Tun Orthop 2008, Vol 1, N° 2Zrig M et al.tableau 2 : <strong>Le</strong>s cals vicieux du fémurtype <strong>de</strong> cal vicieux nombre <strong>de</strong> <strong>cas</strong> moyenne minimum maximumVarum 6 10,3° 4° 20°Valgum 1 28° - -Flexum 2 22° 18° 26°Récurvatum 3 12° 8° 18°tableau 3 : <strong>Le</strong>s cals vicieux du tibiatype <strong>de</strong> cal vicieux nombre <strong>de</strong> <strong>cas</strong> moyenne minimum maximumVarum 2 9,5° 4° 15°courtes. La revue <strong>de</strong> la littérature ne retrouve quetrois séries qui rapportent plus <strong>de</strong> 60 <strong>cas</strong> : Blake etMc Bry<strong>de</strong> [1] rapportent une série <strong>de</strong> 119 <strong>cas</strong> surune pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 15 ans, Fraser et al. [3] publientune série canadienne multicentrique <strong>de</strong> 222 <strong>cas</strong>et Piétu et al. [5] rapportent une étu<strong>de</strong> françaisemulticentrique <strong>de</strong> 172 <strong>cas</strong>.<strong>Le</strong>s patients amputés d’emblée n’ont pas été inclusdans notre étu<strong>de</strong> et la prévalence globaledans les autres séries est importante allant <strong>de</strong> 6 à27% [6-9].Valgum 6 10° 5° 15°Flexum 3 10,6° 10° 12°tableau 4: <strong>Le</strong>s critères <strong>de</strong> Karlström.Critères excellant Bon moyen mauvais168Récurvatum 2 20° 19° 21°Onze patients soit 28,2% avaient une inégalité<strong>de</strong> longueur <strong>de</strong>s membres inférieurs : 10 patientsavec un raccourcissement <strong>de</strong> 1,8 cm enmoyenne avec <strong>de</strong>s extrêmes <strong>de</strong> 0,5 et 4 cm et 1patient avec un allongement <strong>de</strong> 1 cm.D- PseudarthrosesUne fracture ouverte Cauchoix II du fémur aprésenté une pseudarthrose aseptique. Elle aété traitée par décortication, greffe spongieuseet fixateur externe. Trois fractures ouvertes (CauchoixIII) du tibia, traitées par fixateur externe,ont présenté une pseudarthrose septique. Cespseudarthroses ont été traitées par décorticationet greffe après assèchement <strong>de</strong> l’infection.E- Atteinte articulaireSix patients ont présenté un déficit <strong>de</strong> flexion du<strong>genou</strong> dont <strong>de</strong>ux inférieurs à 90° ; mais aucunn’avait un déficit d’extension.Une instabilité antéropostérieure du <strong>genou</strong> a éténotée chez 7 patients : 3 atteintes du ligamentcroisé antérieur et 4 atteintes du ligament croisépostérieur.Aucune lésion méniscale n’a été diagnostiquée.Pour les <strong>cas</strong> les plus récents, une recherche systématique<strong>de</strong>s lésions menisco-ligamentaires a étéfaite après ostéosynthèse <strong>de</strong>s foyers fracturaires.F- Résultats fonctionnels<strong>Le</strong>s résultats cliniques ont été évalués avec lescore <strong>de</strong> Karlström et Olerud [4] (Tableau 4).Il était excellent pour 5 <strong>cas</strong> (14,7%), bon pour12 (35,2%), moyen pour 11 (32,3%) et mauvaispour 6 (17,6%).iV. disCussion<strong>Le</strong>s <strong>genou</strong>x <strong>flottant</strong>s sont relativement rares. Peu<strong>de</strong> travaux ont été consacrés à ce traumatismeétagé, et la majorité <strong>de</strong>s séries rapportées sontSymptôme subjectifse rapportant à la cuisseet/ou à la0jambeSymptôme subjectifse rapportant au<strong>genou</strong> et/ou à lachevilleMarcheTravail et sportTroubles angulaires<strong>de</strong>s membresinférieursRaccourcissement dumembreRestriction <strong>de</strong> la mobilité(hanche, <strong>genou</strong>, 0cheville)0IllimitéeInchangéSymptômeoc<strong>cas</strong>ionnelPeu invalidantSymptômeoc<strong>cas</strong>ionnelLimitationoc<strong>cas</strong>ionnelleLimitation sport,travail inchangéRetentissementsévère et réguliersur la fonctionRetentissementrégulier sur lafonctionLimitation permanenteNiveau inférieurd’activité <strong>de</strong>travail0 < 