Le Fuuta Tooro de Ceerno Suleymaan Baal à la Fin de l'Almamiyat ...
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consoli<strong>de</strong>r l’influence française dans toute <strong>la</strong> Moyenne-Vallée. Faidherbe supprimadéfinitivement les « coutumes » que <strong>la</strong> France versait au <strong>Fuuta</strong>, détacha <strong>de</strong> <strong>la</strong> confédération leDimar (traité du 18 juin 1858), le <strong>Tooro</strong> (traité du 14 avril 1959). Il imposa à l’AlmaamiMustafa Bâ <strong>de</strong> Hooré-Fondé <strong>la</strong> signature du traité du 15 août 1859 qui stipu<strong>la</strong>it le p<strong>la</strong>cementsous protectorat français du <strong>Tooro</strong> et du Damga, l’abolition intégrale <strong>de</strong>s « coutumes », <strong>la</strong>paix et <strong>la</strong> liberté à accor<strong>de</strong>r au commerce saint-louisien et <strong>la</strong> protection française contre lespil<strong>la</strong>ges éventuels <strong>de</strong>s Maures <strong>de</strong> <strong>la</strong> rive droite. Il édifia enfin <strong>de</strong>s fortins sur <strong>la</strong> rive gauchepour consoli<strong>de</strong>r <strong>la</strong> puissance française dans <strong>la</strong> vallée. Il avait ainsi réussi à saper sérieusementles bases du régime almamal. Au même moment, Sayku Umar Taal effectuait une tournéeaudacieuse — sa <strong>de</strong>rnière — dans le <strong>Fuuta</strong> afin <strong>de</strong> convaincre les <strong>Fuuta</strong>nkoobe d’abandonnerleur pays, <strong>de</strong>venu celui <strong>de</strong>s « B<strong>la</strong>ncs » et d’émigrer vers le Kaarta et le Soudan. Malgrél’opposition d’un grand nombre <strong>de</strong> toorobbe, il avait tout <strong>de</strong> même réussi, au moment <strong>de</strong> saretraite définitive vers l’Est en avril 1859, à entraîner à sa suite quelques fortes personnalitéstel l’influent jaagorgal Falil Ac <strong>de</strong> Rindiaw. Il contribuait ainsi à affaiblir davantagel’Almamiyat. Au len<strong>de</strong>main du fergo (émigration) Sayku, une nouvelle génération d’électeursémerge, qui voulut remettre en cause <strong>la</strong> prépondérance française dans <strong>la</strong> Moyenne Vallée etreconstituer l’unité territoriale du pays tout entier. Ce sursaut nationaliste, dont l’instigateurn’était autre que l’électeur du Booseya Abdul Bocar Kan (Daabiya O<strong>de</strong>eji), fut sauvagementréprimé par les gouverneurs Jauréguiberry et /p. 48/ Faidherbe. Il se solda par un cuisantéchec. La puissance technique <strong>de</strong> <strong>la</strong> France conquérante avait vite fait <strong>de</strong> triompher ducourage, <strong>de</strong> <strong>la</strong> fierté et <strong>de</strong> l’orgueil <strong>de</strong>s <strong>Fuuta</strong>nkoobe. Vaincus, ayant subi d’importancespertes en hommes et en biens — bataille <strong>de</strong> Dirmboya <strong>de</strong> juillet 1862 : combat <strong>de</strong> Lumbel,prés <strong>de</strong> Bokol, <strong>de</strong> septembre 1862 ; expédition <strong>de</strong> Jauréguiberry <strong>de</strong> Janvier – Février 1863 etexpédition <strong>de</strong> Faidherbe contre le Booseya <strong>de</strong> juin 1864 — les jaagor<strong>de</strong> furent contraints <strong>de</strong>reconnaître <strong>la</strong> dislocation <strong>de</strong> l’Etat toucouleur sanctionnée par <strong>la</strong> signature du traité <strong>de</strong>Dirmboya le 05 novembre 1864. Cet accord réaffirmait pour l’essentiel les c<strong>la</strong>uses <strong>de</strong>s traitésantérieurs. A peine sorti <strong>de</strong> cette première confrontation, l’Almamiyat, désormais circonscritaux seules provinces du Laaw, du Yir<strong>la</strong>abe-Hebbiyaa<strong>de</strong> et du Booseya al<strong>la</strong>it <strong>de</strong> nouveau<strong>de</strong>venir le théâtre <strong>de</strong> guerres d’influence et <strong>de</strong> luttes intestines sang<strong>la</strong>ntes avec <strong>la</strong> résurgence<strong>de</strong> forces centrifuges. <strong>Le</strong> plus influent jaagorgal <strong>de</strong> l’époque, Abdul Kan, qui se considéraitcomme le chef incontesté du Damga malgré le protectorat français, ne pouvait resterimpassible <strong>de</strong>vant le prestige croissant <strong>de</strong> <strong>Ceerno</strong> Birahim Kan, marabout installé à Maqaamadans le <strong>Fuuta</strong> oriental. Un conflit éc<strong>la</strong>ta entre les <strong>de</strong>ux hommes et se termina par l’assassinatdu marabout, discipline du prestigieux Saykh maure Siddiya Al Kabir <strong>de</strong> Boutilimit(Mauritanie). <strong>Ceerno</strong> Brahim Kan fut en effet capturé et passé au fil <strong>de</strong> l’épée par le Tunka(souverain) du Gajaga en mai 1869. <strong>Le</strong> Tooranke (habitant du <strong>Tooro</strong>) Amadu Madiya Bâ <strong>de</strong>Wuro Madiyu, fils d’un homme tristement célèbre 12, avait très peu <strong>de</strong> chance <strong>de</strong> conquérir <strong>la</strong>sympathie et l’estime <strong>de</strong>s jaagor<strong>de</strong> et notables du <strong>Fuuta</strong> central. Aussi, préféra-t-il conduireses guerriers fanatisés vers le Jolof et le Cayor afin d’y répandre <strong>la</strong> Tidjâniyya. La plus belleillustration <strong>de</strong> ces déchirements internes fut incontestablement <strong>la</strong> lutte fratrici<strong>de</strong> qui opposa,<strong>de</strong> 1871 à 1877, Abdul Bokar Kan et Ibra Almaami Wan, Bees du Laaw. La guerre civile quien résulta fut encore plus dévastatrice que <strong>la</strong> confrontation franco-toucouleur <strong>de</strong>s années1862-1864. Elle accentua considérablement l’effervescence sociale et politique et plongea le<strong>Fuuta</strong> central dans une profon<strong>de</strong> détresse. Elle avait <strong>de</strong> ce fait facilité gran<strong>de</strong>ment <strong>la</strong> tâche ducolonisateur en faisant <strong>de</strong> l’Almamiyat une victime expirante <strong>de</strong> l’impérialisme français. Telleétait <strong>la</strong> triste réalité au moment où le gouverneur Brière <strong>de</strong> l’Isle envisageait <strong>de</strong> reprendre <strong>la</strong>secon<strong>de</strong> phase <strong>de</strong> <strong>la</strong> conquête. Aussi, c’est sans peine — une simple démonstration militaireavait suffi — que Brière <strong>de</strong> l’Isle imposa un nouveau traité <strong>de</strong> démembrement au <strong>Fuuta</strong>central (traité <strong>de</strong> Galoya d’octobre 1877). Abdul Bokar, par c<strong>la</strong>irvoyance politique, avaitaccepté <strong>de</strong> se soumettre aux exigences du « Borom Ndar » (le gouverneur <strong>de</strong> <strong>la</strong> colonie du