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LUsine-Africaine-Magazine-Avril-Mai-2017

Le 1er magazine dédié à l'industrie Africaine.

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1<br />

N°1 AVRIL - MAI <strong>2017</strong><br />

INNOVATION DIGITALE<br />

L’Afrique passe à la<br />

vitesse grand D !<br />

Ce n’est plus à prouver, l’humanité a déjà entamé la révolution du siècle : La digitalisation,<br />

et plus que jamais, l’Afrique a l’occasion d’endosser le rôle du précurseur<br />

plutôt que l’habituel rôle du suiveur. Plus que cela, selon une récente étude du très<br />

sérieux cabinet d’audit et de conseil américain PwC, « En accomplissant pleinement<br />

sa révolution digitale, l’Afrique a tous les atouts pour devenir la nouvelle puissance<br />

économique ». Zoom sur un secteur pas comme les autres dans un continent pas<br />

comme les autres.


2<br />

Un partenaire de confiance<br />

dans un monde en mouvement<br />

NOS SAVOIR-FAIRE RASSEMBLÉS<br />

AUTOUR D’UNE MARQUE UNIQUE<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE<br />

bollore-transport-logistics.com


sommaire<br />

3<br />

3 ǀ ÉDITO<br />

26 DOSSIER<br />

Analyse : L’Afrique : futur géant numérique ?<br />

16 ÉCONOMIE<br />

La Banque <strong>Africaine</strong> de Développement<br />

répond aux attentes des Africains<br />

6 ǀ ACTUALITÉ<br />

•Investec Asset Management<br />

rachète la société SJL<br />

•Oilibya rénove son usine de<br />

lubrifiants à Casablanca<br />

•Alpha Condé invite les<br />

pays africains à s’inspirer du<br />

modèle marocain<br />

•Dangote investit dans<br />

la plus grande usine de<br />

transformation de sucre<br />

•CIMAF construit une 3e<br />

cimenterie en Côte d’Ivoire<br />

•Cooper Pharma fait le point<br />

sur sa stratégie africaine<br />

22 ENTREPRISE<br />

L’Afrique invente son propre modèle, selon<br />

Mazars<br />

18 ÉCONOMIE<br />

Le rapport Africa Pulse de la Banque mondiale<br />

14 ǀ ÉVÉNEMENT<br />

•Le Salon International<br />

de l'Agriculture au Maroc<br />

(SIAM)<br />

16 ǀ ÉCONOMIE<br />

•La Banque <strong>Africaine</strong> de<br />

Développement répond aux<br />

attentes des Africains<br />

•Le rapport Africa Pulse de la<br />

Banque mondiale<br />

24 INTERVIEW<br />

Amine Louali Directeur Général délégué de<br />

Maghreb Steel<br />

14 ÉVÉNEMENT<br />

Le Salon International de l'Agriculture au Maroc<br />

20 ENTREPRISE<br />

La coopération Sud-Sud s’impose à l’Afrique<br />

comme alternative au modèle de développement<br />

post colonial<br />

20 ǀ ENTREPRISE<br />

•La coopération Sud-Sud<br />

s’impose à l’Afrique comme<br />

alternative au modèle de développement<br />

post colonial<br />

•L’Afrique invente son propre<br />

modèle, selon Mazars<br />

24 ǀ INTERVIEW<br />

•Amine Louali Directeur<br />

Général délégué de Maghreb<br />

Steel<br />

26 ǀ DOSSIER : INNOVA-<br />

TION DIGITALE<br />

L’AFRIQUE PASSE À LA<br />

VITESSE GRAND D !<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>


4<br />

SOMMAIRE<br />

42 INVITÉ DE LA RÉDACTION<br />

Khaled Igue<br />

58 OPINION<br />

Maroc–Afrique subsaharienne : Un modèle<br />

réussi du partenariat Sud-Sud !<br />

48 ÉNERGIE<br />

Alpha Condé Annonce La Création D’un<br />

Centre Africain Pour L’eau Et Les Énergies<br />

Renouvelables À Conakry<br />

46 ÉNERGIE<br />

Quelle énergie pour l’Afrique à l’horizon 2050 ?<br />

54 INVESTIR<br />

Investir au Gabon<br />

53 INNOVATION<br />

Le «SMARTilab EMSI» Champion de l’innovation<br />

50 INNOVATION<br />

Comment peut-on innover dans l’industrie<br />

automobile ?<br />

•Analyse : L’Afrique : futur<br />

géant numérique ?<br />

•Décryptage :La révolution<br />

numérique au cœur de la<br />

transformation de l’Afrique<br />

(PwC)<br />

•L’Afrique, eldorado de<br />

l’innovation inversée ?<br />

•Le programme Xl Africa<br />

: Les startups numériques,<br />

moteurs de l’innovation en<br />

Afrique<br />

42 ǀ INVITÉ DE LA RÉ-<br />

DACTION<br />

•Khaled Igue : Président du<br />

Think Tank Club Afrique<br />

2030<br />

46 ǀ ÉNERGIE<br />

•Quelle énergie pour<br />

l’Afrique à l’horizon 2050 ?<br />

•Alpha Condé Annonce<br />

La Création D’un Centre<br />

Africain Pour L’eau Et Les<br />

Énergies Renouvelables À<br />

Conakry<br />

50 ǀ INNOVATION<br />

•Comment peut-on innover<br />

dans l’industrie automobile ?<br />

•Le «SMARTilab EMSI»<br />

Champion de l’innovation<br />

54 ǀ INVESTIR<br />

•Investir au Gabon<br />

58 ǀ OPINION<br />

•Maroc–Afrique subsaharienne<br />

: Un modèle réussi du<br />

partenariat Sud-Sud !<br />

62 ǀ R&D<br />

•LafargeHolcim Maroc<br />

inaugure son premier centre<br />

d’innovation à vocation<br />

africaine<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


ÉDITO<br />

5<br />

Akram ESSEBAHI<br />

Directeur de publication<br />

a.essabbahi@usineafricaine.com<br />

L’usine africaine, c’est parti !<br />

« L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique.»<br />

C’est en entendant cette phrase lourde de sens<br />

prononcée en février 2014 par SM le Roi Mohammed<br />

VI, à l’occasion de l’ouverture à Abidjan<br />

du forum économique maroco-ivoirien, que<br />

l’idée de lancer un magazine 100% marocain<br />

dédié exclusivement à l’industrie en Afrique<br />

(ce continent d’avenir<br />

par excellence, ce continent<br />

aux potentialités<br />

énormes au regard de<br />

ses ressources naturelle<br />

et de ses forces vives)<br />

a germé. Trois ans plus<br />

tard, l’idée a fait son<br />

petit chemin pour donner<br />

enfin naissance à<br />

ce premier numéro. A<br />

lui seul, ce premier «<br />

jet » représente l’aboutissement de trois années<br />

de recherches, de réflexions, connaissant les<br />

nombreuses barrières à l’entrée du marché de<br />

la presse écrite et le risque encouru, à cause<br />

du déclin de ce secteur au profit des nouvelles<br />

technologies d’information. Tant pis ! L’équipe<br />

la digitalisation de<br />

l'Afrique est unique<br />

dans son genre, tant<br />

par la façon dont<br />

ce continent met à<br />

profit l’innovation<br />

technologique que par<br />

la vitesse hallucinante<br />

de progression dans ce<br />

domaine<br />

de L’usine africaine constituée de jeunes gens<br />

ambitieux, multiculturels et désireux d’accompagner<br />

cette transition mondiale qu’est le développement<br />

du continent africain, a accepté le<br />

relever le défi, car le « jeu » et l’enjeu valent<br />

largement la chandelle.<br />

Pour ce premier numéro donc, cette même<br />

équipe a choisi de braquer les projecteurs sur la<br />

transition digitale sans précédent qu’est en train<br />

d’opérer le continent noir en ce moment même.<br />

En effet, jouant un rôle prééminent dans la métamorphoses<br />

des économies africaines, la digitalisation<br />

de l'Afrique est unique dans son genre,<br />

tant par la façon dont ce continent met à profit<br />

l’innovation technologique que par la vitesse<br />

hallucinante de progression dans ce domaine,<br />

allant même jusqu’à bruler quelques étapes,<br />

notamment concernant la dématérialisation<br />

des processus. Toutefois, certains freins à cette<br />

évolution (ou dois-je plutôt parler de révolution<br />

?) sont à dénombrer, mais ils n’en demeurent<br />

pas moins surmontables, à condition d’unifier<br />

les efforts et d’établir une stratégie commune<br />

sur l’échelle continentale. Autrement dit : «<br />

l’Afrique doit faire confiance à l’Afrique ».<br />

• Directeur de publication : Akram ESSABBAHI • Rédacteur en chef : Soufiane CHAKKOUCHE<br />

• Secrétaire de rédaction : Said ZINNID • Directeur Stratégie & Relations Internationales :<br />

Hicham BRITEL • Directeur Commercial & Marketing : Hajar EL HAMDOUCHI • Chef de publicité<br />

: Younes IRAGUI • Maquette : Afrimedia • Dépôt légal : en cours • Impression : BS Print<br />

• Adresse : 2, rue Ahmed El Fechtali, Agdal, 10090 Rabat – Maroc • Tél : 0537 69 92 58 - Fax :<br />

0537 69 92 57 • email : contact@usineafricaine.com • www.usineafricaine.com<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>


6<br />

ACTU<br />

Transport : Investec<br />

Asset Management<br />

rachète la société SJL<br />

Agro-industrie : Le marocain Sefrioui<br />

investit 115 millions d’euros dans le riz au<br />

Sénégal<br />

Le Groupe Sefrioui va porter son investissement à hauteur de plus d’1<br />

milliard de dirhams au Sénégal. L’investissement réalisé à travers la filiale<br />

sénégalaise du Groupe, Afri Partners Sénégal s’inscrit dans le cadre de la<br />

stratégie nationale sénégalaise du Plan Sénégal Emergent (PSE) et promet<br />

d’après le top management, une « approche proactive et constructive ».<br />

Le projet en lui-même, qui va donc créer plus de 1 500 emplois ainsi que<br />

l’aménagement des parcelles villageoises sur une superficie de 2 500 ha,<br />

prévoit la mise en place d’un contrat programme avec les villageois, qui<br />

bénéficieront de l’assistance technique et de la formation du groupe marocain.<br />

Le groupe SJL, un des opérateurs<br />

majeurs du transport et de la logistique<br />

en Europe et au Maroc vient d’annoncer<br />

l’acquisition de la totalité de ses<br />

actions par le fond d’investissement<br />

Investec Asset Management, groupe<br />

financier anglo-sud-africain majeur<br />

sur le marché mondial.<br />

Cette opération de rachat permettra<br />

au groupe SJL de poursuivre le<br />

développement de son activité sur ces<br />

deux vastes marchés, en se positionnant<br />

aussi bien comme un trait d’union entre<br />

les deux continents, qu’un acteur du<br />

développement des relations Sud-Sud.<br />

En effet, le positionnement stratégique<br />

de SJL au Maroc, dont le siège est<br />

basé à Tanger, cadre parfaitement<br />

avec ses ambitions internationales.<br />

Pour piloter son développement sur les<br />

cinq prochaines années, À travers ce<br />

plan stratégique SJL prévoit d’investir<br />

plus de 40 Millions d’Euros et créer<br />

plus de 500 emplois entre l’Europe et<br />

l’Afrique.<br />

Agro-industrie : Dangote investit dans la plus<br />

grande usine de transformation de sucre de<br />

l’Afrique de l’Ouest<br />

Aliko Dangote, le richissime homme d’affaires nigérian, investira 700 millions de<br />

dollars dans la construction d’une usine de transformation de sucre située dans l’Etat<br />

de Nasarawa. Située dans la localité de Tunga, dans le gouvernement local d’Awe, cette<br />

usine sera la plus grande du genre en Afrique de l’Ouest. Côté emploi, elle devrait<br />

générer 30 000 postes directs et indirects. D’après le propriétaire du groupe Dangote, le<br />

projet de construction de l’usine comprendra une plantation de cannes à sucre s’étendant<br />

sur 60 000 ha. Pour ce qui est de sa réalisation, le projet s’achèvera dans environ deux<br />

ans et demi. Une fois le process de production entamé, l’usine produira 480 000 t de<br />

sucre par an ; soit 27% de la demande locale annuelle du pays qui est de 1,7 Mt.<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


7<br />

INDUSTRY T<br />

AGADIR INTERNA<br />

TRAINING CENTER<br />

Centre de formation<br />

des métiers du pét r ole et du gaz<br />

w w w.osita-ma roc.com<br />

Le plus grand centre de formation<br />

d’Afrique<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>


8<br />

ACTU<br />

CIMAF construit une<br />

3e cimenterie en Côte<br />

d’Ivoire<br />

Avec l’augmentation de la demande<br />

en coté d’ivoire, Ciments d'Afrique<br />

(CIMAF), société appartenant à Anas<br />

Sefrioui, est en train de doubler sa<br />

capacité à San Pedro en rajoutant une<br />

unité à 1 000 000 de tonnes. Cette<br />

usine démarrera en juillet <strong>2017</strong>, les<br />

augmentations de capacités annoncées<br />

le mois d’avril concernent Bobo<br />

Dioulasso avec 700 000 tonnes et un<br />

investissement de 30 millions EUR<br />

; Bouaké avec 500 000 tonnes et un<br />

investissement de 25 millions EUR et<br />

enfin Doula avec l’extension de l’usine<br />

existante d’1 million de tonnes pour<br />

atteindre 1 500 000 tonnes, avec un<br />

investissement de 25 millions EUR.<br />

Ces usines seront opérationnelles<br />

au courant de la 2e partie de 2018.<br />

Chaque usine comptera plus de 1000<br />

personnes dans la phase projet et<br />

plus de 250 personnes entre la main<br />

d’oeuvre directe et indirecte pendant<br />

la phase exploitation. L’objectif du<br />

groupe CIMAF est de devenir le 1er<br />

opérateur e Afrique de l’ouest en l’an<br />

2020.<br />

Hydroélectrique : Platinum Power signe<br />

un important accord au Cameroun<br />

Un accord sur les termes de références relatifs au Projet et au Contrat d’Achat<br />

d’Électricité a été signé le 13 avril <strong>2017</strong> entre l’État de la République du<br />

Cameroun, Platinum Power et ENEO Cameroon représentés respectivement<br />

par Dr. Basile Atangana KOUNA, Ministre de l’Eau et de l’Énergie, Omar<br />

BELMAMOUN, président directeur général et Joël Nana Kontchou,<br />

directeur général.<br />

Cet accord, établi dans le cadre d’un partenariat public-privé, porte sur<br />

les principes du futur Contrat d’Achat d’Electricité relatif au complexe<br />

hydroélectrique de Makay.<br />

Le complexe hydroélectrique de Makay, situé dans la région du Centre,<br />

dans le département du Nyong-et-Kelle, développera une capacité de 350<br />

MW, permettant de produire plus de 2000 GWh/an, ce qui se traduirait par<br />

un accès à l’électricité en faveur d’une population de plus de 6 millions<br />

de personnes. Le complexe hydroélectrique de Makay, dont la mise en<br />

exploitation est prévue pour le deuxième semestre 2023, contribuera au<br />

renforcement de l’offre énergétique, stimulera la croissance économique et<br />

fournira au Cameroun une électricité propre, fiable et renouvelable.<br />

Le Message du Président Babacar Ndiaye<br />

pour l’Afrique<br />

A l’occasion de la cérémonie de lancement à Dakar de la 2e édition de The<br />

Africa Road Builders, le Président Babacar Ndiaye a lancé un message<br />

d’espoir pour l’Afrique.<br />

« Croire en l’Afrique. Faire partager sa foi en l’Afrique. Transformer<br />

l’Afrique. Se sentir Africain, au-delà des frontières de nationalités. Nourrir<br />

l’ambition d’avoir une Afrique unie, une Afrique de l’espoir. Cette Afrique,<br />

j’y crois. Je crois qu’elle va réussir, parce que ceux qui nous suivent, ceux qui<br />

ont pris la relève, ceux qui sont dans cette salle et au-delà de cette salle, n’ont<br />

plus de complexe…Ils sont branchés sur ce qui existe de mieux ailleurs.<br />

Nous pouvons leur dire : ‘vous pouvez croire en vous-même. En croyant en<br />

vous-même, vous croyez en l’Afrique’ »<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


ACTU<br />

9<br />

L’African Public Relations Association<br />

organise sa 29e conférence annuelle à<br />

Casablanca<br />

L'Association Panafricaine des Relations Publiques (APRP) organise pour<br />

la première fois au Maroc sa conférence annuelle dont la 29e édition aura<br />

lieu du 10 au 12 mai à Casablanca. C’est la première fois que cet événement<br />

prestigieux se déroule au Maroc.<br />

Placée sous le thème “Competitive Africa : Effective Positioning Through<br />

Integrated Communications”, ("L'Afrique Compétitive: Un positionnement<br />

efficace grâce à une stratégie de communication intégrée") la conférence<br />

de l’APRA s’adresse à tous les professionnels des relations publiques, de la<br />

publicité, du branding, de l’édition, du journalisme et des nouveaux médias.<br />

Pharmaceutique<br />

: Cooper Pharma<br />

fait le point sur sa<br />

stratégie africaine<br />

Cooper Pharma, leader marocain de<br />

la production pharmaceutique, vient<br />

d’annoncer avoir bouclé l’année 2016<br />

et entamer <strong>2017</strong> sous de bons auspices.<br />

Derrière son leadership, une stratégie à<br />

l’international que le leader marocain<br />

a initié il y a presque une vingtaine<br />

d’années. Cette stratégie a visé essentiellement<br />

le continent africain et le<br />

Moyen-Orient. Cooper Pharma a ainsi<br />

tout au long de ces années multiplié<br />

les installations en propre ou en jointventure<br />

avec des partenaires solvables<br />

avec qui le leader marocain partage la<br />

même vision.<br />

Cette stratégie africaine continue son<br />

bout de chemin avec des réalisations<br />

de taille. Ainsi, Cooper Pharma, mène<br />

actuellement deux grands projets au<br />

Rwanda et en Côte d’Ivoire. Elle y installe<br />

deux unités de productions industrielles<br />

afin de permettre aux patients<br />

de ces deux pays d’avoir accès à des<br />

médicaments à la portée, sans pour<br />

autant négliger la qualité.<br />

Autour de keynotes et de tables-rondes animés par des experts reconnus, cet<br />

événement de networking réunira des chefs d’entreprise réputés, des officiels<br />

de premier plan, ainsi que des investisseurs de haut niveau.<br />

Avec une participation de plus de 300 invités venus de toute l’Afrique, la<br />

conférence de l’APRA permettra d’identifier les défis du continent en mettant<br />

l'accent sur son image et le rôle de la communication, de proposer un<br />

agenda sur la base duquel les défis énoncés seront abordés et de diriger une<br />

action collective en vue de promouvoir l'image de l'Afrique à travers les<br />

efforts coordonnés des professionnels de la communication.<br />

En partenariat avec The Holmes Report, la 29e conférence de l’APRA verra<br />

en outre la remise des prix « SABRE Awards Africa » aux gagnants de la<br />

première version continentale cette compétition. Les prix « Sabre Awards »<br />

sont les plus réputés dans le secteur des relations publiques.<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>


10<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong><br />

11


12<br />

ACTU<br />

Agriculture : Alpha Condé<br />

invite les pays africains<br />

à s’inspirer du modèle<br />

marocain<br />

Énergie : Oilibya rénove son usine<br />

de lubrifiants à Casablanca<br />

Acteur de référence dans le secteur énergétique en Afrique,<br />

OiLibya a toujours contribué au développement économique<br />

et social des pays où la marque est implantée. Plaçant la qualité<br />

et l’innovation au cœur de ses préoccupations, OiLibya a mis<br />

en place un plan d’investissement ambitieux au Maroc pour<br />

les prochaines années. Un de ses projets les plus importants est<br />

la rénovation et l’équipement des usines de lubrifiant avec des<br />

technologies de pointe et les systèmes de contrôle qualité les<br />

plus avancés. Le budget est estimé à 85 millions de dirhams ce<br />

qui garantira une production de lubrifiants de qualité, à même<br />

de satisfaire tous les besoins des clients. L’unité de production<br />

manuelle, existant depuis 1967, sera remplacée par un système<br />

complètement automatisé qui assurera une augmentation de la<br />

capacité de production, une plus grande sécurité des opérations<br />

et améliorera sans commune mesure la qualité des produits.<br />

Ce sont là les propos d’Alpha Condé le président en<br />

exercice de l’UA lors de la 9e édition des Assises<br />

nationales de l’agriculture et de l’édition <strong>2017</strong> du<br />

Salon internationale de l’agriculture du Maroc<br />

(SIAM <strong>2017</strong>). Lors de son allocution, le Président<br />

guinéen a insisté sur le fait que le développement<br />

du continent africain passe inévitablement par le<br />

développement de l’agriculture. Dans ce sens, il a<br />

mis en exergue l’exemple du Maroc qui peut servir<br />

de modèle pour le reste du continent à travers le Plan<br />

Maroc Vert dans l’accompagnement de l’adaptation<br />

de l’agriculture aux changements climatiques.<br />

Pour Alpha Condé, l’agriculture offre des<br />

alternatives très crédibles qui permettront au<br />

continent de relever les défis prioritaires auxquels<br />

il est confronté, à savoir la sécurité alimentaire et<br />

la création d’emplois en plus de l’objectif d’une<br />

croissance durable, soutenue et inclusive.<br />

Un partenariat signé entre la Fenelec et EPD of<br />

Rwanda<br />

La Fenelec, Fédération Nationale de l’Electricité,<br />

l’Electronique et les Energies Renouvelables a signé un<br />

accord de partenariat avec son homologue Rwandaise<br />

EPD, Energy Private Developers of Rwanda.<br />

A l’occasion de la première étape de l’African Business<br />

Connect à Kigali le 3 avril <strong>2017</strong>, Azelarab EL HARTI et<br />

Ivan TWAGIRASHEMA respectivement présidents de<br />

FENELEC et EPD, ont scellé ce partenariat, premier du<br />

genre pour la Fédération marocaine en Afrique de l’Est.<br />

Outre, le développement des secteurs électrique,<br />

électronique et énergies renouvelables entre les deux<br />

pays, cette convention prévoit le déploiement d’actions<br />

communes, structurées et coordonnées visant l’amélioration<br />

du climat d’affaires, et le renforcement de la coopération et<br />

le partenariat Sud-Sud, dans un esprit Win-Win.<br />

Ainsi, l’Association Professionnelle Rwandaise vientelle<br />

s’ajouter aux 22 autres associations professionnelles<br />

africaines partenaires de la FENELEC et membres de la<br />

Confédération <strong>Africaine</strong> de l’Electricité dont le siège est<br />

