Haiti Liberte 15 Avril 2015
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Vol. 8 • No. 40 • Du <strong>15</strong> au 21 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong> <strong>Haiti</strong> 20 gdes/ USA $1.50/ France 2 euros/ Canada $2.00<br />
HAÏTI LIBERTÉ<br />
JUSTICE • VÉRITÉ • INDÉPENDANCE<br />
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An nou oze<br />
envante lavni!<br />
Kòdinasyon Desalin<br />
KOD Twazyèm<br />
fowòm popilè!<br />
Page 6<br />
English<br />
Page 9<br />
Voir page 4<br />
Plus de 500 personnes représentant les partis et les regroupements politiques ont participé à cette réunion d'Etat le vendredi 10 avril<br />
dernier à l’hôtel Royal Oasis, à Pétion-Ville.<br />
Nord-Est: mort<br />
d’un soldat de la<br />
Minustah !<br />
Page 8<br />
DES COMPATRIOTES<br />
MORTS EN MER !<br />
Panama : discours<br />
du Président Cubain<br />
Raul Castro Ruz au<br />
VIIème Sommet des<br />
Amériques, le<br />
11 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong> !<br />
Page 10<br />
Voir page 4<br />
Toutes ces gens sont des victimes authentiques non seulement du régime en place mais également de la politique de misère établie en Haïti par la<br />
Communauté internationale particulièrement les puissances impérialistes avec leur politique économique néolibérale<br />
Mort de l'écrivain<br />
Eduardo Galeano,<br />
figure emblématique<br />
de la gauche latinoaméricaine<br />
!<br />
Page 17
Editorial<br />
Des élections illustrant le nouveau<br />
colonialisme déguisé!<br />
Par Berthony Dupont<br />
Nous sommes en 20<strong>15</strong>, l’année du centenaire de la première<br />
occupation du pays par les Etats-Unis d’Amérique.<br />
Occupation qui continue encore via la Minustah. Les élections<br />
annoncées vont nous permettre d’établir et de démontrer<br />
à quel point se sont développées la conscience et la mentalité<br />
colonisées de la classe politique et la longue pratique antipopulaire<br />
du pouvoir dans tous les domaines.<br />
Tout a été fait pour arriver à ce point, soit par le silence<br />
complice d’un secteur, soit par l’opportunisme d’autres afin<br />
que le colonialisme continue à nous étouffer pour écraser la<br />
capacité de lutte de notre peuple, afin de le rendre politiquement<br />
impotent. Ces dirigeants, ayant perdu toute confiance<br />
dans les potentialités populaires, ne peuvent pas vivre libres et<br />
indépendants sans lier leur sort à celui des grandes puissances<br />
impérialistes. En réalité, tous les soubresauts qu’on a vécus<br />
jusqu’ici sont en fait l’expression d’un véritable complot de<br />
classe pour anéantir la lutte du peuple haïtien par le règne sauvage<br />
de l’exploitation, de la misère, de l’oppression, de l’infamie<br />
et de l’humiliation. Tout a été fait pour priver le peuple<br />
haïtien de sa personnalité afin de le transformer en un esclave<br />
moderne sur ses propres terres par les anciens esclavagistes<br />
occidentaux.<br />
Le climat politique actuel tourmenté et menaçant qui prévaut<br />
depuis l’annonce des élections a fait éclater une contradiction<br />
fondamentale entre les intérêts du peuple haïtien et<br />
ceux d’une classe sociale et politique au service des intérêts<br />
étrangers. Le coup de tonnerre né des récentes déclarations<br />
des bailleurs de fonds sur la réduction du nombre d’entités<br />
politiques qui prendront part aux élections est annonciateur de<br />
l’imminence de violents orages. Les forces occupantes derrière<br />
les rideaux font la loi, piégeant par ainsi et le Conseil Electoral<br />
Provisoire, et le Gouvernement et les différents protagonistes<br />
qui s’attendaient à prendre part aux élections.<br />
Déjà, les candidats se sont montrés inquiets, de peur qu’il<br />
n’y ait pas d’élections ; par contre ils ne sont pas inquiétés<br />
quant à la dépendance du pays face aux bailleurs de fonds<br />
étrangers qui par leurs diktats exposent clairement la confusion<br />
qui existe au sein de cette machine électorale. Les pays<br />
impérialistes par leurs diktats allument et entretiennent de<br />
nouveaux foyers de tensions et de troubles ; autant de crises<br />
pour continuer à couvrir Haïti de tant de honte. Seule une petite<br />
minorité dont nous faisons fièrement partie s’abstient de ce<br />
breuvage amer. Aucun de ceux qui se sont embarqués dans la<br />
chance électorale de la honte n’éprouve aucune répulsion à la<br />
puanteur qui se dégage sous leur nez.<br />
Cette simple observation en dit long sur la nature de cette<br />
classe politique qui ignore que ce colonialisme déguisé est totalement<br />
plus dangereux que l’ancien. Ce qu’il cherche n’est<br />
autre que la continuité de sa politique avec ou sans Martelly.<br />
Déjà, il n’écarte pas la possibilité d’un quelconque gouvernement<br />
de transition de trois ans avec les secteurs les plus vendus<br />
de la classe politique afin de remplacer Martelly même<br />
avant la fin de son mandat, tout en se gardant de monter<br />
éventuellement une Assemblée Constituante qui lui garantisse<br />
la haute main, la légitimité constitutionnelle de piller et de<br />
contrôler le pays. Qui finance commande ; d’autant que les<br />
fonds alloués aux élections sont gérés par le Programme des<br />
Nations unies pour le développement (PNUD) mais non par le<br />
Conseil électoral provisoire. Quelle aberration !<br />
C’est à partir de cette mainmise qu’il faut penser à l’avenir<br />
du pays et non pas dans les tentatives aussi illusoires<br />
que vaines de colmater les brèches électorales. De nouvelles<br />
formes de luttes sont à imposer afin que le mouvement populaire<br />
ne se fourvoie dans l’impasse inopportune des élections.<br />
Aujourd’hui plus qu’avant, nous vivons une étape décisive<br />
qui nous engage à combattre ce phénomène de tutelle,<br />
si nous voulons être réellement indépendants. Les élections<br />
n’entrainent pas ipso facto la fin du colonialisme ni l’avènement<br />
d’une société plus juste et économiquement prospère.<br />
Pour réaliser l’indépendance véritable et atteindre les objectifs<br />
fondamentaux, il nous faut le développement d’une société<br />
nouvelle d’où sera bannie l’exploitation de l’homme par<br />
l’homme, afin d’éradiquer toutes formes d’injustice d’oppression<br />
et de domination ; il nous faut opérer des transformations<br />
drastiques, révolutionnaires, dynamiter les vieilles structures<br />
et dynamiser un nouvel ordre démocratique et populaire.<br />
Tant qu’on ne sera pas conscient de ces facteurs, élections<br />
ou transitions, sous quelque forme que ce soit, seront vouées<br />
irrémédiablement à l’échec. Ce n’est pas le verbiage démagogique<br />
de certains candidats qui fera reculer la tutelle et mettre<br />
fin à leur dessein macabre pour notre pays. La libération nationale<br />
est inséparable de la révolution sociale ; sinon c’est<br />
accepter la tutelle et continuer à évoluer sous les agissements<br />
de certains de nos dirigeants qui ont tout fait pour favoriser la<br />
domination étrangère.<br />
Notre responsabilité à nous militants de la justice et de<br />
la liberté doit imprégner toute la vie quotidienne car le changement<br />
fondamental est un combat de tous les jours qui doit<br />
coûte que coûte passer par le départ de Martelly, le départ des<br />
forces occupantes des Nations-Unies et par une opposition par<br />
tous les moyens possibles et imaginables à toute transition<br />
que concoctent l’international et certains partis politiques pour<br />
maintenir intact le statu quo ante.<br />
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2 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 40 • Du <strong>15</strong> au 21 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong>
A Travers <strong>Haiti</strong><br />
Haïti, chronique d’une crise électorale (48)<br />
L’opposition radicale sous pression !<br />
Par Catherine Charlemagne<br />
Le petit monde politique haïtien<br />
a vécu du 2 au 14 mars 20<strong>15</strong><br />
d’intenses moments dans le processus<br />
électoral. Tous les acteurs nationaux<br />
et internationaux, les pour et les contre<br />
ont suivi les diverses activités et<br />
décisions du CEP et les actes du gouvernement<br />
avec beaucoup d’intérêts.<br />
Publication du Décret électoral par la<br />
présidence de la République. Présentation<br />
du calendrier des scrutins par le<br />
Conseil Electoral Provisoire (CEP) aux<br />
responsables des formations politiques.<br />
Convocation du peuple en ses comices<br />
au mois d’août prochain. L’annonce<br />
par le gouvernement que l’Etat est<br />
prêt à décaisser plus d’un milliard de<br />
gourdes pour financer les élections<br />
dont 500 millions rien que pour le financement<br />
de la campagne des partis<br />
politiques, etc. Une série de décisions et<br />
d’annonces qui ne laissent quasiment<br />
plus de doute sur l’organisation des<br />
élections cette année. Bien que selon<br />
Mme. Sandra Honora, la représentante<br />
spéciale en Haïti du Secrétaire général<br />
de l’Organisation des Nations Unies<br />
(ONU), les « élections seront complexes<br />
». Peut être, elle voulait dire incertaines.<br />
Ces intenses activités ont placé<br />
l’opposition radicale sous pression de<br />
ses partisans et de la Communauté<br />
internationale. Les décisions les plus<br />
attendues par tous les acteurs dans<br />
ce processus étaient sans conteste<br />
le Décret et le calendrier électoraux.<br />
Même les plus farouches partisans des<br />
élections émettaient des doutes sur la<br />
volonté du Président Michel Martelly<br />
d’encourager le CEP d’avancer dans<br />
la bonne direction. Ils craignaient que<br />
le chef de l’Etat qui les ont tellement<br />
roulés dans la farine ne tenterait un<br />
dernier coup de Jarnac au flan afin de<br />
créer encore des obstacles sur la route<br />
déjà compliquée des élections. Il n’en<br />
fut rien. Depuis les recommandations<br />
de la fameuse Commission Consultative<br />
présidentielle de la fin l’année 2014, le<br />
Président de la République semble décidé<br />
à laisser le processus suivre son<br />
cours. Aucune entrave sur le chemin<br />
des acteurs vers des élections générales<br />
pour renouveler l’ensemble des élus<br />
des différentes assemblées politiques<br />
du pays y compris le poste de Président<br />
de la République.<br />
Si les partisans des élections<br />
se sentaient plus ou moins rassurés<br />
depuis l’arrivée du nouveau CEP même<br />
avec Pierre-Louis Opont à sa tête et<br />
le lancement de la machine électorale,<br />
l’opposition radicale quant à elle<br />
s’interrogeait sur le comportement à<br />
avoir face au changement de cap et<br />
de la nouvelle donne. De plus en plus,<br />
elle était isolée dans sa stratégie qui,<br />
le moins que l’on puisse dire, la conduirait<br />
droit au mur. Tant que le pouvoir<br />
Tèt Kale ne donnait pas la preuve qu’il<br />
voulait aller aux élections, l’opposition<br />
radicale avait une avenue devant elle.<br />
L’ensemble des opposants au Président<br />
Martelly avait des arguments pour<br />
maintenir la flamme de leur hostilité et<br />
porter un discours anti-élection. Mais<br />
avec la mise en application de l’accord<br />
politique du 11 janvier 20<strong>15</strong>, les arguments<br />
envoyant à la non- participation<br />
aux joutes électorales sous prétexte que<br />
les élections ne pourraient être organisées<br />
tant que Michel Martelly demeura<br />
au Palais national ne tiennent plus.<br />
La mauvaise gestion par le gouvernement<br />
de l’affaire de la baisse des<br />
produits pétroliers au cours du mois de<br />
février avait permis à l’opposition de<br />
reprendre du souffle en sautant dans<br />
le wagon du train de la contestation<br />
lancé par les syndicats des transports<br />
routiers. Les quelques grèves qui ont<br />
paralysé la vie économique du pays et<br />
particulièrement de la région métropolitaine<br />
de Port-au-Prince avaient donné<br />
l’espoir à l’opposition anti-élection<br />
La Plateforme Pitit Desalin de Daly Valet, Assad Volcy et de Moïse Jean-<br />
Charles ont fini par prendre le train en marche<br />
Le groupe du candidat à la présidence Newton Saint Juste et d’André<br />
Michel qui constitue une autre plateforme dénommée : Justice<br />
qu’elle pourrait reprendre le flambeau<br />
de la contestation anti-Martelly et audelà<br />
mettre en difficulté tout le processus<br />
électoral. Aidée en cela par les<br />
étudiants de l’Université d’Etat d’Haïti<br />
qui ont, pendant quelques jours, semé<br />
la panique dans la capitale. Mais très<br />
vite, tous ces mouvements s’estompent<br />
faute d’arguments et de combattants.<br />
Si durant les trois années de<br />
l’inaction du pouvoir Tèt Kale la crise<br />
préélectorale a eu un terreau fertile pour<br />
se renforcer et s’enraciner dans la population,<br />
c’est-à-dire pousser beaucoup<br />
de monde dans les bras de l’opposition,<br />
avec le revirement du Président Martelly<br />
cet élan s’est tout naturellement<br />
cassé. La jonction syndicat/opposition<br />
politique visant à contrer le gouvernement<br />
et relancer la lutte contre le chef<br />
de l’Etat a bel en bien échoué. Les syndicats<br />
après avoir obtenu pratiquement<br />
ce qu’ils souhaitaient, en l’occurrence<br />
une baisse du prix de l’essence à la<br />
pompe, se sont repliés sur leurs bases.<br />
Quant aux étudiants, ils ont d’autres<br />
préoccupations. Ils préfèrent porter<br />
leurs revendications sur des sujets qui<br />
les concernent vraiment. Du coup,<br />
l’opposition radicale s’est retrouvée<br />
seule dans une lutte qu’elle a certes<br />
bien menée durant trois longues années,<br />
mais sans pour autant aboutir à<br />
l’objectif fixé : renverser le Président de<br />
la République.<br />
Alors aujourd’hui, même si elle<br />
compte beaucoup de partisans dans<br />
ses rangs, l’opposition radicale fait face<br />
à une équation à plusieurs inconnues<br />
compte tenu de l’évolution du dossier<br />
dans un sens où elle ne s’attendait<br />
point. Le premier signe de lassitude<br />
perceptible qu’on avait observé est<br />
l’échec du dernier appel à la grève de<br />
deux jours par l’ensemble des groupes<br />
se réclamant de l’opposition radicale au<br />
régime en place. Si certains chauffeurs<br />
avaient respecté la consigne dans la<br />
matinée, très vite, tout le monde s’est<br />
rendu compte que la mayonnaise n’a<br />
pas pris. Le premier jour de grève a été<br />
un fiasco. L’ensemble des organisateurs<br />
et opposants s’est rendu à l’évidence<br />
qu’il y avait un problème et qu’il fallait<br />
faire profil bas. Et afin de ne pas<br />
donner du grain à moudre aux partisans<br />
du pouvoir, décision a été prise à<br />
l’unanimité de lever le mot d’ordre de la<br />
grève dès la première journée.<br />
Les organisateurs ont beau<br />
donné des explications scabreuses,<br />
histoire de dissimuler leur échec, cela<br />
n’a échappé à personne que les vraies<br />
raisons qui ont poussé la population à<br />
ne pas respecter le mot d’ordre de la<br />
grève sont ailleurs. Depuis ce premier<br />
faux pas, l’opposition radicale était<br />
contrainte de revoir sa stratégie dans<br />
une conjoncture qui reste, certes, critique<br />
au point de vue politique et sociale,<br />
mais aussi où différents secteurs<br />
de la vie nationale tentent de sortir le<br />
pays du piège dans lequel le pouvoir<br />
l’a entrainé. D’un côté, la présidence<br />
de la République qui entend respecter<br />
ses engagements vis-à-vis de la Communauté<br />
internationale en appliquant<br />
jusqu’au bout les recommandations de<br />
la Commission Consultative d’où est<br />
issu d’ailleurs le chef du gouvernement<br />
de consensus, Evans Paul. De l’autre<br />
côté, un Conseil Electoral Provisoire<br />
qui, malgré quelques réserves qu’on<br />
peut avoir sur la plupart de ses membres,<br />
donne le signe qu’il veut coûte<br />
que coûte amener le processus à son<br />
terme même si le calendrier électoral<br />
reste très controversé.<br />
Tous ces points de convergences<br />
ne faisaient que mettre l’opposition<br />
radicale sous pression d’une population<br />
qui commence à en avoir marre de tout<br />
le monde. La pression était autant plus<br />
grande pour les radicaux qu’il paraît de<br />
plus en plus certain que d’ici la fin de<br />
l’année le pays va vivre au rythme de<br />
campagnes électorales. Une période durant<br />
laquelle beaucoup d’argents vont<br />
être en circulation suivant différents<br />
circuits. Les candidats à tous les échelons<br />
commencent à se positionner, à<br />
sonder le terrain et à se faire connaître<br />
aux quatre coins du pays avant même<br />
qu’ils soient inscrits sur les registres<br />
Terrible accident sur la<br />
Nationale # 2, 8 morts<br />
23 blessés graves<br />
Par Jackson Rateau<br />
Dans la matinée du lundi 13 <strong>Avril</strong><br />
20<strong>15</strong> dernier, aux environs de 9<br />
heures, à Morne Tapion, Petit-Goâve,<br />
Département de l’Ouest, Route Nationale<br />
# 2, un grave accident survenu<br />
dans la dite localité (Tapion) s’est soldé<br />
par un lourd bilan de 8 morts et de 23<br />
blessés graves. Il s’agit, en effet, d’une<br />
collision entre un autobus Isuzu en<br />
provenance de Port-au-Prince et un<br />
camion de transport de matériaux de<br />
construction immatriculé CM35375 en<br />
provenance de Miragoâne. La tragédie<br />
s’est produite, alors qu’au sommet<br />
du morne, le camion qui s’évertuait à<br />
dépasser un autre véhicule a percuté<br />
l’autobus. L’engin surchargé s’est renversé<br />
dans un canal. Cinq des huit victimes<br />
sont décédées sur le champ, les<br />
3 autres sont mortes à l’hôpital. Les<br />
blessés évacués au moyen du Centre<br />
Ambulancier National (CAN), ont été<br />
transportés d’urgence à l’Hôpital Notre<br />
Dame de Petit-Goâve ainsi qu à Portau-Prince.<br />
Rappelons que le 9 Septembre<br />
2014 dernier, lors d’une pareille tragédie<br />
à Morne Tapion, 30 personnes<br />
ont été tuées et 39 autre gravement<br />
blessées.<br />
Un État comme Haïti, sous<br />
la direction de tels dirigeants apatrides,<br />
immoraux, irresponsables,<br />
sans scrupule, dont leur mission se<br />
résume uniquement à dilapider les<br />
caisses publiques et livrer la patrie<br />
aux étrangers, ne peut être que ce<br />
qu’il est : un état effondré, une peau<br />
de chagrin, sans défense. Tandis que<br />
ses fils et ses filles sont décimés par<br />
milliers par les maladies importées, la<br />
faim, les accidents, les assassinats et<br />
autres.<br />
AVIS<br />
PAR CES MOTIFS, après avoir délibéré au vœu de la loi et sur les conclusions non conformes du Ministère Public se<br />
déclare compétent pour examiner cette action en partage, en revendication du droit de propriété et en expulsion des<br />
lieux soumise à son délibéré. Dit qu’elle est recevable en la forme, octroie défaut contre les sieurs et dame Alique<br />
Junior Lolagne, Jean Holly Maurice, Odius Maurice et Bernier Magna pour n’avoir pas comparu à l’audience du<br />
premier décembre deux mille quatorze (2014), quoique régulièrement assignés et sommés d’audience. Maintient le<br />
défaut déjà octroyé à l’audience sus citée. En conséquence, ordonne le partage de la succession de feu Pierrilus Louis<br />
notamment la propriété plus haut citée, entre les héritiers de feu Pierrilus Louis. Dit que les sieurs et dame Odius<br />
Maurice, Roger Dégant représentés par Jean Holly Maurice et Magna Bernier se disant être héritiers de feu Jean<br />
Charles Bernier doivent être expulsés sur la propriété sise et située à Savane Ouest Première Section Communale de<br />
Miragoâne et toutes constructions éventuelles seront démolies. Et tous ceux qui n’auront pas prouvé leurs vocations<br />
héréditaires seront écartés du partage, en conséquence, écarte les nommés Jean Charles Bernier, Roger Dégant et<br />
Odius Maurice du partage et toute vente faite par les assignés ou leurs ascendants avec des tiers est déclarée nulle.<br />
Déclare la requérante madame Pétrone Civil et ses cohéritiers à l’appui des procès-verbaux et les pièces fournis<br />
incommutables propriétaires de ses quatre carreaux et soixante-quinze centième (4cx75/100) de terre, bornés au<br />
nord par le sieur Pierre Menos, par les héritiers Télifort Augustin, madame Yvon Phanord et Marie Philossaint, à l’Est<br />
par la portion de terre occupée par Gerias Elias, qui de droit et Michel Aspilaire. Au Sud et à l’Ouest par qui de droit.<br />
Accorde l’exécution provisoire sans caution de la présente décision, sur le chef du principal, vu qu’il a titres<br />
authentiques conformément aux dispositions de l’article de 276 du CPC ; Condamne la succession aux frais privilégiés<br />
du partage. Déclare que les sieurs et dame Jean Holly Maurice, Odius Maurice et Bernier Magna sont également<br />
condamnés aux frais et dépens de la procédure liquidés à …. Commet l’Huissier Wilson Pierre pour la signification<br />
du présent jugement. Ainsi jugé et prononcé par Nous Me. Marideline Paul en présence de Me. Renord Regis Substitut<br />
Commissaire du Gouvernement de ce ressort, assisté d’Emmanuel désir Greffier du siège à l’audience ordinaire, civile<br />
et publique de ce lundi deux (02) février deux mille quinze (20<strong>15</strong>). An 211e de l’Indépendance. Il est ordonné à tous<br />
huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement à exécution, aux Officiers du Ministère Public près les Tribunaux<br />
Civils d’y tenir la main, à tous autres commandants et autres Officiers de la force publique d’y prêter main forte<br />
lorsqu’ils en seront légalement requis. En foi de quoi la minute du présent jugement est signée du juge et du Greffier<br />
susdits.<br />
Pour Expédition conforme collationnée à la minute.<br />
Emmanuel Désir, Greffier<br />
du CEP. Les plus fortunés n’attendent<br />
même pas la manne de 500 millions de<br />
gourdes de dotation de l’Etat pour commencer<br />
à acheter les voix des éventuels<br />
électeurs, les plus vulnérables.<br />
Devant cette perspective de<br />
débauche d’argents et de propagandes<br />
qui va déferler sur le pays, comment les<br />
responsables du MOPOD, Plateforme<br />
Pitit Desalin et les multiples groupuscules<br />
qui résistaient à la sirène électorale<br />
du CEP vont pouvoir résister ? C’est<br />
la question que tout le monde se pose.<br />
Sans compter la pression de la Communauté<br />
internationale sur les leaders<br />
de ces regroupements politiques.<br />
L’organisme électoral sous la houlette<br />
de son Président Pierre-Louis Opont qui<br />
sait comment faire monter la pression a<br />
lancé sa machine de la discorde au sein<br />
des partis et mouvements politiques<br />
jusqu’alors réfractaires et qui tentaient<br />
de gagner du temps.<br />
L’adoption d’un calendrier électoral<br />
définitif avec des dates extrêmement<br />
contraignantes pour les retardataires<br />
était le meilleur moyen de porter<br />
les rebelles à se déchirer et à se décider<br />
au plus vite. Certains au sein des différentes<br />
organisations les plus radicales<br />
ont compris cette tactique et reconnaissent<br />
que la situation devenait intenable<br />
pour eux. Au sein du Mouvement Patriotique<br />
de l’Opposition Démocratique<br />
(MOPOD) qui depuis a changé de dénomination,<br />
certains responsables ne<br />
cachaient plus leur envie de laisser<br />
ceux qui le souhaiteraient d’aller tenter<br />
leur chance aux élections si aucun<br />
consensus ne devait être trouvé. Certains<br />
partis membres de la Plateforme<br />
du MOPOD étaient confrontés au pire<br />
moment de leur existence en tant que<br />
partis politiques.<br />
A l’image du RDNP de Mirlande<br />
Hyppolite Manigat, membre du<br />
MOPOD, qui faisait face à une situation<br />
inédite dans laquelle ses dirigeants<br />
s’entredéchiraient. D’un côté une<br />
branche se demandait qu’est-ce qu’on<br />
fait au MOPOD et de l’autre un groupe<br />
s’obstinait à respecter la ligne de la<br />
Plateforme de l’opposition qui, à ce<br />
moment, n’avait pas changé d’avis sur<br />
la-non participation aux élections tant<br />
que Michel Martelly est à la tête du<br />
pays. Les modérés du RDNP optaient<br />
pour les élections quelles que soient les<br />
circonstances. Tandis que les plus radicaux<br />
ne voulaient rien entendre. Idem<br />
pour la Plateforme Pitit Desalin de l’exsénateur<br />
du Nord, Moïse Jean-Charles<br />
qui s’était prise dans cet engrenage<br />
entre les pour et les contre. L’opposant<br />
historique au Président Martelly qui<br />
est un pragmatique reconnaissait bien<br />
avant l’inscription du parti au CEP que<br />
l’opposition a perdu quelques plumes<br />
et du coup n’écartait pas l’idée que son<br />
Suite à la page (<strong>15</strong>)<br />
Vol. 8 • No. 40 • Du <strong>15</strong> au 21 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
3
Magouilles d’État ou<br />
Forum d’État ?<br />
Des compatriotes morts en mer !<br />
Par Marie Laurette Numa<br />
Le vendredi 10 avril dernier a eu lieu à<br />
l’hôtel Royal Oasis, à Pétion-Ville une<br />
réunion à la demande du gouvernement<br />
de facto Martelly-Evans Paul, des dirigeants<br />
politiques engagés dans le processus<br />
de la mascarade électorale et des membres<br />
de la société civile pour essayer selon les<br />
ordres de la Communauté internationale<br />
de trouver une stratégie pour réduire le<br />
nombre de partis politiques inscrits au<br />
CEP. Il faut rappeler que 192 partis étaient<br />
inscrits au CEP. Après vérification des dossiers,<br />
le CEP en a agréé 166. Malgré tout,<br />
la communauté internationale refuse de<br />
financer les élections avec tous ces partis<br />
politiques.<br />
Il était 11 heures du matin<br />
quand plus de 500 personnes représentant<br />
les partis politiques et les regroupements<br />
politiques ont participé à ce forum<br />
en présence des représentants des medias<br />
et de la société civile sous la direction du<br />
Premier-ministre de facto Evans Paul,<br />
flanqué de certains ministres entre autres<br />
le ministre Wilson LALEAU de l’Economie<br />
et des Finances ; Pierre Richard CASI-<br />
MIR Ministre de la Justice et de la Sécurité<br />
Publique et celui chargé des questions<br />
électorales Jean Fritz JEAN-LOUIS ; et en<br />
présence du vice-président du Conseil<br />
électoral provisoire Pierre Manigat Jr, qui a<br />
également pris la parole juste après Evans<br />
Paul<br />
Le journal Haïti Liberté et la Coordination<br />
Dessalines s’étaient déjà rendus<br />
compte de l’incapacité de ce CEP, et<br />
avaient déclaré « pas d’élections possibles<br />
avec Martelly et la Minustah » ; d’autant<br />
que les derniers évènements viennent<br />
nous donner raison. En effet, c’est après<br />
avoir donné à chaque groupement un<br />
numéro que le CEP leur demande de se<br />
regrouper, de faire des alliances. Cet acte<br />
est la preuve par quatre que les forces<br />
occupantes et le CEP de Martelly Paul ne<br />
sont pas habilités à accomplir cette tâche.<br />
Cela veut dire qu’on demande<br />
Les victimes dans une petite embarcation au large des côtes du Borgne<br />
Par Isabelle L. Papillon<br />
Certains dirigeants politiques au Forum d’Etat<br />
La table d’honneur des officiels du gouvernement et du CEP<br />
Sont-ils tous des candidats ?<br />
aux partis de «marier» leurs numéros<br />
pour mieux gagner. Pour les amateurs<br />
de la borlette voici quelques exemples<br />
de mariage qu’il faut suivre : Vérité –<br />
Inite 69X86. Mopod –Pitit Desalin :<br />
83X28 ou Fanmi Lavalas-Pitit Desalin<br />
54 X 28.<br />
Il ne faut pas rater de «jouer ce<br />
mariage» également Inite-ou Verite Pitit<br />
Desalin 69X28 ou 86X28.<br />
Quand l’OPL et Pitit Dessalines<br />
n’avaient pas été présents au forum d’Etat<br />
est ce que cela signifie qu’il nous faut également<br />
surveiller un «mariage» 33 X 28.<br />
On ne sait jamais !<br />
Fanmi Lavalas, INITE et Renmen<br />
Ayiti étaient présents mais sont partis<br />
avant la tenue des ateliers de travail.<br />
Quand vous jouez à la borlette, il vous<br />
faut miser sur toutes les possibilités. Rien<br />
