Si Beuzeville m'était conté...Conter ici en détails la longue et riche Histoire d'un village tel que le nôtre pourrait nousemmener fort loin. Quelques repères chronologiques importants peuvent toutefois nous ai<strong>de</strong>r <strong>à</strong>retracer brièvement l'Histoire <strong>de</strong> notre commune...Beuzeville au Moyen-Age :Vers l'an 500, un chef franc nommé Boson chasse le <strong><strong>de</strong>rnier</strong> propriétaire <strong>de</strong> la « villa » galloromaine(c'est <strong>à</strong> dire le vaste domaine agricole) qu'il possédait sur le territoire <strong>de</strong> notre villageactuel. C'est lui qui donne son nom au village : Bosonis Villa qui <strong>de</strong>vient Bosevilla puisBeuzeville.<strong>Le</strong> nom <strong>de</strong> Beuzeville apparaît dans <strong>de</strong>s écrits très anciens puisqu'en 1096, un Sire <strong>de</strong>Beuzeville figure parmi les chevaliers qui partent pour la première croisa<strong>de</strong> en Terre Sainte avec leDuc <strong>de</strong> Normandie Robert II Courteheuse, le fils aîné <strong>de</strong> Guillaume le Conquérant.Au 12e siècle, le Sire <strong>de</strong> Beuzeville (<strong>à</strong> cette époque, Hugone <strong>de</strong> Bosevilla) est mentionnécomme témoin, ainsi que d'autres chevaliers, dans une charte rédigée par les moines <strong>de</strong> l'Abbaye duValasse.Pendant la guerre <strong>de</strong> cent ans (1337-1453), le Seigneur Jehan <strong>de</strong> Beuzeville combat auxcôtés du Comte d'Eu. D'ailleurs, pendant ce temps, il oublie <strong>de</strong> payer aux moines du Valasse lesre<strong>de</strong>vances qu'il leur <strong>de</strong>vait. Ceux-ci, en compensation, font vendre ses biens « excepté ses chevauxet son harnois » !!C'est avec Guillaume, qui meurt vers 1395, que s'éteint la puissante maison <strong>de</strong> Beuzeville,dont les armes étaient « d'argent <strong>à</strong> une face <strong>de</strong> sable et trois quintefeuilles <strong>de</strong> même »...Après les Beuzeville, ce sont les Selles qui possè<strong>de</strong>nt la seigneurie pendant plus d'un siècle,<strong>à</strong> la suite <strong>de</strong> circonstances restées inconnues !Guillaume Selles est un homme violent. En 1359, il pénètre dans le manoir du Petit-Bec, quiappartient <strong>à</strong> cette époque aux religieux du Valasse et les rosse <strong>à</strong> coups <strong>de</strong> bâton. Un jugement lecondamne <strong>à</strong> leur verser 15 sols...On trouve ensuite la trace <strong>de</strong> Raoul Selles qui prête serment d'allégeance au Roid'Angleterre après la défaite française d'Azincourt en 1415 et d'Antoine qui fait édifier le châteauentre 1547 et 1552.A cette époque, les seigneurs se réservaient une partie <strong>de</strong>s domaines qu'ils faisaient cultiverpar leurs gens et prélevaient <strong>de</strong>s taxes diverses. Il en est donc ainsi <strong>à</strong> Beuzeville et au travers <strong>de</strong>sarchives, on apprend que « discrette personne Maître François Guillaume Piqueray, prêtre curé <strong>de</strong>Beuzeville tenait une pièce <strong>de</strong> terre et habitation dite presbitaire » et <strong>de</strong>vait simplement <strong>de</strong>s prièreset <strong>de</strong>s oraisons (l'heureux homme !)« Maître Jean-Joseph <strong>de</strong> Compoint, écuyer <strong>de</strong> Plaval, tenait 112 acres, une <strong>de</strong>mi vergée et 5perches » et <strong>de</strong>vait remettre chaque année « un bouquet <strong>de</strong> roses et <strong>de</strong>ux pigeons blancs pour ladroiture du collombier, payables <strong>à</strong> la St Jean Baptiste et 32 sols et 4 <strong>de</strong>niers payables par moitié <strong>à</strong>la St Michel et <strong>à</strong> la Mi-Carême, <strong>de</strong>ux chapons, <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>niers <strong>de</strong> becage et une poule payables <strong>à</strong>Noël »44