10° 10-20° > 20°0 < 1 cm 1-3 cm > 3 cm< 10° cheville 10-20° cheville< 20° hanche et/ 20-40° hanche et/ou <strong>genou</strong> ou <strong>genou</strong>Retentissementmajeur sur lafonction. Douleurau reposRetentissementmajeur sur lafonction. Douleurau reposAi<strong>de</strong>s nécessaireInvalidité permanente> 20° cheville> 40° hanche et/ou <strong>genou</strong>Sur le plan général, le <strong>genou</strong> <strong>flottant</strong> survient leplus souvent chez <strong>de</strong>s patients polytraumatisésnécessitant une prise en charge multidisciplinaire.Dans notre série, 59% <strong>de</strong>s patients étaient<strong>de</strong>s polytraumatisés. Schiedts et al. [10] rapportentun taux <strong>de</strong> 100%. La mortalité à l’arrivée estrapportée avec un taux <strong>de</strong> 5,6% [7] à 8,6% [11].Sur le plan loco-régional, l’ouverture cutanée représenteune complication fréquente ; 69% ontau moins une <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux fractures ouvertes [3, 4,6, 7, 11-16]. <strong>Le</strong> taux élevé <strong>de</strong>s fractures ouvertesillustre bien la nature souvent appuyée du traumatisme.L’atteinte neurologique est rapportée dans environ10% <strong>de</strong>s <strong>cas</strong> et vasculaire dans 6,4% <strong>de</strong>s <strong>cas</strong>[3, 7, 15, 17]. L’existence d’un syndrome <strong>de</strong> logen’est rapportée que dans 2,3% <strong>de</strong>s <strong>cas</strong>.Selon la classification <strong>de</strong> Fraser [3], le type I (extraarticulaire) est le plus fréquent avec <strong>de</strong>s tauxallant <strong>de</strong> 70,7% [3] à 97,7% [18].Du fait <strong>de</strong> la rareté <strong>de</strong>s <strong>genou</strong>x <strong>flottant</strong>s et <strong>de</strong> leurgran<strong>de</strong> variabilité, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la littérature ne permetpas <strong>de</strong> donner d’orientations thérapeutiques.<strong>Le</strong> traitement <strong>de</strong>s foyers fracturaires aussi bien fémoralque tibial a été chirurgical pour Zucman[19], orthopédique pour Winston [20] et Omer[21] et mixte pour Veith [15].<strong>Le</strong>s ostéosynthèses fémorale et tibiale sont réali-
sées <strong>de</strong> préférence dans le même temps opératoire.L’ostéosynthèse du fémur est réalisée dans lepremier temps opératoire sauf en <strong>cas</strong> <strong>de</strong> fractureouverte Cauchoix III du tibia. En <strong>cas</strong> d’enclouagefémoral, la réduction s’effectue par traction transcondylienne.Dans les séries les plus récentes, le traitement <strong>de</strong>s<strong>genou</strong>x <strong>flottant</strong>s <strong>de</strong> type I fait le plus possible appelau double enclouage avec <strong>de</strong>ux métho<strong>de</strong>s :la technique du double enclouage <strong>de</strong>scendant dufémur et du tibia et la technique <strong>de</strong> l’enclouagerétrogra<strong>de</strong> du fémur et antérogra<strong>de</strong> du tibia. Cette<strong>de</strong>rnière technique permet <strong>de</strong> réaliser l’ostéosynthèsedu fémur et du tibia avec la même installationavec un gain important du temps opératoire[5, 22]. <strong>Le</strong>s critiques à l’égard <strong>de</strong> cette techniquesont principalement axées sur le problème ligamentaireassocié [23, 24]. En effet, il semble difficiled’effectuer une ligamentoplastie secondaireavec les clous en place. La complication la plusextrême étant la fracture du condyle fémoral médiallors <strong>de</strong> l’ablation du clou <strong>de</strong> fémur [23].L’absence <strong>de</strong> consolidation fracturaire reste unecomplication relativement rare dans notre sérieavec une pseudarthrose sur un foyer <strong>de</strong> fracturedans 5% <strong>de</strong>s <strong>cas</strong>. <strong>Le</strong> taux <strong>de</strong> pseudarthrose variedans les séries <strong>de</strong> 4 à 11% pour le fémur et <strong>de</strong>3 à 30% pour le tibia [5]. <strong>Le</strong>s facteurs intervenantdans la consolidation sont l’âge, le sexe, letype <strong>de</strong> <strong>genou</strong> <strong>flottant</strong>, le siège, la comminutionet l’ouverture <strong>de</strong>s fractures fémorale et tibiale [5].