n’est impossible, par exemple un «mariage»<br />
Fanmi lavalas –Inite 54 X 86 ou<br />
encore Fanmi Lavalas-Renmen Ayiti 54<br />
X 20<br />
Il semblerait que les colons occidentaux<br />
ont d’autres objectifs que les<br />
élections et le sénateur Jean-Baptiste<br />
Bien-Aimé a fait savoir tout bonnement.<br />
« Bien que le Conseil électoral ait fait des<br />
efforts pour démarrer le processus, il y<br />
a cependant des indices prouvant que<br />
la tenue des élections cette année n›est<br />
pas une ferme garantie ». Le sénateur de<br />
l’Ouest, Steven Benoit pour sa part a fait<br />
Vingt et un compatriotes ont trouvé<br />
la mort, en pleine mer, dans<br />
la nuit du mercredi 8 au jeudi 9 avril<br />
20<strong>15</strong>, dans une petite embarcation<br />
au large des côtes du Borgne. C’est<br />
la directrice de la protection civile<br />
Alta Jean-Baptiste qui a annoncé la<br />
nouvelle que les passagers avaient<br />
embarqué sur le bateau aux environs<br />
de minuit pour rejoindre l’île de<br />
Providenciales, territoire appartenant<br />
à l’archipel Turques et Caïques situé à<br />
200 km au nord d’Haïti.<br />
En raison du mauvais temps,<br />
l'embarcation quoique ayant fait demi-tour<br />
a quand même fait naufrage<br />
au large de la côte haïtienne faisant<br />
des morts et les cadavres ont été<br />
échoués sur la côte de la commune<br />
du Borgne, à l'ouest de Cap-Haïtien.<br />
Douze survivants ont pu regagner la<br />
terre ferme. Le juge de paix de la commune<br />
de Borgne a constaté 11 cadavres,<br />
dont 8 femmes et 3 hommes.<br />
Dix corps ont été récupérés directement<br />
par des proches des victimes.<br />
Toutes ces gens sont des victimes<br />
authentiques non seulement du<br />
régime en place mais également de la<br />
politique de misère établie en Haïti par<br />
la Communauté internationale particulièrement<br />
les puissances impérialistes<br />
avec leur politique économique<br />
néolibérale.<br />
savoir que « Depuis dix ans le pays est<br />
sous tutelle. Si les élections n’ont pas lieu<br />
cette année, l’Organisation des Nations<br />
unies et l’Organisation des Etats américains<br />
auront échoué sur le terrain haïtien »<br />
Et la note de réflexion de la candidate<br />
Mirlande Manigat Secrétaire Générale<br />
du RDNP a presque tout dévoilé,<br />
même les complots de Gouvernement de<br />
Transition de Thomas Shannon et de Thomas<br />
Adams : «La population demeure<br />
jusqu’ici plutôt amorphe devant les<br />
échéances électorales annoncées, malgré<br />
l’inscription, inattendue et ahurissante,<br />
de près de 200 partis et regroupements<br />
politiques. Il ne s’agit pas d’un signe de<br />
vitalité et d’intérêt pour les consultations<br />
annoncées dans un chronogramme serré<br />
et irréalisable, et le cas demeure pour moi<br />
une source de préoccupation pour la gestion<br />
de cet enthousiasme mathématique.<br />
Les conditions semblent réunies<br />
pour que ces élections n’aient pas lieu. Je<br />
ne me sens pas autorisée à affirmer que<br />
les élections n’auront pas lieu. Je ne dispose<br />
pas d’une boule de cristal révélatrice<br />
de vérités, et je ne suis pas dans le secret<br />
des décideurs en la matière, Haïtiens et<br />
Etrangers. Ce que je déduis de tous les<br />
paramètres actuellement disponibles et<br />
révélés comme des probabilités, c’est que<br />
l’aventure électorale est mal partie, et si<br />
elle se déploie, elle n’apportera aucune<br />
solution à nos problèmes. Il suffit d’effectuer<br />
un retour en arrière pour réaliser que<br />
les consultations passées depuis 1987,<br />
au lieu de résoudre les difficultés du moment,<br />
n’ont fait qu’enfoncer un peu plus<br />
le pays dans des crises inédites avec des<br />
effets cumulatifs.<br />
Seul un Gouvernement Provisoire<br />
dont l’intérêt est souvent évoqué dans<br />
des commentaires publics ou privés serait<br />
en mesure d’entreprendre la convocation<br />
de cette Assemblée constituante.<br />
Pour ce faire, il n’est point nécessaire de<br />
rassembler plus d’une trentaine de citoyens<br />
issus de secteurs variables, dotés<br />
de bon sens, réceptifs aux suggestions de<br />
la population. Mais pour mettre le texte<br />
en forme juridiquement inattaquable, il<br />
conviendrait d’en confier la rédaction à<br />
des spécialistes du Droit capables d’en<br />
respecter la lettre.<br />
Un Gouvernement Provisoire<br />
formé sur une base consensuelle, en<br />
collaboration avec les forces vives du<br />
pays (partis politiques, syndicats, associations<br />
de jeunes et de femmes, société<br />
civile), installé pour un temps défini,<br />
pourrait s’atteler à effectuer des tâches<br />
urgentes et aussi organiser calmement<br />
des élections avec un nouveau Conseil.<br />
Pour donner confiance à la population,<br />
je préconise que les citoyens qui<br />
intégreraient ce Gouvernement Provisoire,<br />
s’engagent à ne pas participer aux<br />
élections qu’ils organiseraient. Cette abstention<br />
proclamée et respectée me parait<br />
indispensable pour dissiper tout soupçon<br />
quant à l’utilisation des avantages du<br />
pouvoir pour se faire élire.<br />
…Je continue de croire qu’il vaut<br />
mieux qu’il ne termine pas son mandat<br />
afin de libérer cet espace-temps qui reste<br />
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4 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 40 • Du <strong>15</strong> au 21 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong>
Perspectives<br />
L’Assassinat de Jean Léopold Dominique est-il devenu un<br />
instrument de persécution politique ?<br />
Par Yves Pierre-Louis<br />
Depuis plus de deux décennies<br />
les dossiers des dizaines de cas<br />
d’assassinat crapuleux de personnalités<br />
politiques bien connues, tels<br />
: Antoine et Georges Isméry, Guy<br />
Malary, Jean-Marie Vincent, Jean<br />
Pierre-Louis, Félix Lamy, Jean Lamy,<br />
Jean Léopold Dominique entre autres<br />
restent toujours au niveau de la<br />
justice dans le cadre de l’enquête se<br />
poursuit. Ce qui est étonnant, parmi<br />
tous ces cas, sauf un seul, celui de<br />
Jean Dominique retient l’attention<br />
de certains journalistes et politiciens<br />
mercenaires. Ce qu’on doit rappeler,<br />
c’est que Jean Dominique luttait<br />
contre les ennemis traditionnels et<br />
de classe du peuple haïtien.<br />
En 2003-2004 s’il était<br />
présent, il aurait dénoncé tous ceux<br />
qui complotaient contre la célébration<br />
du bicentenaire de l’Indépendance<br />
d’Haïti. Aujourd’hui, ces ennemis<br />
du peuple en toute circonstance prétendent<br />
réclamer justice pour Jean<br />
Dominique en pointant du doigt les<br />
défenseurs du peuple. Dans cette<br />
entreprise malsaine, ils n’ont qu’un<br />
objectif : d’essayer de continuer à<br />
bloquer le processus démocratique<br />
de la vie politique et d’empêcher à la<br />
Justice de retrouver les vrais auteurs<br />
intellectuels de ce double assassinat.<br />
A chaque moment déterminant de<br />
l’histoire de ce pays, les ennemis du<br />
peuple de la classe dirigeante traditionnelle<br />
utilisent le dossier de Jean<br />
Dominique pour essayer de matraquer<br />
l’opinion publique et faire de la<br />
diversion pour détourner l’attention<br />
de la population sur les grands dossiers<br />
de corruption, de détournement<br />
de fonds publics et autres.<br />
Face à cette situation,<br />
les organisations populaires, estudiantines,<br />
telles : MOLEGHAF,<br />
MECHAN, MELA, GRENADH,<br />
MONOP, FOPARK… regroupées au<br />
sein du Collectif Jean Dominique des<br />
Organisations et des citoyens pour<br />
la justice sont intervenues dans les<br />
débats pour contrecarrer tous les<br />
détracteurs de ceux qui prennent la<br />
défense du peuple haïtien. Elles demandent<br />
à la justice haïtienne de rechercher<br />
les vrais coupables, de les<br />
traduire par devant la justice pour<br />
Justice pour le journaliste<br />
Jean L. Dominique<br />
que la lumière soit faite définitivement<br />
sur ce dossier.<br />
Dans une note de presse<br />
rendue publique le 9 avril<br />
20<strong>15</strong>, ces organisations réclament<br />
la fin de toutes tentatives<br />
d’instrumentalisation de l’assassinat<br />
de Jean Dominique à des fins politiques.<br />
Voici donc l’intégralité de<br />
cette note. « 3-avril 2000-3 <strong>Avril</strong><br />
20<strong>15</strong> quinze ans depuis le double<br />
assassinat du journaliste Jean L.<br />
Dominique et de son gardien Jean<br />
Claude Louissaint dans la cour de<br />
la station Radio Haïti Inter. Quinze<br />
années depuis que les criminels responsables<br />
de cet acte crapuleux<br />
reposent en toute quiétude dans le<br />
pays. La justice haïtienne, quinze<br />
années après se révèle une nouvelle<br />
fois impuissante et incapable<br />
d’appréhender ces criminels.<br />
Nous dénonçons véhément<br />
des individus sans scrupules<br />
qui tentent sous prétexte de réclamer<br />
justice pour Jean Dominique,<br />
travaillent insidieusement contre<br />
l’avancement et l’aboutissement de<br />
l’enquête sur ce crime odieux. Ces<br />
individus qui se prétendent journalistes,<br />
avocats, militants des<br />
droits de l’homme, ou encore leaders<br />
politiques mènent des actions<br />
parallèles à la justice. Ces individus<br />
négocient en dehors des magistrats<br />
instructeurs avec des témoins, leur<br />
offrant argent, emplois, protection<br />
et asile en terre étrangères.<br />
Par exemple les criminels nommés<br />
Makingtosh et Ti Kenken, qui sont<br />
parmi les exécutants du forfait ont<br />
disparu ainsi que leurs témoignages<br />
sans aucune explication crédible.<br />
Ces mêmes individus<br />
remettent en question les travaux<br />
et les conclusions réalisés par des<br />
magistrats instructeurs en charge<br />
du dossier antérieurement. C’est le<br />
cas par exemple des conclusions<br />
des Juges Claudy Gassant, et Bernard<br />
Saint-Vil entre 2000 et 2004.<br />
Ces agissements eux-mêmes criminels<br />
n’ont d’autres objectifs que<br />
d’influencer l’enquête et d’induire<br />
la justice en erreur dans le but de<br />
protéger les criminels et de priver la<br />
famille de Jean Dominique en particulier<br />
et le peuple Haïtien en général<br />
de la justice véritable.<br />
Aujourd’hui 3 avril 20<strong>15</strong>,<br />
nous récusons avec forces que des<br />
individus mal intentionnés connus<br />
pour leur passé pourfendeur<br />
notoire de la démocratie au cours<br />
des 40 dernières années, tentent<br />
d’utiliser le cadavre de Jean Dominique<br />
à des fins politiques. Jean<br />
doit être aujourd’hui renversé dans<br />
sa tombe de voir la collusion entre<br />
les forces antinationales et des<br />
intérêts obscurs tant nationaux<br />
qu’internationaux qu’il a combattu<br />
toute sa vie, tenter de récupérer<br />
politiquement sa mort dans le but<br />
unique d’entraver le retour au pouvoir<br />
des forces démocratiques et<br />
populaires du 16 décembre 1990,<br />
lors des prochaines élections.<br />
Jean Dominique luttait pour<br />
une réforme agraire juste et équitable<br />
et une insertion de la majorité<br />
paysanne dans la vie sociale,<br />
économique et politique du pays<br />
dont ils sont exclus depuis 1804.<br />
Mais une minorité toute puissance<br />
encore opérant depuis toujours<br />
contre tout projet de changement<br />
réel dans le pays s’oppose à cette<br />
démarche. Jean Dominique luttait<br />
pour la liberté de la Presse et<br />
le respect des libertés publiques. Les<br />
forces de la dictature 1957-1986<br />
reviennent au vu et au su de tout<br />
le monde et menace aujourd’hui<br />
ces libertés. Jean Dominique luttait<br />
pour la démocratie véritable et<br />
la justice sociale dans le pays, les<br />
forces du statut quo plus que jamais<br />
entendent consolider leur emprise<br />
sur le pays, mêmes si elles devaient<br />
pour cela employer la violence et<br />
des massacres sur la population.<br />
Nous réclamons la fin de toutes<br />
ces tentatives d’instrumentalisation<br />
de la mort de Jean Dominique.<br />
HAÏTI EN ONDES &<br />
SÉRUM VÉRITÉ<br />
Tous les dimanches de 2 h à 4 h p.m.<br />
Deux heures dʼinformation et dʼanalyse<br />
politiques animées par des journalistes<br />
chevronnés haïtiens à la pointe de<br />
lʼactualité tels:<br />
Guy Dorvil, Henriot Dorcent, Bedwit<br />
Dorsainvil, Jean TH Pierre-Louis,<br />
Claudy Jean-Jacques, et pour Haïti<br />
Liberté, Kim Ives.<br />
En direct avec Jean Claudel Merismas<br />
depuis Haïti.<br />
Soyez à lʼécoute sur Radyo Panou, Radyo<br />
Miramar, et plusieurs autres<br />
stations à travers le monde.<br />
Note de la Direction<br />
Que les officines souterraines de<br />
tout acabit qui travaillent contre<br />
l’avancement du dossier libèrent la<br />
justice haïtienne. Les responsables<br />
de la mort de dizaine d’enfants<br />
d’Afébril sont encore dans le pays.<br />
Après l’intoxication de nos enfants<br />
à l’Afébril et à l’éthanol, on cherche<br />
à intoxiquer l’opinion publique en<br />
inoculant le poison de la confusion<br />
pour tuer la justice. Les grands propriétaires<br />
terriens dans les plaines<br />
de l’Artibonite et de Léogane qui<br />
ont intérêt à taire Jean Dominique<br />
pour maintenir le statu quo, sont<br />
toujours dans le pays. Les anciens<br />
officiers des ex-FADH et autres<br />
trafiquants de stupéfiants en mal<br />
de respectabilité démocratique et<br />
prenant le pays en otage, sont encore-là.<br />
Enfin nous réclamons<br />
l’indépendance de la justice, et que<br />
l’enquête se dirige vers les vrais<br />
criminels. Que les auteurs et coauteurs<br />
intellectuels, les planificateurs<br />
et les exécutants de ces actes<br />
abominables soient démasqués et<br />
rendus à la justice. Il est temps et<br />
même grand temps que ces criminels<br />
soient inquiétés dans leurs<br />
sommeils. Car ces assassins sont<br />
toujours dans le pays. Que justice<br />
soit rendue pour Jean Marie Vincent,<br />
Guy Malary, les frères Isméry,<br />
les paysans de Jean-Rabel, Anil<br />
Louis-Juste, Richard Brisson, Félix<br />
Lamy, Brignol Lindor, Jacques<br />
Roche et pour tous les autres victimes<br />
travailleurs de la Presse. »<br />
Pour raison de santé, notre collaborateur Fanfan la Tulipe ne pourra<br />
faire paraître sa rubrique Twa fèy twa rasin o pendant ces quatre à six<br />
prochaines semaines. Nous lui souhaitons un bon rétablissement.<br />
Berthony Dupont<br />
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Vol. 8 • No. 40 • Du <strong>15</strong> au 21 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong><br />
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5
Kwonik Kreyòl<br />
An nou oze envante lavni!<br />
Kòdinasyon Desalin KOD<br />
Twazyèm fowòm popilè!<br />
Jodi 14 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong> lan, nan lokal « Bar<br />
de l’ère » Pati politik popilè Kòdinasyon<br />
Desalin te tanmen twazyèm fowòm li<br />
pou l te kab braselide ak tout kanmarad,<br />
zanmi, senpatizan ki vle kenbe beton<br />
mobilizasyon an olye yo antre nan<br />
souze zo eleksyon.<br />
Li te 10zè tapan lè seremoni an te<br />
konmanse pou resevwa tout delege yo.<br />
Te gen plizyè gwoup atelye sou non<br />
Makandal, Desalin, Bwa Kayiman,<br />
Pyèsili, Peralt, Jan Dominik, Anil Lwijis<br />
ak Rozalvo Bobo<br />
Diferan moun ki te patisipe nan fowòm<br />
sa a se sòti nan vil Pwovens ak nan Kapital<br />
la. Men kèk òganizasyon ki te prezan<br />
: Batay Ouvriye, MONOP, FOPARK,<br />
MECHAN, Anbake pou chanje, UNNOH,<br />
CTFP, MOPAM se nou BOUKE, Grenadier<br />
07, MELA pou site sa yo selman<br />
Nan jounal semèn pwochèn lan, n ap<br />
pibliye rezolisyon ki sòti nan kokenn<br />
aktivite sa a ki te fini vè 4trè 25 konsa.<br />
Men deklarasyon dirijan yo nan<br />
ouvèti Fowòm lan<br />
Salitasyon Patriyotik pou tout moun,<br />
manm senpatizan, zanmi Kanmarad<br />
KOD ki reponn prezan pou nou kapab<br />
chita, reflechi ansanm, pou n gade kòman<br />
nou kapab abòde lafyèv elektoral la,<br />
epi ki sa pou nou fè nan enpas sa a?<br />
Alapapòt KOD ap deklare : Yon<br />
pèp ki pa konn listwa l oubyen ki pa tire<br />
okenn leson nan istwa l, kondane nonselman<br />
pou l repete menm erè yo, men<br />
tou pou l pa janm sòti nan tribilasyon li.<br />
Premye leson nou dwe tire pèp Ayisyen<br />
depi 1806 apre sasinay Papa nou,<br />
Desalin poutèt li t ap mande pou richès<br />
peyi a pataje ak tout pitit peyi a. Desalin<br />
pat dakò ak politik « yon pati pran tout<br />
ak yon pati pa jwenn anyen » k ap kontinye<br />
jounen jodia ; kote yon ti minorite<br />
pran tout richès peyi a pou li epi grann<br />
majorite ki se pèp la, noumenm k ap<br />
viv nan Lasalin, nan Site Solèy, nan Fò<br />
Nasyonal, nan Raboto, nan Solino, sou<br />
Bèlè, yo pa kite anyen pou nou. Okontrè<br />
se nan yon esklavaj modèn nou ye.<br />
Chak fwa yo fè yon eleksyon , se<br />
ti minorite sa a ki pataje l ant yomenm<br />
nan konplisite peyi enperyalis yo, peyi k<br />
ap goumen ak Ayiti yo pou nou pa janm<br />
fè yon pa kita yon pa nago. Se sa k fè<br />
se toujou yon eleksyon-seleksyon yo fè<br />
; sèlman nan lane 1990 te gen yon bon<br />
eleksyon san okipasyon Nasyonzini,<br />
men malgre tou, Wachintonn te kraze l<br />
sèt mwa apre pou anyen pa janm chanje<br />
pou nou. Depi apre koudeta 2004 la se<br />
Meriken, Franse ak Kanadyen k ap deside<br />
eleksyon pou nou.<br />
Noumenm malere k ap bourike<br />
nan faktori yo, noumenm peyizan pòv<br />
yo, noumenm k ap travay kote se chak 9<br />
mwa nou touche yon mwa. Noumenm<br />
ki nan Batèy Sendomeng san nou pa<br />
bliye moun nan Karakòl nan tout zòn<br />
franch yo. Etidyan pitit malere-malerèz<br />
k ap bourike pou fè san sòti nan wòch.<br />
Se pa janm pou nou Klas dominant yo<br />
fè eleksyon. Se poutètsa n ap di nou pa<br />
pral nan Eleksyon Martelly-Evans Paul<br />
ak Anbasad yo ap prepare pou yo kontinye<br />
politik lamizè a, politik souse san<br />
pèp la, politik vann tout richès peyi a bay<br />
etranje a.<br />
Noumenm nan KOD nou pa<br />
ladann. Desalin pa ba nou dwa pou nou<br />
vann okenn moso nan teritwa peyi a. Li<br />
pa ba nou dwa pou n kolabore ak okenn<br />
nouvo kolon ki vle rekolonize Ayiti.<br />
Se pou sa nou di nou pa nan eleksyon<br />
Machann peyi.<br />
Si tèlman yo konnen y ap<br />
eksplwate nou, matirize nou, yo mete<br />
kanpe yon fòs Okipasyon pou sizanka<br />
nou ta vle leve kanpe pou n revandike<br />
dwa nou, pou vin tire sou nou. Lame<br />
Minustah ki la a se menm wòl ak lame<br />
kolonyal Bonapat te voye ak jeneral<br />
Leklè nan lane 1801 pou te vin retabli<br />
lesklavaj. Ki sa zansèt nou yo te fè ?<br />
Twazyèm Fowòm Kòdinasyon Desalin KOD<br />
Yo te kanpe djanm, goumen kont lame<br />
kolonyal la. Yo pat ba yo kontwòl peyi a<br />
konsa, yo pat ba yo fè eleksyon konsa.<br />
Se goumen Tousen, Desalin, Kristòf ak<br />
latriye lòt yo te goumen. Se pou sa noumenm<br />
nan Kòdinasyon Desalin, nou vle<br />
mache sou tras zansèt nou yo, se pou sa<br />
nou di Aba Minustah ! Aba Okipasyon !<br />
Fòk pèp la kontinye mobilize kont okipasyon<br />
peyi a, kont elesyopn fo mamit<br />
okipan yo ap ba nou pou yo toujou domine<br />
nou.<br />
Noumenm nan KOD, n ap di tout<br />
kanmarad, senpatizan, zanmi ki la a, pa<br />
gen wout pa bwa oubyen ou lan goumen<br />
pou chanjman oubyen ou pa ladann, w<br />
al jwenn lènmi pèp la.<br />
Noumenm nou vle rete kanpe nan<br />
kan pèp la ! Pou n pote limyè nan kalfou<br />
danjere nou ye la KOD ap repwopoze sa<br />
l te di deja nan lane 2013, nan premye<br />
fowòm li : « Pa kab gen eleksyon ak<br />
Martelly ! Pa kab gen eleksyon ak Lamòt<br />
ni ak revè li Evans Paul. Pa kab gen<br />
eleksyon onèt, lib sou Okipasyon »<br />
Se pou pèp la leve kanpe pou voye<br />
Martelly ak Evans Paul ale. Pou se yon<br />
Gouvènman Pwovizwa Popilè ki pran<br />
pouvwa ak yon Jij kou Kasasyon pou<br />
nommen yon gouvènman, sètadi yon<br />
premye minis, minis nan diferan ministè<br />
yo. Ak yon nouvo Konsèy elektoral<br />
Pwovizwa selon atik 289 Konstitisyon<br />
an, ki pou fè eleksyon san pran yon peni<br />
wouj nan men peyi enperyalis<br />
Suite à la page (18)<br />
FENK PARÈT<br />
Nou toujou kontan, chak Ayisyen<br />
te dwe kontan, kontan anpil,<br />
chak fwa li wè yon ekriven, kit se yon<br />
powèt, kit se yon romansye, kit se yon<br />
eseyis, k ap bay lang kreyòl la jarèt,<br />
k ap fè l mache ak lestonmak li byen<br />
bonbe pou l pwomnen ak anpil fyète<br />
akote lòt lang ki deja fè chimen yo nan<br />
listwa lengwisyik limanite.<br />
Men se pa tout. Youn se bay<br />
lang lan fòs, fè l kanpe djanm nan<br />
pami lòt zèv an kreyòl ki parèt deja.<br />
Yon lòt bagay se fè lang nan pwogrese<br />
antèm kalite lengwistik, antèm rafinman<br />
lengwistik, antèm anrichisman<br />
lengwistik, antèm pòte yon mesaj ki<br />
gen arevwa ak lavi a, ak rechèch yon<br />
depasman de noumenm.<br />
Se tout sa ki prezan nan<br />
rekèy pwezi Lenous Suprice sa a ki<br />
rele Soukiyaki. Tit la gen yon kiryozite<br />
ladan l, yon ti mistè ladan l. Mistè a<br />
ou dekouvri l ofil twa moman kote otè<br />
a ap deplòtonnen bèlte lang nan, toupandan<br />
l ap fè yon mesaj pase, tankou<br />
lò l ekri:<br />
Ou di m ou prèt pou eklate,<br />
lè w remake se pran sèlman<br />
y ap pran nan men<br />
w san menm yo pa rive<br />
lonje ba ou, pou piti,<br />
yon ti moso satisfaksyon<br />
Si w ap gade Soukiyaki nan<br />
orijinalite lengwistik li, li prezante<br />
tankou yon ladous-kivyen-kenèp-timoun-la-yo-se-fonn-nan<br />
bouch. Soukiyaki<br />
eksplore tout chimen limyè ki<br />
mennen pwezi a kòmsi m ta di w nan<br />
yon konkirans ki pa rans ak lakansyèl,<br />
ak ti dlo sous peyi lakay, ak yon<br />
lalin won kou boul ou ta vle mande l<br />
klere konsysans anpil moun ki pa gen<br />
FILOKTÈT<br />
Zile n ap make pa<br />
Ou poli mo ou fè dyaman<br />
Ou mitonnen pwezi anba sann cho<br />
Pou lavi pa mouri<br />
Ou menm ki jwe marèl ak lanmò<br />
Pote Mama sou kè w<br />
Jouk nan pòt simityè<br />
Eske w konnen valè powèt<br />
Ki suiv tras ou nan fèy kaye<br />
Van Lasenjan fin pot ale ?<br />
Chak riyèl nan Pòtoprens<br />
pote mak pye w<br />
Kou l fè nwa lasigal nonmen<br />
MASKAWON<br />
Twal lenj pandye sou fildefè<br />
Chen ap tranpe kasav<br />
Pou abitan nan vil Bonbad<br />
Grantoryan lage pwa grate nan jaden n<br />
Si memwa nou longè siga<br />
Fò w kwè rèv nou gen dan doukla<br />
Yon lapli demwazèl ap lave je Granri<br />
okenn konsyans. Soukiyaki souke anpil<br />
branch bwa pou fè zòtolan, toutrèl<br />
ak ramye vin mennen w dekouvri nan<br />
forè vire isit vire lòtbò lavi a, ki yo,<br />
ki ya, ki ki, ki sou, ki sa ki plòtonnen<br />
nan pwezi a pou ka deplòtonnen l, oumenm<br />
menm.<br />
F.L<br />
NOTE:<br />
An Ayiti se Communications<br />
plus ki distribye rekèy la. Yo nan<br />
24, Delmas 60, Musseau, BP 13205<br />
Delmas, Haïti - HT6120; telefòn yo:<br />
(509) 2816-0404; (509) 2230-1<strong>15</strong>0;<br />
kouryèl yo se: complusa@yahoo.com<br />
Nan Monreyal, Kanada, kontakte<br />
Éditions Trois Amériques, swa nan<br />
(514) 508-8848, swa sou kouryèl yo:<br />
editorial3americas@gmail.com<br />
non w sou pòtay<br />
Vwayaj powèt la bout<br />
Li depoze chapo l<br />
Demen granmoun a fè wonn<br />
Limen gwo boukan<br />
Pase te nan gòdèt<br />
Divage nan veye<br />
Timoun va rakonte<br />
Yo te wè Filoktèt sele chwal Desalin<br />
Yon maten mwa septanm<br />
Foumi fou te fin fou ap chèche Pyè Sili<br />
Guy-Gérald Ménard<br />
Literati anba okipasyon/<br />
literati sou okipasyon<br />
Guy-Gérald Ménard<br />
Wòl powèt yo, wòl ekriven yo, se<br />
prezante reyalite a sou divès fòm atravè<br />
kreyativite yo pou pèmèt tradisyon<br />
nou, koutim nou, kontinye fè chemen<br />
yo. Yo rakonte istwa nou, fè nou sonje<br />
ki moun nou ye, kote nou soti. Yo ede<br />
nou reflechi sou kote nou prale. Ekriven<br />
ak powèt yo se memwa nou. Literati<br />
sou okipasyon pèmèt nou pa bliye. Se<br />
sa Georges Castera di nou nan Pyè Sili:<br />
Jou apre jou mwen dòmi nan soulye m<br />
Jodi a m deside vire do bay lawont<br />
Nou sitèlman bat kò n<br />
Nou manje nan tout plat<br />
Lè libète ap boujonnen<br />
Nou rekòlte foskouch makak<br />
Guy-Gérald Ménard<br />
M pap ekri anyen pou moun/Kenbe lan<br />
kè apre san tan/Se jounen jodi/Moun<br />
ap chache/Chimen lonè/Bagay byen<br />
bèl/Bèl mèvèy sou late/Pyè Sili/Wi se<br />
li/…Yo te vin chavire lèt nou/Sou dife/<br />
Li di:Fe! sou lèlmi. Gen ekriven ak atis<br />
ki imòtalize jès ewoyik ti sòlda ayisyen<br />
sa a ki te deside se sou kadav li pou<br />
anvayisè yo te pase 28 jiyè 19<strong>15</strong>, pou<br />
yo te pran kontwòl Lasnal kote li t ap fè<br />
Suite à la page (18)<br />
6 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 40 • Du <strong>15</strong> au 21 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong>
Perspectives<br />
Haïti : Des élections à l’odeur de<br />
massacre du 29 novembre 1987 !<br />
Par Joël Léon<br />
A l’heure de l’alerte du grand drame<br />
humain se joue la tragédie de la « chronique<br />
d’une mort annoncée ». Beaucoup<br />
de penseurs estiment qu’il faut exorciser<br />
les peuples victimes de l’histoire. En<br />
leur enlevant leur innocence. Il faut les<br />
réveiller de ce profond sommeil injecté<br />
par l’ordre mondial sur mesure. C’est<br />
l’heure de grands réquisitoires et de<br />
véhémentes dénonciations. Sinon, c’est<br />
la défaite qui nous consumera. Cette<br />
fois, il faut anticiper l’histoire pour<br />
l’imposer à notre humanité. Elle est<br />
trop cruelle envers nous, dirait l’auteur<br />
de « Les Veines Ouvertes de L’Amérique<br />
». Il faut arrêter les tours et contours<br />
meurtriers de l’histoire. Cette dualité<br />
de bourreaux et victimes, agresseurs et<br />
proies touche à sa fin. Que l’or d’Haïti<br />
soit la sépulture des exterminateurs des<br />
Indiens.<br />
Par arrêté en date du 13 mars 20<strong>15</strong>,<br />
le président Joseph Martelly convoqua<br />
le peuple dans ses comices le<br />
dimanche 9 aout prochain. Brusquement<br />
après, j’ai eu un « tranchement<br />
de ventre ». Cette douleur me rappelle<br />
effroyablement l’expérience brutale de<br />
l’automne 1987 à la ruelle Vaillant,<br />
quand des électeurs furent froidement<br />
exécutés par les sbires du régime militaire<br />
du général Henry Namphy, sous<br />
les yeux coupables de l’armée. Une<br />
armée créée, équipée, subventionnée,<br />
entrainée, et soutenue sur le plan international<br />
par les Etats-Unis d’Amérique.<br />
L’armée, entretemps défunte, fut viscéralement<br />
contre les élections.<br />
Avant l’organisation des élections<br />
de 1987, il y a eu dans le pays<br />
une situation de tension similaire à<br />
celle d’aujourd’hui. Un petit rappel des<br />
événements de cette époque s’avère<br />
nécessaire. Au cours de l’été 1987,<br />
Haïti avait connu le plus grand mouvement<br />
populaire de son histoire depuis<br />
les années 1946, appelé « rachemanyòk<br />
». Ce fut le temps où les masses<br />
populaires exigeaient le départ du<br />
« conseil national de gouvernement,<br />
dit CNG », en fait une junte militaire<br />
brutale, mais réclamaient aussi clairement<br />
et avec une conviction inébranlable<br />
la direction du pouvoir politique.<br />
La classe politique inféodée aux intérêts<br />
impérialistes n’était pas en phase avec<br />
l’Esperance populaire d’alors. Trahi, le<br />
peuple fut acculé à se rendre aux urnes<br />
sans la moindre garantie de sécurité de<br />
la part des forces armées. Je dois rappeler<br />
aussi que le climat social et politique<br />
était marqué par des actes de violence<br />
quotidienne perpétrés par des groupes<br />
civilo-militaires rappelant étrangement<br />
les escadrons de la mort des années 80<br />
qui ravagèrent le Salvador de « Napoléon<br />
Duarte ». Ce fut une époque terrible,<br />
quand la jeunesse haïtienne était<br />
innocente et pure, comme des anges,<br />
affronta l’armée sanguinaire avec les<br />
mains vides. A ce moment-là, cette jeunesse<br />
représentait l’espoir de ce pays.<br />
Un espoir qui allait être souillé et vendu<br />
pour un plat de lentille.<br />
Un soir de l’été 1987, l’évêque<br />
de Jérémie, Monseigneur Willy Romulus,<br />
