<strong>CLISSON</strong> ET SES <strong>MONUMENTS</strong>, Comte Paul de Berthou, 1910Numérisation Odile Halbert, 2007, tous droits de repro<strong>du</strong>ction réservés28Les auteurs <strong>du</strong> « Gallia Christiana » (II, p. 50I) mentionnent parmi lesévêques de Limoges cc Petrus episcopus Palatio, citant l'opinion d'Adrien deValois, à savoir que divers évêques ont pris le nom d'une résidence voisine deleur siège, et qu'il a existé une maison épiscopale, dite Palatium, à côté deLimoges. Les savants Bénédictins finissent l'article en déclarant qu'ils n'osentse prononcer, et qu'ils s'en rapportent à la critique <strong>du</strong> lecteur : « eruditus lectorjudicet ». M. de Mas-Lattrie, dans son « Trésor de Chronologie », déclarequ'il est très douteux, « valde <strong>du</strong>bium », que cet episeopus de Palatio ait étéévêque de Limoges. Aucun de ces auteurs ne parle de Poitiers, ni ne formulede conclusion. Le concile d'Agde de 506 ayant réuni surtout des évêques <strong>du</strong>Midi de la Gaule 34 , nous croyons que le Petrus de Palatio a été un évêque decette région, dont le siège a changé de nom et ne peut plus être identifié aujourd'hui.Depuis 850, le Pallet, situé à l'entrée de la Bretagne, devint donc uneplace frontière et prit de là son importance ; mais son illustration lui vient surtoutd'Abélard qui y naquit en 1079 35 . Il appartint d'abord à des seigneurs quien portèrent le nom, et dont le blason était d'argent à une croix de gueules,armes simples et d'aspect bien ancien, rappelées dans un aveu <strong>du</strong> Pallet,tombé en rachat en 1743 (Archives de Nantes, Chambre des Comptes deBretagne).Il est assez probable que ces premiers seigneurs furent de race bretonne,et qu'à leur suite, plusieurs familles de même nationalité s'établirentau Pallet. Le nom breton d'Abélard, Map-Elar, Ap-Elar, c'est-à-dire fils d'Elar,mérite d'être allégué dans ce sens. Il est vrai que son père s'appelait Bérenger,nom qui n'a rien de breton, mais qui peut avoir été un surnom : plusieursdes anciens comtes de Rennes portèrent le nom de Conan Bérenger, surnomroman accolé à un nom breton. Bérenger, père d'Abélard, est qualifié miles,chevalier, mais n'était point seigneur <strong>du</strong> Pallet, comme on l'a quelquefois préten<strong>du</strong>à tort. Vers 1080, en effet, le seigneur <strong>du</strong> Pallet est fort connu et s'appelaitDaniel, « Daniel de Palatio » ; il souscrit, entre 1084 et 1103, une donationd'Alain IV « Cartulaire de Quimperlé », n° XXXV ; — D. Morice, Preuves, I,col. 431), avec plusieurs seigneurs Nantais, expressément distingués des seigneurs<strong>du</strong> pays breton, signataires de la même charte ; et, en 1090, il faitune donation à Marmoutiers (Morice, Preuves, I, col. 474). Toutefois, commece nom de Daniel est très commun en pays bretonnant, à la même époque(et on peut s'en assurer en parcourant les listes de témoins au bas des chartes<strong>du</strong> « Cartulaire de Quimperlé »), il est bien possible que Daniel <strong>du</strong> Palletait été de race bretonne, tout en figurant au bas d'une charte, parmi les sei-34 Voir les « Concilia » <strong>du</strong> P. Labbe, tome IV, colonnes 1381-1395.35 Voir « La vie de Pierre Abeillard, abbé de Saint-Gildas de Ruis, et celle d'Héloise,son épouse, abbesse <strong>du</strong> Paraclet » [par Dom Gervaise] ; Paris, 2 vol. in-12, 1720 - « Véritableslettres d’Abeillard et Héloïse…, avec notes » [par le même]; Paris. 2 vol. in-12, 1723.
