LUsine-Africaine-Magazine-Avril-Mai-2017
Le 1er magazine dédié à l'industrie Africaine.
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1<br />
N°1 AVRIL - MAI <strong>2017</strong><br />
INNOVATION DIGITALE<br />
L’Afrique passe à la<br />
vitesse grand D !<br />
Ce n’est plus à prouver, l’humanité a déjà entamé la révolution du siècle : La digitalisation,<br />
et plus que jamais, l’Afrique a l’occasion d’endosser le rôle du précurseur<br />
plutôt que l’habituel rôle du suiveur. Plus que cela, selon une récente étude du très<br />
sérieux cabinet d’audit et de conseil américain PwC, « En accomplissant pleinement<br />
sa révolution digitale, l’Afrique a tous les atouts pour devenir la nouvelle puissance<br />
économique ». Zoom sur un secteur pas comme les autres dans un continent pas<br />
comme les autres.
2<br />
Un partenaire de confiance<br />
dans un monde en mouvement<br />
NOS SAVOIR-FAIRE RASSEMBLÉS<br />
AUTOUR D’UNE MARQUE UNIQUE<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE<br />
bollore-transport-logistics.com
sommaire<br />
3<br />
3 ǀ ÉDITO<br />
26 DOSSIER<br />
Analyse : L’Afrique : futur géant numérique ?<br />
16 ÉCONOMIE<br />
La Banque <strong>Africaine</strong> de Développement<br />
répond aux attentes des Africains<br />
6 ǀ ACTUALITÉ<br />
•Investec Asset Management<br />
rachète la société SJL<br />
•Oilibya rénove son usine de<br />
lubrifiants à Casablanca<br />
•Alpha Condé invite les<br />
pays africains à s’inspirer du<br />
modèle marocain<br />
•Dangote investit dans<br />
la plus grande usine de<br />
transformation de sucre<br />
•CIMAF construit une 3e<br />
cimenterie en Côte d’Ivoire<br />
•Cooper Pharma fait le point<br />
sur sa stratégie africaine<br />
22 ENTREPRISE<br />
L’Afrique invente son propre modèle, selon<br />
Mazars<br />
18 ÉCONOMIE<br />
Le rapport Africa Pulse de la Banque mondiale<br />
14 ǀ ÉVÉNEMENT<br />
•Le Salon International<br />
de l'Agriculture au Maroc<br />
(SIAM)<br />
16 ǀ ÉCONOMIE<br />
•La Banque <strong>Africaine</strong> de<br />
Développement répond aux<br />
attentes des Africains<br />
•Le rapport Africa Pulse de la<br />
Banque mondiale<br />
24 INTERVIEW<br />
Amine Louali Directeur Général délégué de<br />
Maghreb Steel<br />
14 ÉVÉNEMENT<br />
Le Salon International de l'Agriculture au Maroc<br />
20 ENTREPRISE<br />
La coopération Sud-Sud s’impose à l’Afrique<br />
comme alternative au modèle de développement<br />
post colonial<br />
20 ǀ ENTREPRISE<br />
•La coopération Sud-Sud<br />
s’impose à l’Afrique comme<br />
alternative au modèle de développement<br />
post colonial<br />
•L’Afrique invente son propre<br />
modèle, selon Mazars<br />
24 ǀ INTERVIEW<br />
•Amine Louali Directeur<br />
Général délégué de Maghreb<br />
Steel<br />
26 ǀ DOSSIER : INNOVA-<br />
TION DIGITALE<br />
L’AFRIQUE PASSE À LA<br />
VITESSE GRAND D !<br />
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>
4<br />
SOMMAIRE<br />
42 INVITÉ DE LA RÉDACTION<br />
Khaled Igue<br />
58 OPINION<br />
Maroc–Afrique subsaharienne : Un modèle<br />
réussi du partenariat Sud-Sud !<br />
48 ÉNERGIE<br />
Alpha Condé Annonce La Création D’un<br />
Centre Africain Pour L’eau Et Les Énergies<br />
Renouvelables À Conakry<br />
46 ÉNERGIE<br />
Quelle énergie pour l’Afrique à l’horizon 2050 ?<br />
54 INVESTIR<br />
Investir au Gabon<br />
53 INNOVATION<br />
Le «SMARTilab EMSI» Champion de l’innovation<br />
50 INNOVATION<br />
Comment peut-on innover dans l’industrie<br />
automobile ?<br />
•Analyse : L’Afrique : futur<br />
géant numérique ?<br />
•Décryptage :La révolution<br />
numérique au cœur de la<br />
transformation de l’Afrique<br />
(PwC)<br />
•L’Afrique, eldorado de<br />
l’innovation inversée ?<br />
•Le programme Xl Africa<br />
: Les startups numériques,<br />
moteurs de l’innovation en<br />
Afrique<br />
42 ǀ INVITÉ DE LA RÉ-<br />
DACTION<br />
•Khaled Igue : Président du<br />
Think Tank Club Afrique<br />
2030<br />
46 ǀ ÉNERGIE<br />
•Quelle énergie pour<br />
l’Afrique à l’horizon 2050 ?<br />
•Alpha Condé Annonce<br />
La Création D’un Centre<br />
Africain Pour L’eau Et Les<br />
Énergies Renouvelables À<br />
Conakry<br />
50 ǀ INNOVATION<br />
•Comment peut-on innover<br />
dans l’industrie automobile ?<br />
•Le «SMARTilab EMSI»<br />
Champion de l’innovation<br />
54 ǀ INVESTIR<br />
•Investir au Gabon<br />
58 ǀ OPINION<br />
•Maroc–Afrique subsaharienne<br />
: Un modèle réussi du<br />
partenariat Sud-Sud !<br />
62 ǀ R&D<br />
•LafargeHolcim Maroc<br />
inaugure son premier centre<br />
d’innovation à vocation<br />
africaine<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
ÉDITO<br />
5<br />
Akram ESSEBAHI<br />
Directeur de publication<br />
a.essabbahi@usineafricaine.com<br />
L’usine africaine, c’est parti !<br />
« L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique.»<br />
C’est en entendant cette phrase lourde de sens<br />
prononcée en février 2014 par SM le Roi Mohammed<br />
VI, à l’occasion de l’ouverture à Abidjan<br />
du forum économique maroco-ivoirien, que<br />
l’idée de lancer un magazine 100% marocain<br />
dédié exclusivement à l’industrie en Afrique<br />
(ce continent d’avenir<br />
par excellence, ce continent<br />
aux potentialités<br />
énormes au regard de<br />
ses ressources naturelle<br />
et de ses forces vives)<br />
a germé. Trois ans plus<br />
tard, l’idée a fait son<br />
petit chemin pour donner<br />
enfin naissance à<br />
ce premier numéro. A<br />
lui seul, ce premier «<br />
jet » représente l’aboutissement de trois années<br />
de recherches, de réflexions, connaissant les<br />
nombreuses barrières à l’entrée du marché de<br />
la presse écrite et le risque encouru, à cause<br />
du déclin de ce secteur au profit des nouvelles<br />
technologies d’information. Tant pis ! L’équipe<br />
la digitalisation de<br />
l'Afrique est unique<br />
dans son genre, tant<br />
par la façon dont<br />
ce continent met à<br />
profit l’innovation<br />
technologique que par<br />
la vitesse hallucinante<br />
de progression dans ce<br />
domaine<br />
de L’usine africaine constituée de jeunes gens<br />
ambitieux, multiculturels et désireux d’accompagner<br />
cette transition mondiale qu’est le développement<br />
du continent africain, a accepté le<br />
relever le défi, car le « jeu » et l’enjeu valent<br />
largement la chandelle.<br />
Pour ce premier numéro donc, cette même<br />
équipe a choisi de braquer les projecteurs sur la<br />
transition digitale sans précédent qu’est en train<br />
d’opérer le continent noir en ce moment même.<br />
En effet, jouant un rôle prééminent dans la métamorphoses<br />
des économies africaines, la digitalisation<br />
de l'Afrique est unique dans son genre,<br />
tant par la façon dont ce continent met à profit<br />
l’innovation technologique que par la vitesse<br />
hallucinante de progression dans ce domaine,<br />
allant même jusqu’à bruler quelques étapes,<br />
notamment concernant la dématérialisation<br />
des processus. Toutefois, certains freins à cette<br />
évolution (ou dois-je plutôt parler de révolution<br />
?) sont à dénombrer, mais ils n’en demeurent<br />
pas moins surmontables, à condition d’unifier<br />
les efforts et d’établir une stratégie commune<br />
sur l’échelle continentale. Autrement dit : «<br />
l’Afrique doit faire confiance à l’Afrique ».<br />
• Directeur de publication : Akram ESSABBAHI • Rédacteur en chef : Soufiane CHAKKOUCHE<br />
• Secrétaire de rédaction : Said ZINNID • Directeur Stratégie & Relations Internationales :<br />
Hicham BRITEL • Directeur Commercial & Marketing : Hajar EL HAMDOUCHI • Chef de publicité<br />
: Younes IRAGUI • Maquette : Afrimedia • Dépôt légal : en cours • Impression : BS Print<br />
• Adresse : 2, rue Ahmed El Fechtali, Agdal, 10090 Rabat – Maroc • Tél : 0537 69 92 58 - Fax :<br />
0537 69 92 57 • email : contact@usineafricaine.com • www.usineafricaine.com<br />
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>
6<br />
ACTU<br />
Transport : Investec<br />
Asset Management<br />
rachète la société SJL<br />
Agro-industrie : Le marocain Sefrioui<br />
investit 115 millions d’euros dans le riz au<br />
Sénégal<br />
Le Groupe Sefrioui va porter son investissement à hauteur de plus d’1<br />
milliard de dirhams au Sénégal. L’investissement réalisé à travers la filiale<br />
sénégalaise du Groupe, Afri Partners Sénégal s’inscrit dans le cadre de la<br />
stratégie nationale sénégalaise du Plan Sénégal Emergent (PSE) et promet<br />
d’après le top management, une « approche proactive et constructive ».<br />
Le projet en lui-même, qui va donc créer plus de 1 500 emplois ainsi que<br />
l’aménagement des parcelles villageoises sur une superficie de 2 500 ha,<br />
prévoit la mise en place d’un contrat programme avec les villageois, qui<br />
bénéficieront de l’assistance technique et de la formation du groupe marocain.<br />
Le groupe SJL, un des opérateurs<br />
majeurs du transport et de la logistique<br />
en Europe et au Maroc vient d’annoncer<br />
l’acquisition de la totalité de ses<br />
actions par le fond d’investissement<br />
Investec Asset Management, groupe<br />
financier anglo-sud-africain majeur<br />
sur le marché mondial.<br />
Cette opération de rachat permettra<br />
au groupe SJL de poursuivre le<br />
développement de son activité sur ces<br />
deux vastes marchés, en se positionnant<br />
aussi bien comme un trait d’union entre<br />
les deux continents, qu’un acteur du<br />
développement des relations Sud-Sud.<br />
En effet, le positionnement stratégique<br />
de SJL au Maroc, dont le siège est<br />
basé à Tanger, cadre parfaitement<br />
avec ses ambitions internationales.<br />
Pour piloter son développement sur les<br />
cinq prochaines années, À travers ce<br />
plan stratégique SJL prévoit d’investir<br />
plus de 40 Millions d’Euros et créer<br />
plus de 500 emplois entre l’Europe et<br />
l’Afrique.<br />
Agro-industrie : Dangote investit dans la plus<br />
grande usine de transformation de sucre de<br />
l’Afrique de l’Ouest<br />
Aliko Dangote, le richissime homme d’affaires nigérian, investira 700 millions de<br />
dollars dans la construction d’une usine de transformation de sucre située dans l’Etat<br />
de Nasarawa. Située dans la localité de Tunga, dans le gouvernement local d’Awe, cette<br />
usine sera la plus grande du genre en Afrique de l’Ouest. Côté emploi, elle devrait<br />
générer 30 000 postes directs et indirects. D’après le propriétaire du groupe Dangote, le<br />
projet de construction de l’usine comprendra une plantation de cannes à sucre s’étendant<br />
sur 60 000 ha. Pour ce qui est de sa réalisation, le projet s’achèvera dans environ deux<br />
ans et demi. Une fois le process de production entamé, l’usine produira 480 000 t de<br />
sucre par an ; soit 27% de la demande locale annuelle du pays qui est de 1,7 Mt.<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
7<br />
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L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>
8<br />
ACTU<br />
CIMAF construit une<br />
3e cimenterie en Côte<br />
d’Ivoire<br />
Avec l’augmentation de la demande<br />
en coté d’ivoire, Ciments d'Afrique<br />
(CIMAF), société appartenant à Anas<br />
Sefrioui, est en train de doubler sa<br />
capacité à San Pedro en rajoutant une<br />
unité à 1 000 000 de tonnes. Cette<br />
usine démarrera en juillet <strong>2017</strong>, les<br />
augmentations de capacités annoncées<br />
le mois d’avril concernent Bobo<br />
Dioulasso avec 700 000 tonnes et un<br />
investissement de 30 millions EUR<br />
; Bouaké avec 500 000 tonnes et un<br />
investissement de 25 millions EUR et<br />
enfin Doula avec l’extension de l’usine<br />
existante d’1 million de tonnes pour<br />
atteindre 1 500 000 tonnes, avec un<br />
investissement de 25 millions EUR.<br />
Ces usines seront opérationnelles<br />
au courant de la 2e partie de 2018.<br />
Chaque usine comptera plus de 1000<br />
personnes dans la phase projet et<br />
plus de 250 personnes entre la main<br />
d’oeuvre directe et indirecte pendant<br />
la phase exploitation. L’objectif du<br />
groupe CIMAF est de devenir le 1er<br />
opérateur e Afrique de l’ouest en l’an<br />
2020.<br />
Hydroélectrique : Platinum Power signe<br />
un important accord au Cameroun<br />
Un accord sur les termes de références relatifs au Projet et au Contrat d’Achat<br />
d’Électricité a été signé le 13 avril <strong>2017</strong> entre l’État de la République du<br />
Cameroun, Platinum Power et ENEO Cameroon représentés respectivement<br />
par Dr. Basile Atangana KOUNA, Ministre de l’Eau et de l’Énergie, Omar<br />
BELMAMOUN, président directeur général et Joël Nana Kontchou,<br />
directeur général.<br />
Cet accord, établi dans le cadre d’un partenariat public-privé, porte sur<br />
les principes du futur Contrat d’Achat d’Electricité relatif au complexe<br />
hydroélectrique de Makay.<br />
Le complexe hydroélectrique de Makay, situé dans la région du Centre,<br />
dans le département du Nyong-et-Kelle, développera une capacité de 350<br />
MW, permettant de produire plus de 2000 GWh/an, ce qui se traduirait par<br />
un accès à l’électricité en faveur d’une population de plus de 6 millions<br />
de personnes. Le complexe hydroélectrique de Makay, dont la mise en<br />
exploitation est prévue pour le deuxième semestre 2023, contribuera au<br />
renforcement de l’offre énergétique, stimulera la croissance économique et<br />
fournira au Cameroun une électricité propre, fiable et renouvelable.<br />
Le Message du Président Babacar Ndiaye<br />
pour l’Afrique<br />
A l’occasion de la cérémonie de lancement à Dakar de la 2e édition de The<br />
Africa Road Builders, le Président Babacar Ndiaye a lancé un message<br />
d’espoir pour l’Afrique.<br />
« Croire en l’Afrique. Faire partager sa foi en l’Afrique. Transformer<br />
l’Afrique. Se sentir Africain, au-delà des frontières de nationalités. Nourrir<br />
l’ambition d’avoir une Afrique unie, une Afrique de l’espoir. Cette Afrique,<br />
j’y crois. Je crois qu’elle va réussir, parce que ceux qui nous suivent, ceux qui<br />
ont pris la relève, ceux qui sont dans cette salle et au-delà de cette salle, n’ont<br />
plus de complexe…Ils sont branchés sur ce qui existe de mieux ailleurs.<br />
Nous pouvons leur dire : ‘vous pouvez croire en vous-même. En croyant en<br />
vous-même, vous croyez en l’Afrique’ »<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
ACTU<br />
9<br />
L’African Public Relations Association<br />
organise sa 29e conférence annuelle à<br />
Casablanca<br />
L'Association Panafricaine des Relations Publiques (APRP) organise pour<br />
la première fois au Maroc sa conférence annuelle dont la 29e édition aura<br />
lieu du 10 au 12 mai à Casablanca. C’est la première fois que cet événement<br />
prestigieux se déroule au Maroc.<br />
Placée sous le thème “Competitive Africa : Effective Positioning Through<br />
Integrated Communications”, ("L'Afrique Compétitive: Un positionnement<br />
efficace grâce à une stratégie de communication intégrée") la conférence<br />
de l’APRA s’adresse à tous les professionnels des relations publiques, de la<br />
publicité, du branding, de l’édition, du journalisme et des nouveaux médias.<br />
Pharmaceutique<br />
: Cooper Pharma<br />
fait le point sur sa<br />
stratégie africaine<br />
Cooper Pharma, leader marocain de<br />
la production pharmaceutique, vient<br />
d’annoncer avoir bouclé l’année 2016<br />
et entamer <strong>2017</strong> sous de bons auspices.<br />
Derrière son leadership, une stratégie à<br />
l’international que le leader marocain<br />
a initié il y a presque une vingtaine<br />
d’années. Cette stratégie a visé essentiellement<br />
le continent africain et le<br />
Moyen-Orient. Cooper Pharma a ainsi<br />
tout au long de ces années multiplié<br />
les installations en propre ou en jointventure<br />
avec des partenaires solvables<br />
avec qui le leader marocain partage la<br />
même vision.<br />
Cette stratégie africaine continue son<br />
bout de chemin avec des réalisations<br />
de taille. Ainsi, Cooper Pharma, mène<br />
actuellement deux grands projets au<br />
Rwanda et en Côte d’Ivoire. Elle y installe<br />
deux unités de productions industrielles<br />
afin de permettre aux patients<br />
de ces deux pays d’avoir accès à des<br />
médicaments à la portée, sans pour<br />
autant négliger la qualité.<br />
Autour de keynotes et de tables-rondes animés par des experts reconnus, cet<br />
événement de networking réunira des chefs d’entreprise réputés, des officiels<br />
de premier plan, ainsi que des investisseurs de haut niveau.<br />
Avec une participation de plus de 300 invités venus de toute l’Afrique, la<br />
conférence de l’APRA permettra d’identifier les défis du continent en mettant<br />
l'accent sur son image et le rôle de la communication, de proposer un<br />
agenda sur la base duquel les défis énoncés seront abordés et de diriger une<br />
action collective en vue de promouvoir l'image de l'Afrique à travers les<br />
efforts coordonnés des professionnels de la communication.<br />
En partenariat avec The Holmes Report, la 29e conférence de l’APRA verra<br />
en outre la remise des prix « SABRE Awards Africa » aux gagnants de la<br />
première version continentale cette compétition. Les prix « Sabre Awards »<br />
sont les plus réputés dans le secteur des relations publiques.<br />
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>
10<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong><br />
11
12<br />
ACTU<br />
Agriculture : Alpha Condé<br />
invite les pays africains<br />
à s’inspirer du modèle<br />
marocain<br />
Énergie : Oilibya rénove son usine<br />
de lubrifiants à Casablanca<br />
Acteur de référence dans le secteur énergétique en Afrique,<br />
OiLibya a toujours contribué au développement économique<br />
et social des pays où la marque est implantée. Plaçant la qualité<br />
et l’innovation au cœur de ses préoccupations, OiLibya a mis<br />
