallait dare-dare aller le pieuter. Tous les cinq mètres, il posait sa galette sur le trottoir. Amsterdam, ça abeau être comme le paradis, ça reste une ville super clean, et les flics hollandais n'ont pas l'air <strong>de</strong> déconner. Je lesais, une fois on s'est retrouvé avec un sabot sur la caisse. Au moment d'aller payer la note, on en menait paslarge avec nos pupilles dilatées, notre shit dans les poches et notre accent français.Par contre, les putes pour se marrer, il fallait aller rue Varin à Liège. Depuis, ils ont rasé une bonne partie duquartier pour construire la nouvelle gare. Moi, qui ait connu cette rue, je t'assure que c'était le bon <strong>de</strong>l. Fallait yaller tôt le matin, quand il y avait les grosses dames en lingerie qui tricotaient dans leur vitrine. Elles tapaient ladiscute entre elles, et en avaient rien à battre <strong>de</strong>s queutards et autres frustrés du schboub, genre la lie <strong>de</strong>l'humanité, tous les crevards et les pervers en treillis, qui après avoir essayé <strong>de</strong> brancher toute la noche, passaientlà mais que pour zieuter, parce qu'ils avaient l'air trop pérave pour pouvoir se payer même un cornet <strong>de</strong> frites.*Mon pote, on l'a ramené fissa à l'hôtel. Il commençait à plus arquer. En plus, il était du genre balèze, on auraitjamais réussi à le traîner. En arrivant à la réception, le taulier, un vrai gorille sous curare, nous a filé les clefs. Jesais pas ce qu'il avait pris le <strong>mec</strong>, mais ça <strong>de</strong>vait être en gran<strong>de</strong> quantité. Mon pote a trouvé suffisamment <strong>de</strong>motivation en lui pour pas gerber dans le hall et nous suivre jusqu'à l'ascenseur. Notre piaule était au troisième.C'est lorsque l'on a ouvert la porte que le bad trip a commencé. <strong>Le</strong> point positif c'est que le <strong>mec</strong> avait bien monténos valises, mais le soucis c'est qu'il n'y avait qu'un lit, un <strong><strong>de</strong>ux</strong> places <strong>de</strong> 1 mètre 40. Neuf cent boules pourdormir en crabe, c'était tout simplement pas possible. Une bouffée d'indignation a envahi la pièce, et le steak a<strong>de</strong>ssaoulé d'un coup. Moi, je suis re<strong>de</strong>scendu direct, et le polack a eu envie <strong>de</strong> boire un verre. Une chose est sûre,on allait pas se laisser faire. Alors on est re<strong>de</strong>scendu prêts à en découdre. On voulait s'offrir un moment <strong>de</strong> luxedandy jet-set, et c'est pas un Mister T plombé aux opiacés qui allait nous en priver. Sauf qu'il y avait un hicquand même : le polack qui avait versé l'acompte, avait payé avec sa CB, et ça, ça craignait rapport à latraçabilité et au flicage. On pouvait pas le marave en fait, du coup on était encore plus vénère. Il n'y aurait pas eucette histoire <strong>de</strong> Master Card, c'est clair qu'on lui aurait refait la déco <strong>de</strong> son bouge. On lui aurait pété le nez,cassé les <strong>de</strong>nts, et fait ressortir les couilles par la bouche à force <strong>de</strong> le savater <strong>de</strong>dans.Mais que nenni, on pouvait pas. <strong>Le</strong> con, nous a écouté brailler sans même soulever une paupière. Il étaitvraiment pourri le bougre. Juste, il a marmonné un truc qui ressemblait à : "If you got any trouble, you mustknow it, I can help you". Puis, il a déplié sa grosse carcasse nonchalamment avant <strong>de</strong> nous inviter à le suivredans l'escalier <strong>de</strong> service. C'est là que ça <strong>de</strong>vient drôle, un peu drôle mais surtout choquant, puisque dansl'escalier sur chaque marche, il y avait un matelas, et sur chaque matelas un pakistanais qui pionçait. Putain, <strong>de</strong>salaud <strong>de</strong> marchand <strong>de</strong> sommeil, il hébergeait <strong>de</strong>s clan<strong>de</strong>stins dans l'arrière fond <strong>de</strong> son bor<strong>de</strong>l, et je suppose queles pauvres types <strong>de</strong>vaient raquer reuch pour pouvoir crécher là, sur <strong>de</strong>s paillasses immon<strong>de</strong>s.


Ce soir là, la face cachée <strong>de</strong> l'attrape touriste m'a comme qui dirait sauté à la gueule, sauf que je suis une mer<strong>de</strong>,et c'est juste ça qui est drôle, parce qu'avec mes potes qui étaient <strong>de</strong>s mer<strong>de</strong>s aussi, on a grimpé les escaliers enessayant <strong>de</strong> pas marcher sur la tronche <strong>de</strong>s clandés. Ça n'a pas été facile parce qu'on était vraiment défoncé.Arrivés à la <strong>de</strong>rnière marche, le sale fils <strong>de</strong> pute <strong>de</strong> mer<strong>de</strong>, s'est retourné. Nous, nous étions quelques marchesplus bas. Il s'est retourné, donc, et a shooté dans un paki qui dormait pour ramasser sa couche. Puis, il a traîné letruc dans un dédale <strong>de</strong> couloirs avant d'arriver à notre piaule, d'ouvrir la porte, jeter le matelas sur le sol, etrépéter sa phrase : "If you got any trouble, you must know it, I can help you !". Nous ai<strong>de</strong>r, tu parles... putain <strong>de</strong>salope d'esclavagiste !Nous, on était <strong>de</strong>s mer<strong>de</strong>s et moi je le suis toujours. C'est moi qui ait pieuté sur le matelas, en me <strong>de</strong>mandant sij'allais pas chopper la guigne, la gale ou le choléra à dormir sur une paillasse aussi cra<strong>de</strong>. Une mer<strong>de</strong>, je suis unemer<strong>de</strong>, j'étais déjà une mer<strong>de</strong>, une petite mer<strong>de</strong> <strong>de</strong> trou du cul sans courage qui pensait qu'à se défoncer, quipensait à rien d'autre à part son petit trou du cul <strong>de</strong> tox.<strong>Le</strong> len<strong>de</strong>main, au moment <strong>de</strong> partir, le <strong>mec</strong> nous a proposé une autre piaule à trois lits pour beaucoup moins cher.Bien sûr, on l'a envoyé chier, et on est parti à la recherche <strong>de</strong> la caisse que forcément on se rappelait plus où onl'avait garée. On a mis un certain temps avant <strong>de</strong> la retrouver. Par contre on a mis vachement moins <strong>de</strong> temps à serendre compte qu'elle avait été visitée. Encore une loose, <strong>de</strong>s délinquants avaient pété une vitre, et on a touschoppé une pneumonie sur le chemin du retour. Mais dans le fond, on l'avait bien mérité. Bien fait pour notregueule...En fait, je crois que c'est ce jour là que le dieu <strong>de</strong>s rastas a cessé <strong>de</strong> veiller sur moi. Mais, je raconterai pas lereste <strong>de</strong> mon histoire <strong>de</strong> keuch, car elle est pas belle. Des fois elle est drôle, mais elle est surtout pas belle...FIN

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