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La place de l’identité dans une société cyberpunk

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@nomeji_<br />

<strong>La</strong> <strong>place</strong> <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité <strong>dans</strong> <strong>une</strong><br />

<strong>société</strong> <strong>cyberpunk</strong><br />

Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enjeux éthiques <strong>dans</strong> Ghost in the Shell<br />

1


@nomeji_<br />

Notes aux twittos<br />

Ce document est un <strong>de</strong>voir final d’éthique et informatique ; cours suivi en baccalauréat au<br />

Québec (équivalent bac+2 en France). Il a été réalisé en <strong>une</strong> semaine.<br />

Il se <strong>de</strong>stine à un public ne connaissant pas la japaniamation.<br />

Le but du <strong>de</strong>voir est d’abor<strong>de</strong>r <strong>une</strong> démarche éthique sur l’œuvre. Il en convient donc <strong>de</strong><br />

réduire l’animé à son aspect purement « politico philosophique <strong>cyberpunk</strong> ». C’est pour cette<br />

raison que l’aspect artistique et le niveau <strong>de</strong> lecture sur le passage à l’âge adulte n’y est pas<br />

abordé. Peut-être <strong>une</strong> autre fois. o/<br />

Je fais beaucoup <strong>de</strong> fautes d’orthographes en écrivant il en reste donc encore probablement<br />

beaucoup, même après correction. En passant, un grand merci à @RancoeurNervure pour la<br />

correction.<br />

Je vous invite à me faire <strong>de</strong>s retours sur ce <strong>de</strong>voir. Vous pouvez me contacter ici :<br />

• Sur Twitter : @nomeji_<br />

• Par mail : nomeji244 AT gmail DOT com<br />

• Sur Skype : nomeji244<br />

Bonne lecture !<br />

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@nomeji_<br />

Table <strong>de</strong>s matières<br />

Présentation <strong>de</strong> l’univers.............................................................................................................3<br />

Analyse global d’impact..............................................................................................................5<br />

Moment 1 : la détermination <strong>de</strong>s impacts sur <strong>de</strong>s enjeux......................................................5<br />

Étape 1 : I<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> la source technologique............................................................5<br />

Étape 2 : I<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s enjeux pouvant subir un impact <strong>de</strong> la source.........................6<br />

L’i<strong>de</strong>ntité.........................................................................................................................6<br />

Le développement <strong>de</strong> la recherche scientifique.............................................................6<br />

L’économie et l’environnement......................................................................................7<br />

<strong>La</strong> santé..........................................................................................................................8<br />

<strong>La</strong> vie et la mort..............................................................................................................8<br />

<strong>La</strong> définition du vivant....................................................................................................8<br />

<strong>La</strong> religion.......................................................................................................................8<br />

Enjeux non abordés........................................................................................................8<br />

Étape 3 : Détermination <strong>de</strong> l’impact réel <strong>de</strong> la source sur l’enjeu......................................9<br />

Perte <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité...........................................................................................................9<br />

Une <strong>société</strong> capitaliste....................................................................................................9<br />

L’i<strong>de</strong>ntité chez Motoko Kusanagi..................................................................................10<br />

L’« entité vivante et pensante issue <strong>de</strong> l’océan d’informations » et Kusanagi............13<br />

Moment 2 : L’évaluation <strong>de</strong>s impacts à partir <strong>de</strong> valeurs retenues......................................14<br />

Moment 3 : <strong>La</strong> pondération <strong>de</strong>s jugement finaux d’évaluation en vue <strong>de</strong> la décision..........16<br />

Étape 1 : Détermination du type <strong>de</strong> pondération retenue : acceptabilité <strong>de</strong>s risques ou<br />

acceptabilité globale <strong>de</strong>s impact ?...................................................................................17<br />

Étape 2 : Pondération........................................................................................................17<br />

Conclusion.................................................................................................................................18<br />

Bibliographie..............................................................................................................................19<br />

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@nomeji_<br />

Nous allons <strong>dans</strong> ce <strong>de</strong>voir, à travers <strong>une</strong> analyse global d’impact, étudier les enjeux éthiques<br />

que l’on trouve <strong>dans</strong> l’œuvre Ghost in the Shell <strong>de</strong> Mamoru Oshii et à quel point son regard<br />

sur la <strong>société</strong> est visionnaire.<br />

Présentation <strong>de</strong> l’univers<br />

Ghost in the Shell est à l’origine un manga <strong>de</strong> Masam<strong>une</strong> Shirow, publié pour la première fois<br />

au Japon en 1989. Nous ne parlerons pas ici du manga, mais <strong>de</strong> son adaptation en film<br />

d’animation par le réalisateur Mamoru Oshii sorti en 1995.<br />

Mamoru Oshii, né le 8 août 1951 à Tokyo est connu pour être un réalisateur visionnaire. En<br />

1988, en pleine crise économique au Japon, il travaille sur la série Patlabor dont il réalise <strong>de</strong>ux<br />

films : Patlbor : The Movie et Patlabor 2: The Movie. Dans ces films, Mamoru Oshii impose sa<br />

vision du japon. Dans le premier, il imagine le japon sortant <strong>de</strong> la crise économique grâce à la<br />

technologie. Dans le second, à travers l’allégorie <strong>de</strong> la science fiction, il analyse et critique la<br />

présence <strong>de</strong>s forces armées américaines au Japon après la secon<strong>de</strong> guerre mondiale. Dans la<br />

<strong>société</strong> qu’il crée, il expose sa vision d’un Japon prenant seul les responsabilités <strong>de</strong> sa<br />

défense. Pour Mamoru Oshii, le cinéma se doit d’avoir un message et <strong>une</strong> portée<br />

protestataire. C’est cette vision engagée qui lui porta préjudice quelques année plus tôt lors<br />

<strong>de</strong> son travail avec le studio Ghibli sur Anchor. Cependant c’est avec cette approche<br />

visionnaire qu’il réalisera en 1995 Ghost in the Shell.<br />

En 1995, le Japon est sorti <strong>de</strong>puis longtemps <strong>de</strong> la crise économique. Il se concentre donc<br />

maintenant sur le futur à travers les évolutions technologiques qui font du Japon le lea<strong>de</strong>r<br />

mondial. C’est le point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> Mamoru Oshii pour développer <strong>une</strong> vision pessimiste <strong>de</strong><br />

notre futur.<br />

Ghost in the Shell nous représente <strong>une</strong> <strong>société</strong> où les réseaux informatiques sont<br />

omniprésents. Un réseau comparable à Internet, sauf qu’ici ce ne sont pas seulement les<br />

objets qui sont connectés mais aussi les humains. Pour en arriver à ce résultat, la science a<br />

évolué et a réussi à briser la limite qui existe entre biologie et électronique. Ainsi, beaucoup<br />

d’objets sont à la fois organique et électronique. Il faut voir la <strong>société</strong> <strong>de</strong> Ghost in the Shell<br />

comme un immense réseau reliant toutes les informations du mon<strong>de</strong> ; un aboutissement<br />

ultime <strong>de</strong> l’informatisation où toute chose possè<strong>de</strong> un équivalent numérique. Il se crée alors<br />

un « océan d’information », l’image d’<strong>une</strong> <strong>société</strong> entière sous la forme d’un réseau<br />

informatique. Ce réseau global appelé Net est comparable à Internet à la différence près que<br />

ce réseau est intrinsèquement lié au mon<strong>de</strong> réel <strong>de</strong> part les entités électroniques et<br />

organiques qui y sont reliées. Cependant, ça n’est pas tout, le concept fondateur <strong>de</strong> l’œuvre<br />

vient <strong>de</strong> la définition <strong>de</strong>s termes qui composent son nom.<br />

Mamoru Oshii part d’un postulat simple : chaque homme possè<strong>de</strong> un Ghost représentant son<br />

esprit. C’est à travers ce Ghost que l’humain définit son i<strong>de</strong>ntité. Il est ce qui sépare l’humain<br />

<strong>de</strong> la machine et peut aussi être lié à un Shell (enveloppe) c’est-à-dire un corps ou <strong>une</strong> partie<br />

du corps synthétisé ou bien un programme informatique. L’entité composée d’un Ghost et<br />