à Casablanca.<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


13<br />

Nouvelle gamme<br />

Ford Trucks<br />

Des compétences qui en disent long<br />

sur sa performance.<br />

Découvrez en exclusivité dans tous les showrooms Ford Trucks la nouvelle<br />

gamme de camions tracteurs, dotés d’un moteur Ecotorq E5 / E6<br />

révolutionnaire disponible en 420 et 480 cv, pour une performance optimale.<br />

Les camions Ford Trucks sont parfaits pour les longs trajets<br />

Ford Trucks<br />

Sharing the load<br />

SCAMA - Groupe Auto Hall<br />

• Casa-Siège : 05 22 76 11 79 • Fès 2 : 0535 72 14 21 / 22<br />

• Marrakech 2 : 05 24 35 47 20 • Nador : 05 36 35 98 78 / 79 / 80<br />

• Agadir 2 : 05 28 83 81 19 / 90 / 91 • Oujda 1 : 05 36 52 40 20<br />

• Salé : 05 37 88 63 19 / 21 / 23 • Tétouan : 05 39 71 52 05<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>


14<br />

ÉVÉNEMENT<br />

Le président guinéen Alpha Condé, invité d'honneur des 9es Assises de l'agriculture du Salon SIAM<br />

SIAM : silence, ça pousse !<br />

Par Soufiane Chakkouche<br />

A quelques levers du soleil après la baisse du rideau de la 12ème édition du Salon<br />

international de l’agriculture au Maroc (SIAM pour les intimes) qui s’est tenu du 18 au<br />

23 avril dernier à Meknès sous le thème "Agrobusiness et chaînes de valeur agricoles<br />

durables", les sourires affichés par les organisateurs et les exposants en disent long sur<br />

la récolte de cette année. L’usineafricaine vous en dresse le bilan.<br />

La graine semée il y a 11 ans<br />

de cela (ndlr : la première<br />

édition du SIAM a eu<br />

lieu en 2006) est devenue<br />

pousse et la pousse s’est métamorphosée<br />

en arbre ! Pour preuve, à en<br />

croire les responsables du SIAM, la<br />

moisson <strong>2017</strong> est bonne, très bonne.<br />

« Cette 12ème édition a été une réussite<br />

sur tous les plans. L'ensemble<br />

des professionnels y ont trouvé une<br />

réponse à leurs attentes et ont pu<br />

réaliser leurs objectifs », affirme le<br />

Commissaire du SIAM, Jawad Chami,<br />

et les chiffres semblent abonder<br />

dans son sens.<br />

L’année de tous les records<br />

Ils voulaient atteindre la barre symbolique<br />

de 1 millions de visiteurs,<br />

mais ils n’en ont comptabilisé que<br />

810.000 contre 850.000 un an auparavant.<br />

Et pourtant, l’édition <strong>2017</strong><br />

a affolé les compteurs, notamment<br />

s’agissant du nombre des exposants<br />

nationaux et internationaux, ainsi<br />

que celui des pays participants. Ils<br />

étaient plus 1.230 exposants provenant<br />

de 66 contrées, dont 19<br />

africaines, a étaler leurs produits,<br />

services et savoir-faire sur la moquette<br />

flambant neuve du salon. En<br />

outre, 20 délégations étrangères<br />

conduites par quelques 15 ministres<br />

ont répondu présent. Quant au fond,<br />

l’événement a enregistré un record<br />

de taille avec l’organisation de 33<br />

conférences et colloques pour 21<br />

conventions signées, des paraphes<br />

synonymes de « renforcement de la<br />

vocation de carrefour international<br />

et incontournable du salon », comme<br />

le souligne Jawad Chami.<br />

« Africulture »<br />

Il fallait leur dédier une grande surface<br />

d’exposition, car ils étaient<br />

venus des 4 coins de l’Afrique ! Sénégal,<br />

Algérie, Égypte, Bénin, Burkina<br />

Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire,<br />

Gabon, Gambie, Ghana, Guinée<br />

Conakry, Mali, Mauritanie, Madagascar,<br />

Niger, Nigeria, Ouganda,<br />

Togo et Namibie, 19 drapeaux, unis<br />

sous l’étendard africain, flottaient<br />

au-dessus des têtes lors de cette édi-<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


ÉVÉNEMENT<br />

15<br />

tion. Alors, et à l’instar de cet espace<br />

réservé à l’Afrique au milieu du pôle<br />

International, comme si ce continent<br />

était voué à jouer un rôle central dans<br />

les échanges internationaux s’agissant<br />

de la chose de l’agriculture, le<br />

SIAM s’est clairement positionné<br />

comme tribune pour plaider la cause<br />

d’une agriculture continentale. Une<br />

cause largement partagée et défendue<br />

par Alpha Condé, Président de<br />

la République de Guinée et Président<br />

en exercice de l’Union africaine,<br />

invité de marque de la 9ème édition<br />

des Assises nationales de l’agriculture<br />

et du SIAM <strong>2017</strong>. En effet,<br />

après ses récentes et fracassantes déclarations<br />

coup de gueule à Abidjan<br />

et à Paris en faveur d’une prise de<br />

conscience collective du continent<br />

africain à propos du secteur agricole<br />

de ce dernier, c’est à Meknès que le<br />

Président au verbe incisif a choisi de<br />

réitérer son plaidoyer. « L'Afrique<br />

doit prendre son avenir entre ses<br />

mains et définir son propre moyen<br />

pour gérer sa démocratie… Le développement<br />

de nos pays, quelles que<br />

soient leurs richesses en matières<br />

premières minérales, passe nécessairement<br />

par le développement de<br />

nos agricultures », a-t-il déclaré à<br />

l'occasion de l'ouverture des Assises<br />

nationales de l'agriculture. Une pensée<br />

qui s’accorde parfaitement avec<br />

l’initiative pour l’Adaptation de<br />

l’Agriculture <strong>Africaine</strong>, la fameuse<br />

« Triple A » (ndlr : lire encadré :<br />

« Le Triple A pour les nuls ») lancée<br />

par le Maroc lors de la COP22<br />

et qui consiste dans ces grandes<br />

lignes à réduire l’impact négatif<br />

des changements climatiques sur<br />

l ’ a g r i c u l t u r e d u c o n t i n e n t a f r i c a i n .<br />

Côté produits, « le panier en osier<br />

» des exposants africains contenait<br />

des produits agricoles transformés<br />

et d’autres du terroir tels que l’huile<br />

de soja, le maïs, le riz, le fonio ou<br />

encore le chocolat et les fruits exotiques,<br />

mais pas seulement. On pouvait<br />

y trouver également beaucoup<br />

d’ambitions et l’espoir de sceller<br />

des partenariats gagnant-gagnant<br />

avec le Royaume chérifien, véritable<br />

tremplin pour un rayonnement à<br />

l’international. Et, au vu du potentiel<br />

énorme dont regorge le continent<br />

de Thomas Sankara, les solutions<br />

ne devraient en principe pas faire<br />

défaut. L’avenir nous le dira… Un<br />

avenir qu’on espère vert.<br />

Pour sa 12ème édition, les têtes pensantes du SIAM ont<br />

jeté leur dévolu sur l’Italie afin d’occuper le siège d’invité<br />

d’honneur. Et pour cause, ce pays méditerranéen<br />

représente la 3ème puissance agricole de l’Union européenne<br />

(juste derrière la France et l’Allemagne) avec un<br />

chiffre d’affaire du secteur agricole de plus de 42 milliards<br />

d’euros et quelques 1,6 millions d’exploitations<br />

agricoles pour une surface arable d’environ 7,1 millions<br />

d’hectares. Qui plus est, le pays de Léonard de Vinci est<br />

sans conteste l’un des leaders mondiaux de l’agriculture<br />

biologique et de la production placée sous le signe de<br />

L’Italie à l’honneur<br />

le « Triple A » pour les nuls<br />

l’identification de la qualité et de l'origine. En effet, la<br />

péninsule compte le plus grand nombre d'appellations<br />

d'origine protégée (AOP), d'indications géographiques<br />

protégées (IGP) et de spécialités traditionnelles garanties<br />

(STG) de l’Union européenne. Quant à la relation<br />

commerciale avec le Maroc, l’Italie occupe le 17ème<br />

rang des partenaires commerciaux du Royaume concernant<br />

le domaine agricole, et c’est bel et bien pour faire<br />

bouger ce classement que les responsables du SIAM ont<br />

opté pour l’Italie. Alors oui messieurs ! ce fut bien le<br />

bon choix.<br />

A comme Adaptation, A comme Agriculture, A comme<br />

Afrique. Lancée en grande pompe par le Maroc en marge<br />

de la COP22 qui s’est déroulée du 7 au 18 novembre<br />

dernier à la Ville ocre, l’initiative dite « Triple A » vise<br />

essentiellement à adapter l’agriculture du continent<br />

noir, et ce afin de relever l’énorme défi que constitue<br />

le changement climatique, ou à moindre mesure, réduire<br />

le taux de vulnérabilité de l’agriculture africaine face à<br />

ce fléau planétaire. Pour cela, le plan « Triple A » préconise<br />

le traitement prioritaire de 3 axes principaux, à<br />

savoir : l'accès aux énergies propres, le développement<br />

des villes durables et le renforcement de la résilience à<br />

la production agricole. En somme, pour la première fois<br />

dans l’histoire de ce continent, une corrélation claire<br />

a été établie entre le climat et la sécurité alimentaire.<br />

Enfin, il convient de rappeler que les climatologues s’accordent<br />

tous à dire que l’Afrique est la première victime<br />

du changement climatique, et que son agriculture commence<br />

d’ores et déjà à en pâtir. Cette situation est plus<br />

qu’alarmante lorsque l’on sait que ce secteur fait travailler<br />

60 % de la population africaine, de quoi faire passer<br />

ce problème en priorité continentale numéro 1 !<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>


16<br />

ÉCONOMIE<br />

La Banque <strong>Africaine</strong> de Développement<br />

répond aux attentes des Africains<br />

Lors d’un discours passionné<br />

prononcé mercredi<br />

19 avril <strong>2017</strong> au Center<br />

for Global Development à<br />

Washington, DC, le président de la<br />

Banque africaine de développement<br />

(BAD), Akinwumi Adesina a évoqué<br />

l’énorme potentiel de l’Afrique<br />

ainsi que le programme de développement<br />

ambitieux de la Banque qui,<br />

a-t-il déclaré, « est en bonne voie de<br />

réalisation ».<br />

Au cours de sa rencontre avec le<br />

groupe de réflexion de Washington,<br />

le Président de la BAD a dressé un<br />

bilan de ses 19 premiers mois à la<br />

tête de l’institution. Deux ans plus<br />

tôt, le 16 avril 2015, alors qu’il était<br />

ministre de l’Agriculture et du Développement<br />

rural du Nigeria, il participait<br />

à un débat dans la même salle<br />

avec d’autres candidats à la présidence<br />

de la BAD avant l’élection<br />

présidentielle en mai 2015.<br />

« L’Afrique était au premier plan<br />

pour une excellente raison », a-t-il<br />

déclaré dans un discours préliminaire<br />

qui introduisait le panel sur le<br />

thème « Les difficultés et la logique<br />

d’une hausse des financements pour<br />

l’Afrique », organisé en marge des<br />

réunions de printemps du FMI et de<br />

la Banque mondiale. « La Banque<br />

africaine de développement a donné<br />

la direction à suivre, en matière de<br />

leadership, à toutes les banques multilatérales<br />

de développement (BMD)<br />

en faisant preuve de transparence<br />

dans l’élection de son président,<br />

dans le cadre d’un processus ouvert<br />

et concurrentiel », a-t-il ajouté, faisant<br />

référence à la publication des<br />

résultats en direct sur Twitter, de<br />

l’élection organisée par la BAD.<br />

Deux ans plus tard, Akinwumi<br />

Adesina a déclaré, devant une salle<br />

comble, que la vision qu’il avait présentée<br />

lors de son discours inaugural<br />

– les « Cinq grandes priorités »<br />

(le Top 5) en matière de développement<br />

– est en cours de déploiement à<br />

l’échelle du continent.<br />

« La vision que nous avons de<br />

l’Afrique, à la BAD, fait partie<br />

intégrante du Top 5 : éclairer<br />

l’Afrique et l’alimenter en énergie,<br />

nourrir l’Afrique, industrialiser<br />

l’Afrique, intégrer l’Afrique et<br />

améliorer la qualité de vie des<br />

Africains », a affirmé le président,<br />

avant d’énumérer une liste<br />

d’initiatives qu’entreprend la BAD<br />

actuellement.<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


ÉCONOMIE<br />

17<br />

« En lançant le « New Deal » pour<br />

l’énergie en Afrique, nous nous<br />

sommes engagés à investir 12 milliards<br />

de dollars au cours des cinq<br />

prochaines années, avec l’ambition<br />

de mobiliser 45 à 50 milliards de<br />

dollars supplémentaires. L’objectif<br />

étant de raccorder 130 millions de<br />

personnes au réseau et 75 millions<br />

à des systèmes hors réseau, afin de<br />

permettre à environ 150 millions<br />

de ménages d’accéder à une source<br />

d’énergie de cuisson propre.<br />

« Nous avons mis en place une toute<br />

nouvelle vice-présidence spécifiquement<br />

dédiée à l’électricité et à<br />

l’énergie : la BAD est la première<br />

et l’unique banque multilatérale de<br />

développement à prendre une telle<br />

mesure. L’an dernier, nous avons<br />

financé un projet d’un montant de<br />

1,7 milliard de dollars dans le secteur<br />

de l’électricité couvrant 19 pays<br />

et, cette année, ce montant passera à<br />

2 milliards de dollars, avec l’objectif<br />

de mobiliser 5 à 7 milliards de<br />

dollars. Nous avons lancé un Fonds<br />

pour l’inclusion énergétique à hauteur<br />

de 500 millions de dollars avec<br />

un capital de départ de 100 millions<br />

de dollars, afin de proposer des<br />

financements abordables aux entreprises<br />

qui investissent dans les énergies<br />

renouvelables.<br />

« À l’instar de l’électricité qui alimente<br />

une économie, la nourriture<br />

fournit de l’énergie aux populations.<br />

Le coût annuel des importations alimentaires<br />

en Afrique se chiffre à 35<br />

milliards de dollars et l’on prévoit<br />

une augmentation de ce montant à<br />

110 milliards de dollars d’ici 2025<br />

; ceci affaiblit les économies des<br />

pays africains, décime son secteur<br />

agricole et exporte les emplois du<br />

continent », a déclaré Adesina, en<br />

précisant que 35 milliards de dollars<br />

représentent approximativement le<br />

montant dont le continent a besoin<br />

pour combler son déficit énergétique.<br />

« Dans un souci d’apporter un soutien<br />

rapide à la diversification des<br />

économies en Afrique et à la relance<br />

des zones rurales sur le continent,<br />

nous avons fait de l’agriculture notre<br />

plus haute priorité », a-t-il poursuivi.<br />

« La BAD s’est engagée à verser<br />

24 milliards de dollars pour soutenir<br />

l’agriculture au cours des 10<br />

prochaines années, en se focalisant<br />

principalement sur l’autosuffisance<br />

alimentaire et sur l’industrialisation<br />

agricole. Les sécheresses et les<br />

famines auxquelles certains pays ont<br />

récemment été confrontés (Soudan<br />

du Sud, Somalie, Nigeria, Kenya,<br />

Éthiopie et Ouganda) appellent à des<br />

interventions immédiates, car 20 millions<br />

de personnes sont touchées par<br />

l’insécurité alimentaire et souffrent<br />

de malnutrition aiguë. C’est dans ce<br />

cadre que la BAD a décidé de lancer<br />

de nouvelles initiatives et prévoit<br />

un appui de 1,1 milliard de dollars,<br />

suite à l’approbation de son Conseil<br />

d’administration, pour faire face à<br />

cette crise et prévenir toute nouvelle<br />

famine en cas de sécheresse. »<br />

« Nous prenons des mesures pour<br />

rehausser le niveau de parité en<br />

Afrique. C’est la raison pour laquelle<br />

nous avons lancé le programme de<br />

Discrimination positive en matière<br />

de financement pour les femmes<br />

d’Afrique (AFAWA) en vue de mobiliser<br />

3 milliards de dollars en faveur<br />

des femmes entrepreneures.<br />

Nous nous sommes attaqués au<br />

plus grand problème social auquel<br />

l’Afrique fait face aujourd’hui : les<br />

taux élevés de chômage des jeunes.<br />

Actuellement, un tiers des 230 millions<br />

de jeunes Africains (environ<br />

20 % de la population jeune dans le<br />

monde) est au chômage ou se sent<br />

découragés, un autre tiers occupe<br />

un emploi précaire, principalement<br />

dans le secteur informel, et seulement<br />

1/6e occupe des emplois rémunérés.<br />

»<br />

Pour résoudre ce problème, la BAD<br />

a lancé l’initiative ENABLE Youth<br />

(Empowering Novel Agri-Business-Led<br />

Employment Youth) un<br />

programme destiné aux jeunes et<br />

promouvant l’entrepreneuriat dans<br />

l’agro-industrie par l’acquisition<br />

de compétences qui s’adresse aux<br />

jeunes « agripreneurs » dans plusieurs<br />

pays, dont le Nigeria et le<br />

Soudan. La BAD s’est également<br />

associée à la Banque européenne<br />

d’investissement (BEI) afin de lancer<br />

l’initiative « Boost Africa » pour<br />

les jeunes entrepreneurs innovants,<br />

et elle investit dans la formation de<br />

la jeunesse dans les domaines des<br />

sciences, des technologies et des<br />

mathématiques en vue de les préparer<br />

aux emplois de demain.<br />

« Notre vision pour l’Afrique est<br />

claire », a déclaré Akinwumi Adesina<br />

en énonçant certains des succès<br />

qu’a connu l’institution en 2016 :<br />

• 3,3 millions d’Africains ont bénéficié<br />

de nouveaux raccordements à<br />

l’électricité ;<br />

• 3,7 millions d’Africains ont bénéficié<br />

d’une amélioration de leur<br />

accès à l’eau et à l’assainissement ;<br />

• 5,7 millions d’Africains ont bénéficié<br />

d’améliorations dans le secteur<br />

agricole ;<br />

• 9,3 millions d’Africains ont bénéficié<br />

d’un accès à des services de<br />

santé améliorés ;<br />

• 7 millions d’Africains ont bénéficié<br />

d’une amélioration de leur<br />

accès aux services de transport.<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>


18<br />

ÉCONOMIE<br />

Le rapport Africa Pulse de la Banque<br />

mondiale<br />

« La croissance économique en<br />

Afrique subsaharienne rebondit en<br />

<strong>2017</strong> », Tel est la conclusion d’Africa<br />

Pulse, le rapport semestriel de la<br />

banque mondiale dédié à l’état des<br />

économies africaines.<br />

Après avoir enregistré en 2016, son<br />

niveau le plus bas depuis plus de<br />

deux décennies, la croissance dans<br />

cette région reprend en <strong>2017</strong> pour<br />

atteindre 2,6 %. Toutefois, elle reste<br />

faible et se situe légèrement au-dessus<br />

de la croissance démographique.<br />

Autrement dit, elle avance avec un<br />

rythme qui entrave les efforts relatifs<br />

à l’emploi et à la réduction de la<br />

pauvreté.<br />

Ce redressement est lent eu égard à<br />

l’ajustement insuffisant par rapport à<br />

la baisse des prix des matières premières<br />

et à l’incertitude des politiques.<br />

Plusieurs pays exportateurs<br />

de pétrole sont confrontés à des difficultés<br />

économiques.<br />

Heureusement ! D’autres pays<br />

comme la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie,<br />

Kenya, Mali, Rwanda, Sénégal<br />

et Tanzanie continuent d’afficher<br />

des taux de croissance annuels supérieurs<br />

à 5,4 % entre 2015 et <strong>2017</strong>,<br />

aidés en cela par la demande intérieure.<br />

Les perspectives économiques mondiales<br />

s’améliorent et devraient favoriser<br />

la reprise dans la région. Selon<br />

le rapport Africa’s Pulse « la croissance<br />

globale du continent devrait<br />

passer à 3,2 % en 2018 et à 3,5 %<br />

en 2019, reflétant ainsi la reprise<br />

dans les principales puissances économiques.<br />

La croissance demeurera<br />

atone dans les pays exportateurs de<br />

pétrole, alors qu’elle devrait repartir<br />

modestement dans les pays exportateurs<br />

de métaux. La croissance<br />

du PIB dans les pays dont l’économie<br />

dépend des matières premières<br />

devrait rester forte, soutenue par<br />

les investissements dans les infrastructures,<br />

des secteurs de services<br />

résilients et le redressement de la<br />

production agricole. C’est le cas en<br />

Éthiopie, au Sénégal et en Tanzanie<br />

».<br />

« Alors que les pays procèdent à<br />

des ajustements budgétaires, nous<br />

devons faire en sorte que la conjoncture<br />

demeure propice à l’investissement<br />

afin que les pays d’Afrique<br />

subsaharienne connaissent une reprise<br />

plus forte », explique Albert<br />

G. Zeufack, économiste en chef de<br />

la Banque mondiale pour la région<br />

Afrique. « Nous devons mettre en<br />

œuvre des réformes qui augmentent<br />

la productivité des travailleurs<br />

africains et créer un environnement<br />

macroéconomique stable. Des emplois<br />

plus productifs et de meilleure<br />

qualité contribuent à lutter contre la<br />

pauvreté sur le continent. »<br />

Concernant les mesures à prendre,<br />

ledit rapport recommande une mise<br />

en œuvre urgente de réformes visant<br />

à améliorer les institutions qui promeuvent<br />

la croissance du secteur<br />

privé, développer les marchés financiers<br />

locaux, améliorer les infrastructures<br />

et renforcer la mobilisation<br />

des ressources intérieures.<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong><br />

