LES LIMITES DE BEUZEVILLE LA GRENIER<strong>Le</strong> Français aime l’histoire, parait-il. L’étu<strong>de</strong> du passé est en effet souvent utile <strong>à</strong> lacompréhension du présent. Continuons donc notre petit tour dans les archives <strong>de</strong> Beuzeville la Greniercommencé l’année <strong>de</strong>rnière et arrêtons-nous le 5 octobre 1822.C’est peu <strong>de</strong> dire que c’était une autre époque. <strong>Le</strong>s guerres Napoléoniennes étaient terminées<strong>de</strong>puis moins <strong>de</strong> 10 ans et la Restauration avait placé Louis XVIII sur le trône <strong>de</strong> France en 1814. Il estgénéralement admis qu’il a réussi <strong>à</strong> ramener une certaine prospérité dans un pays épuisé par lesguerres et <strong>à</strong> concilier les héritages Napoléoniens et <strong>de</strong> la Révolution avec ceux <strong>de</strong> l’Ancien Régime.Ainsi, l’organisation administrative du pays se poursuivait et, <strong>à</strong> Beuzeville, ce « cinquième jourdu mois d’octobre 1822 », un personnage considérable, le Géomètre en chef <strong>de</strong> la Seine Inférieure, estvenu en personne procé<strong>de</strong>r <strong>à</strong> la délimitation du territoire <strong>de</strong> Beuzeville et <strong>de</strong>s communes environnantes.A l’époque, Beuzeville était un village <strong>de</strong> 857 habitants selon le recensement <strong>de</strong> 1821 et si, LouisXVIII était roi <strong>de</strong> France, Adrien Lanctuit, lui, était Maire <strong>de</strong> Beuzeville et administrait la commune.On ignore tout <strong>de</strong> ce lointain prédécesseur <strong>de</strong> Gérard Capot mais on peut supposer qu’il avait <strong>de</strong>la personnalité. Chaque maire <strong>de</strong>s communes faisant l’objet <strong>de</strong>s travaux du géomètre en chef étaitaccompagné <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux « indicateurs », c’était notamment le cas pour les communes <strong>de</strong> Mirville, Bréauté,Houquetot, <strong>Le</strong> hertelay, St Jean, ou les signatures du maire et <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux « indicateurs » figurent sur leprocès-verbal. Sauf pour la commune <strong>de</strong> Beuzeville où Adrien Lanctuit est le seul signataire <strong>de</strong> tous lesdocuments. Notre Maire, Adrien Lanctuit <strong>de</strong>vait donc avoir une certaine personnalité pour assumer seulla tâche partagée ailleurs. <strong>Le</strong> 1 er octobre 1830, il a été suspendu <strong>de</strong> ses fonctions pour non conformisme(source Beuzeville la Grenier…une minute d’arrêt. P.25)L’expression « indicateurs » pour les personnes ayant assisté le géomètre et les maires esttroublante et évoque <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s un brin policières, surtout quand on voit que, pour réaliser cestravaux <strong>de</strong> délimitations <strong>de</strong> territoires, le Géomètre en chef était accompagné du Contrôleur <strong>de</strong>sContributions Directes et qu’il agissait conformément aux instructions du Ministre <strong>de</strong>s Finances !La délimitation du territoire <strong>de</strong> chaque commune <strong>de</strong>vait donc avoir aussi, et peut être surtout, <strong>de</strong>spréoccupations d’ordre fiscal !Un Procès-verbal <strong>de</strong> délimitation du territoire a donc été établi pour Beuzeville et pour chacune<strong>de</strong>s communes limitrophes. Il n’y avait pas alors, semble t-il, « la Grenier » dans la dénomination <strong>de</strong>Beuzeville qui a changé plusieurs fois dans la pério<strong>de</strong> révolutionnaire : L’Ingénue, Saint-Martin-le-Généreux puis, en 1801, Beuzeville.