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@nomeji_<br />

d’un Shell peut être comparée à notre conception actuelle d’un cyborg. Une fois connectés, le<br />

Ghost et le Shell sont intimement liés et chacun se mélange à l’autre formant alors un tout<br />

indissociable. Cette connexion est appelé plongeon. C’est autour <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux principes que<br />

s’axe tout l’univers <strong>de</strong> Ghost in the Shell. Un exemple <strong>de</strong> Shell <strong>dans</strong> le film est <strong>une</strong> voiture<br />

auquel on peut se connecter en utilisant <strong>de</strong>s fils reliés à notre Ghost permettant ainsi <strong>de</strong> la<br />

conduire et <strong>de</strong> voir la route à travers <strong>de</strong>s caméras placées sur la voiture.<br />

Le film nous <strong>place</strong> au cœur d’<strong>une</strong> enquête sur un mystérieux hacker, le « Puppet Master ».<br />

L’enquête est menée par le major Motoko Kusanagi et Batou <strong>de</strong> la section 9. Cette division <strong>de</strong><br />

la police est celle qui s’occupe <strong>de</strong>s affaires <strong>de</strong> terrorisme et plus spécifiquement <strong>de</strong><br />

cybercriminalité. <strong>La</strong> spécialisation <strong>de</strong> la briga<strong>de</strong> implique que ses membres soient à la pointe<br />

<strong>de</strong> la technologie. C’est le cas <strong>de</strong> Matoko Kusanagi qui possè<strong>de</strong> un corps entièrement<br />

robotique équipé d’<strong>une</strong> technologie <strong>de</strong> camouflage lui permettant <strong>de</strong> se rendre invisible. Pour<br />

ce qui est <strong>de</strong> Batou, il n’est que partiellement cyborg. Il possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s yeux bioniques<br />

améliorant sa perception ainsi qu’un bras artificiel décuplant sa force. Ses yeux lui permettent<br />

par exemple d’i<strong>de</strong>ntifier un individu suspect au milieu d’<strong>une</strong> foule. Les progrès <strong>de</strong> la biologie<br />

permettent aussi diverses amélioration comme par exemple le boost du cerveau dont sont<br />

équipé tous les membres <strong>de</strong> la section 9.<br />

C’est ainsi qu’on en arrive à la question <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité. Mamoru Oshii nous confronte à cette<br />

question : « l’homme privé <strong>de</strong> son enveloppe corporel conserve-il son i<strong>de</strong>ntité ou <strong>de</strong>vient-il<br />

<strong>une</strong> machine ? ». À travers le personnage <strong>de</strong> Kusanagi, le réalisateur nous livre <strong>une</strong> vision <strong>de</strong><br />

ce que serait l’humain privé <strong>de</strong> son corps, il nous met face à ses questionnements, ses doutes<br />

et ses peurs.<br />

Pour bien comprendre l’univers <strong>de</strong> Ghost in the Shell il est aussi nécessaire <strong>de</strong> définir le Projet<br />

2501 (« Puppet Master ») sur lequel enquête la section 9. Ce projet était à l’origine un logiciel<br />

permettant <strong>de</strong> reprogrammer les Ghosts. Ce Shell est <strong>une</strong> intelligence artificielle (IA)<br />

naviguant et exploitant le Net pour reprogrammer <strong>de</strong>s Ghosts spécifiques. À force <strong>de</strong> naviguer<br />

sur le réseau, l’IA finit par prendre conscience <strong>de</strong> son existence. Les programmeurs, croyant à<br />

un bug déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> confiner le programme <strong>dans</strong> un corps. Cependant l’IA continue d’évoluer en<br />

utilisant le réseau comme source d’information. Le Net possédant toutes les informations<br />

définissant la vie, il lui permet <strong>de</strong> se constituer <strong>une</strong> mémoire génétique. Le programme se<br />

définit lui même comme <strong>une</strong> « entité vivante et pensante issue <strong>de</strong> l’océan d’informations ».<br />

L’entité s’autoproclame forme <strong>de</strong> vie. Elle base son argumentation sur le fait qu’elle est<br />

sensible et qu’elle a conscience <strong>de</strong> sa propre existence. Cependant elle ne peut se définir<br />

comme <strong>une</strong> espèce à part entière. Elle peut se copier mais ne possè<strong>de</strong> pas <strong>de</strong> diversité<br />

génétique et ne peut pas évoluer. En cas <strong>de</strong> virus, son espèce s’éteint. Elle admet elle-même<br />

que le Net est d’<strong>une</strong> puissance immense mais qu’il est limité. Pour évoluer il lui est nécessaire<br />

<strong>de</strong> fusionner avec un humain. <strong>La</strong> fusion <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux êtres en crée un unique sans qu’il y ait <strong>de</strong><br />

perte. L’entité cherche à se reproduire en terme purement biologique. Si elle atteint alors son<br />

objectif, même si sa mémoire se perd, ses gènes perdureront. Elle obtiendra alors la<br />

reproduction et la mort nécessaire à la survie et à l’évolution <strong>de</strong> son espèce.<br />

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@nomeji_<br />

Pour aboutir à son ultime objectif, l’entité va faire en sorte que Kusanagi plonge en elle. En<br />

plongeant, Kusanagi et l’entité fusionnent, créant ainsi <strong>une</strong> espèce à part entière. L’espèce<br />

nouvellement créée, atteint alors un niveau <strong>de</strong> conscience supérieur, le premier être vivant<br />

du Net : <strong>une</strong> entité faisant partie <strong>de</strong> chaque chose.<br />

À travers son univers Mamoru Oshii cherche à créer <strong>une</strong> réflexion. Même si les éléments sont<br />

données <strong>de</strong> façon objective, le film nous pousse à nous interroger sur notre existence au sein<br />

d’un tel environnement par <strong>de</strong> nombreux questionnements et différentes symboliques<br />

présentent tout au long du film.<br />

Ghost in the Shell est <strong>une</strong> vision pessimiste <strong>de</strong> notre <strong>société</strong> futur. C’est pour cette raison qu’il<br />

en fait un support <strong>de</strong> choix pour réaliser <strong>une</strong> analyse globale d’impact. Les sources<br />

technologique nécessaire à l’analyse d’impact sont clairement i<strong>de</strong>ntifiées <strong>dans</strong> l’univers, en<br />

revanche, leurs impacts le sont moins. Certains sont montrés clairement, d’autres sont<br />

dissimulés car le film cherche à susciter <strong>une</strong> réflexion. Nous allons donc chercher à analyser<br />

le film pour en trouver les impacts. Nous tenterons <strong>de</strong> comparer les éléments présent <strong>dans</strong><br />

Ghost in the Shell avec <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> notre <strong>société</strong> actuelle pour voir à quel point la vision<br />

<strong>de</strong> Oshii est pertinente.<br />

Nous verrons <strong>dans</strong> quel mesure l’analyse global d’impact peut nous permettre <strong>de</strong> juger <strong>de</strong><br />

l’acceptabilité <strong>de</strong> la <strong>société</strong> présenté <strong>dans</strong> Ghost in the Shell.<br />

Analyse global d’impact<br />

Moment 1 : la détermination <strong>de</strong>s impacts sur <strong>de</strong>s enjeux<br />

Étape 1 : I<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> la source technologique<br />

Comme les sources technologiques ont été présentées précé<strong>de</strong>mment, leur <strong>de</strong>scription sera<br />

ici succincte.<br />

• Le Ghost : définition <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> l’humain, ce qui le sépare <strong>de</strong> la machine.<br />