19


20<br />

ENTREPRISE<br />

Nasser Benkirane<br />

VP Business Development<br />

« La coopération Sud-Sud s’impose à<br />

l’Afrique comme alternative au modèle<br />

de développement post colonial »<br />

Plus qu’une tendance, c’est un fait : les entreprises marocaines sont de plus en plus<br />

présentes sur le très prometteur marché africain, jadis boudé par ces dernières. Le<br />

Groupe MEDTECH n’échappe pas à la règle, objectif : faire connaître le Groupe à<br />

l’échelle continentale. Entretien avec Nasser Benkirane, VP Business Development.<br />

Le Groupe MEDTECH est<br />

le 1er opérateur global des<br />

NTIC au Maroc ; A l’actif<br />

du Groupe, 13 filiales totalisant<br />

un effectif de 900 personnes,<br />

100 Millions d’Euros de CA consolidé,<br />

opérant dans les Solutions IT,<br />

les Solutions de Paiement, les Data<br />

Center et les Solutions Réseaux et<br />

Télécoms (Mobilité, Big Data, Virtualisation,<br />

Cloud, Intelligence de<br />

la donnée, Progiciels de gestion,<br />

Conduite du changement, Sécurité<br />

IT, Communications unifiées, Développement<br />

spécifique, Switch monétique,<br />

Centre de contacts, GED, Portail<br />

d’entreprise, etc…).<br />

Le Groupe a développé une expertise<br />

reconnue dans divers secteurs<br />

d’activité (finance, industrie, administration,<br />

services, …), avec un<br />

champ d’intervention dépassant le<br />

cadre national (Europe, Afrique du<br />

Nord, Afrique de l’Ouest et Afrique<br />

Centrale).<br />

Parmi ses nombreux partenaires éditeurs<br />

et constructeurs, on citera entre<br />

autres : Oracle (depuis 1989), IBM,<br />

CISCO, Alcatel-Lucent (filiale Nokia),<br />

NCR (fournisseur de guichets<br />

automatiques), Dell EMC, Nutanix,<br />

Sage ou encore Microsoft.<br />

En tant que Vice-Président Business<br />

Développent du Groupe MED-<br />

TECH, je suis en charge du développement<br />

de ses activités sur l’Afrique<br />

avec un focus particulier sur la partie<br />

Francophone.<br />

Quelle est votre stratégie d’investissement<br />

dans le continent africain<br />

?<br />

Le Groupe MEDTECH s’investit<br />

depuis maintenant 5 années dans la<br />

prospection des marchés d’Afrique<br />

du Nord et d’Afrique Subsaharienne.<br />

Cela se traduit en premier par une<br />

étude des différents marchés porteurs<br />

et la constitution d’un réseau<br />

de partenaires capables de représenter<br />

localement notre offre globale de<br />

produits et services. Notre stratégie<br />

se poursuit ensuite à travers des déplacements<br />

réguliers dans les pays<br />

ciblés pour assister à des salons et<br />

forums IT, mais aussi pour y rencontrer<br />

des prospects et clients de même<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


ENTREPRISE<br />

21<br />

que nos futurs partenaires locaux.<br />

L’objectif de notre démarche est<br />

de faire connaître notre Groupe à<br />

grande échelle et de s’appuyer sur<br />

nos partenaires pour faire le travail<br />

commercial tout en bénéficiant de<br />

notre support total durant les phases<br />

d’avant-vente.<br />

Le Groupe MEDTECH mène en<br />

parallèle des réflexions pour s’implanter<br />

dans certains pays en propre<br />

ou à travers un rachat de structures<br />

locales.<br />

Parlez-nous de vos projets en<br />

Afrique<br />

Le Groupe MEDTECH compte à<br />

son actif plusieurs projets réalisés<br />

en Afrique du Nord et en Afrique<br />

Subsaharienne. Parmi les projets en<br />

cours, on citera entre autres : projet<br />

de switch monétique en Sierra Leone<br />

à travers sa filiale S2M, projet de gestion<br />

électronique des documents en<br />

Côte d’Ivoire à travers sa filiale Uniforce,<br />

projet de formations Oracle<br />

au Sénégal, Mali, Côte d’Ivoire et<br />

Niger à travers sa filiale OmniAcademy,<br />

projet de déploiement de solutions<br />

de gestion des forces de vente<br />

mobiles au Tchad à travers sa filiale<br />

Ncrm, projet de mise en œuvre de<br />

solutions de sécurité Oracle chez<br />

un opérateur télécoms au Cameroun<br />

à travers sa filiale Omnidata, projet<br />

de Datawarehouse et de Reporting<br />

règlementaire en Algérie à travers sa<br />

filiale Omnidata Business Solutions,<br />

etc…<br />

Comment votre entreprise accompagne<br />

la politique du royaume<br />

dans le développement du continent<br />

africain ?<br />

L’Afrique est un relai de croissance<br />

non négligeable. Tout le monde se<br />

rue sur cet eldorado jadis délaissé.<br />

Le marché marocain est saturé, d’où<br />

la nécessité pour les entreprises marocaines<br />

d’aller chercher de la croissance<br />

en Afrique, où la compétence<br />

marocaine est aujourd’hui fortement<br />

reconnue et appréciée.<br />

En ce qui nous concerne, et fort de<br />

nos expériences réussies depuis<br />

plus de 25 ans dans le domaine des<br />

Nouvelles Technologies de l’Information<br />

et de la Communication,<br />

nous œuvrons à l’instar des autres<br />

secteurs d’activité (finance, télécoms,<br />

assurance, …) à faire bénéficier<br />

plusieurs pays frères de tout<br />

notre savoir-faire, en leur proposant<br />

des idées de projets IT déjà réalisés<br />

au Maroc aussi bien dans le secteur<br />

Privé que Public. Nous agissons<br />

également au niveau de nombreuses<br />

Agences de Développement de l’Informatique<br />

de ces pays, en tant que<br />

conseiller sur les Best Practices de<br />

notre domaine d’activité, en vue de<br />

leur permettre d’améliorer leur notation<br />

« Doing Business ».<br />

L’informatique constitue en somme<br />

aujourd’hui un ingrédient essentiel<br />

permettant aux pays Africains de<br />

passer d’un statut de pays sous-développé<br />

à pays émergent. Nous faisons<br />

notre possible pour y contribuer du<br />

mieux que nous pouvons.<br />

Quel regard portez-vous sur la<br />

coopération Sud-Sud ?<br />

Le Maroc a entamé depuis quelques<br />

années une politique <strong>Africaine</strong> basée<br />

sur la coopération Sud-Sud et sur le<br />

partenariat Public-Privé dans une<br />

perspective Win-Win. Ceci est à<br />

mettre à l’actif de Sa Majesté Le Roi<br />

Mohammed VI, que Dieu l’assiste,<br />

qui a ouvert cette voie permettant<br />

au Maroc de renforcer sa position<br />

de deuxième investisseur africain en<br />

Afrique, voir premier en Afrique de<br />

l’Ouest.<br />

La coopération Sud-Sud s’impose<br />

au continent Africain comme alternative<br />

au modèle de développement<br />

post colonial des pays Africains.<br />

L’Afrique peut ainsi se fédérer,<br />

trouver son chemin vers le développement<br />

et s’affranchir de la dépendance<br />

vis-à-vis de l’Europe et de la<br />

Chine.<br />

Cette conception de coopération du<br />

Maroc avec les autres pays Africains<br />

ambitionne de donner à l’Afrique les<br />

moyens de se développer par ellemême,<br />

en comptant sur ses propres<br />

ressources naturelles et humaines.<br />

Comment à votre avis, les entreprises<br />

marocaines pourraient être<br />

une réelle locomotive dans le développement<br />

du continent africain ?<br />

Doté de ressources naturelles limitées,<br />

le Maroc fait partie des rares<br />

pays africains qui ont réussi à bâtir<br />

des Groupes privés solides, au<br />

savoir-faire reconnu. On assiste en<br />

effet aujourd’hui à une présence<br />

significative de ces grands Groupes<br />

Marocains en Afrique, permettant<br />

aux pays concernés de bénéficier<br />

du partage de leur expertise, de leur<br />

savoir-faire et de leur compétitivité<br />

dans divers domaines d’activité : la<br />

finance, les télécoms, la construction<br />

d’infrastructures, l’immobilier,<br />

l’assurance, la santé, l’agriculture,<br />

l’exploitation des richesses du soussol,<br />

l’industrie pharmaceutique, le<br />

ciment, la formation professionnelle,<br />

les énergies renouvelables, etc…,<br />

tout ceci auréolé par une compagnie<br />

aérienne nationale, Royal Air Maroc,<br />

contribuant à une vaste mobilité<br />

intercontinentale permettant de faciliter<br />

la libre circulation des ressortissants<br />

des pays Africains frères.<br />

Ce constat permet à mon sens de<br />

conforter le statut du Maroc en tant<br />

que « réelle locomotive » du développement<br />

du continent Africain.<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>


22<br />

ENTREPRISE<br />

L’Afrique invente son propre modèle,<br />

selon Mazars<br />

À<br />

l’occasion de l’édition<br />

<strong>2017</strong> de l’Africa CEO<br />

Forum, le groupe international<br />

d’audit et de<br />

conseil Mazars dévoile les enseignements<br />

de son étude « Afrique :<br />

les nouvelle voies de l’innovation<br />

– dans le sillage des catalyseurs de<br />

l’intrapreneuriat et de l’open innovation<br />

». Propulsée par l’intrapreneuriat<br />

et l’innovation, l’Afrique connait<br />

aujourd’hui une transformation décisive.<br />

À travers cette étude, Mazars<br />

part à la rencontre d’entrepreneurs et<br />

d’entreprises qui ont développé des<br />

initiatives locales pragmatiques et<br />

innovantes.<br />

L’innovation devient une priorité<br />

stratégique pour un nombre croissant<br />

d’entreprises établies en Afrique, qui<br />

disposent rarement des ressourcesinternes<br />

et de l’agilité nécessaires pour<br />

se transformer, qui plus est rapidement<br />

».<br />

S’inspirant des succès extérieurs<br />

sans chercher à les copier et s’adaptant<br />

aux réalités locales pour générer<br />

L’Afrique : des<br />

écosystèmes<br />

entrepreneuriaux aux<br />

multiples facettes<br />

de nouveaux projets, les entrepreneurs<br />

innovants africains contribuent<br />

à inventer de nouveaux modèles.<br />

Certaines entreprises misent sur le<br />

potentiel d’innovation de leurs collaborateurs.<br />

D’autres s’ouvrent à des<br />

acteurs externes, parmi lesquelles<br />

les start-ups.De Dakar à Nairobi, du<br />

Cap à Casablanca, les expérimentations<br />

d’intrapreneuriat et d’open<br />

innovation se multiplient, créant une<br />

dynamique panafricaine.<br />

« Continent de la disruption technologique,<br />

l’Afrique franchit actuellement<br />

une nouvelle étape en matière<br />

d’innovation. Après les success stories<br />

des fintechs et de la bancarisation<br />

du secteur des télécommunications,<br />

le continent connaît un nouvel élan<br />

avec les pratiques d’intrapreneuriat<br />

et d’open innovation qui apportent<br />

des solutions locales pragmatiques<br />

dans des environnements ne bénéficiant<br />

pas toujours des ressources<br />

internes et du cadre réglementaire<br />

propices à la création d’offres innovantes.<br />

C’est désormais aux entreprises<br />

de s’impliquer dans ce type de<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


ENTREPRISE<br />

23<br />

démarches afin de répondre aux<br />

besoins de proximité du marché<br />

et de créer une culture d’agilité<br />

qui les aidera à réinventer leur<br />

business model», explique Abdou<br />

Diop, Managing Partner de<br />

Mazars au Maroc.<br />

Les initiatives d’intrapreneuriat<br />

et d’open innovation constituent<br />

également une composante importante<br />

de l’attraction et de la<br />

rétention des talents. L’étude<br />

Mazars révèle ainsi que près de<br />

90% des répondants indiquent<br />

que l’ouverture d’une entreprise<br />

à l’innovation et à l’intrapreneuriat<br />

est un critère qui les inciterait<br />

à la rejoindre.<br />

L’Afrique : des écosystèmes<br />

entrepreneuriaux aux multiples<br />

facettes<br />

Le continent africain est en<br />

ébullition numérique : bourgeonnants<br />

en Afrique centrale<br />

ou dans l’Ouest francophone,<br />

en phase de développement<br />

accéléré comme au Rwanda,<br />

structurés comme l’exception<br />

sud-africaine. D’autres encore<br />

bénéficient de positions privilégiées<br />

comme au Maroc, proche<br />

historiquement des États-Unis<br />

et géographiquement de l’Europe,<br />

ou en Egypte, qui profite<br />

de sa proximité avec le Moyen-<br />

Orient.<br />

L’étude Mazars démontre<br />

qu’aujourd’hui un peu partout<br />

des précurseurs montrent la<br />

voie rapprochant les mondes<br />

des entreprises établies et des<br />

entrepreneurs/innovateurs, ou<br />

libérant le potentiel « intrapreneurial<br />

» des salariés.<br />

Elle nous apprend également<br />

qu’il existe un écart de maturité<br />

entre les écosystèmes anglophones<br />

et francophones. Ainsi,<br />

seules 16% des personnes anglophones<br />

interrogées pensent<br />

que leur entreprise n’a pas fait<br />

de l’innovation une priorité<br />

contre 25% côté francophone.<br />

L’Afrique anglophone dispose<br />

en effet d’un terreau d’innovation<br />

important, à Nairobi, à Lagos,<br />

à Johannesburg et au Cap, à<br />

Accra ou à Kigali.<br />

La mondialisation avancée et<br />

les technologies de communication<br />

instantanée renforcent les<br />

interconnexions entre les écosystèmes<br />

africains mais aussi<br />

au-delà des frontières. L’étude<br />

Mazars met ainsi en avant la<br />

manière dont des start-ups de<br />

la diaspora africaine s’allient à<br />

des grands groupes pour prolonger<br />

l’aventure dans leurs filiales<br />

africaines, ou encore l’intérêt<br />

croissant pour l’Afrique de startups<br />

internationales, notamment<br />

dans les Fintechs.<br />

Si le courant d’intrapreneuriat<br />

et d’open innovation gagne petit<br />

à petit du terrain et de la visibilité<br />

en Afrique, beaucoup reste<br />

à faire, dans la majorité des<br />

écosystèmes, pour qu’émergent<br />

plus d’entrepreneurs pérennes :<br />

assouplissement des cadres ou<br />

encore facilitation de l’accès<br />

au marché de la part des entreprises<br />

établies.<br />

À propos de Mazars<br />

Mazars est une organisation internationale<br />

intégrée et indépendante<br />

spécialisée dans l’audit, le conseil<br />

ainsi que les services comptables<br />

fiscaux et juridiques. Au 1er janvier<br />

<strong>2017</strong>, Mazars est présent dans les<br />

79 pays qui forment son partnership<br />

international intégré.<br />

Mazars fédère les expertises de 18<br />

000 femmes et hommes.<br />

Emmenés par 950 associés, ils<br />

servent leurs clients à toutes les<br />

étapes de leur développement : de la<br />

PME aux grands groupes internationaux<br />

en passant par les entreprises<br />

intermédiaires, les start-ups et les<br />

organismes publics.<br />

En Afrique, Mazars est présent dans<br />

25 pays avec 2 500 collaborateurs<br />

répartis dans 45 bureaux.<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>


24<br />

INTERVIEW<br />

Amine Louali<br />

Directeur général délégué de<br />

Maghreb Steel<br />

« La problématique de l’industrialisation<br />

de l’Afrique commence par la question<br />

de la logistique »<br />

Après que certains l’ait donnée pour morte, l’entreprise Maghreb Steel semble renaitre<br />

de ses cendres. Mieux encore, ce symbole de la sidérurgie marocaine reprend, petit à<br />

petit, du poil de la bête pour reprendre le flambeau de la sidérurgie marocaine à l’échelon<br />

africain. Interview avec Amine Louali, le directeur général délégué de Maghreb Steel.<br />

Après des années de difficultés,<br />

Maghreb Steel<br />

est en train de se redresser,<br />

depuis que vous êtes<br />

aux commandes. Que pouvez-vous<br />

nous dire là-dessus ?<br />

Maghreb Steel a connu depuis la<br />

mise en service de l’investissement<br />

colossale (6 milliards de DH) dans la<br />

nouvelle usine (aciérie + 2 laminoirs<br />

à chaud) une grave crise financière<br />

qui a failli entrainer l’arrêt de son<br />

activité. Cet investissement a coïncidé<br />

avec l’effondrement des marchés<br />

des commodités dans le monde<br />

et a accentué les pertes financières.<br />

En 2014, un plan de transformation<br />

a été décidé entre les banques, l’État<br />

et les actionnaires pour redresser<br />

l’entreprise. Nous avons commencé<br />

par mettre en place la structure managériale<br />

et organisationnelle pour<br />

assurer une maitrise de nos opérations.<br />

Nous devions maitriser toute<br />

la chaine de production pour offrir<br />

au marché les bons produits, avec la<br />

bonne qualité, dans les délais et en<br />

étant compétitif. Tous les processus<br />

internes de l’entreprise ont connu<br />

une transformation radicale. Nous<br />

cherchons à responsabiliser les personnes<br />

en charge, à les faire monter<br />

en compétences et à reprendre<br />

la maitrise sur les opérations. Nous<br />

cherchons aussi à appliquer l’état de<br />

l’art dans tous nos processus pour<br />

transformer cette entreprise à gestion<br />

familiale en une référence de la<br />

bonne gouvernance qui n’a rien à envier<br />

aux meilleures multinationales.<br />

Beaucoup de réalisations sont déjà à<br />

notre actif mais il reste beaucoup à<br />

faire pour pérenniser l’entreprise et<br />

occuper la place que Maghreb Steel<br />

mérite au sein de l’écosystème industriel<br />

du Maroc.<br />

Comment avez-vous réussi à faire<br />

baisser les tensions et regagner la<br />

confiance du marché ?<br />

Nous devions faire la démonstration<br />

par la preuve. C’est vrai que<br />

Maghreb Steel était à l’arrêt faute de<br />

financement et cela a entrainé beaucoup<br />

de tension avec nos clients.<br />

Les conditions nécessaires pour le<br />

lancement du plan de restructuration<br />

ont mis un certain temps à se mettre<br />

en place (financement, mesures<br />

de protection…), mais nous avons<br />

commencé à obtenir de bons résul-<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