fut convoqué à l’ambassade<br />
américaine de Port-au-Prince accompagné<br />
d’autres leaders politiques pour<br />
recevoir l’ordre direct du département<br />
d’état, par l’intermédiaire de Mr Alvin<br />
P Adams, ambassadeur américain de<br />
l’époque. D’après un témoin oculaire,<br />
dont je me garde de citer le nom car<br />
il est un actuel ministre de ce gouvernement,<br />
M. Adams fut précis, clair et<br />
arrogant : « Il est temps de mettre fin<br />
à ce mouvement qui est contrôlé par<br />
des communistes. Que tout le monde<br />
s’engage immédiatement dès ce soir<br />
à aller aux urnes ». L’évêque de Jérémie,<br />
Mgr Willy Romulus, qui fut la voix<br />
avant-gardiste du mouvement fut donc<br />
Des électeurs furent froidement<br />
exécutés par les sbires du régime<br />
militaire du général Henry<br />
Namphy<br />
ordonné de stopper le mouvement.<br />
Ainsi, dès 5 heures du matin du jour<br />
suivant, la voix nasillarde du prélat<br />
résonnait déjà sur les ondes de toutes<br />
les stations de radio du pays invitant<br />
le peuple « al rachemanyòk nan eleksyon<br />
». Implicitement, ce fut un appel<br />
au peuple d’aller se faire massacrer et<br />
constitue en soi le premier acte apparent<br />
de trahison suprême à l’ endroit des<br />
masses revendicatives. Le soir du 28 et<br />
le jour du 29 Novembre, les assassins<br />
prenaient déjà la ville d’assaut. Les cris<br />
assourdissants, les gémissements sans<br />
fin, l’effroi étouffant intériorisèrent<br />
les esprits comme les cœurs. Ce fut<br />
l’histoire d’une classe politique lâche<br />
et anti populaire…la suite ne cesse de<br />
hanter l’esprit des témoins directs d’une<br />
journée ou la folie furieuse chantait et<br />
dansait dans les rues de la capitale<br />
et des villes de province. Sommesnous<br />
prêts à la réédition d’une telle<br />
expérience macabre.<br />
28 ans après le massacre du 29<br />
novembre, absolument dans les mêmes<br />
conditions, les leaders politiques de<br />
notre temps empruntent la même voie<br />
que celle de Mgr Romulus qui conduisirent<br />
les masses à l’abattoir de la ruelle<br />
Vaillant. Après des mois de manifestation<br />
hostile au régime domestique en<br />
place, sans aucune garantie de sécurité<br />
et d’impartialité de la part du conseil<br />
électoral provisoire-CEP, ni du pouvoir<br />
politique et de la force d’occupation,<br />
l’opposition se lance dans le processus<br />
électoral. Un conseil électoral conceptualisé,<br />
mis en place et imposé par<br />
Pamela White/Rose et Reginald Boulos.<br />
Encore une fois, les forces politiques de<br />
masses sont frappées par cette même<br />
lacune congénitale, qu’est l’absence<br />
d’organisation et de vision. Ce vide<br />
organisationnel conduit toujours à des<br />
concessions désavantageuses, voire<br />
suicidaires pour les masses. 28 ans<br />
après, nous en sommes encore là.<br />
Depuis le départ des Duvalier<br />
en 1986, les dirigeants politiques dits<br />
des masses Haïtiennes n’ont jamais<br />
priorisé l’organisation dans leur stratégie<br />
de conquête du pouvoir politique.<br />
C’est la prépondérance de « la chance<br />
qui passe, la chance à prendre » ou du<br />
« risque calculé ». Par contre, seule une<br />
organisation structurée et implantée à<br />
travers tout le pays sera capable de sortir<br />
victorieuse des forces réactionnaires<br />
locales et internationales. Seuls des leaders<br />
matures à la recherche de moralité,<br />
non de biens matériels, peuvent<br />
emmener le peuple haïtien au pouvoir.<br />
C’est-à-dire des hommes et femmes qui<br />
refusent de prendre le chemin du commun<br />
des mortels. Sans cette structure<br />
organisée dotée d’un projet politique de<br />
masse claire et de dirigeants ayant le<br />
sens de l’histoire, les élections peuvent<br />
être toujours transformées en tombeau<br />
du peuple haïtien.<br />
Dans un élan de grande compréhension<br />
et de pragmatisme politique,<br />
admettons que l’opposition déciderait<br />
de se rendre aux élections, pendant que<br />
Martelly est toujours au pouvoir. Cela<br />
se comprendrait, la réalité politique est<br />
dynamique, elle n’est pas statique. Surtout<br />
après avoir constaté la faiblesse de<br />
l’opposition à mobiliser les masses sur<br />
le plan national, ou le fait que président<br />
actuel est à quelques mois avant la fin<br />
de son mandat. Il y a un ensemble de<br />
subterfuges qu’on peut utiliser pour<br />
justifier ce revirement « louverturien ».<br />
Quoique j’avais déjà prévu cela depuis<br />
deux ans dans mes analyses que<br />
l’opposition globale irait aux élections,<br />
aujourd’hui incontournable. Cependant,<br />
l’opposition populaire devrait<br />
adopter une position honnête avec les<br />
masses. En premier lieu, donner des<br />
explications stratégiques justifiant ce<br />
revirement spectaculaire, quoique prévisible<br />
; deuxièmement de présenter<br />
une plateforme unitaire aux masses<br />
pour éviter toute confusion, troisièmement<br />
mobiliser le peuple autour d’un<br />
projet politique national et populaire.<br />
Entre autres, ce projet devrait être basé<br />
sur la reconquête de la souveraineté<br />
nationale, c’est-à-dire le départ immédiat<br />
des forces d’occupation ; la sécurisation<br />
des ressources naturelles, l’or du<br />
pays ; des réformes en profondeur dans<br />
la diplomatie haïtienne pour contrecarrer<br />
les affronts du voisin dominicain<br />
aux immigrants haïtiens ; renforcer<br />
l’unité nationale. A mon grand étonnement,<br />
nous constatons à un déchirement<br />
stérile et complice du camp progressiste<br />
pour que la droite populiste/<br />
réactionnaire conserve le pouvoir. C’est<br />
comme si ces dirigeants ne saisissent<br />
pas encore ce qui est en jeu, en tant que<br />
gardiens de la chose nationale qu’ils<br />
doivent protéger par tous les moyens.<br />
Dans une démonstration équilibrée, je<br />
vais étaler les enjeux de ces élections<br />
à coup de 60 millions de dollars américains<br />
pour son organisation.<br />
28 ans après, nous en sommes<br />
encore là, sans de véritables organisations<br />
politiques. Par contre, les enjeux<br />
sont majeurs. Les convoitises de l’international<br />
sur les richesses du pays sont<br />
plus virulentes que jamais. La velléité<br />
de détournement de l’or du pays par Bill<br />
et Hilary Clinton au profit du frère de<br />
cette dernière devrait être le ciment pour<br />
souder ensemble l’opposition populaire.<br />
De façon expéditive, Tony Rodham<br />
décrocha un contrat pour l’exploitation<br />
de l’or en Haïti, de valeur brute estimée<br />
à plus de 40 milliards de dollars,<br />
trop étendu pour la petite compagnie<br />
de Mr Rodham. Malheureusement ce<br />
n’est pas le cas, pourquoi la plateforme<br />
« PITIT DESSALINES », la « plateforme<br />
JISTIS » et MOPOD, pourquoi ne retrouveront<br />
pas Moise Jean-Charles/Newton<br />
Saint Juste/André Michel sur un même<br />
ticket pour aller aux élections ? Il y a<br />
trop d’irrationalités dans le paysage<br />
politique haïtien. La victoire ne sortira<br />
pas de l’imbroglio actuel. Les masses,<br />
encore une fois, feront les frais de l’incompréhension<br />
et de l’immaturité de<br />
ses propres dirigeants. En ce moment<br />
même, nous contemplons le cauchemar<br />
de la « chronique d’une débâcle annoncée<br />
». D’abord, le fait que le secteur<br />
progressiste de l’opposition n’arrive<br />
pas à s’unir pour affronter l’armada<br />
armée et financière du régime en place<br />
aux prochaines élections constitue un<br />
acte de défaite. L’essence stratégique<br />
devrait être axée sur la résistance nationale,<br />
comment parvenir à partir du<br />
morcellement pareil. Le camp impérialiste<br />
s’organise, se renforce et ayant à<br />
leur disposition des millions de dollars.<br />
D’ailleurs, l’ancien premier ministre<br />
Laurent Lamothe avait fait acquisition<br />
de 300 Galil, armes automatiques fabriquées<br />
en Israël. Des armes qui jusqu’à<br />
présent restent sans localisation. Donc,<br />
l’équation vol de l’or haïtien et violence<br />
est maintenant balancée avec la complicité<br />
des dirigeants dit populaires.<br />
Le risque est imminent. Aucun<br />
ne semble porter attention à la possibilité<br />
d’un autre massacre des fils et filles<br />
d’Haïti. Les militants de jadis, aveuglés<br />
par la prise du pouvoir et dépourvus<br />
Les luttes de classes en<br />
Haïti 1986-2012<br />
3) La dialectique des armes<br />
Par Zobouke Chen<br />
de tout projet politique, commettent<br />
l’erreur du siècle. A rappeler que les<br />
hésitations politiques à adopter des mesures<br />
radicales contre les complots impérialistes<br />
et de l’oligarchie des affaires<br />
conduisirent au coup d’état de 1991,<br />
dont le bilan fut catastrophique, 5000<br />
cadavres. Le coup de 2004 a fait autant<br />
de victimes au sein des masses populaires.<br />
« Les problèmes mal résolus sont<br />
sans pitié pour le repos des peuples ».<br />
Le camp impérialiste savoure<br />
déjà la victoire. Le camp national est à<br />
genoux. Allons-nous encore compter et<br />
Director: Florence Comeau<br />
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899 Franklin Avenue,<br />
Brooklyn, NY 11225<br />
Qui frappe par l’épée périra par<br />
le même p (Elois Maitre)<br />
La campagne de propagande contre<br />
Lavalas et son leader fut une étape<br />
essentielle des deux coups d’état oligarchiques<br />
de 1991 et de 2004. En<br />
1991, l’oligarchie n’avait pas réussi<br />
à fracturer le mouvement populaire et<br />
démocratique. En particulier, la gauche<br />
haïtienne était pour l’essentiel restée<br />
soudée au mouvement et au gouvernement<br />
Lavalas.<br />
En 2004, par contre, l’oligarchie<br />
et les américains avaient réussi à briser<br />
l’alliance entre la petite bourgeoisie<br />
ex-communiste et Lavalas. Ceci, parce<br />
qu’Aristide, comme nous l’avons déjà<br />
dit, s’était refusé à se contenter d’un<br />
simple rôle de figurant et à laisser le<br />
pouvoir réel entre les mains des anciens<br />
communistes. “Lan pouvwa, nan<br />
pwen separe!” L’on ne se partage pas<br />
le pouvoir, avait prévenu un ténor de<br />
l’OPL sous le premier gouvernement<br />
Préval. Par conséquent, le clan refusant<br />
l’alliance avec Lavalas rejoignit carrément<br />
l’oligarchie dans sa campagne de<br />
conquête du pouvoir. Ici, il faut avoir<br />
à l’esprit que la petite bourgeoisie ne<br />
fit, en s’alliant aux oligarques, que rejoindre<br />
ses alliés de classe et de caste<br />
traditionnels. Ici, il faudrait analyser au<br />
cas par cas “les incidences ethniques de<br />
la lutte des classes en Haïti” (Antoine<br />
G. Petit). Il y a donc des raisons personnelles,<br />
des raisons de caste et des<br />
raisons de classe à la trahison de la<br />
plus grande partie de la gauche. Bien<br />
entendu, les raisons de classe restent<br />
déterminantes en dernière instance.<br />
Une fois le mouvement démocratique<br />
affaibli ou divisé, il ne restait<br />
qu’à s’attaquer directement au gouvernement.<br />
La dialectique des armes<br />
allait remplacer l’arme de la dialectique.<br />
Du point de vue strictement militaire,<br />
les deux opérations de 1991et de<br />
2004 ont été réussies. Dans le premier<br />
cas, il s’agissait d’abord d’empêcher le<br />
peuple lavalassien de gagner les rues<br />
pour défendre son gouvernement. Ceci<br />
a été obtenu par les moyens les plus<br />
cruels, les plus atroces qui soient: en<br />
tirant sur tout ce qui bougeait dans<br />
les rues de Port-au-Prince, en particulier<br />
dans les quartiers populaires. Le<br />
peuple, déjà désorienté par le silence<br />
des radios progressistes (silence obtenu<br />
en les saccageant) et la désinformation<br />
des radios et télévisions oligarchiques,<br />
massacré à l’arme automatique dès<br />
qu’il s’avisait de sortir dans la rue, ne<br />
put se rassembler. Privé de son soutien,<br />
le gouvernement Lavalas tomba comme<br />
un fruit mur dans les mains des<br />
putschistes. Aristide n’eut la vie sauve<br />
que grâce à l’intervention forte opportune<br />
de l’ambassadeur de France.<br />
En 2004, la situation était différente.<br />
Primo, l’armée n’existait plus,<br />
ayant été dissoute par le petit prêtre.<br />
Secundo, le mouvement démocratique<br />
était plus divisé que jamais, et pour une<br />
grande partie rangé sous le commandement<br />
des oligarques. Tertio, le peuple<br />
ne savait plus à quel saint se vouer,<br />
ses revendications essentielles n’ayant<br />
pas été satisfaites par le gouvernement<br />
Lavalas. Quarto, ce gouvernement<br />
n’avait aucune force armée crédible<br />
sur laquelle il puisse compter, à part<br />
quelques dizaines de chimè concentrés<br />
à Port-au-Prince et en particulier à Cité<br />
Soleil.<br />
Suite à la page (14)<br />
enterrer nos morts, la réponse est pour<br />
demain.<br />
Note :<br />
Haïti : Quand une mine d’or signifie<br />
la mise à mort d’une nation<br />
!(mondialisation.ca)<br />
Rapport de l’ONU sur Haïti,<br />
l’année 1988<br />
Leslie Péan: L’impossible<br />
renouvellement par des élections<br />
frauduleuses (Lesly Pean-<br />
Touthaiti.com)<br />
Note de presse de « Kòdinasyon<br />
Desalin ».<br />
Vol. 8 • No. 40 • Du <strong>15</strong> au 21 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
7
Perspectives<br />
Haïti préoccupée par la recrudescence<br />
du Choléra avec la saison des pluies<br />
Nord-Est: mort d’un<br />
soldat de la Minustah<br />
Par Milo Milfort<br />
Le ministère haïtien de la santé<br />
publique et de la population<br />
(Mspp) s'est dit préoccupé par la<br />
recrudescence de l’épidémie de<br />
Choléra dans le pays depuis mars<br />
20<strong>15</strong>, en raison de la saison pluvieuse<br />
qui sévit dans le pays. « La<br />
situation est préoccupante, mais<br />
nous n’avons pas peur », a fait<br />
savoir le lundi 13 avril 20<strong>15</strong>, Dr<br />
Donald François, responsable de la<br />
question de Choléra au niveau dudit<br />
ministère.<br />
Du 1er au 11 avril 20<strong>15</strong>, sur<br />
les 568 cas d’infection vus, le pays<br />
a enregistré 4 décès, selon les derniers<br />
chiffres publiés par le Mspp. Dix<br />
communes du pays sont en alerte<br />
rouge pour être considérées comme<br />
l’épicentre de l’accroissement de<br />
la maladie. Ces communes sont<br />
entre autres Port-au-Prince avec<br />
plus de 90 nouveaux cas pour un<br />
mort enregistré et Cabaret avec une<br />
cinquantaine de nouveaux cas.<br />
Pour le mois de mars 20<strong>15</strong>,<br />
le nombre de personnes infectées<br />
s’élève à plus de 3 mille et le nombre<br />
de décès à 22, pour un taux<br />
de létalité mensuelle de 1.14%. «<br />
Les gens ont tendance à oublier<br />
l’existence de la maladie et donc<br />
négligent les principes d’hygiène »,<br />
se plaint le responsable dans une<br />
conférence de presse dénonçant le<br />
fait que jusqu’à présent, certaines<br />
personnes refusent de croire que la<br />
maladie existe véritablement. « Le<br />
Choléra y est encore. Le microbe<br />
se retrouve partout dans le pays »,<br />
persiste et signe Dr François.<br />
Pour sa part, Dr Jocelyne<br />
Pierre-Louis, responsable de la Direction<br />
de promotion de la santé et<br />
de la protection de l’Environnement<br />
(Dpspe) a rappelé les principes<br />
d’hygiène de mise dans le cadre<br />
de la lutte contre l’expansion de<br />
l’épidémie. Consommer de l’eau<br />
traitée, bien laver les fruits et légumes,<br />
se laver les mains avant les<br />
repas et après défécation, le traitement<br />
de l’eau vouée à la consommation<br />
avec du chlore, se rendre<br />
à l’hôpital en cas de diarrhée sont<br />
parmi les multiples gestes exposés<br />
par Mme Pierre-Louis.<br />
Le Choléra versus la saison<br />
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De gauche à droite Katilla Pierre, directrice de service de la direction de<br />
l’épidémiologie, de laboratoire et de recherche, le docteur Donald François,<br />
coordonateur national de la lutte contre le cholera au Ministère de la santé<br />
Publique et une inconnue<br />
des pluies ?<br />
« Ce n’est pas une condition<br />
suffisante qu’il doit y avoir recrudescence<br />
de l’épidémie avec la<br />
pluie », soutient-elle, mais plutôt,<br />
du fait que les gens continuent de<br />
faire leurs besoins à même le sol,<br />
dans les sources d’eaux et sur nos<br />
mornes qui sont emportés par la<br />
pluie jusqu’aux sources d’eau qui<br />
sont du coup contaminées.<br />
Le Choléra tend généralement<br />
à s’étendre avec la saison de pluies<br />
et cyclonique. Haïti connait des<br />
journées d’averses de pluie depuis<br />
le mois de mars qui inquiète plus<br />
d’un. La saison des pluies que connait<br />
le pays a fait au moins 6 morts<br />
et de nombreuses inondations dans<br />
certaines zones surtout à risque. «<br />
Le Choléra commence à nous constituer<br />
un problème majeur depuis<br />
mars », déclare Dr François, ajoutant<br />
que son ministère n’a pas peur<br />
en raison de certaines activités en<br />
cours d’exécution.<br />
Ces activités consisteraient<br />
au renforcement des institutions<br />
étatiques, disponibilité généralisée<br />
d’intrants, accessibilité de soins<br />
pour toute personne infectée, la<br />
réhabilitation de sources d’eau, la<br />
construction de toilettes publiques,<br />
etc.<br />
De son côté Katilla Pierre,<br />
cheffe de service Alerte et Réponse<br />
de la Direction d’Epidémiologie de<br />
Laboratoire et de Recherche, tentait<br />
de rassurer la population. « [En<br />
dépit de tout], les chiffres prouvent<br />
que la situation est sous contrôle »,<br />
assure-t-elle affirmant que le Mspp<br />
est déterminé à tenir la population<br />
informée sur l’évolution de<br />
l’épidémie dans le pays.<br />
Actuellement, le pays expérimente<br />
un plan de dix ans visant à<br />
éliminer le Choléra. Ce plan stratégique<br />
comporte les activités d’eau,<br />
de santé, de surveillance épidémiologique<br />
et d’assainissement nécessaires<br />
pour assurer l’élimination de<br />
l’épidémie et d’autres maladies en<br />
Haïti. Ce plan de lutte contenant<br />
selon une investigation menée par<br />
Ayiti Kale Je, tout ce qu’il faut pour<br />
parvenir à l’éradication de la maladie,<br />
connait des difficultés d’ordre<br />
économique du fait que son implémentation<br />
dépend foncièrement de<br />
l’aide internationale qui n’arrive<br />
pas à temps.<br />
Depuis son apparition le 20<br />
octobre 2010 au 11 avril 20<strong>15</strong>,<br />
plus de 730 mille personnes ont été<br />
infectées, pour un nombre de décès<br />
de 8 929 selon les derniers chiffres<br />
des autorités haïtiennes. Selon<br />
plusieurs enquêtes de scientifiques<br />
étrangers, l’épidémie du choléra est<br />
arrivée en Haïti avec les Casques<br />
Bleus de la force onusienne occupant<br />
le pays depuis 2004.<br />
L’Organisation des nations<br />
unies (Onu) n’a toujours pas voulu<br />
reconnaitre sa responsabilité dans<br />
l’importation de la maladie qui s’est<br />
greffée sur la situation catastrophique<br />
de l’assainissement d’un pays<br />
en mal de développement.<br />
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Le soldat chilien, Rodrigo<br />
Andres Sanhueza Soto<br />
Un soldat chilien de la Mission<br />
des Nations Unies pour Stabilisation<br />
en Haïti (MINUSTAH), Rodrigo<br />
Andrés Sanhueza Soto, a été<br />
tué à Ouanaminthe où la tension<br />
était vive le lundi 13 avril, en raison<br />
des manifestations pour réclamer de<br />
l'électricité.<br />
Il est indiqué que le soldat des<br />
forces occupantes a trouvé la mort<br />
au moment où la police appuyée<br />
par la MINUSTAH intervenait pour<br />
débloquer la nationale No 6. Des<br />
rafales de tirs venaient de part et<br />
d’autre ; un policier a été bléssé tout<br />
comme certains des manifestants.<br />
A la suite de cet incident le<br />
Docteur Claude Joizard, candidat<br />
au sénat pour le département du<br />
Nord-Est, pour les prochaines élections<br />
législatives a été arrêté ce lundi<br />
13 avril 20<strong>15</strong>. Il a été arrêté sans<br />
mandat plus précisément à Ouanaminthe,<br />
alors qu’il venait de retirer<br />
une déclaration de la Direction<br />
départementale Nord de la PNH. Il<br />
était en route pour se rendre à Portau-Prince<br />
pour participer à une<br />
réunion politique avec les dirigeants<br />
de Fanmi Lavalas. Cette arrestation<br />
est intervenue suite à une émission<br />
radio diffusée le dimanche 12 <strong>Avril</strong><br />
dernier où il demandait à la population<br />
de continuer de manifester<br />
pour revendiquer les droits fondamentaux<br />
tels : accès à l’électricité,<br />
à l’eau potable, à l’éducation, à la<br />
Santé, à la nourriture etc.<br />
Les représentants du pouvoir<br />
tètkale-kaletèt et de l’oligarchie<br />
contrebandière à Ouanaminthe<br />
l’accusent d’être à la base de<br />
l’incitation à la violence. Suite à<br />
l’arrestation illégale du Dr. Claude la<br />
population de ce département a gagné<br />
les rues ce lundi pour protester<br />
contre cet acte arbitraire. Toutes les<br />
activités ont été paralysées à Ouanaminthe,<br />
à Fort-Liberté et d’autres<br />
villes avoisinantes. La population<br />
continue de réclamer de l’électricité<br />
et l’eau potable. Le bilan de cette<br />
journée de protestation s’est soldé<br />
par la mort, d’un soldat chilien, Rodrigo<br />
Andres Sanhueza Soto de la<br />
force d’occupation, la MINUSTAH ;<br />
alors que la police a procédé à une<br />
dizaine d’arrestations, 9 à Fort-Liberté<br />
et une à Ouanaminthe.<br />
Le sénateur Jean Baptiste Bien-Aimé<br />
qui était intervenu sur différents<br />
médias de la capitale jette la<br />
responsabilité de ce qui s’est passé<br />
dans le département du Nord-Est sur<br />
les détenteurs du pouvoir tètkale.<br />
Il rappelle que depuis le 19 Mars<br />
passé le Premier Ministre de facto-<br />
GNBiste, Evans Paul, de passage à<br />
Ouanaminthe et à Fort-Liberté avait<br />
promis à la population la connexion<br />
de l’électricité au Parc de Caracol<br />
pour qu’il y ait de l’électricité 24/24,<br />
alors que rien n’a été fait jusqu’à<br />
date. On lui a vivement reproché<br />
d’avoir menti au peuple. Le chef de<br />
cabinet de l’occupant du palais national,<br />
Anne Valérie Vilfort, selon<br />
le sénateur Bien-Aimé, se trouvait<br />
le vendredi 10 avril dernier dans le<br />
département. Elle a planifié tout ce<br />
qui se passait dans le cadre d’une<br />
vague de répression contre la population<br />
qui revendique de l’électricité<br />
et de l’eau potable. La mobilisation<br />
doit se poursuivre partout à travers<br />
le pays contre le pouvoir macoute de<br />
facto GNBiste pour son départ.<br />
Par ailleurs, la Représentante<br />
spéciale du Secrétaire général des<br />
Nations Unies en Haïti (RSSG),<br />
Sandra Honoré, condamne dans les<br />
termes les plus forts l’utilisation de<br />
la violence lors d’une manifestation<br />
ayant entraîné la mort d’un soldat<br />
de la paix. Elle a demandé aux autorités<br />
haïtiennes de s’assurer qu’une<br />
enquête approfondie est menée tout<br />
en offrant l’appui de la Police des<br />
Nations Unies (UNPOL) et en appelant<br />
à ce que l’auteur de cet acte<br />
odieux soit traduit en justice sans<br />
délai.<br />
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8 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 40 • Du <strong>15</strong> au 21 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong>
Eduardo Galeano on <strong>Haiti</strong><br />
This Week in <strong>Haiti</strong><br />
by Kim Ives<br />
On Apr. 13, 20<strong>15</strong>, the influential<br />
Uruguayan writer and journalist<br />
Eduardo Galeano, 74, died of lung<br />
cancer in Montevideo. He wrote over<br />
30 books, including the seminal “Open<br />
Veins of Latin America” (1971) and<br />
the“Memory of Fire” trilogy, composed<br />
of “Genesis” (1982), “Faces and<br />
Masks” (1984), and “Century of the<br />
Wind” (1986).<br />
<strong>Haiti</strong> was a regular theme in Galeano’s<br />
work, and he wrote an exceptional<br />
speech, “<strong>Haiti</strong>, Occupied Country,”<br />
which he delivered at Uruguay’s<br />
National Library in Montevideo on Sep.<br />
27, 2011.<br />
This week, we present a few excerpts<br />
of Galeano’s writings on <strong>Haiti</strong>.<br />
From “The Open Veins of Latin<br />
America: Five Centuries of the Pillage<br />
of a Continent.”<br />
Three years after the discovery, Columbus<br />
personally directed the military<br />
campaign against the natives of <strong>Haiti</strong>,<br />
which he called Española.<br />
A handful of cavalry, 200 foot<br />
soldiers, and a few specially trained dogs<br />
decimated the Indians. More than 500,<br />
shipped to Spain, were sold as slaves in<br />
Seville and died miserably. Some theologians<br />
protested and the enslavement<br />
of Indians was formally banned at the<br />
beginning of the 16 th century.<br />
Actually it was not banned but<br />
blessed: before each military action the<br />
captains of the conquest were required<br />
to read to the Indians, without an interpreter<br />
but before a notary public, a long<br />
and rhetorical Requerimiento exhorting<br />
them to adopt the holy Catholic faith:<br />
“If you do not, or if you maliciously delay<br />
in so doing, I certify that with God’s<br />
help I will advance powerfully against<br />
you and make war on you wherever<br />
and however I am able, and will subject<br />
you to the yoke and obedience of the<br />
Church and of their majesties and take<br />
your women and children to be slaves,<br />
and as such I will sell and dispose of<br />
them as their majesties may order, and<br />
I will take your possessions and do you<br />
all the harm and damage that I can.”<br />
...<br />
In the second half of the [18 th ]<br />
century the world’s best sugar was being<br />
raised on the spongy coastal plains<br />
of <strong>Haiti</strong>, a French colony then known<br />
as Saint Domingue. Northern and western<br />
<strong>Haiti</strong> became a human antheap:<br />
sugar needed hands and more hands.<br />
In 1786 the colony brought in 27,000<br />
slaves; in the following year, 40,000.<br />
Revolution broke out in the fall of 1791<br />
and in one month, September, 200 sugar<br />
plantations went up in flames; fires<br />
and battles were continuous as the rebel<br />
slaves pushed France’s armies to the<br />
sea. Ships sailed containing ever more<br />
Frenchmen and ever less sugar. The<br />
war spilt rivers of blood, wrecked the<br />
plantations, and paralyzed the country,<br />
and by the end of the century production<br />
had fallen to almost nothing. By<br />
November 1803, almost all of the<br />
once flourishing colony was in ashes<br />
and ruins. The <strong>Haiti</strong>an revolution had<br />
coincided – and not only in time – with<br />
the French Revolution, and <strong>Haiti</strong> bore<br />
its share of the international coalition’s<br />
blockade against France: England controlled<br />
the seas. Later, as its independence<br />
became inevitable, <strong>Haiti</strong> also had<br />
to suffer blockade by France.<br />
The U.S. Congress, yielding to<br />
French pressure, banned trade with<br />
<strong>Haiti</strong> in 1806. In 1825 France recognized<br />
its former colony’s independence,<br />
but only in exchange for a huge cash<br />
indemnity. General Leclerc had written<br />
to his brother-in-law Napoleon in 1802,<br />
soon after taking prisoner the slave<br />
armies’ leader Toussaint L’Ouverture,<br />
“Here is my opinion about this country:<br />
all the blacks in the mountains, men<br />
and women, must be suppressed, keeping<br />
only the children under twelve; half<br />
the blacks in the plains must be exterminated,<br />
and not a single mulatto with<br />
epaulets must be left in the colony.”<br />
The tropics took their revenge on<br />
Leclerc: “Gripped by the black vomit,”<br />
and despite the magical incantations of<br />
[Napoleon’s sister] Pauline Bonaparte,<br />