en place un plan d’investissement ambitieux au Maroc pour<br />
les prochaines années. Un de ses projets les plus importants est<br />
la rénovation et l’équipement des usines de lubrifiant avec des<br />
technologies de pointe et les systèmes de contrôle qualité les<br />
plus avancés. Le budget est estimé à 85 millions de dirhams ce<br />
qui garantira une production de lubrifiants de qualité, à même<br />
de satisfaire tous les besoins des clients. L’unité de production<br />
manuelle, existant depuis 1967, sera remplacée par un système<br />
complètement automatisé qui assurera une augmentation de la<br />
capacité de production, une plus grande sécurité des opérations<br />
et améliorera sans commune mesure la qualité des produits.<br />
Ce sont là les propos d’Alpha Condé le président en<br />
exercice de l’UA lors de la 9e édition des Assises<br />
nationales de l’agriculture et de l’édition <strong>2017</strong> du<br />
Salon internationale de l’agriculture du Maroc<br />
(SIAM <strong>2017</strong>). Lors de son allocution, le Président<br />
guinéen a insisté sur le fait que le développement<br />
du continent africain passe inévitablement par le<br />
développement de l’agriculture. Dans ce sens, il a<br />
mis en exergue l’exemple du Maroc qui peut servir<br />
de modèle pour le reste du continent à travers le Plan<br />
Maroc Vert dans l’accompagnement de l’adaptation<br />
de l’agriculture aux changements climatiques.<br />
Pour Alpha Condé, l’agriculture offre des<br />
alternatives très crédibles qui permettront au<br />
continent de relever les défis prioritaires auxquels<br />
il est confronté, à savoir la sécurité alimentaire et<br />
la création d’emplois en plus de l’objectif d’une<br />
croissance durable, soutenue et inclusive.<br />
Un partenariat signé entre la Fenelec et EPD of<br />
Rwanda<br />
La Fenelec, Fédération Nationale de l’Electricité,<br />
l’Electronique et les Energies Renouvelables a signé un<br />
accord de partenariat avec son homologue Rwandaise<br />
EPD, Energy Private Developers of Rwanda.<br />
A l’occasion de la première étape de l’African Business<br />
Connect à Kigali le 3 avril <strong>2017</strong>, Azelarab EL HARTI et<br />
Ivan TWAGIRASHEMA respectivement présidents de<br />
FENELEC et EPD, ont scellé ce partenariat, premier du<br />
genre pour la Fédération marocaine en Afrique de l’Est.<br />
Outre, le développement des secteurs électrique,<br />
électronique et énergies renouvelables entre les deux<br />
pays, cette convention prévoit le déploiement d’actions<br />
communes, structurées et coordonnées visant l’amélioration<br />
du climat d’affaires, et le renforcement de la coopération et<br />
le partenariat Sud-Sud, dans un esprit Win-Win.<br />
Ainsi, l’Association Professionnelle Rwandaise vientelle<br />
s’ajouter aux 22 autres associations professionnelles<br />
africaines partenaires de la FENELEC et membres de la<br />
Confédération <strong>Africaine</strong> de l’Electricité dont le siège est<br />
à Casablanca.<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
13<br />
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L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>
14<br />
ÉVÉNEMENT<br />
Le président guinéen Alpha Condé, invité d'honneur des 9es Assises de l'agriculture du Salon SIAM<br />
SIAM : silence, ça pousse !<br />
Par Soufiane Chakkouche<br />
A quelques levers du soleil après la baisse du rideau de la 12ème édition du Salon<br />
international de l’agriculture au Maroc (SIAM pour les intimes) qui s’est tenu du 18 au<br />
23 avril dernier à Meknès sous le thème "Agrobusiness et chaînes de valeur agricoles<br />
durables", les sourires affichés par les organisateurs et les exposants en disent long sur<br />
la récolte de cette année. L’usineafricaine vous en dresse le bilan.<br />
La graine semée il y a 11 ans<br />
de cela (ndlr : la première<br />
édition du SIAM a eu<br />
lieu en 2006) est devenue<br />
pousse et la pousse s’est métamorphosée<br />
en arbre ! Pour preuve, à en<br />
croire les responsables du SIAM, la<br />
moisson <strong>2017</strong> est bonne, très bonne.<br />
« Cette 12ème édition a été une réussite<br />
sur tous les plans. L'ensemble<br />
des professionnels y ont trouvé une<br />
réponse à leurs attentes et ont pu<br />
réaliser leurs objectifs », affirme le<br />
Commissaire du SIAM, Jawad Chami,<br />
et les chiffres semblent abonder<br />
dans son sens.<br />
L’année de tous les records<br />
Ils voulaient atteindre la barre symbolique<br />
de 1 millions de visiteurs,<br />
mais ils n’en ont comptabilisé que<br />
810.000 contre 850.000 un an auparavant.<br />
Et pourtant, l’édition <strong>2017</strong><br />
a affolé les compteurs, notamment<br />
s’agissant du nombre des exposants<br />
nationaux et internationaux, ainsi<br />
que celui des pays participants. Ils<br />
étaient plus 1.230 exposants provenant<br />
de 66 contrées, dont 19<br />
africaines, a étaler leurs produits,<br />
services et savoir-faire sur la moquette<br />
flambant neuve du salon. En<br />
outre, 20 délégations étrangères<br />
conduites par quelques 15 ministres<br />
ont répondu présent. Quant au fond,<br />
l’événement a enregistré un record<br />
de taille avec l’organisation de 33<br />
conférences et colloques pour 21<br />
conventions signées, des paraphes<br />
synonymes de « renforcement de la<br />
vocation de carrefour international<br />
et incontournable du salon », comme<br />
le souligne Jawad Chami.<br />
« Africulture »<br />
Il fallait leur dédier une grande surface<br />
d’exposition, car ils étaient<br />
venus des 4 coins de l’Afrique ! Sénégal,<br />
Algérie, Égypte, Bénin, Burkina<br />
Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire,<br />
Gabon, Gambie, Ghana, Guinée<br />
Conakry, Mali, Mauritanie, Madagascar,<br />
Niger, Nigeria, Ouganda,<br />
Togo et Namibie, 19 drapeaux, unis<br />
sous l’étendard africain, flottaient<br />
au-dessus des têtes lors de cette édi-<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
ÉVÉNEMENT<br />
15<br />
tion. Alors, et à l’instar de cet espace<br />
réservé à l’Afrique au milieu du pôle<br />
International, comme si ce continent<br />
était voué à jouer un rôle central dans<br />
les échanges internationaux s’agissant<br />
de la chose de l’agriculture, le<br />
SIAM s’est clairement positionné<br />
comme tribune pour plaider la cause<br />
d’une agriculture continentale. Une<br />
cause largement partagée et défendue<br />
par Alpha Condé, Président de<br />
la République de Guinée et Président<br />
en exercice de l’Union africaine,<br />
invité de marque de la 9ème édition<br />
des Assises nationales de l’agriculture<br />
et du SIAM <strong>2017</strong>. En effet,<br />
après ses récentes et fracassantes déclarations<br />
coup de gueule à Abidjan<br />
et à Paris en faveur d’une prise de<br />
conscience collective du continent<br />
africain à propos du secteur agricole<br />
de ce dernier, c’est à Meknès que le<br />
Président au verbe incisif a choisi de<br />
réitérer son plaidoyer. « L'Afrique<br />
doit prendre son avenir entre ses<br />
mains et définir son propre moyen<br />
pour gérer sa démocratie… Le développement<br />
de nos pays, quelles que<br />
soient leurs richesses en matières<br />
premières minérales, passe nécessairement<br />
par le développement de<br />
nos agricultures », a-t-il déclaré à<br />
l'occasion de l'ouverture des Assises<br />
nationales de l'agriculture. Une pensée<br />
qui s’accorde parfaitement avec<br />
l’initiative pour l’Adaptation de<br />
l’Agriculture <strong>Africaine</strong>, la fameuse<br />
« Triple A » (ndlr : lire encadré :<br />
« Le Triple A pour les nuls ») lancée<br />
par le Maroc lors de la COP22<br />
et qui consiste dans ces grandes<br />
lignes à réduire l’impact négatif<br />
des changements climatiques sur<br />
l ’ a g r i c u l t u r e d u c o n t i n e n t a f r i c a i n .<br />
Côté produits, « le panier en osier<br />
» des exposants africains contenait<br />
des produits agricoles transformés<br />
et d’autres du terroir tels que l’huile<br />
de soja, le maïs, le riz, le fonio ou<br />
encore le chocolat et les fruits exotiques,<br />
mais pas seulement. On pouvait<br />
y trouver également beaucoup<br />
d’ambitions et l’espoir de sceller<br />
des partenariats gagnant-gagnant<br />
avec le Royaume chérifien, véritable<br />
tremplin pour un rayonnement à<br />
l’international. Et, au vu du potentiel<br />
énorme dont regorge le continent<br />
de Thomas Sankara, les solutions<br />
ne devraient en principe pas faire<br />
défaut. L’avenir nous le dira… Un<br />
avenir qu’on espère vert.<br />
Pour sa 12ème édition, les têtes pensantes du SIAM ont<br />
jeté leur dévolu sur l’Italie afin d’occuper le siège d’invité<br />
d’honneur. Et pour cause, ce pays méditerranéen<br />
représente la 3ème puissance agricole de l’Union européenne<br />
(juste derrière la France et l’Allemagne) avec un<br />
chiffre d’affaire du secteur agricole de plus de 42 milliards<br />
d’euros et quelques 1,6 millions d’exploitations<br />
agricoles pour une surface arable d’environ 7,1 millions<br />
d’hectares. Qui plus est, le pays de Léonard de Vinci est<br />
sans conteste l’un des leaders mondiaux de l’agriculture<br />
biologique et de la production placée sous le signe de<br />
L’Italie à l’honneur<br />
le « Triple A » pour les nuls<br />
l’identification de la qualité et de l'origine. En effet, la<br />
péninsule compte le plus grand nombre d'appellations<br />
d'origine protégée (AOP), d'indications géographiques<br />
protégées (IGP) et de spécialités traditionnelles garanties<br />
(STG) de l’Union européenne. Quant à la relation<br />
commerciale avec le Maroc, l’Italie occupe le 17ème<br />
rang des partenaires commerciaux du Royaume concernant<br />
le domaine agricole, et c’est bel et bien pour faire<br />
bouger ce classement que les responsables du SIAM ont<br />
opté pour l’Italie. Alors oui messieurs ! ce fut bien le<br />
bon choix.<br />
A comme Adaptation, A comme Agriculture, A comme<br />
Afrique. Lancée en grande pompe par le Maroc en marge<br />
de la COP22 qui s’est déroulée du 7 au 18 novembre<br />
dernier à la Ville ocre, l’initiative dite « Triple A » vise<br />
essentiellement à adapter l’agriculture du continent<br />
noir, et ce afin de relever l’énorme défi que constitue<br />
le changement climatique, ou à moindre mesure, réduire<br />
le taux de vulnérabilité de l’agriculture africaine face à<br />
ce fléau planétaire. Pour cela, le plan « Triple A » préconise<br />
le traitement prioritaire de 3 axes principaux, à<br />
savoir : l'accès aux énergies propres, le développement<br />
des villes durables et le renforcement de la résilience à<br />
la production agricole. En somme, pour la première fois<br />
dans l’histoire de ce continent, une corrélation claire<br />
a été établie entre le climat et la sécurité alimentaire.<br />
Enfin, il convient de rappeler que les climatologues s’accordent<br />
tous à dire que l’Afrique est la première victime<br />
du changement climatique, et que son agriculture commence<br />
d’ores et déjà à en pâtir. Cette situation est plus<br />
qu’alarmante lorsque l’on sait que ce secteur fait travailler<br />
60 % de la population africaine, de quoi faire passer<br />
ce problème en priorité continentale numéro 1 !<br />
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>
16<br />
ÉCONOMIE<br />
La Banque <strong>Africaine</strong> de Développement<br />
répond aux attentes des Africains<br />
Lors d’un discours passionné<br />
prononcé mercredi<br />
19 avril <strong>2017</strong> au Center<br />
for Global Development à<br />
Washington, DC, le président de la<br />
Banque africaine de développement<br />
(BAD), Akinwumi Adesina a évoqué<br />
l’énorme potentiel de l’Afrique<br />
ainsi que le programme de développement<br />
ambitieux de la Banque qui,<br />
a-t-il déclaré, « est en bonne voie de<br />
réalisation ».<br />
Au cours de sa rencontre avec le<br />
groupe de réflexion de Washington,<br />
le Président de la BAD a dressé un<br />
bilan de ses 19 premiers mois à la<br />
tête de l’institution. Deux ans plus<br />
tôt, le 16 avril 2015, alors qu’il était<br />
ministre de l’Agriculture et du Développement<br />
rural du Nigeria, il participait<br />
à un débat dans la même salle<br />
avec d’autres candidats à la présidence<br />
de la BAD avant l’élection<br />
présidentielle en mai 2015.<br />
« L’Afrique était au premier plan<br />
pour une excellente raison », a-t-il<br />
déclaré dans un discours préliminaire<br />
qui introduisait le panel sur le<br />
thème « Les difficultés et la logique<br />
d’une hausse des financements pour<br />
l’Afrique », organisé en marge des<br />
réunions de printemps du FMI et de<br />
la Banque mondiale. « La Banque<br />
africaine de développement a donné<br />
la direction à suivre, en matière de<br />
leadership, à toutes les banques multilatérales<br />
de développement (BMD)<br />
en faisant preuve de transparence<br />
dans l’élection de son président,<br />
dans le cadre d’un processus ouvert<br />
et concurrentiel », a-t-il ajouté, faisant<br />
référence à la publication des<br />
résultats en direct sur Twitter, de<br />
l’élection organisée par la BAD.<br />
Deux ans plus tard, Akinwumi<br />
Adesina a déclaré, devant une salle<br />
comble, que la vision qu’il avait présentée<br />
lors de son discours inaugural<br />
– les « Cinq grandes priorités »<br />
(le Top 5) en matière de développement<br />
– est en cours de déploiement à<br />
l’échelle du continent.<br />
« La vision que nous avons de<br />
l’Afrique, à la BAD, fait partie<br />
intégrante du Top 5 : éclairer<br />
l’Afrique et l’alimenter en énergie,<br />
nourrir l’Afrique, industrialiser<br />
l’Afrique, intégrer l’Afrique et<br />
améliorer la qualité de vie des<br />
Africains », a affirmé le président,<br />
avant d’énumérer une liste<br />
d’initiatives qu’entreprend la BAD<br />
actuellement.<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
ÉCONOMIE<br />
17<br />
« En lançant le « New Deal » pour<br />
l’énergie en Afrique, nous nous<br />
sommes engagés à investir 12 milliards<br />
de dollars au cours des cinq<br />
prochaines années, avec l’ambition<br />
de mobiliser 45 à 50 milliards de<br />
dollars supplémentaires. L’objectif<br />
étant de raccorder 130 millions de<br />
personnes au réseau et 75 millions<br />
à des systèmes hors réseau, afin de<br />
permettre à environ 150 millions<br />
de ménages d’accéder à une source<br />
d’énergie de cuisson propre.<br />
« Nous avons mis en place une toute<br />
nouvelle vice-présidence spécifiquement<br />
dédiée à l’électricité et à<br />
l’énergie : la BAD est la première<br />
et l’unique banque multilatérale de<br />
développement à prendre une telle<br />
mesure. L’an dernier, nous avons<br />
financé un projet d’un montant de<br />
1,7 milliard de dollars dans le secteur<br />
de l’électricité couvrant 19 pays<br />
et, cette année, ce montant passera à<br />
2 milliards de dollars, avec l’objectif<br />
de mobiliser 5 à 7 milliards de<br />
dollars. Nous avons lancé un Fonds<br />
pour l’inclusion énergétique à hauteur<br />
de 500 millions de dollars avec<br />
un capital de départ de 100 millions<br />
de dollars, afin de proposer des<br />
financements abordables aux entreprises<br />
qui investissent dans les énergies<br />
renouvelables.<br />
« À l’instar de l’électricité qui alimente<br />
une économie, la nourriture<br />
fournit de l’énergie aux populations.<br />
Le coût annuel des importations alimentaires<br />
en Afrique se chiffre à 35<br />
milliards de dollars et l’on prévoit<br />
une augmentation de ce montant à<br />
110 milliards de dollars d’ici 2025<br />
; ceci affaiblit les économies des<br />
pays africains, décime son secteur<br />
agricole et exporte les emplois du<br />
continent », a déclaré Adesina, en<br />
précisant que 35 milliards de dollars<br />
représentent approximativement le<br />
montant dont le continent a besoin<br />
pour combler son déficit énergétique.<br />
« Dans un souci d’apporter un soutien<br />
rapide à la diversification des<br />
économies en Afrique et à la relance<br />
des zones rurales sur le continent,<br />
nous avons fait de l’agriculture notre<br />
plus haute priorité », a-t-il poursuivi.<br />
« La BAD s’est engagée à verser<br />
24 milliards de dollars pour soutenir<br />
l’agriculture au cours des 10<br />
prochaines années, en se focalisant<br />
principalement sur l’autosuffisance<br />
alimentaire et sur l’industrialisation<br />
agricole. Les sécheresses et les<br />
famines auxquelles certains pays ont<br />
récemment été confrontés (Soudan<br />
du Sud, Somalie, Nigeria, Kenya,<br />
Éthiopie et Ouganda) appellent à des<br />
interventions immédiates, car 20 millions<br />
de personnes sont touchées par<br />
l’insécurité alimentaire et souffrent<br />
de malnutrition aiguë. C’est dans ce<br />
cadre que la BAD a décidé de lancer<br />
de nouvelles initiatives et prévoit<br />
un appui de 1,1 milliard de dollars,<br />
suite à l’approbation de son Conseil<br />
d’administration, pour faire face à<br />
cette crise et prévenir toute nouvelle<br />
famine en cas de sécheresse. »<br />
« Nous prenons des mesures pour<br />
rehausser le niveau de parité en<br />
Afrique. C’est la raison pour laquelle<br />
nous avons lancé le programme de<br />
Discrimination positive en matière<br />
de financement pour les femmes<br />
d’Afrique (AFAWA) en vue de mobiliser<br />
3 milliards de dollars en faveur<br />
des femmes entrepreneures.<br />
Nous nous sommes attaqués au<br />
plus grand problème social auquel<br />
l’Afrique fait face aujourd’hui : les<br />
taux élevés de chômage des jeunes.<br />
Actuellement, un tiers des 230 millions<br />
de jeunes Africains (environ<br />
20 % de la population jeune dans le<br />
monde) est au chômage ou se sent<br />
