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Le Fuuta Tooro de Ceerno Suleymaan Baal à la Fin de l'Almamiyat ...

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parents pauvres par les grands électeurs du Yir<strong>la</strong>abe-Hebbiyaabe et du Booseya. <strong>Le</strong>s candidatsau titre d’Almaami ne lésinaient pas sur les moyens à utiliser pour satisfaire leurs ambitionspersonnelles. La pratique <strong>la</strong> /p. 45/ plus répandue consistait à conquérir le soutien actif d’unou <strong>de</strong> plusieurs jaagor<strong>de</strong> par <strong>la</strong> corruption ou l’alliance matrimoniale. <strong>Le</strong>s soli<strong>de</strong>s liens <strong>de</strong>parenté qui unissaient les Wan <strong>de</strong> Mbumba (Laaw) au Aan <strong>de</strong> Pete, aux Ly <strong>de</strong> Cilon, aux Kan<strong>de</strong> Mbolo et aux Aan <strong>de</strong> Gawol sont à cet égard très explicites. Cette concurrence serrée entreles postu<strong>la</strong>nts au turban almamal se doub<strong>la</strong>it d’une autre compétition : celle que se livraientimpitoyablement les jaagor<strong>de</strong> eux-mêmes. Chaque grand électeur vou<strong>la</strong>it que son protégé fûtélu même si ce <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>vait être <strong>de</strong>stitué au bout <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ou trois mois. <strong>Le</strong> jeu complexe <strong>de</strong>ces rivalités personnelles conduisait souvent à <strong>de</strong> véritables guerres civiles à l’image <strong>de</strong> cellequi secoua les <strong>Fuuta</strong> entre 1812 et 1813. En 1812, Aali Dundu Kan, le plus influent jaagorgal<strong>de</strong> l’époque, décida <strong>de</strong> révoquer l’almaami Bokar Lamin <strong>Baal</strong> <strong>de</strong> Boo<strong>de</strong> et <strong>de</strong> le faireremp<strong>la</strong>cer par Yusuf Ly <strong>de</strong> Jaaba. Bocar Lamin refusa d’obtempérer. Aali Dundu sollicita leconcours <strong>de</strong>s Maures Brakna, détrôna par <strong>la</strong> force le tooranké (habitant du <strong>Tooro</strong>) et intronisaYusuf en mars 1813. <strong>Le</strong> Laaw, le <strong>Tooro</strong> et le Yir<strong>la</strong>abe prirent alors les armes afin <strong>de</strong>réinstaller l’Almaami déchu tandis que le Hebbiyaabe, le Booseya et le Nguenaar se rangèrentdu côté <strong>de</strong> Yusuf et d’Aali Dundu. La première guerre civile éc<strong>la</strong>ta. La confrontation entre les<strong>de</strong>ux armées coalisées eut lieu au nord <strong>de</strong> Jaaba et se solda par <strong>la</strong> victoire <strong>de</strong> Bocar <strong>Baal</strong>.Yusuf prit sa revanche quelques jours plus tard à <strong>la</strong> bataille <strong>de</strong> Gunagol, (Kane, M. M. 1971 :48-50), petit marigot constituant <strong>la</strong> limite entre le Laaw et le Yir<strong>la</strong>abe. La guerre civile ne setermina cependant qu’en mai 1813, date <strong>de</strong> <strong>la</strong> capture <strong>de</strong> Bokar <strong>Baal</strong> par les Maures alliés àAali Dundu et <strong>de</strong> sa déportation en exil au Bundu. Elle nous donne précisément un avant-goût<strong>de</strong> ce que fût l’histoire intérieure du <strong>Fuuta</strong> pendant toute <strong>la</strong> durée <strong>de</strong> l’Almamiyat.L’instabilité perpétuelle du régime almamal, fruit <strong>de</strong> <strong>la</strong> « politique ténébreuse » <strong>de</strong>s jaagor<strong>de</strong>,atteignit son point culminant avec <strong>la</strong> lutte sans merci que se livrèrent Biraan Ibra Wan <strong>de</strong>Mbumba et Yusuf Ly <strong>de</strong> Jaaba. La rivalité entre les <strong>de</strong>ux familles maraboutiques Ly et Wandura sans interruption <strong>de</strong> 1817 à 1835, pério<strong>de</strong> pendant <strong>la</strong>quelle Yusuf et Biraan se re<strong>la</strong>yèrentpresque continuellement au poste d’almaami. Yusuf, qui comptait déjà <strong>de</strong>ux élections, ajoutésept autres à son palmarès. Biraan, quant à lui, porta cinq fois le turban almamal. <strong>Le</strong>s <strong>de</strong>uxprotagonistes livrèrent <strong>de</strong>ux batailles mémorables à Gunagol une première fois en 1821 et <strong>la</strong>secon<strong>de</strong> en 1828. <strong>Le</strong>ur compétition n’était en fait que le reflet <strong>de</strong>s dissensions qui déchiraientle conseil électoral. Aussi, en maintenant le régime almamal dans une instabilité permanente,les jaagor<strong>de</strong> apparaissaient comme les artisans lointains <strong>de</strong> sa déca<strong>de</strong>nce. Cette faiblesseinhérente à l’Almamiyat au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> l’assassinat d’Abdul Qaadiri, avait été très tôtperçue par les Français. Installés à Saint-Louis <strong>de</strong>puis 1659, les Français avaient commencé àremonter le cours du fleuve Sénégal <strong>de</strong>puis l’embouchure jusqu’au Haut-Fleuve pour se livrerà <strong>de</strong>s transactions commerciales. Celles-ci connurent surtout un vigoureux essor au 19èmesiècle et portaient essentiellement sur <strong>la</strong> gomme, le mil, l’or et les esc<strong>la</strong>ves. Lacommercialisation <strong>de</strong> ces produits avait lieu à <strong>de</strong>s dates précises et à <strong>de</strong>s lieux fixes appelésescales, échelonnés le long du fleuve. Toutefois, pour assurer <strong>la</strong> sécurité du commerce,protéger ses traitants et favoriser le passage <strong>de</strong> ses bateaux, <strong>la</strong> France était obligée <strong>de</strong> payer lestaxes sur les transactions commerciales appelées « coutumes » aux souveraines <strong>de</strong>s paystraversés. /p. 46/. Commencé sous les Deeniyankoobe, le paiement <strong>de</strong>s « coutumes » al<strong>la</strong>its’intensifier sous l’Almamiyat jusqu’au milieu du 19ème siècle. A cet égard, un traité avaitété conclu à Saint-Louis le 31 mars 1785 entre l’Alkaati Mbolo et le comte Repentigny (Saint-Martin 1966 : 45-71), ce traité, qui fixait les dispositions générales <strong>de</strong>vant régir le convoiannuel <strong>de</strong> Ga<strong>la</strong>m, constituait un fait historique d’une importance capitale. Il était le signald’une longue pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tions hostiles entre <strong>la</strong> France, soucieuse <strong>de</strong> découvrir les richessesfabuleuses <strong>de</strong> l’intérieur <strong>de</strong> l’Afrique et l’Etat Toucouleur, observateur rigi<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> religionmusulmane et maître incontesté <strong>de</strong> <strong>la</strong> Moyenne-Vallée. Il servit du reste <strong>de</strong> modèle aux

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