he died without carrying out his plan....<br />
But the cash indemnity was a millstone<br />
around the necks of those independent<br />
<strong>Haiti</strong>ans who survived the bloodbaths<br />
of the successive military expeditions<br />
against them. The country was born in<br />
ruins and never recovered: today it is<br />
the poorest in Latin America.<br />
...<br />
In the first years of our [20 th ]<br />
century the philosopher William James<br />
passed the little-known judgment that<br />
the country had finally vomited the<br />
Declaration of Independence. To cite<br />
but one example: the United States occupied<br />
<strong>Haiti</strong> for twenty years and, in<br />
that black country that had been the<br />
scene of the first victorious slave revolt,<br />
introduced racial segregation and forced<br />
labor, killed 1,500 workers in one of<br />
its repressive operations (according to<br />
a U.S. Senate investigation in 1922),<br />
and when the local government refused<br />
to turn the Banque Nationale into a<br />
branch of New York’s National City<br />
Bank, suspended the salaries of the<br />
president and his ministers so that they<br />
might think again. Alternating the “big<br />
stick” with “dollar diplomacy,” similar<br />
actions were carried out in the other<br />
Caribbean islands and in all of Central<br />
America, the geopolitical space of the<br />
imperial mare nostrum.<br />
From “Memory of Fire: Genesis”<br />
1459: La Isabela<br />
Caonabó<br />
Detached, aloof, the prisoner sits at the<br />
entrance of Christopher Columbus’s<br />
house. He has iron shackles on his<br />
ankles, and handcuffs trap his wrists.<br />
Caonabó was the one who burned to<br />
ashes the Navidad fort that the admiral<br />
had built when he discovered this<br />
island of <strong>Haiti</strong>. He burned the fort<br />
and killed its occupants. And not only<br />
them: In these two long years he has<br />
castigated with arrows any Spaniards<br />
he came across in Cibao, his mountain<br />
territory, for their hunting of gold and<br />
people.<br />
Alonso de Ojeda, veteran of the<br />
wars against the Moors, paid him a<br />
visit on the pretext of peace. He invited<br />
him to mount his horse, and put on him<br />
these handcuffs of burnished metal that<br />
tie his hands, saying that they were<br />
jewels worn by the monarchs of Castile<br />
in their balls and festivities.<br />
Now Chief Caonabó spends the<br />
days sitting beside the door, his eyes<br />
fixed on the tongue of light that invades<br />
the earth floor at dawn and slowly retreats<br />
in the evening. He doesn’t move<br />
an eyelash when Columbus comes<br />
around. On the other hand, when Ojeda<br />
appears, he manages to stand up and<br />
salute with a bow the only man who<br />
has defeated him.<br />
1496: La Concepcion<br />
Sacrilege<br />
Bartholomew Columbus, Christopher’s<br />
brother and lieutenant, attends an incineration<br />
of human flesh.<br />
Six men play the leads in the grand<br />
opening of <strong>Haiti</strong>’s incinerator. The<br />
smoke makes everyone cough. The six<br />
are burning as a punishment and as a<br />
lesson: They have buried the images of<br />
Christ and the Virgin that Fray Ramon<br />
Pane left with them for protection and<br />
consolation. Fray Ramon taught them<br />
to pray on their knees, to say the Ave<br />
Maria and Paternoster and to invoke<br />
the name of Jesus in the face of temptation,<br />
injury, and death.<br />
No one has asked them why they buried<br />
the images. They were hoping that<br />
the new gods would fertilize their fields<br />
of corn, cassava, boniato, and beans.<br />
The fire adds warmth to the humid,<br />
sticky heat that foreshadows heavy<br />
rain.<br />
From “Memory of Fire: Faces and<br />
Eduardo Galeano: “<strong>Haiti</strong> is the<br />
country that is treated the worst<br />
by the world's powerful. Bankers<br />
humiliate it. Merchants ignore it.<br />
And politicians slam their doors in<br />
its face.”<br />
Christopher Columbus “personally<br />
directed the military campaign<br />
against the natives of <strong>Haiti</strong>, which<br />
he called Española. A handful<br />
of cavalry, 200 foot soldiers,<br />
and a few specially trained dogs<br />
decimated the Indians.”<br />
French Emperor Napoleon<br />
Bonaparte: “In l803, the black<br />
citizens of <strong>Haiti</strong> gave [his] troops<br />
a tremendous beating, and Europe<br />
has never for given them for this<br />
humiliation inflicted upon the<br />
white race.”<br />
Dr. François Duvalier, Presidentfor-Life<br />
of the Republic of <strong>Haiti</strong><br />
passed a law: anyone who makes<br />
“any profession of Communist<br />
faith, verbal or written, public or<br />
private, ... shall be sentenced to<br />
death.”<br />
Masks”<br />
1758: The Plains of Northern<br />
<strong>Haiti</strong><br />
Makandal<br />
Before a large assembly of runaway<br />
slaves, François Makandal pulls a yellow<br />
handkerchief out of a glass of water.<br />
“First it was the Indians.”<br />
Then a white handkerchief.<br />
“Now, whites are the masters.”<br />
He shakes a black handkerchief<br />
before the maroons’ eyes. The hour of<br />
those who came from Africa has arrived,<br />
he announces. He shakes the<br />
handkerchief with his only hand, because<br />
he has left the other between the<br />
iron teeth of the sugar mill.<br />
On the plains of Northern <strong>Haiti</strong>, onehanded<br />
Makandal is the master of fire<br />
and poison. At his order cane fields<br />
burn, and by his spells the lords of<br />
sugar collapse in the middle of supper,<br />
drooling spit and blood.<br />
He knows how to turn himself<br />
into an iguana, an ant, or a fly, equipped<br />
with gills, antennae, or wings; but they<br />
catch him anyway, and condemn him;<br />
and now they are burning him alive.<br />
Through the flames the multitude see<br />
his body twist and shake. All of a<br />
sudden, a shriek splits the ground, a<br />
fierce cry of pain and exultation, and<br />
Makandal breaks free of the stake and<br />
of death: howling, flaming, he pierces<br />
the smoke and is lost in the air.<br />
For the slaves, it is no cause for<br />
wonder. They knew he would remain<br />
in <strong>Haiti</strong>, the color of all shadows, the<br />
prowler of the night.<br />
1772: Léogane<br />
Zabeth<br />
Ever since she learned to walk she was<br />
in flight. They tied a heavy chain to her<br />
ankles, and chained, she grew up; but<br />
a thousand times she jumped over the<br />
fence and a thousand times the dogs<br />
caught her in the mountains of <strong>Haiti</strong>.<br />
They stamped the fleur-de-lis on<br />
her cheek with a hot iron. They put an<br />
iron collar and iron shackles on her and<br />
shut her up in the sugar mill, where she<br />
stuck her fingers into the grinder and<br />
later bit off the bandages. So that she<br />
might die of iron they tied her up again,<br />
and now she expires, chanting curses.<br />
Zabeth, this woman of iron, belongs<br />
to Madame Galbeaud du Fort,<br />
who lives in Nantes.<br />
1791: Bois Caïman<br />
The Conspirators of <strong>Haiti</strong><br />
The old slave woman, intimate of the<br />
gods, buries her machete in the throat<br />
of a black wild boar. The earth of <strong>Haiti</strong><br />
drinks the blood. Under the protection<br />
of the gods of war and of fire,<br />
200 blacks sing and dance the oath of<br />
freedom. In the prohibited Voodoo ceremony<br />
aglow with lightning bolts, 200<br />
slaves decide to turn this land of punishment<br />
into a fatherland.<br />
<strong>Haiti</strong> is based on the Creole language.<br />
Like the drum, Creole is the<br />
common speech of those torn out of<br />
Africa into various Antillean islands. It<br />
blossomed inside the plantations, when<br />
the condemned needed to recognize<br />
one another and resist. It came from<br />
African languages, with African melody,<br />
and fed on the sayings of Normans<br />
and Bretons. It picked up words from<br />
Caribbean Indians and from English<br />
pirates and also from the Spanish colonists<br />
of eastern <strong>Haiti</strong>. Thanks to Creole,<br />
when <strong>Haiti</strong>ans talk they feel that they<br />
touch each other.<br />
Creole gathers words and Voodoo<br />
gathers gods. Those gods are not masters<br />
but lovers, very fond of dancing,<br />
who convert each body they penetrate<br />
into music and light, pure light of undulating<br />
and sacred movement.<br />
1794: Paris<br />
“The Remedy for Man is Man,”<br />
say the black sages, and the gods always<br />
knew it. The slaves of <strong>Haiti</strong> are<br />
no longer slaves.<br />
For five years the French Revolution<br />
turned a deaf ear. Marat and<br />
Robespierre protested in vain. Slavery<br />
continued in the colonies. Despite the<br />
Declaration of the Rights of Man, the<br />
men who were the property of other<br />
men on the far plantations of the Antilles<br />
were born neither free nor equal.<br />
After all, the sale of blacks from Guinea<br />
was the chief business of the revolutionary<br />
merchants of Nantes, Bordeaux,<br />
and Marseilles; and French refineries<br />
lived on Antillean sugar.<br />
Harassed by the black insurrection<br />
headed by Toussaint L’Ouverture,<br />
the Paris government finally decrees<br />
the liquidation of slavery.<br />
1794: Mountains of <strong>Haiti</strong><br />
Toussaint Louverture<br />
He came on the scene two years ago. In<br />
Paris they called him the Black Spartacus.<br />
He was a coachman on a plantation.<br />
An old black man taught him<br />
to read and write, to cure sick horses,<br />
and to talk to men; but he learned on<br />
his own how to look not only with his<br />
eyes, and he knows how to see flight in<br />
every bird that sleeps.<br />
1802: The Caribbean Sea<br />
Napoleon Restores Slavery<br />
Squadrons of wild ducks escort the<br />
French army. The fish take flight.<br />
Through a turquoise sea, bristling with<br />
coral, the ships head for the blue mountains<br />
of <strong>Haiti</strong>. Soon the land of victorious<br />
slaves will appear on the horizon.<br />
General Leclerc stands tall at the head<br />
of the fleet. Like a ship’s figurehead,<br />
his shadow is first to part the waves.<br />
Astern, other islands disappear, castles<br />
of rock, splendors of deepest green,<br />
sentinels of the new world found three<br />
centuries ago by people who were not<br />
looking for it.<br />
“Which has been the most prosperous<br />
regime for the colonies?”<br />
“The previous one.”<br />
“Well, then, put it back,” Napoleon<br />
decided.<br />
No man, born red, black, or<br />
white can be his neighbor’s property,<br />
Toussaint L’Ouverture had said. Now<br />
the French fleet returns slavery to the<br />
Caribbean. More than 50 ships, more<br />
than 20,000 soldiers, come from France<br />
to bring back the past with guns.<br />
In the cabin of the flagship, a female<br />
slave fans Pauline Bonaparte and<br />
another gently scratches her head.<br />
1803: Fort Dauphin<br />
The Island Burned Again<br />
Toussaint L’Ouverture, chief of the<br />
free blacks, died a prisoner in a castle<br />
in France. When the jailer opened the<br />
padlock at dawn and slid back the bolt,<br />
he found Toussaint frozen in his chair.<br />
But life in <strong>Haiti</strong> moved on, and<br />
without Toussaint the black army has<br />
beaten Napoleon Bonaparte. Twenty<br />
thousand French soldiers have been<br />
slaughtered or died of fevers. Vomiting<br />
black blood, dead blood, General<br />
Leclerc has collapsed. The land he<br />
sought to enslave proves his shroud.<br />
<strong>Haiti</strong> has lost half its population.<br />
Shots are still heard, and hammers<br />
nailing down coffins, and funeral<br />
drums, in the vast ash-heap carpeted<br />
with corpses that the vultures spurn.<br />
This island, burned two centuries ago<br />
by an exterminating angel, has been<br />
newly eaten by the fire of men at war.<br />
Over the smoking earth those<br />
who were slaves proclaim independence.<br />
France will not forgive the humiliation.<br />
On the coast, palms, bent over<br />
against the winds, form ranks of spears.<br />
1816: Port-au-Prince<br />
Pétion<br />
<strong>Haiti</strong> lies in ruins, blockaded by the<br />
French and isolated by everyone else.<br />
No country has recognized the independence<br />
of the slaves who defeated<br />
Napoléon.<br />
The island is divided in two.<br />
In the north, Henri Christophe<br />
has proclaimed himself emperor. In the<br />
castle of Sans-Souci, the new black nobility<br />
dance the minuet – the Duke of<br />
Marmalade, the Count of Limonade –<br />
while black lackeys in snowy wigs bow<br />
and scrape, and blacks hussards parade<br />
their plumed bonnets through gardens<br />
copied from Versailles.<br />
To the south, Alexandre Pétion<br />
presides over the republic. Distributing<br />
lands among the former slaves, Pétion<br />
continued on p(<strong>15</strong>)<br />
Vol. 8 • No. 40 • Du <strong>15</strong> au 21 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
9
PANAMA : DISCOURS DU PRÉSIDEN<br />
VIIÈME SOMMET DES AMÉR<br />
Il était temps que je parle devant vous<br />
au nom de Cuba. On m’avait informé<br />
au départ que je devais parler huit minutes.<br />
Alors j’ai fait un gros effort, aidé de<br />
mon ministre des Relations extérieures,<br />
pour ramener mon discours à ce temps<br />
de parole. Mais comme vous me devez<br />
six Sommets, ceux d’où nous avons<br />
été exclus (rires et applaudissements),<br />
j’ai demandé au président Varela, juste<br />
avant d’entrer dans cette magnifique<br />
salle, de me céder quelques minutes de<br />
plus. Surtout après avoir écouté tant de<br />
discours si intéressants. Je ne parle pas<br />
seulement de celui du président Obama,<br />
mais aussi de celui du président équatorien<br />
Rafael Correa, de celui de la présidente<br />
Dilma Rousseff, et d’autres. Sans<br />
plus de préambules, je commencerai<br />
donc.<br />
Cher Juan Carlos Varela, président<br />
de la République du Panama ;<br />
Chers présidents et présidentes,<br />
chers et chères Premiers ministres ;<br />
Chers invités,<br />
Je tiens tout d’abord à exprimer<br />
ma solidarité à la présidente Bachelet et<br />
au peuple chilien pour les catastrophes<br />
naturelles qu’ils sont en train de souffrir.<br />
Je remercie tous les pays latinoaméricains<br />
et caribéens dont la solidarité<br />
a permis à Cuba de participer, sur<br />
un pied d’égalité, à cette réunion continentale,<br />
et le président de la République<br />
du Panama de nous avoir si aimablement<br />
invité. Mon étreinte fraternelle au<br />
peuple panaméen et à ceux de toutes les<br />
nations représentées ici.<br />
La création à Caracas, les 2 et<br />
3 décembre 2011, de la Communauté<br />
des États latino-américain et caribéens<br />
(CELAC) a ouvert une nouvelle étape<br />
dans l’histoire de Notre Amérique qui y<br />
a manifesté ouvertement le droit qu’elle<br />
avait bien gagné de vivre en paix et de<br />
se développer selon la libre décision de<br />
ses peuples, et qui s’est fixé comme<br />
objectif un avenir de développement et<br />
d’intégration, fondé sur la coopération,<br />
la solidarité et la volonté commune de<br />
préserver son indépendance, sa souveraineté<br />
et son identité.<br />
L’idéal de Simón Bolívar d’une «<br />
grande patrie américaine » inspira de<br />
vraies épopées lors des guerres d’Indépendance.<br />
Dès 1800, l’Union du nord pensa<br />
ajouter Cuba à sa frontière méridionale.<br />
C’est au XIXe siècle qu’apparurent la<br />
doctrine du Destin manifeste dans l’idée<br />
de dominer les Amériques et le monde,<br />
et la théorie du Fruit mûr selon laquelle<br />
Cuba devait graviter inexorablement<br />
vers l’Union, ce qui revenait à faire fi de<br />
la pensée émancipatrice qui se développait<br />
dans notre île.<br />
Ensuite, forte de cette conception<br />
expansionniste et hégémonique, recourant<br />
à des guerres, à des conquêtes et<br />
à des interventions, l’Union arracha à<br />
Notre Amérique une série de territoires<br />
et s’étendit jusqu’au Río Bravo.<br />
À Cuba, après l’échec de longues<br />
années de lutte, José Martí organisa «<br />
la guerre nécessaire » et créa le Parti<br />
révolutionnaire cubain en vue de la<br />
conduire et de fonder une république «<br />
avec tous et pour le bien de tous » où<br />
régnerait « la dignité pleine de l’homme<br />
».<br />
Ayant cerné et prévu avec justesse<br />
les traits saillants de son époque,<br />
Martí s’imposa le devoir « d’empêcher<br />
à temps, par l’indépendance de Cuba,<br />
que les États-Unis ne s’étendent dans<br />
les Antilles et ne retombent, avec cette<br />
force de plus, sur nos terres d’Amérique<br />
».<br />
Notre Amérique était pour lui<br />
celle où vivaient le créole, l’Indien, le<br />
Noir et le mulâtre, l’Amérique métisse et<br />
travailleuse qui devait faire cause commune<br />
avec les opprimés et les victimes<br />
du pillage. Un idéal qui, au-delà de la<br />
géographie, commence à se réaliser<br />
sous nos yeux.<br />
Aujourd’hui même, jour pour<br />
jour, le 11 avril 1898, voilà donc cent<br />
dix-sept ans, le président des États-Unis<br />
demanda au Congrès de l’autoriser à<br />
intervenir militairement dans la guerre<br />
Photo souvenir des Chefs d’état et de gouvernement au cours du sommet des Amériques au Panama<br />
d’Indépendance que les Cubains menaient,<br />
avec des interruptions, depuis<br />
près de trente ans et qu’ils étaient sur<br />
le point de gagner après avoir versé des<br />
fleuves de sang, et le Congrès adopta<br />
une Résolution conjointe trompeuse qui<br />
reconnaissait « que le peuple de l’île de<br />
Cuba [était] et, de droit, [devait] être<br />
libre et indépendant ». Les États-Unis<br />
entrèrent en alliés et s’emparèrent du<br />
pays en occupants.<br />
Notre puissant voisin imposa à<br />
la Constitution cubaine un appendice,<br />
l’Amendement Platt – du nom du sénateur<br />
qui le proposa – qui annulait de fait<br />
la souveraineté nationale, qui l’autorisait<br />
à intervenir dans nos affaires intérieures<br />
et qui laissa pour séquelle la base<br />
navale de Guantánamo, laquelle usurpe<br />
toujours une partie de notre territoire.<br />
Quand, au début du XXe siècle,<br />
les constituants cubains présentèrent<br />
leur projet de Constitution au gouverneur<br />
militaire, un général nommé par<br />
les USA, celui-ci leur précisa qu’il y<br />
manquait quelque chose ; quand ils<br />
lui demandèrent de quoi il s’agissait, il<br />
répondit : l’amendement du sénateur<br />
Platt, qui nous donne le droit d’intervenir<br />
à Cuba chaque fois que nous le<br />
jugerons nécessaire. Les Cubains protestèrent,<br />
bien entendu, mais on leur<br />
répondit : Eh ! bien, alors, nous resterons<br />
ici.<br />
Et les États-Unis recoururent à ce<br />
droit à deux reprises, jusqu’en 1934,<br />
nous envahirent de leurs capitaux, et<br />
soutinrent de cruelles dictatures.<br />
En Amérique latine, les États-<br />
Unis pratiquèrent d’abord la « politique<br />
des canonnières », puis celle du<br />
« bon voisinage ». Ils y intervinrent à<br />
différentes époques, renversèrent des<br />
gouvernements démocratiques et installèrent<br />
de terribles dictatures dans une<br />
vingtaine de pays, au point qu’à un moment<br />
donné, il y en eut une douzaine en<br />
même temps. Qui de nous ne se rappelle<br />
cette étape encore assez récente où il y<br />
avait des dictatures partout, surtout en<br />
Amérique du Sud, qui assassinèrent des<br />
centaines de milliers de personnes ? À<br />
ce titre, le président Salvador Allende<br />
nous a légué un exemple impérissable.<br />
Voilà exactement treize ans, jour<br />
pour jour, notre cher ami, le président<br />
Hugo Chávez Frías, fut victime d’un<br />
coup d’État, avorté par le peuple, puis<br />
d’un coup de main pétrolier.<br />
Le 1er janvier 1959, soixante ans<br />
après que les soldats étasuniens furent<br />
entrés à La Havane et durant lesquels<br />
les États-Unis imposèrent leur domination<br />
absolue, la Révolution cubaine<br />
triomphait et l’Armée rebelle, commandée<br />
par Fidel Castro Ruz, entrait dans<br />
La Havane – exactement soixante ans<br />
après, par ironie incompréhensible de<br />
l’Histoire ! C’est alors que le peuple cubain<br />
commença à exercer, à un prix très<br />
élevé, sa pleine souveraineté.<br />
Le 6 avril 1960, le sous-secrétaire<br />
d’État Lester Mallory décrivit dans un<br />
mémorandum pervers – je ne trouve pas<br />
d’autre qualificatif ! – rendu public des<br />
dizaines d’années plus tard, les visées<br />
du blocus : « La majorité des Cubains<br />
appuie Castro. […] il n’existe aucune<br />
opposition réelle. Le seul moyen prévisible<br />
de lui enlever cette assise interne<br />
est de provoquer le désenchantement et<br />
la désaffection basés sur l’insatisfaction<br />
et les difficultés économiques. […] …<br />
mettre en pratique au plus vite tous les<br />
moyens possibles pour affaiblir la vie<br />
économique de Cuba […] en refusant à<br />
Cuba de l’argent et des livraisons afin de<br />
réduire les salaires nominaux et réels,<br />
de provoquer la faim, le désespoir et le<br />
renversement du gouvernement. »<br />
Sachez que 77 p. 100 de la<br />
population cubain sont nés sous les<br />
rigueurs qu’impose le blocus, plus terribles<br />
mêmes que ce que s’imaginent de<br />
nombreux Cubains. Mais nos convictions<br />
patriotiques se sont imposées,<br />
l’agression a renforcé notre résistance<br />
et a accéléré le cours de la Révolution.<br />
C’est ce qui arrive quand on soumet la<br />
révolution naturelle des peuples à un<br />
harcèlement : il aboutit à encore plus de<br />
révolution, comme le prouve l’Histoire,<br />
et pas seulement à Cuba ou sur notre<br />
continent.<br />
Le blocus n’a pas démarré, d’ailleurs,<br />
en 1962, quand le président Kennedy<br />
l’a rendu officiel par sa signature.<br />
En tout cas, Kennedy – mais j’y reviendrai<br />
– a eu une initiative positive : entrer<br />
en contact avec le chef de la Révolution<br />
pour engager ce que nous avons engagé<br />
maintenant, le président Obama et moimême,<br />
sauf que son message a coïncidé<br />
avec l’annonce de son assassinat…<br />
Bref, l’agression s’est durcie. En<br />
1961, ç’a été l’invasion mercenaire<br />
de Playa Girón, parrainée et organisée<br />
par les États-Unis. Nous avons dû lutter<br />
pendant six ans contre des bandes<br />
armées qui ont touché à deux reprises<br />
tout notre pays. Comme nous n’avions<br />
pas de radars, des avions – venus d’on<br />
ne sait où – leur larguaient clandestinement<br />
des armes ; cette lutte nous a coûté<br />
des milliers de vies ; nous ne sommes<br />
pas parvenus à en calculer exactement<br />
le prix économique. Nous avons fini<br />
par liquider ces bandes armées en janvier<br />
1965, qui ont commencé à agir fin<br />
1959, dix ou onze mois après la victoire<br />
de la Révolution, alors que nous ne<br />
l’avions pas encore déclarée socialiste.<br />
Cette annonce, elle s’est faite en 1961,<br />
lors de l’enterrement des victimes des<br />
bombardements auxquels nos aéroports<br />
avaient été soumis, à la veille de l’invasion.<br />
Le lendemain, donc, notre petite<br />
armée et tout notre peuple sont partis<br />
repousser cette invasion, accomplissant<br />
l’ordre du chef de la Révolution de la<br />
liquider en moins de soixante-douze<br />
heures. Si les envahisseurs étaient parvenus<br />
à se consolider à l’endroit du débarquement,<br />
protégé par les plus grands<br />
marécages des Antilles, les Étasuniens<br />
y auraient transféré un gouvernement<br />
déjà constitué – avec Premier ministre et<br />
les autres ministres – qui se trouvait sur<br />
une base militaire de la Floride. Ce qui<br />
aurait été très facile. Et aussitôt, l’OEA,<br />
qui nous avait imposé des sanctions<br />
pour avoir proclamé des idées incompatibles<br />
avec notre continent, aurait reconnu<br />
ce gouvernement installé sur un<br />
petit morceau de notre territoire, et celui<br />
là aurait alors réclamé son aide, une<br />
aide qui se trouvait déjà à bord des bâtiments<br />
de guerre qui patrouillaient à trois<br />
milles marins de nos côtes. C’était alors<br />
les limites des eaux territoriales, qui ont<br />
été étendues maintenant à douze milles.<br />
Que devions-nous faire ? Nous<br />
rendre ? Que se serait-il passé alors à<br />
Cuba ? Combien de centaines de milliers<br />
de Cubains seraient morts ? Nous<br />
avions alors des centaines de milliers<br />
d’armes légères, nous venions à peine<br />
de recevoir les premiers chars que nous<br />
ne savions pas encore très bien manœuvrer.<br />
Nos pièces d’artillerie, nous<br />
savions les faire fonctionner, mais sans<br />
trop savoir très bien où tombaient les<br />
obus. En fait, ce que les servants, des<br />
miliciens, apprenaient le matin, ils l’enseignaient<br />
à d’autres dans l’après-midi.<br />
En tout cas, ils ont fait preuve<br />
de beaucoup de courage. On ne pouvait<br />
suivre qu’un seul itinéraire, parce<br />
que les marais environnants empêchaient<br />
les soldats de se déployer, et<br />
que les chars et les véhicules lourds<br />
ne pouvaient pas passer par là. Nous<br />
avons essuyé plus de pertes que les<br />
attaquants. Mais l’ordre de Fidel a été<br />
accompli : liquider l’invasion en moins<br />
de soixante-douze heures.<br />
Oui, la flotte étasunienne qui<br />
avait accompagné cette expédition depuis<br />
l’Amérique centrale patrouillait à<br />
trois milles de nos côtes, et on pouvait<br />
la voir.<br />
Combien la fameuse invasion<br />
de 1954 a-t-elle coûté au Guatemala<br />
? Je m’en souviens très bien parce que<br />
j’étais prisonnier sur l’île de la Jeunesse<br />
– qui s’appelait à l’époque l’île des Pins<br />
– à la suite de l’attaque de la caserne<br />
Moncada, l’année précédente. Combien<br />
de centaines de milliers de Mayas, d’autochtones<br />
et d’autres Guatémaltèques<br />
sont morts à la suite de cette invasionlà,<br />
durant toute une longue étape dont<br />
ce pays mettra des années à se remettre<br />
?<br />
Alors que nous avions déjà proclamé<br />
comme objectif le socialisme que<br />
le peuple défendit de son sang à Playa<br />
Girón, le président Kennedy – je viens<br />
de le dire – fut assassiné juste au moment<br />
où il venait d’adresser au leader<br />
de la Révolution cubaine Fidel Castro un<br />
message demandant l’ouverture d’un<br />
dialogue avec Cuba.<br />
Après avoir vu passer l’Alliance<br />
pour le progrès et payé plusieurs fois<br />
une dette extérieure qui continuait pourtant<br />
de se multiplier, l’Amérique latine<br />
se vit imposer, en tant qu’expression de<br />
l’impérialisme, un néo-libéralisme sauvage<br />
et tous azimuts qui lui fit perdre<br />
une décennie.<br />
Le projet d’ « association continentale<br />
mûre », autrement dit la tentative<br />
de nous imposer la Zone de libreéchange<br />
des Amériques (ZLEA) en<br />
association avec le démarrage de ces<br />
Sommets-ci, aurait détruit l’économie,<br />
la souveraineté et la destinée commune<br />
de nos nations si celles-ci, sous la<br />
conduite des présidents Chávez, Kirchner<br />
et Lula, ne l’avaient pas torpillé en<br />
2005 à Mar del Plata. Une année avant,<br />
Chávez et Fidel avaient lancé l’Alternative<br />
bolivarienne, aujourd’hui Alliance<br />
bolivarienne des peuples de Notre Amérique<br />
(ALBA).<br />
Excellences,<br />
J’ai fait savoir au président Barack<br />
Obama – et je le réitère aujourd’hui –<br />
que Cuba était prête, malgré nos profondes<br />
différences, à nouer un dialogue<br />
respectueux et fondé sur la coexistence<br />
civilisée entre nos deux États.<br />
Je juge comme un pas dans la<br />
Le Président Cubain Raul Castro<br />
Ruz au VIIème Sommet des<br />
Amériques, le 11 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong> !<br />
bonne direction sa récente déclaration<br />
que Cuba sera rayée rapidement de la<br />
liste – imposée par le président Reagan<br />