découragés, un autre tiers occupe<br />
un emploi précaire, principalement<br />
dans le secteur informel, et seulement<br />
1/6e occupe des emplois rémunérés.<br />
»<br />
Pour résoudre ce problème, la BAD<br />
a lancé l’initiative ENABLE Youth<br />
(Empowering Novel Agri-Business-Led<br />
Employment Youth) un<br />
programme destiné aux jeunes et<br />
promouvant l’entrepreneuriat dans<br />
l’agro-industrie par l’acquisition<br />
de compétences qui s’adresse aux<br />
jeunes « agripreneurs » dans plusieurs<br />
pays, dont le Nigeria et le<br />
Soudan. La BAD s’est également<br />
associée à la Banque européenne<br />
d’investissement (BEI) afin de lancer<br />
l’initiative « Boost Africa » pour<br />
les jeunes entrepreneurs innovants,<br />
et elle investit dans la formation de<br />
la jeunesse dans les domaines des<br />
sciences, des technologies et des<br />
mathématiques en vue de les préparer<br />
aux emplois de demain.<br />
« Notre vision pour l’Afrique est<br />
claire », a déclaré Akinwumi Adesina<br />
en énonçant certains des succès<br />
qu’a connu l’institution en 2016 :<br />
• 3,3 millions d’Africains ont bénéficié<br />
de nouveaux raccordements à<br />
l’électricité ;<br />
• 3,7 millions d’Africains ont bénéficié<br />
d’une amélioration de leur<br />
accès à l’eau et à l’assainissement ;<br />
• 5,7 millions d’Africains ont bénéficié<br />
d’améliorations dans le secteur<br />
agricole ;<br />
• 9,3 millions d’Africains ont bénéficié<br />
d’un accès à des services de<br />
santé améliorés ;<br />
• 7 millions d’Africains ont bénéficié<br />
d’une amélioration de leur<br />
accès aux services de transport.<br />
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>
18<br />
ÉCONOMIE<br />
Le rapport Africa Pulse de la Banque<br />
mondiale<br />
« La croissance économique en<br />
Afrique subsaharienne rebondit en<br />
<strong>2017</strong> », Tel est la conclusion d’Africa<br />
Pulse, le rapport semestriel de la<br />
banque mondiale dédié à l’état des<br />
économies africaines.<br />
Après avoir enregistré en 2016, son<br />
niveau le plus bas depuis plus de<br />
deux décennies, la croissance dans<br />
cette région reprend en <strong>2017</strong> pour<br />
atteindre 2,6 %. Toutefois, elle reste<br />
faible et se situe légèrement au-dessus<br />
de la croissance démographique.<br />
Autrement dit, elle avance avec un<br />
rythme qui entrave les efforts relatifs<br />
à l’emploi et à la réduction de la<br />
pauvreté.<br />
Ce redressement est lent eu égard à<br />
l’ajustement insuffisant par rapport à<br />
la baisse des prix des matières premières<br />
et à l’incertitude des politiques.<br />
Plusieurs pays exportateurs<br />
de pétrole sont confrontés à des difficultés<br />
économiques.<br />
Heureusement ! D’autres pays<br />
comme la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie,<br />
Kenya, Mali, Rwanda, Sénégal<br />
et Tanzanie continuent d’afficher<br />
des taux de croissance annuels supérieurs<br />
à 5,4 % entre 2015 et <strong>2017</strong>,<br />
aidés en cela par la demande intérieure.<br />
Les perspectives économiques mondiales<br />
s’améliorent et devraient favoriser<br />
la reprise dans la région. Selon<br />
le rapport Africa’s Pulse « la croissance<br />
globale du continent devrait<br />
passer à 3,2 % en 2018 et à 3,5 %<br />
en 2019, reflétant ainsi la reprise<br />
dans les principales puissances économiques.<br />
La croissance demeurera<br />
atone dans les pays exportateurs de<br />
pétrole, alors qu’elle devrait repartir<br />
modestement dans les pays exportateurs<br />
de métaux. La croissance<br />
du PIB dans les pays dont l’économie<br />
dépend des matières premières<br />
devrait rester forte, soutenue par<br />
les investissements dans les infrastructures,<br />
des secteurs de services<br />
résilients et le redressement de la<br />
production agricole. C’est le cas en<br />
Éthiopie, au Sénégal et en Tanzanie<br />
».<br />
« Alors que les pays procèdent à<br />
des ajustements budgétaires, nous<br />
devons faire en sorte que la conjoncture<br />
demeure propice à l’investissement<br />
afin que les pays d’Afrique<br />
subsaharienne connaissent une reprise<br />
plus forte », explique Albert<br />
G. Zeufack, économiste en chef de<br />
la Banque mondiale pour la région<br />
Afrique. « Nous devons mettre en<br />
œuvre des réformes qui augmentent<br />
la productivité des travailleurs<br />
africains et créer un environnement<br />
macroéconomique stable. Des emplois<br />
plus productifs et de meilleure<br />
qualité contribuent à lutter contre la<br />
pauvreté sur le continent. »<br />
Concernant les mesures à prendre,<br />
ledit rapport recommande une mise<br />
en œuvre urgente de réformes visant<br />
à améliorer les institutions qui promeuvent<br />
la croissance du secteur<br />
privé, développer les marchés financiers<br />
locaux, améliorer les infrastructures<br />
et renforcer la mobilisation<br />
des ressources intérieures.<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong><br />
19
20<br />
ENTREPRISE<br />
Nasser Benkirane<br />
VP Business Development<br />
« La coopération Sud-Sud s’impose à<br />
l’Afrique comme alternative au modèle<br />
de développement post colonial »<br />
Plus qu’une tendance, c’est un fait : les entreprises marocaines sont de plus en plus<br />
présentes sur le très prometteur marché africain, jadis boudé par ces dernières. Le<br />
Groupe MEDTECH n’échappe pas à la règle, objectif : faire connaître le Groupe à<br />
l’échelle continentale. Entretien avec Nasser Benkirane, VP Business Development.<br />
Le Groupe MEDTECH est<br />
le 1er opérateur global des<br />
NTIC au Maroc ; A l’actif<br />
du Groupe, 13 filiales totalisant<br />
un effectif de 900 personnes,<br />
100 Millions d’Euros de CA consolidé,<br />
opérant dans les Solutions IT,<br />
les Solutions de Paiement, les Data<br />
Center et les Solutions Réseaux et<br />
Télécoms (Mobilité, Big Data, Virtualisation,<br />
Cloud, Intelligence de<br />
la donnée, Progiciels de gestion,<br />
Conduite du changement, Sécurité<br />
IT, Communications unifiées, Développement<br />
spécifique, Switch monétique,<br />
Centre de contacts, GED, Portail<br />
d’entreprise, etc…).<br />
Le Groupe a développé une expertise<br />
reconnue dans divers secteurs<br />
d’activité (finance, industrie, administration,<br />
services, …), avec un<br />
champ d’intervention dépassant le<br />
cadre national (Europe, Afrique du<br />
Nord, Afrique de l’Ouest et Afrique<br />
Centrale).<br />
Parmi ses nombreux partenaires éditeurs<br />
et constructeurs, on citera entre<br />
autres : Oracle (depuis 1989), IBM,<br />
CISCO, Alcatel-Lucent (filiale Nokia),<br />
NCR (fournisseur de guichets<br />
automatiques), Dell EMC, Nutanix,<br />
Sage ou encore Microsoft.<br />
En tant que Vice-Président Business<br />
Développent du Groupe MED-<br />
TECH, je suis en charge du développement<br />
de ses activités sur l’Afrique<br />
avec un focus particulier sur la partie<br />
Francophone.<br />
Quelle est votre stratégie d’investissement<br />
dans le continent africain<br />
?<br />
Le Groupe MEDTECH s’investit<br />
depuis maintenant 5 années dans la<br />
prospection des marchés d’Afrique<br />
du Nord et d’Afrique Subsaharienne.<br />
Cela se traduit en premier par une<br />
étude des différents marchés porteurs<br />
et la constitution d’un réseau<br />
de partenaires capables de représenter<br />
localement notre offre globale de<br />
produits et services. Notre stratégie<br />
se poursuit ensuite à travers des déplacements<br />
réguliers dans les pays<br />
ciblés pour assister à des salons et<br />
forums IT, mais aussi pour y rencontrer<br />
des prospects et clients de même<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
ENTREPRISE<br />
21<br />
que nos futurs partenaires locaux.<br />
L’objectif de notre démarche est<br />
de faire connaître notre Groupe à<br />
grande échelle et de s’appuyer sur<br />
nos partenaires pour faire le travail<br />
commercial tout en bénéficiant de<br />
notre support total durant les phases<br />
d’avant-vente.<br />
Le Groupe MEDTECH mène en<br />
parallèle des réflexions pour s’implanter<br />
dans certains pays en propre<br />
ou à travers un rachat de structures<br />
locales.<br />
Parlez-nous de vos projets en<br />
Afrique<br />
Le Groupe MEDTECH compte à<br />
son actif plusieurs projets réalisés<br />
en Afrique du Nord et en Afrique<br />
Subsaharienne. Parmi les projets en<br />
cours, on citera entre autres : projet<br />
de switch monétique en Sierra Leone<br />
à travers sa filiale S2M, projet de gestion<br />
électronique des documents en<br />
Côte d’Ivoire à travers sa filiale Uniforce,<br />
projet de formations Oracle<br />
au Sénégal, Mali, Côte d’Ivoire et<br />
Niger à travers sa filiale OmniAcademy,<br />
projet de déploiement de solutions<br />
de gestion des forces de vente<br />
mobiles au Tchad à travers sa filiale<br />
Ncrm, projet de mise en œuvre de<br />
solutions de sécurité Oracle chez<br />
un opérateur télécoms au Cameroun<br />
à travers sa filiale Omnidata, projet<br />
de Datawarehouse et de Reporting<br />
règlementaire en Algérie à travers sa<br />
filiale Omnidata Business Solutions,<br />
etc…<br />
Comment votre entreprise accompagne<br />
la politique du royaume<br />
dans le développement du continent<br />
africain ?<br />
L’Afrique est un relai de croissance<br />
non négligeable. Tout le monde se<br />
rue sur cet eldorado jadis délaissé.<br />
Le marché marocain est saturé, d’où<br />
la nécessité pour les entreprises marocaines<br />
d’aller chercher de la croissance<br />
en Afrique, où la compétence<br />
marocaine est aujourd’hui fortement<br />
reconnue et appréciée.<br />
En ce qui nous concerne, et fort de<br />
nos expériences réussies depuis<br />
plus de 25 ans dans le domaine des<br />
Nouvelles Technologies de l’Information<br />
et de la Communication,<br />
nous œuvrons à l’instar des autres<br />
secteurs d’activité (finance, télécoms,<br />
assurance, …) à faire bénéficier<br />
plusieurs pays frères de tout<br />
notre savoir-faire, en leur proposant<br />
des idées de projets IT déjà réalisés<br />
au Maroc aussi bien dans le secteur<br />
Privé que Public. Nous agissons<br />
également au niveau de nombreuses<br />
Agences de Développement de l’Informatique<br />
de ces pays, en tant que<br />
conseiller sur les Best Practices de<br />
notre domaine d’activité, en vue de<br />
leur permettre d’améliorer leur notation<br />
« Doing Business ».<br />
L’informatique constitue en somme<br />
aujourd’hui un ingrédient essentiel<br />
permettant aux pays Africains de<br />
passer d’un statut de pays sous-développé<br />
à pays émergent. Nous faisons<br />
notre possible pour y contribuer du<br />
mieux que nous pouvons.<br />
Quel regard portez-vous sur la<br />
coopération Sud-Sud ?<br />
Le Maroc a entamé depuis quelques<br />
années une politique <strong>Africaine</strong> basée<br />
sur la coopération Sud-Sud et sur le<br />
partenariat Public-Privé dans une<br />
perspective Win-Win. Ceci est à<br />
mettre à l’actif de Sa Majesté Le Roi<br />
Mohammed VI, que Dieu l’assiste,<br />
qui a ouvert cette voie permettant<br />
au Maroc de renforcer sa position<br />
de deuxième investisseur africain en<br />
Afrique, voir premier en Afrique de<br />
l’Ouest.<br />
La coopération Sud-Sud s’impose<br />
au continent Africain comme alternative<br />
au modèle de développement<br />
post colonial des pays Africains.<br />
L’Afrique peut ainsi se fédérer,<br />
trouver son chemin vers le développement<br />
et s’affranchir de la dépendance<br />
vis-à-vis de l’Europe et de la<br />
Chine.<br />
Cette conception de coopération du<br />
Maroc avec les autres pays Africains<br />
ambitionne de donner à l’Afrique les<br />
moyens de se développer par ellemême,<br />
en comptant sur ses propres<br />
ressources naturelles et humaines.<br />
Comment à votre avis, les entreprises<br />
marocaines pourraient être<br />
une réelle locomotive dans le développement<br />
du continent africain ?<br />
Doté de ressources naturelles limitées,<br />
le Maroc fait partie des rares<br />
pays africains qui ont réussi à bâtir<br />
des Groupes privés solides, au<br />
savoir-faire reconnu. On assiste en<br />
effet aujourd’hui à une présence<br />
significative de ces grands Groupes<br />
Marocains en Afrique, permettant<br />
aux pays concernés de bénéficier<br />
du partage de leur expertise, de leur<br />
savoir-faire et de leur compétitivité<br />
dans divers domaines d’activité : la<br />
finance, les télécoms, la construction<br />
d’infrastructures, l’immobilier,<br />
l’assurance, la santé, l’agriculture,<br />
l’exploitation des richesses du soussol,<br />
l’industrie pharmaceutique, le<br />
ciment, la formation professionnelle,<br />
les énergies renouvelables, etc…,<br />
tout ceci auréolé par une compagnie<br />
aérienne nationale, Royal Air Maroc,<br />
contribuant à une vaste mobilité<br />
intercontinentale permettant de faciliter<br />
la libre circulation des ressortissants<br />
des pays Africains frères.<br />
Ce constat permet à mon sens de<br />
conforter le statut du Maroc en tant<br />
que « réelle locomotive » du développement<br />
du continent Africain.<br />
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>
22<br />
ENTREPRISE<br />
L’Afrique invente son propre modèle,<br />
selon Mazars<br />
À<br />
l’occasion de l’édition<br />
<strong>2017</strong> de l’Africa CEO<br />
Forum, le groupe international<br />
d’audit et de<br />
conseil Mazars dévoile les enseignements<br />
de son étude « Afrique :<br />
les nouvelle voies de l’innovation<br />
– dans le sillage des catalyseurs de<br />
l’intrapreneuriat et de l’open innovation<br />
». Propulsée par l’intrapreneuriat<br />
et l’innovation, l’Afrique connait<br />
aujourd’hui une transformation décisive.<br />
À travers cette étude, Mazars<br />
part à la rencontre d’entrepreneurs et<br />
d’entreprises qui ont développé des<br />
initiatives locales pragmatiques et<br />
innovantes.<br />
L’innovation devient une priorité<br />
stratégique pour un nombre croissant<br />
d’entreprises établies en Afrique, qui<br />
disposent rarement des ressourcesinternes<br />
et de l’agilité nécessaires pour<br />
se transformer, qui plus est rapidement<br />
».<br />
S’inspirant des succès extérieurs<br />
sans chercher à les copier et s’adaptant<br />
aux réalités locales pour générer<br />
L’Afrique : des<br />
écosystèmes<br />
entrepreneuriaux aux<br />
multiples facettes<br />
de nouveaux projets, les entrepreneurs<br />
innovants africains contribuent<br />
à inventer de nouveaux modèles.<br />
Certaines entreprises misent sur le<br />
potentiel d’innovation de leurs collaborateurs.<br />
D’autres s’ouvrent à des<br />
acteurs externes, parmi lesquelles<br />
les start-ups.De Dakar à Nairobi, du<br />
Cap à Casablanca, les expérimentations<br />
d’intrapreneuriat et d’open<br />
innovation se multiplient, créant une<br />
dynamique panafricaine.<br />
« Continent de la disruption technologique,<br />
l’Afrique franchit actuellement<br />
une nouvelle étape en matière<br />
d’innovation. Après les success stories<br />
des fintechs et de la bancarisation<br />
du secteur des télécommunications,<br />
le continent connaît un nouvel élan<br />
avec les pratiques d’intrapreneuriat<br />
et d’open innovation qui apportent<br />
des solutions locales pragmatiques<br />
dans des environnements ne bénéficiant<br />
pas toujours des ressources<br />
internes et du cadre réglementaire<br />
propices à la création d’offres innovantes.<br />
C’est désormais aux entreprises<br />
de s’impliquer dans ce type de<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
ENTREPRISE<br />
23<br />
démarches afin de répondre aux<br />
besoins de proximité du marché<br />
et de créer une culture d’agilité<br />
qui les aidera à réinventer leur<br />
business model», explique Abdou<br />
Diop, Managing Partner de<br />
Mazars au Maroc.<br />
Les initiatives d’intrapreneuriat<br />
et d’open innovation constituent<br />
également une composante importante<br />
de l’attraction et de la<br />
rétention des talents. L’étude<br />
Mazars révèle ainsi que près de<br />
90% des répondants indiquent<br />
que l’ouverture d’une entreprise<br />
à l’innovation et à l’intrapreneuriat<br />
est un critère qui les inciterait<br />
à la rejoindre.<br />
L’Afrique : des écosystèmes<br />
entrepreneuriaux aux multiples<br />
facettes<br />
Le continent africain est en<br />
ébullition numérique : bourgeonnants<br />
en Afrique centrale<br />
ou dans l’Ouest francophone,<br />
en phase de développement<br />
accéléré comme au Rwanda,<br />
structurés comme l’exception<br />
sud-africaine. D’autres encore<br />
bénéficient de positions privilégiées<br />
comme au Maroc, proche<br />
historiquement des États-Unis<br />
et géographiquement de l’Europe,<br />
ou en Egypte, qui profite<br />
de sa proximité avec le Moyen-<br />
Orient.<br />
L’étude Mazars démontre<br />
qu’aujourd’hui un peu partout<br />
des précurseurs montrent la<br />
voie rapprochant les mondes<br />
des entreprises établies et des<br />
entrepreneurs/innovateurs, ou<br />
libérant le potentiel « intrapreneurial<br />
» des salariés.<br />
Elle nous apprend également<br />
qu’il existe un écart de maturité<br />
entre les écosystèmes anglophones<br />
et francophones. Ainsi,<br />
seules 16% des personnes anglophones<br />
interrogées pensent<br />
que leur entreprise n’a pas fait<br />
de l’innovation une priorité<br />
contre 25% côté francophone.<br />
L’Afrique anglophone dispose<br />
en effet d’un terreau d’innovation<br />
important, à Nairobi, à Lagos,<br />
à Johannesburg et au Cap, à<br />
Accra ou à Kigali.<br />
La mondialisation avancée et<br />
les technologies de communication<br />
instantanée renforcent les<br />
interconnexions entre les écosystèmes<br />
africains mais aussi<br />
