Le Fuuta Tooro de Ceerno Suleymaan Baal à la Fin de l'Almamiyat ...
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notables du Yir<strong>la</strong>abe-Hebbiyaabe et du Booseya furent aussi les principaux bénéficiaires dans<strong>la</strong> redistribution <strong>de</strong>s terres entreprises par le premier almaami (Feccere <strong>Fuuta</strong> = partage du<strong>Fuuta</strong>). Ils reçurent en dotation <strong>de</strong> vastes terres <strong>de</strong> Waalo (terres inondées <strong>de</strong> <strong>la</strong> vallée). ModiMahanti, Bees (chefs <strong>de</strong> guerre), issu <strong>de</strong> <strong>la</strong> puissante famille <strong>de</strong>s Aan <strong>de</strong> Pète, obtint plusieurspale (sing = falo) dans les environs <strong>de</strong> Waasetake. <strong>Le</strong>s Kan <strong>de</strong> Mbolo Biran recouvraient leurskol<strong>la</strong><strong>de</strong> (sing = ko<strong>la</strong>ngal) jadis confisqués par les Satigi <strong>de</strong>eniyanke (Johnson 1974 : 159). Desgratifications simi<strong>la</strong>ires furent accordées aux fulbe (sing = pullo) <strong>de</strong> Asn<strong>de</strong> Bal<strong>la</strong> et Njakiir etaux Ly <strong>de</strong> Cilon. D’autres enfin, tel le Bummuy (titre du chef <strong>de</strong> vil<strong>la</strong>ge) <strong>de</strong> Hoore Fon<strong>de</strong>,conservèrent intacts les champs défrichés par leurs ancêtres. C’est à cette époque, semble-t-il,que certaines familles du Yiriaabe-Hebbiyaabe et du Booseya furent désignées par AbdulQaadiri pour percevoir au bénéfice du trésor public <strong>de</strong>s taxes dans les autres provinces. Laplus importante était le ndohdi, droit payé par les chefs <strong>de</strong>s collectivités vil<strong>la</strong>geoises àl’Almaami qui avait reconnu ou procédé à leur nomination. Aali Dundu collectait <strong>de</strong>s taxes àHalwaar, Podor et Ge<strong>de</strong> ; Aali Sidi à Njuum et Elimaan Rinjaw Saydu Buubu à Hayre-Laaw.Quant à l’Ardo Njakiir il avait été nommé pour représenter l’almaami auprès <strong>de</strong>s FulbeUrurbe disséminés dans tout le pays (Robinson 1971 : 53) Ainsi, du vivant même d’AbdulQaadiri, les chefs et dignitaires du <strong>Fuuta</strong> central avaient commencé à se tailler <strong>de</strong>s zonesd’influence. En intensifiant abusivement cette pratique, ils avaient réussi à affaiblir voire àannihiler les ambitions politiques <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong>s autres provinces. Conscients <strong>de</strong> leurpuissance qui reposait essentiellement sur une <strong>la</strong>rge clientèle, ils étaient parvenus, dans les dix<strong>de</strong>rnières années du règne du premier Almaami, à contester les décisions <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier. Ilsl’assassinèrent au bout du compte et s’arrogèrent le privilège <strong>de</strong> nommer et <strong>de</strong> <strong>de</strong>stituer lesAlmaami, certes cultivés, mais faibles et insignifiants (Kane O. 1973 : 622). Ainsi seconstituèrent les puissantes familles <strong>de</strong> jaargo<strong>de</strong> du Yir<strong>la</strong>abe-Hebbiyaabe et du Bosseya.Celles-ci, détentrices du pouvoir politique véritable, étaient les Kan <strong>de</strong> Daabiya O<strong>de</strong>eji, les Ac<strong>de</strong> Rinjaw, les Ly <strong>de</strong> Cilon, les Ba <strong>de</strong> Mbolo Aali Sidi et enfin les Aan <strong>de</strong> Pete. Deux autresfamilles, bien que n’élisant pas l’Almaami, n’en jouèrent pas moins un rôle important : cesont les Kan <strong>de</strong> Mbolo Biraan qui fournissaient l’Alkaati <strong>Fuuta</strong>, percepteur exclusif <strong>de</strong>s taxessur les transactions commerciales appelées « coutumes » et les Njaay <strong>de</strong> Hoore-Fon<strong>de</strong>, chefsd’un gros vil<strong>la</strong>ge à <strong>la</strong> fois capitale /p. 43/ d’investiture <strong>de</strong>s Almaami et forum <strong>de</strong>s grandsdébats politiques et religieux. <strong>Le</strong> Bummuy (titre du chef <strong>de</strong> vil<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> Hoore-Fon<strong>de</strong>) était àcet égard le plus bel exemple d’équilibre entre les forces nouvelles – les jaagor<strong>de</strong> et puissantesfamilles maraboutiques – et les forces traditionnelles ayant précédé et <strong>de</strong>vant survivre àl’Almamiyat. Celui-ci, en se substituant au régime <strong>de</strong>eniyanke, avait engendré une nouvelle «stratification sociale ». L’organisation sociale en vigueur au <strong>Fuuta</strong> <strong>Tooro</strong> au len<strong>de</strong>main dutriomphe <strong>de</strong> <strong>la</strong> révolution religieuse était surtout remarquable par sa division en troiscatégories sociales bien distinctes, chacune d’elles insérant en son sein un nombre variable <strong>de</strong>castes. (Wane, Y. 1960 : 32). Cette société, fortement hiérarchisée, accor<strong>de</strong> à l’hérédité,l’endogamie et <strong>la</strong> spécialisation professionnelle une valeur inéga<strong>la</strong>ble (Diop : 1965 : 24). Lapremière catégorie est celle <strong>de</strong>s rimbe (sing = dimo). Elle regroupe tous les hommes libres àl’exclusion <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong>s castes professionnelles. On distingue par ordre décroissant : 1°)– <strong>Le</strong>s <strong>Tooro</strong>bbe 11 (sing = toorodo) c’est à dire l’aristocratie politico-religieuse, détentrice dusavoir, <strong>de</strong>s grands domaines fonciers, fière, possédant un sens aigu <strong>de</strong> l’honneur. Elle fut àl’origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> naissance <strong>de</strong> l’Almamiyat au <strong>Fuuta</strong> <strong>Tooro</strong>. 2°) – <strong>Le</strong>s Sebbe (sing = ceddo), sontles <strong>de</strong>scendants d’un fonds <strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tions établies dans <strong>la</strong> vallée à une époque ancienne,antérieurement au régime <strong>de</strong>eniyanke. Grands propriétaires terriens, guerriers redoutables, ilssont surtout remarquables par leur bravoure et leur courage à toute épreuve ; 3°) – <strong>Le</strong>sJaawanbe (sing = jaawando) fortement métissés <strong>de</strong> peul gravitaient autour <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>sfamilles toorobbe dont ils étaient les courtisans et conseillers avertis ; 4°) – <strong>Le</strong>s Subalbe (sing= cubballo) malgré leur activité principale à savoir <strong>la</strong> pêche, restent après tout <strong>de</strong>s rimbe.