et sur laquelle elle n’aurait jamais dû<br />
être inscrite – des États parrainant le<br />
terrorisme.<br />
Nous, un pays terroriste ! Oui,<br />
nous avons eu des gestes de solidarité<br />
avec d’autres peuples, mais qu’on<br />
ne saurait taxer de terroristes, quand<br />
nous étions encerclés, acculés et harcelés<br />
sans répit et que notre alternative<br />
était : nous rendre ou nous battre. Vous<br />
savez très bien quel a été notre choix,<br />
avec l’appui de notre peuple. Comment<br />
supposer qu’on puisse obliger tout un<br />
peuple à faire les sacrifices qu’a faits<br />
le peuple cubain pour survivre et aussi<br />
pour appuyer d’autres nations ? (Applaudissements.)<br />
N’empêche qu’on entend<br />
dire que « la dictature castriste » a<br />
obligé le peuple cubain ! Tout comme,<br />
sans doute, elle a obligé 97,5 p. 100 de<br />
la population à voter pour le socialisme !<br />
Quand on nous a inscrits sur<br />
cette liste, c’était pourtant nous, les<br />
terroristes, qui comptions nos morts !<br />
Je n’ai plus en tête les chiffres exacts<br />
des Cubains victimes du terrorisme à<br />
Cuba et aussi à l’étranger, puisque nos<br />
diplomates en ont été aussi victimes à<br />
d’autres endroits du monde… Mes compagnons<br />
me fournissent le chiffre exact<br />
: 3 478 morts et 2 099 invalides, autrement<br />
dit des handicapés à vie ! Mais<br />
bien d’autres ont été blessés…<br />
C’étaient donc nous, les terroristes,<br />
qui comptions nos morts ! D’où<br />
provenait donc cette terreur ? Quels<br />
sont ceux qui la provoquaient ? Certains<br />
sont mêmes ici, au Panama, ces joursci,<br />
comme l’agent de la CIA, Félix Rodríguez,<br />
qui a assassiné le Che et qui lui a<br />
coupé les mains pour prouver grâce aux<br />
empreintes digitales – mais je ne sais où<br />
– qu’il était bel et bien mort. Nous avons<br />
pu ensuite récupérer son cadavre grâce<br />
à un gouvernement ami en Bolivie. Oui,<br />
mais c’était nous, les terroristes !<br />
Je demande pardon au président<br />
Obama et à d’autres personnes présentes<br />
dans cette salle de m’exprimer ainsi.<br />
Mais je lui ai dit que la passion me sort<br />
par tous les pores quand il s’agit de la<br />
Révolution. Je lui demande, donc, de<br />
m’excuser parce que le président Obama<br />
n’a aucune responsabilité dans tout<br />
cela. Combien de présidents étasuniens<br />
avons-nous vus avant lui ? Dix. Qui<br />
sont tous en dette envers nous, sauf lui.<br />
Après avoir dit tant de choses<br />
dures contre un système, il est juste<br />
que je fasse mes excuses au président<br />
Obama, parce que je pense – et je l’ai dit<br />
en privé à un certain nombre de chefs<br />
d’État et de gouvernement ici présent<br />
quand je les ai accueillis à Cuba – que<br />
c’est quelqu’un d’honnête. J’ai lu une<br />
partie de sa biographie dans les deux<br />
livres qu’il a publiés – pas au complet,<br />
je le ferai quand j’aurai plus de tranquillité.<br />
J’admire son origine modeste, et je<br />
pense que sa façon d’être répond à cette<br />
origine (applaudissements prolongés).<br />
J’ai beaucoup réfléchi avant<br />
de dire ce que je viens de dire. Je l’ai<br />
même écrit, et je l’ai supprimé ; puis je<br />
l’ai remis et ensuite je l’ai de nouveau<br />
supprimé. Finalement, je l’ai dit et j’en<br />
suis satisfait.<br />
Toutefois, le blocus économique,<br />
commercial et financier continue de<br />
s’appliquer à notre île dans toute sa<br />
rigueur, de provoquer par conséquent<br />
des dommages et des pénuries à notre<br />
peuple et s’avère l’obstacle essentiel à<br />
notre développement économique. De<br />
10 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 40 • Du <strong>15</strong> au 21 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong>
T CUBAIN RAUL CASTRO RUZ AU<br />
IQUES, LE 11 AVRIL 20<strong>15</strong> !<br />
De gauche à droite les ministres des Affaires étrangères cubain et<br />
américain Bruno Rodriguez et John Kerry<br />
portée extraterritoriale, il lèse les intérêts<br />
de tous les autres États. Il constitue une<br />
violation du droit international.<br />
Il n’est pas du tout fortuit que,<br />
depuis tant d’années, l’Assemblée<br />
générale de l’ONU vote presque à<br />
l’unanimité sa levée, hormis Israël et les<br />
États-Unis eux-mêmes. Et tant que ce<br />
blocus existera – dont le président n’est<br />
pas responsable, puisque des accords et<br />
des lois postérieurs l’ont codifié en une<br />
loi que seul le Congrès peut annuler –<br />
il faudra continuer de voter contre et<br />
appuyer le président Obama dans son<br />
intention de le supprimer (applaudissements).<br />
Une chose est de nouer des relations<br />
diplomatiques, et une autre le blocus.<br />
Je vous demande donc à tous – et la<br />
vie nous oblige – à continuer d’appuyer<br />
cette lutte contre le blocus.<br />
Excellences,<br />
Nous avons déjà exprimé publiquement<br />
notre reconnaissance au président étasunien<br />
– qui est né avant même qu’il<br />
ait été décrété - pour son intention<br />
d’engager un débat au Congrès sur la<br />
levée du blocus.<br />
Ce point précis et d’autres doivent<br />
être réglés si l’on veut normaliser les relations<br />
bilatérales.<br />
Quant à nous, nous continuerons<br />
d’actualiser notre modèle économique<br />
en vue de perfectionner notre socialisme,<br />
de progresser vers le développement<br />
et de consolider les acquis d’une<br />
Révolution qui s’est proposée de « conquérir<br />
toute la justice » pour le peuple.<br />
Ce que nous faisons et ce que nous<br />
ferons apparaît dans le programme que<br />
le congrès de notre parti a adopté en<br />
2011. Au prochain congrès, qui se tiendra<br />
l’année qui vient, nous réviserons<br />
ce que nous avons fait et tout ce qu’il<br />
nous reste encore à faire pour y arriver.<br />
Chers collègues,<br />
Je dois vous avertir que je n’en suis qu’à<br />
la moitié. Si vous voulez, je coupe ; si ça<br />
vous intéresse, je continue. Je vais me<br />
hâter un peu (rires).<br />
Le Venezuela n’est pas ni ne saurait<br />
être une menace à la sécurité nationale<br />
d’une superpuissance comme<br />
les États-Unis (applaudissements). Il<br />
est bon que le président étasunien l’ait<br />
reconnu.<br />
Je tiens à réaffirmer notre appui le<br />
plus décidé et le plus loyal à la République<br />
bolivarienne sœur du Venezuela, à<br />
son gouvernement légitime et à l’union<br />
civico-militaire que conduit le président<br />
Nicolás Maduro, au peuple bolivarien et<br />
chaviste qui lutte pour suivre sa propre<br />
voie mais qui fait face à des tentatives de<br />
déstabilisation et à des sanctions unilatérales<br />
dont nous réclamons la levée, de<br />
même que nous réclamons l’abrogation<br />
du décret de la Maison-Blanche, même<br />
Raul Castro et Barack Obama<br />
si c’est difficile parce qu’il s’agit d’une<br />
loi, ce que notre CELAC considérerait<br />
comme une contribution au dialogue et<br />
à la compréhension sur le continent.<br />
Je crois que, de tous ceux qui sont<br />
réunis ici, nous sommes de ceux qui<br />
connaissent le mieux la révolution au<br />
Venezuela, non parce que nous sommes<br />
là-bas ou que nous y exerçons une influence<br />
ou qu’eux nous racontent tout,<br />
mais parce qu’ils passent par les mêmes<br />
problèmes par lesquels nous sommes<br />
passés, nous, et qu’ils souffrent les<br />
mêmes agressions ou une partie des<br />
agressions que nous avons souffertes,<br />
nous.<br />
Nous continuerons d’appuyer les<br />
démarches de la République argentine<br />
pour récupérer les îles Malvinas, Georgia<br />
du Sud et Sandwich du Sud, et sa<br />
lutte légitime pour défendre sa souveraineté<br />
financière.<br />
Nous continuerons d’appuyer les<br />
actions de la République équatorienne<br />
face aux sociétés transnationales qui<br />
causent des dommages écologiques à<br />
son territoire et prétendent lui imposer<br />
des conditions abusives.<br />
Je tiens à reconnaître la contribution<br />
du Brésil, sous la conduite du<br />
gouvernement démocratiquement élu<br />
de la présidente Dilma Rousseff, au renforcement<br />
de l’intégration régionale et<br />
au développement de politiques sociales<br />
qui ont apporté à de vastes secteurs<br />
populaires de gros bénéfices que l’on<br />
prétend maintenant annuler dans le<br />
cadre de l’offensive en cours contre différents<br />
gouvernement de gauche dans<br />
notre région.<br />
Nous continuerons invariablement<br />
d’appuyer le peuple portoricain<br />
- latino-américain et caribéen –<br />
qui aspire à l’autodétermination et à<br />
l’indépendance, selon les termes répétés<br />
des dizaines de fois au Comité de décolonisation<br />
des Nations Unies.<br />
Nous continuerons aussi de contribuer<br />
aux négociations sur la paix en<br />
Colombie jusqu’à leur heureux dénouement.<br />
Nous devrions tous redoubler<br />
d’efforts pour appuyer Haïti, en lui<br />
fournissant non seulement une aide<br />
humanitaire, mais aussi des ressources<br />
qui contribuent à son développement,<br />
et défendre l’idée que les pays<br />
caribéens fassent l’objet d’un traitement<br />
juste et différencié dans leurs relations<br />
économiques et reçoivent des réparations<br />
pour les dommages que leur ont<br />
causés l’esclavage et le colonialisme.<br />
Nous vivons sous la menace<br />
d’énormes arsenaux atomiques qu’il<br />
faut éliminer et de changements climatiques<br />
face auxquels le temps presse.<br />
Les menaces à la paix s’aggravent et les<br />
conflits prolifèrent.<br />
Comme l’a dit Fidel Castro : « Les<br />
causes essentielles des conflits actuels<br />
sont la pauvreté et le sous-développement,<br />
ainsi que la distribution inéquitable<br />
des richesses et des connaissances<br />
en place dans le monde. On ne saurait<br />
oublier que le sous-développement<br />
et la pauvreté actuels proviennent<br />
de la conquête, de la colonisation, de<br />
l’asservissement et du pillage de la plus<br />
grande partie de la Terre par les puissances<br />
coloniales, de l’apparition de<br />
l’impérialisme et des guerres sanglantes<br />
déclenchées en vue d’un nouveau<br />
partage du monde. […] L’humanité<br />
doit prendre conscience de ce que nous<br />
avons été et de ce que nous ne pouvons<br />
continuer d’être. Notre espèce a engrangé<br />
suffisamment de connaissances,<br />
de valeurs morales et de ressources<br />
scientifiques pour s’acheminer vers une<br />
nouvelle étape historique de justice<br />
et d’humanisme véritables. Rien de<br />
l’ordre économique et politique actuel<br />
ne répond aux intérêts de l’humanité.<br />
Cet ordre est insoutenable. Il faut le<br />
changer. »<br />
Cuba continuera de défendre les<br />
idées pour lesquelles son peuple a fait<br />
les plus grands sacrifices et couru les<br />
pires risques, et au nom desquels elle<br />
s’est battue aux côtés des pauvres, des<br />
malades privés de soins médicaux, des<br />
chômeurs, des garçons et des filles livrés<br />
à leur sort ou contraints de travailler ou<br />
de se prostituer, des affamés, des discriminés,<br />
des opprimés et des exploités,<br />
autrement dit de l’immense majorité de<br />
la population mondiale.<br />
La spéculation financière, les<br />
privilèges issus de Bretton Woods et de<br />
la liquidation unilatérale de l’étalon-or<br />
sont toujours plus asphyxiants. Nous<br />
avons besoin d’un système financier<br />
transparent et équitable.<br />
On ne saurait accepter qu’une<br />
petite dizaine de sociétés, surtout étasuniennes<br />
– quatre ou cinq sur sept ou<br />
huit – décident de ce qui se lit, se voit<br />
ou s’écoute sur la planète. L’Internet<br />
doit faire l’objet d’une gouvernance internationale,<br />
démocratique et participative,<br />
surtout quant à la production de<br />
contenus. La militarisation du cyberespace<br />
est inacceptable, tout autant que<br />
l’emploi secret et illégal de systèmes<br />
informatiques pour agresser d’autres<br />
Etats. Nous ne nous laisserons pas une<br />
nouvelle fois abuser ni coloniser. Quant<br />
à l’Internet, qui est une invention fabuleuse,<br />
parmi les plus importants de ces<br />
dernières années, on pourrait dire, pour<br />
paraphraser ce que disait Ésope de la<br />
langue, que c’est la meilleure et la pire<br />
des choses<br />
Monsieur le président,<br />
À mon avis, les relations continentales<br />
doivent changer en profondeur,<br />
surtout dans les domaines politique,<br />
économique et culturel, afin que,<br />
fondées sur le droit international et sur<br />
l’exercice de l’autodétermination et de<br />
l’égalité souveraines, elles entraînent<br />
des liens mutuellement avantageux et<br />
soient axées sur la coopération dans<br />
l’intérêt de toutes nos nations et sur les<br />
objectifs fixés.<br />
L’adoption au Deuxième Sommet<br />
de la CELAC (La Havane, janvier<br />
2014) de la Proclamation de l’Amérique<br />
latine et des Caraïbes comme Zone de<br />
paix, signée par tous les chefs d’Etat et<br />
de gouvernement de Notre Amérique,<br />
a constitué une contribution capitale à<br />
cet égard, fruit de la reconnaissance de<br />
l’unité latino-américaine et caribéenne<br />
dans sa diversité<br />
Les mécanismes d’intégration<br />
authentiquement latino-américains et<br />
caribéens en cours : CELAC, UNASUR,<br />
CARICOM, MERCOSUR, ALBA-TCP,<br />
SICA et l’Association des États des<br />
Caraïbes (AEC), soulignent que nous<br />
sommes toujours plus conscients de la<br />
nécessité de nous unir si nous voulons<br />
garantir notre développement et mettre<br />
en place un ordre international plus<br />
juste.<br />
Dans cette Proclamation, nous<br />
affirmons que « les différends entre nations<br />
se régleront pacifiquement, par<br />
le dialogue et les négociations ou par<br />
d’autres formes de règlement, en plein<br />
accord avec le droit international ».<br />
Il est absolument impérieux de<br />
vivre en paix, de coopérer mutuellement<br />
pour relever des défis et régler des problèmes<br />
qui, somme toute, nous touchent<br />
et nous toucheront tous.<br />
Il faut, comme l’affirme la Proclamation<br />
de l’Amérique latine et des<br />
Caraïbes comme Zone de paix, respecter<br />
« le droit inaliénable de tout État de<br />
choisir son propre système politique,<br />
économique, social et culturel… condition<br />
essentielle pour assurer la coexistence<br />
pacifique entre les nations ».<br />
Dans cette même Proclamation,<br />
nous nous sommes engagés à « respecter<br />
strictement [notre] obligation<br />
de ne pas intervenir, directement ou<br />
indirectement, sous quelque motif que<br />
ce soit, dans les affaires intérieures de<br />
n’importe quel autre État, et d’observer<br />
les principes de l’égalité souveraine<br />
des États, de l’égalité des droits et de<br />
l’autodétermination des peuples », ainsi<br />
que « les principes et normes du droit<br />
international… et les buts et principes<br />
de la Charte des Nations Unies ».<br />
Ce document historique invite<br />
instamment « tous les États membres<br />
de la communauté internationale à respecter<br />
pleinement cette Déclaration<br />
dans leurs rapports avec les États membres<br />
de la CELAC ».<br />
Nous avons maintenant<br />
l’occasion d’apprendre ici, tous autant<br />
que nous sommes, à, comme le dit<br />
encore la Proclamation, « pratiquer la<br />
tolérance et [à] coexister en paix en tant<br />
que bons voisins ».<br />
Malgré nos divergences de fond,<br />
il est des points communs sur lesquels<br />
nous pouvons coopérer afin de pouvoir<br />
vivre dans un monde où planent tant<br />
de menaces à la paix et à la survie de<br />
l’espèce humaine.<br />
Qu’est-ce qui empêche notre continent<br />
– comme l’ont déjà affirmé certains<br />
des présidents qui m’ont précédé<br />
– de coopérer face aux changements<br />
climatiques ?<br />
Pourquoi les pays des deux<br />
Amériques, celle du Nord et celle du<br />
Sud, ne pourraient-ils pas, sans positions<br />
politiquement biaisées, lutter de<br />
concert contre le terrorisme, le trafic de<br />
drogues ou la criminalité organisée ?<br />
Pourquoi ne pas rechercher à<br />
l’unisson les ressources nécessaires<br />
pour équiper notre continent d’écoles<br />
et d’hôpitaux – même s’ils ne sont pas<br />
luxueux, des hôpitaux modestes, là où<br />
les gens meurent faute de médecins –<br />
créer des emplois, hâter l’élimination de<br />
la pauvreté ?<br />
Ne pourrait-on pas diminuer<br />
l’iniquité dans la distribution des<br />
richesses, réduire la mortalité infantile,<br />
éliminer la faim, éradiquer les maladies<br />
qu’il est possible de prévenir, supprimer<br />
l’analphabétisme ?<br />
Les pays des deux Amériques<br />
ont, l’an dernier, noué une coopération<br />
continentale pour prévenir et juguler<br />
l’Ébola et ont œuvré de concert dans ce<br />
sens, ce qui devrait nous encourager à<br />
nous fixer des objectifs supérieurs.<br />
Cuba, petit pays sans grandes<br />
ressources naturelles, a pu, malgré un<br />
contexte extrêmement hostile, garantir<br />
la pleine participation de ses citoyens à<br />
la vie politique et sociale de la nation,<br />
assurer une couverture universelle et<br />
gratuite en éducation et la santé, un<br />
système de sécurité sociale grâce auquel<br />
aucun Cubain n’est laissé à l’abandon,<br />
faire des progrès significatifs vers<br />
l’égalité des chances et dans la lutte<br />
contre toute forme de discrimination,<br />
garantir aux enfants et aux femmes le<br />
plein exercice de leurs droits, l’accès au<br />
sport et à la culture, ainsi que le droit<br />
des citoyens à la vie et à la sécurité.<br />
Malgré nos carences et nos difficultés,<br />
nous maintenons notre consigne<br />
: partager ce que nous avons. Actuellement,<br />
65 000 coopérants cubains travaillent<br />
dans 89 pays, surtout en médecine<br />
et éducation. Soixante-huit mille<br />
élèves étrangers, dont trente mille en<br />
santé, de cent cinquante-sept pays, ont<br />
fait des études de niveau universitaire<br />
et technique.<br />
Si Cuba l’a pu avec de très maigres<br />
ressources, que ne pourrait faire<br />
notre continent s’il se dotait de la volonté<br />
politique requise pour conjuguer ses<br />
efforts et coopérer avec les pays qui en<br />
ont le plus besoin ?<br />
Nous sommes venus ici, grâce à<br />
Fidel et à l’héroïque peuple cubain, accomplir<br />
le mandat de José Martí : après<br />
avoir conquis la liberté de nos propres<br />
mains, « fiers de Notre Amérique, prêts<br />
à la servir et à l’honorer… décidés à<br />
contribuer – et nous en sentond capables<br />
– à ce que l’on estime pour ses<br />
mérites et qu’on la respecte pour ses<br />
sacrifices ».<br />
Je vous demande pardon, monsieur<br />
le président et vous tous, de vous<br />
avoir pris tant de temps.<br />
Je vous remercie tous. (Applaudissements.)<br />
Traduction J-F Bonaldi, La Havane<br />
Le Grand soir 13 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong><br />
Vol. 8 • No. 40 • Du <strong>15</strong> au 21 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
11
Perspectives<br />
Meurtre policier en Caroline du Sud<br />
Par Joseph Kishore<br />
Michael Slager<br />
Walter Scott, âgé de 50 ans<br />
Des responsables de l’Etat de Caroline<br />
du Sud ont inculpé un agent<br />
de police de North Charleston, Michael<br />
Slager, du meurtre samedi dernier de<br />
Walter Scott, âgé de 50 ans et père de<br />
quatre enfants. Cette décision fut prise<br />
seulement après la diffusion d'une vidéo<br />
enregistrée sur le portable d’une<br />
personne ayant vu le meurtre. Elle a<br />
été fournie au New York Times par un<br />
avocat de la famille de Scott.<br />
La vidéo montre un meurtre délibéré<br />
et sans équivoque ainsi qu’une<br />
tentative de camouflage. Scott et Slager<br />
sont ensemble sur un terrain vague.<br />
Scott, sans armes, commence à se séparer<br />
de Slager en courant, celui-ci<br />
prend alors son arme et tire huit balles<br />
dans le dos de Scott à une distance<br />
d’environ 7 mètres.<br />
Le policier marche alors tranquillement<br />
vers Scott qui ne bouge plus,<br />
lui demandant en hurlant de mettre les<br />
mains derrière le dos. Scott ne répond<br />
pas mais Slager se met à lui passer les<br />
menottes. Puis il retourne en trottant au<br />
site de la confrontation initiale, ramasse<br />
ce qui semble être un pistolet paralysant<br />
Taser, et le laisse tomber près du<br />
corps sans vie. Un second officier arrivé<br />
sur la scène est témoin de cette tentative<br />
de camoufler le crime.<br />
Aucune tentative n'est faite pour<br />
administrer la RCP (réanimation cardiopulmonaire)<br />
ni pour fournir d'autres<br />
secours à Scott, qui est allongé sur le<br />
ventre dans la boue. Son décès fut par<br />
la suite constaté sur les lieux.<br />
Le meurtre de Scott expose non<br />
seulement la violence sauvage exercée<br />
au quotidien par la police dans les villes<br />
américaines, mais aussi le modus operandi<br />
utilisé pour justifier ces actes.<br />
Dans les trois jours séparant le tournage<br />
de la vidéo de sa diffusion, la police<br />
et les responsables locaux avaient,<br />
avec la collaboration des médias, fourni<br />
les rationalisations et les mensonges<br />
habituels.<br />
Le policier s’était « senti menacé<br />
le week-end dernier lorsque<br />
l'automobiliste qu'il avait interpellé à<br />
cause d' un phare brisé avait tenté de<br />
le maîtriser et de prendre son pistolet<br />
paralysant Taser, » a rapporté lundi le<br />
journal régional Post and Courier. Le<br />
journal disait encore que Scott avait un<br />
casier judiciaire et que le policier craignait<br />
pour sa vie. La police avait effectué<br />
une RCP mais on n’avait rien pu faire.<br />
Pour tout dire, « c'était un ‘incident<br />
tragique’ » aurait dit l'avocat de<br />
Slager.<br />
Rien que des mensonges, démasqués<br />
seulement grâce à la vidéo. Walter<br />
Scott Sr., le père de la victime, a souligné<br />
dans une interview à NBC mercredi<br />
que sans la vidéo, « Cela n'aurait<br />
jamais été révélé. Ils l'auraient balayé<br />
sous le tapis, comme ils l’ont fait avec<br />
tant d'autres meurtres ». Il a ajouté « de<br />
la façon dont il tirait avec cette arme,<br />
on aurait dit qu'il essayait de tuer un<br />
cerf. »<br />
Le meurtre de Scott est un acte<br />
horrible, mais ce n'est pas une aberration.<br />
Selon le site Internet killedbypolice.net,<br />
312 personnes ont été tuées<br />
par des policiers jusqu'à présent cette<br />
Suite à la page (16)<br />
Afrique : Du devoir des africains<br />
de redresser un continent<br />
entièrement chamboulé<br />
parfaitement leur partition dans la<br />
consolidation de l’occidentalisation du<br />
monde. Devenus l’élite, construite de<br />
l’extérieur pour remplacer la gouvernance<br />
authentiquement africaine qui<br />
a fait ses preuves dans les phases historiques<br />
les plus brillantes de l’Afrique,<br />
ces nouveaux Africains moulés à<br />
l’aune du projet colonial global vont<br />
constamment violer la société africaine<br />
pour l’obliger à se débarrasser davantage<br />
de sa personnalité. Cette élite a<br />
ainsi le fondement de son pouvoir dans<br />
l’entreprise de démolition de la société<br />
africaine engagée directement par les<br />
Suite à la page (16)<br />
Sommet des Amériques:<br />
A Panama, un continent<br />
s'est révolté<br />
Nicolas Maduro, Evo Morales et leur homologue équatorien Rafael<br />
Correa, respectivement, ont mis l'accent sur les sanctions économiques<br />
imposées au Venezuela et sur l'ingérence que les Etats-Unis exercent sur<br />
les pays de la région<br />
Par Aram Aharonian<br />
Les présidents latino-américains ont<br />
profité de la présence de leur homologue<br />
nord-américain Barack Obama<br />
pour le réprimander pour la politique de<br />
son gouvernement en ce qui concerne<br />
les pays de la région. Le président bolivien<br />
a rendu Washington responsable<br />
du fait que le septième Sommet des<br />
Amériques, à Panama, se soit clôturé<br />
sans document final. "Je regrette beaucoup<br />
de dénoncer au monde entier le<br />
fait qu'il n'est pas possible que le Gouvernement<br />
des Etats-Unis, avec un certain<br />
pays, quittent cette rencontre sans<br />
document, sans résolution", a déclaré<br />
en clair Evo Morales.<br />
Ce qui est sûr, c'est qu'il y a eu un<br />
score de 33 à 2. Les chanceliers des 33<br />
pays d'Amérique Latine et des Caraïbes,<br />
après approbation de leurs chefs d'Etat,<br />
étaient d'accord avec l'approbation du<br />
document, mais les 2 du nord, les<br />
Etats-Unis et le Canada, ont dit non car<br />
ils pensent que la santé n'est pas un<br />
droit de l'homme, ils font des réserves<br />
sur le transfert de technologies (ils couvrent<br />
nos pays avec la leur) et qu'on ne<br />
devait pas exiger la levée des sanctions<br />
des Etats-Unis envers le Venezuela.<br />
Le document n'a pas pu être approuvé<br />
parce que, selon les normes de l'OEA, il<br />
doit y avoir consensus. C'est pourquoi,<br />
ce fut un score de 33 à 2.<br />
Le président vénézuélien, Nicolas<br />
Maduro, Evo Morales et leur homologue<br />
équatorien Rafael Correa, respectivement,<br />
ont mis l'accent sur les<br />
sanctions économiques imposées au<br />
Venezuela et sur l'ingérence que les<br />
Etats-Unis exercent sur les pays de la<br />
région. La présidente argentine, Cristina<br />
Kirchner, a aussi critiqué le décret<br />
états-unien qui qualifie le Venezuela<br />
de menace pour la première puissance<br />
mondiale, qu'elle a appelé "une injustice<br />
et un malheur".<br />
Peu avant le début du Sommet,<br />
les Etats-Unis ont essayé de "faire<br />
baisser" la tension provoquée par le<br />
décret signé par Obama disant que "le<br />
Venezuela constituait un danger pour la<br />
sécurité des Etats-Unis". Thomas Shannon,<br />
délégué d'Obama, a rencontré le<br />
Président du Venezuela pour lui dire<br />
que "les Etats-Unis ne croient pas que<br />
le Venezuela représente une menace<br />
pour notre sécurité nationale", niant le<br />
contenu du décret en question.<br />
La fermeté avec laquelle ont<br />
répondu les peuples et plusieurs gouvernements<br />
de Notre Amérique et les<br />
11 millions de signatures vénézuéliennes<br />
demandant l'annulation de ce<br />
Décret ont motivé cette "retraite tactique"<br />
- vraisemblablement due aux<br />
circonstances - de la diplomatie nordaméricaine.<br />
Pour la presse hégémonique, le<br />
plus important fut la photo de la "conversation<br />
informelle" de Raúl Castro et<br />
de Barak Obama, après 56 ans de "divorce"<br />
entre les deux pays. Le président<br />
cubain l'annonçait ainsi: "Nous sommes<br />
disposés à discuter de tout. Mais<br />
Suite à la page (16)<br />
Par Komla KPOGLI<br />
Nana Christian ESTROSI IV, Roi des rois en Côte d'Ivoire....<br />
Reconfigurés* progressivement<br />
par les divers peuples qui les ont dominés<br />
depuis l’Egypte pharaonique, les<br />
Africains sont engagés dans la voie du<br />
non-retour du renoncement à soi au VI-<br />
Ième siècle avec l’islamisation avancée<br />
de leurs terres. Avec l’avènement des<br />
razzias négrières transatlantiques au<br />
XVème siècle, les Africains avaient touché<br />
le fond du renoncement à soi.<br />
Du matriarcat, la société africaine<br />
est devenue patriarcale. Du pouvoir<br />
fondé sur des chartes sociales en<br />
étroite liaison avec les ancêtres et les<br />
problèmes à résoudre dans le présent<br />
et dans l’avenir, l’Afrique est passée<br />
à une nouvelle légitimité calquée sur<br />
l’absolutisme royaliste du type occidental.<br />
D’une terre non commercialisable<br />
vouée à une agriculture orientée<br />
vers les besoins intérieurs, l’Afrique<br />
est passée prioritairement aux cultures<br />
intensives d’exportation. Transformés<br />
en collaborateurs et en messager-consommateurs<br />
par leurs différents conquérants,<br />
les Africains sont pourvus de<br />
nouvelles religions, d’une nouvelle morale,<br />
de nouvelles institutions, de nouvelles<br />
langues... Ainsi, renoncent-ils<br />
lentement mais sûrement à leur propre<br />
génie linguistique qui se trouve relégué<br />
au rang de vernaculaires incapables<br />