au-delà des frontières. L’étude<br />
Mazars met ainsi en avant la<br />
manière dont des start-ups de<br />
la diaspora africaine s’allient à<br />
des grands groupes pour prolonger<br />
l’aventure dans leurs filiales<br />
africaines, ou encore l’intérêt<br />
croissant pour l’Afrique de startups<br />
internationales, notamment<br />
dans les Fintechs.<br />
Si le courant d’intrapreneuriat<br />
et d’open innovation gagne petit<br />
à petit du terrain et de la visibilité<br />
en Afrique, beaucoup reste<br />
à faire, dans la majorité des<br />
écosystèmes, pour qu’émergent<br />
plus d’entrepreneurs pérennes :<br />
assouplissement des cadres ou<br />
encore facilitation de l’accès<br />
au marché de la part des entreprises<br />
établies.<br />
À propos de Mazars<br />
Mazars est une organisation internationale<br />
intégrée et indépendante<br />
spécialisée dans l’audit, le conseil<br />
ainsi que les services comptables<br />
fiscaux et juridiques. Au 1er janvier<br />
<strong>2017</strong>, Mazars est présent dans les<br />
79 pays qui forment son partnership<br />
international intégré.<br />
Mazars fédère les expertises de 18<br />
000 femmes et hommes.<br />
Emmenés par 950 associés, ils<br />
servent leurs clients à toutes les<br />
étapes de leur développement : de la<br />
PME aux grands groupes internationaux<br />
en passant par les entreprises<br />
intermédiaires, les start-ups et les<br />
organismes publics.<br />
En Afrique, Mazars est présent dans<br />
25 pays avec 2 500 collaborateurs<br />
répartis dans 45 bureaux.<br />
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>
24<br />
INTERVIEW<br />
Amine Louali<br />
Directeur général délégué de<br />
Maghreb Steel<br />
« La problématique de l’industrialisation<br />
de l’Afrique commence par la question<br />
de la logistique »<br />
Après que certains l’ait donnée pour morte, l’entreprise Maghreb Steel semble renaitre<br />
de ses cendres. Mieux encore, ce symbole de la sidérurgie marocaine reprend, petit à<br />
petit, du poil de la bête pour reprendre le flambeau de la sidérurgie marocaine à l’échelon<br />
africain. Interview avec Amine Louali, le directeur général délégué de Maghreb Steel.<br />
Après des années de difficultés,<br />
Maghreb Steel<br />
est en train de se redresser,<br />
depuis que vous êtes<br />
aux commandes. Que pouvez-vous<br />
nous dire là-dessus ?<br />
Maghreb Steel a connu depuis la<br />
mise en service de l’investissement<br />
colossale (6 milliards de DH) dans la<br />
nouvelle usine (aciérie + 2 laminoirs<br />
à chaud) une grave crise financière<br />
qui a failli entrainer l’arrêt de son<br />
activité. Cet investissement a coïncidé<br />
avec l’effondrement des marchés<br />
des commodités dans le monde<br />
et a accentué les pertes financières.<br />
En 2014, un plan de transformation<br />
a été décidé entre les banques, l’État<br />
et les actionnaires pour redresser<br />
l’entreprise. Nous avons commencé<br />
par mettre en place la structure managériale<br />
et organisationnelle pour<br />
assurer une maitrise de nos opérations.<br />
Nous devions maitriser toute<br />
la chaine de production pour offrir<br />
au marché les bons produits, avec la<br />
bonne qualité, dans les délais et en<br />
étant compétitif. Tous les processus<br />
internes de l’entreprise ont connu<br />
une transformation radicale. Nous<br />
cherchons à responsabiliser les personnes<br />
en charge, à les faire monter<br />
en compétences et à reprendre<br />
la maitrise sur les opérations. Nous<br />
cherchons aussi à appliquer l’état de<br />
l’art dans tous nos processus pour<br />
transformer cette entreprise à gestion<br />
familiale en une référence de la<br />
bonne gouvernance qui n’a rien à envier<br />
aux meilleures multinationales.<br />
Beaucoup de réalisations sont déjà à<br />
notre actif mais il reste beaucoup à<br />
faire pour pérenniser l’entreprise et<br />
occuper la place que Maghreb Steel<br />
mérite au sein de l’écosystème industriel<br />
du Maroc.<br />
Comment avez-vous réussi à faire<br />
baisser les tensions et regagner la<br />
confiance du marché ?<br />
Nous devions faire la démonstration<br />
par la preuve. C’est vrai que<br />
Maghreb Steel était à l’arrêt faute de<br />
financement et cela a entrainé beaucoup<br />
de tension avec nos clients.<br />
Les conditions nécessaires pour le<br />
lancement du plan de restructuration<br />
ont mis un certain temps à se mettre<br />
en place (financement, mesures<br />
de protection…), mais nous avons<br />
commencé à obtenir de bons résul-<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
INTERVIEW<br />
25<br />
tats opérationnels (fiabilisation des<br />
lignes de production, réduction des<br />
couts…) après quelques mois. Ce<br />
qui a permis d’embarquer les troupes<br />
dans cette aventure très tôt. Une fois<br />
la maitrise des fondamentaux a commencé,<br />
la confiance de nos clients<br />
a commencé à revenir. Nous avons<br />
presque mis un an à rassurer les<br />
clients et le marché surtout après<br />
une grève et un problème de financement<br />
au cours de l’année. <strong>Mai</strong>ntenant<br />
nous pouvons être fiers de la<br />
confiance de nos clients et même de<br />
nous ériger comme moteur de notre<br />
écosystème. Nous identifions des<br />
opportunités de développement pour<br />
nous et nos clients et cela se traduit<br />
par un marché qui s’accroit malgré<br />
un contexte économique défavorable<br />
ces deux dernières années.<br />
L’autre élément de confiance c’est<br />
les prix que nous appliquons. Ils<br />
sont très compétitifs ; ce qui permet<br />
de réduire de manière significative<br />
l’importation au Maroc.<br />
Dernier élément, c’est celui de la<br />
qualité. Nous avons amélioré de manière<br />
significative notre qualité au<br />
point de pouvoir livrer Renault. Cela<br />
a des conséquences sur la qualité de<br />
l’ensemble de nos produits. Résultat<br />
: l’obtention d’une certification ISO<br />
TS 16949, sésame indispensable<br />
pour livrer le secteur très exigent du<br />
secteur de l’automobile.<br />
Que pouvez-vous nous dire sur votre<br />
stratégie de développement au niveau<br />
africain ?<br />
Maghreb Steel a toujours exporté<br />
une part importante de ses capacités<br />
(20 à 30%), dans le bassin méditerranéen<br />
en Europe, au Maghreb et au<br />
Moyen-Orient. Le positionnement<br />
du Maroc par rapport à l’Afrique<br />
est très intéressant. La plupart des<br />
marché africains sont très petits<br />
et ne consomment pas beaucoup<br />
d’acier. De facto, nous avons un<br />
avantage compétitif qui nous permet<br />
de bien servir ce marché. Nous<br />
sommes déjà présents en Afrique<br />
depuis des années. Nous sommes en<br />
train de renforcer nos équipes pour<br />
pouvoir servir plus de marchés. La<br />
nouveauté que nous cherchons à déployer<br />
et d’accompagner nos clients<br />
marocains dans leur implantation en<br />
Afrique en leur proposant des offres<br />
compétitives pour qu’ils puissent<br />
percer dans ce marché.<br />
Quels sont les projets que vous avez<br />
déjà menés à bon port en Afrique<br />
?Nos produits sont déjà commercialisés<br />
depuis plusieurs années dans<br />
une dizaine de pays en Afrique. Nous<br />
espérons accaparer plus de parts de<br />
marché ; ouvrir de nouveaux horizons<br />
et de nouveaux pays.<br />
Quel regard porte Maghreb Steel sur<br />
l’industrialisation en Afrique ?<br />
La problématique de l’industrialisation<br />
de l’Afrique commence par la<br />
question de la logistique qui rend le<br />
fret couteux et freine les ambitions<br />
de développement du continent. Les<br />
besoins de consommation sont très<br />
importants, mais malheureusement<br />
les infrastructures ne suivent pas<br />
toujours. La stratégie de la Chine<br />
consistant à augmenter le salaire de<br />
la main d’œuvre pour donner naissance<br />
à une classe moyenne importante<br />
est une grande opportunité<br />
pour le continent africain et pour<br />
le Maroc en particulier. Nous avons<br />
assisté à la signature du projet de «<br />
Mohamed VI – Tanger Tech City »<br />
qui confirme cette opportunité. Pour<br />
développer davantage l’Afrique, il<br />
faut renforcer les liens et faire du «<br />
sur-mesure » pour répondre aux besoins<br />
grandissant du continent.<br />
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>
26<br />
DOSSIER<br />
L’Afrique : futur géant<br />
numérique ?<br />
Olivier Labbe<br />
Directeur général chez Cap dc<br />
A<br />
un peu plus de 50 ans, je<br />
m’amuse toujours à expliquer<br />
aux jeunes de 25<br />
ans que, lorsque j’avais<br />
leur âge, la Chine était considérée<br />
comme un pays « en voie de développement<br />
». Cet état de fait, radicalement<br />
bouleversé en l’espace d’une<br />
seule génération, est une formidable<br />
promesse d’espoir pour le continent<br />
Africain.<br />
Les retards technologiques d’hier<br />
permettent les innovations de demain<br />
Il faudra d’abord, comme l‘explique<br />
l’économiste togolais Jonas Aklesso<br />
Daou, que l’Afrique développe des «<br />
canaux de diffusion positive », affirmant<br />
une contribution à la valeur<br />
mondiale, et s’appuyant sur la fierté<br />
de sa propre culture. Une fois ce «<br />
socle fondateur » établi, la nouvelle<br />
perception de l’Afrique auprès des<br />
autres acteurs permettra une véritable<br />
influence au niveau du développement<br />
économique.<br />
L’Afrique se<br />
transformera demain en<br />
leader économique par<br />
la « reverse innovation »<br />
numérique<br />
L’histoire a ensuite toujours montré<br />
que les retards technologiques d’hier<br />
permettaient les innovations de<br />
demain, tout particulièrement dans<br />
l’industrie numérique.<br />
Le leadership mondial du Kenya,<br />
et désormais de certains pays<br />
d’Afrique, dans le paiement mobile,<br />
tient en grande partie au retard<br />
qu’avait accumulé ce continent dans<br />
les infrastructures bancaires classiques<br />
(distributeurs de billets, terminaux<br />
de paiement etc…). Ainsi,<br />
la possession massive par un grand<br />
nombre de citoyens kenyans d’un téléphone<br />
mobile (plus de 90 %), a rendu<br />
évidente la logique d’utilisation<br />
de ce terminal comme infrastructure<br />
de base pour déployer les services<br />
bancaires, avec en premier lieu la<br />
fonction paiement. A l’inverse, un<br />
citoyen européen n’a jusqu’à présent<br />
jamais ressenti le besoin d’une telle<br />
technologie car son système actuel<br />
lui suffit. Ainsi, le classement économique<br />
du mobile money présentée<br />
par l’experte anglaise Alix Murphy<br />
fin 2014 montrait d’ailleurs en n°1<br />
….l’Afrique subsaharienne et en<br />
queue de peloton … l’Europe. Alors<br />
que M-Pesa lance au Kenya cette<br />
semaine le premier emprunt obligataire<br />
exclusivement disponible<br />
sur téléphone mobile (une première<br />
mondiale), j’observais encore en<br />
novembre dernier à Paris le membre<br />
d’une délégation ministérielle africaine,<br />
cherchant en vain comment<br />
payer depuis son smartphone, et<br />
constatant que notre pays n’était<br />
pas encore équipé ! Situation, vous<br />
l’avouerez, assez paradoxale….<br />
L’Afrique se transformera demain en<br />
leader économique par la « reverse<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
DOSSIER<br />
27<br />
L’Afrique se contente<br />
encore souvent de<br />
répliquer ou de<br />
déployer les innovations<br />
développées dans les<br />
autres continents<br />
innovation » numérique<br />
L’Afrique se contente encore souvent<br />
de répliquer ou de déployer les<br />
innovations développées dans les<br />
autres continents, même si elle le<br />
fait désormais avec une remarquable<br />
dextérité : créé en 2012 au Nigéria,<br />
Jumia est devenu en quelques années<br />
l’Amazon africain, générant un<br />
chiffre d’affaires de 135 M€ en 2015.<br />
<strong>Mai</strong>s c’est vraiment par la « reverse<br />
innovation » numérique, à l’instar du<br />
paiement mobile, que l’Afrique se<br />
transformera demain en leader économique.<br />
Et le retard technologique d’aujourd’hui<br />
sera le catalyseur des solutions<br />
de demain.<br />
Les innovations digitales se retrouveront<br />
dans la e-citoyenneté (formidable<br />
enjeu du continent face à ces 1<br />
,2 Milliards de citoyens), la e-santé<br />
(il y a parfois moins de 1 médecin<br />
spécialiste pour 1 million d’habitants<br />
dans certains pays d’afrique<br />
sub-saharienne) ou encore la e-agriculture<br />
(un pourcentage intolérable<br />
des productions agricoles pourrit<br />
dans les entrepôts, faute d’information<br />
« ICT4Ag » sur la logistique ou<br />
la capacité à vendre)<br />
Ainsi, la pharmacie virtuelle sénégalaise<br />
Jokkosanté, la solution M-Pedigree<br />
qui lutte au Ghana contre les<br />
faux médicaments, la bourse sénégalaise<br />
M-Iouma de vente de fruits<br />
et de céréales, la place de marché<br />
agricole virtuelle kenyanne M-farm,<br />
sont autant d’applications digitales<br />
qui génèrent des fonctionnalités innovantes.<br />
Un jeune entrepreneur burkinabé<br />
me parlait récemment de sa future<br />
application géo-localisée permettant<br />
à chacun de connaître l’heure d’arrivée<br />
d’un prochain moyen de transport,<br />
évitant que certaines personnes<br />
prennent des risques inconsidérés<br />
à sauter sur les bus en mouvement.<br />
En plus d’éviter des accidents, cela<br />
permettra peut-être de découvrir un<br />
futur modèle « Uber »…<br />
En conclusion<br />
Bien sûr, il faudra que les états africains<br />
investissent dans les infrastructures<br />
du numérique, en premier<br />
lieu les réseaux et les Data Centers,<br />
pour permettre à leur entrepreneurs<br />
de développer ces innovations. C’est<br />
la raison pour laquelle nous travaillons<br />
avec des ingénieries locales<br />
autour du modèle Cap DC.<br />
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>
28<br />
DOSSIER<br />
Décryptage : La révolution numérique<br />
au cœur de la transformation de<br />
l’Afrique (PwC)<br />
Croissance 2.0<br />
La révolution numérique au cœur de la transformation de l'Afrique<br />
PwC vient de publier une étude portant sur la révolution numérique en Afrique. Le<br />
choix du continent noir tient du fait que « l'Afrique se positionne plus en précurseur<br />
qu'en suiveur ». L’étude en question porte sur l’impact potentiel et réel des technologies<br />
dans six domaines clés. Clés que nous vous présentons ci-dessous en guise d’extraits<br />
L'Afrique se distingue des<br />
autres continents par sa<br />
façon de s'emparer de l'innovation<br />
technologique.<br />
En effet, dans cette région du monde,<br />
la révolution numérique n'est pas<br />
tant caractérisée par la technologie<br />
sur laquelle elle s'appuie que par<br />
les tarifs abordables pratiqués dans<br />
ce domaine, la facilité d'accès aux<br />
appareils et, jusqu'à récemment,<br />
une demande largement inexploitée.<br />
Autant de facteurs qui ont permis à<br />
l'Afrique de progresser rapidement.<br />
Imaginez un instant que vous vivez<br />
dans les montagnes isolées d'Afrique<br />
de l'Est. Un de vos enfants a besoin<br />
de médicaments mais l'acheminement<br />
de ce traitement jusqu'à votre<br />
village nécessite deux à trois jours<br />
d'un long périple à moto.<br />
Imaginez à présent comme votre vie<br />
serait transformée si vous pouviez<br />
commander ce médicament à partir<br />
de votre téléviseur alimenté par<br />
l'énergie solaire, régler la facture<br />
depuis votre téléphone portable et<br />
récupérer votre livraison déposée<br />
par un drone devant votre porte.<br />
C'est désormais possible. En effet,<br />
grâce à la disponibilité croissante<br />
d'unités de production électrique<br />
solaire, des millions d'Africains<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
DOSSIER<br />
29<br />
ont maintenant accès à l'électricité.<br />
Par ailleurs, le paiement mobile est<br />
aujourd'hui possible même dans les<br />
contrées les plus reculées.<br />
Des tests pour la livraison par drone<br />
de produits médicaux, même des<br />
poches de sang, sont actuellement en<br />
cours dans les montagnes d'Afrique<br />
de l'Est.<br />
Face à cette vague d'innovations,<br />
l'Afrique présente un grand avantage<br />
par rapport aux autres continents :<br />
tout est à inventer et rien ne vient<br />
freiner les entreprises qui cherchent<br />
à instaurer leur propre modèle distinctif.<br />
De nombreux marchés se développent<br />
à vitesse grand V. Les frontières<br />
entre les secteurs s'estompent.<br />
La réunion des énergies renouvelables,<br />
des paiements mobiles et<br />
des moyens de financement des<br />
consommateurs en constitue un bon<br />
exemple.<br />
L'économie de partage, modèle qui<br />
a propulsé des entreprises comme<br />
Uber et Airbnb à la tête de leur secteur<br />
d'activité, est également fermement<br />
ancrée en Afrique. Exemple<br />
frappant; Uber, qui est présent sur<br />
le continent africain, doit partager<br />
le marché avec de nombreux<br />
concurrents locaux. On retrouve ce<br />
modèle d'économie de partage dans<br />
le nombre croissant de réseaux qui<br />
permettent à des millions d'entrepreneurs<br />
de trouver du travail, d'obtenir<br />
des informations sur leur marché et<br />
de se développer commercialement<br />
bien au-delà des limites de la localité<br />
où ils étaient jusqu'à présent cantonnés.<br />
Un potentiel précieux<br />
Où se cache le potentiel de demain?<br />
Cette étude analyse l'impact<br />
potentiel et réel des technologies<br />
dans six domaines clés :<br />
01<br />
Rendre les entreprises et les services<br />
publics plus efficaces<br />
La technologie ouvre de nouveaux<br />
marchés, enrichit l'offre et raccourcit<br />
les délais de livraison.<br />