<strong>Le</strong>s cals vicieux sont relativement fréquents etsoulignent la difficulté <strong>de</strong> redonner un axe correctau membre inférieur en <strong>cas</strong> <strong>de</strong> <strong>genou</strong> <strong>flottant</strong>.Karlström [4] et Mc Andrew [25] retrouvent cettecomplication dans respectivement 3 et 17,8% <strong>de</strong>s<strong>cas</strong>. Dans notre série, cette complication a été notéedans 23% <strong>de</strong>s fractures. Seulement 3,8% sontsymptomatiques.Une inégalité <strong>de</strong> longueur <strong>de</strong>s membres inférieursa été retrouvée dans 28,2% <strong>de</strong>s <strong>cas</strong> <strong>de</strong> notre série.La majorité <strong>de</strong>s publications rapportent cettecomplication avec <strong>de</strong>s taux allant <strong>de</strong> 3,7% pourVeith [15] à 22% pour Fraser [3].L’association <strong>de</strong> lésions ménisco-ligamentairesà un <strong>genou</strong> <strong>flottant</strong> est une notion acquise.McAndrew et al. [25] rapportent le taux le plusfaible [7%]. Szalay [26] retrouve un taux <strong>de</strong> 53%.Dans notre série et la majorité <strong>de</strong>s séries [3, 10,15, 26-28], le diagnostic d’atteinte ligamentaireest fait au sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> laxité. Nous pensons que larecherche <strong>de</strong>s lésions ligamentaires du <strong>genou</strong> <strong>de</strong>vraitêtre la règle après ostéosynthèse <strong>de</strong>s <strong>de</strong>uxfoyers fracturaires. <strong>Le</strong> traitement initial <strong>de</strong>s lésions<strong>de</strong>s points d’angles externe et interne est préférableà un traitement tardif. La prise en charge <strong>de</strong>slésions du pivot central se fait secondairement enfonction <strong>de</strong> la gêne fonctionnelle. En l’absenced’une lésion <strong>de</strong>s structures latérales, le <strong>genou</strong> est<strong>Le</strong> <strong>genou</strong> <strong>flottant</strong> : étu<strong>de</strong> rétrospective <strong>de</strong> <strong>39</strong> <strong>cas</strong>rééduqué précocement.<strong>Le</strong>s résultats fonctionnels après fracture homolatéraledu fémur et du tibia sont difficiles à évaluervu la diversité <strong>de</strong>s critères d’évaluation. Dans lesséries utilisant les critères <strong>de</strong> Karlström et Olerud,le taux <strong>de</strong> résultats satisfaisants varie <strong>de</strong> 28% [3]à 83% [15]. Dans notre série le taux <strong>de</strong>s résultatssatisfaisants est <strong>de</strong> 50%. Ce taux se rapproche<strong>de</strong> celui <strong>de</strong> la série multicentrique <strong>de</strong> Piétu [5]concernant 172 <strong>genou</strong>x <strong>flottant</strong>s.Des facteurs péjoratifs ont été rapportés dans lalittérature. <strong>Le</strong>s plus importants sont l’âge avancé[5, 13], le tabagisme [13], un score ISS élevé [13,29, 30], l’atteinte vasculo-nerveuse [31], l’ouverturecutanée [5, 13, 29, 30, 32], l’atteinte menisco-ligamentaire,le siège articulaire <strong>de</strong>s fractures[5, 13, 16, 29-32]. <strong>Le</strong> <strong>genou</strong> <strong>flottant</strong> <strong>de</strong> typeI a un meilleur <strong>de</strong>venir que celui <strong>de</strong> type II a ouII b, eux-mêmes plus satisfaisants que le type II c[3, 5, 9, 16, 29-32].V. réFérenCes1) Blake R, Mcbry<strong>de</strong> A Jr. The floating knee: ipsilateral fracturesof the tibia and femur. South Med J 1975 ; 68 : 13-6.2) Baker SP, O’neill B, Haddon W, Long WB. 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