III.1.3 – Processus géochimiques vis-à-vis des ETM dans l’estuaire de l’AdourIl est relativement difficile de pouvoir déterminer de façon simple l’influence de rejetssur la qualité des eaux d’un estuaire. En effet, le mélange des eaux continentales avec leseaux marines se traduit par d’importants processus physico-chimiques naturels résultantdans des échanges de phases et de spéciation des micropolluants entre les eaux, lesmatières en suspension et les sédiments. Ces processus complexes peuvent résulter aussibien dans l’élimination que dans l’ajout de contaminants dans les masses d’eau etdépendent fortement des gradients de salinité, pH, T°C, O 2 , ainsi que des quantités dematières en suspension, carbone organique, et de la composition chimique des eaux enéléments majeurs. Il est alors très difficile de définir si un changement dans les niveaux deconcentrations d’un micropolluant est associé à ces processus ou à l’influence directe derejets d’eaux industrielles ou usées.Nous avons évalué ces processus pour les métaux dans le gradient salin del’estuaire de l’Adour à deux échelles, premièrement, celle des échanges solution/particuleset, deuxièmement, celle des changements de labilité des métaux (spéciation). Lesprocessus d’échanges entre la phase en solution et les MES sont conformes à ce que l’ontrouve en général dans d’autres estuaires, avec dans le cas de l’Adour une prépondérancede phénomènes de désorption à faible salinité (0-5) (Bareille et al., en préparation).Néanmoins, ces phénomènes de désorption ne sont pas de grande amplitude,probablement en raison de la faible turbidité de cet estuaire une bonne partie de l’année. Eneffet, l’estuaire de l’Adour se singularise d’autres estuaires français de part une relativementfaible turbidité (SPM 0,45µm et sont donc recensés dans la fraction particulaire. Il s’en suit uneaugmentation de la charge en ETM des particules à salinité moyenne 5 – 10‰. Parla suite, ces particules peuvent être entraînées vers les sédiments sous forme de flocet donc éliminés de la colonne d’eau, ou se diluer avec les eaux plus salines.La résultante de ces changements rapides à l’échelle d’un cycle de marée est que lesconcentrations de métal labile de certains de ces métaux (Mn, Cd, Zn) augmententfaiblement à la sortie de l’estuaire, alors qu’elles restent relativement stables pour d’autresmétaux (Cu, Co), et ceci même si les concentrations totales en ces métaux diminuent engénéral avec l’augmentation de la salinité (sauf pour le Cd) (Point et al., 2007).De part ces caractéristiques, l’estuaire de l’Adour constitue un champ d’investigationscientifique de premier ordre pour une meilleure connaissance des processus d’échangesdes éléments traces en relation avec leur spéciation surtout en période d’étiage. En périodede débits soutenus, par contre, il se produit très probablement un transfert direct à la zone32
côtière en raison de l’excessive canalisation de cet estuaire, le front salin ne pouvant paspénétrer très haut dans l’estuaire.HSLibérationde métaldissous labileHSComplexationdu métal labileavec descolloïdesHS HSHSPhaseParticulaireDésorptionde métalparticulaireFloculation des Colloïdesconduisant à laFabrication de particuleschargées en métauxMétal particulaire0.45µm1223Phasedissoute1Métal associé à de la matière organique colloïdaleMétal LabileZone fluviale0%0 1%0 10%0 35%0OcéanFigure 15 - Evolution des différentes phases d’ETM, fraction labile, fraction complexesorganiques-ETM et fraction particulaire, en fonction du gradient salin et de la dynamique descolloïdes dans l’estuaire de l’Adour.Nous avons également regardé la distribution des différentes phases (particules, dissoustotal, fraction en solution labile et complexes organiques-ETM) au niveau des rejets du basestuaire et des eaux douces alimentant l’estuaire.En ce qui concerne les rejets, le résultat majeur est un enrichissement relatif de la fractionen solution pour la majorité des éléments, ce qui n’est pas systématiquement le cas pour laphase particulaire. L’origine de cet enrichissement pourrait être associée à la complexationdes ETM avec la matière organique dissoute présente en quantité importante dans certainsrejets de STEP et de rejets multiples. La détermination des fractions labiles et complexesorganiques-ETM montre qu’il existe une importante proportion d’ETM labile dans les rejetsmais cela n’apparaît pas simple. Nous avons également tenté de reproduire en labo lestransferts de phases en laboratoire par des mélanges eaux douces/eaux salées. L’ensemblede ces dernières données sont en cours d’interprétation et des conclusions plus pousséesseront disponibles ultérieurement.33