INTERVIEW<br />

25<br />

tats opérationnels (fiabilisation des<br />

lignes de production, réduction des<br />

couts…) après quelques mois. Ce<br />

qui a permis d’embarquer les troupes<br />

dans cette aventure très tôt. Une fois<br />

la maitrise des fondamentaux a commencé,<br />

la confiance de nos clients<br />

a commencé à revenir. Nous avons<br />

presque mis un an à rassurer les<br />

clients et le marché surtout après<br />

une grève et un problème de financement<br />

au cours de l’année. <strong>Mai</strong>ntenant<br />

nous pouvons être fiers de la<br />

confiance de nos clients et même de<br />

nous ériger comme moteur de notre<br />

écosystème. Nous identifions des<br />

opportunités de développement pour<br />

nous et nos clients et cela se traduit<br />

par un marché qui s’accroit malgré<br />

un contexte économique défavorable<br />

ces deux dernières années.<br />

L’autre élément de confiance c’est<br />

les prix que nous appliquons. Ils<br />

sont très compétitifs ; ce qui permet<br />

de réduire de manière significative<br />

l’importation au Maroc.<br />

Dernier élément, c’est celui de la<br />

qualité. Nous avons amélioré de manière<br />

significative notre qualité au<br />

point de pouvoir livrer Renault. Cela<br />

a des conséquences sur la qualité de<br />

l’ensemble de nos produits. Résultat<br />

: l’obtention d’une certification ISO<br />

TS 16949, sésame indispensable<br />

pour livrer le secteur très exigent du<br />

secteur de l’automobile.<br />

Que pouvez-vous nous dire sur votre<br />

stratégie de développement au niveau<br />

africain ?<br />

Maghreb Steel a toujours exporté<br />

une part importante de ses capacités<br />

(20 à 30%), dans le bassin méditerranéen<br />

en Europe, au Maghreb et au<br />

Moyen-Orient. Le positionnement<br />

du Maroc par rapport à l’Afrique<br />

est très intéressant. La plupart des<br />

marché africains sont très petits<br />

et ne consomment pas beaucoup<br />

d’acier. De facto, nous avons un<br />

avantage compétitif qui nous permet<br />

de bien servir ce marché. Nous<br />

sommes déjà présents en Afrique<br />

depuis des années. Nous sommes en<br />

train de renforcer nos équipes pour<br />

pouvoir servir plus de marchés. La<br />

nouveauté que nous cherchons à déployer<br />

et d’accompagner nos clients<br />

marocains dans leur implantation en<br />

Afrique en leur proposant des offres<br />

compétitives pour qu’ils puissent<br />

percer dans ce marché.<br />

Quels sont les projets que vous avez<br />

déjà menés à bon port en Afrique<br />

?Nos produits sont déjà commercialisés<br />

depuis plusieurs années dans<br />

une dizaine de pays en Afrique. Nous<br />

espérons accaparer plus de parts de<br />

marché ; ouvrir de nouveaux horizons<br />

et de nouveaux pays.<br />

Quel regard porte Maghreb Steel sur<br />

l’industrialisation en Afrique ?<br />

La problématique de l’industrialisation<br />

de l’Afrique commence par la<br />

question de la logistique qui rend le<br />

fret couteux et freine les ambitions<br />

de développement du continent. Les<br />

besoins de consommation sont très<br />

importants, mais malheureusement<br />

les infrastructures ne suivent pas<br />

toujours. La stratégie de la Chine<br />

consistant à augmenter le salaire de<br />

la main d’œuvre pour donner naissance<br />

à une classe moyenne importante<br />

est une grande opportunité<br />

pour le continent africain et pour<br />

le Maroc en particulier. Nous avons<br />

assisté à la signature du projet de «<br />

Mohamed VI – Tanger Tech City »<br />

qui confirme cette opportunité. Pour<br />

développer davantage l’Afrique, il<br />

faut renforcer les liens et faire du «<br />

sur-mesure » pour répondre aux besoins<br />

grandissant du continent.<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>


26<br />

DOSSIER<br />

L’Afrique : futur géant<br />

numérique ?<br />

Olivier Labbe<br />

Directeur général chez Cap dc<br />

A<br />

un peu plus de 50 ans, je<br />

m’amuse toujours à expliquer<br />

aux jeunes de 25<br />

ans que, lorsque j’avais<br />

leur âge, la Chine était considérée<br />

comme un pays « en voie de développement<br />

». Cet état de fait, radicalement<br />

bouleversé en l’espace d’une<br />

seule génération, est une formidable<br />

promesse d’espoir pour le continent<br />

Africain.<br />

Les retards technologiques d’hier<br />

permettent les innovations de demain<br />

Il faudra d’abord, comme l‘explique<br />

l’économiste togolais Jonas Aklesso<br />

Daou, que l’Afrique développe des «<br />

canaux de diffusion positive », affirmant<br />

une contribution à la valeur<br />

mondiale, et s’appuyant sur la fierté<br />

de sa propre culture. Une fois ce «<br />

socle fondateur » établi, la nouvelle<br />

perception de l’Afrique auprès des<br />

autres acteurs permettra une véritable<br />

influence au niveau du développement<br />

économique.<br />

L’Afrique se<br />

transformera demain en<br />

leader économique par<br />

la « reverse innovation »<br />

numérique<br />

L’histoire a ensuite toujours montré<br />

que les retards technologiques d’hier<br />

permettaient les innovations de<br />

demain, tout particulièrement dans<br />

l’industrie numérique.<br />

Le leadership mondial du Kenya,<br />

et désormais de certains pays<br />

d’Afrique, dans le paiement mobile,<br />

tient en grande partie au retard<br />

qu’avait accumulé ce continent dans<br />

les infrastructures bancaires classiques<br />

(distributeurs de billets, terminaux<br />

de paiement etc…). Ainsi,<br />

la possession massive par un grand<br />

nombre de citoyens kenyans d’un téléphone<br />

mobile (plus de 90 %), a rendu<br />

évidente la logique d’utilisation<br />

de ce terminal comme infrastructure<br />

de base pour déployer les services<br />

bancaires, avec en premier lieu la<br />

fonction paiement. A l’inverse, un<br />

citoyen européen n’a jusqu’à présent<br />

jamais ressenti le besoin d’une telle<br />

technologie car son système actuel<br />

lui suffit. Ainsi, le classement économique<br />

du mobile money présentée<br />

par l’experte anglaise Alix Murphy<br />

fin 2014 montrait d’ailleurs en n°1<br />

….l’Afrique subsaharienne et en<br />

queue de peloton … l’Europe. Alors<br />

que M-Pesa lance au Kenya cette<br />

semaine le premier emprunt obligataire<br />

exclusivement disponible<br />

sur téléphone mobile (une première<br />

mondiale), j’observais encore en<br />

novembre dernier à Paris le membre<br />

d’une délégation ministérielle africaine,<br />

cherchant en vain comment<br />

payer depuis son smartphone, et<br />

constatant que notre pays n’était<br />

pas encore équipé ! Situation, vous<br />

l’avouerez, assez paradoxale….<br />

L’Afrique se transformera demain en<br />

leader économique par la « reverse<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


DOSSIER<br />

27<br />

L’Afrique se contente<br />

encore souvent de<br />

répliquer ou de<br />

déployer les innovations<br />

développées dans les<br />

autres continents<br />

innovation » numérique<br />

L’Afrique se contente encore souvent<br />

de répliquer ou de déployer les<br />

innovations développées dans les<br />

autres continents, même si elle le<br />

fait désormais avec une remarquable<br />

dextérité : créé en 2012 au Nigéria,<br />

Jumia est devenu en quelques années<br />

l’Amazon africain, générant un<br />

chiffre d’affaires de 135 M€ en 2015.<br />

<strong>Mai</strong>s c’est vraiment par la « reverse<br />

innovation » numérique, à l’instar du<br />

paiement mobile, que l’Afrique se<br />

transformera demain en leader économique.<br />

Et le retard technologique d’aujourd’hui<br />

sera le catalyseur des solutions<br />

de demain.<br />

Les innovations digitales se retrouveront<br />

dans la e-citoyenneté (formidable<br />

enjeu du continent face à ces 1<br />

,2 Milliards de citoyens), la e-santé<br />

(il y a parfois moins de 1 médecin<br />

spécialiste pour 1 million d’habitants<br />

dans certains pays d’afrique<br />

sub-saharienne) ou encore la e-agriculture<br />

(un pourcentage intolérable<br />

des productions agricoles pourrit<br />

dans les entrepôts, faute d’information<br />

« ICT4Ag » sur la logistique ou<br />

la capacité à vendre)<br />

Ainsi, la pharmacie virtuelle sénégalaise<br />

Jokkosanté, la solution M-Pedigree<br />

qui lutte au Ghana contre les<br />

faux médicaments, la bourse sénégalaise<br />

M-Iouma de vente de fruits<br />

et de céréales, la place de marché<br />

agricole virtuelle kenyanne M-farm,<br />

sont autant d’applications digitales<br />

qui génèrent des fonctionnalités innovantes.<br />

Un jeune entrepreneur burkinabé<br />

me parlait récemment de sa future<br />

application géo-localisée permettant<br />

à chacun de connaître l’heure d’arrivée<br />

d’un prochain moyen de transport,<br />

évitant que certaines personnes<br />

prennent des risques inconsidérés<br />

à sauter sur les bus en mouvement.<br />

En plus d’éviter des accidents, cela<br />

permettra peut-être de découvrir un<br />

futur modèle « Uber »…<br />

En conclusion<br />

Bien sûr, il faudra que les états africains<br />

investissent dans les infrastructures<br />

du numérique, en premier<br />

lieu les réseaux et les Data Centers,<br />

pour permettre à leur entrepreneurs<br />

de développer ces innovations. C’est<br />

la raison pour laquelle nous travaillons<br />

avec des ingénieries locales<br />

autour du modèle Cap DC.<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>


28<br />

DOSSIER<br />

Décryptage : La révolution numérique<br />

au cœur de la transformation de<br />

l’Afrique (PwC)<br />

Croissance 2.0<br />

La révolution numérique au cœur de la transformation de l'Afrique<br />

PwC vient de publier une étude portant sur la révolution numérique en Afrique. Le<br />

choix du continent noir tient du fait que « l'Afrique se positionne plus en précurseur<br />

qu'en suiveur ». L’étude en question porte sur l’impact potentiel et réel des technologies<br />

dans six domaines clés. Clés que nous vous présentons ci-dessous en guise d’extraits<br />

L'Afrique se distingue des<br />

autres continents par sa<br />

façon de s'emparer de l'innovation<br />

technologique.<br />

En effet, dans cette région du monde,<br />

la révolution numérique n'est pas<br />

tant caractérisée par la technologie<br />

sur laquelle elle s'appuie que par<br />

les tarifs abordables pratiqués dans<br />

ce domaine, la facilité d'accès aux<br />

appareils et, jusqu'à récemment,<br />

une demande largement inexploitée.<br />

Autant de facteurs qui ont permis à<br />

l'Afrique de progresser rapidement.<br />

Imaginez un instant que vous vivez<br />

dans les montagnes isolées d'Afrique<br />

de l'Est. Un de vos enfants a besoin<br />

de médicaments mais l'acheminement<br />

de ce traitement jusqu'à votre<br />

village nécessite deux à trois jours<br />

d'un long périple à moto.<br />

Imaginez à présent comme votre vie<br />

serait transformée si vous pouviez<br />

commander ce médicament à partir<br />

de votre téléviseur alimenté par<br />

l'énergie solaire, régler la facture<br />

depuis votre téléphone portable et<br />

récupérer votre livraison déposée<br />

par un drone devant votre porte.<br />

C'est désormais possible. En effet,<br />

grâce à la disponibilité croissante<br />

d'unités de production électrique<br />

solaire, des millions d'Africains<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


DOSSIER<br />

29<br />

ont maintenant accès à l'électricité.<br />

Par ailleurs, le paiement mobile est<br />

aujourd'hui possible même dans les<br />

contrées les plus reculées.<br />

Des tests pour la livraison par drone<br />

de produits médicaux, même des<br />

poches de sang, sont actuellement en<br />

cours dans les montagnes d'Afrique<br />

de l'Est.<br />

Face à cette vague d'innovations,<br />

l'Afrique présente un grand avantage<br />

par rapport aux autres continents :<br />

tout est à inventer et rien ne vient<br />

freiner les entreprises qui cherchent<br />

à instaurer leur propre modèle distinctif.<br />

De nombreux marchés se développent<br />

à vitesse grand V. Les frontières<br />

entre les secteurs s'estompent.<br />

La réunion des énergies renouvelables,<br />

des paiements mobiles et<br />

des moyens de financement des<br />

consommateurs en constitue un bon<br />

exemple.<br />

L'économie de partage, modèle qui<br />

a propulsé des entreprises comme<br />

Uber et Airbnb à la tête de leur secteur<br />

d'activité, est également fermement<br />

ancrée en Afrique. Exemple<br />

frappant; Uber, qui est présent sur<br />

le continent africain, doit partager<br />

le marché avec de nombreux<br />

concurrents locaux. On retrouve ce<br />

modèle d'économie de partage dans<br />

le nombre croissant de réseaux qui<br />

permettent à des millions d'entrepreneurs<br />

de trouver du travail, d'obtenir<br />

des informations sur leur marché et<br />

de se développer commercialement<br />

bien au-delà des limites de la localité<br />

où ils étaient jusqu'à présent cantonnés.<br />

Un potentiel précieux<br />

Où se cache le potentiel de demain?<br />

Cette étude analyse l'impact<br />

potentiel et réel des technologies<br />

dans six domaines clés :<br />

01<br />

Rendre les entreprises et les services<br />

publics plus efficaces<br />

La technologie ouvre de nouveaux<br />

marchés, enrichit l'offre et raccourcit<br />

les délais de livraison.<br />

La connectivité qui non seulement<br />

accroît la disponibilité des biens et<br />

des services mais permet également<br />

aux collaborateurs et aux entreprises<br />

et personnes innovantes de travailler<br />

ensemble au sein de communautés<br />

virtuelles est au cœur de ces développements.<br />

Toutefois, si les portables<br />

sont très présents, le développement<br />

d'Internet reste faible. En Afrique,<br />

moins de 30 % des habitants ont accès<br />

au haut débit mobile (contre<br />

43 % en Asie), et seulement 15 %<br />

bénéficient d'un accès à Internet à<br />

leur domicile3. Les appareils avec<br />

lesquels ils se connectent font appel<br />

à une technologie relativement<br />

ancienne, ce qui limite la diversité<br />

et le volume des contenus auxquels<br />

ils peuvent accéder et qu'ils peuvent<br />

télécharger. En améliorant l'accès<br />

à Internet et à des équipements de<br />

nouvelle génération, il serait possible<br />

non seulement de favoriser la<br />

connectivité mais également de créer<br />

des plates-formes dédiées à d'autres<br />

développements commerciaux dans<br />

différents domaines : publicité, e-<br />

commerce et divertissements.<br />

Par ailleurs, une collecte, une analyse<br />

et un partage de données plus<br />

efficaces pourraient doper la performance<br />

des services publics tout<br />

en garantissant une utilisation à bon<br />

escient des investissements. Malgré<br />

leur nombre, les données disponibles<br />

sont souvent fragmentées, incomplètes<br />

ou obsolètes, d'où des difficultés<br />

à cibler les investissements,<br />

à évaluer la progression des projets<br />

par rapport aux objectifs ou à permettre<br />

aux citoyens de demander des<br />

comptes aux autorités. La transformation<br />

des services publics passera<br />

obligatoirement par une meilleure<br />

préparation au partage des données<br />

en toute transparence.<br />

02<br />

Renforcer la confiance et lutter<br />

contre la corruption<br />

La lutte contre la corruption et le<br />

gaspillage implique une documentation<br />

précise et exhaustive des dépenses<br />

publiques.<br />

La technologie blockchain qui<br />

constitue, pour chaque transaction<br />

et chaque information échangée une<br />

base de données sécurisée, pourrait<br />

être la solution dans la lutte contre<br />

la fraude. Elle pourrait également<br />

réduire les dépenses considérables<br />

liées à la collecte et la vérification<br />

des registres.<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>


30<br />

DOSSIER<br />

03<br />

Simplifier l'accès au marché et les<br />

interactions économiques<br />

Le e-commerce dispose du potentiel<br />

pour révolutionner le secteur de la<br />

distribution, comme il l'a déjà fait en<br />

Europe, en Asie et en Amérique du<br />

Nord.<br />

Toutefois, les ordinateurs et les<br />

smartphones étant assez peu répandus,<br />

les interfaces de vente doivent<br />

fonctionner sur des appareils basiques.<br />

L'impact des publicités s'en<br />

trouve amoindri (moins d'illustrations<br />

et de vidéos), tout comme la<br />

diversité des options proposées. Le<br />

piètre état des routes, des systèmes<br />

postaux et des infrastructures de<br />

paiement freine également les perspectives<br />

de développement.<br />

Le développement des drones pourrait<br />

aider à contourner certains des<br />

problèmes liés aux infrastructures<br />

routières et postales. Néanmoins, il<br />

faudrait mettre en place des adresses<br />

fiables et des moyens de paiement<br />

numériques pour tirer pleinement<br />

profit du e-commerce. L'impression<br />

3D met la fabrication personnalisée<br />

à la portée des communautés les plus<br />

éloignées.<br />

On compte déjà plusieurs exemples<br />

de prothèses orthopédiques fabriquées<br />

avec ce procédé. À l'avenir,<br />

l'impression 3D pourrait révolutionner<br />

la production en modifiant les<br />

procédés de réalisation. Il ne s'agirait<br />

plus d'investir massivement dans des<br />

machines et de rechercher une main<br />

d'œuvre à bas coût - modèle qui a alimenté<br />

l'essor de l'Asie au XXe siècle<br />

- mais plutôt de se contenter d'une<br />

technologie relativement bon marché<br />

et de tout miser sur la créativité<br />

des utilisateurs ; ce changement représenterait<br />

une véritable source de<br />

valeur. Voilà comment sans héritage<br />

technologique, l'Afrique pourrait<br />

prendre la tête de cette nouvelle révolution<br />

industrielle et devancer les<br />

pays disposant de ressources technologiques<br />

plus traditionnelles.<br />

04<br />

Améliorer les soins de santé et prévenir<br />

les crises sanitaires<br />

La technologie abolit les distances et<br />

contribue à élargir l'accès aux soins.<br />

Dans ce domaine, les exemples ne<br />

manquent pas : depuis les kits d'examens<br />

ophtalmologiques portables<br />

jusqu'au dépistage de maladies cardiovasculaires<br />

dont les résultats sont<br />

transmis à un spécialiste à distance<br />

pour établir un diagnostic. De son<br />

côté, l'analyse des Big Data et la<br />

surveillance opérée par les drones<br />

peuvent permettre de détecter les<br />

premiers signes d'une épidémie<br />

éventuelle, de suivre sa propagation<br />

pour mieux cibler la distribution des<br />

médicaments et de l'endiguer.<br />

En œuvrant à la démocratisation de<br />

ces technologies, les responsables<br />

politiques et les entreprises contribueraient<br />

à améliorer l'accès aux<br />

systèmes de soins, tout en réduisant<br />

les coûts et en soulageant un personnel<br />

de santé débordé.<br />

05<br />

Améliorer les soins de santé et pré-<br />

Promouvoir l'éducation, l'innovation<br />

et la création d'emplois<br />

Grâce aux hubs d'innovation, les<br />

entreprises en place peuvent se rapprocher<br />

de start-up et créer des écosystèmes<br />

prospères d'entreprises<br />

créatives. Pourtant, en Afrique, la<br />

plupart des hubs technologiques<br />

souffrent d'un manque d'infrastructures<br />

(informatique, Internet, électricité<br />

et routes), d'expertise technique,<br />

d'investisseurs et de réglementation<br />

pour pouvoir réaliser pleinement<br />

leur potentiel. Les pouvoirs publics<br />

ont un rôle majeur à jouer dans ce<br />

domaine : ils peuvent fournir un soutien<br />

réglementaire et développer les<br />

infrastructures, notamment les télécommunications<br />

et le réseau électrique,<br />

pour permettre à ces pôles de<br />

devenir de véritables centres d'excellence.<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


DOSSIER<br />

31<br />

06<br />

Réintégrer le secteur informel<br />

dans les circuits économiques traditionnels<br />

Grâce aux téléphones portables, les<br />

banques et les opérateurs de télécommunications<br />

peuvent désormais<br />

proposer des services accessibles à<br />

bas coûts à des clients jusqu'alors<br />

non bancarisés. Par exemple, au<br />

Kenya, la plate-forme de paiement<br />

M-PESA offre non seulement la possibilité<br />

d'obtenir un crédit mais également<br />

d'accéder à d'autres services<br />

tels que payer ses factures d'électricité<br />

et même acheter des produits<br />

plus rares.<br />

L'effacement des frontières entre<br />

les secteurs ainsi que la création de<br />

nouveaux écosystèmes commerciaux<br />

sont au cœur de ces développements.<br />

Cette imbrication accrue des activités<br />

nécessite d'adapter la réglementation<br />

et de repenser la façon dont les<br />

entreprises dotées de modèles économiques<br />

très différents (les banques<br />

d'un côté, les opérateurs mobiles<br />

de l'autre) peuvent unir leurs forces<br />

en créant des joint-ventures performantes.<br />

Selon nous, la réussite de ce<br />

genre de rapprochement passe plutôt<br />

par un autre modèle : un intermédiaire<br />

ou une spin-off fonctionnant<br />

indépendamment des deux maisons<br />

mères.<br />

LES ACTIONS PRIORITAIRES<br />

Comment tirer parti de ce potentiel ? D'après notre expérience et l'analyse à grande échelle<br />

du marché réalisée dans le cadre de cette étude, nous estimons que cinq grandes priorités<br />

se dégagent pour les entreprises traditionnelles, les nouveaux acteurs et les responsables<br />

politiques.<br />

LES ENTREPRISES<br />

TRADITIONNELLES<br />

01<br />

La révolution numérique n'est pas<br />

qu'une opportunité technique<br />

La connectivité abolit les barrières<br />

entre les différents secteurs d'activité<br />

et ouvre de nouveaux marchés aux<br />

produits industriels et aux biens de<br />

consommation. Le potentiel commercial<br />

vient de la mise en place<br />

d'infrastructures physiques, financières<br />

et de télécommunications qui<br />

vont faciliter ces échanges commerciaux.<br />

02<br />

Créer des écosystèmes d'innovation<br />

L'Afrique compte de plus en plus de<br />

pôles technologiques et de « technopreneurs<br />

». Les partenariats ouvrent<br />

les portes de l'innovation. En contrepartie,<br />

la présence de certains partenaires<br />

sur le marché permet de tester<br />

les produits et de réaliser des économies<br />

d'échelle pour accélérer la commercialisation<br />

des innovations.<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>


32<br />

DOSSIER<br />

03<br />

Voir plus loin<br />

En abaissant le prix des produits<br />

et des services, en les rendant plus<br />

accessibles et plus simples d'utilisation,<br />

la révolution numérique participe<br />

de façon significative à l'augmentation<br />

du nombre de consommateurs<br />

en Afrique.<br />

Alors que les entreprises s'adressent<br />

traditionnellement aux classes supérieures<br />

et aux classes moyennes<br />

supérieures, celle que nous pouvons<br />

définir comme la « classe<br />

moyenne émergente » constitue<br />

une manne beaucoup plus importante<br />

puisqu'elle devrait représenter<br />

un marché de 6 000 milliards<br />

de dollars en 20214. Avec plus de<br />

deux milliards de consommateurs<br />

(comprenant une grande proportion<br />

de la population africaine), la<br />

classe moyenne émergente, dont les<br />

revenus annuels oscillent entre 996<br />

dollars et 3 945 dollars, se positionne<br />

juste en dessous de la classe<br />

moyenne conventionnelle en termes<br />

de revenus. En matière de qualité et<br />

de performance des produits, ses attentes<br />

sont identiques à celles des catégories<br />

supérieures. D'ailleurs, cette<br />

étude montre que les consommateurs<br />

restent fidèles à une entreprise bien<br />

implantée dans la classe moyenne<br />

émergente, même quand leur niveau<br />

de revenus progresse.<br />

04<br />

Tirer parti des expériences<br />

Autrefois, il fallait des années à un<br />

produit innovant pour trouver son<br />

marché. Aujourd'hui, c'est l'affaire<br />

de quelques mois. En conséquence,<br />

les business plans qui s'étirent en<br />

longueur ne sont plus valables -<br />

quand le produit arrive sur le marché,<br />

il n'y est déjà plus attendu. Pour<br />

réussir, il faut sortir des sentiers battus<br />

- passer rapidement à la phase<br />

de commercialisation, recueillir tout<br />

aussi rapidement les avis, tirer les<br />

leçons et s'adapter... en cas d'échec,<br />

autant échouer vite pour se relever et<br />

recommencer.<br />

05<br />

Penser autrement<br />

Dans une économie de rupture, il faut se montrer<br />

créatif, avoir envie de partager et être prêt à<br />

accueillir le changement. Les entreprises innovantes<br />

ne sont pas seulement des spécialistes<br />

de la technologie et des analystes de données,<br />

elles doivent faire preuve d'empathie pour être<br />

plus proches des consommateurs et comprendre<br />

leurs besoins. Il convient également d'anticiper<br />

le fonctionnement d'un effectif hybride ou des<br />

hommes et des femmes travailleront en collaboration<br />

avec l'intelligence artificielle.<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