<strong>Le</strong>s limites actuelles <strong>de</strong> Beuzeville ont été fixées en 1824. <strong>Le</strong>s délimitations <strong>de</strong> 1822 ne serontdonc pas définitives et font apparaître quelques différences :La commune du Hertelay, bordée par Beuzeville, Bréauté et Houquetot a été réunie <strong>à</strong> Bréauté en1825. La limite <strong>de</strong> Beuzeville, dans ce secteur était plus proche <strong>de</strong> Plaval que maintenant.Vers Mirville, le géomètre évoquait la réunion d’une petite partie d’une enclave <strong>de</strong> Gruchet,dépendant du Valasse « considérable <strong>de</strong> superficie et située entre les limites <strong>de</strong> cinq communes ».Cette enclave du Valasse, située loin <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong> la commune <strong>de</strong> Gruchet, provenait <strong>de</strong>spossessions <strong>de</strong> l’abbaye du Valasse, qui avaient été attribuées <strong>à</strong> la commune <strong>de</strong> Gruchet <strong>à</strong> la Révolution.<strong>Le</strong>s choses en étaient restées l<strong>à</strong> et, une trentaine d’années plus tard, le géomètre en chef <strong>de</strong> la SeineInférieure proposait <strong>de</strong> réunir <strong>à</strong> Beuzeville la partie allant du Vashouis aux fermes du Petit Bec :38
En voici la transcription :« Il a été rendu compte sur le procès-verbal <strong>de</strong> la commune <strong>de</strong> Gruchet, d’une enclave dépendant <strong>de</strong> cette communeet que nous avons proposé <strong>de</strong> réunir, en gran<strong>de</strong> partie <strong>à</strong> Mirville, et une petite partie que nous avons cru <strong>de</strong>voir réunir <strong>à</strong>Beuzeville, jusqu’<strong>à</strong> ce qu’il en soit autrement ordonné par l’Autorité Supérieure.Si ce changement est adopté ainsi que la réunion <strong>à</strong> Mirville il en résultera que la limite, <strong>à</strong> partir <strong>de</strong> l’arbre indiquésur le sentier du Vasouis aux fermes du petit bec comme étant le point où quitte la commune <strong>de</strong> Mirville, sera formée <strong>de</strong>nouveau avec la commune <strong>de</strong> Mirville, par la continuation du même sentier vers le sud, jusqu’<strong>à</strong> la rencontre <strong>de</strong>s limites duValasse, <strong>à</strong> cause d’une enclave <strong>de</strong> cette Commune comprenant les fermes du petit Bec.Cette enclave du Valasse, comprenant les <strong>de</strong>ux fermes et terres dépendantes du petit Bec, est considérable ensuperficie et se trouve située entre les limites <strong>de</strong> cinq communes.A raison <strong>de</strong> sa situation cette enclave pourrait être <strong>de</strong>mandée par chacune <strong>de</strong>s communes y attenant, mais la réunionnous paraitrait <strong>de</strong>voir en être faite avec plus <strong>de</strong> convenance en faveur <strong>de</strong> St Jean <strong>de</strong> la Neuville (<strong>à</strong> raison <strong>de</strong>s pertesconsidérables que cette commune est obligée d’éprouver en faveur <strong>de</strong> Bolbec qui va gagner le hameau et dépendances <strong>de</strong> laGregeotte et peut être plus <strong>de</strong> 200 habitants).Laissant <strong>à</strong> l’autorité supérieure <strong>à</strong> déci<strong>de</strong>r <strong>à</strong> quelle commune sera réunie cette enclave portion du territoire duValasse, nous allons décrire ici les limites actuellement existantes entre Beuzeville et cette dite enclave du Valasse… »La décision <strong>de</strong> l’Autorité Supérieure ne figure pas dans les archives <strong>de</strong> Beuzeville mais ellesemble avoir suivi les propositions du Géomètre.On le voit, les travaux <strong>de</strong> délimitation faisaient l’objet <strong>de</strong> travaux sérieux réunissant <strong>de</strong>stechniciens, les Maires et indicateurs <strong>de</strong>s communes concernées (sauf pour Beuzeville). L’affaire étaitd’importance car un propriétaire s’estimant lésé pouvait être le départ d’interminables querellesjuridiques et <strong>de</strong> voisinage.Daniel Devaux39
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