d’être modernisées, et donc condamnées<br />
à une mort lente. Pour preuve, les<br />
parents africains laminés et refaits euxmêmes,<br />
brillent de fierté de savoir et de<br />
faire savoir que leurs enfants, ignorant<br />
leurs langues maternelles, ne parlent<br />
plus que l’arabe, le français, l’anglais,<br />
l’espagnol, le portugais, plus actuellement<br />
le chinois.<br />
Habillés par l’industrie étrangère,<br />
beaucoup d’Africains ne s’estiment<br />
« grand quelqu’un » qu’en costumecravaté.<br />
Aussi bien la fameuse élite<br />
au sommet que le petit paysan qui, le<br />
dimanche, assiste à la messe dans son<br />
costume acquis dans la friperie à un<br />
prix mille fois moindre qu’une tenue localement<br />
confectionnée, chacun érode<br />
petit à petit jusqu’aux spécificités vestimentaires,<br />
ne serait-ce qu’en tenant<br />
compte du climat tropical.<br />
Inscrits de force dans un premier<br />
temps, puis de leur plein gré à l’école<br />
coloniale d’où beaucoup sortent « bardés<br />
de diplômes », les Africains jouent<br />
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12 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 40 • Du <strong>15</strong> au 21 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong>
Perspectives<br />
Rockland County, NY:<br />
Le plus vieux couple haïtien honoré<br />
pour son 82è anniversaire de mariage<br />
Le vendredi 10 <strong>Avril</strong>, le Bureau<br />
de l'état de New York<br />
pour les nouveaux américains a<br />
présenté un certificat de reconnaissance<br />
pour honorer deux<br />
haïtiens, Duranord et Jeanne<br />
Veillard, qui sont le couple le<br />
plus longtemps marié du comté<br />
de Rockland. Duranord et<br />
Jeanne ont récemment célébré<br />
leur 82e anniversaire.<br />
La cérémonie a eu lieu au<br />
bureau du comté de Rockland<br />
pour les Nouveaux Américains<br />
Opportunity Center, HASCO<br />
Community Center. Jorge Montalvo,<br />
secrétaire d'Etat adjoint<br />
et directeur du Bureau de New<br />
York pour les nouveaux américains,<br />
a présenté le certificat aux<br />
Vieillards au nom du nouveau<br />
Secrétaire de l’Etat de New York,<br />
Cesar Perales.<br />
Duranord et Jeanne sont<br />
des immigrants haïtiens arrivés<br />
à New York en 1968. Duranord<br />
a célébré son 108e anniversaire<br />
en février dernier, et Jeanne va<br />
célébrer son 103e anniversaire<br />
ce mois-ci.<br />
De gauche à droite: Kyle Athayde, coordonnateur du Bureau<br />
des Nouveaux Américains sensibilisation communautaire;<br />
Marie Yolaine, fille de Duranord et Jeanne Veillard; Jocelyne<br />
Mayas, analyste avec le Bureau de Nouveaux Américains;<br />
Hattie Quarnstrom-Figueroa, gestionnaire du Bureau de<br />
Nouveaux Américains; Jorge Montalvo, secrétaire d'Etat<br />
adjoint et directeur du Bureau de New York pour les<br />
nouveaux Américains; Yvons Louis, membre du conseil du<br />
HASCO, Centre communautaire; Duranord Veillard (assis);<br />
Jeanne Veillard (assise)<br />
New Jersey:<br />
Le HSNNE honore Yves<br />
Aubourg et Kim Ives<br />
Le samedi 11 avril au<br />
Caldwell University à<br />
Caldwell, NJ, le Réseau de solidarité<br />
avec Haïti du Nord-Est<br />
(<strong>Haiti</strong> Solidarity Network of<br />
the North East ou HSNNE) a<br />
honoré Yves François Aubourg,<br />
conseiller municipal de Roselle,<br />
NJ, et Kim Ives, journaliste et<br />
rédacteur au journal Haïti Liberté.<br />
Le HSNNE a<br />
accordé à M. Aubourg le prix<br />
“Zanmi Ayiti Award” et à M.<br />
Ives le prix pour droits humains,<br />
“Human Rights Award.”<br />
Le HSNNE a été fondé<br />
en 1993 par le père catholique<br />
Jack Martin. L’organisation est<br />
administrée aujourd’hui par<br />
Georgette Delinois, Clauvice St.<br />
Hilaire, Pat Stringer, et le Père<br />
Gene Squeo, parmi d’autres.<br />
Sa mission est de soutenir la<br />
lutte du peuple haïtien contre<br />
la misère et l’injustice et de<br />
l’accompagner vers l’autodétermination.<br />
Le conseiller municipal de Roselle, NJ Yves Aubourg (centre<br />
droit) et le journaliste d’Haïti Liberté Kim Ives (centre<br />
gauche) avec les responsables du Réseau de solidarité avec<br />
Haïti du Nord-Est (HSNNE).<br />
Le plaque présentée à M.<br />
Aubourg fait état de son “service<br />
dans les conseils publics<br />
qui a fait la fierté de tous les<br />
Américains d’origine haïtienne.”<br />
M. Ives a reçu des<br />
Natacha Alexandre<br />
remerciements pour son « plaidoyer<br />
inlassable et dévoué à<br />
l’appui du peuple haïtien en<br />
tant que militant inébranlable,<br />
journaliste, documentariste, et<br />
animateur de radio. »<br />
Venezuela : la CIA accusée par ses propres<br />
documents Michel Collon<br />
Depuis quelques années, la<br />
CIA ‘arrose’ toutes sortes<br />
d’organisations au Venezuela<br />
: les partis politiques de droite<br />
et un ensemble d’associations<br />
présentées comme émanant de<br />
la ‘société civile’ mais qui en réalité<br />
servent de paravent pour<br />
attaquer le gouvernement et<br />
préparer son renversement « à<br />
la chilienne ». (Extrait du livre<br />
Les sept péchés d'Hugo Chavez<br />
de Michel Collon)<br />
2002 : Washington<br />
derrière le coup d’Etat<br />
L’affrontement est devenu inévitable.<br />
Et il se prépare depuis<br />
Washington. Le 25 février<br />
2002, Charles Shapiro est désigné<br />
comme nouvel ambassadeur<br />
des Etats-Unis à Caracas.<br />
Ce n’est pas n’importe qui.<br />
Ca fait vingt-quatre ans qu’il<br />
s’occupe de l’Amérique Latine.<br />
Il était conseiller militaire à<br />
l’ambassade US de Santiago du<br />
Chili lors du coup d’Etat fasciste<br />
contre Allende en 1973. Il a été<br />
en poste cinq ans au Salvador<br />
Nicolas Maduro<br />
au plus fort de la répression<br />
militaire dans ce pays.<br />
Au même moment, plusieurs<br />
hauts gradés de l’armée<br />
vénézuélienne appellent publiquement<br />
à se débarrasser de<br />
Chavez. Ils sont soutenus par la<br />
hiérarchie de l’Eglise catholique,<br />
toujours très proche des Etats-<br />
Unis et de la haute bourgeoisie<br />
locale. Les évêques refusent le<br />
dialogue proposé par le gouvernement.<br />
En février également,<br />
Carlos Ortega, leader du syndicat<br />
droitier CTV, rencontre à<br />
Washington les dirigeants du<br />
syndicat AFL-CIO. Comme il a<br />
été démontré par des historiens<br />
(1), ce syndicat a souvent servi<br />
d’intermédiaire pour transmettre<br />
des fonds de la CIA à des organisations<br />
d’opposants dans certains<br />
pays sensibles.<br />
Au Chili, par exemple,<br />
l’AFL-CIO a aidé l’administration<br />
Nixon et les multinationales US<br />
à renverser le gouvernement<br />
d’Unité Populaire : transferts de<br />
fonds vers les mouvements contre-révolutionaires<br />
: plus de huit<br />
millions de dollars selon le New<br />
York Times du 24 septembre<br />
1974, création de groupes paramilitaires<br />
pour terroriser les militants<br />
de gauche, assistance à la<br />
grève des propriétaires de camions<br />
qui paralysa l’économie<br />
pour créer le chaos, formations<br />
en leadership c’est-à-dire à<br />
l’agitation anti-Allende…<br />
Henry Kissinger a reconnu<br />
que les programmes<br />
d’éducation en question avaient<br />
été un élément important de la<br />
politique US contre le Chili. (2)<br />
Bref, au niveau de ces dirigeants,<br />
on devrait plutôt parler<br />
d’AFL-CIA.<br />
Mais l’élément-clé du<br />
complot anti-Chavez est incontestablement<br />
Otto Reich...<br />
Un fameux passé ! Il a joué<br />
un rôle décisif dans la déstabilisation<br />
du gouvernement<br />
de gauche au Nicaragua dans<br />
les années 80. Il est en étroite<br />
relation avec Orlando Bosch,<br />
un des plus grands terroristes<br />
du continent latino-américain,<br />
impliqué dans l’attentat contre<br />
un avion de ligne cubain en<br />
1976, l’assassinat du général<br />
chilien Letellier en 1978 et de<br />
nombreux autres actes terroristes.<br />
C’est à un tel homme que<br />
George Bush a confié le poste<br />
de vice-ministre US des Affaires<br />
étrangères pour l’Amérique<br />
Latine entre 2002 et 2004.<br />
En ce début de l’année<br />
2002, Otto Reich se réunit<br />
fréquemment avec les chefs de<br />
l’opposition vénézuélienne. Et<br />
particulièrement avec Pedro Carmona,<br />
président de Fedecamaras,<br />
la fédération des patrons.<br />
La CIA accusée par ses<br />
propres documents<br />
Depuis quelques années, la<br />
CIA ‘arrose’ toutes sortes<br />
d’organisations au Venezuela<br />
: les partis politiques de droite<br />
et un ensemble d’associations<br />
présentées comme émanant de<br />
la ‘société civile’ mais qui en<br />
réalité servent de paravent pour<br />
attaquer le gouvernement et<br />
préparer son renversement « à la<br />
chilienne » : Consorcio Justicia,<br />
Accion Campesina, Assamblea<br />
de Educacion, Centro al Servicio<br />
de la Accion Popular, Instituto<br />
Prensa y Sociedad, Associacion<br />
Civil Justicia Alternativa, Fundacion<br />
Justicia de Paz…<br />
Pour se dissimuler, ces financements<br />
de la CIA transitent<br />
Suite à la page (14)<br />
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Vol. 8 • No. 40 • Du <strong>15</strong> au 21 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
13
Suite de la page (7)<br />
L’oligarchie et l’impérialisme<br />
résolurent l’équation stratégique en<br />
concoctant une invasion d’anciens macoutes<br />
partis de la république dominicaine<br />
voisine. Les villes de province<br />
tombèrent une à une entre les mains<br />
des commandos pourvus d’armes automatiques,<br />
les policiers armés de ridicules<br />
pistolets .38 et de fusils de chasse<br />
12 prenant en général la fuite dès les<br />
premières rafales.<br />
Tout le monde s’attendait à une<br />
féroce bagarre, et à un bain de sang,<br />
à Port-au-Prince. Mais c’était compter<br />
sur les américains, qui ne tenaient pas<br />
du tout à voir leurs alliés les oligarques<br />
massacrés par un peuple en furie. Ils interdirent<br />
purement et simplement aux<br />
commandos putschistes d’entrer à la<br />
capitale, et allèrent kidnapper Aristide<br />
eux-mêmes, par un commando de marines,<br />
à son domicile et avec sa famille.<br />
Aristide ne fut heureusement pas tué,<br />
mais exilé, et le massacre de ses partisans<br />
réels ou supposés reprit, plus<br />
sanglant que jamais, avec la bénédiction<br />
du caïman étoilé.<br />
Pourquoi le gouvernement Lavalas<br />
n’a-t-il pas satisfait les revendications<br />
populaires? Pour le montrer,<br />
prenons l’exemple du premier gouvernement<br />
Préval. Celui-ci lança dans<br />
l’Artibonite une réforme agraire ambitieuse,<br />
tournant essentiellement autour<br />
Suite de la page (13)<br />
par diverses fondations-écrans. Dont<br />
la principale s’appelle NED : National<br />
Endowment for Democracy, un organisme<br />
étroitement contrôlé par la présidence<br />
et le Congrès des Etats-Unis.<br />
Durant les premiers mois de 2002, les<br />
montants versés augmentent énormément.<br />
Comment le sait-on ? Dans<br />
son livre Code Chavez – CIA contre<br />
Venezuela, l’avocate new yorkaise<br />
Eva Golinger a publié de nombreux<br />
documents provenant des administrations<br />
US elles-mêmes et prouvant<br />
l’implication de la CIA dans le coup<br />
d’Etat de 2002 (de même que dans<br />
les tentatives suivantes pour renverser<br />
Chavez). Les noms des agents, les institutions<br />
qui servent de paravents et<br />
même les montants versés, tout figure<br />
dans ce « mode d’emploi du parfait<br />
coup d’Etat ». (3)<br />
Les documents que Golinger a<br />
réussi à obtenir démontrent noir sur<br />
blanc que la CIA est au courant de tous<br />
les préparatifs du coup d’Etat. Dans un<br />
rapport envoyé le 5 mars à Washington,<br />
il est écrit : « L’armée aussi est<br />
divisée en ce qui concerne le soutien<br />
à Chavez… Il sera difficile d’organiser<br />
un coup d’Etat. » Le 1er avril, puis le<br />
6 avril, des rapports assez largement<br />
diffusés parmi les hauts fonctionnaires<br />
US sont très précis : « Des factions<br />
militaires dissidentes, comportant<br />
quelques officiers de haut rang mécontents<br />
intensifient leurs efforts pour<br />
organiser un coup d’Etat contre le président<br />
Chavez, probablement au début<br />
de ce mois. Les plans détaillés mentionnent<br />
l’arrestation de Chavez et de<br />
autres hauts responsables. »<br />
Bien sûr, les Etats-Unis nieront<br />
- comme d’habitude - être impliqués<br />
dans le coup d’Etat. Mais il suffit de<br />
constater à travers leurs propres documents,<br />
qu’ils étaient au courant des<br />
tous les préparatifs, et qu’ils n’ont en<br />
rien averti le gouvernement légal vénézuélien.<br />
Bien plus, ils ont augmenté<br />
leurs financements aux organisations<br />
putschistes.<br />
Le 7 avril, le président Chavez<br />
destitue six dirigeants de PDVSA pour<br />
mauvaise gestion, malversations financières<br />
et application d’une politique<br />
contraire à celle de l’Etat. Il en<br />
a le droit puisque la société publique<br />
du pétrole est placée sous l’autorité<br />
de l’Etat. Le 9 avril, le syndicat CTV<br />
et le patronat appellent – ensemble<br />
! – à une grève générale. Le 10, ils<br />
la proclament d’une durée indéfinie,<br />
c’est-à-dire en fait jusqu’au renversement<br />
de Chavez. Les télés privées diffusent<br />
l’appel à la rébellion d’un des<br />
plus haut responsables militaires, le<br />
général Nestor Gonzalez Gonzalez.<br />
Le premier coup d’Etat mis en<br />
scène par la télévision<br />
Dès sa préparation, les médias privés<br />
vénézuéliens ont joué un rôle décisif<br />
dans le coup d’Etat militaire. Dès le<br />
7 avril, quand le patron des patrons<br />
et son allié syndical annoncent leur<br />
grève générale pour évincer Chavez,<br />
le directeur du quotidien El Nacional,<br />
Miguel Enrique Otero, s’enhousiasme<br />
à leurs côtés au nom des médias : «<br />
Nous sommes tous dans cette lutte<br />
pour la défense du droit à informer. »<br />
Le 10, l’édito du même quotidien<br />
lance un appel à l’émeute : « Prenons<br />
la rue ! » « Pas un pas en arrière<br />
», proclament les annonces diffusées<br />
par Globovision. « Tous à la marche le<br />
jeudi 11 à 10 heures du matin ! Apporte<br />
ton drapeau. », martèlent les<br />
pubs d’une autre chaîne.<br />
Le jeudi 11 avril, le syndicat CTV<br />
et la fédération patronale organisent<br />
une énorme manifestation, soutenue<br />
par les grands médias privés. Elle part,<br />
comme par hasard, des locaux de PD-<br />
VSA et se dirige vers le centre. Mais,<br />
en cours de manifestation, le dirigeant<br />
syndical pro-US Ortega appelle à se<br />
rendre au palais présidentiel de Miraflores.<br />
Où sont rassemblés des milliers<br />
de manifestants venus soutenir leur<br />
président. Ca sent la provocation…<br />
Tout-à-coup, au lieu dit Puente<br />
Llaguno, où l’Avenida Urdaneta<br />
enjambe l’Avenida Baralt, des tirs<br />
sont déclenchés. Plusieurs manifestants<br />
chavistes sont tués. Ainsi que<br />
deux manifestants dans le cortège de<br />
l’opposition. D’où proviennent ces tirs<br />
? Des chavistes, prétendent tout de<br />
suite les télévisions privées. Elles montrent<br />
des images de trois manifestants<br />
chavistes tirant au revolver. En direction,<br />
disent-elles, des manifestants de<br />
l’opposition. Manipulation incroyable.<br />
Car, sur les images que les mêmes télévisions<br />
ont présentées en direct, on a<br />
pu voir que les manifestants chavistes<br />
sont au contraire pris pour cibles par<br />
les premiers tirs et qu’ils se couchent<br />
par terre en essayant d’échapper à ces<br />
tirs. Même le quotidien d’opposition El<br />
Nacional le confirme dans son édition<br />
suivante : « Les premières victimes<br />
de la culture du riz. La réforme échoua,<br />
pour la principale raison – je passe ici<br />
sur les détails – que le riz américain,<br />
subventionné par le gouvernement fédéral<br />
US, arrivait en Haïti moins cher<br />
que le riz de l’Artibonite. Le peuple étant<br />
dans l’état de misère inhumaine que<br />
nous savons était contraint d’acheter le<br />
riz le moins cher. Il aurait fallu frapper<br />
de droits de douane prohibitifs le riz-<br />
Miami, et/ou subventionner la production<br />
du riz national. Ces deux réformes<br />
étaient impossibles, d’une part parce<br />
que le gouvernement US, vendu au big<br />
business et spécialement aux gros producteurs<br />
de riz, n’en voulait pas, et de<br />
l’autre parce que l’oligarchie haïtienne<br />
faisait son beurre en vendant tèt nèg<br />
le riz en provenance du tigre aux dents<br />
atomiques (Nikita Khrouchtchov) et<br />
ne voulait surtout pas qu’on la trouble<br />
dans ses concordailles, ses zagribailles<br />
et ses ripailles. En conséquence, essayer<br />
de réglementer le commerce du riz<br />
était le meilleur moyen de déclencher<br />
un coup d’état. Le pays continua donc<br />
de s’appauvrir en important chaque<br />
jour des quantités astronomiques de riz<br />
qu’il aurait pu produire, et son ventre<br />
dépendit de plus en plus du bon vouloir<br />
de ses “amis” à la peau blanche et à<br />
l’âme noire.<br />
Ce qui vaut pour le riz vaut aussi<br />
pour les autres aliments. Nous importons<br />
du sucre que nous fabriquions<br />
chez nous il n’y a pas si longtemps.<br />
Les poules, les bananes, les tomates,<br />
les oignons, les avocats, et j’en passe,<br />
nous viennent de la Dominicanie.<br />
L’on trouve rarement, ces jours-ci, des<br />
figues-bananes qui ne proviennent pas<br />
du peyi panyòl. La Dominicanie a-t-elle<br />
un climat spécial, qui lui permette de<br />
produire ce que nous ne pouvons pas<br />
obtenir lakay nou? Mais non! Notre<br />
économie est entièrement ouverte sur<br />
l’extérieur, alors que pour la développer,<br />
il aurait fallu frapper de sévères<br />
droits de douane tous les produits que<br />
nous sommes capables de produire, et<br />
les marchandises de luxe telles que les<br />
voitures particulières et les 4 par 4. Et<br />
tout cela, et bien d’autres choses encore,<br />
parce que nous dépendons de nos<br />
“amis” leucodermes ou métis, qui nous<br />
veulent tout, sauf du bien...<br />
Point n’est besoin d’être économiste,<br />
sociologue ou agronome pour<br />
comprendre que la dépendance est la<br />
source ultime de nos maux, comme<br />
l’esclavage l’était voici deux cents ans.<br />
Point n’est besoin d’être grand clerc<br />
pour réaliser que quoi qu’on dise ou<br />
fasse, seule une nouvelle révolution,<br />
aussi radicale que celle de 1791-1804,<br />
nous délivrera. Tout le reste est tata rat<br />
dèyè bwèt, comme on dit chez nous.<br />
(à suivre)<br />
provenaient des rangs pro-chavistes. »<br />
De plus, les deux cortèges sont<br />
séparés par plusieurs centaines de<br />
mètres. Impossible avec de simples<br />
revolvers d’ atteindre l’autre cortège,<br />
il faut des fusils à longue portée. De<br />
plus, quand on examine les lieux, on<br />
constate qu’entre les deux cortèges, il<br />
y a… des immeubles, que les balles ne<br />
peuvent évidemment avoir traversés !<br />
Les snipers de la CIA<br />
Que s’est-il vraiment passé ? En fait,<br />
les putschistes avaient placé plusieurs<br />
snipers en haut des immeubles du<br />
quartier. C’est de là qu’on tirait. C’est<br />
seulement après ces attaques meurtrières<br />
que trois manifestants chavistes<br />
ont utilisé leurs revolvers pour riposter.<br />
Tirant depuis le pont sur l’unité<br />
blindée de la Police qui s’avance par<br />
l’autre avenue. Parce qu’ils croient<br />
que ce sont ces policiers (dirigés par<br />
un maire d’opposition) qui ont tiré sur<br />
eux.<br />
D’ailleurs, quand la foule se<br />
précipite vers les bâtiments d’où on a<br />
tiré, elle parvient à mettre la main sur<br />
sept snipers qui seront remis à la Justice.<br />
Parmi eux, un citoyen des Etats-<br />
Unis, Robert McNight, un Colombien<br />
et cinq hommes apparemment vénézuéliens<br />
(mais certains sont en possession<br />
de faux papiers). Très rapidement,<br />
le contre-amiral Carlos Molina<br />
Tamayo, putschiste, ordonnera de les<br />
libérer, et ils quitteront immédiatement<br />
le Venezuela.<br />
Aussitôt, les images sont remontées<br />
en studio avec un commentaire<br />
truqué. La manipulation consiste<br />
tout simplement à inverser l’ordre des<br />
images. On passe d’abord les trois<br />
chavistes tirant sur la police. Ensuite<br />
seulement, les images de victimes.<br />
Et on fait croire que ce sont les trois<br />
chavistes qui ont tué les manifestants<br />
du cortège de l’opposition. Pour imposer<br />
cette version, les putschistes ferment<br />
de force la télé publique et une<br />
télé communautaire de quartier, Catia<br />
TV.<br />
La scène, passée en boucle, inlassablement,<br />
va bouleverser la population.<br />
Maurice Lemoine, du Monde<br />
Diplomatique, était sur place et dénonce<br />
la manipulation de ces télés :<br />
« Tirée de son contexte, diffusée en<br />
continu par toutes les chaînes de télé,<br />
cette scène a permis d’affirmer que le<br />
11 avril, les partisans de Chavez, rebaptisés<br />
‘snipers’ (‘franco-tiradores’),<br />
avaient tiré sur une foule désarmée.<br />
En réalité, on voit clairement sur mes<br />
photos qu’il s’agit du contraire : c’est<br />
la masse des sympathisants de Chavez<br />
qui se protège, en se baissant, pour<br />
échapper aux tirs des snipers. » (4)<br />
Version confirmée par les images<br />
tournées en direct par les télés de<br />
l’opposition. On y voit très clairement<br />
les chavistes essayant d’échapper aux<br />
tirs. D’ailleurs, quelques mois plus<br />
tard, deux reporters de ces chaînes,<br />
Luis Alfonso Fernandez (Venevision)<br />
et Del Valle Canelon (Globovision),<br />
confirmeront que les premières victimes<br />
étaient des chavistes.<br />
Des morts programmés<br />
Dans l’après-midi de cette funeste<br />
journée, le contre-amiral Hector<br />
Ramirez Perez lit une proclamation<br />
déplorant la mort de civils innocents<br />
et dénonçant une conspiration macabre<br />
de Chavez qui a provoqué, dit-il,<br />
la mort de six Vénézuéliens assassinés<br />
par les forces gouvernementales.<br />
Ramirez Perez appelle donc à<br />
l’insurrection générale à cause des<br />
violences commises par Chavez. Emotion<br />
générale.<br />
Mais en réalité, cette proclamation<br />
n’est pas enregistrée en direct,<br />
elle a été enregistrée… la veille ! En<br />
effet, Otto Neustald, envoyé spécial de<br />
CNN, expliquera plus tard que toute<br />
la proclamation a été enregistrée à sa<br />
résidence personnelle avant toutes les<br />
violences ! Neustald, lors d’une conférence<br />
quelques mois plus tard, affirmera<br />
très clairement qu’au moment<br />
où la proclamation a été enregistrée,<br />
aucune violence ne s’était encore<br />
produite ! « Dans la nuit du 10 au 11,<br />
ils m’ont appelé : ‘Otto, demain le 11,<br />
il y aura une vidéo de Chavez, la manifestation<br />
ira jusqu’au palais présidentiel,<br />
il y aura des morts, vingt hauts<br />
responsables se présenteront contre<br />
Chavez et demanderont sa démission.<br />
Voilà ce qu’ils m’ont dit la nuit du 10<br />
au 11. » Bref, tout avait été orchestré,<br />
avec la participation des grands médias<br />
d’opposition.<br />
On le voit aussi dans leur comportement,<br />
cet après-midi là. A <strong>15</strong><br />
heures, les premiers morts tombent<br />
dans les deux manifestations. Immédiatement,<br />
les télés privées diffusent<br />
la proclamation préenregistrée<br />
de Ramirez Perez accusant Chavez de<br />
ces meurtres. A <strong>15</strong> heures 44, Chavez<br />
prend la parole pour démentir, mais les<br />
télés privées sabotent son intervention<br />
et diffusent l’appel à l’insurrection.<br />
Clairement, le coup d’Etat a été<br />
préparé à partir de l’organisation délibérée<br />
d’un massacre pour diaboliser<br />
Chavez, et avec la participation active<br />
des grands médias. Il faut signaler que<br />
dans les documents obtenus par Eva<br />
Golinger, le câble de l’ambassadeur US<br />
envoyé à Washington à propos de ces<br />
événements se retrouve complètement<br />
censuré par l’administration. Parce<br />
que la mise en scène a été préparée<br />
par la CIA ?<br />
Notes :<br />
1) Anthony Carew, The origins<br />
of CIA financing of AFL programs, CovertAction<br />
Quaterly, été 1999.<br />
2) Lettre ouverte à John Sweeny,<br />
président de l’AFL-CIO, www.globalwomenstrike.net/French<br />
3) Eva Golinger, Code Chavez,<br />
CIA contre Venezuela, Oser Dire,<br />
Liège, 2006<br />
4) Luis Britto Garcia, Investigacion<br />
de unos medios por encima de<br />
toda sospecha, brochure VTV, Caracas.<br />
Source : Extrait du livre Les 7<br />
Péchés d’Hugo Chavez,<br />
de Michel Collon<br />
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14 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 40 • Du <strong>15</strong> au 21 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong>
Suite de la page (3)<br />
organisation prenne part aux élections.<br />
Selon le Coordonnateur général<br />
de la Plateforme Pitit Desalin, si ce CEP<br />
est là aujourd’hui c’est grâce aux combats<br />
que lui et ses amis de l’opposition<br />
ont mené pendant des années. Sinon<br />
les choses auraient été autrement. L’exsénateur<br />
a tout à fait raison de souligner<br />
que l’actuel Conseil Electoral Provisoire<br />
institué selon l’article 289 de la Constitution<br />
est le fruit d’un compromis politique<br />
dont l’opposition radicale est le<br />
principal instigateur. En tout cas, Pitit<br />
Desalin était sous le feu des critiques<br />
et affrontait des débats houleux en son<br />
sein sur la question de sa participation<br />
ou non aux élections. Pendant ce temps,<br />
sur le terrain l’organisation s’était arrangée<br />
pour se mettre en ordre de bataille<br />
même si publiquement ses responsables<br />
n’avaient pas encore donné l’impression<br />
qu’ils se préparaient. De part et d’autre,<br />
la pression se faisait sentir sur les<br />
épaules des dirigeants de l’opposition<br />
radicale par les avancées du processus<br />
qui semblent irrémédiables.<br />
Signe du malaise qui prédominait<br />
au sein d’une organisation comme MO-<br />
POD avant sa déchirure, le grand silence<br />
de ses leaders sur les différentes activités<br />
menées par l’organisme électoral durant<br />
ces dernières semaines. L’on avait entendu<br />
beaucoup d’autres responsables<br />
de partis qui ont fait valoir leurs points de<br />
vue et surtout fait connaitre leurs points<br />
de désaccord soit sur le Décret soit sur<br />
le calendrier électoral. Or, même si les<br />
organisations politiques de l’opposition<br />
radicale n’avaient pas encore décidé de<br />
concourir aux futures élections, ç’aurait<br />
été bien qu’elles fassent entendre leur<br />
position par rapport à l’augmentation du<br />
nombre des circonscriptions électorales<br />
du pays passant de 99 à 119 ou sur les<br />
dates et les Bureaux Electoraux Départementaux<br />
et Communaux.<br />
Ce silence a été la preuve de<br />
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l’embarras des dirigeants de MOPOD qui<br />
s’entredéchiraient en interne en attendant<br />
qu’ils se positionnent face à leurs<br />
partisans comprenant qu’aujourd’hui, il<br />
n’y a pas d’autre alternative que d’aller<br />
aux élections si l’on veut retrouver le<br />
fonctionnement normal des institutions<br />
du pays. Sinon, devenir totalement inaudibles<br />
et invisibles, voire disparaître<br />
de la scène politique haïtienne en<br />
2016. L’opposition radicale qui a servi<br />
de cheval de Troie au Président Martelly<br />
pour parvenir à cette situation paie<br />
aujourd’hui son manque de vision. La<br />
pression politique qui a beaucoup pesé<br />
sur elle au moment où tout semblait indiquer<br />
qu’elle faisait fausse route depuis<br />
qu’elle avait refusé de négocier quoi que<br />
ce soit avec le pouvoir pendant qu’il était<br />
encore temps est le résultat de mauvais<br />
choix stratégique qui l’avait conduite<br />
dans une impasse.<br />