• Le Shell : enveloppe ou programme pouvant fusionner avec le Ghost, créant ainsi un<br />

tout indissociable.<br />

• L’augmentation artificielle : modification permettant <strong>de</strong> augmenter ses capacités<br />

physiques et mentales.<br />

• Le Net : réseau informatique reliant toute les entités présente sur terre. Mémoire<br />

parallèle à la <strong>société</strong>, c’est un « océan d’information ».<br />

• L’« entité vivante et pensante issue <strong>de</strong> l’océan d’informations » : forme <strong>de</strong> vie trouvant<br />

son origine <strong>dans</strong> le Net. Elle cherche à se reproduire pour atteindre un niveau <strong>de</strong><br />

conscience supérieur.<br />

Ces quatre sources sont intrinsèquement liées, nous ne les séparerons donc pas les <strong>une</strong>s <strong>de</strong>s<br />

autres lors <strong>de</strong> l’analyse.<br />

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@nomeji_<br />

Étape 2 : I<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s enjeux pouvant subir un impact <strong>de</strong> la<br />

source<br />

Les enjeux n’étant pas clairement i<strong>de</strong>ntifiés <strong>dans</strong> Ghost in the Shell, il est donc nécessaire <strong>de</strong><br />

les définir en détail pour comprendre leurs origines.<br />

L’i<strong>de</strong>ntité<br />

C’est l’enjeu principal <strong>de</strong> Ghost in the Shell, c’est donc celui sur lequel nous nous focaliserons<br />

<strong>dans</strong> ce <strong>de</strong>voir.<br />

L’i<strong>de</strong>ntité <strong>dans</strong> Ghost in the Shell est sans cesse remise en cause, on peut trouver les<br />

questions suivantes :<br />

• Peut-on perdre son i<strong>de</strong>ntité ?<br />

• Qu’est-ce qui me différencie <strong>de</strong> la machine ?<br />

• Qu’est-ce qui fait ce que je suis d’unique ?<br />

• Quelle est notre origine ?<br />

• Suis-je moi-même ?<br />

Cela inclut la façon dont on considère le corps humain et comment celui-ci définit notre<br />

i<strong>de</strong>ntité.<br />

Le développement <strong>de</strong> la recherche scientifique<br />

L’œuvre se <strong>place</strong> comme <strong>une</strong> vision avant-gardiste <strong>de</strong> notre <strong>société</strong>, la développement<br />

scientifique et donc <strong>une</strong> notion importante <strong>de</strong> celle-ci.<br />

Nous verrons en quoi le recherche scientifique est présenté comme négative sur la <strong>société</strong>.<br />

L’économie et l’environnement<br />

<strong>La</strong> baie <strong>de</strong> New Port City<br />

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@nomeji_<br />

Même si cette notion n’est jamais abordé directement <strong>dans</strong> l’œuvre, c’est par son aspect très<br />

contemplatif qu’on peut comprendre cet attrait du film. Même si cela ne prend <strong>place</strong> <strong>dans</strong><br />

aucun dialogue, les plans d’exposition nous permettent à eux seuls <strong>de</strong> comprendre comment<br />

les sources technologiques ont <strong>une</strong> influence sur la <strong>société</strong> <strong>de</strong> Ghost in the Shell. Il en va <strong>de</strong><br />

même pour l’environnement, même si le film n’en parle pas, la représentation <strong>de</strong>s décors<br />

suffit pour comprendre cet enjeu.<br />

Pour pouvoir analyser l’impact <strong>de</strong>s sources sur ces enjeux il est nécessaire <strong>de</strong> définir la ville<br />

<strong>de</strong> Ghost in the Shell telle qu’on la perçoit <strong>dans</strong> l’œuvre.<br />

<strong>La</strong> ville représentée <strong>dans</strong> Ghost in the Shell, New Port City, s’inspire <strong>de</strong> Hong Kong à l’époque<br />

où elle était encore <strong>une</strong> colonie <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Bretagne. Il en résulte qu’à la façon <strong>de</strong> Hong<br />

Kong, New Port City est <strong>une</strong> ville cosmopolite. De la même façon, on peut voir que la ville est<br />

extrêmement développée et peuplée : elle possè<strong>de</strong> d’immenses immeubles, elle est dominée<br />

par les nouvelles technologies et possè<strong>de</strong> un immense réseau routier, maritime, aérien et<br />

ferroviaire. De plus, les quartiers pauvres <strong>de</strong> la ville semble être un entassement <strong>de</strong> bidonville<br />

ce qui témoigne <strong>de</strong> son développement extrêmement rapi<strong>de</strong>. On peut donc en déduire que<br />

tout comme Hong Kong, New Port City possè<strong>de</strong> <strong>une</strong> économie très libérale ce qui lui a permit<br />

un développement économique et technologique express. De plus on constate que son<br />

développement est loin d’être terminé car <strong>de</strong> nombreux immeubles sont en construction.<br />

D’un point <strong>de</strong> vue environnemental, tout comme Hong Kong, la ville semble être très polluée,<br />

la rivière qui la traverse est jonchée <strong>de</strong> déchet, l’eau est <strong>de</strong> couleur pourpre. L’homme a ici<br />

atteint un idéal technologique en dépit <strong>de</strong> l’environnement. Tout comme à Hong Kong, le<br />

capitalisme passe avant l’environnement.<br />

Nous verrons en quoi les sources technologiques ont un impact sur le capitalisme.<br />

<strong>La</strong> santé<br />

Les augmentations artificielles et les Shell ont un impact évi<strong>de</strong>nt sur la santé et ils changent<br />

la façon dont on traite notre corps.<br />

<strong>La</strong> vie et la mort<br />

Encore <strong>une</strong> fois cela n’est pas abordé directement <strong>dans</strong> l’œuvre mais le fait <strong>de</strong> pouvoir<br />

changer <strong>de</strong> corps change notre perception <strong>de</strong> la vieillesse et a donc <strong>une</strong> influence négative<br />

sur notre i<strong>de</strong>ntité.<br />

<strong>La</strong> définition du vivant<br />

<strong>La</strong> présence d’<strong>une</strong> nouvelle forme <strong>de</strong> vie remet en question la façon dont on définit la vie.<br />

<strong>La</strong> religion<br />

<strong>La</strong> création d’<strong>une</strong> nouvelle espèce remet en question la définition du divin.<br />

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@nomeji_<br />

Enjeux non abordés<br />

<strong>La</strong> vie privée n’est pas du tout abordée <strong>dans</strong> l’œuvre, celle-ci n’a pas l’air d’avoir sa <strong>place</strong><br />

<strong>dans</strong> <strong>une</strong> <strong>société</strong> où tout est relié au Net.<br />

<strong>La</strong> liberté <strong>de</strong> choix n’est pas non plus abordée, celle-ci étant présentée comme évi<strong>de</strong>nte.<br />

Cette notion est liée au capitalisme omniprésent qui implique que l’humain puisse choisir <strong>de</strong><br />

subir ou non <strong>de</strong>s modifications. Cette issue est montrée comme inévitable et n’est donc pas<br />

remise en question. On peut considérer qu’elle fait partie <strong>de</strong>s postulats <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> l’œuvre.<br />

Le vivre-ensemble n’est pas abordé directement mais est plutôt vu comme <strong>une</strong> partie<br />

intégrante <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité. Comment l’i<strong>de</strong>ntité se définit-elle au sein d’<strong>une</strong> telle <strong>société</strong> ?<br />

L’impact <strong>de</strong>s technologies sur le vivre-ensemble international est abordé mais apporterait<br />

beaucoup <strong>de</strong> complexité et d’explications supplémentaires, il ne sera donc pas développé<br />

<strong>dans</strong> ce <strong>de</strong>voir. Le lecteur est invité à regar<strong>de</strong>r l’œuvre pour comprendre cet enjeu celui-ci<br />

étant présenté <strong>de</strong> façon évi<strong>de</strong>nte <strong>dans</strong> le scénario mais n’apportant que peu <strong>de</strong> chose à<br />

l’argumentation éthique <strong>de</strong> l’œuvre.<br />

Étape 3 : Détermination <strong>de</strong> l’impact réel <strong>de</strong> la source sur l’enjeu<br />

Pour cette étape nous nous baserons sur <strong>de</strong>s choses présentes <strong>dans</strong> le film mais surtout sur<br />

<strong>de</strong>s interprétations du sous-texte.<br />

Les enjeux et les sources formant souvent un tout indissociable, les analyse ne seront pas<br />

classées selon ces critères mais selon <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s sections faisant directement référence à<br />