DOSSIER<br />

33<br />

LES NOUVEAUX ACTEURS<br />

01<br />

02<br />

03<br />

Définir un modèle unique<br />

Les modèles occidentaux ne sont<br />

pas adaptés à l'Afrique - l'absence de<br />

structures préexistantes et la vitesse<br />

du changement font que la région est<br />

déjà en train de dépasser les autres<br />

continents. De plus, aucun modèle<br />

n'est transposable d'un pays africain<br />

à un autre. Les nouveaux acteurs performants<br />

ont développé des modèles<br />

économiques adaptés aux besoins spécifiques<br />

de chaque marché, intégrant<br />

les différences de réglementation, de<br />

structure de marché et de préférences<br />

clients propres à chaque partie de<br />

l'Afrique.<br />

04<br />

Croître avant qu'il ne soit trop tard<br />

De nombreuses start-up performantes<br />

ont prospéré sur des plates-formes<br />

créées par des sociétés mères ou des<br />

partenaires de joint-ventures. À mesure<br />

de leur croissance, elles peuvent<br />

se sentir à l'étroit sur ces plates-formes<br />

ou estimer qu'elles sont freinées dans<br />

leur expansion vers de nouveaux marchés.<br />

C'est pourquoi il est important<br />

d'anticiper le développement de sa capacité<br />

de croissance et de sa présence<br />

sur le marché, via de nouveaux partenariats,<br />

des structures indépendantes<br />

ou une séparation de la maison mère<br />

en vue d'une introduction en bourse.<br />

Voir au-delà de l'innovation technologique<br />

Les logiciels et autres avancées technologiques<br />

ne peuvent pas fonctionner<br />

seuls. Tout l'enjeu réside dans la mise<br />

en place d'un modèle économique<br />

efficace et pertinent pour le client.<br />

Les consommateurs africains réclament,<br />

sur leurs canaux numériques, du<br />

contenu produit localement. Malheureusement,<br />

il ne faut pas oublier que<br />

l'accès au Wifi est généralement limité<br />

et que les appareils ne sont pas de dernière<br />

génération.<br />

05<br />

Contrer les résistances des intérêts<br />

particuliers<br />

On peut s'attendre à ce que les grands<br />

acteurs bien établis voient d'un mauvais<br />

œil une réglementation qui permettrait<br />

à de nouveaux arrivants de<br />

leur prendre des parts de marché. Si<br />

l'unique façon d'accéder au marché<br />

est de nouer des partenariats, rien<br />

n'empêche qu'une fois sur pied et pleinement<br />

opérationnelle, l'entreprise<br />

tente de convaincre les responsables<br />

politiques que les innovations qu'elle<br />

porte et la concurrence qu'elle représente<br />

sont, à long terme, bénéfiques<br />

pour le marché.<br />

Trouver sa place<br />

Certains nouveaux acteurs ont réussi<br />

à créer un nouveau marché en partant<br />

de zéro. <strong>Mai</strong>s la plupart des start-up<br />

africaines se sont engouffrées dans les<br />

brèches des marchés existants et ont<br />

généré des revenus en raccourcissant<br />

les délais de livraison ou en élargissant<br />

l'accès. L'utilisation des données<br />

mobiles pour vérifier la localisation<br />

et faciliter les demandes de prêts est<br />

un exemple révélateur. Alors que les<br />

téléphones portables et l'Internet des<br />

objets sont en plein essor en Afrique,<br />

les données, plutôt que les appareils et<br />

les équipements qui permettent de les<br />

échanger, pourraient devenir une véritable<br />

mine d'or.<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>


34<br />

DOSSIER<br />

LES RESPONSABLES POLITIQUES<br />

01<br />

Accepter le changement comme une<br />

opportunité<br />

Pour les communautés oubliées des<br />

services publics et des banques, la<br />

révolution numérique est synonyme<br />

d'accès à l'électricité, aux télécommunications<br />

et aux services financiers.<br />

S'il est important de réguler les activités<br />

en pleine expansion dans des secteurs<br />

économiques sensibles, il ne faut<br />

pas en profiter pour protéger des intérêts<br />

particuliers.<br />

04<br />

Placer l'agriculture au cœur du développement<br />

En matière d'investissements, l'agriculture<br />

arrive toujours en queue de peloton.<br />

Comme le souligne cette étude,<br />

c'est l'un des domaines dans lequel les<br />

besoins d'innovation se font le plus<br />

sentir mais aussi où ils sont le plus<br />

difficiles à satisfaire. Un développement<br />

intelligent placerait l'agriculture<br />

en première ligne, mettrait en production<br />

les terres inexploitées en utilisant<br />

les dernières technologies pour doper<br />

le rendement et progresserait sur la<br />

chaîne de valeur vers des domaines tels<br />

que le développement des semences.<br />

02<br />

Encourager la libre circulation des<br />

données<br />

Les données détenues par les pouvoirs<br />

publics représentent une ressource<br />

énorme et sous- exploitée. Les technologies<br />

aident non seulement à cartographier<br />

les maladies et à cibler les<br />

réponses mais également à identifier<br />

les besoins en infrastructures, en soins<br />

de santé et en éducation. Les pouvoirs<br />

publics doivent jouer leur rôle en améliorant<br />

la qualité de leurs propres données,<br />

en acceptant de les partager et en<br />

exploitant les informations qu'elles recèlent<br />

pour cibler les investissements<br />

et accroître l'efficacité des services<br />

publics.<br />

05<br />

Renforcer la transparence<br />

La connectivité renforcera les possibilités<br />

de surveillance des pouvoirs<br />

publics. Il faut y voir une chance de<br />

promouvoir davantage de transparence<br />

et de confiance. La technologie blockchain<br />

offre une occasion unique de<br />

lutter contre la corruption et la fraude<br />

dans les administrations publiques.<br />

03<br />

Bénéficier d'un tremplin technologique<br />

Alors que la technologie devient plus<br />

abordable et simple d'utilisation,<br />

l'Afrique a l'opportunité de profiter<br />

des derniers développements, qu'il<br />

s'agisse de la fibre optique ou de la 4G.<br />

UNE<br />

OCCASION<br />

UNIQUE<br />

Nous vivons une période pleine d'opportunités.<br />

Depuis les services bancaires<br />

mobiles jusqu'aux énergies<br />

renouvelables, l'Afrique est en train<br />

de passer devant les autres régions du<br />

monde dans ces domaines. Les entreprises<br />

et les pouvoirs publics disposent<br />

là d'une opportunité inédite d'exploiter<br />

la révolution numérique que connait<br />

actuellement l'Afrique pour intensifier<br />

et amplifier la prospérité à travers tout<br />

le continent. Ne la laissons pas filer !<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong><br />

35


36<br />

DOSSIER<br />

Jean-Michel Huet<br />

Associé au sein du cabinet<br />

BearingPoint<br />

L’Afrique, eldorado de l’innovation<br />

inversée ?<br />

Mobile banking, e-commerce, e-gouvernement… Grâce à l’avènement du digital,<br />

l’Afrique est aujourd’hui le laboratoire de multiples cas d’innovations inversées.<br />

Après la vague de l’innovation<br />

frugale vient<br />

celle de l’innovation inversée,<br />

théorisée par Vijay<br />

Govindarajan et Chris Trimble.<br />

Nous assistons au renversement du<br />

cycle classique de l’innovation qui<br />

ne vient plus seulement des pays du<br />

Nord mais aussi des pays du Sud.<br />

Alors que l’innovation frugale vise<br />

à créer plus de valeur économique et<br />

sociale tout en consommant moins<br />

de ressources, l’innovation inversée<br />

– qui consiste à concevoir des produits<br />

ou services dans et pour les<br />

pays émergents, avant de les commercialiser,<br />

avec quelques ajustements,<br />

dans les pays industrialisés –<br />

s’en différencie sur plusieurs points.<br />

Tout d’abord, l’innovation inversée<br />

n’est pas qu’une simple exportation<br />

d’un modèle car elle découle des besoins<br />

des marchés émergents où elle<br />

a été conçue. Ensuite, elle implique<br />

”<br />

Le cabinet<br />

américain McKinsey<br />

Global Institute avait<br />

publié en septembre<br />

dernier la deuxième<br />

“<br />

édition<br />

un changement de culture profond,<br />

caractérisé notamment par la valorisation<br />

de l’expertise du personnel<br />

implanté localement, l’émergence<br />

de nouvelles compétences créatives<br />

au sein de ces équipes, et la création<br />

d’un véritable écosystème local<br />

participatif favorisant le développement<br />

de produits issus de l’innovation<br />

inversée. Enfin, elle s’appuie<br />

sur une réelle autonomie des équipes<br />

locales, pouvant ainsi partir d’une<br />

feuille blanche pour créer de nouvelles<br />

solutions et définir un dispositif<br />

de gouvernance approprié.<br />

Le digital en Afrique s’inscrit pleinement<br />

dans cette logique d’innovation,<br />

initialement frugale, puis<br />

inversée. Le processus d’inversion<br />

est en cours : l’innovation africaine<br />

arrive dans les pays plus développés.<br />

Aujourd’hui, les Européens se demandent<br />

par exemple si ce qui a fait<br />

le succès du digital en Afrique pourrait<br />

trouver un écho sur le continent.<br />

Pour comprendre ce qu’on entend<br />

par « digital », quatre critères sont à<br />

appréhender.<br />

– L’accès aux données. C’est le cœur<br />

de la révolution des TIC que nous vivons<br />

depuis un quart de siècle avec<br />

la numérisation, le développement<br />

des réseaux de communication pour<br />

échanger les données, et l’interopérabilité<br />

entre les équipes techniques<br />

pour fluidifier les échanges. Le trait<br />

marquant des dernières années est<br />

le renforcement significatif de la<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


DOSSIER<br />

37<br />

mobilité en Afrique, où la majorité<br />

des pays comptabilise davantage de<br />

téléphones mobiles que d’habitants.<br />

– La donnée elle-même. Quelle que<br />

soit cette donnée, fut-elle simple<br />

(comme les SMS) ou complexe<br />

(un échange vocal en direct), c’est<br />

l’usage de la donnée et sa monétisation<br />

qui sont au cœur du digital.<br />

L’enjeu est de savoir ce que l’on fait<br />

de cette donnée et comment l’exploiter,<br />

par le biais d’algorithmes<br />

notamment.<br />

– Les plateformes. Gérer tout cela<br />

par le biais de plateformes est aussi<br />

un élément clé du digital. Dans le<br />

contexte de l’Afrique, où l’innovation<br />

passe par des partenariats publics-privés<br />

importants, cette dimension<br />

est centrale.<br />

– Le web social. Les plateformes<br />

digitales offrent la possibilité de<br />

gérer un écosystème de partenaires<br />

pour de l’open innovation, du développement<br />

business, etc. L’Afrique<br />

a été en avance sur cette dimension<br />

avec les Printemps arabes pendant<br />

lesquels les réseaux sociaux ont joué<br />

un rôle clé, notamment en Tunisie.<br />

Les cinq étapes du développement<br />

numérique de l’Afrique<br />

Le développement du digital en<br />

Afrique s’est fait en plusieurs étapes.<br />

Les économistes et les experts les<br />

ont analysées en commençant par le<br />

début des années 2000. Ils ont alors<br />

utilisé le terme de « leapfrog » (littéralement,<br />

« saute-mouton »). Cela<br />

révèle une des spécificités du digital<br />

en Afrique : les étapes de développement<br />

ont été différentes de ce que<br />

nous avons pu observer ailleurs. Ce<br />

développement s’est réalisé en sautant<br />

des étapes.<br />

Les deux premiers « sauts » correspondent<br />

à des cas d’innovations<br />

inversées, les trois suivants sont en<br />

devenir.<br />

1. Le développement des TIC.<br />

Pas de digital sans télécoms et sans<br />

capacité d’échanger des données.<br />

Jusqu’aux années 1990, l’Afrique<br />

était déconnectée du monde avec<br />

un taux de pénétration des accès<br />

téléphoniques de moins de 3%. La<br />

téléphonie fixe, déployée depuis les<br />

années 1880 ailleurs, ne concernait<br />

en Afrique que les grandes administrations,<br />

les élites et les entreprises<br />

importantes.<br />

Le rattrapage a été fulgurant, mais<br />

s’est opéré grâce au mobile, sans<br />

passer par l’étape de la ligne fixe.<br />

Ce saut est même double car à partir<br />

des années 2010, l’accès à Internet<br />

et aux réseaux sociaux est passé directement<br />

par les smartphones et les<br />

réseaux mobiles 3G ou 4G, et non<br />

par l’ADSL ou la fibre reliées à des<br />

ordinateurs personnels.<br />

En soi, on ne peut pas parler ici d’innovation<br />

inversée, mais plutôt d’une<br />

voie de développement adaptée au<br />

contexte local, donc d’une innovation<br />

frugale. Cependant, d’autres<br />

secteurs découvrent ou redécouvrent<br />

le système du « prépayé ». Ainsi,<br />

dans le champ de l’énergie et notamment<br />

de l’électricité, le modèle<br />

prépayé télécom, intimement lié aux<br />

TIC, fait aujourd’hui des émules.<br />

C’est le cas notamment en Amérique<br />

du Sud mais aussi au Nord, dans les<br />

grandes exploitations agricoles du<br />

Midwest. Le modèle de télécom africain<br />

est ainsi devenu une innovation<br />

inversée.<br />

2. Le paiement. Les pays africains<br />

sont, à quelques exceptions près, très<br />

peu bancarisés et l’usage du cash<br />

y est massif. Le recours aux chéquiers,<br />

virements ou cartes bleues<br />

est rare. Là encore, un nouveau saut<br />

a eu lieu avec l’éclosion du paiement<br />

par mobile. Le succès des pays tels<br />

que le Kenya, la Côte d’Ivoire ou le<br />

Mali ont ouvert la voie à un nouveau<br />

moyen d’échange d’argent (les premiers<br />

usages sont essentiellement de<br />

l’échange de personne à personne),<br />

puis de paiement. Non seulement<br />

les pays africains sautent des étapes<br />

mais ont aussi un usage encore plus<br />

« digital » des paiements que les<br />

Européens ou les Américains. A ce<br />

jour, cette étape, qui représente un<br />

bel exemple d’innovation inversée,<br />

est l’apport digital de l’Afrique le<br />

plus significatif.<br />

3. Le e-commerce. Les services par<br />

contournement ou « over-the-top<br />

» (OTT) (c’est-à-dire proposés en<br />

dehors des offres commerciales des<br />

fournisseurs d’accès à l’Internet,<br />

NDLR) ont rapidement investi les<br />

téléphones et les Smartphones des<br />

Africains.<br />

Avec des spécificités : Facebook est<br />

accessible par SMS et Uber accepte<br />

le paiement par cash dans certains<br />

pays. Si tous les grands acteurs de<br />

l’Internet mondial sont présents en<br />

Afrique, Amazon a encore du mal<br />

à adapter son modèle au contexte<br />

africain. En retard d’une quinzaine<br />

d’année sur les Etats-Unis, le e-commerce<br />

africain connaît un développement<br />

récent.<br />

Ce développement n’est pas un rattrapage,<br />

mais bel et bien une nouvelle<br />

voie. En effet, les sites à succès<br />

tels que Jumia (première licorne<br />

africaine, NDLR) sont davantage<br />

des places de marché, qui ne gèrent<br />

pas leur stock. Le modèle s’adapte<br />

à la spécificité locale (complexité<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>


38<br />

DOSSIER<br />

logistique, manque d’adresses postales,<br />

de confiance, etc.), et permet<br />

d’enrichir le catalogue, y compris<br />

avec des offres des marchés locaux<br />

informels.<br />

Il est encore trop tôt pour parler ici<br />

d’innovation inversée car l’applicabilité<br />

dans les pays du nord reste<br />

à démontrer, mais l’Afrique est en<br />

train de proposer un nouveau modèle<br />

de e-commerce.<br />

4. Le secteur public. Le digital peut<br />

permettre au secteur public africain<br />

d’effectuer un vrai bon en avant. Dès<br />

les années 2000, les premières tentatives<br />

dans le domaine de la santé ont<br />

vu le jour. Depuis les années 2010,<br />

nous assistons à une accélération :<br />

projets de e-gouvernement, e-santé,<br />

e-éducation… Même si beaucoup<br />

sont encore au stade théorique, ils<br />

témoignent d’une vraie volonté politique<br />

d’utiliser le digital comme<br />

catalyseur du développement.<br />

Certains pays africains disposent aujourd’hui<br />

d’états civils entièrement<br />

numérisés et biométriques, ce dont<br />

ne disposent pas les pays européens<br />

ou américains à ce jour ! Là encore,<br />

il s’agit d’un terreau fertile d’innovation<br />

inversée.<br />

5. Le développement de l’économie<br />

des plateformes. Si ce modèle<br />

est largement commenté et développé<br />

en Amérique du Nord, puis en<br />

Europe et en Asie, il va aussi toucher<br />

l’Afrique. Là encore, la question de<br />

l’innovation frugale devenant inversée<br />

va se poser.<br />

Le développement des « smart cities<br />

» à l’<strong>Africaine</strong> (Casablanca, Kigali,<br />

etc.) semblent ouvrir la voie à de<br />

nouvelles expérimentations pour<br />

adapter ces plateformes au contexte<br />

local, et devenir à terme un autre<br />

exemple d’innovation inversée.<br />

Biographie<br />

Jean-Michel Huet est diplômé de<br />

Sciences-Po Paris et de Neoma Business<br />

School, il est associé au sein du<br />

cabinet BearingPoint après avoir travaillé<br />

chez France Télécom et chez<br />

PwC.<br />

Il accompagne depuis 20 ans, les opérateurs<br />

télécoms et utilities, médias,<br />

gouvernements et institutions internationales<br />

dans leur stratégie de développement.<br />

Il intervient notamment<br />

dans la transformation digitale des<br />

organisations.<br />

Il pilote aussi les activités Afrique<br />

de BearingPoint et intervient depuis<br />

une dizaine d’années dans plus de la<br />

moitié des pays du continent pour leur<br />

développement et leur transformation.<br />

Il a ouvert le bureau de Casablanca du<br />

cabinet en 2011.<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


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WHO SHOULD ATTEND?<br />

People who not need a b road knowledge of Health and S afety<br />

iss ues and a re ba s ed outside of the U K .<br />

Managers and S uperviso rs who have health and s afety<br />

respons ibilities and/or advis e others on health and s afety.<br />

Employees needing the health and s afety sk ills for<br />

employment.<br />

And Individuals who wis h to further their ca reer in health and<br />

s afety.<br />

COURSE DATES<br />

JUNE 14, <strong>2017</strong> JUNE 24, <strong>2017</strong><br />

COURSE CONTENT<br />

UNIT IGC 1<br />

Management of international health and sa fety involving polic y,<br />

organization, and audit (IG C C1 )<br />

UNIT G C 2<br />

Co ntrol of international workplace hazards i ncluding transpo rtation,<br />

equipement, elec tric al, fire, c hemica l, and physica l (IGC 2)<br />

UNIT G C 3<br />

International health and sa fety pratica l applic ation in risk control<br />

(GC 3)<br />

In Association with NEBOSH Accredited Course Provider UT&T<br />

JULY 10, <strong>2017</strong> JULY 23, <strong>2017</strong><br />

FROM 8 AM - 5 PM<br />

FROM MONDAY<br />

FROM 8 AM- 5 PM<br />

TO FRIDAY<br />

1033<br />

FIND US AT:<br />

NEBOSH<br />

IGC<br />

INTERNATIONAL GENERAL<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong><br />

O ffshore Sa fety Industry Training Agency N° 2, I mm. Annas r, Av. Moulay Abdellah, 80020 - Agadir<br />

IN OCCUPATIONAL HEALTH & SAFETY<br />

In Association with NEBOSH Accredited Course Provider UT&T


40<br />

DOSSIER<br />

Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour la région Afrique<br />

Les startups numériques africaines à<br />

l’honneur<br />

Parallèlement à ses réunions printanières qui se tiennent à la capitale américaine, les<br />

responsables de la Banque mondiale ont donné le coup d’envoi de l’initiative Xl Africa.<br />

Premier du genre, ce programme vise à accompagner 20 startups numériques des plus<br />

prometteuses de l’Afrique subsaharienne. L’usineafricaine souligne ses grandes lignes.<br />