Finalement, c’est contraint et sous<br />
pression de leurs partisans que le MO-<br />
POD qui entretemps a changé de nom<br />
pour devenir « Mouvement Patriotique<br />
Populaire Dessalinien » avec le même<br />
sigle (MOPOD) et la Plateforme Pitit Desalin<br />
de Assade Volcy et de Moïse Jean-<br />
Charles ont fini par prendre le train en<br />
marche. Frappée par la division et l’égo,<br />
la plateforme MOPOD de Turnep Delpé<br />
s’est scindée en deux branches. L’ancien<br />
MOPOD devenu Mouvement Patriotique<br />
et Populaire Dessalinien avec Mirlande<br />
Hyppolite Manigat, Samuel Madistin,<br />
etc qui garde la même philosophie<br />
et le groupe de Newton Saint Juste et<br />
d’André Michel qui constitue une autre<br />
plateforme dénommée : Justice. Quant à<br />
Pitit Desalin, cela fait longtemps que ses<br />
dirigeants volent de leurs propres ailes<br />
bien qu’ils se défendent d’être en concurrence<br />
avec leurs collègues du Mouvement<br />
Patriotique Populaire Dessalinien<br />
et de la plateforme Justice de Me André<br />
Michel. Sauf qu’ils sont tous engagés<br />
aujourd’hui dans la course électorale.<br />
C.C<br />
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continued from page (9)<br />
aims to create a nation of peasants,<br />
very poor but free and armed, on<br />
the ashes of plantations destroyed by<br />
the war.<br />
On <strong>Haiti</strong>’s southern coast Simón<br />
Bolívar lands, in search of refuge and<br />
aid. He comes from Jamaica, where<br />
he has sold everything down to his<br />
watch. No one believes in his cause.<br />
His brilliant military campaigns have<br />
been no more than a mirage. Francisco<br />
Miranda is dying in chains in the Cadiz<br />
arsenal, and the Spaniards have<br />
reconquered Venezuela and Colombia,<br />
which prefer the past or still do not<br />
believe in the future promised by the<br />
patriots.<br />
Pétion receives Bolívar as soon<br />
as he arrives, on New Year’s Day. He<br />
gives him seven ships, 250 men, muskets,<br />
powder, provisions, and money.<br />
He makes only one condition. Pétion,<br />
born a slave, son of a black woman<br />
and a Frenchman, demands of Bolívar<br />
the freedom of slaves in the lands he is<br />
going to liberate.<br />
Bolívar shakes his hands. The<br />
war will change its course. Perhaps<br />
America will too.<br />
From “Memory of Fire: Century of<br />
the Wind”<br />
1937: Dajabón<br />
Procedure Against the Black<br />
Menace<br />
The condemned are <strong>Haiti</strong>an blacks<br />
who work in the Dominican Republic.<br />
This military exorcism, planned to the<br />
last detail by General Trujillo, lasts a<br />
day and a half. In the sugar region, the<br />
soldiers shut up <strong>Haiti</strong>an day-laborers<br />
in corrals--herds of men, women, and<br />
children--and finish them off then and<br />
there with machetes; or bind their<br />
hands and feet and drive them at bayonet<br />
point into the sea.<br />
Trujillo, who powders his face<br />
several times a day, wants the Dominican<br />
Republic white.<br />
1937: Washington<br />
Newsreel<br />
Two weeks later, the government of<br />
<strong>Haiti</strong> conveys to the government of<br />
the Dominican Republic its concern<br />
about the recent events at the border.<br />
The government of the Dominican Republic<br />
promises an exhaustive investigation.<br />
In the name of continental security,<br />
the government of the United<br />
States proposes to President Trujillo<br />
that he pay an indemnity to avoid<br />
possible friction in the zone. After<br />
prolonged negotiation Trujillo recognizes<br />
the death of 18,000 <strong>Haiti</strong>ans<br />
on Dominican territory. According to<br />
him, the figure of 25,000 victims, put<br />
forward by some sources, reflects the<br />
intention to manipulate the events<br />
dishonestly. Trujillo agrees to pay the<br />
government of <strong>Haiti</strong>, by way of indemnity,<br />
$522,000, or $29 for every<br />
officially recognized death.<br />
The White House congratulates<br />
itself on an agreement reached within<br />
the framework of established inter-<br />
American treaties and procedures.<br />
Secretary of State Cordell Hull declares<br />
in Washington that President Trujillo<br />
is one of the greatest men in Central<br />
America and in most of South America.<br />
The indemnity duly paid in cash,<br />
the presidents of the Dominican Republic<br />
and <strong>Haiti</strong> embrace each other at<br />
the border.<br />
1943: Milot<br />
Ruins of Sans-Souci<br />
Alejandro Carpentier discovers the<br />
kingdom of Henri Christophe. The Cuban<br />
writer roams these majestic ruins,<br />
this memorial to the delirium of a slave<br />
cook who became monarch of <strong>Haiti</strong><br />
and killed himself with the gold bullet<br />
that always hung around his neck.<br />
Ceremonial hymns and magic drums<br />
of invocation rise up to meet Carpentier<br />
as he visits the palace that King<br />
Christophe copied from Versailles, and<br />
walks around his invulnerable fortress,<br />
an immense bulk whose stones,<br />
cemented by the blood of bulls sacrificed<br />
to the gods, have resisted lightning<br />
and earthquakes.<br />
In <strong>Haiti</strong>, Carpentier learns that<br />
there is no magic more prodigious and<br />
delightful than the voyage that leads<br />
through experience, through the body,<br />
to the depths of America. In Europe,<br />
magicians have become bureaucrats,<br />
and wonder, exhausted, has dwindled<br />
to a conjuring trick. But in America,<br />
surrealism is as natural as rain or madness.<br />
1969: Port-au-Prince<br />
A Law Condemns to Death<br />
Anyone Who Says or Writes Red<br />
Words in <strong>Haiti</strong><br />
Article One: Communist activities are<br />
declared to be crimes against the security<br />
of the state, in whatsoever form:<br />
any profession of Communist faith,<br />
verbal or written, public or private,<br />
any propagation of Communist or<br />
anarchist doctrines through lectures,<br />
speeches, conversations, readings,<br />
public or private meetings, by way<br />
of pamphlets, posters, newspapers,<br />
magazines, books, and pictures; any<br />
oral or written correspondence with<br />
local or foreign associations, or with<br />
persons dedicated to the diffusion of<br />
Communist or anarchist ideas; and<br />
furthermore, the act of receiving, collecting,<br />
or giving funds directly or indirectly<br />
destined for the propagation of<br />
said ideas.<br />
Article Two: The authors and<br />
accomplices of these crimes shall be<br />
sentenced to death. Their movable and<br />
immovable property shall be confiscated<br />
and sold for the benefit of the state.<br />
Dr. François Duvalier<br />
President-for-Life<br />
of the Republic of <strong>Haiti</strong><br />
From “<strong>Haiti</strong>, Despised by All,” an<br />
article for the Inter Press Service<br />
in September 1996<br />
<strong>Haiti</strong> is the poorest country in the<br />
Western hemisphere. It has more footwashers<br />
than shoe-shiners: little boys<br />
who, for a penny, will wash the feet of<br />
customers lacking shoes to shine. <strong>Haiti</strong>ans,<br />
on the average, live a bit more<br />
than thirty years. Nine out of every ten<br />
can’t read or write. For internal consumption<br />
the barren mountain sides<br />
are cultivated. For export, the fertile<br />
valleys: the best lands are given to<br />
coffee, sugar, cacao, and other products<br />
needed by the U.S. market. No<br />
one plays baseball in <strong>Haiti</strong>, but <strong>Haiti</strong> is<br />
the world’s chief producer of baseballs.<br />
There is no shortage of workshops<br />
where children assemble cassettes<br />
and electronic parts for a dollar a day.<br />
These are naturally for export; and<br />
naturally the profits are also exported,<br />
after the administrators of the terror<br />
have duly got theirs. The slightest<br />
breath of protest in <strong>Haiti</strong> means prison<br />
or death. Incredible as it sounds, <strong>Haiti</strong>an<br />
workers’ wages lost 25 percent<br />
of their wretched real value between<br />
1971 and 1975. Significantly, in that<br />
period a new flow of U.S. capital into<br />
the country began.<br />
<strong>Haiti</strong> is the country that is treated<br />
the worst by the world’s powerful.<br />
Bankers humiliate it. Merchants ignore<br />
it. And politicians slam their doors in<br />
its face.<br />
Democracy arrived only recently<br />
in <strong>Haiti</strong>. During its short life, this frail,<br />
hungry creature received nothing but<br />
abuse. It was murdered in its infancy<br />
in 1991 in a coup led by General Raoul<br />
Cédras.<br />
Three years later, democracy returned.<br />
After having installed and deposed<br />
countless military dictators, the<br />
U.S. backed President Jean Bertrand<br />
Aristide – the first leader elected by<br />
popular vote in <strong>Haiti</strong>’s history – and a<br />
man foolish enough to want a country<br />
with less injustice.<br />
In order to erase every trace of<br />
American participation in the bloody<br />
Cédras dictatorship, U.S. soldiers removed<br />
160,000 pages of records from<br />
the secret archives. Aristide returned to<br />
<strong>Haiti</strong> with his hands tied. He was permitted<br />
to take office as president, but<br />
not power. His successor, René Préval,<br />
who became president in February, received<br />
nearly 90 percent of the vote.<br />
Any minor bureaucrat at the<br />
World Bank or the International Monetary<br />
Fund has more power than Préval<br />
does. Every time he asks for a credit<br />
line to feed the hungry, educate the<br />
illiterate, or provide land to the peasants,<br />
he gets no response. Or he may<br />
be told to go back and learn his lessons.<br />
And because the <strong>Haiti</strong>an government<br />
cannot seem to grasp that it must<br />
dismantle its few remaining public services,<br />
the last shred of a safety net for<br />
the most defenseless people on Earth,<br />
its masters give up on it.<br />
The U.S. invaded <strong>Haiti</strong> in 19<strong>15</strong><br />
and ran the country until 1934. It<br />
withdrew when it had accomplished its<br />
two objectives: seeing that <strong>Haiti</strong> had<br />
paid its debts to U.S. banks and that<br />
the constitution was amended to allow<br />
for the sale of plantations to foreigners.<br />
Robert Lansing, then secretary of<br />
state, justified the long and harsh military<br />
occupation by saying that blacks<br />
were incapable of self-government,<br />
that they had “an inherent tendency<br />
toward savagery and a physical inability<br />
to live a civilized life.”<br />
<strong>Haiti</strong> had been the jewel in the<br />
crown, France’s richest colony: one big<br />
sugar plantation, harvested by slave<br />
labor. The French philosopher Montesquieu<br />
explained it bluntly: “Sugar<br />
would be too expensive if it were not<br />
produced by slaves. These slaves are<br />
blacks .... it is not possible that God,<br />
who is a very wise being, would have<br />
put a soul . .., in such an utterly black<br />
body.” Instead, God had put a whip in<br />
the overseer’s hand.<br />
In l803, the black citizens of <strong>Haiti</strong><br />
gave Napoleon Bonaparte’s troops<br />
a tremendous beating, and Europe<br />
has never for given them for this humiliation<br />
inflicted upon the white race.<br />
<strong>Haiti</strong> was the first free country in South<br />
America or the Caribbean. The free<br />
people raised their flag over a country<br />
in ruins. The land of <strong>Haiti</strong> had been<br />
devastated by the sugar monoculture<br />
and then laid waste by the war against<br />
France. One third of the population had<br />
fallen in combat. Then Europe began<br />
its blockade. The newborn nation was<br />
condemned to solitude. No one would<br />
buy from it, no one would sell to it, nor<br />
would any nation recognize it.<br />
Not even Simon Bolivar had the<br />
courage to establish diplomatic relations<br />
with the black nation. Bolivar<br />
was able to reopen his campaign for<br />
the liberation of the Americas, after being<br />
defeated by Spain, thanks to help<br />
from <strong>Haiti</strong>. The <strong>Haiti</strong>an government<br />
supplied him with seven ships, arms,<br />
and soldiers, setting only one condition:<br />
that he free the slaves – something<br />
that had not occurred to him.<br />
Bolivar kept his promise, but after<br />
his victory, he turned his back on the<br />
nation that had saved him. When he<br />
convened a meeting in Panama of the<br />
American nations, he invited England,<br />
but not <strong>Haiti</strong>.<br />
The U.S. did not recognize <strong>Haiti</strong><br />
until 60 years later. By then, <strong>Haiti</strong> was<br />
already in the bloody hands of the military<br />
dictators, who devoted the meager<br />
resources of this starving nation<br />
toward relieving its debt to France. Europe<br />
demanded that <strong>Haiti</strong> pay France a<br />
huge indemnity to atone for its crime<br />
against French dignity.<br />
The history of the abuse of <strong>Haiti</strong>,<br />
which in our lifetime has become a<br />
tragedy, is also the story of Western<br />
civilization’s racism.<br />
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Vol. 8 • No. 40 • Du <strong>15</strong> au 21 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
<strong>15</strong>
Suite de la page (12) Afrique… Suite de la page (12) Meurtre policie…<br />
maîtres eux-mêmes dont elle est la<br />
continuité. En travaillant activement<br />
à effacer les traces des ancêtres africains,<br />
cette élite fabriquée de toutes<br />
pièces a égaré le peuple noir à qui il<br />
ne reste donc plus qu’à imiter platement<br />
les autres jusqu’à en devenir les<br />
instruments dans leurs desseins.<br />
C’est l’Afrique entière qui se<br />
trouve chamboulée dans sa conception<br />
des choses. Ainsi, est-elle passée<br />
d’une civilisation qui doit, comme<br />
toute autre voulant maîtriser ses pas,<br />
Etre avant d’Avoir, à une civilisation<br />
qui veut Avoir avant d’Etre.<br />
Ceux qui veulent que les choses<br />
changent, si c’est vraiment leur désir,<br />
ne peuvent plus continuer à vouloir<br />
avoir raison les uns contre les autres<br />
dans une ambiance de détestation<br />
cordiale ou d’indifférence généralisée.<br />
Dénoncer, chacun dans son coin, ne<br />
suffit et ne suffira jamais. C’est pourquoi,<br />
nous sommes obligés de réunir<br />
les énergies disposées à aller dans le<br />
même sens sous un leadership nouveau<br />
et responsable pour engager<br />
la lutte pour la reconquête de notre<br />
espace confisqué et détourné vers la<br />
satisfaction des besoins et projets qui,<br />
non seulement ne sont pas les nôtres,<br />
mais qui sont surtout contre notre<br />
progrès collectif.<br />
Nous l’avons dit et redit : les<br />
grands changements historiques,<br />
avant d’être l’affaire de la masse,<br />
sont l’œuvre d’un noyau d’individus<br />
à l’esprit vif et actif. C’est ce noyau<br />
qui, par sa force de conviction et<br />
d’entraînement, vulgarise les solutions<br />
mûrement réfléchies et théorisées,<br />
et pilote la lutte jusqu’à sa<br />
phase finale de la reconstruction, tout<br />
en s’assurant d’avoir suffisamment<br />
préparé de nouvelles générations aptes<br />
à continuer et à perfectionner, si<br />
besoin, le projet. Ce travail, comme<br />
on peut le voir, est des plus compliquées<br />
des entreprises. C’est pourquoi,<br />
il ne peut être laissé dans n’importe<br />
quelle main qui va le couler dans la<br />
légèreté et l’immobilisme. Il s’agit<br />
de remettre l’Afrique à l’endroit, de<br />
la remettre sur sa voie naturelle de<br />
progrès d’où les africains ont été détournés,<br />
de faire asseoir sa modernisation<br />
sur ses valeurs culturelles préalablement<br />
tamisées, de lui construire<br />
des digues pouvant recueillir tous les<br />
flots continus venant de l’extérieur et<br />
d’en opérer un tri pour ne retenir que<br />
le positif pour répondre à ses propres<br />
intérêts.<br />
Il s’agit de lancer résolument<br />
l’Afrique vers la grandeur dont elle<br />
a toutes les potentialités. Ce n’est<br />
pas en cherchant continuellement<br />
à se rogner les pieds pour les faire<br />
entrer de force dans les chaussures<br />
qui leur sont taillées de l’extérieur<br />
que les africains redeviendront des<br />
acteurs de leur histoire. Au contraire,<br />
en agissant ainsi, l’on se prive de ses<br />
propres capacités créatrices intrinsèques<br />
et au bout de cette démarche,<br />
c’est la défaite assurée.<br />
En janvier 2012, nous écrivions<br />
qu’avec un leadership éclairé et<br />
courageux, les peuples les plus médiocres<br />
ont pu faire des bonds dans<br />
l’histoire, que nous devons abandonner<br />
l’attitude typiquement négroafricaine<br />
qui nous pousse à haïr, à<br />
détester et à isoler celles et ceux de<br />
nos enfants qui sont lucides et capables<br />
d’imprimer un rythme de<br />
marche adapté, et qu’il faut renoncer<br />
à la conviction que l’homme noir n’a<br />
pas d’ennemis, malgré les faits historiques<br />
évidents prouvant que les<br />
africains n’ont ni amis ni alliés dans<br />
le monde, et qu’enfin les africains<br />
doivent cesser de croire de toute leur<br />
force dans les religions d’autrui et<br />
dans un humanisme internationaliste<br />
qui combat les mêmes prédateurs<br />
à leurs côtés. » Nous confirmons ces<br />
propos.<br />
Pour conclure, gardons les deux<br />
clés essentielles à l’esprit : prendre<br />
conscience de la gravité de la situation<br />
et organiser la lutte à mener sous<br />
un leadership radicalement nouveau<br />
et n’obéissant pas aux critères de<br />
l’extérieur. Le MOLTRA est dans cette<br />
perspective.<br />
* La reconfiguration est la réorganisation<br />
des connexions entre<br />
les unités d’un système fonctionnel<br />
complexe, lorsque certaines sont<br />
supprimées et que de nouvelles unités<br />
apparaissent.<br />
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année, c'est-à-dire plus de trois par<br />
jour. Au rythme actuel, le nombre de<br />
personnes tuées par la police cette année<br />
dépassera le total de 1100 atteint<br />
l'an dernier.<br />
Certains des cas les plus récents<br />
comprennent les meurtres de:<br />
* Philip White, 32 ans, tué à Vineland,<br />
New Jersey le 31 mars. Une vidéo<br />
montre White sans armes, prostré sur<br />
le sol, frappé par la police et mordu au<br />
visage par un chien policier. On voit un<br />
policier qui tente de confisquer le téléphone<br />
cellulaire de la personne qui enregistre<br />
l'arrestation. White est décédé<br />
plus tard dans ce que le chef de police<br />
de Vineland Timothy Codispoti a qualifié<br />
de « décès en détention sans usage<br />
d’arme à feu ».<br />
* Eric Harris, 44 ans, tué à Tulsa,<br />
Oklahoma, le 2 avril.. Un policier prétend<br />
qu'il a tiré sur Harris, qui ne portait<br />
pas d'arme, durant son arrestation une<br />
fois « par inadvertance », ayant utilisé<br />
son arme à la place de son pistolet paralysant<br />
Taser.<br />
* Justus Howell, 17 ans, tué à<br />
Sion, Illinois, le 4 avril. Howell est<br />
mort de deux blessures par balle dans<br />
le dos. La police a affirmé qu'il avait<br />
tenté de voler une arme à feu plus tôt,<br />
mais rien n'indique qu'il ait représenté<br />
en quoi que ce soit une menace pour<br />
les policiers. Il n'y a pas de vidéo de<br />
l'assassinat.<br />
* Un homme non identifié tué<br />
à Phoenix, Arizona, le 4 avril. Selon<br />
la police, l'homme, visiblement déséquilibré,<br />
se poignardait dans la rue.<br />
Un article de la presse locale déclare<br />
que lorsque les policiers sont arrivés «<br />
l'homme aurait bondi vers » eux. Ils «<br />
se sont sentis menacés et ont tiré avec<br />
leurs armes ».<br />
La même histoire standard est<br />
répétée encore et encore. On a donné<br />
à des policiers armés jusqu'aux dents,<br />
portant des armes de type militaire, une<br />
permission de tuer qu'ils utilisent avec<br />
une régularité révoltante et presque<br />
toujours en toute impunité.<br />
Slager doit être condamné pour<br />
ses actions et puni avec toute la rigueur<br />
de la loi. Tous ceux qui ont cherché à<br />
étouffer l'affaire doivent également être<br />
arrêtés et poursuivis.<br />
Cependant, ceci n'est qu’un premier<br />
niveau de la véritable responsabilité.<br />
L'Etat tout entier est coupable<br />
d’avoir mis en place ce qui est en réalité<br />
Suite de la page (12) Sommet des Amériques<br />
pour avancer, il va nous falloir de la<br />
patience, beaucoup de patience. Nous<br />
pouvons nous persuader de certaines<br />
choses. D'autres non."<br />
Le chancelier cubain Bruno Rodríguez<br />
a dit que les deux pays comprennent<br />
le processus de normalisation<br />
des relations en deux étapes. La<br />
première comprend l'exclusion de Cuba<br />
de la liste des organisations terroristes,<br />
du point de vue du gouvernement de<br />
Washington et la normalisation des services<br />
bancaires du bureau des intérêts<br />
de Cuba aux Etats-Unis, bloqués depuis<br />
l'année dernière.<br />
La seconde étape devra aborder<br />
la levée du blocus commercial,<br />
l'ouverture des ambassades dans les<br />
deux capitales, la fermeture de la base<br />
militaire de Guantánamo et des mesures<br />
concrètes pour que les Etats-Unis cessent<br />
de promouvoir des changements<br />
intérieurs dans la vie politique de Cuba.<br />
Le chancelier a affirmé qu'il y aura une<br />
seconde ronde présidentielle de négociations...<br />
"Bientôt, très bientôt". Tout le<br />
reste est un feu d'artifice.<br />
"Nous ne voulons plus les doctrines<br />
Bush. Laissez de côté les discours<br />
de double morale du passé. Laissez de<br />
côté les menaces, les chantages, les<br />
pressions qui tombent sur nos gouvernements<br />
depuis le Capitole où la<br />
Maison Blanche" a demandé Morales à<br />
Obama à la fin de son discours.<br />
Correa aussi a célébré la présence<br />
de Cuba au forum et les négociations de<br />
rapprochement diplomatique avec les<br />
Etats-Unis. Cependant, il a aussi repris<br />
l'idée que "le blocus commercial inhumain<br />
et la restitution du territoire de<br />
Guantánamo sont encore en suspens."<br />
Les Etats-Unis ont perdu le<br />
contrôle<br />
Comme couronnement, il est clair que<br />
ce n'est déjà pas Washington qui réalise<br />
l'agenda latino-américain et caribéen,<br />
même si il peut encore l'influencer. Par<br />
une force d'occupation paramilitaire<br />
composée d'escadrons de la mort et<br />
opérant en toute légalité.<br />
Le 9 avril, huit mois exactement<br />
s’étaient passés depuis le meurtre de<br />
Michael Brown à Ferguson, Missouri,<br />
un meurtre qui a provoqué l'indignation<br />
populaire et des manifestations dans<br />
tout le pays. L'establishment politique y<br />
a répondu en orchestrant l'exonération<br />
du policier Darren Wilson, ce qui comprend<br />
la décision du gouvernement<br />
Obama, le mois dernier, de ne pas intenter<br />
d’action civile. Le transfert massif<br />
de matériel militaire aux forces de<br />
police locales se poursuit sans relâche.<br />
La police l’a interprété comme le<br />
feu vert donné pour qu’elle intensifie<br />
un déchainement de violence qui a fait<br />
au moins 746 morts depuis le meurtre<br />
de Brown.<br />
Le comportement meurtrier<br />
évident dans les actions de Slager et<br />
d'innombrables autres policiers reflète<br />
une mentalité délibérément et systématiquement<br />
cultivée dans la police. La<br />
population n'a pas de droits. Tout acte<br />
de désobéissance peut devenir un crime<br />
capital. La vie des travailleurs et des<br />
pauvres ne compte pour rien.<br />
Les commentaires des médias sur<br />
le meurtre de Scott se sont concentrés<br />
sur le fait que Scott était noir et Slager<br />
blanc. Cependant, la violence policière<br />
en Amérique et la détermination de<br />
l'Etat à défendre cette violence, ne peuvent<br />
s'expliquer simplement ou principalement<br />
par le racisme, quel que soit<br />
le rôle qu'il puisse jouer dans n’importe<br />
quel incident particulier. L'accent mis<br />
sur la race vise à obscurcir des questions<br />
plus fondamentales.<br />
La répression policière aux États-<br />
Unis est l’expression à l'intérieur des<br />
méthodes employées par la classe<br />
dominante pour défendre ses intérêts<br />
à l'extérieur, par les guerres sans fin et<br />
les assassinats de drones. A l'intérieur,<br />
une aristocratie patronale et financière<br />
qui a amassé sa richesse par la fraude<br />
et la criminalité se tient au sommet<br />
d'un système en crise dont les inégalités<br />
menacent de déclencher des conflits<br />
sociaux explosifs, sans précédent dans<br />
l’histoire. Elle y répond par la violence<br />
et la brutalité.<br />
Dans les actions meurtrières de la<br />
police on peut voir la réalité de la domination<br />
de classe en Amérique.<br />
Wsws 9 avril 20<strong>15</strong><br />
chance, nous ne sommes plus ceux d'il<br />
y a 21 ans quand, en décembre 1994,<br />
le beau Bill Clinton annonçait au premier<br />
Sommet des Amériques à Miami<br />
que tous les pays du continent (et pour<br />
notre bien), nous devions faire partie<br />
de l'ALCA...<br />
Il y a 10 ans, en profitant de<br />
l'effondrement du modèle soviétique,<br />
il commença à imposer l'hégémonie<br />
du libre marché - sous sa seule conduite<br />
- comme unique modèle possible<br />
pour son arrière-cour, dans une voie<br />
irréversible. Ce modèle comprenait la<br />
dépendance économique, politique et<br />
aussi militaire. En cette année 1994,<br />
Clinton ordonna une inspection des<br />
centres de Renseignement, de contrôle<br />
et de commandement impliqués dans<br />
les opérations anti trafic de drogues et<br />
établit 3 Forces de Travail conjoint entre<br />
Agences: Ouest, Est et Sud.<br />
Mais les changements latinoaméricains<br />
ont commencé avec Hugo<br />
Chavez comme locomotive. En 2001,<br />
il rendait compte dans la déclaration<br />
finale du Sommet du Québec du fait<br />
qu'on s'opposait à l'ALCA. Et les manifestations<br />
anti-mondialisation commençaient<br />
à grandir dans les rues du<br />
monde entier occidental. En 2005, à<br />
Mar del Plata, il y eut le surprenant Non<br />
à l'ALCA de Chavez, Lula, Kirchner.<br />
Peut-être après ce sommet de<br />
20<strong>15</strong> pourra-t-on mesurer combien on<br />
a avancé dans l'intégration politique<br />
des pays latino-américains et des Caraïbes<br />
et dans quelle mesure la région<br />
s'est dégagée de la subordination au<br />
pôle de pouvoir que représentent les<br />
Etats-Unis dans la perspective d'un<br />
nouveau schéma de coopération basé<br />
sur l'indépendance, la souveraineté nationale,<br />
régionale et la multipolarité.<br />
Alainet 14 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong><br />
Traduction Françoise Lopez<br />
Cuba Si France Provence<br />
14 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong><br />
16 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 40 • Du <strong>15</strong> au 21 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong>
A travers le monde<br />
Günter Grass a cassé son tambour<br />
Par Eugénie Barbezat<br />
Depuis la publication en 1959 de<br />
son chef-d’œuvre, "Le tambour",<br />
un succès planétaire adapté au cinéma<br />
par Volker Schloendorff, qui reçut la<br />
Palme d'Or à Cannes et l'Oscar du meilleur<br />
film, ce fumeur de pipe moustachu<br />
aux épaisses lunettes n'a eu de cesse<br />
de confronter son pays avec son passé<br />
nazi, avec sa mauvaise conscience.<br />
Parmi ses œuvres les plus connues,<br />
écrites dans une langue luxuriante<br />
et néanmoins précise, pleine de<br />
fantaisie et d'ironie, figurent "Le chat<br />
et la souris", "Les années de chien",<br />
"Le journal d'un escargot", "Le turbot",<br />
"Une rencontre en Westphalie", "Toute<br />
une histoire" (qui a provoqué un tollé<br />
