20.01.2017 Views

ON AIR MAGAZINE #15

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Coutume<br />

2<br />

3<br />

4<br />

<br />

Dans le cadre de sa mission de<br />

développement durable, le PAG<br />

entend valoriser aussi souvent<br />

que possible les connaissances et<br />

savoir-faire répertoriés sur son territoire,<br />

notamment en matière d’artisanat,<br />

un enjeu essentiel pour que perdurent<br />

en Guyane les traditions des Wayanas,<br />

Tekos, Tilïos, des Noirs marrons<br />

Alukus, des Créoles des bourgs<br />

de Maripasoula, Papaïchton et des<br />

villages du Haut-Maroni et des<br />

Wayãpis du Haut-Oyapock.<br />

Irène Difou, brodeuse de pangi<br />

Je viens du village de Boniville, raconte<br />

Irène Difou. Dès 8 ans, en voyant faire<br />

ma mère, j’ai appris à broder le pangi.<br />

C'est simple et on a besoin de très peu<br />

<br />

de matériel (NDLR : un carré de tissu, un<br />

fil à broder en laine ou en coton et une<br />

aiguille) mais on doit avoir une bonne<br />

vue et surtout beaucoup de patience.<br />

5<br />

Il faut trouver l’inspiration, pourquoi<br />

pas auprès des tembe, et aussi savoir<br />

accorder les couleurs et faire évoluer<br />

les motifs : autrefois, par exemple, on<br />

écrivait nos surnoms et des proverbes<br />

dessus, mais on ne mettait jamais de<br />

dentelles ou de broderies comme<br />

aujourd’hui ; c’est vrai que pourtant c’est<br />

joli ! Pour finaliser un pangi, comptez<br />

environ un mois. Généralement, j’en<br />

commence trois en même temps et<br />

je les termine dans la foulée le même<br />

jour. Je confectionne toutes sortes<br />

d’accessoires, notamment des sacs à<br />

main, et aussi des robes, des bustiers<br />

et des pantalons.<br />

Mimisiku Anaïman, vannier wayana<br />

Je suis né au Brésil, sur le Yari. J’ai<br />

grandi à Kawatop, en aval d’Alupentu<br />

et Kawemhakan. Désormais j’habite<br />

Antecume Pata, explique Mimisiku<br />

Anaïman. J’ai toujours souhaité me<br />

perfectionner dans l’artisanat et particulièrement<br />

dans la vannerie. A 18 ans,<br />

j’ai réalisé mon premier panier puis<br />

quand je me suis marié j’ai fabriqué<br />

des objets mieux décorés qui servent<br />

au quotidien pour préparer la cassave<br />

ou le cachiri. Maintenant, tous nos<br />

jeunes font des études. Mais avant,<br />

notre rôle à nous, c’était de consolider<br />

<br />

nos acquis manuels et de les retransmettre<br />

(NDLR : récolte de l’arouman,<br />

effilage, teinture et tressage).<br />

6<br />

En observant les anciens, leur dextérité,<br />

leurs mains, j’ai moi aussi réussi à ama -<br />

douer l’arouman. C’est comme un don.<br />

C’est important dans la culture des<br />

Wayanas de concevoir les récipients<br />

qui vont permettre à nos épouses de<br />

récolter, tamiser puis concocter les<br />

plats et boissons traditionnels. Je me<br />

bats aujourd’hui pour que mes fils et<br />

leurs amis aient envie de perpétuer ces<br />

gestes et savoir-faire qui signent nos<br />

racines et nous différencient d’autres<br />

tribus comme les Tiliyos, Wayampis ou<br />

Apalais. J’espère que je réussirai à les<br />

convaincre d’apprendre.<br />

Le Bon Air. Juillet/Août 2013 25

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!