La connectivité qui non seulement<br />
accroît la disponibilité des biens et<br />
des services mais permet également<br />
aux collaborateurs et aux entreprises<br />
et personnes innovantes de travailler<br />
ensemble au sein de communautés<br />
virtuelles est au cœur de ces développements.<br />
Toutefois, si les portables<br />
sont très présents, le développement<br />
d'Internet reste faible. En Afrique,<br />
moins de 30 % des habitants ont accès<br />
au haut débit mobile (contre<br />
43 % en Asie), et seulement 15 %<br />
bénéficient d'un accès à Internet à<br />
leur domicile3. Les appareils avec<br />
lesquels ils se connectent font appel<br />
à une technologie relativement<br />
ancienne, ce qui limite la diversité<br />
et le volume des contenus auxquels<br />
ils peuvent accéder et qu'ils peuvent<br />
télécharger. En améliorant l'accès<br />
à Internet et à des équipements de<br />
nouvelle génération, il serait possible<br />
non seulement de favoriser la<br />
connectivité mais également de créer<br />
des plates-formes dédiées à d'autres<br />
développements commerciaux dans<br />
différents domaines : publicité, e-<br />
commerce et divertissements.<br />
Par ailleurs, une collecte, une analyse<br />
et un partage de données plus<br />
efficaces pourraient doper la performance<br />
des services publics tout<br />
en garantissant une utilisation à bon<br />
escient des investissements. Malgré<br />
leur nombre, les données disponibles<br />
sont souvent fragmentées, incomplètes<br />
ou obsolètes, d'où des difficultés<br />
à cibler les investissements,<br />
à évaluer la progression des projets<br />
par rapport aux objectifs ou à permettre<br />
aux citoyens de demander des<br />
comptes aux autorités. La transformation<br />
des services publics passera<br />
obligatoirement par une meilleure<br />
préparation au partage des données<br />
en toute transparence.<br />
02<br />
Renforcer la confiance et lutter<br />
contre la corruption<br />
La lutte contre la corruption et le<br />
gaspillage implique une documentation<br />
précise et exhaustive des dépenses<br />
publiques.<br />
La technologie blockchain qui<br />
constitue, pour chaque transaction<br />
et chaque information échangée une<br />
base de données sécurisée, pourrait<br />
être la solution dans la lutte contre<br />
la fraude. Elle pourrait également<br />
réduire les dépenses considérables<br />
liées à la collecte et la vérification<br />
des registres.<br />
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>
30<br />
DOSSIER<br />
03<br />
Simplifier l'accès au marché et les<br />
interactions économiques<br />
Le e-commerce dispose du potentiel<br />
pour révolutionner le secteur de la<br />
distribution, comme il l'a déjà fait en<br />
Europe, en Asie et en Amérique du<br />
Nord.<br />
Toutefois, les ordinateurs et les<br />
smartphones étant assez peu répandus,<br />
les interfaces de vente doivent<br />
fonctionner sur des appareils basiques.<br />
L'impact des publicités s'en<br />
trouve amoindri (moins d'illustrations<br />
et de vidéos), tout comme la<br />
diversité des options proposées. Le<br />
piètre état des routes, des systèmes<br />
postaux et des infrastructures de<br />
paiement freine également les perspectives<br />
de développement.<br />
Le développement des drones pourrait<br />
aider à contourner certains des<br />
problèmes liés aux infrastructures<br />
routières et postales. Néanmoins, il<br />
faudrait mettre en place des adresses<br />
fiables et des moyens de paiement<br />
numériques pour tirer pleinement<br />
profit du e-commerce. L'impression<br />
3D met la fabrication personnalisée<br />
à la portée des communautés les plus<br />
éloignées.<br />
On compte déjà plusieurs exemples<br />
de prothèses orthopédiques fabriquées<br />
avec ce procédé. À l'avenir,<br />
l'impression 3D pourrait révolutionner<br />
la production en modifiant les<br />
procédés de réalisation. Il ne s'agirait<br />
plus d'investir massivement dans des<br />
machines et de rechercher une main<br />
d'œuvre à bas coût - modèle qui a alimenté<br />
l'essor de l'Asie au XXe siècle<br />
- mais plutôt de se contenter d'une<br />
technologie relativement bon marché<br />
et de tout miser sur la créativité<br />
des utilisateurs ; ce changement représenterait<br />
une véritable source de<br />
valeur. Voilà comment sans héritage<br />
technologique, l'Afrique pourrait<br />
prendre la tête de cette nouvelle révolution<br />
industrielle et devancer les<br />
pays disposant de ressources technologiques<br />
plus traditionnelles.<br />
04<br />
Améliorer les soins de santé et prévenir<br />
les crises sanitaires<br />
La technologie abolit les distances et<br />
contribue à élargir l'accès aux soins.<br />
Dans ce domaine, les exemples ne<br />
manquent pas : depuis les kits d'examens<br />
ophtalmologiques portables<br />
jusqu'au dépistage de maladies cardiovasculaires<br />
dont les résultats sont<br />
transmis à un spécialiste à distance<br />
pour établir un diagnostic. De son<br />
côté, l'analyse des Big Data et la<br />
surveillance opérée par les drones<br />
peuvent permettre de détecter les<br />
premiers signes d'une épidémie<br />
éventuelle, de suivre sa propagation<br />
pour mieux cibler la distribution des<br />
médicaments et de l'endiguer.<br />
En œuvrant à la démocratisation de<br />
ces technologies, les responsables<br />
politiques et les entreprises contribueraient<br />
à améliorer l'accès aux<br />
systèmes de soins, tout en réduisant<br />
les coûts et en soulageant un personnel<br />
de santé débordé.<br />
05<br />
Améliorer les soins de santé et pré-<br />
Promouvoir l'éducation, l'innovation<br />
et la création d'emplois<br />
Grâce aux hubs d'innovation, les<br />
entreprises en place peuvent se rapprocher<br />
de start-up et créer des écosystèmes<br />
prospères d'entreprises<br />
créatives. Pourtant, en Afrique, la<br />
plupart des hubs technologiques<br />
souffrent d'un manque d'infrastructures<br />
(informatique, Internet, électricité<br />
et routes), d'expertise technique,<br />
d'investisseurs et de réglementation<br />
pour pouvoir réaliser pleinement<br />
leur potentiel. Les pouvoirs publics<br />
ont un rôle majeur à jouer dans ce<br />
domaine : ils peuvent fournir un soutien<br />
réglementaire et développer les<br />
infrastructures, notamment les télécommunications<br />
et le réseau électrique,<br />
pour permettre à ces pôles de<br />
devenir de véritables centres d'excellence.<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
DOSSIER<br />
31<br />
06<br />
Réintégrer le secteur informel<br />
dans les circuits économiques traditionnels<br />
Grâce aux téléphones portables, les<br />
banques et les opérateurs de télécommunications<br />
peuvent désormais<br />
proposer des services accessibles à<br />
bas coûts à des clients jusqu'alors<br />
non bancarisés. Par exemple, au<br />
Kenya, la plate-forme de paiement<br />
M-PESA offre non seulement la possibilité<br />
d'obtenir un crédit mais également<br />
d'accéder à d'autres services<br />
tels que payer ses factures d'électricité<br />
et même acheter des produits<br />
plus rares.<br />
L'effacement des frontières entre<br />
les secteurs ainsi que la création de<br />
nouveaux écosystèmes commerciaux<br />
sont au cœur de ces développements.<br />
Cette imbrication accrue des activités<br />
nécessite d'adapter la réglementation<br />
et de repenser la façon dont les<br />
entreprises dotées de modèles économiques<br />
très différents (les banques<br />
d'un côté, les opérateurs mobiles<br />
de l'autre) peuvent unir leurs forces<br />
en créant des joint-ventures performantes.<br />
Selon nous, la réussite de ce<br />
genre de rapprochement passe plutôt<br />
par un autre modèle : un intermédiaire<br />
ou une spin-off fonctionnant<br />
indépendamment des deux maisons<br />
mères.<br />
LES ACTIONS PRIORITAIRES<br />
Comment tirer parti de ce potentiel ? D'après notre expérience et l'analyse à grande échelle<br />
du marché réalisée dans le cadre de cette étude, nous estimons que cinq grandes priorités<br />
se dégagent pour les entreprises traditionnelles, les nouveaux acteurs et les responsables<br />
politiques.<br />
LES ENTREPRISES<br />
TRADITIONNELLES<br />
01<br />
La révolution numérique n'est pas<br />
qu'une opportunité technique<br />
La connectivité abolit les barrières<br />
entre les différents secteurs d'activité<br />
et ouvre de nouveaux marchés aux<br />
produits industriels et aux biens de<br />
consommation. Le potentiel commercial<br />
vient de la mise en place<br />
d'infrastructures physiques, financières<br />
et de télécommunications qui<br />
vont faciliter ces échanges commerciaux.<br />
02<br />
Créer des écosystèmes d'innovation<br />
L'Afrique compte de plus en plus de<br />
pôles technologiques et de « technopreneurs<br />
». Les partenariats ouvrent<br />
les portes de l'innovation. En contrepartie,<br />
la présence de certains partenaires<br />
sur le marché permet de tester<br />
les produits et de réaliser des économies<br />
d'échelle pour accélérer la commercialisation<br />
des innovations.<br />
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>
32<br />
DOSSIER<br />
03<br />
Voir plus loin<br />
En abaissant le prix des produits<br />
et des services, en les rendant plus<br />
accessibles et plus simples d'utilisation,<br />
la révolution numérique participe<br />
de façon significative à l'augmentation<br />
du nombre de consommateurs<br />
en Afrique.<br />
Alors que les entreprises s'adressent<br />
traditionnellement aux classes supérieures<br />
et aux classes moyennes<br />
supérieures, celle que nous pouvons<br />
définir comme la « classe<br />
moyenne émergente » constitue<br />
une manne beaucoup plus importante<br />
puisqu'elle devrait représenter<br />
un marché de 6 000 milliards<br />
de dollars en 20214. Avec plus de<br />
deux milliards de consommateurs<br />
(comprenant une grande proportion<br />
de la population africaine), la<br />
classe moyenne émergente, dont les<br />
revenus annuels oscillent entre 996<br />
dollars et 3 945 dollars, se positionne<br />
juste en dessous de la classe<br />
moyenne conventionnelle en termes<br />
de revenus. En matière de qualité et<br />
de performance des produits, ses attentes<br />
sont identiques à celles des catégories<br />
supérieures. D'ailleurs, cette<br />
étude montre que les consommateurs<br />
restent fidèles à une entreprise bien<br />
implantée dans la classe moyenne<br />
émergente, même quand leur niveau<br />
de revenus progresse.<br />
04<br />
Tirer parti des expériences<br />
Autrefois, il fallait des années à un<br />
produit innovant pour trouver son<br />
marché. Aujourd'hui, c'est l'affaire<br />
de quelques mois. En conséquence,<br />
les business plans qui s'étirent en<br />
longueur ne sont plus valables -<br />
quand le produit arrive sur le marché,<br />
il n'y est déjà plus attendu. Pour<br />
réussir, il faut sortir des sentiers battus<br />
- passer rapidement à la phase<br />
de commercialisation, recueillir tout<br />
aussi rapidement les avis, tirer les<br />
leçons et s'adapter... en cas d'échec,<br />
autant échouer vite pour se relever et<br />
recommencer.<br />
05<br />
Penser autrement<br />
Dans une économie de rupture, il faut se montrer<br />
créatif, avoir envie de partager et être prêt à<br />
accueillir le changement. Les entreprises innovantes<br />
ne sont pas seulement des spécialistes<br />
de la technologie et des analystes de données,<br />
elles doivent faire preuve d'empathie pour être<br />
plus proches des consommateurs et comprendre<br />
leurs besoins. Il convient également d'anticiper<br />
le fonctionnement d'un effectif hybride ou des<br />
hommes et des femmes travailleront en collaboration<br />
avec l'intelligence artificielle.<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
DOSSIER<br />
33<br />
LES NOUVEAUX ACTEURS<br />
01<br />
02<br />
03<br />
Définir un modèle unique<br />
Les modèles occidentaux ne sont<br />
pas adaptés à l'Afrique - l'absence de<br />
structures préexistantes et la vitesse<br />
du changement font que la région est<br />
déjà en train de dépasser les autres<br />
continents. De plus, aucun modèle<br />
n'est transposable d'un pays africain<br />
à un autre. Les nouveaux acteurs performants<br />
ont développé des modèles<br />
économiques adaptés aux besoins spécifiques<br />
de chaque marché, intégrant<br />
les différences de réglementation, de<br />
structure de marché et de préférences<br />
clients propres à chaque partie de<br />
l'Afrique.<br />
04<br />
Croître avant qu'il ne soit trop tard<br />
De nombreuses start-up performantes<br />
ont prospéré sur des plates-formes<br />
créées par des sociétés mères ou des<br />
partenaires de joint-ventures. À mesure<br />
de leur croissance, elles peuvent<br />
se sentir à l'étroit sur ces plates-formes<br />
ou estimer qu'elles sont freinées dans<br />
leur expansion vers de nouveaux marchés.<br />
C'est pourquoi il est important<br />
d'anticiper le développement de sa capacité<br />
de croissance et de sa présence<br />
sur le marché, via de nouveaux partenariats,<br />
des structures indépendantes<br />
ou une séparation de la maison mère<br />
en vue d'une introduction en bourse.<br />
Voir au-delà de l'innovation technologique<br />
Les logiciels et autres avancées technologiques<br />
ne peuvent pas fonctionner<br />
seuls. Tout l'enjeu réside dans la mise<br />
en place d'un modèle économique<br />
efficace et pertinent pour le client.<br />
Les consommateurs africains réclament,<br />
sur leurs canaux numériques, du<br />
contenu produit localement. Malheureusement,<br />
il ne faut pas oublier que<br />
l'accès au Wifi est généralement limité<br />
et que les appareils ne sont pas de dernière<br />
génération.<br />
05<br />
Contrer les résistances des intérêts<br />
particuliers<br />
On peut s'attendre à ce que les grands<br />
acteurs bien établis voient d'un mauvais<br />
œil une réglementation qui permettrait<br />
à de nouveaux arrivants de<br />
leur prendre des parts de marché. Si<br />
l'unique façon d'accéder au marché<br />
est de nouer des partenariats, rien<br />
n'empêche qu'une fois sur pied et pleinement<br />
opérationnelle, l'entreprise<br />
tente de convaincre les responsables<br />
politiques que les innovations qu'elle<br />
porte et la concurrence qu'elle représente<br />
sont, à long terme, bénéfiques<br />
pour le marché.<br />
Trouver sa place<br />
Certains nouveaux acteurs ont réussi<br />
à créer un nouveau marché en partant<br />
de zéro. <strong>Mai</strong>s la plupart des start-up<br />
africaines se sont engouffrées dans les<br />
brèches des marchés existants et ont<br />
généré des revenus en raccourcissant<br />
les délais de livraison ou en élargissant<br />
l'accès. L'utilisation des données<br />
mobiles pour vérifier la localisation<br />
et faciliter les demandes de prêts est<br />
un exemple révélateur. Alors que les<br />
téléphones portables et l'Internet des<br />
objets sont en plein essor en Afrique,<br />
les données, plutôt que les appareils et<br />
les équipements qui permettent de les<br />
échanger, pourraient devenir une véritable<br />
mine d'or.<br />
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>
34<br />
DOSSIER<br />
LES RESPONSABLES POLITIQUES<br />
01<br />
Accepter le changement comme une<br />
opportunité<br />
Pour les communautés oubliées des<br />
services publics et des banques, la<br />
révolution numérique est synonyme<br />
d'accès à l'électricité, aux télécommunications<br />
et aux services financiers.<br />
S'il est important de réguler les activités<br />
en pleine expansion dans des secteurs<br />
économiques sensibles, il ne faut<br />
pas en profiter pour protéger des intérêts<br />
particuliers.<br />
04<br />
Placer l'agriculture au cœur du développement<br />
En matière d'investissements, l'agriculture<br />
arrive toujours en queue de peloton.<br />
Comme le souligne cette étude,<br />
c'est l'un des domaines dans lequel les<br />
besoins d'innovation se font le plus<br />
sentir mais aussi où ils sont le plus<br />
difficiles à satisfaire. Un développement<br />
intelligent placerait l'agriculture<br />
en première ligne, mettrait en production<br />
les terres inexploitées en utilisant<br />
les dernières technologies pour doper<br />
le rendement et progresserait sur la<br />
chaîne de valeur vers des domaines tels<br />
que le développement des semences.<br />
02<br />
Encourager la libre circulation des<br />
données<br />
Les données détenues par les pouvoirs<br />
publics représentent une ressource<br />
énorme et sous- exploitée. Les technologies<br />
aident non seulement à cartographier<br />
les maladies et à cibler les<br />
réponses mais également à identifier<br />
les besoins en infrastructures, en soins<br />
de santé et en éducation. Les pouvoirs<br />
publics doivent jouer leur rôle en améliorant<br />
la qualité de leurs propres données,<br />
en acceptant de les partager et en<br />
exploitant les informations qu'elles recèlent<br />
pour cibler les investissements<br />
et accroître l'efficacité des services<br />
publics.<br />
05<br />
Renforcer la transparence<br />
La connectivité renforcera les possibilités<br />
de surveillance des pouvoirs<br />
publics. Il faut y voir une chance de<br />
promouvoir davantage de transparence<br />
et de confiance. La technologie blockchain<br />
offre une occasion unique de<br />
lutter contre la corruption et la fraude<br />
dans les administrations publiques.<br />
03<br />
Bénéficier d'un tremplin technologique<br />
Alors que la technologie devient plus<br />
abordable et simple d'utilisation,<br />
l'Afrique a l'opportunité de profiter<br />
des derniers développements, qu'il<br />
s'agisse de la fibre optique ou de la 4G.<br />
UNE<br />
OCCASION<br />
UNIQUE<br />
Nous vivons une période pleine d'opportunités.<br />