<strong>CLISSON</strong> ET SES <strong>MONUMENTS</strong>, Comte Paul de Berthou, 1910Numérisation Odile Halbert, 2007, tous droits de repro<strong>du</strong>ction réservés29gneurs <strong>du</strong> pays Nantais dans lequel était son domaine. Cette pénétration desfamilles bretonnes jusqu'aux extrêmes frontières des pays conquis par lesBretons au IXe siècle, a été formellement constatée par M. de la Borderiedans sa « Géographie féodale de la Bretagne » (pages 12-16) ; et, dans son« Histoire de Bretagne » (tome III, page 59), le savant historien reconnaît quedes places frontières furent souvent confiées à des familles de race bretonne.Deux anciens sires de Rais se nomment Harscoët, Jestin (« Cartulairede Rais », par M. René Blanchard, dans les Archives historiques <strong>du</strong> Poitou,Poitiers, Oudin, 1898, tome XXVIII ; — et « Cartulaire de Quimperlé ») ; parmiles premiers seigneurs de Goulaine, on en trouve, au XIe et XIIe siècle, nommésUrvoëd, Amalcud (« Cartulaire de Quimperlé ») ; aux Xe et XIe siècles, leseigneur de Bougon, près de Nantes, s'appelle Glevian princeps Begonis, etson fils, possessionné à Pornic, s'appelle Gurmaëlon (« Cartulaires de Redonet de Quimperlé ») : tous ces noms sont bien bretons.A la fin <strong>du</strong> XIIIe siècle, la vieille maison <strong>du</strong> Pallet devait être éteinte ; carla châtellenie de ce nom, après avoir été aux mains des <strong>du</strong>cs de Bretagne,appartenait alors à la famille Souvaing ; en 1416, elle passa, par mariage,aux Amenart, et, en 1407, également par mariage, à la maison de Goulaine.En 1635, Jacques Barrin acheta d'abord le fief <strong>du</strong> Pallet-en-Monnières, c'està-direla partie de la paroisse de Monnières appartenant aux seigneurs <strong>du</strong>Pallet et relevant d'eux, avec les droits de seigneur supérieur sur diversesseigneuries sises en cette paroisse. Le Pallet-en-Monnières contribua à former,en 1644, la vicomté de la Jannière. Enfin, en 1652, Jacques Barrin, vicomtede la Jannière, acquit le reste de la châtellenie <strong>du</strong> Pallet, sauf quelquesterres en la Haye-Fouacière, et le tout entra dans le marquisat de la Galissonnière,en 1656. Ce marquisat ayant été partagé en 1700, entre troisfrères Barrin, la châtellenie <strong>du</strong> Pallet en fut distraite pour l'un d'eux et contribua,en 1760, à former le marquisat de Fromenteau dont le siège était enV'allet. Nous donnerons, dans nos Pièces Justificatives, des renseignementsplus détaillés sur les seigneurs <strong>du</strong> Pallet.Avant de quitter ce bourg, nous devons parler d'un manoir, siège d'uneseigneurie qui eut jadis une réelle importance féodale, et qui n'est distant <strong>du</strong>château <strong>du</strong> Pallet que d'un petit quart de lieue : c'est le Plessis-Guerry. Il estplacé sur la rive droite de la Sèvre, dans un beau site, au-dessus d'unechaussée garnie de ses deux moulins, et faisait partie, avant 1790, de la paroissede Monnières dont la limite venait alors toucher le bourg <strong>du</strong> Pallet.Avant de se fondre, en 1659, dans le marquisat de la-Galissonnière, le Plessis-Guerryétait la maison seigneuriale de Monnières, bien que séparé de cebourg par la rivière de Sèvre ; il relevait de la châtellenie <strong>du</strong> Pallet.Nous devons faire observer ici que le nom de la Sèvre, dans sa forme ac-
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