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Découverte<br />
Découverte<br />
Le manioc, au 5 ème rang mondial<br />
des plantes alimentaires :<br />
Plante vivace et haute, le manioc<br />
fut exploité par les Arawaks,<br />
Indigènes et Caraïbes dans les<br />
tréfonds de l'Amérique tropicale<br />
avant de convaincre maintes<br />
populations à travers le monde,<br />
notamment dans les pays<br />
tropicaux, de le cultiver sans<br />
relâche. Ensemble, levons le<br />
voile sur ce végétal tantôt<br />
miracle, parfois fatal...<br />
Quand le manioc<br />
prend racine,<br />
Il était une fois une Euphorbiacée...<br />
1. Manioc brut.<br />
2. Germaine coupe une racine de manioc.<br />
3. Le manioc épluché et nettoyé est broyé.<br />
4. Le manioc, une fois pressé et égoutté de tout son jus, est stocké dans un sac.<br />
5. Une fois détrempé, le manioc est séché sur une plaque.<br />
6. Fabrication de galettes de manioc.<br />
7. Garnies, les galettes de manioc se dégustent sans modération.<br />
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Les mythes de la Racine...<br />
Longtemps déjà avant l'arrivée<br />
des Européens, le continent<br />
sud-américain - particulièrement le<br />
Brésil et le Mexique - exploitait le<br />
manioc, originaire d'Amazonie,<br />
comme base alimentaire quotidienne.<br />
Cette plante mystique, car aussi<br />
bienfaitrice que malveillante selon<br />
son utilisation, était donc au cœur<br />
des premières légendes indigènes<br />
locales, et paraît-il directement<br />
associée à celle du peuple Tupi. Il y a<br />
plusieurs centaines d'années, le chef<br />
du village de l'actuel Santarem voulut<br />
punir l'homme blanc qui avait mis sa<br />
fille enceinte puis qui l'avait quittée.<br />
Puisque sa fille ne souhaitait pas lui<br />
révéler le nom de celui qui l'avait<br />
déshonorée, le père décida de la<br />
tuer à la place de celui qu'elle<br />
protégeait. La veille du meurtre, il<br />
renonça pourtant à cette idée,<br />
rêvant qu'un homme blanc le suppliait<br />
de ne pas mettre fin aux jours de<br />
celle qu'il aimait plus que tout. neuf<br />
mois plus tard, le chef de la tribu devint<br />
grand-père d'un beau bébé métisse<br />
à la peau incroyablement blanche et<br />
au minois innocent, répondant au doux<br />
prénom de Mani. On raconte que les<br />
gens venaient de très loin pour aduler<br />
cette jeune fillette au teint pâle, qui<br />
mourut, sans raison apparente, à peine<br />
un an après sa naissance, et qui fut<br />
inhumée dans l'immense jardin du<br />
domaine familial. Sur sa tombe, douze<br />
mois plus tard, fleurissait une plante<br />
inconnue jusqu'ici. Tandis que les<br />
oiseaux mourraient, s'empoisonnant<br />
après avoir becté ses feuilles, on creusa<br />
pour la déterrer. Le corps de Mani<br />
jamais ne fut retrouvé. Mais la racine<br />
de vie, blanche en son cœur et<br />
recouverte d'un épiderme marron<br />
foncé, quant à elle, sauva les tribus<br />
environnantes de la famine... C'est<br />
ainsi que le mot "manioc" désignerait<br />
en fait "Mani Oca", c'est-à-dire<br />
littéralement "la maison de Mani".<br />
3<br />
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Certains pensent que le manioc -<br />
Manihot Esculenta - originaire de<br />
l'Amérique du Sud, fut importé aux<br />
Antilles dès les prémisses de la<br />
colonisation, par les Arawaks et les<br />
Caraïbes, les premiers occupants<br />
connus de cette zone, qui savaient<br />
déjà, dit-on, que cette plante peu<br />
banale pouvait s'avérer aussi toxique<br />
que vertueuse... D'autres envisagent<br />
plutôt qu'elle fut introduite à la même<br />
période que la traite esclavagiste<br />
négrière, et que les Portugais la firent<br />
connaitre à l'Afrique centrale dans les<br />
années 1600, ce qui expliquerait qu'elle<br />
compose la base de l'alimentation<br />
de pays tels que le Congo, la Côte<br />
d'Ivoire et le Golfe de Guinée, où elle<br />
occupe une place de choix dans la<br />
consommation derrière le maïs, le riz,<br />
le blé et la pomme de terre.<br />
Quoi qu'il en soit, le manioc est<br />
aujourd'hui essentiellement cultivé sur<br />
des territoires chauds et humides qui<br />
lui permettent de s'épanouir de<br />
manière optimale et de garantir une<br />
intense production, soit 200 000<br />
tonnes récoltées par an. Sans gluten<br />
et riche en fécule (amidon et sucres),<br />
cette racine possède des tubercules<br />
pouvant mesurer jusqu'à 50<br />
centimètres de long pour 10<br />
centimètres de diamètre, soit un poids<br />
parfois imposant de 5 kilogrammes.<br />
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