Depuis les services bancaires<br />
mobiles jusqu'aux énergies<br />
renouvelables, l'Afrique est en train<br />
de passer devant les autres régions du<br />
monde dans ces domaines. Les entreprises<br />
et les pouvoirs publics disposent<br />
là d'une opportunité inédite d'exploiter<br />
la révolution numérique que connait<br />
actuellement l'Afrique pour intensifier<br />
et amplifier la prospérité à travers tout<br />
le continent. Ne la laissons pas filer !<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong><br />
35
36<br />
DOSSIER<br />
Jean-Michel Huet<br />
Associé au sein du cabinet<br />
BearingPoint<br />
L’Afrique, eldorado de l’innovation<br />
inversée ?<br />
Mobile banking, e-commerce, e-gouvernement… Grâce à l’avènement du digital,<br />
l’Afrique est aujourd’hui le laboratoire de multiples cas d’innovations inversées.<br />
Après la vague de l’innovation<br />
frugale vient<br />
celle de l’innovation inversée,<br />
théorisée par Vijay<br />
Govindarajan et Chris Trimble.<br />
Nous assistons au renversement du<br />
cycle classique de l’innovation qui<br />
ne vient plus seulement des pays du<br />
Nord mais aussi des pays du Sud.<br />
Alors que l’innovation frugale vise<br />
à créer plus de valeur économique et<br />
sociale tout en consommant moins<br />
de ressources, l’innovation inversée<br />
– qui consiste à concevoir des produits<br />
ou services dans et pour les<br />
pays émergents, avant de les commercialiser,<br />
avec quelques ajustements,<br />
dans les pays industrialisés –<br />
s’en différencie sur plusieurs points.<br />
Tout d’abord, l’innovation inversée<br />
n’est pas qu’une simple exportation<br />
d’un modèle car elle découle des besoins<br />
des marchés émergents où elle<br />
a été conçue. Ensuite, elle implique<br />
”<br />
Le cabinet<br />
américain McKinsey<br />
Global Institute avait<br />
publié en septembre<br />
dernier la deuxième<br />
“<br />
édition<br />
un changement de culture profond,<br />
caractérisé notamment par la valorisation<br />
de l’expertise du personnel<br />
implanté localement, l’émergence<br />
de nouvelles compétences créatives<br />
au sein de ces équipes, et la création<br />
d’un véritable écosystème local<br />
participatif favorisant le développement<br />
de produits issus de l’innovation<br />
inversée. Enfin, elle s’appuie<br />
sur une réelle autonomie des équipes<br />
locales, pouvant ainsi partir d’une<br />
feuille blanche pour créer de nouvelles<br />
solutions et définir un dispositif<br />
de gouvernance approprié.<br />
Le digital en Afrique s’inscrit pleinement<br />
dans cette logique d’innovation,<br />
initialement frugale, puis<br />
inversée. Le processus d’inversion<br />
est en cours : l’innovation africaine<br />
arrive dans les pays plus développés.<br />
Aujourd’hui, les Européens se demandent<br />
par exemple si ce qui a fait<br />
le succès du digital en Afrique pourrait<br />
trouver un écho sur le continent.<br />
Pour comprendre ce qu’on entend<br />
par « digital », quatre critères sont à<br />
appréhender.<br />
– L’accès aux données. C’est le cœur<br />
de la révolution des TIC que nous vivons<br />
depuis un quart de siècle avec<br />
la numérisation, le développement<br />
des réseaux de communication pour<br />
échanger les données, et l’interopérabilité<br />
entre les équipes techniques<br />
pour fluidifier les échanges. Le trait<br />
marquant des dernières années est<br />
le renforcement significatif de la<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
DOSSIER<br />
37<br />
mobilité en Afrique, où la majorité<br />
des pays comptabilise davantage de<br />
téléphones mobiles que d’habitants.<br />
– La donnée elle-même. Quelle que<br />
soit cette donnée, fut-elle simple<br />
(comme les SMS) ou complexe<br />
(un échange vocal en direct), c’est<br />
l’usage de la donnée et sa monétisation<br />
qui sont au cœur du digital.<br />
L’enjeu est de savoir ce que l’on fait<br />
de cette donnée et comment l’exploiter,<br />
par le biais d’algorithmes<br />
notamment.<br />
– Les plateformes. Gérer tout cela<br />
par le biais de plateformes est aussi<br />
un élément clé du digital. Dans le<br />
contexte de l’Afrique, où l’innovation<br />
passe par des partenariats publics-privés<br />
importants, cette dimension<br />
est centrale.<br />
– Le web social. Les plateformes<br />
digitales offrent la possibilité de<br />
gérer un écosystème de partenaires<br />
pour de l’open innovation, du développement<br />
business, etc. L’Afrique<br />
a été en avance sur cette dimension<br />
avec les Printemps arabes pendant<br />
lesquels les réseaux sociaux ont joué<br />
un rôle clé, notamment en Tunisie.<br />
Les cinq étapes du développement<br />
numérique de l’Afrique<br />
Le développement du digital en<br />
Afrique s’est fait en plusieurs étapes.<br />
Les économistes et les experts les<br />
ont analysées en commençant par le<br />
début des années 2000. Ils ont alors<br />
utilisé le terme de « leapfrog » (littéralement,<br />
« saute-mouton »). Cela<br />
révèle une des spécificités du digital<br />
en Afrique : les étapes de développement<br />
ont été différentes de ce que<br />
nous avons pu observer ailleurs. Ce<br />
développement s’est réalisé en sautant<br />
des étapes.<br />
Les deux premiers « sauts » correspondent<br />
à des cas d’innovations<br />
inversées, les trois suivants sont en<br />
devenir.<br />
1. Le développement des TIC.<br />
Pas de digital sans télécoms et sans<br />
capacité d’échanger des données.<br />
Jusqu’aux années 1990, l’Afrique<br />
était déconnectée du monde avec<br />
un taux de pénétration des accès<br />
téléphoniques de moins de 3%. La<br />
téléphonie fixe, déployée depuis les<br />
années 1880 ailleurs, ne concernait<br />
en Afrique que les grandes administrations,<br />
les élites et les entreprises<br />
importantes.<br />
Le rattrapage a été fulgurant, mais<br />
s’est opéré grâce au mobile, sans<br />
passer par l’étape de la ligne fixe.<br />
Ce saut est même double car à partir<br />
des années 2010, l’accès à Internet<br />
et aux réseaux sociaux est passé directement<br />
par les smartphones et les<br />
réseaux mobiles 3G ou 4G, et non<br />
par l’ADSL ou la fibre reliées à des<br />
ordinateurs personnels.<br />
En soi, on ne peut pas parler ici d’innovation<br />
inversée, mais plutôt d’une<br />
voie de développement adaptée au<br />
contexte local, donc d’une innovation<br />
frugale. Cependant, d’autres<br />
secteurs découvrent ou redécouvrent<br />
le système du « prépayé ». Ainsi,<br />
dans le champ de l’énergie et notamment<br />
de l’électricité, le modèle<br />
prépayé télécom, intimement lié aux<br />
TIC, fait aujourd’hui des émules.<br />
C’est le cas notamment en Amérique<br />
du Sud mais aussi au Nord, dans les<br />
grandes exploitations agricoles du<br />
Midwest. Le modèle de télécom africain<br />
est ainsi devenu une innovation<br />
inversée.<br />
2. Le paiement. Les pays africains<br />
sont, à quelques exceptions près, très<br />
peu bancarisés et l’usage du cash<br />
y est massif. Le recours aux chéquiers,<br />
virements ou cartes bleues<br />
est rare. Là encore, un nouveau saut<br />
a eu lieu avec l’éclosion du paiement<br />
par mobile. Le succès des pays tels<br />
que le Kenya, la Côte d’Ivoire ou le<br />
Mali ont ouvert la voie à un nouveau<br />
moyen d’échange d’argent (les premiers<br />
usages sont essentiellement de<br />
l’échange de personne à personne),<br />
puis de paiement. Non seulement<br />
les pays africains sautent des étapes<br />
mais ont aussi un usage encore plus<br />
« digital » des paiements que les<br />
Européens ou les Américains. A ce<br />
jour, cette étape, qui représente un<br />
bel exemple d’innovation inversée,<br />
est l’apport digital de l’Afrique le<br />
plus significatif.<br />
3. Le e-commerce. Les services par<br />
contournement ou « over-the-top<br />
» (OTT) (c’est-à-dire proposés en<br />
dehors des offres commerciales des<br />
fournisseurs d’accès à l’Internet,<br />
NDLR) ont rapidement investi les<br />
téléphones et les Smartphones des<br />
Africains.<br />
Avec des spécificités : Facebook est<br />
accessible par SMS et Uber accepte<br />
le paiement par cash dans certains<br />
pays. Si tous les grands acteurs de<br />
l’Internet mondial sont présents en<br />
Afrique, Amazon a encore du mal<br />
à adapter son modèle au contexte<br />
africain. En retard d’une quinzaine<br />
d’année sur les Etats-Unis, le e-commerce<br />
africain connaît un développement<br />
récent.<br />
Ce développement n’est pas un rattrapage,<br />
mais bel et bien une nouvelle<br />
voie. En effet, les sites à succès<br />
tels que Jumia (première licorne<br />
africaine, NDLR) sont davantage<br />
des places de marché, qui ne gèrent<br />
pas leur stock. Le modèle s’adapte<br />
à la spécificité locale (complexité<br />
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>
38<br />
DOSSIER<br />
logistique, manque d’adresses postales,<br />
de confiance, etc.), et permet<br />
d’enrichir le catalogue, y compris<br />
avec des offres des marchés locaux<br />
informels.<br />
Il est encore trop tôt pour parler ici<br />
d’innovation inversée car l’applicabilité<br />
dans les pays du nord reste<br />
à démontrer, mais l’Afrique est en<br />
train de proposer un nouveau modèle<br />
de e-commerce.<br />
4. Le secteur public. Le digital peut<br />
permettre au secteur public africain<br />
d’effectuer un vrai bon en avant. Dès<br />
les années 2000, les premières tentatives<br />
dans le domaine de la santé ont<br />
vu le jour. Depuis les années 2010,<br />
nous assistons à une accélération :<br />
projets de e-gouvernement, e-santé,<br />
e-éducation… Même si beaucoup<br />
sont encore au stade théorique, ils<br />
témoignent d’une vraie volonté politique<br />
d’utiliser le digital comme<br />
catalyseur du développement.<br />
Certains pays africains disposent aujourd’hui<br />
d’états civils entièrement<br />
numérisés et biométriques, ce dont<br />
ne disposent pas les pays européens<br />
ou américains à ce jour ! Là encore,<br />
il s’agit d’un terreau fertile d’innovation<br />
inversée.<br />
5. Le développement de l’économie<br />
des plateformes. Si ce modèle<br />
est largement commenté et développé<br />
en Amérique du Nord, puis en<br />
Europe et en Asie, il va aussi toucher<br />
l’Afrique. Là encore, la question de<br />
l’innovation frugale devenant inversée<br />
va se poser.<br />
Le développement des « smart cities<br />
» à l’<strong>Africaine</strong> (Casablanca, Kigali,<br />
etc.) semblent ouvrir la voie à de<br />
nouvelles expérimentations pour<br />
adapter ces plateformes au contexte<br />
local, et devenir à terme un autre<br />
exemple d’innovation inversée.<br />
Biographie<br />
Jean-Michel Huet est diplômé de<br />
Sciences-Po Paris et de Neoma Business<br />
School, il est associé au sein du<br />
cabinet BearingPoint après avoir travaillé<br />
chez France Télécom et chez<br />
PwC.<br />
Il accompagne depuis 20 ans, les opérateurs<br />
télécoms et utilities, médias,<br />
gouvernements et institutions internationales<br />
dans leur stratégie de développement.<br />
Il intervient notamment<br />
dans la transformation digitale des<br />
organisations.<br />
Il pilote aussi les activités Afrique<br />
de BearingPoint et intervient depuis<br />
une dizaine d’années dans plus de la<br />
moitié des pays du continent pour leur<br />
développement et leur transformation.<br />
Il a ouvert le bureau de Casablanca du<br />
cabinet en 2011.<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
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39<br />
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iss ues and a re ba s ed outside of the U K .<br />
Managers and S uperviso rs who have health and s afety<br />
respons ibilities and/or advis e others on health and s afety.<br />
Employees needing the health and s afety sk ills for<br />
employment.<br />
And Individuals who wis h to further their ca reer in health and<br />
s afety.<br />
COURSE DATES<br />
JUNE 14, <strong>2017</strong> JUNE 24, <strong>2017</strong><br />
COURSE CONTENT<br />
UNIT IGC 1<br />
Management of international health and sa fety involving polic y,<br />
organization, and audit (IG C C1 )<br />
UNIT G C 2<br />
Co ntrol of international workplace hazards i ncluding transpo rtation,<br />
equipement, elec tric al, fire, c hemica l, and physica l (IGC 2)<br />
UNIT G C 3<br />
International health and sa fety pratica l applic ation in risk control<br />
(GC 3)<br />
In Association with NEBOSH Accredited Course Provider UT&T<br />
JULY 10, <strong>2017</strong> JULY 23, <strong>2017</strong><br />
FROM 8 AM - 5 PM<br />
FROM MONDAY<br />
FROM 8 AM- 5 PM<br />
TO FRIDAY<br />
1033<br />
FIND US AT:<br />
NEBOSH<br />
IGC<br />
INTERNATIONAL GENERAL<br />
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong><br />
O ffshore Sa fety Industry Training Agency N° 2, I mm. Annas r, Av. Moulay Abdellah, 80020 - Agadir<br />
IN OCCUPATIONAL HEALTH & SAFETY<br />
In Association with NEBOSH Accredited Course Provider UT&T
40<br />
DOSSIER<br />
Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour la région Afrique<br />
Les startups numériques africaines à<br />
l’honneur<br />
Parallèlement à ses réunions printanières qui se tiennent à la capitale américaine, les<br />
responsables de la Banque mondiale ont donné le coup d’envoi de l’initiative Xl Africa.<br />
Premier du genre, ce programme vise à accompagner 20 startups numériques des plus<br />
prometteuses de l’Afrique subsaharienne. L’usineafricaine souligne ses grandes lignes.<br />
X1, 1 pour la première<br />
initiative de ce genre.<br />
C’est l’appellation attribuée<br />
par la Banque<br />
mondiale à son programme d’accompagnement<br />
des startups numériques<br />
africaines. Concrètement,<br />
il s’agit d’un programme d’apprentissage<br />
sur mesure, qui permettra, à<br />
terme, d’améliorer la visibilité des<br />
20 startups sélectionnées, tout en accédant<br />
à de potentiels investisseurs<br />
et partenaires commerciaux. Sur le<br />
plan pratique, les startups retenues<br />
bénéficieront d’une formation accélérée<br />
qui les obligera à entrer en<br />
immersion durant cinq long mois, et<br />
ce afin de « recevoir un mentorat de<br />
la part d’experts internationaux et<br />
locaux » comme on peut le lire sur le<br />
communiqué de presse de la Banque<br />
mondiale.<br />
Pour sa part, Makhtar Diop, Viceprésident<br />
de la Banque mondiale<br />
pour la région Afrique, également<br />
présent lors de cette annonce, n’a<br />
pas manqué de rappeler que « Les<br />
startups numériques sont des moteurs<br />
importants de l’innovation en<br />
Afrique », puis d’ajouter « Pour<br />
multiplier et diffuser les nouveaux<br />
services et technologies au-delà<br />
des frontières, elles ont besoin d’un<br />
écosystème intégré qui fournisse un<br />
accès aux marchés régionaux et aux<br />
investissements mondiaux.<br />
Les initiatives panafricaines telles<br />
que Xl Africa jouent un rôle essentiel<br />
en liant à l’échelle du continent<br />
les startups locales et les sociétés<br />
et investisseurs ». Par ailleurs, la<br />
Banque mondiale a d’ores et déjà<br />
levé le voile sur la liste des groupes<br />
d’investisseurs africains qui accompagneront<br />
le programme X1 Africa.<br />
On peut ainsi y trouver le réseau<br />
African Business Angel Network<br />
(Aban), Goodwell Investments,<br />
Knife Capital, Nest Africa, Silvertree<br />
Capital, Singularity Investments<br />
et bien d’autres. Aussi, comme<br />
partenaires commerciaux participants<br />
à cette initiative, on trouve<br />
des groupes comme le mastodonte<br />
O r a n ge o u e n c o r e T h o m s o n R e u t e r s .<br />
Pour rappel, cette initiative est loin<br />
d’être le fruit du hasard, elle est<br />
plutôt à corréler avec le récent rapport<br />
de Disrupt Africa, qui fait état<br />
d’une augmentation de 16,8% en<br />
seulement une année, concernant le<br />
nombre de startups technologiques<br />
africaine ayant décroché un financement.<br />
C’est de bon augure !<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
Guichet Unique National des Procédures du Commerce Extérieur<br />
41<br />
PARTENAIRE OFFICIEL<br />
PARTENAIRES INSTITUTIONNELS<br />
www.logismed.ma<br />
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>
42<br />
INVITÉ DE LA RÉDACTION<br />
Khaled Igue<br />
Président du Think Tank Club<br />
Afrique 2030<br />
« Le plus grand défi que doit relever le<br />
continent africain aujourd’hui est celui<br />
de la transition démographique »<br />
Il n’a qu’un objectif : servir son continent. Cet objectif, il en fait la principale mission du<br />
think tank Club 2030 Afrique dont il est président. Lui, c’est Khaled Igué, un béninois<br />
qui consacre son quotidien au développement du continent noir. Interview<br />
Parlez-nous de votre parcours<br />
académique ?<br />
Né au Bénin, Khaled Igué y grandit<br />
et fait ses études à Cotonou jusqu’à<br />
l’âge de 18 ans. Il part ensuite étudier<br />
l’anglais au Ghana, s’installe<br />
en France le temps d’enchaîner<br />
une classe préparatoire et une école<br />
d’ingénieur – l’INSA, Institut National<br />
des Sciences Appliquées – et<br />
s’envole pour une dernière année à<br />
Chicago, au sein de l’Illinois Institute<br />
of Technology. Il obtient son diplôme<br />
en 2009, et rejoint Areva où il<br />
travaille sur des projets énergétiques<br />
et des partenariats stratégiques. Il<br />
continue à enrichir sa formation universitaire.<br />
Il est bientôt diplômé en<br />
sciences économiques de l’université<br />
de Paris I, titulaire d’un MBA<br />
en Management de la Sorbonne Graduate<br />
Business School et un Master<br />
en Politiques de développement, Potentiel<br />
Afrique de Sciences Po Paris.<br />
Vous avez fait vos classes chez Areva.<br />