X1, 1 pour la première<br />

initiative de ce genre.<br />

C’est l’appellation attribuée<br />

par la Banque<br />

mondiale à son programme d’accompagnement<br />

des startups numériques<br />

africaines. Concrètement,<br />

il s’agit d’un programme d’apprentissage<br />

sur mesure, qui permettra, à<br />

terme, d’améliorer la visibilité des<br />

20 startups sélectionnées, tout en accédant<br />

à de potentiels investisseurs<br />

et partenaires commerciaux. Sur le<br />

plan pratique, les startups retenues<br />

bénéficieront d’une formation accélérée<br />

qui les obligera à entrer en<br />

immersion durant cinq long mois, et<br />

ce afin de « recevoir un mentorat de<br />

la part d’experts internationaux et<br />

locaux » comme on peut le lire sur le<br />

communiqué de presse de la Banque<br />

mondiale.<br />

Pour sa part, Makhtar Diop, Viceprésident<br />

de la Banque mondiale<br />

pour la région Afrique, également<br />

présent lors de cette annonce, n’a<br />

pas manqué de rappeler que « Les<br />

startups numériques sont des moteurs<br />

importants de l’innovation en<br />

Afrique », puis d’ajouter « Pour<br />

multiplier et diffuser les nouveaux<br />

services et technologies au-delà<br />

des frontières, elles ont besoin d’un<br />

écosystème intégré qui fournisse un<br />

accès aux marchés régionaux et aux<br />

investissements mondiaux.<br />

Les initiatives panafricaines telles<br />

que Xl Africa jouent un rôle essentiel<br />

en liant à l’échelle du continent<br />

les startups locales et les sociétés<br />

et investisseurs ». Par ailleurs, la<br />

Banque mondiale a d’ores et déjà<br />

levé le voile sur la liste des groupes<br />

d’investisseurs africains qui accompagneront<br />

le programme X1 Africa.<br />

On peut ainsi y trouver le réseau<br />

African Business Angel Network<br />

(Aban), Goodwell Investments,<br />

Knife Capital, Nest Africa, Silvertree<br />

Capital, Singularity Investments<br />

et bien d’autres. Aussi, comme<br />

partenaires commerciaux participants<br />

à cette initiative, on trouve<br />

des groupes comme le mastodonte<br />

O r a n ge o u e n c o r e T h o m s o n R e u t e r s .<br />

Pour rappel, cette initiative est loin<br />

d’être le fruit du hasard, elle est<br />

plutôt à corréler avec le récent rapport<br />

de Disrupt Africa, qui fait état<br />

d’une augmentation de 16,8% en<br />

seulement une année, concernant le<br />

nombre de startups technologiques<br />

africaine ayant décroché un financement.<br />

C’est de bon augure !<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


Guichet Unique National des Procédures du Commerce Extérieur<br />

41<br />

PARTENAIRE OFFICIEL<br />

PARTENAIRES INSTITUTIONNELS<br />

www.logismed.ma<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>


42<br />

INVITÉ DE LA RÉDACTION<br />

Khaled Igue<br />

Président du Think Tank Club<br />

Afrique 2030<br />

« Le plus grand défi que doit relever le<br />

continent africain aujourd’hui est celui<br />

de la transition démographique »<br />

Il n’a qu’un objectif : servir son continent. Cet objectif, il en fait la principale mission du<br />

think tank Club 2030 Afrique dont il est président. Lui, c’est Khaled Igué, un béninois<br />

qui consacre son quotidien au développement du continent noir. Interview<br />

Parlez-nous de votre parcours<br />

académique ?<br />

Né au Bénin, Khaled Igué y grandit<br />

et fait ses études à Cotonou jusqu’à<br />

l’âge de 18 ans. Il part ensuite étudier<br />

l’anglais au Ghana, s’installe<br />

en France le temps d’enchaîner<br />

une classe préparatoire et une école<br />

d’ingénieur – l’INSA, Institut National<br />

des Sciences Appliquées – et<br />

s’envole pour une dernière année à<br />

Chicago, au sein de l’Illinois Institute<br />

of Technology. Il obtient son diplôme<br />

en 2009, et rejoint Areva où il<br />

travaille sur des projets énergétiques<br />

et des partenariats stratégiques. Il<br />

continue à enrichir sa formation universitaire.<br />

Il est bientôt diplômé en<br />

sciences économiques de l’université<br />

de Paris I, titulaire d’un MBA<br />

en Management de la Sorbonne Graduate<br />

Business School et un Master<br />

en Politiques de développement, Potentiel<br />

Afrique de Sciences Po Paris.<br />

Vous avez fait vos classes chez Areva.<br />

Une telle expérience, qu’est-ce<br />

qu’elle vous a apporté ?<br />

Travailler pour une grande entreprise<br />

comme AREVA dans un environnement<br />

international apporte<br />

forcément une expérience gratifiante<br />

sur la gestion des grands projets,<br />

leurs financements et le développement<br />

de compétences. Chez AREVA<br />

j’ai eu la chance de travailler avec le<br />

Japon, de vivre en tant qu’expatrié<br />

en Finlande et au Niger, et je peux<br />

vous dire que rien que pour l’ouverture<br />

culturelle, on apprend beaucoup.<br />

L’Afrique a besoin de grandes<br />

entreprises pour créer des emplois<br />

et de la valeur ajoutée. Avoir pu travailler<br />

dans un grand groupe comme<br />

AREVA pendant près de 7 ans dans<br />

différents secteurs comme l’Energie<br />

et les Mines donne aussi une bonne<br />

idée des bonnes et des mauvaises<br />

pratiques pour bâtir et réussir à faire<br />

prospérer ce genre d’organisation.<br />

Actuellement, vous êtes directeur<br />

des partenariats publics et institutionnels<br />

d’OCP Africa. Ça vous<br />

donne du pain sur la planche. Parlez-nous<br />

un peu de vos missions ?<br />

Le pain sur la planche n’est pas la<br />

bonne expression, c’est un beau challenge.<br />

Le groupe OCP a fait le choix<br />

de dédier une stratégie à l’Afrique et<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


INVITÉ DE LA RÉDACTION<br />

43<br />

d’y mettre des moyens, c’est donc<br />

un honneur pour moi de prendre part<br />

à cette aventure. J’ai décidé depuis<br />

quelques années de dédier mon avenir<br />

et mon travail au développement<br />

du continent africain, je le fais donc<br />

à travers mes missions chez l’OCP<br />

et aussi à travers le think tank Club<br />

2030 Afrique dont je suis le fondateur<br />

et le président. L’agriculture est<br />

un secteur qui représente près du 1/3<br />

du PIB des pays africains, près de la<br />

moitié des exportations de certains<br />

pays et emploie près de 7O% de la<br />

population active, c’est donc sans<br />

aucun doute le secteur qu’il faut renforcer<br />

d’urgence.<br />

Est-ce qu’elles répondent à vos attentes<br />

personnelles ; à savoir servir<br />

votre continent ?<br />

Ma mission est complètement dédiée<br />

au continent africain. Il s’agit pour<br />

moi de faire des partenariats de long<br />

terme avec les pays d’Afrique subsaharienne<br />

pour la transformation<br />

du secteur agricole, pour un partenariat<br />

Sud-Sud gagnant-gagnant.<br />

Il s’agit non seulement d’améliorer<br />

les échanges entre les pays africains<br />

mais aussi de trouver des solutions<br />

L’Afrique a<br />

”<br />

besoin de grandes<br />

entreprises pour créer<br />

des emplois et de la<br />

valeur ajoutée<br />

“<br />

africaines aux défis du continent.<br />

L’Afrique est à un tournant de son<br />

histoire. Si les voyants sont au vert,<br />

il y a encore de nombreux défis à<br />

relever, notamment le déploiement<br />

des politiques publiques de développement,<br />

accès à l’énergie et à<br />

l’eau potable, accès à l’éducation, à<br />

la santé et le développement d’une<br />

agriculture durable et moderne. Le<br />

Groupe OCP est dans le domaine de<br />

l’agriculture, donc y travailler me<br />

permet de répondre aux différents<br />

défis énoncés.<br />

Vous êtes à la tête du think tank<br />

Club 2030 Afrique qui veut « apporter<br />

des réponses africaines aux<br />

défis du continent ». Que pouvezvous<br />

nous dire sur les missions<br />

principales de ce think tank ?<br />

Club 2030 Afrique, institution à but<br />

non lucratif, s’est assigné pour mission<br />

principale de mettre ses compétences,<br />

son savoir et son énergie au<br />

service des organes de gouvernance<br />

africains afin de les accompagner<br />

dans le processus d’émergence qui<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>


44<br />

INVITÉ DE LA RÉDACTION<br />

mènera à un développement économique<br />

et social harmonieux à horizon<br />

2030.<br />

À travers son activité, ce think tank a<br />

pour ambition de devenir la première<br />

plateforme de réflexion en Afrique<br />

en œuvrant en faveur du partage des<br />

idées et des échanges entre la société<br />

civile, les entrepreneurs et les décideurs<br />

politiques locaux, nationaux et<br />

panafricains.<br />

S’appuyant sur un réseau d’experts<br />

reconnus, de leaders d’opinion de<br />

la société civile, de décideurs politiques,<br />

de hauts fonctionnaires et de<br />

dirigeants de grandes entreprises,<br />

Club 2030 Afrique organise des<br />

temps de rencontre et d’échange,<br />

diffuse des publications, veille, centralise<br />

et partage l’information pertinente,<br />

enfin s’associe à des partenaires<br />

pour conduire des actions de<br />

terrain.<br />

Comment à votre avis, l’Afrique<br />

pourrait-elle réussir son industrialisation<br />

?<br />

L’Afrique a déjà commencé son industrialisation<br />

et elle va non seulement<br />

être réussie mais aussi dépasser<br />

les attentes.<br />

Il y a deux types de tendances sur<br />

le continent, il y a des pays qui<br />

sont déjà rentrés dans la chaîne de<br />

valeur mondiale et vous pouvez retrouver<br />

le Maroc, l’Afrique du Sud<br />

et le Nigéria par exemple, et vous<br />

avez des pays comme le Bénin qui<br />

créent des industries intermédiaires<br />

pour répondre à la demande du marché<br />

local notamment dans l’industrie<br />

agroalimentaire et le textile. Je<br />

mise pour la réussite de l’industrie<br />

africaine sur ces industries intermédiaires<br />

de proximité qui répondent<br />

aux attentes des populations et sont<br />

vraiment créatrices d’emplois et<br />

de valeur ajoutée. Un exemple tout<br />

simple est l’industrie de transformation<br />

du manioc, qui sur toute la<br />

chaine de valeur permet de créer des<br />

emplois et donne plusieurs produits<br />

finis comme la farine,<br />

l’amidon et les provendes pour les<br />

animaux. Ce produit représente l’aliment<br />

protéiné le plus consommé en<br />

Afrique de l’Ouest. Pour accélérer la<br />

création de ces industries intermédiaires,<br />

Il faudra favoriser l’accès à<br />

l’énergie et à l’eau potable, financer<br />

les PME et mettre le cadre règlementaire<br />

adéquat pour garantir un environnement<br />

des affaires stable.<br />

”<br />

L’Afrique a déjà<br />

commencé son<br />

industrialisation et elle<br />

va non seulement être<br />

réussie mais aussi<br />

“<br />

dépasser les attentes<br />

Quels sont les grands défis que doit<br />

relever l’Afrique d’aujourd’hui ?<br />

Le plus grand défi que doit relever<br />

le continent africain aujourd’hui est<br />

celui de la transition démographique<br />

qui par effet de ricoché impacte tous<br />

les autres aspects du développement<br />

qui sont la création d’emplois<br />

stables, l’accès à l’énergie, la santé,<br />

l’éducation et l’autosuffisance alimentaire.<br />

Si les économistes ont<br />

raison et que la population africaine<br />

passe la barre des deux milliards<br />

d’habitants en 2050, cela suppose<br />

que graduellement, la croissance démographique<br />

connaît un saut moyen<br />

de près 10% presque tous les ans. Il<br />

faudra donc chaque année créer près<br />

de 12 millions d’emplois en Afrique,<br />

mettre en place les infrastructures de<br />

santé et d’éducation et repenser l’urbanisation<br />

des villes et des villages.<br />

Le défi est énorme.<br />

Quelles sont, selon think tank<br />

Club 2030 Afrique, les solutions<br />

qui s’imposent pour relever ces<br />

défis ?<br />

Club 2030 Afrique en tant que think<br />

tank engagé pour un développement<br />

harmonieux mais durable du continent<br />

a le souci de penser en premier<br />

lieu à des modèles socio-économiques<br />

qui favorisent un développement<br />

inclusif pour accélérer le bienêtre<br />

des populations.<br />

Nous partons donc du principe qu’il<br />

n’aura ni développement, ni émergence<br />

si le continent africain ne finance<br />

pas ardemment l’éducation, la<br />

santé, l’accès à l’énergie, le développement<br />

de l’agriculture. Aujourd’hui<br />

le numérique permet de faire des<br />

sauts technologiques importants, il<br />

faut donc intégrer l’économie numérique<br />

dans toutes nos réflexions.<br />

L’une de nos recommandations importantes<br />

est de créer une agence<br />

pour le développement inclusif dans<br />

tous les pays africains qui accompagnera<br />

les populations pauvres dans<br />

la création d’activités rentables (alimentaires,<br />

agriculture et services).<br />

Cette agence inclurait la participation<br />

des entreprises par leur RSE, les<br />

gouvernements qui y consacrent ne<br />

serait-ce qu’un 1% de leur budget,<br />

la société civile mettra à disposition<br />

son expertise et l’accompagnement.<br />

C’est ce que j’appelle un développement<br />

basé sur le consensus.<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


Sous l’egide de :<br />

45<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>


46<br />

ENERGIE<br />

Quelle énergie pour l’Afrique à<br />

l’horizon 2050 ?<br />

Comme pour toute économie qui connait une croissance pérenne (3% en moyenne<br />

annuelle pour l’Afrique), le continent africain fait face à l’inévitable problématique de<br />

l’autosuffisance énergétique. Partant de ce lien de causalité, nous allons, dans un premier<br />

temps, établir un état des lieux de la production énergétique africaine, avant de se risquer<br />

à des solutions, et ce afin de tenter de répondre à la question suivante : l’Afrique sera-telle<br />

à la hauteur des objectifs fixés à l’horizon 2050 ?<br />

Avant de s’atteler à dresser<br />

un état des lieux<br />

énergétique du continent<br />

noir, il convient<br />

de rappeler les principales sources<br />

d’énergie utilisées par l’homme.<br />

Mis à part les énergies renouvelables,<br />

les habitants de la planète<br />

Terre ont coutume d’utiliser le pétrole,<br />

le gaz et le charbon en guise de<br />

sources d’énergie.<br />

Cependant, en matière de consommation<br />

énergétique, l’Afrique fait<br />

figure d’exception. En effet, abstraction<br />

faite de l’Afrique du Sud,<br />

80% de l’énergie consommée en<br />

Afrique subsaharienne provient<br />

de l’utilisation massive du bois de<br />

feu. L’autre spécificité (et pas des<br />

plus glorieuses) du continent noir<br />

réside dans un paradoxe : l’Afrique<br />

demeure en déficit énergétique malgré<br />

le fait qu’il en produit plus qu’il<br />

n’en consomme. Preuve en chiffre,<br />

l’Afrique produit 14% du pétrole<br />

mondial, 8% du gaz et 5% du charbon<br />

de la planète, alors que ce continent<br />

n’en consomme respectivement<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


ENERGIE<br />

47<br />

que 4%, 3,5% et 1%, une situation<br />

pour le moins ubuesque.<br />

Par ailleurs, une grande disparité<br />

régionale caractérise le secteur énergétique<br />

africain. A ce propos, on<br />

peut faire la distinction entre trois<br />

régions avançant à trois vitesses :<br />

l’Afrique du Nord, l’Afrique du Sud,<br />

et «le reste de l’Afrique».<br />

Plus en détail, de par leurs réserves<br />

de pétrole et de gaz, les pays du nord<br />

ainsi que l’Afrique du Sud sont les<br />

mieux lotis avec une consommation<br />

de 70% de la production du continent.<br />

En revanche, les autres pays<br />

subsahariens qui, pour rappel, représentent<br />

pas moins de 75% de la population<br />

africaine, ne consomment<br />

que le tiers de la production continentale.<br />

Les solutions<br />

Afin d’améliorer la situation énergétique<br />

de l'Afrique à l’horizon 2050,<br />

quelques solutions ont bel et bien été<br />

avancées par les experts mondiaux.<br />

Parmi ces dernières, on trouve l’optimisation<br />

des ressources énergétiques<br />

; En les termes du commun des mortels,<br />

cela signifie que l’Afrique doit<br />

mettre en place des énergies alternatives<br />

en adéquation avec les besoins<br />

des populations, et ce afin de s’extirper<br />

à la dépendance au pétrole.<br />

Voilà qui nous ramène directement<br />

à la question du développement des<br />

énergies renouvelables.<br />

Il est vrai que ces énergies ont, depuis<br />

peu, le vent en poupe, néanmoins,<br />

le potentiel africain en ce<br />

domaine reste largement inexploité,<br />

à l’instar de l’énergie hydraulique<br />

dont l’Afrique de l’Est pourrait jouer<br />

un rôle de premier plan, et changer<br />

ainsi la donne. Aussi, soulignons<br />

l’importance du secteur des biomasses,<br />

une niche qui reste très loin<br />

d’une exploitation optimale.<br />

Le temps presse pour mettre en<br />

place de telles solutions salvatrices,<br />

surtout lorsque l’on sait que selon<br />

les prévisions du Programme des<br />

nations unies pour le développement<br />

(PNUD pour les intimes), l’Afrique<br />

ne tardera pas à connaitre un boom<br />

démographique historique.<br />

Selon cet organisme, l’Afrique<br />

comptera le quart de la population<br />

mondiale à l’horizon 2050, et qui dit<br />

boom démographique, dit accroissement<br />

exponentiel des besoins en<br />

énergie. En somme, mieux vaut prévenir<br />

que guérir, n’est-ce pas ?<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>


48<br />

ENERGIE<br />

Alpha Condé en marge de sa visite à Paris et d’un colloque organisé par l’agence française de développement (AFD)<br />

Création d’un centre africain pour<br />

l’eau et les énergies renouvelables<br />

L’Afrique va se doter d’un centre pour l’eau et les énergies renouvelables. Ce futlà<br />

la principale information résultant du dernier colloque de l’Agence française de<br />

développement organisé le 12 avril dernier à l’Institut du monde arabe à Paris, sous le<br />

thème «Toute l’Afrique : les enjeux d’une approche continentale ». Les détails.<br />

C’est le Président Alpha<br />

Condé « himself » qui<br />

a fait l’annonce. En effet,<br />

invité par les organisateurs<br />

du dernier colloque de<br />

l’Agence française de développement,<br />

le Président en exercice de<br />

l’Union africaine a profité de cette<br />

tribune qui a pignon sur rue, pour<br />

annoncer la création prochaine à<br />

Conakry (ndlr : pour ceux qui sont<br />

en brouille avec la géographie,<br />

Conakry est la capitale de la République<br />

de Guinée) d’un centre pour<br />

l ’ e a u e t l e s é n e rg i e s r e n o u ve l a b l e s .<br />

Hasard du calendrier<br />

(ou pas), cette déclaration intervient<br />

au lendemain de la deuxième session<br />

du conseil d’administration de l’initiative<br />

africaine pour les énergies<br />

renouvelables tenue également à<br />

Conakry. Cette édition a été principalement<br />

dédiée à la problématique<br />

de la levée de fonds nécessaires à la<br />

réalisation de certains projets. Quant<br />

à la justification du choix de la création<br />

de ce centre africain, Alpha<br />

Condé avance, à juste titre, le constat<br />

suivant : « la Guinée est le château<br />

d’eau de l’Afrique de l’Ouest », autrement<br />

dit, ce pays abrite les sources<br />

d e s p r i n c i p a u x fl e u ve s d e l a r é g i o n .<br />

Aussi, l’une des conditions sine qua<br />

non au vu de la création de ce centre,<br />

réside dans le fait qu’il soit entièrement<br />

piloter par des africains, et ce,<br />

toujours selon le Président de l’Union<br />

africaine « afin d’exploiter au<br />

mieux et au profit de tous, les potent<br />

i e l l e s é n e rg é t i q u e s d u c o n t i n e n t » .<br />

Pour rappel, la présence d’Alpha<br />

Condé à ce colloque entre dans le<br />

cadre de sa visite officielle en France.<br />

Une visite d’Etat où le Président a<br />

multiplié les rencontres, notamment<br />

avec Gérard Larcher, Président du<br />

Sénat français. Avaient-ils parlé<br />

énergies renouvelables ou élections<br />

présidentielles françaises (ou les<br />

deux) ? A l’heure de la mise sous<br />

presse, rien n’a encore filtré à propos<br />

de cette réunion. Alors, affaire<br />

à suivre…<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


Offshore Safety<br />

Industry Training<br />

osita.maroc@gmail.com<br />

00212 6 61 53 54 06<br />

www.osita-maroc.com<br />

49<br />

NEBOSH<br />

IGC<br />

INTERNATIONAL GENERAL<br />

IN OCCUPA TIONAL HEALTH & SAFETY<br />

WHO SHOULD ATTEND?<br />

People who not need a broad knowledge of Health and Safety<br />

issues and are based outside of the UK.<br />

Managers and Supervisors who have health and safety<br />

responsibilities and/or advise others on health and safety.<br />

Employees needing the health and safety skills for<br />

employment.<br />

And Individuals who wish to further their career in health and<br />

safety.<br />

COURSE DATES<br />

JUNE 14, <strong>2017</strong> JUNE 24, <strong>2017</strong><br />

COURSE CONTENT<br />

UNIT IGC 1<br />

Management of international health and safety involving policy,<br />

organization, and audit (IGCC1)<br />

UNIT GC 2<br />

Control of international workplace hazards including transporta -<br />

tion, equipement, electrical, fire, chemical, and physical (IGC2)<br />

UNIT GC 3<br />

International health and safety pratical application in risk control<br />

(GC3)<br />

In Association with NEBOSH Accredited Course Provider UT&T<br />

JULY 10, <strong>2017</strong> JULY 23, <strong>2017</strong><br />

FROM 8 AM - 5 PM<br />

FROM MONDAY<br />

FROM 8 AM- 5 PM<br />

TO FRIDAY<br />

1033<br />

FIND US AT:<br />

NEBOSH<br />

IGC<br />

INTERNATIONAL GENERAL<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong><br />

Offshore Safety Industry Training Agency N°2, Imm. Annasr, Av. Moulay Abdellah, 80020 - Agadir<br />