<strong>de</strong>s notions présentes <strong>dans</strong> l’animé (<strong>de</strong>ssin animé japonais).<br />

Perte <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité<br />

Vers le début du film, un personnage est arrêté par la section 9. Après un interrogatoire, il<br />

apparaît clairement que le Ghost <strong>de</strong> cette personne a été piraté par le « Puppet Master ». Lors<br />

du piratage, celui-ci prend le contrôle total <strong>de</strong> la personne ce qui lui permet par exemple<br />

d’effacer ses souvenirs pour en écrire <strong>de</strong> nouveaux. Cela lui permet d’obtenir un parfait<br />

pantin qui effectuera toutes les tâches qu’on lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> sans se douter <strong>de</strong> quoi que ce soit.<br />

On retrouve quelque chose <strong>de</strong> similaire <strong>dans</strong> le film Bla<strong>de</strong> Runner <strong>de</strong> Ridley Scott. Ce piratage<br />

peut être vu comme <strong>une</strong> véritable forme <strong>de</strong> perte d’i<strong>de</strong>ntité. L’humain privé <strong>de</strong> ses souvenirs<br />

n’est plus le même. C’est par la nature <strong>de</strong> ses souvenirs ainsi que par les relations qu’il<br />

entretient avec ses proches que l’humain se définit. Privé <strong>de</strong> tout cela, l’homme n’est plus<br />

qu’un pantin. C’est face à ce danger qu’a voulu nous avertir Mamoru Oshii. Même s’il est<br />

difficile <strong>de</strong> s’imaginer ce que pourrait être <strong>une</strong> réelle perte d’i<strong>de</strong>ntité telle que présentée <strong>dans</strong><br />

Ghost in the Shell, on peut <strong>de</strong>viner qu’un tel danger pourra exister <strong>dans</strong> le futur. Dans notre<br />

<strong>société</strong> il existe <strong>de</strong>ux types d’i<strong>de</strong>ntités : l’i<strong>de</strong>ntité physique : celle qu’on entretient <strong>dans</strong> la vie<br />

<strong>de</strong> tous les jours et notre i<strong>de</strong>ntité numérique : sur Internet. Même si il existe actuellement <strong>une</strong><br />

séparation entre i<strong>de</strong>ntité physique et numérique, on peut facilement s’imaginer que cette<br />

barrière prendra fin et qu’on exposera alors notre i<strong>de</strong>ntité à toutes sortes d’attaques. <strong>La</strong><br />

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@nomeji_<br />

barrière s’estompe déjà avec Facebook et on peut s’imaginer qu’un jour elle n’existera plus.<br />

Ainsi les préjudices affecteront à la fois notre i<strong>de</strong>ntité numérique et notre i<strong>de</strong>ntité physique.<br />

Dans cet exemple on peut voir que la présence d’un Ghost relié au réseau à un impact négatif<br />

sur l’i<strong>de</strong>ntité humaine car elle implique la possible perte <strong>de</strong> celle-ci.<br />

Une <strong>société</strong> capitaliste<br />

<strong>La</strong> première moitié du film se termine sur <strong>une</strong> scènes contemplative <strong>de</strong> trois minutes nous<br />

présentant les différents aspects <strong>de</strong> la <strong>société</strong> <strong>de</strong> Ghost in the Shell. Cela peut nous permettre<br />

d’observer les impacts sur la <strong>société</strong> <strong>de</strong> la présence <strong>de</strong> diverses sources technologiques.<br />

Dans cet extrait on constate que la <strong>société</strong> s’est développée extrêmement rapi<strong>de</strong>ment. En<br />

supposant que ce développement soit lié aux nouvelles technologies, c’est un impact plutôt<br />

positif du développement économique. Cependant cet impact est indissociable <strong>de</strong> celui <strong>de</strong><br />

l’ultra capitalisation. Dans cet extrait on peut par exemple voir <strong>de</strong>s vitrines proposant <strong>de</strong>s<br />

Shell en tout point semblable à <strong>de</strong>s corps humains. <strong>La</strong> présence <strong>de</strong> Shell implique donc la<br />

commercialisation <strong>de</strong> ceux-ci <strong>dans</strong> <strong>une</strong> logique capitaliste. Pour se faire, leur vente est<br />

semblable à celle du prêt à porté. On peut changer <strong>de</strong> corps comme on change <strong>de</strong> veste.<br />

Encore <strong>une</strong> fois cela implique un impact négatif sur l’i<strong>de</strong>ntité humaine part <strong>une</strong> remise en<br />

question <strong>de</strong> notre <strong>société</strong> actuelle. Notre <strong>société</strong> fonctionne sur le principe selon lequel notre<br />

physique définit notre i<strong>de</strong>ntité. D’un point <strong>de</strong> vue juridique, ce sont les attraits physiques qui<br />

permettent <strong>de</strong> nous distinguer. Sur notre carte d’i<strong>de</strong>ntité on nous i<strong>de</strong>ntifie grâce à notre<br />

photographie et <strong>de</strong>s attraits physique uniques : la couleur <strong>de</strong>s yeux et la taille. Notre<br />

physique est unique et nous distingue en tant que personne. Nos proches nous reconnaissent<br />

grâce à notre physique et c’est ce qui fait qu’on est nous-même. L’existence <strong>de</strong> Shells<br />

interchangeables impliquerait donc <strong>de</strong> revoir notre vision <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité. On serait ainsi définis<br />

par notre Ghost et non par notre enveloppe corporelle. On peut voir cela à la fois comme<br />

positif et négatif. Cela accentuerait le déséquilibre entre pauvre et riche mais permettrait<br />

aussi à n’importe qui, s’il le souhaite, d’être ce qu’il veut. On ne serait plus limité par nos<br />

corps et l’humain franchirait donc la barrière du cliché physique. D’<strong>une</strong> <strong>société</strong> centrée sur les<br />

apparences on aboutirait à <strong>une</strong> <strong>société</strong> basée sur le Ghost. Cependant cela entre en<br />

contradiction avec la thèse capitaliste <strong>de</strong> l’œuvre. Le corps est avant tout commercial,<br />

l’aspect esthétique est donc beaucoup<br />

mis en avant.<br />

Cette <strong>société</strong> capitaliste a aussi <strong>une</strong><br />

influence sur la façon dont on traite<br />

l’humain et sa santé. Le déséquilibre<br />

entre riche et pauvre s’accentue <strong>dans</strong><br />

l’accès à la santé. Ceux pouvant se le<br />

permettre accé<strong>de</strong>ront donc à <strong>de</strong><br />

meilleures conditions <strong>de</strong> santé et la<br />

vieillesse ne sera plus un problème. On<br />

10


@nomeji_<br />

peut avoir un corps <strong>de</strong> 20 ans toute sa vie mais aussi avoir un corps <strong>de</strong> vielle personne à tout<br />

moment. On peut voir cela lors d’un plan d’<strong>une</strong> personne âgée passant <strong>de</strong>vant un corps <strong>dans</strong><br />

<strong>une</strong> vitrine. On peut en déduire que la vieillesse n’est plus un problème mais un choix. <strong>La</strong><br />

recherche éternel <strong>de</strong> la je<strong>une</strong>sse n’est plus d’actualité <strong>dans</strong> <strong>une</strong> <strong>société</strong> où on l’on peut<br />

ressembler à ce que l’on veut.<br />

L’i<strong>de</strong>ntité chez Motoko Kusanagi<br />

Le major Kusanagi est le personnage central <strong>de</strong> Ghost in the Shell, elle possè<strong>de</strong> un corps<br />

entièrement cyborg et cela la pousse à se questionner sur son i<strong>de</strong>ntité.<br />

Après avoir assisté à l’interrogatoire <strong>de</strong> la personne ayant subi un « piratage » <strong>de</strong> son Ghost,<br />

Kusanagi va faire <strong>de</strong> la plongée puis repense à cet interrogatoire ce qui la pousse à<br />

s’interroger sur sa propre i<strong>de</strong>ntité et sa nature <strong>de</strong> cyborg.<br />

