L'élevage, la viande le désastre
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La raison pour <strong>la</strong>quel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s animaux d’<strong>é<strong>le</strong>vage</strong><br />
consomment une quantité si colossa<strong>le</strong><br />
de fourrage est <strong>le</strong>ur taux peu é<strong>le</strong>vé de conversion<br />
de <strong>la</strong> nourriture en chair. Il faut à peu<br />
près 10 kilos de nourriture pour produire<br />
un kilo de bœuf et cinq kilos de nourriture<br />
pour produire un kilo de porc. Un hectare<br />
de p<strong>la</strong>ntations céréalières produit environ<br />
cinq fois plus de protéines qu’un hectare de<br />
p<strong>la</strong>ntations pour <strong>la</strong> production de <strong>viande</strong>.<br />
Quant aux légumineuses (haricots, <strong>le</strong>ntil<strong>le</strong>s<br />
et pois), el<strong>le</strong>s permettent d’en produire dix<br />
fois plus... un monde sans <strong>viande</strong> serait un<br />
monde d’abondance.<br />
Cette situation empire du fait de <strong>la</strong> croissance rapide<br />
des <strong>é<strong>le</strong>vage</strong>s intensifs, alimentée par une demande de<br />
<strong>viande</strong> en expansion qui provient surtout des pays en<br />
développement. Dans ces pays – parmi <strong>le</strong>squels l’Inde<br />
et <strong>la</strong> Chine – <strong>la</strong> consommation de <strong>viande</strong> a connu une<br />
hausse de 127 % entre 1980 et 2000. Aujourd’hui,<br />
environ <strong>la</strong> moitié des porcs dans <strong>le</strong> monde et plus des<br />
deux tiers des pou<strong>le</strong>ts sont é<strong>le</strong>vés de façon industriel<strong>le</strong>.<br />
Enfermés <strong>la</strong> plupart du temps ou même en permanence,<br />
<strong>le</strong>s animaux des <strong>é<strong>le</strong>vage</strong>s industriels ne peuvent pas<br />
rechercher <strong>le</strong>ur nourriture et sont donc tota<strong>le</strong>ment<br />
dépendants des céréa<strong>le</strong>s et du soja.<br />
Produire de <strong>la</strong> <strong>viande</strong> à meil<strong>le</strong>ur marché n’est donc<br />
pas ce qui permettra de nourrir <strong>le</strong> monde : ce<strong>la</strong> ne<br />
fera qu’alimenter <strong>la</strong> famine, une quantité encore plus<br />
grande des récoltes mondia<strong>le</strong>s étant gaspillée pour <strong>le</strong><br />
bétail. En réalité, l’utilisation de ressources agrico<strong>le</strong>s<br />
accrues pour produire plus de <strong>viande</strong> est actuel<strong>le</strong>ment<br />
une des principa<strong>le</strong>s causes de <strong>la</strong> hausse des prix des<br />
produits alimentaires dans <strong>le</strong>s pays développés, <strong>la</strong>quel<strong>le</strong><br />
a engendré des émeutes dans certains pays pauvres au<br />
début de l’année 2008.<br />
La dévastation des océans<br />
Aujourd’hui, <strong>la</strong> demande d’une autre forme de protéine<br />
anima<strong>le</strong>, <strong>le</strong> poisson, est éga<strong>le</strong>ment <strong>la</strong> cause d’une<br />
dévastation écologique massive et très probab<strong>le</strong>ment<br />
irréversib<strong>le</strong>. D’après un chercheur, l’humanité prélèverait<br />
chaque année entre 1 000 et 3 000 milliards de poissons.<br />
Ce chiffre reposant uniquement sur <strong>le</strong>s estimations<br />
officiel<strong>le</strong>s de prises, <strong>le</strong> vrai chiffre est sans doute considérab<strong>le</strong>ment<br />
plus é<strong>le</strong>vé encore.<br />
Un <strong>é<strong>le</strong>vage</strong> de saumons en Ecosse.<br />
Il n’est donc pas étonnant, dans ces conditions, que<br />
80 % des espèces soient pêchées autour ou au-delà des<br />
limites quantitativement viab<strong>le</strong>s. La sur-pêche a déjà<br />
décimé <strong>le</strong>s popu<strong>la</strong>tions de cabil<strong>la</strong>uds, de raies, de lottes,<br />
de colins et de bien d’autres espèces encore, d’où <strong>la</strong> disparition<br />
de 90 % des grands poissons du monde entier<br />
d’après <strong>le</strong>s estimations : il s’agit notamment des thons,<br />
des espadons et des marlins. D’après <strong>la</strong> FAO, de toutes<br />
<strong>le</strong>s ressources naturel<strong>le</strong>s mondia<strong>le</strong>s, c’est <strong>le</strong> poisson qui<br />
est en train de disparaître <strong>le</strong> plus rapidement.<br />
On croit souvent que l’<strong>é<strong>le</strong>vage</strong> est <strong>la</strong> solution pour<br />
mettre fin au pil<strong>la</strong>ge des mers et des océans. En réalité,<br />
l’<strong>é<strong>le</strong>vage</strong> fait partie du problème. En effet, <strong>le</strong>s quantités<br />
colossa<strong>le</strong>s de nourriture nécessaires pour <strong>le</strong>s poissons<br />
d’<strong>é<strong>le</strong>vage</strong> sont produites principa<strong>le</strong>ment à partir des<br />
poissons pêchés dans <strong>la</strong> mer. On consomme faci<strong>le</strong>ment<br />
plus de trois tonnes de poisson sauvage pour produire<br />
une tonne de saumon d’<strong>é<strong>le</strong>vage</strong>. C’est particulièrement<br />
inquiétant si l’on sait que ce sont 40 millions de tonnes<br />
de poissons qui sont é<strong>le</strong>vés chaque année et que ce<br />
chiffre devrait encore doub<strong>le</strong>r d’ici 2030. Les <strong>é<strong>le</strong>vage</strong>s<br />
intensifs de poissons engendrent aussi une pollution et<br />
des risques de contamination de ma<strong>la</strong>dies aux poissons<br />
des océans.<br />
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