Rapport Planète Vivante Océans
2015_marine_final
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Surpêche<br />
« Les p ê ch eries de morues , de h arengs , de s ardines , de maq uereaux ,<br />
et p robablement toutes les grandes p ê ch eries maritimes , s ont<br />
inép uis ables » , déclarait T h omas H enry H ux ley à l’ occas ion d’ une<br />
ex p os ition h alieutiq ue à Londres en 1 8 8 3 . « E n d’ autres termes , rien de<br />
ce q ue nous f ais ons n’ a d’ imp act maj eur s ur le nombre de p ois s ons . »<br />
Force est de constater que l’auteur de ces mots s’est trompé<br />
sur toute la ligne : aujourd’hui, les stocks de poissons du globe sont<br />
soumis à des pressions colossales, 29 % d’entre eux étant victimes de<br />
surpêche et 61 % complètement exploités, c’est-à-dire sans possibilité<br />
de prises supérieures (FAO, 2014b). Il s’agit là d’un problème de taille<br />
pour la sécurité alimentaire mondiale future, car la surpche n’affecte<br />
pas uniquement l’équilibre et les interactions entre les différentes<br />
formes vivantes de l’océan, mais aussi le bien-être socio-économique<br />
des communautés côtières dont le mode de vie repose sur le poisson.<br />
La croissance de la demande mondiale de poisson, les<br />
surcapacités (imputables en partie aux subventions halieutiques,<br />
estimées à pas moins de 35 milliards d’US$ par an, soit environ un<br />
cinquième des recettes totales de l’industrie [Sumaila et coll., 2013])<br />
19 6 0<br />
et l’absence d’autres possibilités contribuent toutes<br />
0<br />
à une « course<br />
au poisson ». Or ces facteurs appauvrissent nombre de pêcheries<br />
100<br />
ctières et obligent les ottes de pche à prospecter plus loin et plus<br />
2 00<br />
profondément dans les eaux internationales. De nouvelles espèces et<br />
de nouvelles zones sont ainsi ciblées au fur et à mesure<br />
3 00<br />
de l’épuisement<br />
des stocks traditionnels. La Figure 19 met en évidence l’expansion<br />
4 00<br />
considérable des zones fortement pêchées : seules les parties les plus<br />
profondes et les plus inaccessibles de l’océan demeurent 500 à l’écart des<br />
pressions exercées sur les pêcheries.<br />
R 2 = 0. 9 6<br />
6 00<br />
A aucun moment autant de poissons n’ont été capturés à<br />
aussi grandes profondeurs (Figure 18). Environ 40 % des zones de<br />
pêche du globe se trouvent désormais dans des eaux profondes de<br />
plus de 200 m, au point qu’une grande partie des espèces d’eaux<br />
profondes sont probablement surexploitées (Roberts, 2002). Il y a<br />
quelques décennies seulement, il était pratiquement impossible de<br />
pêcher au-delà de 500 m, alors qu’à présent, les perfectionnements<br />
technologiques des navires, du matériel et des outils de détection des<br />
poissons permettent le chalutage de fond à 2 000 m de profondeur<br />
(PNUE, 2006 ; Ramirez-Llodra et coll., 2011). La plupart des pêches<br />
d’eaux profondes considérées comme non viables (Norse et coll.,<br />
2012) commencent à cibler des populations de poissons caractérisées<br />
par une faible productivité, une longue durée de vie, une croissance<br />
limitée et une maturité tardive (Morato et coll., 2006). Il en résulte<br />
un déclin rapide de ces populations (Devine et coll., 2006), et une<br />
reconstitution du stock encore plus lente après son effondrement<br />
(Baker et coll., 2009).<br />
Profondeur moyenne de pche (m)<br />
19 50 19 7 0 19 8 0 19 9 0 2 000<br />
Profondeur moyenne de pche (m)<br />
Profondeur (m)<br />
19 50 19 6 0 19 7 0 19 8 0 19 9 0 2 000<br />
0<br />
2 00<br />
4 00<br />
6 00<br />
8 00<br />
1000<br />
12 00<br />
14 00<br />
16 00<br />
18 00<br />
2 000<br />
2 19 50 19 6 0 19 7 0 19 8 0 19 9 0 000<br />
0<br />
100<br />
2 00<br />
3 00<br />
4 00<br />
500<br />
6 00<br />
R 2 = 0. 9 6<br />
F ig u re 1 8 : la<br />
prof ond eu r m oy enne<br />
d e la pê c h e d e f ond<br />
d ans le m ond e es t<br />
pas s é e d ’ environ 2 0 0<br />
m en 1 9 5 0 à plu s d e 5 0 0<br />
m en 2 0 0 4 ( a) . C ette<br />
é volu tion s e trad u it<br />
par l’ ac c rois s em ent d es<br />
pris es d ans la s trate d es<br />
h au tes prof ond eu rs ( en<br />
m illions d e tonnes )<br />
( Wats on & Morato, 2 0 1 3 ) .<br />
15000<br />
5000<br />
1000<br />
500<br />
100<br />
0<br />
Profondeur (m)<br />
19 50 19 6 0 19 7 0 19<br />
0<br />
2 00<br />
4 00<br />
6 00<br />
8 00<br />
1000<br />
12 00<br />
14 00<br />
16 00<br />
18 00<br />
2 000<br />
<strong>Rapport</strong> <strong>Planète</strong> <strong>Vivante</strong> <strong>Océans</strong> page 26