Dans un premier temps elle expose <strong>une</strong> thèse transhumaniste qui retranscrit bien l’idée<br />

générale <strong>de</strong> la <strong>société</strong> <strong>de</strong> Ghost in the Shell : l’homme a toujours tout fait pour accomplir ses<br />

désirs, les modifications humaines en sont donc le prolongement logique. Elle décrit le corps<br />

comme un outil pouvant inclure <strong>de</strong>s « options ». Son argumentation met bien en valeur<br />

l’impact <strong>de</strong>s modifications humaines et <strong>de</strong> l’existence <strong>de</strong> cyborgs. Ces technologies remettent<br />

en question la façon dont on considère l’humain. Leur présence rend évi<strong>de</strong>nte la thèse<br />

transhumaniste. C’est un impact positif qui montre que la <strong>société</strong> évolue indissociablement<br />

grâce aux technologies. Les humains évolue <strong>dans</strong> un univers et sont définis par celui-ci, leurs<br />

évolutions respectives sont correlatives.<br />

Cet remise en question du corps humain peut être vu à plusieurs moments <strong>dans</strong> l’animé. On<br />

le perçoit <strong>dans</strong> la façon dont Kusanagi traite son corps. Elle le considère comme un outil et<br />

n’est donc pas gêné <strong>de</strong> se montrer nue au public contrairement à Batou qui est dérangé par<br />

cette vision. Batou considère le corps <strong>de</strong> Kusanagi comme le reflet <strong>de</strong> son intimité malgré<br />

qu’il ne soit qu’<strong>une</strong> simple enveloppe. À la fin du film, elle n’hésite pas à détruire son corps<br />

lors d’un combat. Pousser son corps <strong>de</strong> ses retranchements allant jusqu’à la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong><br />

celui-ci n’est pas un problème <strong>dans</strong> la mesure où il est remplaçable. On observe ici un impact<br />

négatif du Shell <strong>dans</strong> la façon dont on perçoit et traite le corps humain.<br />

Elle expose ensuite ses doutes quant à sa propre existence. Elle se pose alors cette question<br />

« Qu’est-ce qui fait ce que je suis ? ». Cette question nous ramène à notre argumentation<br />

précé<strong>de</strong>nte sur la définition <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité humaine. Pour Kusanagi qui possè<strong>de</strong> un corps <strong>de</strong><br />

cyborg cette question est primordial. Elle cherche donc <strong>dans</strong> un long monologue à définir ce<br />

qui la rend humaine. Ce monologue répond à <strong>de</strong> nombreuses questions exposées <strong>dans</strong> le<br />

film : « Le corps et l’esprit sont d’<strong>une</strong> incroyable complexité. Grâce à nos interactions on se<br />

définit en tant qu’individu. Malgré qu’il soit cybernétique le corps et la voix <strong>de</strong> Kusanagi la<br />

différencie <strong>de</strong>s autres. Ce qui la définit réellement sont ses pensées et ses souvenirs définis<br />

au gré <strong>de</strong>s expériences car ils sont uniques. Les éléments cités précé<strong>de</strong>mment ne sont qu’un<br />

échantillon du phénomène qui en s’associant et se mélangeant forment la conscience ». On<br />

peut voir que <strong>dans</strong> ce monologue Kusanagi cherche à définir son statut d’humain. Elle<br />

11


@nomeji_<br />

construit son argumentation pour en arriver à cette conclusion : « Pourtant je me sens<br />

confiné, limité <strong>dans</strong> le cycle <strong>de</strong> mon évolution. » Cela montre que la présence <strong>de</strong> son Shell<br />

détermine la façon dont elle se définit. On peut voir cela comme <strong>une</strong> critique du<br />

transhumanisme : l’humain, privé <strong>de</strong> son corps d’origine ne possè<strong>de</strong> pas son entière<br />

constitution ; le Shell n’est qu’<strong>une</strong> pâle reproduction <strong>de</strong> l’humain et ne retranscrit pas toute sa<br />

complexité. L’humain qui le possè<strong>de</strong> développe donc un manque, un vi<strong>de</strong>. Il en résulte que<br />

Kusanagi veut évoluer – c’est <strong>une</strong> référence direct à la fin du film, où Kusanagi fusionne avec<br />

le Projet 2501 pour former <strong>une</strong> nouvelle espèce – son statut <strong>de</strong> cyborg ne lui suffit plus. Le fait<br />

d’avoir évolué <strong>dans</strong> le corps d’un cyborg la pousse à en vouloir plus. On observe ici un impact<br />

négatif où l’humain est remis en question, sa nature <strong>de</strong> cyborg développe un désir d’évolution<br />

toujours plus grand.<br />

Ce monologue est <strong>une</strong> critique <strong>de</strong> l’évolution technologique. Oshii voit l’évolution <strong>de</strong>s<br />

technologies comme inévitable malgré les dangers qu’elles sous-entend. C’est ce qui<br />

transparaît <strong>de</strong> cette argumentation. Malgré tous les progrès scientifiques qu’il peut faire,<br />

l’humain voudra toujours plus, il voudra toujours aller plus loin. C’est inévitable et rien ne<br />

peut l’empêcher, c’est un instinct qu’il ne peut réprouver. On peut constater ceci à un<br />

moindre niveau <strong>dans</strong> notre <strong>société</strong>. On observe que le progrès <strong>de</strong> l’informatique n’a pas <strong>de</strong><br />

limite. Si on prend le marché du smartphone par exemple, on peut voir que la puissance <strong>de</strong>s<br />

appareils ne cesse <strong>de</strong> croître et les clients sont prêt à racheter <strong>de</strong>s cellulaires toujours plus<br />

puissant quitte à changer tous les ans. On peut s’imaginer qu’un jour il en sera <strong>de</strong> même pour<br />

le corps. L’homme voudra <strong>de</strong>s corps toujours plus puissant sans tenir compte <strong>de</strong>s dangers<br />

que cela pourrait engendrer et un jour cela ne suffira plus. Malgré le progrès constant<br />

l’homme finira par ressentir un manque et voudra alors plus, passer à un état supérieur.<br />

Contrairement aux smartphones, le Shell fait partie <strong>de</strong> nous-mêmes, on peut donc considérer<br />

qu’il influencera notre manière d’être et pourrait donc nous pousser à agir ainsi.<br />

Peu après, Kusanagi se pose aussi la question suivante : « Suis-je moi-même ? ». Cette<br />

question est représentée par la métaphore du miroir. Lorsqu’elle se regar<strong>de</strong> <strong>dans</strong> miroir elle<br />

ne voit que son reflet <strong>dans</strong> la glace sans pouvoir prouver que c’est elle-même qu’elle voit. Le<br />

corps <strong>de</strong> cyborg entraîne un trouble <strong>de</strong> la personnalité. On ne peut plus définir avec certitu<strong>de</strong><br />

que l’on ait nous-même. Elle a aussi le sentiment d’être étrangère à son propre corps :<br />

« Parfois je doute d’être moi-même. Comme si quelqu’un avait fourré mon cerveau <strong>dans</strong> ce<br />

corps. »<br />

Ce phénomène est similaire à <strong>de</strong>s syndromes que l’on peut trouver chez <strong>de</strong>s patients ayant<br />

subi <strong>de</strong>s greffes. Cette opération entraînes <strong>de</strong> nombreux troubles psychologiques. Dans le cas<br />

<strong>de</strong>s poumons et du cœur on observe parfois <strong>une</strong> confusion <strong>de</strong> la personnalité avec celle du<br />

donneur. Le receveur acquiert <strong>de</strong>s attraits <strong>de</strong> la personnalité qu’avait le donneur. Ce sont <strong>de</strong>s<br />

cas isolés mais il existe d’autres troubles psychologiques plus fréquents : les troubles <strong>de</strong><br />

l’humeur : on observe souvent <strong>une</strong> dépression chez les patients ayant subi <strong>une</strong> greffe. Même<br />

s’il est difficile <strong>de</strong> comprendre son origine on peut supposer qu’elle peut venir du fait que le<br />

patient n’arrive pas à accepter l’organe ; il le considère comme un objet étranger sur lequel il<br />