en Allemagne où des médias disaient:<br />
"Grass n'aime pas son pays"), "La ratte"<br />
et "Mon siècle".<br />
Né le 16 octobre 1927 à Dantzig,<br />
devenue Gdansk dans l'actuelle Pologne,<br />
d'une mère d'origine cachoube<br />
(une minorité slave de Prusse) et d'un<br />
père allemand, Grass vit une "jeunesse<br />
allemande modèle" pour sa génération.<br />
Enrôlé à onze ans dans les Jeunesses<br />
hitlériennes avant de partir sur<br />
les champs de bataille de la Seconde<br />
Guerre mondiale, il est fait prisonnier à<br />
la fin de la guerre par les Américains et<br />
libéré en 1946.<br />
Il mène une vie de bohème, suit<br />
des études d'arts plastiques, sculpte,<br />
peint, s'essaie à la poésie. Il se décide<br />
L'éditeur et écrivain<br />
François Maspero est mort<br />
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Günter Grass<br />
dans les années 50 pour une carrière<br />
d'écrivain et va s'engager plus tard<br />
aux côtés des écrivains antifascistes<br />
du "Groupe 47" et du social-démocrate<br />
Willy Brandt.<br />
Un engagement sans faille dans<br />
tous les combats de son temps<br />
Homme de gauche, Grass était farouchement<br />
antilibéral, pacifiste et antimilitariste.<br />
Il s'est longtemps battu<br />
pour le droit des femmes et la légalisation,<br />
en Allemagne, de l'interruption<br />
volontaire de grossesse.<br />
L'auteur a régulièrement critiqué<br />
le passé nazi de l'Allemagne et, après<br />
la chute du mur de Berlin, il s'oppose<br />
à la Réunification allemande pour «<br />
préserver l'héritage socialiste » de la<br />
République démocratique allemande.<br />
En 1992, il quitte le SPD dont<br />
il était devenu une figure éminente<br />
en raison de la signature, par le parti,<br />
de la nouvelle Constitution qui comprend<br />
une clause de restriction du droit<br />
Par Françoise Dargent<br />
L'éditeur et écrivain François Maspero<br />
est mort le 11 avril 20<strong>15</strong>, à Paris, à<br />
l'âge de 83 ans. Il était l'auteur d'une<br />
quinzaine d'ouvrages, romans et récits<br />
et avait également traduit des livres de<br />
trois langues, l'espagnol, l'anglais et<br />
l'italien.<br />
Son nom reste indissociable de la librairie<br />
et de la maison d'édition<br />
qu'il avait créées à la fin des années<br />
cinquante, indissociable aussi d'un engagement<br />
ancré à gauche dans les années<br />
soixante et soixante-dix. L'éditeur<br />
et écrivain François Maspero est mort<br />
le 11 avril 20<strong>15</strong>, à Paris, à l'âge de 83<br />
ans. Il était l'auteur d'une quinzaine<br />
L'écrivain et traducteur est mort<br />
samedi 11 avril à l'âge de 83 ans.<br />
Figure de la culture contestataire<br />
des années 60 et 70, il avait fondé<br />
une maison d'édition à son nom.<br />
d'ouvrages, romans et récits et avait également traduit des livres de trois<br />
langues, l'espagnol, l'anglais et l'italien.<br />
Sepulveda, Pérez-Reverte, Zafon ou encore<br />
Conrad en faisaient partie. Il se disait<br />
sensible aux luttes des peuples pour<br />
leur liberté, citant volontiers cette phrase<br />
extraite de La Fêlure de Scott Fitzgerald:<br />
«Il faut savoir que les choses sont sans<br />
espoir et être pourtant déterminé à les<br />
changer».<br />
Sa conception de l'Histoire et de la<br />
vie, il l'avait puisée, adolescent, dans le<br />
parcours de sa famille. Issu d'une lignée<br />
de savants ouverts sur le monde -son<br />
grand-père Albert était égyptologue, son<br />
père, Henri, sinologue et professeur au<br />
Collège de France. François Maspero a<br />
grandi dans une famille de résistants.<br />
Son père fut déporté à Buchenwald<br />
Suite à la page (18)<br />
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d'asile. En 1997, il s'oppose une nouvelle<br />
fois à Helmut Kohl pour dénoncer<br />
la politique des marchands d'armes entre<br />
l'Allemagne et la Turquie.<br />
Dans un échange télévisé avec<br />
Pierre Bourdieu pour la chaîne Arte en<br />
novembre 1999, l'auteur déplore les<br />
méfaits du néolibéralisme et affirme<br />
que « seul l'État peut garantir la justice<br />
sociale et économique entre les citoyens.<br />
»Il exprime également son souhait<br />
d'ouvrir à nouveau « l'universalisme et<br />
le dialogue culturel hérité des Lumières<br />
»<br />
Grass a toujours voulu défendre<br />
la « voix des opprimés » : il a notamment<br />
soutenu Salman Rushdie, victime<br />
d'une fatwa islamique en 1989, les<br />
écrivains arabophones contestataires et<br />
expatriés puis le peuple palestinien. Il<br />
a souvent dénoncé la politique du gouvernement<br />
israélien qu'il juge « agressive<br />
» et « belliqueuse ».<br />
Au lendemain des attentats du<br />
11 septembre 2001, il déclare que la «<br />
réaction » américaine orchestre beaucoup<br />
de tapage « pour trois mille Blancs<br />
tués ». La même année, il s'oppose à<br />
l'intervention américaine en Afghanistan<br />
puis à la guerre en Irak deux ans<br />
plus tard.<br />
En compagnie de Gabriel García<br />
Márquez, José Saramago, Umberto<br />
Eco, John Updike, Mario Vargas<br />
Llosa, Carlos Fuentes et Juan<br />
Goytisolo, Grass condamne l'attitude<br />
des autorités turques et réclame,<br />
Suite à la page (18)<br />
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Rencontre Obama - Castro<br />
: que se sont-ils dit ?<br />
Mort de l'écrivain<br />
Eduardo Galeano, figure<br />
emblématique de la<br />
gauche latino-américaine<br />
Par Julie Clarini<br />
Raul Castro et Barack Obama, le 11 avril 20<strong>15</strong>, au Panama.<br />
(Pablo Martinez Monsivais/AP/SIPA)<br />
Les présidents américain Barack<br />
Obama et cubain Raul Castro ont<br />
eu samedi 11 avril, en marge du Sommet<br />
des Amérique au Panama, un têteà-tête<br />
sans précédent depuis 1956 qui<br />
marque l'avènement d'une nouvelle<br />
ère dans les relations entre les deux<br />
ennemis de la Guerre froide.<br />
La rencontre, qui est venue sceller<br />
le rapprochement surprise annoncé<br />
en décembre par les deux pays après<br />
plus d'un demi-siècle d'antagonisme,<br />
a duré "environ une heure", selon un<br />
haut responsable américain.<br />
Le journaliste et écrivain uruguayen<br />
Eduardo Galeano est mort lundi 13<br />
avril, à l’âge de 74 ans, dans sa ville<br />
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« Homme honnête »<br />
Assis côte-à-côte devant la presse, les<br />
deux hommes ont pris la parole chacun<br />
leur tour, avant une poignée de mains<br />
sous les flashs, en marge du Sommet<br />
des Amériques, au Panama.<br />
« Le fait que le président Castro<br />
et moi soyons assis ici aujourd'hui<br />
représente un événement historique »,<br />
a lancé Barack Obama.<br />
Après un long plaidoyer contre<br />
les ingérences des anciennes administrations<br />
américaines dans les affaires<br />
cubaines et latino-américaines, le dirigeant<br />
Cubain a, lui, voulu saluer la<br />
probité du président des États-Unis, le<br />
qualifiant d' « homme honnête ».<br />
Il a aussi exprimé sa volonté<br />
d'avancer dans un "dialogue respectueux"<br />
aspirant à une "coexistence<br />
civilisée" en dépit de "profondes différences"<br />
entre les deux pays.<br />
« Tourner la page » ou<br />
« être patients » ?<br />
Le président américain a remercié son<br />
homologue cubain pour son "esprit<br />
d'ouverture" et appelé le chef d'Etat<br />
Suite à la page (18)<br />
Eduardo Galeano<br />
natale, Montevideo, après avoir connu<br />
l’exil pendant plus de douze ans. Cet<br />
auteur prolifique, salué par la critique<br />
pour sa prose brûlante, toujours à fleur<br />
d’indignation, fut acteur et chroniqueur<br />
des luttes d’émancipation qui se sont<br />
déroulées sur le continent sud-américain<br />
dans le dernier quart du XXe siècle.<br />
Son nom restera associé au livre devenu<br />
un classique de la gauche latinoaméricaine,<br />
écrit en 1971 : Les Veines<br />
ouvertes de l’Amérique latine (traduit<br />
en français en 1981), une dénonciation<br />
cinglante du pillage des nations<br />
d’Amérique centrale et d’Amérique<br />
du Sud par les puissances européennes<br />
et nord-américaine, traduite dans<br />
une vingtaine de langues. En 2010,<br />
Suite à la page (18)<br />
Vol. 8 • No. 40 • Du <strong>15</strong> au 21 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
17
Suite de la page (6) An nou oze… Suite de la page (6) Literati anba…<br />
yo. Sa pa vle di, nou pap gen bon gouvènman tranzisyon restavèk,<br />
rapò ak tout peyi frè ki vle fè solidarite<br />
gouvènman pwovizwa delala, labo-<br />
ak pèp Ayisyen an.<br />
ratwa makouto-boujwa-enperyalis<br />
Atansyon ! se pa gouvènman yo vle mete anplas nan peyi a.<br />
provizwa jan laboratwa makoutoboujwa-enperyalis<br />
Ane sa a se lane Santnè Pre-<br />
la ap planifye pou mye okipasyon peyi a 19<strong>15</strong>-20<strong>15</strong>.<br />
yo vin chanje Konstitisyon peyi an Tout Ayisyen ki gen san Desalin ak<br />
pou yo wete pèp la toutbonvre sou Chalmay Peral nan venn yo, dwe<br />
sèn politik la epi bay Nouvo Kolon leve kanpe pou defann peyi yo.<br />
dwa pou yo rache koupe, fè sa yo vle Pèp la dwe rete mobilize pou Ayiti<br />
nan peyi Desalin lan.<br />
tounen granmoun tèt li.<br />
KOD di non ! nan sans sa a<br />
Aba Okipasyon<br />
KOD pral tabli yon mobilizasyon nan<br />
Aba eleksyon-seleksyon<br />
tout peyi a Premye ak Dizui Me ka p<br />
Viv lit pèp Ayisyen an !<br />
vini la pou l denonse plan enperyalis « An nou oze envante lavni! » An<br />
yo ki panse si yo pa pran nou nan nou relanse mobilizasyon yo, pou<br />
Eleksyon , y ap pran nou nan vye nou konstwi yon altènatif antimakout,<br />
Tranzisyon !<br />
anti-enperyalis pou yon<br />
Pèp la dwe kanpe ankwa kont lòt Ayiti sosyalman, ekonomikman<br />
tout vye pwojè elektoral, kont tout devlope ak politikman endepandan !<br />
Suite de la page (17)Rencorte...<br />
cubain à "tourner la page" :<br />
Avec le temps, il est possible<br />
pour nous de tourner la page et<br />
développer une nouvelle relation<br />
entre nos deux pays [...] même<br />
si nous avons des différences profondes<br />
et importantes."<br />
Raul Castro a répondu au<br />
président américain que tous deux<br />
allaient devoir se montrer "très<br />
patients" durant leur processus de<br />
rapprochement.<br />
Nous voulons parler de tout,<br />
mais nous devons être patients,<br />
très patients. Cela a été une histoire<br />
compliquée, celle de nos pays<br />
; mais nous sommes disposés à<br />
avancer comme le dit" Barack<br />
Obama.<br />
Raul Castro a aussi incité<br />
son homologue à accélérer les démarches<br />
pour le retrait de Cuba<br />
de la liste des pays soutenant le<br />
terrorisme, dossier qui constitue<br />
Suite de la page (17)Gunter gras..<br />
en décembre 2005, l'abandon des<br />
charges judiciaires contre l'écrivain<br />
Orhan Pamuk, accusé d'« atteinte<br />
à l'identité turque » à la suite de la<br />
publication d'un article dans lequel<br />
ce dernier reconnaît la responsabilité<br />
de son pays dans les massacres<br />
kurdes et le génocide arménien. En<br />
2006, lors de l'affaire des caricatures<br />
de Mahomet, Grass fustige «<br />
l'arrogance de l'Occident » et son «<br />
mépris de la culture musulmane ».<br />
En 2008, il publie avec<br />
cinq autres lauréats du prix Nobel<br />
(Mikhail Gorbatchev, Desmond<br />
Tutu, Dario Fo, Orhan Pamuk et Rita<br />
Levi Montalcini) une tribune pour<br />
dénoncer le sort de Roberto Saviano,<br />
dont la tête est mise à prix par<br />
la mafia et en appeler à la responsabilité<br />
de l'État italien dans sa lutte<br />
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718.258.0509<br />
pour Cuba le principal obstacle à la<br />
réouverture d'ambassades.<br />
Barack Obama a indiqué qu'il<br />
avait reçu une recommandation<br />
en ce sens du Département d'Etat,<br />
mais qu'il n'avait pas encore eu<br />
le temps de l'étudier avant de la<br />
transmettre au Congrès.<br />
"Des visions très différentes"<br />
Les deux présidents se sont ensuite<br />
retirés pour un entretien à<br />
huis-clos, le premier entretien entre<br />
deux présidents américain et<br />
cubain depuis 1956.<br />
Après la rencontre, le président<br />
américain a fait état devant la<br />
presse de déclarations "franches et<br />
fructueuses".<br />
Nous avons des visions très<br />
différentes sur la manière dont la<br />
société devrait être organisée. Et<br />
j'ai été très direct avec lui."<br />
L’Obs 12 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong><br />
contre le crime organisé.<br />
En 2010, il s'engage, au côté<br />
d'Orhan Pamuk, pour la libération<br />
de l'auteur Doğan Akhanlı, emprisonné<br />
en Turquie.<br />
En 2013, il fait partie des signataires,<br />
en compagnie de plusieurs<br />
écrivains dont quatre autres prix Nobel<br />
(Orhan Pamuk, Elfriede Jelinek,<br />
J.M. Coetzee et Tomas Tranströmer),<br />
d'un manifeste contre la société de<br />
surveillance et l'espionnage des citoyens<br />
orchestré par les États.<br />
Le 30 septembre 2012, alors<br />
qu'il est déclaré persona non grata<br />
en Israël, Grass publie un recueil<br />
de 87 poèmes, Éphémères, où il<br />
fait notamment l'éloge de Mordechai<br />
Vanunu, dénonciateur du programme<br />
nucléaire israélien.<br />
L’ HUMANITE 13 AVRIL 20<strong>15</strong><br />
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pòs. Pami ekriven yo nou ka nonmen<br />
Marcel Dauphin, yon powèt ak<br />
dramatij ki te pwodui plizyè pyès<br />
patriyotik (Boisrond Tonnerre, Pierre<br />
Sully…) nan mwatye ventyèm syèk<br />
la. Bò kote atis yo, nou konstate non<br />
Pierre Sully, Charlemagne Péralte ak<br />
Benoit Batraville tounen souvan nan<br />
chante gwoup kiltirèl Tanbou Libète,<br />
Solèy Leve ak Atis Endepandan.<br />
Powèm Georges Castera a<br />
parèt nan yon nimewo espesyal<br />
revi Demanbre ki pote dat janvye<br />
20<strong>15</strong>, pou raple san tan okipasyon<br />
amerikèn nan. Nimewo sa a rasanble<br />
tèks istoryen, sosyològ, kritik<br />
literè, powèt, nouvelis, womansye<br />
nan bi pou klere peryòd trajik sa a<br />
nan istwa nou sou ang diferan avèk<br />
tit kolektif: NOU PAP DÒMI BLIYE.<br />
Editè yo prete tit sa a nan Dèyè mòn<br />
gen mòn, yon lòt powèm Castera<br />
te ekri an 1971 sou yon mizik Atis<br />
Endepandan: Nou pa p dòmi bliye/<br />
Tout nèg ki te tonbe/Lan chen manje<br />
chen/Kote libète/Tounen flè sonje/<br />
Lan koze malere/…Foul moun te rasanble/Lò<br />
Peral t ap goumen/Pou n<br />
pa t rete /Bouki dan griyen/Ak yon<br />
Ayiti/Rad chire toutouni. Piblikasyon<br />
sa a ki se yon kolaborasyon ant<br />
Atelier Jeudi Soir, Pen Haïti ak Editions<br />
Ruptures ofri tèks ni an kreyòl<br />
ni an fransè. Se yon pati nan Mon<br />
pays que voici (Anthony Phelps)<br />
ki louvri nimewo a: Yankee de mon<br />
Coeur/Qui entres chez moi/En pays<br />
conquis/Imprimes ma gourde/Et<br />
bats ma monnaie/Yankee de mon<br />
coeur/Qui viens dans ma caille/Parler<br />
en anglais/ Qui changes le nom<br />
de mes vielles rues…<br />
Suite de la page (17)Lediteur...<br />
et y mourut. Son frère Jean fut assassiné<br />
à l'âge de 19 ans par les Allemands alors<br />
qu'il combattait auprès des Américains.<br />
Sa mère fut déportée à Ravensbrück<br />
et survécut. L'enfant échappa à<br />
ses sinistres voyages mais en garda à<br />
jamais la blessure. Il y eut un avant et<br />
un après: «Tout s'éteint d'un coup… J'ai<br />
eu, depuis, comme je le souhaite à tous,<br />
mes jours, mes années de soleil. Mais<br />
quelque chose me dit toujours que ce<br />
n'est pas le même que ce soleil-là, celui<br />
dont je sais seulement qu'il brillait avant<br />
ma seconde naissance» écrivait-il dans<br />
L'Abeille et la guêpe, son récit autobiographique<br />
(Le Seuil), publié en 2002.<br />
Ses publications lui valent de<br />
nombreux procès<br />
Après un parcours scolaire qu'il qualifie<br />
lui-même de «chaotique», et une tentative<br />
avortée de poursuivre ses études<br />
dans l'ethnologie, il travaille dans une<br />
librairie parisienne avant d'ouvrir la sienne<br />
dans le quartier latin. Elle s'appelle<br />
Suite de la page (17)Mort de ....<br />
le prestigieux prix littéraire Stig-Dagerman<br />
distinguait l’écrivain pour « avoir<br />
toujours été du côté des damnés de la<br />
terre, sans avoir cherché à être leur<br />
porte-parole ».<br />
Son parcours, intensément politique,<br />
est le reflet d’une époque mouvementée<br />
où l’engagement se faisait<br />
autant par la plume que par les armes.<br />
Né le 3 septembre 1940, il débute très<br />
jeune dans la presse, comme journaliste<br />
et caricaturiste. A l’âge de 21 ans,<br />
il dirige Marcha, l’hebdomadaire-phare<br />
des intellectuels latino-américains de<br />
gauche, puis le quotidien Epoca. Chassé<br />
d’Uruguay par le coup d’Etat de 1973,<br />
Eduardo Galeano est également contraint<br />
de quitter l’Argentine, pays où il<br />
a trouvé refuge et fondé une autre revue,<br />
Crisis. Il choisit l’exil en Espagne,<br />
à Barcelone, en 1976, et ne revient<br />
dans son pays que dix ans plus tard,<br />
en 1985, alors qu’y débute la transition<br />
démocratique.<br />
« Pour Obama, affectueusement.<br />
Hugo Chavez »<br />
Son œuvre engagée témoigne de son<br />
attachement indéfectible à la lutte<br />
contre l’oppression. Sa trilogie Mémoires<br />
du feu (Les Naissances, 1982<br />
; Les Visages et les Masques, 1984 et<br />
Le Siècle du vent, 1986) traduite chez<br />
Kontrèman ak toubouyon lirik<br />
debride Anthony Phelps la, ki anflajele<br />
awogans ak abi okipan an kont<br />
yon Ayiti pèsonifye otè a ap pote<br />
nan zantray li sou tè legzil, Emmelie<br />
Prophète ap kesyonnen vre rezon<br />
dèyè okipasyon imilyan 19<strong>15</strong> la.<br />
Womansyè a mete an kesyon ansèyman<br />
li resevwa sou ban lekòl an rapò<br />
ak debakman lame ameriken ann<br />
Ayiti an 19<strong>15</strong>. Aksyon li konsidere<br />
kòm pi gwo zak lachte ak rapas kapitalis<br />
triyonfan epòk la. Ki sa ki te<br />
pase tout bon pandan okipasyon an<br />
e sitou apre sa? Sa k fè liv yo pa<br />
pole de okenn rezistans? Emmelie<br />
Prophète konstate plizyè evènman<br />
enpòtan pou Ayiti epòk sa a pandan<br />
lòt bagay t ap fè aktyalite nan<br />
lemonn. Li note nesans powèt René<br />
Bélance ak Roussan Camille (janvye<br />
ak out 19<strong>15</strong>), ane ki fè Jacques Roumain<br />
8 an. Menm ane a Billie Halliday<br />
fèt. Chantè djaz selèb sa a pral<br />
konnen segregasyon rasyal tout vi l<br />
anba men ameriken, menm jan ak<br />
pèp ayisyen an pandan tout tan okipasyon<br />
an dire. Otè a fè n sonje tou:<br />
jès dezespere powèt Edmond Laforest<br />
lane 19<strong>15</strong> la, ki te lage tèt li nan<br />
yon pisin ak yon diksyonè pandye<br />
nan kou l, pase li pa t kapab sipòte<br />
okipasyon an. Li fini pou l di: 19<strong>15</strong>,<br />
1994, 2004 nou sanble akomode<br />
nou ak okipasyon yo avèk lo peyizan<br />
yo touye ak kolera yo pote.<br />
Èske otè a gen rezon? Èske<br />
se vre nou rive akomode nou ak<br />
sitiyasyon sa a. Kòmkwa nou ta<br />
reziyen nou ak sò nou; nou ta renye<br />
tout valè ki te pouse zansèt nou yo<br />
batay epi sakrifye vi yo. Èske n ap<br />
La Joie de lire, se situe rue Saint-Séverin<br />
et va rapidement devenir le rendez-vous<br />
des intellectuels de gauche. Des personnalités<br />
étrangères s'y rencontrent à<br />
l'invitation du maître des lieux, Amilcar<br />
Cabral, Aimé Césaire, Léopold Sédar<br />
Senghor. En 1959, il fonde les éditions<br />
qui portent son nom et poursuit alors<br />
le combat qu'il a engagé en faveur des<br />
indépendances, notamment en Algérie.<br />
Il dénonce les violences de la décolonisation,<br />
la torture, les ratonnades et<br />
«l'élimination des élites» au moment de<br />
la disparition de l'opposant marocain<br />
Ben Barka ou du premier ministre congolais<br />
Lumumba.<br />
De nombreux chercheurs, historiens<br />
et intellectuels publient chez lui:<br />
Pierre Vidal-Naquet, Marcel Detienne,<br />
Jean-Pierre Vernant ou Philippe Jacottet<br />
; mais aussi des inconnus qui y publient<br />
leurs premiers livres comme Régis Debray<br />
ou Bernard-Henri Lévy. Ses publications<br />
lui valent de nombreux procès<br />
et condamnations et, en 1982, c'est un<br />
Plon, est une immense fresque inspirée<br />
par l’histoire de l’Amérique latine, des<br />
peuples précolombiens au XXe siècle<br />
: l’écrivain y donne à voir et à sentir,<br />
dans un puzzle de faits divers, de<br />
témoignages, d’extraits de discours,<br />
l’histoire d’un continent qui ploie sous<br />
la misère – des pages de prose « violentes,<br />
émouvantes, hurlantes de colère »,<br />
écrivait Pierre Lepape dans Le Monde<br />
des livres, en 1988. Seul l’oubli tue<br />
véritablement, pensait Galeano, infatigable<br />
chroniqueur.<br />
L’une des dernières personnes<br />
à avoir rendu visite chez lui à cette<br />
grande figure de la gauche latinoaméricaine<br />
est le président bolivien<br />
Evo Morales, nouvelle preuve que<br />
l’homme fut une figure importante et<br />
son œuvre un marqueur. Une anecdote<br />
autour de son essai Les Veines ouvertes<br />
de l’Amérique latine en témoigne : en<br />
marge du sommet des Amériques, en<br />
2009, Hugo Chavez, le président vénézuélien,<br />
en avait offert et dédicacé un<br />
exemplaire à son homologue américain,<br />
Barack Obama — « Pour Obama,<br />
affectueusement ».<br />
Aussitôt questionné sur ce geste,<br />
Galeano avait répondu que selon lui, ni<br />
l’un ni l’autre ne pouvaient comprendre<br />
ce texte, ajoutant : « C’est écrit dans<br />
une langue qu’Obama n’entend pas.<br />
gen kouraj krache sou drapo ble<br />
e wouj la ki senbolize nasyon lib<br />
yo te mouri kite pou nou an? Èske<br />
n ap kontinye chita gade etranje<br />
ap pase diyite nou anba pye. Èske<br />
souverennte nasyonal pa gen sans<br />
pou nou ankò. Jounen jodi a kolera<br />
kontinye ap fè ravaj nan peyi a<br />
malgre zòt te vle fè nou konprann<br />
epidemi a te sou kontwòl, alòske<br />
responsab yo pa t pran okenn mezi<br />
pou anpeche pongongon an gaye<br />
toupatou. Alòske mèt dezagreman<br />
an refize rekònèt tò yo epi founi<br />
resous nesesè pou kòlte toutbon<br />
ak viris la. Nou pa espantan lè nou<br />
sonje pwòp minis zafè etranje lakay<br />
nou te pran defans MINUSTAH,<br />
deklare responsabilite li pa sèten,<br />
malgre plizyè etid entènasyonal<br />
serye pwouve se kontenjan militè ki<br />
soti Sri Lanka yo ki pote jèm maladi<br />
a nan peyi a. Malgre gen prèv ki<br />
montre foto sòlda nasyonzini k ap<br />
vide matyè fekal nan larivyè.<br />
Revi espesyal Demanbre a fè<br />
nou dekouvri de apwòch original sou<br />
tèm okipasyon an. Premye a se yon<br />
tèks Chantal Kénol ki rele Adieu mon<br />
général. Otè a rakonte kouman lè li<br />
te piti li te pran plezi admire inifòm<br />
militè tonton l ki te ekspoze dèyè vitrin<br />
yon mèb nan salon lakay li avèk<br />
galon li, sab li epi bòt li. Sa ki te fè<br />
Kénol reprezante monnonk li tankou<br />
yon gwo rezistan ki te mennen<br />
batay kont fòs okipasyon yo. Jis lè<br />
li vin pi gran epi yon zanmi l di li<br />
verite sou istwa paran sa a. Se konsa<br />
li dekouvri ak tristès, ak desepsyon,<br />
tonton Jal te yon kolaboratè lennmi<br />
pèp ayisyen an ki pa t merite respè<br />
homme accablé de dettes qui cède, pour<br />
un franc symbolique, les éditions Maspero<br />
à François Gèze. Elles deviendront<br />
les éditions de La Découverte.<br />
Il se consacre dès lors à l'écriture,<br />
multipliant ses voyages dans le cadre<br />
de reportages pour la radio ou la presse,<br />
visitant la Chine, Sarajevo, les Balkans,<br />
la Palestine, Gaza, les Caraïbes.<br />
Il écrit des livres mi récits- mi reportages<br />
comme celui consacré aux usagers<br />
de la ligne B du RER, Les Passagers<br />
du Roissy express (1990). Il relate les<br />
débuts de la conquête de l'Algérie dans<br />
L'Honneur de saint-Arnaud (1992) ou<br />
évoque la compagne de Robert Capa,<br />
la photographe Gerda Taro, morte à 27<br />
ans pendant la guerre d'Espagne, dans<br />
L'Ombre d'un photographe. Parmi eux<br />
des romans, dont, le dernier publié, en<br />
2009, Des Saisons au bord de la mer.<br />
François Maspero avait reçu, en 2006,<br />
le prix Edouard Glissant pour l'ensemble<br />
de son œuvre.<br />
Le Figaro 13 avril 20<strong>15</strong><br />
C’est un geste généreux mais un peu<br />
cruel. »<br />
Une partie de son œuvre est<br />
aujourd’hui disponible en français grâce<br />
à la maison d’édition québécoise Lux.<br />
Comme tous ses compatriotes, selon lui,<br />
il avait voulu être footballeur et avait<br />
consacré un très beau livre d’hommage<br />
à ce sport, en 1995 : Le Football, ombre<br />
et lumière (Climats, 1998). La parution<br />
d’un nouveau livre d’Eduardo Galeano,<br />
Mujeres (« Femmes »), est prévue jeudi<br />
en Espagne.<br />
Eduardo Galeano n’avait jamais<br />
perdu la flamme, s’enthousiasmant en<br />
2011 pour le mouvement des Indignés,<br />
en Espagne, rassemblé à la Puerta<br />
des Sol, à Madrid, qui était pour lui,<br />
disait-il, une « injection de vitamine<br />
E, pour “Espérance” ». Du reste, dans<br />
un entretien à un journaliste espagnol<br />
en 2012, il assurait : « Je crois que les<br />
mots ont un pouvoir, comme Serenus<br />
Sammonicus, qui, en 208, pour éviter<br />
la fièvre tierce, conseillait de se mettre<br />
sur la poitrine un mot et de se protéger<br />
grâce à lui nuit et jour : c’était “abracadabra”,<br />
qui signifie en hébreu ancien<br />
“envoie ta foudre jusqu’au bout”… Je<br />
choisirais également cette phrase. »<br />
Jusqu’à la mort.<br />
Le monde 13 avril 20<strong>15</strong><br />
18 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 40 • Du <strong>15</strong> au 21 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong>
presented locally by:<br />
li. Dezyèm tèks ki siprann nou se apwòch<br />
sikolojik Syto Cavé itilize pou<br />
eseye mete kanpe pèsonaj Conzé a.<br />
Li eseye konprann sa ki pase nan tèt<br />
yon nonm konsa pou mennen li trayi<br />
Charlemagne Péralte. Yon Chèf, yon<br />
kanmarad ki te pwòch li, ki dwe te<br />
konn patisipe ansanm avèk li nan<br />
fòmasyon ideyolojik ak militè Kako<br />
yo, diskite avèk li estrateji batay kont<br />
ameriken yo. Cavé chwazi prezante<br />
Classified<br />
Directory Tel: 718-421-0162<br />
editor@haitiliberte.com<br />
yon pòtre yon jan flou ki ap vin pi<br />
klè firamezi pou devine ki jan chanjman<br />
an opere: soti zanmi, konseye<br />
pou rive tounen trèt. Menm jan ak<br />
yon sèten elit ekonomik ak sosyal,<br />
ezitan, timid nan kòmansman pou<br />
fini pa afiche bèl akèy ak konsantman.<br />
Pou fini, dramatij la mande:<br />
Men ki kache dèyè nouvo okipasyon<br />
an, anba banyè loni, èske li chanje<br />
toutbon? Ki figi Conzé ta genyen<br />
jounen Jodi a?<br />
Sa se yon bèl kesyon. M te toujou<br />
ap mande tèt mwen ki jan mwen<br />
t ap santi m si mwen t ap viv nan tan<br />
premye okipasyon an. Èske mwen<br />
t ap kapab leve chak jou ak pwa<br />
imilyasyon sa a sou zepòl mwen. Sa<br />
ki te pi di se vizaje sitwayen konsyan<br />
k ap kolabore ak okipan an<br />
ansanm ak entelektyèl swadizan<br />
pwogresis ki vin aliyen yo bò kote<br />
anvayisè yo. Malgretou, mwen pa t<br />
janm panse yon jou mwen te kapab<br />
ap viv sitiyasyon lawont sa a pandan<br />
vi pa m. Jan pwovèb la di: yon<br />
moun pa janm pwofèt nan peyi pa<br />
l. Kilès ki ta dòmi reve nan venteyinyèm<br />
syèk la tiboujwa radikal ta<br />
mete ak dwat tradisyonèl nan peyi<br />
Ayiti pou envite Mouche Blan, Chèf<br />
siprèm enperyalis, Pòtdrapo oksidan<br />
kretyen vin anbake Prezidan konstitisyonèl<br />
eli peyi yo pou depòte<br />
l, egzile l aletranje. Sa ki pi grav,<br />
menm eleman sa yo ki te fasilite<br />
MINUSTAH debake isit akòz aksyon<br />
lach yo te poze a, se yo menm ki<br />
nan tout fowoum ap mande pou fòs<br />
nasyonzini yo bay talon yo. Sanble<br />
filozòf la osnon saj la te gen rezon,<br />
lè li te konseye pou pa jije moun sou<br />
pawòl ki sot nan bouch yo, men sou<br />
aksyon yo poze.<br />
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Vol. 8 • No. 40 • Du <strong>15</strong> au 21 <strong>Avril</strong> 20<strong>15</strong>