Une telle expérience, qu’est-ce<br />
qu’elle vous a apporté ?<br />
Travailler pour une grande entreprise<br />
comme AREVA dans un environnement<br />
international apporte<br />
forcément une expérience gratifiante<br />
sur la gestion des grands projets,<br />
leurs financements et le développement<br />
de compétences. Chez AREVA<br />
j’ai eu la chance de travailler avec le<br />
Japon, de vivre en tant qu’expatrié<br />
en Finlande et au Niger, et je peux<br />
vous dire que rien que pour l’ouverture<br />
culturelle, on apprend beaucoup.<br />
L’Afrique a besoin de grandes<br />
entreprises pour créer des emplois<br />
et de la valeur ajoutée. Avoir pu travailler<br />
dans un grand groupe comme<br />
AREVA pendant près de 7 ans dans<br />
différents secteurs comme l’Energie<br />
et les Mines donne aussi une bonne<br />
idée des bonnes et des mauvaises<br />
pratiques pour bâtir et réussir à faire<br />
prospérer ce genre d’organisation.<br />
Actuellement, vous êtes directeur<br />
des partenariats publics et institutionnels<br />
d’OCP Africa. Ça vous<br />
donne du pain sur la planche. Parlez-nous<br />
un peu de vos missions ?<br />
Le pain sur la planche n’est pas la<br />
bonne expression, c’est un beau challenge.<br />
Le groupe OCP a fait le choix<br />
de dédier une stratégie à l’Afrique et<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
INVITÉ DE LA RÉDACTION<br />
43<br />
d’y mettre des moyens, c’est donc<br />
un honneur pour moi de prendre part<br />
à cette aventure. J’ai décidé depuis<br />
quelques années de dédier mon avenir<br />
et mon travail au développement<br />
du continent africain, je le fais donc<br />
à travers mes missions chez l’OCP<br />
et aussi à travers le think tank Club<br />
2030 Afrique dont je suis le fondateur<br />
et le président. L’agriculture est<br />
un secteur qui représente près du 1/3<br />
du PIB des pays africains, près de la<br />
moitié des exportations de certains<br />
pays et emploie près de 7O% de la<br />
population active, c’est donc sans<br />
aucun doute le secteur qu’il faut renforcer<br />
d’urgence.<br />
Est-ce qu’elles répondent à vos attentes<br />
personnelles ; à savoir servir<br />
votre continent ?<br />
Ma mission est complètement dédiée<br />
au continent africain. Il s’agit pour<br />
moi de faire des partenariats de long<br />
terme avec les pays d’Afrique subsaharienne<br />
pour la transformation<br />
du secteur agricole, pour un partenariat<br />
Sud-Sud gagnant-gagnant.<br />
Il s’agit non seulement d’améliorer<br />
les échanges entre les pays africains<br />
mais aussi de trouver des solutions<br />
L’Afrique a<br />
”<br />
besoin de grandes<br />
entreprises pour créer<br />
des emplois et de la<br />
valeur ajoutée<br />
“<br />
africaines aux défis du continent.<br />
L’Afrique est à un tournant de son<br />
histoire. Si les voyants sont au vert,<br />
il y a encore de nombreux défis à<br />
relever, notamment le déploiement<br />
des politiques publiques de développement,<br />
accès à l’énergie et à<br />
l’eau potable, accès à l’éducation, à<br />
la santé et le développement d’une<br />
agriculture durable et moderne. Le<br />
Groupe OCP est dans le domaine de<br />
l’agriculture, donc y travailler me<br />
permet de répondre aux différents<br />
défis énoncés.<br />
Vous êtes à la tête du think tank<br />
Club 2030 Afrique qui veut « apporter<br />
des réponses africaines aux<br />
défis du continent ». Que pouvezvous<br />
nous dire sur les missions<br />
principales de ce think tank ?<br />
Club 2030 Afrique, institution à but<br />
non lucratif, s’est assigné pour mission<br />
principale de mettre ses compétences,<br />
son savoir et son énergie au<br />
service des organes de gouvernance<br />
africains afin de les accompagner<br />
dans le processus d’émergence qui<br />
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>
44<br />
INVITÉ DE LA RÉDACTION<br />
mènera à un développement économique<br />
et social harmonieux à horizon<br />
2030.<br />
À travers son activité, ce think tank a<br />
pour ambition de devenir la première<br />
plateforme de réflexion en Afrique<br />
en œuvrant en faveur du partage des<br />
idées et des échanges entre la société<br />
civile, les entrepreneurs et les décideurs<br />
politiques locaux, nationaux et<br />
panafricains.<br />
S’appuyant sur un réseau d’experts<br />
reconnus, de leaders d’opinion de<br />
la société civile, de décideurs politiques,<br />
de hauts fonctionnaires et de<br />
dirigeants de grandes entreprises,<br />
Club 2030 Afrique organise des<br />
temps de rencontre et d’échange,<br />
diffuse des publications, veille, centralise<br />
et partage l’information pertinente,<br />
enfin s’associe à des partenaires<br />
pour conduire des actions de<br />
terrain.<br />
Comment à votre avis, l’Afrique<br />
pourrait-elle réussir son industrialisation<br />
?<br />
L’Afrique a déjà commencé son industrialisation<br />
et elle va non seulement<br />
être réussie mais aussi dépasser<br />
les attentes.<br />
Il y a deux types de tendances sur<br />
le continent, il y a des pays qui<br />
sont déjà rentrés dans la chaîne de<br />
valeur mondiale et vous pouvez retrouver<br />
le Maroc, l’Afrique du Sud<br />
et le Nigéria par exemple, et vous<br />
avez des pays comme le Bénin qui<br />
créent des industries intermédiaires<br />
pour répondre à la demande du marché<br />
local notamment dans l’industrie<br />
agroalimentaire et le textile. Je<br />
mise pour la réussite de l’industrie<br />
africaine sur ces industries intermédiaires<br />
de proximité qui répondent<br />
aux attentes des populations et sont<br />
vraiment créatrices d’emplois et<br />
de valeur ajoutée. Un exemple tout<br />
simple est l’industrie de transformation<br />
du manioc, qui sur toute la<br />
chaine de valeur permet de créer des<br />
emplois et donne plusieurs produits<br />
finis comme la farine,<br />
l’amidon et les provendes pour les<br />
animaux. Ce produit représente l’aliment<br />
protéiné le plus consommé en<br />
Afrique de l’Ouest. Pour accélérer la<br />
création de ces industries intermédiaires,<br />
Il faudra favoriser l’accès à<br />
l’énergie et à l’eau potable, financer<br />
les PME et mettre le cadre règlementaire<br />
adéquat pour garantir un environnement<br />
des affaires stable.<br />
”<br />
L’Afrique a déjà<br />
commencé son<br />
industrialisation et elle<br />
va non seulement être<br />
réussie mais aussi<br />
“<br />
dépasser les attentes<br />
Quels sont les grands défis que doit<br />
relever l’Afrique d’aujourd’hui ?<br />
Le plus grand défi que doit relever<br />
le continent africain aujourd’hui est<br />
celui de la transition démographique<br />
qui par effet de ricoché impacte tous<br />
les autres aspects du développement<br />
qui sont la création d’emplois<br />
stables, l’accès à l’énergie, la santé,<br />
l’éducation et l’autosuffisance alimentaire.<br />
Si les économistes ont<br />
raison et que la population africaine<br />
passe la barre des deux milliards<br />
d’habitants en 2050, cela suppose<br />
que graduellement, la croissance démographique<br />
connaît un saut moyen<br />
de près 10% presque tous les ans. Il<br />
faudra donc chaque année créer près<br />
de 12 millions d’emplois en Afrique,<br />
mettre en place les infrastructures de<br />
santé et d’éducation et repenser l’urbanisation<br />
des villes et des villages.<br />
Le défi est énorme.<br />
Quelles sont, selon think tank<br />
Club 2030 Afrique, les solutions<br />
qui s’imposent pour relever ces<br />
défis ?<br />
Club 2030 Afrique en tant que think<br />
tank engagé pour un développement<br />
harmonieux mais durable du continent<br />
a le souci de penser en premier<br />
lieu à des modèles socio-économiques<br />
qui favorisent un développement<br />
inclusif pour accélérer le bienêtre<br />
des populations.<br />
Nous partons donc du principe qu’il<br />
n’aura ni développement, ni émergence<br />
si le continent africain ne finance<br />
pas ardemment l’éducation, la<br />
santé, l’accès à l’énergie, le développement<br />
de l’agriculture. Aujourd’hui<br />
le numérique permet de faire des<br />
sauts technologiques importants, il<br />
faut donc intégrer l’économie numérique<br />
dans toutes nos réflexions.<br />
L’une de nos recommandations importantes<br />
est de créer une agence<br />
pour le développement inclusif dans<br />
tous les pays africains qui accompagnera<br />
les populations pauvres dans<br />
la création d’activités rentables (alimentaires,<br />
agriculture et services).<br />
Cette agence inclurait la participation<br />
des entreprises par leur RSE, les<br />
gouvernements qui y consacrent ne<br />
serait-ce qu’un 1% de leur budget,<br />
la société civile mettra à disposition<br />
son expertise et l’accompagnement.<br />
C’est ce que j’appelle un développement<br />
basé sur le consensus.<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
Sous l’egide de :<br />
45<br />
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>
46<br />
ENERGIE<br />
Quelle énergie pour l’Afrique à<br />
l’horizon 2050 ?<br />
Comme pour toute économie qui connait une croissance pérenne (3% en moyenne<br />
annuelle pour l’Afrique), le continent africain fait face à l’inévitable problématique de<br />
l’autosuffisance énergétique. Partant de ce lien de causalité, nous allons, dans un premier<br />
temps, établir un état des lieux de la production énergétique africaine, avant de se risquer<br />
à des solutions, et ce afin de tenter de répondre à la question suivante : l’Afrique sera-telle<br />
à la hauteur des objectifs fixés à l’horizon 2050 ?<br />
Avant de s’atteler à dresser<br />
un état des lieux<br />
énergétique du continent<br />
noir, il convient<br />
de rappeler les principales sources<br />
d’énergie utilisées par l’homme.<br />
Mis à part les énergies renouvelables,<br />
les habitants de la planète<br />
Terre ont coutume d’utiliser le pétrole,<br />
le gaz et le charbon en guise de<br />
sources d’énergie.<br />
Cependant, en matière de consommation<br />
énergétique, l’Afrique fait<br />
figure d’exception. En effet, abstraction<br />
faite de l’Afrique du Sud,<br />
80% de l’énergie consommée en<br />
Afrique subsaharienne provient<br />
de l’utilisation massive du bois de<br />
feu. L’autre spécificité (et pas des<br />
plus glorieuses) du continent noir<br />
réside dans un paradoxe : l’Afrique<br />
demeure en déficit énergétique malgré<br />
le fait qu’il en produit plus qu’il<br />
n’en consomme. Preuve en chiffre,<br />
l’Afrique produit 14% du pétrole<br />
mondial, 8% du gaz et 5% du charbon<br />
de la planète, alors que ce continent<br />
n’en consomme respectivement<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
ENERGIE<br />
47<br />
que 4%, 3,5% et 1%, une situation<br />
pour le moins ubuesque.<br />
Par ailleurs, une grande disparité<br />
régionale caractérise le secteur énergétique<br />
africain. A ce propos, on<br />
peut faire la distinction entre trois<br />
régions avançant à trois vitesses :<br />
l’Afrique du Nord, l’Afrique du Sud,<br />
et «le reste de l’Afrique».<br />
Plus en détail, de par leurs réserves<br />
de pétrole et de gaz, les pays du nord<br />
ainsi que l’Afrique du Sud sont les<br />
mieux lotis avec une consommation<br />
de 70% de la production du continent.<br />
En revanche, les autres pays<br />
subsahariens qui, pour rappel, représentent<br />
pas moins de 75% de la population<br />
africaine, ne consomment<br />
que le tiers de la production continentale.<br />
Les solutions<br />
Afin d’améliorer la situation énergétique<br />
de l'Afrique à l’horizon 2050,<br />
quelques solutions ont bel et bien été<br />
avancées par les experts mondiaux.<br />
Parmi ces dernières, on trouve l’optimisation<br />
des ressources énergétiques<br />
; En les termes du commun des mortels,<br />
cela signifie que l’Afrique doit<br />
mettre en place des énergies alternatives<br />
en adéquation avec les besoins<br />
des populations, et ce afin de s’extirper<br />
à la dépendance au pétrole.<br />
Voilà qui nous ramène directement<br />
à la question du développement des<br />
énergies renouvelables.<br />
Il est vrai que ces énergies ont, depuis<br />
peu, le vent en poupe, néanmoins,<br />
le potentiel africain en ce<br />
domaine reste largement inexploité,<br />
à l’instar de l’énergie hydraulique<br />
dont l’Afrique de l’Est pourrait jouer<br />
un rôle de premier plan, et changer<br />
ainsi la donne. Aussi, soulignons<br />
l’importance du secteur des biomasses,<br />
une niche qui reste très loin<br />
d’une exploitation optimale.<br />
Le temps presse pour mettre en<br />
place de telles solutions salvatrices,<br />
surtout lorsque l’on sait que selon<br />
les prévisions du Programme des<br />
nations unies pour le développement<br />
(PNUD pour les intimes), l’Afrique<br />
ne tardera pas à connaitre un boom<br />
démographique historique.<br />
Selon cet organisme, l’Afrique<br />
comptera le quart de la population<br />
mondiale à l’horizon 2050, et qui dit<br />
boom démographique, dit accroissement<br />
exponentiel des besoins en<br />
énergie. En somme, mieux vaut prévenir<br />
que guérir, n’est-ce pas ?<br />
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>
48<br />
ENERGIE<br />
Alpha Condé en marge de sa visite à Paris et d’un colloque organisé par l’agence française de développement (AFD)<br />
Création d’un centre africain pour<br />
l’eau et les énergies renouvelables<br />
L’Afrique va se doter d’un centre pour l’eau et les énergies renouvelables. Ce futlà<br />
la principale information résultant du dernier colloque de l’Agence française de<br />
développement organisé le 12 avril dernier à l’Institut du monde arabe à Paris, sous le<br />
thème «Toute l’Afrique : les enjeux d’une approche continentale ». Les détails.<br />
C’est le Président Alpha<br />
Condé « himself » qui<br />
a fait l’annonce. En effet,<br />
invité par les organisateurs<br />
du dernier colloque de<br />
l’Agence française de développement,<br />
le Président en exercice de<br />
l’Union africaine a profité de cette<br />
tribune qui a pignon sur rue, pour<br />
annoncer la création prochaine à<br />
Conakry (ndlr : pour ceux qui sont<br />
en brouille avec la géographie,<br />
Conakry est la capitale de la République<br />
de Guinée) d’un centre pour<br />
l ’ e a u e t l e s é n e rg i e s r e n o u ve l a b l e s .<br />
Hasard du calendrier<br />
(ou pas), cette déclaration intervient<br />
au lendemain de la deuxième session<br />
du conseil d’administration de l’initiative<br />
africaine pour les énergies<br />
renouvelables tenue également à<br />
Conakry. Cette édition a été principalement<br />
dédiée à la problématique<br />
de la levée de fonds nécessaires à la<br />
réalisation de certains projets. Quant<br />
à la justification du choix de la création<br />
de ce centre africain, Alpha<br />
Condé avance, à juste titre, le constat<br />
suivant : « la Guinée est le château<br />
d’eau de l’Afrique de l’Ouest », autrement<br />
dit, ce pays abrite les sources<br />
d e s p r i n c i p a u x fl e u ve s d e l a r é g i o n .<br />
Aussi, l’une des conditions sine qua<br />
non au vu de la création de ce centre,<br />
réside dans le fait qu’il soit entièrement<br />
piloter par des africains, et ce,<br />
toujours selon le Président de l’Union<br />
africaine « afin d’exploiter au<br />
mieux et au profit de tous, les potent<br />
i e l l e s é n e rg é t i q u e s d u c o n t i n e n t » .<br />
Pour rappel, la présence d’Alpha<br />
Condé à ce colloque entre dans le<br />
cadre de sa visite officielle en France.<br />
Une visite d’Etat où le Président a<br />
multiplié les rencontres, notamment<br />
avec Gérard Larcher, Président du<br />
Sénat français. Avaient-ils parlé<br />
énergies renouvelables ou élections<br />
présidentielles françaises (ou les<br />
deux) ? A l’heure de la mise sous<br />
presse, rien n’a encore filtré à propos<br />
de cette réunion. Alors, affaire<br />
à suivre…<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
Offshore Safety<br />
Industry Training<br />
osita.maroc@gmail.com<br />
00212 6 61 53 54 06<br />
www.osita-maroc.com<br />
49<br />
NEBOSH<br />
IGC<br />
INTERNATIONAL GENERAL<br />
IN OCCUPA TIONAL HEALTH & SAFETY<br />
WHO SHOULD ATTEND?<br />
People who not need a broad knowledge of Health and Safety<br />
issues and are based outside of the UK.<br />
Managers and Supervisors who have health and safety<br />
responsibilities and/or advise others on health and safety.<br />
Employees needing the health and safety skills for<br />
employment.<br />
And Individuals who wish to further their career in health and<br />
safety.<br />
COURSE DATES<br />
JUNE 14, <strong>2017</strong> JUNE 24, <strong>2017</strong><br />
COURSE CONTENT<br />
UNIT IGC 1<br />
Management of international health and safety involving policy,<br />
organization, and audit (IGCC1)<br />
UNIT GC 2<br />
Control of international workplace hazards including transporta -<br />
tion, equipement, electrical, fire, chemical, and physical (IGC2)<br />
UNIT GC 3<br />
International health and safety pratical application in risk control<br />
(GC3)<br />
In Association with NEBOSH Accredited Course Provider UT&T<br />
JULY 10, <strong>2017</strong> JULY 23, <strong>2017</strong><br />
FROM 8 AM - 5 PM<br />
FROM MONDAY<br />
FROM 8 AM- 5 PM<br />
TO FRIDAY<br />
1033<br />
FIND US AT:<br />
NEBOSH<br />
IGC<br />
INTERNATIONAL GENERAL<br />
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong><br />
Offshore Safety Industry Training Agency N°2, Imm. Annasr, Av. Moulay Abdellah, 80020 - Agadir<br />
IN OCCUPATIONAL HEALTH & SAFETY<br />
In Association with NEBOSH Accredited Course Provider UT&T
50<br />
INNOVATION<br />
Tarik Hrima<br />
Project Manager Applied<br />
Mechanics<br />
Comment peut-on innover dans<br />
l’industrie automobile ?<br />
Après l’aéronautique,<br />
l’industrie automobile<br />
