centre pénitentiaire de faa'a nuutania
DPNuu_OIP_Juin_2016
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dossier <strong>de</strong> presse<br />
conditions <strong>de</strong> détention indignes à la prison <strong>de</strong> <strong>faa'a</strong> <strong>nuutania</strong><br />
Le CGLPL expliquait, en effet, dans son rapport que durant l’année scolaire 2011/2012, seuls trente hommes détenus<br />
avaient suivi la préparation au certificat <strong>de</strong> fin d’étu<strong>de</strong>s générales et douze celle du brevet <strong>de</strong>s collèges. Il soulignait<br />
aussi que l’offre scolaire était bien moindre pour les femmes détenues tant en terme <strong>de</strong> nombre d’heures que <strong>de</strong><br />
formations.<br />
En 2014, le groupe <strong>de</strong> travail sur les problématiques <strong>pénitentiaire</strong>s en outre-mer relevait aussi qu’ « en 2013, aucune<br />
formation professionnelle n’[avait] été réalisée à l’établissement faute d’obtention <strong>de</strong> financements parle Service <strong>de</strong><br />
l’Emploi, <strong>de</strong> la Formation et <strong>de</strong> l’Insertion professionnelle (SEFI), organisme territorial compétent localement » . Ce constat<br />
corroborait celui déjà effectué par le CGLPL en 2012 : « la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> prioritaire <strong>de</strong>s personnes détenues est <strong>de</strong> suivre une<br />
formation professionnelle ou préprofessionnelle, ce qui est actuellement impossible en l’absence <strong>de</strong> financement et <strong>de</strong><br />
locaux adaptés ».<br />
Enfin, le <strong>centre</strong> <strong>pénitentiaire</strong> ne permet pas aux personnes incarcérées <strong>de</strong> s’émanciper via le travail. D’une part,<br />
nombre <strong>de</strong> détenus ne disposent pas d’un travail au sein <strong>de</strong> la prison. D’autre part, beaucoup <strong>de</strong> ceux qui sont classées<br />
se contentent <strong>de</strong> quelques heures <strong>de</strong> « corvée » par jour, autrement dit, <strong>de</strong> nettoyage d’espaces <strong>de</strong> vie tels que les<br />
couloirs.<br />
«J’ai toujours <strong>de</strong>mandé un travail, réponse négative. Pendant toute mes détentions<br />
aucune fois ils n’ont accepté <strong>de</strong> me donner un travail. »<br />
Témoignage <strong>de</strong> M. B., personne détenue, recueilli par l’OIP<br />
«Ici à Nuutania si tu veux travailler, il faut que tu connaisses bien le chef<br />
pour avoir une corvée ou bien avoir <strong>de</strong> la famille qui travaille aussi au <strong>centre</strong><br />
<strong>pénitentiaire</strong>. »<br />
Témoignage <strong>de</strong> M. P., personne détenue, recueilli par l’OIP<br />
Effectivement, selon le CGLPL, « le délai d’attente pour être classé est souvent supérieur à six mois ». Et pour cause,<br />
l’établissement propose peu <strong>de</strong> travail en concession et ne recherche pas véritablement <strong>de</strong> concessionnaires en raison<br />
du manque d’espace pour <strong>de</strong> nouveaux ateliers.<br />
Par ailleurs, il existe <strong>de</strong> fortes inégalités entre les détenus qui travaillent, concernant tant les horaires que la<br />
rémunération. S’agissant <strong>de</strong>s auxiliaires, par exemple, le CGLPL a démontré que, si « en théorie, [ils] travaill[aient]<br />
7 heures par jour, (…), ceci cinq ou six jours par semaine selon les postes. Dans les faits, le nombre d’heures travaillées<br />
quotidiennement et les horaires vari[aient] selon les postes ». Ainsi, les détenus qui distribuaient les repas ne travaillaientils<br />
que <strong>de</strong>ux heures par jour, six jours par semaine. De même, tous les auxiliaires étaient « rémunérés à la journée<br />
<strong>de</strong> travail, d’une durée théorique <strong>de</strong> 7 heures, quel que soit le nombre réel d’heures travaillées » et « la difficulté et la<br />
pénibilité du travail ».<br />
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