Jacques <strong>Le</strong>nud doit « trente <strong>de</strong>ux sols, quatre <strong>de</strong>niers, un chapon, un <strong>de</strong>nier <strong>de</strong> becage et <strong>de</strong>uxpoules au mercredi <strong>de</strong>s Cendres »D'autres <strong>de</strong>vaient « une écuellée <strong>de</strong> pois verts », « <strong>de</strong>ux boisseaux d'avoine, quatre chapons et<strong>de</strong>mi » ou encore « une <strong>de</strong>mi journée <strong>de</strong> charrue et <strong>de</strong>ux cents noix »...Aucune règle précise ne fixait l'importance <strong>de</strong>s droits exigibles !Du 16 e au 18 e siècle :<strong>Le</strong>s Selles ayant laissé une fille unique, Josseline, celle-ci épouse René <strong>de</strong> Prie,gentilhomme nivernais, écuyer du Roi Charles IX.<strong>Le</strong>ur fils, Aymar <strong>de</strong> Prie, rési<strong>de</strong> au château <strong>de</strong> Beuzeville. Il fait partie <strong>de</strong>s 132 nobles quisiègent aux États-Généraux <strong>à</strong> Paris, du 27 octobre 1614 au 25 février 1615, dans la gran<strong>de</strong> salle <strong>de</strong>l'hôtel <strong>de</strong> Bourbon, en présence du jeune roi Louis XIII.Un <strong>de</strong> ses fils, Louis, reçoit le fief <strong>de</strong> Beuzeville en héritage. Mais dès cette époque, ilsemble que le château ne soit plus habité <strong>de</strong> façon continue.<strong>Le</strong> domaine passe ensuite successivement <strong>à</strong> la Maréchale <strong>de</strong> la Motte (Louise <strong>de</strong> Prie,gouvernante <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> Louis XIV), <strong>à</strong> Henri <strong>de</strong> Senneterre qui se distingue sur le champ <strong>de</strong>bataille <strong>de</strong> Rocroy en 1643, puis aux familles <strong>de</strong> Malertie et Hunolstein.A cette époque, en hiver 1709, un froid terrible s'abat sur la France. <strong>Le</strong>s fleuves et lesrivières gèlent, la famine est générale, on en est réduit <strong>à</strong> se nourrir <strong>de</strong> racines... A Beuzeville, ondéplore 60 morts dont 25 <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 10 ans...Après la Révolution :<strong>Le</strong> 19 Frimaire an I (9 décembre 1792), ont lieu les premières élections municipales... Pierre<strong>Le</strong>bas est élu maire.En 1794, la commune change <strong>de</strong> nom et <strong>de</strong>vient Commune <strong>de</strong> l'Ingénue ci-<strong>de</strong>vantBeuzeville-la-Grenier.Ce qui reste du domaine, soit 168 acres, est mis en vente les 28 et 29 Ventôse an XII (19 et20 mars 1804). La ferme et le château sont adjugés <strong>à</strong> une Dame <strong>Le</strong> Roux pour la somme <strong>de</strong> 140 000francs. Ils passent ensuite aux familles d'Ygnauville, en 1837, puis <strong>de</strong> Pierracourt, en 1839. Enfin, ledomaine est vendu <strong>à</strong> Madame <strong>Le</strong> Maistre en 1903.Pascale Michonnet(Sources : Pierre Dar<strong>de</strong>l, <strong>Le</strong> château <strong>de</strong> Beuzeville-le-Grenier et ses seigneurs (1137-1789)AACHN, Beuzeville-la-Grenier... ...Une minute d'arrêt , Archives municipales)45