IN OCCUPATIONAL HEALTH & SAFETY<br />

In Association with NEBOSH Accredited Course Provider UT&T


50<br />

INNOVATION<br />

Tarik Hrima<br />

Project Manager Applied<br />

Mechanics<br />

Comment peut-on innover dans<br />

l’industrie automobile ?<br />

Après l’aéronautique,<br />

l’industrie automobile<br />

réfléchit à la meilleure<br />

manière d’intégrer la<br />

fibre composite dite de carbone dans<br />

ses modèles. Il s’agit de gagner du<br />

poids mais également de la robustesse.<br />

La fibre de carbone pose néanmoins<br />

des défis industriels et est handicapée<br />

par des coûts élevés de production.<br />

Alors puisque les constructeurs<br />

acceptent l’idée de commencer<br />

petit à petit à contacter les fabricants<br />

des matériaux composites, pour une<br />

éventuelle forme de charpente en<br />

carbone qui permet de renforcer des<br />

structures en acier. Cependant pourquoi<br />

ne pas penser aussi à introduire<br />

les matériaux élastomères dans la<br />

structure de la tôle ??<br />

Actuellement le marché automobile<br />

français a retrouvé des couleurs<br />

l’année dernière. En 2016, 2,015<br />

millions de voitures particulières<br />

neuves ont été vendues, selon les<br />

statistiques publiées ce dimanche par<br />

le comité des constructeurs français<br />

d’automobiles (CCFA). Cela représente<br />

une hausse de 5,1% par rapport<br />

à 2015. PSA connaît actuellement un<br />

creux commercial à cause du renouvellement<br />

de produits vedettes (Peugeot<br />

3008 et 5008, Citroën C3) et<br />

d’une gamme DS en fin de carrière.<br />

Il reste toutefois le premier groupe<br />

français en France, avec 27,7% des<br />

immatriculations l’an dernier, suivi<br />

par Renault à 25,73% de part de marché<br />

pour les voitures particulières.<br />

C’est-à-dire que la construction de<br />

l’automobile augmente de plus en<br />

plus, c’est une bonne chose mais<br />

dans un autre coté les accidents augmentent<br />

aussi. Alors en introduisant<br />

les matériaux élastomères comme le<br />

caoutchouc sous forme d’une bande<br />

dans la finalisation de la construction<br />

d’une tôle ça nous permettra de<br />

donner plus de sécurité aux conducteurs<br />

et minimiser les dégâts des<br />

accidents.<br />

En fait, il est nécessaire de mette en<br />

œuvre cette application afin d’arriver<br />

à une nouvelle dimension de l’industrie<br />

automobile et rendre son image<br />

plus sécurisée et acharnée. Cet objectif<br />

peut être atteint en traitant,<br />

d’abord les matériaux élastomères<br />

les plus fiables à utiliser à savoir les<br />

caoutchoucs, ensuite la forme de la<br />

bande en caoutchouc pour qu’elle ait<br />

plus de résistance au choc, limiter<br />

le pourcentage de déformation de<br />

la tôle et restreindre l’endommagement.<br />

Finalement la mise en place<br />

de cette bande pour donner une belle<br />

attirance à cette nouvelle marge de<br />

construction de l’automobile.<br />

Les points forts de cette application…<br />

Beaucoup plus d’efforts doivent être<br />

faits dans ce domaine pour décrocher<br />

de nombreux avantages de sécurité :<br />

• Les matériaux élastomères sont<br />

présents dans de nombreuses applications<br />

de la vie quotidienne et<br />

occupent une place de choix dans<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


INNOVATION<br />

51<br />

l’industrie. C’est-à-dire qu’il serait<br />

facile d’en trouver dans le marché<br />

industriel.<br />

• Si les pneumatiques consomment<br />

plus de la moitié de la production des<br />

élastomères, on utilise aussi ces derniers<br />

dans un grand nombre d’autres<br />

secteurs industriels : dans l’automobile<br />

elle-même sous la forme<br />

de joints, de liaisons élastiques, de<br />

tubes et de tuyaux, de membranes ou<br />

de dispositifs anti-vibratoires, ainsi<br />

que dans l’industrie mécanique…<br />

etc. Alors c’est un produit perpétuel<br />

et disponible.<br />

• L’intérêt des matériaux élastomères<br />

est de pouvoir subir des déformations<br />

très importantes (plus de<br />

100% généralement) et de reprendre<br />

leur forme initiale. Ils ont donc une<br />

très bonne capacité à emmagasiner<br />

de l’énergie lors d’un choc par<br />

exemple, et à la restituer ensuite.<br />

• Pour la majorité des applications,<br />

le caoutchouc brut est mélangé avec<br />

différents composés pour modifier<br />

ses propriétés. Les charges qui améliorent<br />

l’élasticité du produit final,<br />

sans augmenter sa résistance, sont<br />

des produits à base de carbonate de<br />

calcium ou de sulfate de baryum.<br />

Les charges de renforcement qui<br />

améliorent la résistance du produit<br />

fini sont le noir de carbone, l’oxyde<br />

de zinc, le carbonate de magnésium<br />

ou différentes argiles. Donc il serait<br />

facile à éteindre la forme de la bande<br />

souhaitée.<br />

• Le caoutchouc brut, qui ne représente<br />

que la moitié du poids du produit<br />

fini, est traité mécaniquement<br />

et chimiquement jusqu’à l’obtention<br />

de produits spécifiques. La flexibilité<br />

du caoutchouc est souvent mise<br />

à profit pour ces applications; son<br />

élasticité est adaptée à la réalisation<br />

de différents systèmes d’absorption<br />

des chocs et de diminution des vibrations.<br />

Donc ça n’aura aucune influence<br />

dans la nouvelle technologie<br />

de construction d’automobile.<br />

Les points à traiter avec prudence…..<br />

Néanmoins, certaines questions<br />

doivent être abordées:<br />

• Les chercheurs ont amélioré très<br />

nettement le caoutchouc synthétique.<br />

Alors certes, il est reconnu comme<br />

moins résistant que le caoutchouc<br />

issu de l’hévéa, mais il est aussi plus<br />

facilement disponible quand on ne<br />

dispose pas des ressources naturelles<br />

nécessaires. Le caoutchouc suit alors<br />

le boom de l’industrie automobile, et<br />

la production ne cesse de se développer.<br />

Une grande série d’amélioration<br />

de la vulcanisation et de la résistance<br />

des caoutchoucs à tous les climats<br />

pour une longue durée doit être étudié.<br />

• Le marché du caoutchouc reste<br />

dépendant de deux facteurs. D’une<br />

part, la demande mondiale en matière<br />

d’automobiles. Quand une<br />

voiture est vendue, elle l’est le plus<br />

souvent avec 5 pneus. D’autre part,<br />

le prix du pétrole. Le caoutchouc<br />

synthétique utilisant le pétrole dans<br />

son procédé, des changements dans<br />

les prix du pétrole entraîne des changements<br />

dans le prix du caoutchouc.<br />

• Habituellement, Il faut penser à<br />

l’homogénéisation de la réalisation<br />

parfaite de la bande du caoutchouc<br />

souhaitée et son adaptation dans la<br />

finalisation de la construction de<br />

la tôle dans un strict minimum de<br />

temps tout en restant dans l’innovation<br />

du monde d’automobile.<br />

• Il est nécessaire de disposer de<br />

réglementations et de normes de<br />

constructions internationales pour<br />

suivre l’évolution de l’industrie<br />

automobile afin d’assurer l’aspect<br />

esthétique et le respect des recommandations<br />

du fabricant. À l’heure<br />

actuelle, il peut y avoir des problèmes<br />

de traçabilité et certaines<br />

parties douteuses apparaissent sur<br />

les marchés secondaires.<br />

Finalement……..pour conclure<br />

La modification de la construction<br />

de la tôle apparaît comme un moyen<br />

efficace pour réduire les dégâts<br />

matériels et humains des accidents.<br />

Les constructeurs et les fabricants<br />

devront se conformer à une accréditation<br />

pour inclure les matériaux<br />

composites à savoir les élastomères.<br />

Il est grand temps que les institutions<br />

internationales d’automobile<br />

franchissent une nouvelle dimension<br />

dans ce domaine et assimilent ce projet<br />

innovant qui serait très bénéfique<br />

pour les chefs des entreprises ainsi<br />

que pour la population mondiale.<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>


52<br />

INNOVATION<br />

Le «SMARTilab EMSI» Champion de<br />

l’innovation<br />

L’EMSI (Ecole Marocaine des Sciences de l'Ingénierie) a reçu trois médailles d’or et une<br />

médaille d’argent ainsi que deux prix spéciaux au Salon International de la Technologie<br />

de Shanghai en Chine et à la Conférence Internationale de Design, de la Recherche et de<br />

l’Innovation à Kuala Lumpur en Malaisie.<br />

Consécration brillante du<br />

Maroc à l’échelle international<br />

en une semaine.<br />

Le laboratoire SMAR-<br />

TiLab rattaché au groupe EMSI a<br />

pu décrocher au nom du Maroc 3<br />

médailles en or et une médaille en<br />

argent et 2 prix spéciaux dans de<br />

prestigieux concours d’innovation<br />

à savoir : le Concours International<br />

des Inventions du Salon International<br />

de la Technologie de Shanghai<br />

et à la Conférence Internationale de<br />

Design, de la Recherche et l’Innovation<br />

à Kuala Lumpur<br />

Le Concours International des Inventions<br />

qui s’est déroulé du 20 au<br />

22 avril <strong>2017</strong> au Salon International<br />

de la Technologie de Shanghai supporté<br />

par le conseil d’Etat chinois,<br />

est considéré comme le plus grand<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


INNOVATION<br />

53<br />

salon de l’innovation et de la technologie<br />

à l’échelle asiatique, organisé<br />

par la Chambre de Commerce<br />

chinoise pour l'importation et l'exportation<br />

des machines et des produits<br />

électroniques, le Centre International<br />

d'Echange de Technologie<br />

de Shanghai et le Groupe International<br />

Shanghai Eastbest & Lansheng.<br />

Il est aussi soutenu par l'UNIDO,<br />

le UNDP, le WIPO, le Ministère<br />

du Commerce, le Ministère de la<br />

Science et de la Technologie, le Bureau<br />

de Propriété Intellectuelle de<br />

l'État et le Gouvernement Municipal<br />

de Shanghai.<br />

L’invention Senstenna est sans doute<br />

la technologie phare de cette année.<br />

Elle a remporté la médaille d’or<br />

à la Conférence Internationale de<br />

Design, de la Recherche et l’Innovation<br />

à Kuala Lumpur, la médaille<br />

d’argent au Salon International de la<br />

Technologie de Chine et finaliste de<br />

la Coupe du Monde de l’Innovation<br />

à travers le projet Smartypark.<br />

Le Senstenna est une innovation<br />

technologique appartenant aux systèmes<br />

de communications de la<br />

5ème génération et spécialement au<br />

domaine des objets connectés ou IoT<br />

(Internet Of Things). Il s’agit d’un<br />

IoT sans capteur (SensorLess) qui<br />

utilise le recyclage des ondes RF du<br />

module de communication pour détecter<br />

différents types de grandeurs<br />

physiques sans faire recours à un<br />

capteur spécifique. Plusieurs applications<br />

sont d’ores et déjà touchées<br />

par ce projet révolutionnaire, à savoir<br />

: la détection d’obstacles, de mouvements<br />

et de vitesse. La technologie<br />

SENSTENNA a été récemment exploitée<br />

par le laboratoire SMARTI-<br />

LAB-EMSI comme un objet connecté<br />

sans capteur pour la réalisation du<br />

projet SMARTYPARK qui vise une<br />

gestion intelligente et écologique du<br />

stationnement des voitures dans les<br />

villes intelligentes. Le Smartypark à<br />

base de la technologie Senstenna a<br />

permis au Maroc d’être classé parmi<br />

les quatre finalistes de la Coupe du<br />

Monde de l’Innovation à Barcelone<br />

en mars <strong>2017</strong>, un classement historique<br />

qui fait du Maroc le premier<br />

pays arabo-africain ayant pu décrocher<br />

une qualification à la coupe du<br />

monde de l’innovation.<br />

Le projet Multiview-Screen a été<br />

couronné par la médaille d’or au<br />

Concours International des Inventions<br />

du Salon International de la<br />

Technologie de Shanghai. C’est un<br />

écran Multi-Vues inventé par M.<br />

Majid El BOUAZAOUI, Inventeur<br />

et chercheur membre du SMARTilab<br />

EMSI. Un concept qui permet<br />

à plusieurs personnes de regarder<br />

divers programmes sur le même<br />

téléviseur où chacun peut suivre un<br />

seul programme sur toute la surface<br />

de l’écran en fonction de la position<br />

où elle se trouve sans utilisation de<br />

lunettes spéciales ou autres accessoires<br />

permettant ainsi la visualisation<br />

simultanée de plusieurs vidéos<br />

sur différents angles de vue.<br />

Le projet EFMA, a été également décoré<br />

par la médaille d’or à la Conférence<br />

Internationale de Design, de la<br />

Recherche et l’Innovation à Kuala<br />

Lumpur. Ce projet innovant est un<br />

nouveau Absorbant électromagnétique<br />

à base d’un Meta-matériau<br />

flexible et ultra fin pour la protection<br />

du corps humain contre les radiations<br />

électromagnétiques. Fruit<br />

d’une collaboration entre le Maroc<br />

à travers l’EMSI (SMARTiLab), la<br />

France à travers l’INSA de Rennes et<br />

les États-Unis à travers l’Université<br />

Georgia Tech. Ce nouveau Absorbant<br />

consiste à protéger le derme<br />

humain contre les effets néfastes<br />

de radiations électromagnétiques à<br />

savoir l’Ionisation ainsi que l’effet<br />

thermique plus particulièrement. Ce<br />

nouveau absorbant verra des applications<br />

dans le domaine médical notamment<br />

la protection des patients et<br />

du personnel des radiations du système<br />

de radiologie et de la radiothérapie.<br />

Par ailleurs ce même système<br />

d’absorption constitue une solution<br />

très prometteuse pour la protection<br />

des individus contre les attaques<br />

électromagnétiques militaires. Il est<br />

à signaler que Le développement de<br />

ce nouveau absorbant électromagnétique<br />

a été fait entre le Maroc et la<br />

France, sa fabrication et sa caractérisation<br />

expérimentale a été réalisée<br />

dans un laboratoire américain<br />

moyennant des plates-formes de prototypage<br />

de nano technologie.<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>


54<br />

INVESTIR<br />

Investir au Gabon, est-ce bon ?<br />

Numéro 1 oblige, L’usineafricaine<br />

se doit de<br />

fournir à ses lecteurs<br />

une petite explication<br />

concernant la motivation de la présente<br />

rubrique. Ce n’est un secret<br />

pour personne, l’Afrique couve un<br />

énorme potentiel économique et<br />

offre des opportunités sans pareilles<br />

pour les investisseurs. Pour ne citer<br />

qu’un seul indicateur, les spécialistes<br />

s’accordent à dire que le pouvoir<br />

d’achat des africains devrait doubler<br />

d’ici moins de dix ans. Seulement<br />

voilà, « devrait » n’est pas être ! Et<br />

c’est justement pour cette raison que<br />

la rédaction a choisi pour chaque<br />

numéro de décortiquer le tissu économique<br />

et social d’un pays africain,<br />

et ce afin de répondre à une unique<br />

question : Faut-il investir dans cette<br />

lointaine contrée ?<br />

De part son insoupçonnable potentiel,<br />

pour ce premier numéro, c’est<br />

le Gabon qui s’y colle. <strong>Mai</strong>s tout<br />

d’abord, voici quelques données<br />

générales à toutes fins utiles, qui<br />

Avec 900 sites<br />

miniers potentiels<br />

rassemblant un milliard<br />

de tonnes de réserves<br />

de fer (rien que ça !),<br />

5,3 millions de tonnes<br />

de manganèse, d’or, de<br />

diamants et d’uranium,<br />

le Gabon se positionne<br />

incontestablement<br />

comme un véritable<br />

gisement de croissance<br />

pour l’économie<br />

planétaire.<br />

permettront, sans doute, de situer<br />

ce pays dans son contexte « géographico-démographique<br />

». La République<br />

gabonaise s’étale sur une<br />

superficie de 267.667 km² et compte<br />

Par Soufiane Chakkouche<br />

une population d’à peine 2 millions<br />

d’individus, mais qui connait une<br />

croissance démographique annuelle<br />

de 2.1 % et qui se caractérise par<br />

sa jeunesse (62% des habitants ont<br />

moins de 24 ans). Sa capitale est<br />

Libreville, ses principales villes<br />

sont Port-Gentil, Franceville, Oyem,<br />

Lambaréné, et sa langue officielle est<br />

le Français. Voilà pour les présentations.<br />

Les tops<br />

L’un des atouts majeurs plaidant<br />

pour la cause gabonaise est son<br />

incroyable richesse et diversité<br />

s’agissant des ressources naturelles.<br />

En effet, le pays peut se targuer de<br />

posséder quelques 2 milliards de réserves<br />

exploitables de barils de pétrole.<br />

Aussi, avec 900 sites miniers<br />

potentiels rassemblant un milliard<br />

de tonnes de réserves de fer (rien<br />

que ça !), 5,3 millions de tonnes<br />

de manganèse, d’or, de diamants et<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


INVESTIR<br />

55<br />

d’uranium, le Gabon se positionne<br />

incontestablement comme un véritable<br />

gisement de croissance pour<br />

l’économie planétaire. De plus, ce<br />

pays renferme 12,5 millions d’hectares<br />

de forêts exploitables et 5,2<br />

millions d’hectares de terres cultiva<br />

bles.<br />

Le deuxième argument mis en avant<br />

par les gabonais pour attirer les investisseurs<br />

étrangers, réside dans<br />

le contexte politique et social assez<br />

stable du pays, et ce malgré les dernières<br />

élections présidentielles agitées,<br />

mais qui se sont soldées par<br />

la confirmation de la Cour constitutionnelle<br />

des résultats, reconduisant<br />

ainsi Ali Bongo au pouvoir.<br />

Depuis, la situation s’est nettement<br />

apaisée. En outre, jouissant d’une<br />

situation géographique de premier<br />

plan avec un positionnement au<br />

cœur de l’Afrique et une ouverture<br />

sur la façade Atlantique, le Gabon<br />

ouvre aux investisseurs, la porte<br />

d’un foyer de quelques 250 millions<br />

de consommateurs. Qui plus est, le<br />

pays a comme objectif d’injecter 21<br />

milliards de dollars sur l’ensemble<br />

de son territoire, et ce afin d’améliorer<br />

et se doter d’une infrastructure<br />

moderne. L’enveloppe sera dispatchée<br />

sur différents secteurs tels que<br />

les transports, le logement, les TIC,<br />

la santé et l’éducation.<br />

Pour le reste, la République gabonaise<br />

présente des atouts socioéconomiques<br />

des plus solides de la<br />

région. En effet, hormis un taux de<br />

scolarisation supérieur à 96% et un<br />

taux d’alphabétisation frôlant les<br />

85%, le pays connait une croissance<br />

économique soutenue avec 4% de<br />

moyenne annuelle sur les dix dernières<br />

années. Ajouté à cela un statut<br />

de 5ème producteur de pétrole<br />

d’Afrique ; le plus faible niveau de<br />

jouissant d’une<br />

situation géographique<br />

de premier plan avec<br />

un positionnement au<br />

cœur de l’Afrique et une<br />

ouverture sur la façade<br />

Atlantique, le Gabon<br />

ouvre aux investisseurs,<br />

la porte d’un foyer de<br />

quelques 250 millions de<br />

consommateurs.<br />

dette publique de l’Afrique centrale<br />

; une monnaie (franc CFA) stable<br />

indexée à l’euro, avec un taux d’inflation<br />

relativement bas oscillant autour<br />

des 2 % (soit 2 fois moins qu’un<br />

pays émergeant comme le Brésil) ; et<br />

une stratégie gouvernementale ambitieuse<br />

désireuse de diversifier son<br />

économie, à l’instar de ce vaste programme<br />

d’investissement public qui<br />

vise à hisser le pays au rang de pays<br />

émergent à l’horizon 2025, le Gabon<br />

offre de sérieux avantages sur le pan<br />

économique. Et, afin d’atteindre cet<br />

objectif, le pays tente d’augmenter<br />

l’attractivité de son environnement<br />

des affaire en poursuivant une stratégie<br />

de rénovation de ses codes sectoriels,<br />

à l’image de la création des<br />

zones économiques et franches, l’allégement<br />

fiscal en faveur des investisseur,<br />

ou encore la mise en place<br />

d’un guichet unique pour faciliter la<br />

procédure de création d’entreprise.<br />

Les flops<br />

Toutefois, tout n’est pas rose (tout<br />

n’est jamais tout rose en matière<br />

d’investissement, cela porte le nom<br />

de « risque », contrepartie du profit<br />

!) Si le Gabon semble être un eldorado<br />

pour les investisseurs, il présente,<br />

néanmoins, quelques inconvénients,<br />

et ils sont au nombre de 2. En effet,<br />

au vu de sa dépendance aux matières<br />

premières et ses exportations très<br />

peu variées en termes de produits<br />

(le secteur pétrolier représente 80 %<br />

des exportations, 45 % du PIB et 60<br />

% des recettes budgétaires), l’économie<br />

du pays est soumise au dictat<br />

des cours mondiaux du pétrole. En<br />

d’autres termes, le tissu économique<br />

est fortement impacté par le prix du<br />

baril qui n’a eu de cesse de baisser.<br />

Cependant, pour remédier à cette<br />

dépendance, le Gabon a d’ores et<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>


