MRS. EDMUNDRANDOLPH Une des femmes les plus élégantes et les plus séduisantes de New-York est sans contredit Mrs. Edmund Randolph; elle est néeIsabella Carter, à Philadelphie, et est sœur de Mrs. Richard Trimble. Elle possède trois beaux enfant : Ellen, qui a fait son entrée dans le monde l'hiver dernier, Edmund et Charles qui sont très intelligents
DU CHARME DES HABITS DU DIMANCH] Serait-il vrai que les habits du dimanche aient vécu? En avons-nous acquis une quelconque supériorité? D U temps que nous étions petits, nous connaissions la gloire joyeuse des habits du dimanche. Il nous souvient encore, comme si c'était hier, du costume marin que nous revêtions pour aller à la grand'messe, quand nous avions huit ans, des petits souliers vernis qui l'accompagnaient et, surtout, des gants de peau blanche où nous insérions nos mains inhabiles avec un orgueil incomparable. Dans ces temps déjà anciens, et qui par la grâce de notre imagination nous apparaissent toujours présents, ce n'était pas seulement les enfants qui revêtaient des habillements neufs et de choix en ce saint jour. Même les grandes personnes avaient accoutumé de sortir des parures somptueuses, en peau de soie ou en velours. Q UE c'était une douce chose de voir notre chère grand'mère, dont les cheveux blancs gardaient la noDiesse des longues anglaises de la reine Amelie, dont les gestes avaient la grâce harmonieuse de cette cour de Louis- Philippe, où de seize à vingt ans elle avait été une reine de beauté, descendre le perron de son château, appuyée sur le bras d'un de ses enfants ou de ses petits-enfants et monter dans son coupé. Le dimanche était resté pour elle jour de cérémonie. Elle n'eût pas toléré que l'un de nous ce jourlà restât en costume de chasse ou de sport. Nous devions l'accompagner à la messe du village, habillés comme notre rang nous y obligeait, et le jour qu'un invité, sous prétexte de je ne sais quelle ouverture de chasse, voulant concilier à la fois devoirs religieux et cynégétiques apparut dans notre banc en houseaux et cravate molle, il fallut tout le respect dû au saint lieu pour qu'elle ne foudroyât pas l'incongru d'un renvoi immédiat. c 'ÉTAIT tout à la fois exemple et tradition. Exemple, car n'étions-nous pas entourés de ces fermiers, de ces paysans, tous braves gens qui nous aimaient et que nous aimions, à qui il ne serait jamais venu à l'idée de revêtir le dimanche leur habit de la semaine. Et c'était tradition, car c'est ignorer tout de l'art du costume en Europe que de croire que l'expression s'endimancher soit indigne de gens de qualité. Il n'est qu'à savoir ce qui se passait au château de Versailles, alors que le Grand Roi tenait sa cour, pour ne pas douter un instant de notre affirmation. EN Angleterre, ce culte des habits du dimanche est encore plus poussé peut-être:la cause en est d'origine religieuse. Le service du dimanche matin tient une place d'importance chez l'Anglais qui a du monde. Le •' church-parade est une des traditions anglaises les mieux établies.Chaquedimanche, cette splendide allée qui va de Hyde-Park Corner à Marble Arch est envahie de midi à une heure et demie par une foule élégante et endimanchée Tous les beaux et les belles des quartiers de Saint-James ou de Grosvenor s'y donnent rendez-vous. C'est un sentier de la vertu, peut-être plus vertueux que le parisien et qui en tout cas a ce cachet unique d'être hebdomadaire et dominical. IL nous souvient que l'an dernier, alors que la publication de ce journal nous obligeait à vivre en Angleterre, nous allames , passer quelques jours dans le lorkshlre, chez un de nos parents. Nous pénétrâmes avec lui dans certaines de ces familles qui gardent la rigidité puritaine du règne victorien. L'une des amies de notre parent, Lady T., était une charmante vieille dame de près de nonante années, qui vivait avec sa petite-fille Maggie, tout à fait l'Anglaise de keepsake, boucles blondes et yeux bleus. Un jour que nous causions demodes etque Lady T., quoiqu'elle eneût, s'étonnait avecunpeude respect qu'un homme pût parler de robes et de chiffons,sans commettre trop d'erreurs, elle décida de nous montrer, en signe d'estime, sa nouvelle acquisition, un chapeau qu'elle venait de recevoir d'une maison de Londres: Il serait malheureux si vous partiez sans le voir; personne ne sait ce qui peut arriver, et pour Maggie il peut être d'un bon enseignement de regarder la dernière acquisition de sa chère grand'mère. 1 LADY T. prit le trousseau dit: de clés qu'elle portait toujours sur elle et nous Suivez-moi dans la grande chambre Nous pénétrâmes à sa suite dans une pièce obscure où les fauteuils étaient recouverts de housses, le lit enveloppé d'un drap et les cadres enfouis sous des gazes jaunes. Lady T. ouvrit une immense garde-robe de chêne, le principal ornement de cette pièce. Une odeur de lavande se répandit. Elle atteignit un paquet, lié de plusieurs cordelettes qu'elle défit lentement, et de ses mains longues et fines, prit un chapeau, une petite capote touchante et ridicule qu'elle posa sur son poing en nous regardant avec un air à la fois timide et hautain: Eh bien, Monsieur ! qu'en dites-vous? Est-il dans votre goût de Paris? et vous, Maggie, que vous en semble? cela ne vaut-il pas vos ridicules chapeaux? Cependant, je ne sais si je me déciderai à le mettre. Je me demande s'il ne vaut pas mieux qu'il reste là dans l'ombre. Toutefois, petite Maggie, si vous ne me voyez pas avec lui avant que je sois morte, rappelezvous que je vous l'ai montré un jour, et que ceci vous enseigne à respecter vos affaires et surtout vos costumes du dimanche. sIMPLES et touchantes paroles. Pourquoi ne plus mêler de romanesque ou de sentiment à cette Question du costume ? Les habits du dimanche ont vécu, les belles robes sont du domaine du passé. Notre esprit en a-t-il acquis quelque supériorité?.