12


@nomeji_<br />

n’a aucun droit. On observe aussi <strong>une</strong> confusion mentale : le patient <strong>de</strong>vient perplexe,<br />

anxieux, insomniaque et a du mal à se concentrer.<br />

Ces exemples mettent bien en valeur le fait qu’il existe un lien entre le corps et l’esprit. Il<br />

aujourd’hui impossible <strong>de</strong> déterminer si <strong>de</strong>s troubles similaires existeront <strong>dans</strong> le cas <strong>de</strong>s<br />

prothèses bionique et cœur artificiel. Cependant on peut observer qu’à l’heure actuelle,<br />

aucun patient n’a pu survivre plus d’un an avec un cœur artificiel même malgré le<br />

rem<strong>place</strong>ment <strong>de</strong> celui-ci. Cet exemple montre que l’humain est bien plus complexe qu’il n’y<br />

paraît et son fonctionnement ne peut pas être reproduit sans bon nombres <strong>de</strong> problèmes.<br />

On peut supposer que <strong>dans</strong> le futur les progrès <strong>de</strong> la science permettront <strong>de</strong> créer la prothèse<br />

parfaite cependant Ghost in the Shell montre bien qu’il existera toujours <strong>de</strong>s problèmes<br />

psychologiques sous-jacent à la greffe. On observe donc un impact positif car les progrès <strong>de</strong><br />

la science permettent <strong>de</strong>s corps plus sophistiqué mais il transparaît surtout un impact négatif<br />

sur la santé mentale et sur l’i<strong>de</strong>ntité.<br />

L’« entité vivante et pensante issue <strong>de</strong> l’océan d’informations » et Kusanagi<br />

<strong>La</strong> rencontre <strong>de</strong> Kusanagi avec l’« entité vivante et pensante issue <strong>de</strong> l’océan d’informations »<br />

va elle aussi remettre en question son i<strong>de</strong>ntité. Le major faisant face pour la première fois à<br />

l’IA a le sentiment qu’elle lui est étrangement familière, <strong>de</strong> la même façon, celle-ci la regar<strong>de</strong><br />

intensément. On apprend alors qu’elle s’est fabriquée d’elle-même un corps en mettant en<br />

route l’usine <strong>de</strong> fabrication. Elle s’est ensuite enfuie et est retrouvé par la section 9. Cette<br />

histoire va mettre en doute les scientifiques <strong>de</strong> la section 9 car cela laisse à penser que l’IA<br />

possé<strong>de</strong>rait un Ghost. C’est cet élément qui va remettre en doute Kusanagi.<br />

Peu après, elle pose ces questions rhétorique à Batou : « Qu’avons nous <strong>dans</strong> le crâne ? As-tu<br />

déjà vu ton cerveau ? ». Ces questions mettent en avant le fait que <strong>de</strong> par sa nature <strong>de</strong><br />

cyborg Kusanagi ne peut pas prouver qu’elle est humaine. Cependant c’est aussi le cas pour<br />

n’importe qui. Rien ne prouve que l’on n’est pas <strong>une</strong> IA et c’est d’autant plus vrai pour les<br />

cyborgs pour qui le corps ne les définit pas. Ils ne connaissent pas leur origine et cela les fait<br />

douter. Kusanagi a la sensation d’être similaire à l’IA. Elle émet enfin les interrogations<br />

suivantes : « Si un cyber-cerveau pouvait générer son « Ghost » ? Créer <strong>une</strong> âme ? Si c’était<br />

possible, à quoi ça servirait d’être humain ? ». Elle met ici à égalité l’humain et l’IA comme<br />

s’ils étaient <strong>de</strong>ux choses équivalentes. Cela montre que la barrière entre l’humain et IA est<br />

extrêmement faible, seule la notion <strong>de</strong> Ghost les sépare.<br />

On observe <strong>une</strong> fois <strong>de</strong> plus <strong>une</strong> référence à la limitation que ressent Kusanagi en tant<br />

qu’humaine. Dans la question « A quoi ça servirait d’être humain ? » transparaît l’infériorité<br />

<strong>de</strong> l’humain face à <strong>une</strong> entité pouvant atteindre un niveau <strong>de</strong> conscience supérieur et<br />

retranscrit le désir d’évolution <strong>de</strong> Kusanagi. C’est <strong>une</strong> fois <strong>de</strong> plus <strong>une</strong> indication sur la fin du<br />

film.<br />

<strong>La</strong> création d’<strong>une</strong> « entité vivante et pensante issue <strong>de</strong> l’océan d’informations » remettrait en<br />

question l’existence <strong>de</strong> tous les êtres humains. Ne pouvant prouver notre humanité, nous<br />

13


@nomeji_<br />

pourrions tous être <strong>de</strong>s IA. <strong>La</strong> création d’<strong>une</strong> telle entité aurait donc un impact négatif sur<br />

l’i<strong>de</strong>ntité à l’échelle <strong>de</strong> l’humanité.<br />

L’existence <strong>de</strong> l’entité implique un autre grand danger pour l’humanité car elle a <strong>une</strong><br />

connaissance parfaite du Net ce qui lui permet <strong>une</strong> liberté d’action infinie. L’entité peut tout<br />

contrôler. Le danger serait exactement similaire pour la création d’<strong>une</strong> entité pensante<br />

évoluant sur Internet. Cependant, les seuls dangers abordés <strong>dans</strong> le film étant le piratage <strong>de</strong><br />

Ghost, la prise <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> différents Shells et la capacité <strong>de</strong> l’entité à contrôler les usines<br />

<strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong> corps, nous ne nous attar<strong>de</strong>rons pas <strong>de</strong>ssus. Le film se concentre avant tout<br />

sur l’évolution du personnage <strong>de</strong> Kusanagi plus que sur l’entité.<br />

<strong>La</strong> <strong>de</strong>rnière notion mise en avant par la création <strong>de</strong> cette entité est la remise en question du<br />

statut du divin. <strong>La</strong> religion prend <strong>une</strong> <strong>place</strong> importante <strong>de</strong> la conception <strong>de</strong> l’humanité et la<br />

création d’<strong>une</strong> telle entité remettrait en question notre définition <strong>de</strong> Dieu. Le film fait<br />

directement référence à ce statut <strong>de</strong> Dieu en représentant, dès sa première apparition,<br />

l’entité avec <strong>une</strong> auréole. Cependant c’est à la fin du film, lorsque Kusanagi et l’entité<br />

fusionne que la référence fait sens. Lors <strong>de</strong> la fusion, l’entité explique au major son but. Dans<br />

son monologue on trouve plusieurs référence à la définition <strong>de</strong> Dieu : « Il [le Net] est comme<br />

le soleil pour les humains. » <strong>dans</strong> les croyances primitive, le soleil fait souvent référence au<br />

divin, « élever notre conscience à un niveau supérieur » cela fait référence au statut<br />

transcendant <strong>de</strong> Dieu, « ensemble, faisons parti <strong>de</strong> toute chose » référence à la définition<br />

philosophique <strong>de</strong> la transcendance (au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la matière) et au statut démiurge <strong>de</strong> Dieu.<br />

Ces références s’expliquent par le fait qu’en créant cette nouvelle espèce, Kusanagi et le<br />

Projet 2501 <strong>de</strong>viennent simultanément <strong>de</strong>s dieux.<br />

Le projet 2501 avec son auréole<br />

Apparition d’un ange avant la mort <strong>de</strong> Kusanagi<br />

Un autre référence religieuse est présente juste après le monologue ; Kusanagi voit apparaître<br />

un ange, représentant à la fois sa mort imminente et la naissance d’un nouvel être.<br />

On observe ici un impact négatif sur la religion et la définition <strong>de</strong> Dieu.<br />