56<br />

INVESTIR<br />

déjà tracé les grandes lignes de différentes<br />

stratégies futures, comme<br />

le plan « Gabon Industriel », le plan<br />

« Gabon Vert, Gabon Bleu » et le<br />

plan « Gabon des Services », dans<br />

l’unique but de diversifier son économie,<br />

ce qui se traduit en terrain<br />

vierge ou en aubaine dans le langage<br />

des investisseurs.<br />

L’autre hic qui, de prime abord, va<br />

à l’encontre de l’encouragement des<br />

investissements étrangers dans ce<br />

pays, concerne le fameux indice de<br />

développement humain, principal<br />

indicateur du développement d’un<br />

pays. A en croire le dernier classement<br />

du PNUD (Programme des nations<br />

unies pour le développement),<br />

le Gabon occupe une timide 112ème<br />

place. Toutefois, à y voir de plus<br />

près, cela signifie qu’économiquement,<br />

le Gabon est loin d’être saturé,<br />

et que beaucoup y reste à faire, et qui<br />

dit faire, dit investir. Alors oui ! Investir<br />

au Gabon, c’est bon ! Et, n’oubliez<br />

jamais : investir en Afrique,<br />

c’est investir dans l’avenir.<br />

A l’ intention des personnes pressées<br />

Pour celles et ceux qui n’ont nullement<br />

envie de se coltiner les<br />

quelques feuillets de ce papier,<br />

voici une synthèse reprenant les<br />

meilleurs arguments en faveur de<br />

l’investissement au Gabon :<br />

- Un potentiel ressources naturelles<br />

exceptionnel : la diversité et l’étendue<br />

de la richesse minière du pays,<br />

fait de ce dernier un véritable gisement<br />

pour l’avenir de l’économie<br />

mondiale.<br />

- Une situation politique et sociale<br />

stable : grâce, notamment, aux réformes<br />

lancées par le Président Ali<br />

Bongo Ondimba, au pouvoir depuis<br />

2009, le Gabon connait un contexte<br />

politique et social assez stable. Le<br />

pays compte décrocher l’honorable<br />

statut de « pays émergeant » à l’horizon<br />

2025.<br />

- Un positionnement géographique<br />

avantageux : jouissant d’une situation<br />

géographique de premier plan,<br />

le Gabon ouvre aux investisseurs la<br />

porte d’un foyer de quelques 250<br />

millions de consommateurs.<br />

- Des atouts économiques de taille<br />

: une croissance soutenue, un faible<br />

niveau de dette publique, une stratégie<br />

gouvernementale ambitieuse visant<br />

à diversifier l’économique, un<br />

PIB par habitant largement au-dessus<br />

de la moyenne de ses voisins, le<br />

Gabon offre de sérieux atouts économiques<br />

pour les investisseurs.<br />

- Un environnement des affaires attractif<br />

: afin de consolider son cadre<br />

des affaires, le Gabon poursuit une<br />

stratégie de rénovation de ses codes<br />

sectoriels, à l’instar de la création<br />

des zones économiques et franches,<br />

l’allégement fiscal en faveur des<br />

investisseurs, ou encore la mise<br />

en place d’un guichet unique pour<br />

faciliter la procédure de création<br />

d’entreprises.<br />

Voilà donc les 5 principaux atouts<br />

du Gabon pour le lecteur pressé,<br />

auquel la rédaction prodigue un ultime<br />

conseil sous forme d’un vieux<br />

dicton : « Rien ne sert de courir, il<br />

faut partir à point ! ».<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong><br />

57


58<br />

OPINION<br />

Assalia Ousmane<br />

Maïga<br />

Directeur Usine chez Ciments de<br />

l'Afrique<br />

Maroc–Afrique subsaharienne : Un<br />

modèle réussi du partenariat Sud-Sud !<br />

Le développement économique de l’Afrique passe d’abord par les africains eux-mêmes<br />

et réside dans leurs capacités à fédérer les efforts collectifs en vue de créer de la valeur<br />

ajoutée locale par l’utilisation optimale de toutes les ressources disponibles en Afrique.<br />

Le retour du Maroc à<br />

l’Union africaine est<br />

somme toute logique et<br />

ne peut être que bénéfique<br />

pour l’ensemble du continent.<br />

En effet, le Maroc a su construire au<br />

fil des années des relations diplomatiques<br />

solides avec les Etats frères<br />

Africains, en particulier ceux au sud<br />

du Sahara. Ces relations qui, faut-il<br />

le rappeler, reposent sur un solide<br />

ancrage historique. Certes, l’espace<br />

saharien a longtemps été une aire<br />

d’échanges culturels, commerciaux<br />

et de flux migratoires entre le Maroc<br />

d’où partaient les expéditions<br />

caravanières et l’actuelle Afrique<br />

Occidentale. Ces contacts ont permis<br />

d’ores et déjà d’établir entre le<br />

Maroc et les pays d’Afrique Subsaharienne<br />

des liens séculaires couvrant<br />

les dimensions sociale, commerciale,<br />

culturelle, intellectuelle et<br />

spirituelle.<br />

<strong>Mai</strong>s c’est depuis une dizaine<br />

d’années que nous constatons une<br />

intensification des relations Maroc-<br />

Afrique subsaharienne à travers une<br />

diplomatie marocaine très agressive.<br />

Telle est désormais la priorité stratégique<br />

tracée par Sa Majesté, le Roi<br />

Mohammed VI, en matière de politique<br />

étrangère.<br />

Une vision royale qui sera rapidement<br />

matérialisée par des actions<br />

concrètes de solidarité telles que<br />

l’annulation de la dette qu’ont les<br />

pays Africains les moins avancés<br />

envers le Maroc et l’exonération de<br />

leurs produits de droits de douane<br />

à l’entrée du marché marocain ,la<br />

régularisations de ressortissants<br />

d’Afrique sub-saharienne en situation<br />

irrégulière au Maroc, entre<br />

autres.<br />

Les nombreuses visites effectuées<br />

par le Souverain Chérifien ces dernières<br />

années en terre d’Afrique<br />

Subsaharienne témoignent de l’importance<br />

capitale accordée à cette<br />

région. La stratégie impulsée par<br />

Sa Majesté le Roi Mohammed VI<br />

couvre désormais tous les domaines<br />

qu’ils soient politiques, culturels,<br />

spirituels ou bien entendu économiques.<br />

Sur le plan politique et dans un<br />

contexte géopolitique marqué par<br />

l’insécurité grandissante au Sahel,<br />

le Maroc a plus que jamais besoin<br />

de renforcer ses liens de fraternité<br />

et d’amitié avec les états frères<br />

d’Afrique Subsaharienne et veut<br />

désormais jouer un rôle majeur<br />

dans les différentes problématiques<br />

auxquelles sont confrontés les pays<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


OPINION<br />

59<br />

Addis Abeba, 31 janvier <strong>2017</strong>.Le roi Mohammed VI prononçant son discours à la tribune de l’Union africaine.<br />

sahelo-saharien en mettant en avant<br />

plusieurs atouts dont son islam modéré<br />

qu’il partage avec plus de 50%<br />

des populations de cette région africaine<br />

aux yeux desquelles le Roi du<br />

Maroc représente plus qu’un simple<br />

Leader politique mais il est avant<br />

tout un chef religieux islamique : «<br />

Amir Al Mouminine » c'est-à-dire «<br />

Commandant des croyants ». C’est<br />

au nom de cet islam solidaire que<br />

des centaines d’Imams Maliens ont<br />

été récemment formés au Maroc en<br />

vue de renforcer les valeurs communes<br />

de tolérance et d’ouverture à<br />

l’autre que les deux pays partagent<br />

depuis des siècles. Par ailleurs, cette<br />

diplomatie de proximité permettra<br />

aussi au Maroc de réaffirmer et de<br />

consolider le soutien politique tant<br />

précieux que ces pays lui apportent<br />

au sujet de la question du Sahara.<br />

Sur le plan économique, le Maroc a<br />

compris, depuis la crise financière<br />

de 2008 survenue en Europe qu’il<br />

se devait de diversifier ses partenaires<br />

économiques en revenant plus<br />

au Sud tout en conservant son statut<br />

avancé acquis auprès de l’Union<br />

Européenne.<br />

Afrique subsaharienne apparait ainsi<br />

pour le Maroc comme l'environnement<br />

naturel pour la diversification<br />

de son économie.<br />

En effet, le potentiel de croissance<br />

de l’Afrique, en particulier la zone<br />

subsaharienne, reste encore très important<br />

et inexploité. Le continent a<br />

réalisé un taux de croissance annuel<br />

de 5% et à en croire les statistiques<br />

de la Commission Economique <strong>Africaine</strong><br />

de l’ONU (CEA/UN), il serait<br />

encore en 2016 de 4,5% en moyenne<br />

dont 5,2% pour Afrique de l’ouest<br />

et 6,8% pour l’Afrique de l’Est. En<br />

plus de regorger 30% des réserves<br />

mondiales en minerais de tous types,<br />

l’Afrique subsaharienne c’est aussi<br />

800 millions de consommateurs potentiels<br />

aujourd’hui, une population<br />

qui va croitre pour atteindre 1,3 milliards<br />

en 2030 selon les estimations<br />

de l’ONU. En un mot, l’Afrique est<br />

devenu en l’espace de deux décennies<br />

le relais de la croissance mondiale,<br />

la région où se déploie une<br />

compétition acharnée, la risée de<br />

tous les espoirs d’investissements<br />

économiques.<br />

L’approche Marocaine du partenariat<br />

Sud-Sud s’avère être aujourd’hui<br />

la plus efficace puisqu’elle sort des<br />

schémas classiques de coopération<br />

fondés sur les conditionnalités, le<br />

maintien des pays Africains dans<br />

un statut d’exportateurs de matières<br />

premières et d’importateurs de produits<br />

finis, de pays endettés à des<br />

taux d’intérêt volatils en imposant<br />

des méthodes de gestion du type programme<br />

d’ajustement structurel, en<br />

totale incohérence avec les réalités<br />

africaines.<br />

Le modèle que propose le Maroc repose<br />

avant tout sur la mise en exergue<br />

de valeurs africaines fondamentales<br />

que sont la solidarité, les développements<br />

humain, social et culturel tout<br />

en ayant pour finalité l’établissement<br />

de relations économiques équitables<br />

et mutuellement bénéfiques. Il s’agit<br />

pour le Maroc d’établir un nouveau<br />

type de relation diplomatique « Gagnant<br />

– Gagnant » où les dimensions<br />

humaine et sociale sont au cœur des<br />

préoccupations.<br />

Il est utile de remarquer que cette<br />

coopération a positivement évolué<br />

en plusieurs périodes :<br />

• Avant l’an 2000 :<br />

L’engagement du Maroc envers ses<br />

pays frères d’Afrique subsaharienne<br />

était visible dans la coopération militaire<br />

et à travers l’implication des<br />

entreprises publiques marocaines<br />

(ONE, ONEP, AMCI,…) dans des<br />

projets d’infrastructure de base tels<br />

la construction de routes et de barrages,<br />

l’électrification, la gestion des<br />

ressources en eau, l’irrigation, la<br />

santé et la formation.<br />

Précisons que depuis cette époque à<br />

nos jours, le Maroc octroie chaque<br />

année des milliers de bourses<br />

d’études aux étudiants ressortissants<br />

de ces pays en vue de les former<br />

dans ses meilleures universités<br />

contribuant ainsi à préparer l’élite<br />

africaine de demain ;<br />

• De 2000 à 2014 :<br />

La présence du Maroc en Afrique<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>


60<br />

OPINION<br />

Subsaharienne est visible à travers<br />

son secteur privé et ses « Champions<br />

nationaux » comme Royal Air<br />

Maroc, Maroc Telecom , BMCE<br />

Bank, Attijariwafabak, BCP, Managem,<br />

OCP, Addoha, Saham… dont<br />

les performances n’ont rien à envier<br />

à celles des multinationales européennes<br />

et américaines sur place.<br />

Mieux encore, des géants Français<br />

comme BNP Paribas actifs en<br />

Afrique subsaharienne depuis fort<br />

longtemps perdent des parts de marché<br />

face à l’agressivité des banques<br />

marocaines. Toutefois est il que la<br />

crise financière et économique de<br />

2008 ait été un facteur non négligeable<br />

dans le désengagement progressif<br />

des banques françaises ou européennes<br />

de leurs filiales africaines<br />

au profit des groupes Africains.<br />

• Depuis 2015 :<br />

Une stratégie globale de co-développement<br />

économique est amorcée par<br />

le Maroc qui entend désormais inscrire<br />

son action dans le long terme<br />

en vue d’un développement durable<br />

au profit des peuples d’Afrique et<br />

pour l’émergence économique de<br />

l’Afrique.<br />

C’est dans ce cadre que le Maroc<br />

envisage désormais une intégration<br />

régionale plus poussée que des rapports<br />

de coopération ont été établis<br />

avec les communautés économiques<br />

régionales comme l’UEMOA (Union<br />

Economique et Monétaire Ouest<br />

<strong>Africaine</strong>) ou la CEMAC (Communauté<br />

Economique et Monétaire<br />

de l’Afrique Centrale) dans l’objectif<br />

d’établir des accords de libres<br />

échange.<br />

Les résultats obtenus par le Maroc<br />

en appliquant cette approche innovante<br />

de politique étrangère incitent<br />

à lancer un appel pressant aux autres<br />

géants du continent (hors Afrique du<br />

Sud) à lui emboiter le pas.<br />

En effet, durant la dernière décennie,<br />

le volume des échanges commerciaux<br />

entre le Maroc et les pays<br />

Africains a enregistré une nette progression.<br />

Ces échanges ont cru de<br />

14% par an pour s’établir en 2014 à<br />

38 milliards de dirhams en 2014 (4<br />

milliards de $ US) soit environ 6%<br />

du total des échanges extérieurs du<br />

Maroc contre à peine 4% en 2004.<br />

Ce qui fait du Maroc le deuxième<br />

exportateur intra continental, après<br />

l’Afrique du Sud.<br />

Afrique subsaharienne compte pour<br />

40% de ces échanges, les 60% ont<br />

été réalisés surtout avec les pays<br />

maghrébins notamment l’Algérie en<br />

”<br />

Le modèle que<br />

propose le Maroc<br />

repose avant tout sur la<br />

mise en exergue de<br />

valeurs africaines<br />

“<br />

fondamentales<br />

vue de satisfaire les besoins énergétiques<br />

du Maroc.<br />

Les exportations du Maroc vers<br />

l’Afrique subsaharienne ont atteint<br />

13 milliards de dirhams (1,4 milliard<br />

de $ US) en 2014 contre 2 milliards<br />

de dirhams (210 millions de $ US)<br />

en 2004 enregistrant une progression<br />

annuelle de 19%.<br />

Afrique subsaharienne est ainsi<br />

devenue en l’espace de dix ans la<br />

première destination des investissements<br />

marocains directs à l’étranger<br />

(IDE) : 80% des IDE sortants vers<br />

le continent et 50% du total des IDE<br />

marocains à l’étranger sont consacrés<br />

à l’Afrique subsaharienne.<br />

Les années à venir vont connaître<br />

une influence économique grandissante<br />

du Maroc en Afrique subsaharienne.<br />

Et pour cause, cet engouement<br />

du secteur privé marocain à<br />

l’égard de l’Afrique subsaharienne<br />

qui prend de plus en plus de l’ampleur<br />

de nos jours à l’image des décisions<br />

récentes prises par les fleurons<br />

de l’économie marocaine, l’OCP<br />

(Office Chérifien des Phosphates) et<br />

la SNI (Société Nationale d’Investissement),<br />

en vue de créer des filiales<br />

spécialement dédiées à l’Afrique<br />

pour la production d’engrais (OCP<br />

Africa) et la production de ciments<br />

(LafargeHolcim Maroc-Afrique).<br />

A ces poids lourds de l’économie<br />

marocaine s’ajoutent une multitude<br />

de PME/PMI entrain de scruter à la<br />

loupe toute opportunité d’investissement<br />

en Afrique subsaharienne en<br />

marge des nombreuses rencontres B<br />

to B, foires et forums Maroc-Afrique<br />

organisés par les uns et les autres.<br />

Ces entreprises marocaines qui ont<br />

pu développer un véritable savoirfaire<br />

dans leurs différents secteurs<br />

d’activité disposent de réels atouts<br />

pour conquérir davantage le marché<br />

subsaharien en particulier dans<br />

la grande distribution, l’industrie,<br />

l’énergie, l’éducation et la santé qui<br />

recèlent encore d’énormes potentialités.<br />

Pour conclure, le Maroc en raison de<br />

l’expertise multisectorielle de son<br />

économie et de ses liens séculaires<br />

avec les Etats d’Afrique subsaharienne,<br />

a tous les moyens d’y asseoir<br />

son leadership sur les plans économique<br />

et politique dans une logique<br />

volontariste de co-développement.<br />

Cette initiative forte louable du Maroc<br />

devrait être soutenue et encouragée<br />

par les politiques des Etats<br />

d’Afrique subsaharienne tout en<br />

incitant les autres à s’inspirer de ce<br />

modèle au profit du développement<br />

socio-économique des peuples africains.<br />

AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE


R&D<br />

61<br />

LafargeHolcim Maroc inaugure son<br />

premier centre d’innovation à vocation<br />

africaine<br />

LafargeHolcime Maroc<br />

vient d’inaugurer, à Casablanca,<br />

le 23 mars <strong>2017</strong><br />

son premier centre d’innovation<br />

à vocation africaine: le<br />

Smart Construction Lab. Huitième<br />

du genre pour LafargeHolcime et<br />

une grande première au Maroc, ce<br />

Smart Construction Lab. comme le<br />

souligne un communiqué de LafargeHolcime<br />

Maroc, est né pour «<br />

Apporter des solutions pour mieux<br />

construire le Maroc de demain ».<br />

La même source ajoute qu’ « audelà<br />

de produire des matériaux de<br />

construction de grande qualité,<br />

LafargeHolcim Maroc a depuis toujours<br />

l’ambition de contribuer significativement<br />

au développement du<br />

secteur de la construction au Maroc<br />

…et en Afrique subsaharienne francophone<br />

».<br />

Pour rappel, ce Smart Construction<br />

Lab (SCL) a été inauguré par M.<br />

Saâd Sebbar Président de la Région<br />

Afrique Moyen Orient du groupe<br />

LafargeHolcim et M. Hassan Ouriagli,<br />

Président directeur général de<br />

la Société Nationale d’Investissement<br />

en présence des représentants<br />

des autorités, des professionnels du<br />

secteur de la construction, startups,<br />

architectes, clients, partenaires et<br />

collaborateurs de LafargeHolcim au<br />

Maroc et en Afrique.<br />

À cette occasion, Marcel Cobuz,<br />

Directeur Général de LafargeHolcim<br />

Maroc a souligné que « l’innovation<br />

est au cœur de notre stratégie et le<br />

Smart Construction Lab à Casablanca<br />

va permettre d’accélérer le<br />

développement de produits à valeur<br />

ajoutée, de services et de systèmes<br />

constructifs innovants qui répondent<br />

aux enjeux majeurs de la construction,<br />

tels que l’urbanisation croissante,<br />

l’efficacité énergétique du<br />

bâtiment, la durabilité des infrastructures,…<br />

».<br />

Le Smart Construction Lab aura<br />

plusieurs missions. D’une part, il<br />

permettra de concevoir des solutions<br />

constructives innovantes qui<br />

répondent aux besoins du marché<br />

L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>


62<br />

R&D<br />

local et du marché africain, en s’appuyant<br />

sur le réseau mondial des<br />

laboratoires LafargeHolcim et des<br />

partenariats avec les professionnels<br />

du secteur de la construction .<br />

D’un autre côté, il favorisera le développement<br />

des partenariats avec<br />

des startups, universités et écoles<br />

supérieures pour la promotion de<br />

la R&D et le renforcement de passerelles<br />

avec les professionnels de<br />

la construction. Enfin, on y organisera<br />

des formations pour les clients<br />

et artisans afin d’améliorer la mise<br />

en œuvre et la maitrise des solutions<br />

innovantes.<br />

Implanté sur 4.000 m2, le Smart<br />

Construction Lab va regrouper plusieurs<br />

unités offrant des services<br />

diversifiés : laboratoires, conception<br />

et essais de prototypes, auditorium<br />

de 70 places, salles de formation et<br />

showroom extérieur et intérieur pour<br />

découvrir les derniers solutions et<br />

produits innovants de LafargeHolcim<br />

Maroc et ses partenaires.<br />

Une équipe pluridisciplinaire de 50<br />

ingénieurs, architectes et techniciens<br />

de la construction, animée par les<br />

équipes marketing de LafargeHolcim<br />

Maroc, va œuvrer pour mettre<br />

au point les futurs produits, solutions<br />

et systèmes constructifs pour l’ensemble<br />

du secteur de la construction<br />

: le bâtiment, les routes, les ports….<br />

Des partenariats ont d’ores et déjà<br />

été noués avec plusieurs institutions,<br />

notamment l’École Nationale<br />

d’Architecture, l’École Hassania des<br />

Travaux Publics, l’Université Euromed<br />

de Fès ou encore le Laboratoire<br />

Public des Études et Essais (LPEE)<br />

et le CERIB (France). Par ailleurs,<br />

le SCL a également lancé un incubateur<br />

avec deux startups, qui travaillent<br />

sur l’utilisation des matériaux<br />

recyclés issus notamment de la<br />

construction, pour réaliser avec eux<br />

des essais de prototypes.<br />

Le Smart Construction Lab a obtenu<br />

la certification HQE Bâtiments en<br />

Construction qui permet de distinguer<br />

les bâtiments dont les performances<br />

environnementales et énergétiques<br />

correspondent aux meilleures<br />

pratiques actuelles. Ce certificat<br />

a été remis à LafargeHolcim<br />

Maroc lors de la cérémonie d’inauguration<br />

par Cerway, l’opérateur de<br />

la certification HQE.<br />

INVEST AFRICA EXPO<br />

S A L O N<br />

I N T E R N A T I O N A L D U<br />

C O M M E R C E , D E<br />

L ' I N D U S T R I E E T D E<br />

L ' I N V E S T I S S E M E N T<br />

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R&D<br />

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