ON AIR MAGAZINE #15
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Coutume<br />
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Dans le cadre de sa mission de<br />
développement durable, le PAG<br />
entend valoriser aussi souvent<br />
que possible les connaissances et<br />
savoir-faire répertoriés sur son territoire,<br />
notamment en matière d’artisanat,<br />
un enjeu essentiel pour que perdurent<br />
en Guyane les traditions des Wayanas,<br />
Tekos, Tilïos, des Noirs marrons<br />
Alukus, des Créoles des bourgs<br />
de Maripasoula, Papaïchton et des<br />
villages du Haut-Maroni et des<br />
Wayãpis du Haut-Oyapock.<br />
Irène Difou, brodeuse de pangi<br />
Je viens du village de Boniville, raconte<br />
Irène Difou. Dès 8 ans, en voyant faire<br />
ma mère, j’ai appris à broder le pangi.<br />
C'est simple et on a besoin de très peu<br />
<br />
de matériel (NDLR : un carré de tissu, un<br />
fil à broder en laine ou en coton et une<br />
aiguille) mais on doit avoir une bonne<br />
vue et surtout beaucoup de patience.<br />
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Il faut trouver l’inspiration, pourquoi<br />
pas auprès des tembe, et aussi savoir<br />
accorder les couleurs et faire évoluer<br />
les motifs : autrefois, par exemple, on<br />
écrivait nos surnoms et des proverbes<br />
dessus, mais on ne mettait jamais de<br />
dentelles ou de broderies comme<br />
aujourd’hui ; c’est vrai que pourtant c’est<br />
joli ! Pour finaliser un pangi, comptez<br />
environ un mois. Généralement, j’en<br />
commence trois en même temps et<br />
je les termine dans la foulée le même<br />
jour. Je confectionne toutes sortes<br />
d’accessoires, notamment des sacs à<br />
main, et aussi des robes, des bustiers<br />
et des pantalons.<br />
Mimisiku Anaïman, vannier wayana<br />
Je suis né au Brésil, sur le Yari. J’ai<br />
grandi à Kawatop, en aval d’Alupentu<br />
et Kawemhakan. Désormais j’habite<br />
Antecume Pata, explique Mimisiku<br />
Anaïman. J’ai toujours souhaité me<br />
perfectionner dans l’artisanat et particulièrement<br />
dans la vannerie. A 18 ans,<br />
j’ai réalisé mon premier panier puis<br />
quand je me suis marié j’ai fabriqué<br />
des objets mieux décorés qui servent<br />
au quotidien pour préparer la cassave<br />
ou le cachiri. Maintenant, tous nos<br />
jeunes font des études. Mais avant,<br />
notre rôle à nous, c’était de consolider<br />
<br />
nos acquis manuels et de les retransmettre<br />
(NDLR : récolte de l’arouman,<br />
effilage, teinture et tressage).<br />
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En observant les anciens, leur dextérité,<br />
leurs mains, j’ai moi aussi réussi à ama -<br />
douer l’arouman. C’est comme un don.<br />
C’est important dans la culture des<br />
Wayanas de concevoir les récipients<br />
qui vont permettre à nos épouses de<br />
récolter, tamiser puis concocter les<br />
plats et boissons traditionnels. Je me<br />
bats aujourd’hui pour que mes fils et<br />
leurs amis aient envie de perpétuer ces<br />
gestes et savoir-faire qui signent nos<br />
racines et nous différencient d’autres<br />
tribus comme les Tiliyos, Wayampis ou<br />
Apalais. J’espère que je réussirai à les<br />
convaincre d’apprendre.<br />
Le Bon Air. Juillet/Août 2013 25