14


@nomeji_<br />

Moment 2 : L’évaluation <strong>de</strong>s impacts à partir <strong>de</strong> valeurs<br />

retenues<br />

Nous allons évaluer la qualité <strong>de</strong> chaque impact sur les enjeux en fonction <strong>de</strong>s différentes<br />

sources.<br />

Certains impacts sont volontairement omis car difficile à rapprocher directement avec <strong>une</strong><br />

source technologique.<br />

15


@nomeji_<br />

Source technologique Enjeu Impact<br />

Ghost relié au Net Progrès scientifique Impact extrêmement positif<br />

sur le développement <strong>de</strong> la<br />

recherche scientifique<br />

Perte <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité<br />

Impact négatif majeur sur<br />

l’i<strong>de</strong>ntité<br />

Corps <strong>de</strong> synthèse Progrès scientifique Impact extrêmement positif<br />

sur le développement <strong>de</strong> la<br />

recherche scientifique<br />

Dégradation <strong>de</strong> l’image du<br />

corps<br />

Vente <strong>de</strong> corps sur un modèle<br />

capitaliste<br />

Progrès <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine<br />

Création d’inégalités<br />

Remise en question <strong>de</strong> la<br />

définition d’i<strong>de</strong>ntité au sein<br />

<strong>de</strong> la <strong>société</strong> au profit du<br />

Ghost<br />

Remise en question <strong>de</strong><br />

l’i<strong>de</strong>ntité en tant qu’humain<br />

Création d’un désir<br />

d’évolution<br />

Troubles psychologiques<br />

Impact négatif sur l’i<strong>de</strong>ntité<br />

Impact négatif sur la santé<br />

Impact positif sur l’économie<br />

Impact négatif sur l’i<strong>de</strong>ntité<br />

Impact très positif sur la santé<br />

Impact négatif sur l’i<strong>de</strong>ntité<br />

Impact négatif et positif sur<br />

l’i<strong>de</strong>ntité<br />

Impact négatif sur l’i<strong>de</strong>ntité<br />

Impact négatif sur l’i<strong>de</strong>ntité<br />

Impact négatif sur la santé<br />

Améliorations artificielles Progrès scientifique Impact extrêmement positif<br />

sur le développement <strong>de</strong> la<br />

recherche scientifique<br />

« Entité vivante et pensante<br />

issue <strong>de</strong> l’océan<br />

d’informations »<br />

Création d’un désir<br />

d’évolution<br />

Augmentation <strong>de</strong>s<br />

performances<br />

Progrès <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine<br />

Création d’inégalités<br />

Remise en question <strong>de</strong> la<br />

notion d’humanité<br />

Remise en question <strong>de</strong> la<br />

définition <strong>de</strong> dieu<br />

Danger lié à la liberté d’action<br />

infini <strong>de</strong> l’entité grâce au Net<br />

Impact négatif sur l’i<strong>de</strong>ntité<br />

Impact positif sur la santé<br />

Impact très positif sur la santé<br />

Impact négatif sur l’i<strong>de</strong>ntité<br />

Impact très négatif sur<br />

l’i<strong>de</strong>ntité à l’échelle <strong>de</strong><br />

l’humanité<br />

Impact négatif sur la religion<br />

Impact négatif sur la santé<br />

16


@nomeji_<br />

Moment 3 : <strong>La</strong> pondération <strong>de</strong>s jugement finaux<br />

d’évaluation en vue <strong>de</strong> la décision<br />

Il est pratiquement impossible d’effectuer <strong>une</strong> prise <strong>de</strong> décision pour juger les notions<br />

présenté <strong>dans</strong> Ghost in the Shell car le film ne prend pas parti. Les enjeux sont présentés <strong>de</strong><br />

manière brute pour laisser le spectateur juger. Nous allons donc voir comment Mamoru Oshii<br />

oriente notre jugement à travers ce film et en quoi ce regard est visionnaire.<br />

Si on prend l’exemple <strong>de</strong> la perte d’i<strong>de</strong>ntité ; cet impact est <strong>de</strong> façon évi<strong>de</strong>nte inacceptable,<br />

auc<strong>une</strong> source technologique ne pourrait justifier <strong>une</strong> prise <strong>de</strong> risque telle. Pourtant le film<br />

nous montre ce danger sans jamais remettre en question la source technologique. Le film<br />

cherche à nous faire réfléchir sur les dangers liés à la technologie mais à travers <strong>une</strong> vision<br />

pessimiste puisque cet avènement technologie est présumé inévitable. C’est pourquoi Ghost<br />

in the Shell peut être considérée comme un œuvre <strong>cyberpunk</strong>.<br />

Pour les autres impacts, il est moins facile <strong>de</strong> juger <strong>de</strong> leur acceptabilité. Cependant on peut<br />

noter <strong>une</strong> gran<strong>de</strong> majorité d’impacts négatifs sur l’i<strong>de</strong>ntité. Même s’ils ont <strong>de</strong>s sources<br />

différentes, ils sont souvent <strong>de</strong> même nature : la <strong>de</strong>struction ou l’altération <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité<br />

humaine. <strong>La</strong> vision <strong>de</strong> Oshii est volontairement pessimiste car elle s’inscrit <strong>dans</strong> <strong>une</strong><br />

démarche <strong>cyberpunk</strong>. On retrouve donc l’idée <strong>de</strong> montrer <strong>une</strong> image d’<strong>une</strong> <strong>société</strong> futuriste<br />

dépourvue d’éthique et dominée par les technologies qui entraînent pollution, essor <strong>de</strong> la<br />

criminalité, surpopulation et décalage <strong>de</strong> plus en plus grand entre minorité <strong>de</strong> riches et<br />

majorité <strong>de</strong> pauvres. C’est quelque chose qu’on constate très bien lors <strong>de</strong> la séquence<br />

contemplative <strong>de</strong> trois minutes présentée précé<strong>de</strong>mment. <strong>La</strong> <strong>société</strong> présentée <strong>dans</strong> Ghost in<br />

the Shell n’a donc rien <strong>de</strong> souhaitable et c’est volontaire.<br />

On nous présentes les technologies comme évoluant extrêmement rapi<strong>de</strong>ment pour montrer<br />

que la technologie avance plus vite que la pensée (et la <strong>société</strong>) comme si l'humain semblait<br />

dépassé par la machine.<br />

Pour pouvoir répondre aux problématiques il est nécessaire <strong>de</strong> se détacher <strong>de</strong> la vision<br />

pessimiste pour trouver <strong>de</strong>s solutions au problèmes présentés <strong>dans</strong> l’œuvre.<br />

Une solution simple aux problèmes présentés <strong>dans</strong> Ghost in the Shell serait <strong>de</strong> limiter le<br />

développement <strong>de</strong>s technologies <strong>dans</strong> <strong>une</strong> mesure socialement et éthiquement acceptable.<br />

Même si c’est impossible, il est malgré tout intéressant d’étudier et <strong>de</strong> comprendre pourquoi.<br />

Dans les œuvres <strong>cyberpunk</strong> on part du principe que le développement <strong>de</strong>s technologies est<br />

inévitable. Le développement <strong>de</strong> la recherche scientifique passe avant tous les autres<br />

impacts, c’est pour cette raison que c’est <strong>une</strong> notion très importante <strong>de</strong> Ghost in the Shell.<br />

Cette priorité pour le progrès semble être instinctif à l’humain. Cela se révèle avec acuité<br />

<strong>dans</strong> notre <strong>société</strong>. Dès qu’<strong>une</strong> idée surgit on ne peut plus empêcher le progrès aussi néfaste<br />

puisse-t-elle impliquer. C’était le cas pour la bombe atomique par exemple ou plus<br />

récemment pour Internet. Si un jour on se rend compte d’un danger majeur lié à Internet, on<br />

ne pourra plus revenir en arrière, on ne peut pas « dé-inventer » Internet. Une fois l’idée<br />

présente elle est ancrée <strong>dans</strong> notre <strong>société</strong> et empêcher son utilisation ne suffit pas. Internet<br />

17


@nomeji_<br />

n’est plus <strong>une</strong> source technologique, c’est un concept. Il en est <strong>de</strong> même pour le Ghost et le<br />

