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adour - Ifremer

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comme les Barthes de l'Adour, il est à noter que si elle fonctionne en milieu fortementagricole, elle a du mal à rassembler en zone davantage urbaine, où les propriétaires nevoient pas l'intérêt d'investir dans l'entretien d'ouvrages et de canaux.Les acteurs ne le formulent pas directement, mais c'est en fait la notion de zone humide quicristallise les conflits sur le territoire et s'affrontent sur le territoire deux logiques de gestion:production contre protection. Même si la notion de protection de la nature est souventinvoquée pour justifier certaines pratiques de gestion ou de non-gestion, il est intéressant denoter que l'acteur le plus critiqué du complexe multi-acteurs est le protecteur de la nature,autrement dit, l'écolo. Pourtant, aucune association de protection de la nature n'a delégitimité sur le territoire et cet écolo n'existe pas. En matière de conservation, ce sont leschasseurs qui sont appréciés sur le territoire pour leurs réserves ornithologiques et qui sontconsidérés comme ceux qui préservent le plus l'environnement dans les Barthes. Mais il esttrès difficile de protéger ce qui ne se voit pas et des zones de protection pour la faunepiscicole ne seraient pas forcément les bienvenus sur le territoire. Même si les pêcheurs seprésentent souvent comme ceux qui tirent le signal d'alarme en matière de dégradation desmilieux aquatiques, ils sont rarement considérés comme tels mais plutôt comme ceux quiprélèvent du poisson tant qu'ils peuvent, sans se soucier du milieu naturel. Quant auxconflits entre pêcheurs professionnels et amateurs, ils comptent parmi les litiges les plusvirulents du territoire, alors que globalement, leurs objectifs généraux se rejoignent.Face à la baisse des populations d'anguilles, les acteurs du territoire accusentprincipalement l'évolution des techniques de pêche, notamment le chalutage, les ouvrageshydrauliques qui rendent certaines zones inaccessibles, les pesticides qui altèreraient lasanté de l'anguille et la poussée du braconnage vu les prix de vente de la civelle et del'anguille. Finalement, la vieille formation socio-spatiale d'antan des gens de la terre -lesSequé- contre les gens de l'eau -les Barthais- semble réapparaître avec cetteincompréhension autour de la notion de zone humide. Agriculteurs et pêcheurs se tournentle dos et la concertation sur le territoire des Barthes de l'Adour est encore compromise.I6. ConclusionLe problème de l'anguille ne semble pas pouvoir être résolu simplement en limitant la pêcheou en développant l'alevinage. Afin d’atteindre une recolonisation des cours d’eau, il fautpermettre aux civelles d’accomplir leur migration, aux anguilles jaunes d’effectuer leurcroissance dans de bonnes conditions et aux anguilles argentées de reprendre la route de laMer des Sargasses. Certains préconisent alors l’alevinage et le transfert de civelles, maissystématiser ce genre de pratiques peut amener à une diminution de la biodiversité, unefragilisation de l’espèce. « Repeupler ne sert pas à grand chose si on ne restaure pasauparavant l’habitat » (Tendron, 1998). De même, limiter la pêche ne suffit pas ; il convientde mener une politique globale sur la restauration des habitats de l’anguille.Même si des pans entiers de la biologie de l’anguille restent mal connus, à la fois dans sesphases marines comme continentales, même si les informations disponibles sur lescaptures de l’anguille sont hétérogènes et pas toujours fiables, même si les systèmes degestion sont très différents selon les pays, il est à constater un déclin de l’espèce partout enEurope, en Amérique et en Asie et dont les causes sont partout controversées. D’abord,accroître les connaissances sur l’espèce, entend-on. Oui, mais pas seulement car le tempspresse. La présence de l’anguille dans nos fleuves, rivières et marais dépendessentiellement de la restauration de la qualité des eaux et des habitats, de l’amplificationdes contrôles de pêche et de la libre circulation des grands migrateurs. Ainsi est-il urgentd’encourager, en parallèle, une amorce de coopération entre pays concernés mais aussientre acteurs territoriaux sur le thème de la restauration du stock d’anguilla anguilla, pourune gestion concertée de l’espèce (Aglia, 2002) ; les Barthes, système artificiel régulédepuis le XVIIè constituent un hydrosystème de choix pour l’étude des modificationsenvironnementales en lien avec les populations d’anguilles.16

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