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L’altruisme est un humanismeFran<strong>ce</strong> Roblot.50 ans. Responsablede l’unité « maladiesinfectieuses » duservi<strong>ce</strong> de médecineinterne et maladiesinfectieuses duCHU. L’une des raresfemmes professeursde la pla<strong>ce</strong> de<strong>Poitiers</strong>.n Nicolas Boursiernboursier@7apoitiers.frAl’écouter, elle… n’auraitrien à dire. Ses silen<strong>ce</strong>sparlent pour elle. Sousle fard de la timidité, affleureune sensibilité tout en retenue.« Je n’arrive pas à me détacherde l’affectif », susurre-t-elle. Uncomble lorsqu’on est chaquejour confronté à la souffran<strong>ce</strong> età la détresse humaine. « Je croisque je ne m’y ferai jamais »,lâche-t-elle comme une fatalité.« Elle » a un nom : Fran<strong>ce</strong> Roblot.Une carrière parfaitementdessinée et une fonction qui endit long sur son engagement àla « cause sanitaire ».A 50 ans, l’enfant du Béarn estl’une des rares femmes professeursen médecine de la Vienne.Un titre acquis à la for<strong>ce</strong> de l’obstination-il lui a tout de mêmefallu obtenir l’agrégation-, maisdont elle n’aime pas se glorifier.« La grande chan<strong>ce</strong> que meconfère <strong>ce</strong>tte fonction est depou<strong>voir</strong> œuvrer alternativementdans les trois domaines du soin,de l’enseignement et de larecherche. Cette polyvalen<strong>ce</strong> estl’une de mes richesses. »Sa plus belle est ailleurs. Dans<strong>ce</strong>tte fierté d’a<strong>voir</strong> pu concilierson asservissement de l’Olympehospitalière et l’éducation dequatre enfants. « Ça a parfoisété un parcours du combattant,concède Fran<strong>ce</strong>. Mais j’ai sum’organiser. Je ne crois pas queu UNE FEMME PARMILES HOMMESCe mari-là, Fran<strong>ce</strong> l’a rencontrésur les bancs de l’Internat à <strong>Poitiers</strong>,en 1983. Ils ne se sont plusjamais quittés. Jusque dans lescouloirs du CHU, où le couple travaillecôte à côte. « Pascal dirige‘‘le servi<strong>ce</strong> de médecine interne,maladies infectieuses et tropicales,moi, je suis respon-mes trois garçons et ma filleaient réellement souffert demes emplois du temps surchargés.Tout le monde a marchédans le même sens. Et monmari m’y a considérablementaidée. »sable de l’unité des maladiesinfectieuses. Nos bureaux sontproches, mais à vrai dire, nousne nous croisons que rarement.Entre deux portes. » Du coup, lesdiscussions familiales, le soir, àtable, tournent régulièrementautour du… boulot. « Bah oui,c’est quasi obligé. Les enfantscommen<strong>ce</strong>nt à être habitués. Ilsen ont pris leur parti. Et je croispou<strong>voir</strong> affirmer qu’eux aussisont fiers de nous. »A l’écouter, Fran<strong>ce</strong>… n’avait rienà dire. Et pourtant. Le dialoguenourrit l’aveu. Etre femme dansun milieu d’hommes ? Pasde problème pour elle. « Enchirurgie, c’est un combat detous les instants, reconnaît-elle.Dans ma spécialité d’origine,la pneumologie, comme dans<strong>ce</strong>lle qui ber<strong>ce</strong> maintenant monquotidien, je n’ai jamais ressentile poids de la défian<strong>ce</strong>. J’ai dûm’imposer, mais je l’ai fait sansheurts. »u CHEVALIER DE LALEGION D’HONNEURMadame le professeur nevit pas de regrets. Tout justeapprécierait-elle de se consacrerwww.7apoitiers.fr >> N° <strong>45</strong> >> du mercredi 8 au mardi 14 septembre 2010davantage à la recherche, sa« vraie passion ». Et de regoûter,un jour, à des amours sportivestrop longtemps délaissées.Dans l’attente, le Pr Roblots’entête à servir les autres. Età s’enthousiasmer des progrèsde la médecine. « Les gens, denos jours, ont des polypathologies.De fait, il y a toujours àapprendre et à découvrir. Regardezle VIH! Quand j’ai débuté, en1983, il y avait zéro traitement.Aujourd’hui, il en sort sans <strong>ce</strong>ssede nouveaux. J’ai la chan<strong>ce</strong> departiciper à <strong>ce</strong>tte évolution de larecherche et du soin. C’est uneperpétuelle remise en questionfa<strong>ce</strong> à fa<strong>ce</strong>‘‘J’ai la chan<strong>ce</strong> de participer à <strong>ce</strong>tte évolutionde la recherche et du soin.et c’est <strong>ce</strong> qui me fait avan<strong>ce</strong>r. »La timidité de Fran<strong>ce</strong> Roblots’est peu à peu dissipée. Maissa sensibilité ne tient qu’à unfil. Nul doute que le 30 septembre,à Paris, il sera rompu.Ce jour-là, elle sera élevée augrade de Chevalier de la Légiond’Honneur au titre du ministèrede la Santé. « Je ne sais toujourspas à qui je dois <strong>ce</strong>tte distinction.Mais c’est une formidablereconnaissan<strong>ce</strong>. Pour moi etpour tous <strong>ce</strong>ux qui m’entourent.Je l’ac<strong>ce</strong>pte comme telle. »Résistera-t-elle à l’émotion et àl’écueil d’une petite larme ? Laréponse suinte l’éviden<strong>ce</strong>.23‘‘