Shell, ce sont <strong>de</strong>s concepts et qu’on le désire ou non, ils <strong>de</strong>viendront réalité. On ne peut pas<br />

priver l’humain <strong>de</strong> penser et d’inventer.<br />

Les <strong>de</strong>ux enjeux principaux <strong>de</strong> Ghost in the Shell sont donc indissociablement le progrès <strong>de</strong> la<br />

recherche scientifique et l’i<strong>de</strong>ntité. Le film cherche à nous montrer que le progrès est<br />

inévitable et qu’il engendrera un grand danger pour l’i<strong>de</strong>ntité humaine. Ils sont indissociables<br />

car le progrès représente un enjeu positif majeur pour l’humanité mais il ne peut exister sans<br />

un risque négatif encore plus important pour l’i<strong>de</strong>ntité humaine.<br />

Étape 1 : Détermination du type <strong>de</strong> pondération retenue :<br />

acceptabilité <strong>de</strong>s risques ou acceptabilité globale <strong>de</strong>s impact ?<br />

Les impacts négatifs sont inacceptables mais doivent être acceptés car l’impact positif sur le<br />

progrès <strong>de</strong> la recherche scientifique est prioritaire à l’éthique <strong>dans</strong> <strong>une</strong> <strong>société</strong> <strong>cyberpunk</strong>.<br />

Nous allons voir en quoi les risques sont inacceptables selon <strong>de</strong>s critères moraux.<br />

Étape 2 : Pondération<br />

L’univers <strong>de</strong> Ghost in the Shell ne nous permettant pas d’adopter <strong>une</strong> approche scientifique,<br />

nous <strong>de</strong>vons nous référer aux standards moraux philosophiques.<br />

On peut voir que la <strong>société</strong> présenté ne respecte aucun standard moral :<br />

• <strong>La</strong> création <strong>de</strong> l’« Entité vivante et pensante issue <strong>de</strong> l’océan d’informations » remet en<br />

question la nature humaine.<br />

• Le progrès passant avant l’éthique, la <strong>société</strong> présentée n’est pas conforme à la dignité<br />

humaine. L’humain agit avant <strong>de</strong> penser indépendamment <strong>de</strong> ce qui est bien ou mal.<br />

De la même façon, le corps humain n’est pas traité avec dignité ce comportement ne<br />

peut donc être conforme à la dignité humaine.<br />

• L’humain progresse indépendamment <strong>de</strong> la raison jusqu’à créer un désir d’évolution<br />

constant cela ne respecte donc pas le principe <strong>de</strong> la vie bonne (eudaimonia) érigée par<br />

Aristote. <strong>La</strong> <strong>société</strong> ultra capitaliste présentée ne permet pas non plus à l’homme<br />

d’atteindre la vie bonne.<br />

• Lors d’un dialogue entre les <strong>de</strong>ux personnages principaux on apprend que les corps <strong>de</strong><br />

synthèses que possè<strong>de</strong>nt Kusanagi et les différents Shells dont est équipé Batou sont<br />

prêtés par la section 9. Ils <strong>de</strong>vront donc les restituer s’ils quittent la section. Seul leur<br />

Ghost leur appartient. Même s’ils sont libres d’effectuer les modifications qu’ils<br />

souhaitent, leurs corps ne leur appartiennent pas ce qui va donc à l’encontre du<br />

libertarianisme. Cependant manière plus générale, on peut dire que l’œuvre respecte<br />

le libertarianisme <strong>dans</strong> la mesure où tout est possible d’un point <strong>de</strong> vue scientifique.<br />

Cela met en avant l’aspect très négatif <strong>de</strong> l’œuvre et sa volonté <strong>de</strong> montrer <strong>une</strong> vision punk<br />

<strong>de</strong> la <strong>société</strong>. On peut donc juger la <strong>société</strong> <strong>de</strong> Ghost in the Shell comme inacceptable.<br />

18


@nomeji_<br />

Conclusion<br />

Avec Ghost in the Shell, Mamoru Oshii a su développer <strong>de</strong>s enjeux éthiques subtils à l’ai<strong>de</strong><br />

d’un univers complet et cohérent. Le film s’impose comme <strong>une</strong> référence en matière <strong>de</strong><br />

culture <strong>cyberpunk</strong> en présentant tous ses aspects <strong>dans</strong> un seul film. L’animé transforme<br />

l’univers <strong>de</strong> Masam<strong>une</strong> Shirow pour en faire ressortir un message puissant à travers <strong>une</strong><br />

esthétique contemplative très lente et un grand soucis du détail. Le film est un tour <strong>de</strong> force<br />

qui arrive à lier rythme et sublimation, sachant utiliser avec brio <strong>de</strong> sa puissante symbolique<br />

graphique pour nous délivrer <strong>une</strong> œuvre très complète abordant <strong>de</strong>s problématiques diverses<br />

avec beaucoup <strong>de</strong> justesse et d’idées novatrices.<br />

Empreint d’<strong>une</strong> touche pessimiste, le film cherche à nous questionner <strong>dans</strong> nos fon<strong>de</strong>ments<br />

les plus profonds. À travers le personnage <strong>de</strong> Makoto Kusanagi, Oshii construit <strong>une</strong> véritable<br />

silhouette psychanalytique <strong>de</strong> l’humain privé <strong>de</strong> tous ses repères et plongé <strong>dans</strong> l’océan<br />

d’information d’<strong>une</strong> <strong>société</strong> ultra-capitaliste à la pointe <strong>de</strong> la technologie. Le film a su saisir<br />

les dangers liés à ces technologies et nous délivre <strong>une</strong> mise en gar<strong>de</strong> contre les risques liés<br />

celle-ci.<br />

Ghost in the Shell est <strong>une</strong> œuvre visionnaire car elle sait saisir avec précision les enjeux qui<br />

tiraille déjà notre <strong>société</strong> et qui <strong>dans</strong> un futur proche seront peut-être en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> tout<br />

contrôle.<br />

19


@nomeji_<br />

Bibliographie<br />

Ghost in the Shell, film d’animation <strong>de</strong> Mamoru Oshii, 1995, Production I.G<br />

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ghost_in_the_Shell<br />

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mamoru_Oshii<br />

https://en.wikipedia.org/wiki/Patlabor_2:_The_Movie<br />

https://en.wikipedia.org/wiki/Patlabor:_The_Movie<br />

http://www.<strong>de</strong>pauw.edu/sfs/backissues/80/fish80art.htm – Article expliquant les liens entre la<br />

guerre au Japon et le film Patlabor II.<br />

http://GhostintheShell.wikia.com<br />

https://www.youtube.com/watch?v=gXTnl1FVFBw – Vidéo expliquant le lien entre<br />

l’environnement et l’évolution <strong>de</strong> l’humain <strong>dans</strong> Ghost in the Shell<br />

https://fr.wikipedia.org/wiki/Hong_Kong<br />

http://www.christianjuliablog.fr/Une-greffe-peut-elle-changer-la.html – Article présentant le lien<br />

possible entre le corps et l’esprit à travers la greffe.<br />

http://www.revmed.ch/rms/2012/RMS-333/Evolution-<strong>de</strong>s-troubles-psychiques-chez-<strong>de</strong>spatients-avec-un-hypogonadisme-primaire-traites-par-<strong>une</strong>-transplantation-<strong>de</strong>s-testicules1<br />

–<br />

Article présentant les effets secondaire liés à la greffe <strong>de</strong> testicule<br />

https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9lire_parano%C3%AF<strong>de</strong><br />

http://www.medicalistes.org/spip/Aspects-Psychologiques-et – Article sur les séquelles<br />

psychologiques liés à la greffe<br />

https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_confusionnel<br />

http://psychologie.psyblogs.net/2012/02/lhomme-sans-coeur.html<br />

https://fr.wikipedia.org/wiki/C%C5%93ur_artificiel<br />

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cyberpunk – Article expliquant les fon<strong>de</strong>ments du genre<br />

<strong>cyberpunk</strong><br />

https://fr.wikipedia.org/wiki/Humanit%C3%A9<br />

https://fr.wikipedia.org/wiki/Dignit%C3%A9<br />

https://fr.wikipedia.org/wiki/Aristote<br />

https://fr.wikipedia.org/wiki/Libertarianisme<br />

Neuvième édition du Dictionnaire <strong>de</strong> l’Académie française<br />

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