réfléchit à la meilleure<br />
manière d’intégrer la<br />
fibre composite dite de carbone dans<br />
ses modèles. Il s’agit de gagner du<br />
poids mais également de la robustesse.<br />
La fibre de carbone pose néanmoins<br />
des défis industriels et est handicapée<br />
par des coûts élevés de production.<br />
Alors puisque les constructeurs<br />
acceptent l’idée de commencer<br />
petit à petit à contacter les fabricants<br />
des matériaux composites, pour une<br />
éventuelle forme de charpente en<br />
carbone qui permet de renforcer des<br />
structures en acier. Cependant pourquoi<br />
ne pas penser aussi à introduire<br />
les matériaux élastomères dans la<br />
structure de la tôle ??<br />
Actuellement le marché automobile<br />
français a retrouvé des couleurs<br />
l’année dernière. En 2016, 2,015<br />
millions de voitures particulières<br />
neuves ont été vendues, selon les<br />
statistiques publiées ce dimanche par<br />
le comité des constructeurs français<br />
d’automobiles (CCFA). Cela représente<br />
une hausse de 5,1% par rapport<br />
à 2015. PSA connaît actuellement un<br />
creux commercial à cause du renouvellement<br />
de produits vedettes (Peugeot<br />
3008 et 5008, Citroën C3) et<br />
d’une gamme DS en fin de carrière.<br />
Il reste toutefois le premier groupe<br />
français en France, avec 27,7% des<br />
immatriculations l’an dernier, suivi<br />
par Renault à 25,73% de part de marché<br />
pour les voitures particulières.<br />
C’est-à-dire que la construction de<br />
l’automobile augmente de plus en<br />
plus, c’est une bonne chose mais<br />
dans un autre coté les accidents augmentent<br />
aussi. Alors en introduisant<br />
les matériaux élastomères comme le<br />
caoutchouc sous forme d’une bande<br />
dans la finalisation de la construction<br />
d’une tôle ça nous permettra de<br />
donner plus de sécurité aux conducteurs<br />
et minimiser les dégâts des<br />
accidents.<br />
En fait, il est nécessaire de mette en<br />
œuvre cette application afin d’arriver<br />
à une nouvelle dimension de l’industrie<br />
automobile et rendre son image<br />
plus sécurisée et acharnée. Cet objectif<br />
peut être atteint en traitant,<br />
d’abord les matériaux élastomères<br />
les plus fiables à utiliser à savoir les<br />
caoutchoucs, ensuite la forme de la<br />
bande en caoutchouc pour qu’elle ait<br />
plus de résistance au choc, limiter<br />
le pourcentage de déformation de<br />
la tôle et restreindre l’endommagement.<br />
Finalement la mise en place<br />
de cette bande pour donner une belle<br />
attirance à cette nouvelle marge de<br />
construction de l’automobile.<br />
Les points forts de cette application…<br />
Beaucoup plus d’efforts doivent être<br />
faits dans ce domaine pour décrocher<br />
de nombreux avantages de sécurité :<br />
• Les matériaux élastomères sont<br />
présents dans de nombreuses applications<br />
de la vie quotidienne et<br />
occupent une place de choix dans<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
INNOVATION<br />
51<br />
l’industrie. C’est-à-dire qu’il serait<br />
facile d’en trouver dans le marché<br />
industriel.<br />
• Si les pneumatiques consomment<br />
plus de la moitié de la production des<br />
élastomères, on utilise aussi ces derniers<br />
dans un grand nombre d’autres<br />
secteurs industriels : dans l’automobile<br />
elle-même sous la forme<br />
de joints, de liaisons élastiques, de<br />
tubes et de tuyaux, de membranes ou<br />
de dispositifs anti-vibratoires, ainsi<br />
que dans l’industrie mécanique…<br />
etc. Alors c’est un produit perpétuel<br />
et disponible.<br />
• L’intérêt des matériaux élastomères<br />
est de pouvoir subir des déformations<br />
très importantes (plus de<br />
100% généralement) et de reprendre<br />
leur forme initiale. Ils ont donc une<br />
très bonne capacité à emmagasiner<br />
de l’énergie lors d’un choc par<br />
exemple, et à la restituer ensuite.<br />
• Pour la majorité des applications,<br />
le caoutchouc brut est mélangé avec<br />
différents composés pour modifier<br />
ses propriétés. Les charges qui améliorent<br />
l’élasticité du produit final,<br />
sans augmenter sa résistance, sont<br />
des produits à base de carbonate de<br />
calcium ou de sulfate de baryum.<br />
Les charges de renforcement qui<br />
améliorent la résistance du produit<br />
fini sont le noir de carbone, l’oxyde<br />
de zinc, le carbonate de magnésium<br />
ou différentes argiles. Donc il serait<br />
facile à éteindre la forme de la bande<br />
souhaitée.<br />
• Le caoutchouc brut, qui ne représente<br />
que la moitié du poids du produit<br />
fini, est traité mécaniquement<br />
et chimiquement jusqu’à l’obtention<br />
de produits spécifiques. La flexibilité<br />
du caoutchouc est souvent mise<br />
à profit pour ces applications; son<br />
élasticité est adaptée à la réalisation<br />
de différents systèmes d’absorption<br />
des chocs et de diminution des vibrations.<br />
Donc ça n’aura aucune influence<br />
dans la nouvelle technologie<br />
de construction d’automobile.<br />
Les points à traiter avec prudence…..<br />
Néanmoins, certaines questions<br />
doivent être abordées:<br />
• Les chercheurs ont amélioré très<br />
nettement le caoutchouc synthétique.<br />
Alors certes, il est reconnu comme<br />
moins résistant que le caoutchouc<br />
issu de l’hévéa, mais il est aussi plus<br />
facilement disponible quand on ne<br />
dispose pas des ressources naturelles<br />
nécessaires. Le caoutchouc suit alors<br />
le boom de l’industrie automobile, et<br />
la production ne cesse de se développer.<br />
Une grande série d’amélioration<br />
de la vulcanisation et de la résistance<br />
des caoutchoucs à tous les climats<br />
pour une longue durée doit être étudié.<br />
• Le marché du caoutchouc reste<br />
dépendant de deux facteurs. D’une<br />
part, la demande mondiale en matière<br />
d’automobiles. Quand une<br />
voiture est vendue, elle l’est le plus<br />
souvent avec 5 pneus. D’autre part,<br />
le prix du pétrole. Le caoutchouc<br />
synthétique utilisant le pétrole dans<br />
son procédé, des changements dans<br />
les prix du pétrole entraîne des changements<br />
dans le prix du caoutchouc.<br />
• Habituellement, Il faut penser à<br />
l’homogénéisation de la réalisation<br />
parfaite de la bande du caoutchouc<br />
souhaitée et son adaptation dans la<br />
finalisation de la construction de<br />
la tôle dans un strict minimum de<br />
temps tout en restant dans l’innovation<br />
du monde d’automobile.<br />
• Il est nécessaire de disposer de<br />
réglementations et de normes de<br />
constructions internationales pour<br />
suivre l’évolution de l’industrie<br />
automobile afin d’assurer l’aspect<br />
esthétique et le respect des recommandations<br />
du fabricant. À l’heure<br />
actuelle, il peut y avoir des problèmes<br />
de traçabilité et certaines<br />
parties douteuses apparaissent sur<br />
les marchés secondaires.<br />
Finalement……..pour conclure<br />
La modification de la construction<br />
de la tôle apparaît comme un moyen<br />
efficace pour réduire les dégâts<br />
matériels et humains des accidents.<br />
Les constructeurs et les fabricants<br />
devront se conformer à une accréditation<br />
pour inclure les matériaux<br />
composites à savoir les élastomères.<br />
Il est grand temps que les institutions<br />
internationales d’automobile<br />
franchissent une nouvelle dimension<br />
dans ce domaine et assimilent ce projet<br />
innovant qui serait très bénéfique<br />
pour les chefs des entreprises ainsi<br />
que pour la population mondiale.<br />
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>
52<br />
INNOVATION<br />
Le «SMARTilab EMSI» Champion de<br />
l’innovation<br />
L’EMSI (Ecole Marocaine des Sciences de l'Ingénierie) a reçu trois médailles d’or et une<br />
médaille d’argent ainsi que deux prix spéciaux au Salon International de la Technologie<br />
de Shanghai en Chine et à la Conférence Internationale de Design, de la Recherche et de<br />
l’Innovation à Kuala Lumpur en Malaisie.<br />
Consécration brillante du<br />
Maroc à l’échelle international<br />
en une semaine.<br />
Le laboratoire SMAR-<br />
TiLab rattaché au groupe EMSI a<br />
pu décrocher au nom du Maroc 3<br />
médailles en or et une médaille en<br />
argent et 2 prix spéciaux dans de<br />
prestigieux concours d’innovation<br />
à savoir : le Concours International<br />
des Inventions du Salon International<br />
de la Technologie de Shanghai<br />
et à la Conférence Internationale de<br />
Design, de la Recherche et l’Innovation<br />
à Kuala Lumpur<br />
Le Concours International des Inventions<br />
qui s’est déroulé du 20 au<br />
22 avril <strong>2017</strong> au Salon International<br />
de la Technologie de Shanghai supporté<br />
par le conseil d’Etat chinois,<br />
est considéré comme le plus grand<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
INNOVATION<br />
53<br />
salon de l’innovation et de la technologie<br />
à l’échelle asiatique, organisé<br />
par la Chambre de Commerce<br />
chinoise pour l'importation et l'exportation<br />
des machines et des produits<br />
électroniques, le Centre International<br />
d'Echange de Technologie<br />
de Shanghai et le Groupe International<br />
Shanghai Eastbest & Lansheng.<br />
Il est aussi soutenu par l'UNIDO,<br />
le UNDP, le WIPO, le Ministère<br />
du Commerce, le Ministère de la<br />
Science et de la Technologie, le Bureau<br />
de Propriété Intellectuelle de<br />
l'État et le Gouvernement Municipal<br />
de Shanghai.<br />
L’invention Senstenna est sans doute<br />
la technologie phare de cette année.<br />
Elle a remporté la médaille d’or<br />
à la Conférence Internationale de<br />
Design, de la Recherche et l’Innovation<br />
à Kuala Lumpur, la médaille<br />
d’argent au Salon International de la<br />
Technologie de Chine et finaliste de<br />
la Coupe du Monde de l’Innovation<br />
à travers le projet Smartypark.<br />
Le Senstenna est une innovation<br />
technologique appartenant aux systèmes<br />
de communications de la<br />
5ème génération et spécialement au<br />
domaine des objets connectés ou IoT<br />
(Internet Of Things). Il s’agit d’un<br />
IoT sans capteur (SensorLess) qui<br />
utilise le recyclage des ondes RF du<br />
module de communication pour détecter<br />
différents types de grandeurs<br />
physiques sans faire recours à un<br />
capteur spécifique. Plusieurs applications<br />
sont d’ores et déjà touchées<br />
par ce projet révolutionnaire, à savoir<br />
: la détection d’obstacles, de mouvements<br />
et de vitesse. La technologie<br />
SENSTENNA a été récemment exploitée<br />
par le laboratoire SMARTI-<br />
LAB-EMSI comme un objet connecté<br />
sans capteur pour la réalisation du<br />
projet SMARTYPARK qui vise une<br />
gestion intelligente et écologique du<br />
stationnement des voitures dans les<br />
villes intelligentes. Le Smartypark à<br />
base de la technologie Senstenna a<br />
permis au Maroc d’être classé parmi<br />
les quatre finalistes de la Coupe du<br />
Monde de l’Innovation à Barcelone<br />
en mars <strong>2017</strong>, un classement historique<br />
qui fait du Maroc le premier<br />
pays arabo-africain ayant pu décrocher<br />
une qualification à la coupe du<br />
monde de l’innovation.<br />
Le projet Multiview-Screen a été<br />
couronné par la médaille d’or au<br />
Concours International des Inventions<br />
du Salon International de la<br />
Technologie de Shanghai. C’est un<br />
écran Multi-Vues inventé par M.<br />
Majid El BOUAZAOUI, Inventeur<br />
et chercheur membre du SMARTilab<br />
EMSI. Un concept qui permet<br />
à plusieurs personnes de regarder<br />
divers programmes sur le même<br />
téléviseur où chacun peut suivre un<br />
seul programme sur toute la surface<br />
de l’écran en fonction de la position<br />
où elle se trouve sans utilisation de<br />
lunettes spéciales ou autres accessoires<br />
permettant ainsi la visualisation<br />
simultanée de plusieurs vidéos<br />
sur différents angles de vue.<br />
Le projet EFMA, a été également décoré<br />
par la médaille d’or à la Conférence<br />
Internationale de Design, de la<br />
Recherche et l’Innovation à Kuala<br />
Lumpur. Ce projet innovant est un<br />
nouveau Absorbant électromagnétique<br />
à base d’un Meta-matériau<br />
flexible et ultra fin pour la protection<br />
du corps humain contre les radiations<br />
électromagnétiques. Fruit<br />
d’une collaboration entre le Maroc<br />
à travers l’EMSI (SMARTiLab), la<br />
France à travers l’INSA de Rennes et<br />
les États-Unis à travers l’Université<br />
Georgia Tech. Ce nouveau Absorbant<br />
consiste à protéger le derme<br />
humain contre les effets néfastes<br />
de radiations électromagnétiques à<br />
savoir l’Ionisation ainsi que l’effet<br />
thermique plus particulièrement. Ce<br />
nouveau absorbant verra des applications<br />
dans le domaine médical notamment<br />
la protection des patients et<br />
du personnel des radiations du système<br />
de radiologie et de la radiothérapie.<br />
Par ailleurs ce même système<br />
d’absorption constitue une solution<br />
très prometteuse pour la protection<br />
des individus contre les attaques<br />
électromagnétiques militaires. Il est<br />
à signaler que Le développement de<br />
ce nouveau absorbant électromagnétique<br />
a été fait entre le Maroc et la<br />
France, sa fabrication et sa caractérisation<br />
expérimentale a été réalisée<br />
dans un laboratoire américain<br />
moyennant des plates-formes de prototypage<br />
de nano technologie.<br />
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>
54<br />
INVESTIR<br />
Investir au Gabon, est-ce bon ?<br />
Numéro 1 oblige, L’usineafricaine<br />
se doit de<br />
fournir à ses lecteurs<br />
une petite explication<br />
concernant la motivation de la présente<br />
rubrique. Ce n’est un secret<br />
pour personne, l’Afrique couve un<br />
énorme potentiel économique et<br />
offre des opportunités sans pareilles<br />
pour les investisseurs. Pour ne citer<br />
qu’un seul indicateur, les spécialistes<br />
s’accordent à dire que le pouvoir<br />
d’achat des africains devrait doubler<br />
d’ici moins de dix ans. Seulement<br />
voilà, « devrait » n’est pas être ! Et<br />
c’est justement pour cette raison que<br />
la rédaction a choisi pour chaque<br />
numéro de décortiquer le tissu économique<br />
et social d’un pays africain,<br />
et ce afin de répondre à une unique<br />
question : Faut-il investir dans cette<br />
lointaine contrée ?<br />
De part son insoupçonnable potentiel,<br />
pour ce premier numéro, c’est<br />
le Gabon qui s’y colle. <strong>Mai</strong>s tout<br />
d’abord, voici quelques données<br />
générales à toutes fins utiles, qui<br />
Avec 900 sites<br />
miniers potentiels<br />
rassemblant un milliard<br />
de tonnes de réserves<br />
de fer (rien que ça !),<br />
5,3 millions de tonnes<br />
de manganèse, d’or, de<br />
diamants et d’uranium,<br />
le Gabon se positionne<br />
incontestablement<br />
comme un véritable<br />
gisement de croissance<br />
pour l’économie<br />
planétaire.<br />
permettront, sans doute, de situer<br />
ce pays dans son contexte « géographico-démographique<br />
». La République<br />
gabonaise s’étale sur une<br />
superficie de 267.667 km² et compte<br />
Par Soufiane Chakkouche<br />
une population d’à peine 2 millions<br />
d’individus, mais qui connait une<br />
croissance démographique annuelle<br />
de 2.1 % et qui se caractérise par<br />
sa jeunesse (62% des habitants ont<br />
moins de 24 ans). Sa capitale est<br />
Libreville, ses principales villes<br />
sont Port-Gentil, Franceville, Oyem,<br />
Lambaréné, et sa langue officielle est<br />
le Français. Voilà pour les présentations.<br />
Les tops<br />
L’un des atouts majeurs plaidant<br />
pour la cause gabonaise est son<br />
incroyable richesse et diversité<br />
s’agissant des ressources naturelles.<br />
En effet, le pays peut se targuer de<br />
posséder quelques 2 milliards de réserves<br />
exploitables de barils de pétrole.<br />
Aussi, avec 900 sites miniers<br />
potentiels rassemblant un milliard<br />
de tonnes de réserves de fer (rien<br />
que ça !), 5,3 millions de tonnes<br />
de manganèse, d’or, de diamants et<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
INVESTIR<br />
55<br />
d’uranium, le Gabon se positionne<br />
incontestablement comme un véritable<br />
gisement de croissance pour<br />
l’économie planétaire. De plus, ce<br />
pays renferme 12,5 millions d’hectares<br />
de forêts exploitables et 5,2<br />
millions d’hectares de terres cultiva<br />
bles.<br />
Le deuxième argument mis en avant<br />
par les gabonais pour attirer les investisseurs<br />
étrangers, réside dans<br />
le contexte politique et social assez<br />
stable du pays, et ce malgré les dernières<br />
élections présidentielles agitées,<br />
mais qui se sont soldées par<br />
la confirmation de la Cour constitutionnelle<br />
des résultats, reconduisant<br />
ainsi Ali Bongo au pouvoir.<br />
Depuis, la situation s’est nettement<br />
apaisée. En outre, jouissant d’une<br />
situation géographique de premier<br />
plan avec un positionnement au<br />
cœur de l’Afrique et une ouverture<br />
sur la façade Atlantique, le Gabon<br />
ouvre aux investisseurs, la porte<br />
d’un foyer de quelques 250 millions<br />
de consommateurs. Qui plus est, le<br />
pays a comme objectif d’injecter 21<br />
milliards de dollars sur l’ensemble<br />
de son territoire, et ce afin d’améliorer<br />
et se doter d’une infrastructure<br />
moderne. L’enveloppe sera dispatchée<br />
sur différents secteurs tels que<br />
les transports, le logement, les TIC,<br />
la santé et l’éducation.<br />
Pour le reste, la République gabonaise<br />
présente des atouts socioéconomiques<br />
des plus solides de la<br />
région. En effet, hormis un taux de<br />
scolarisation supérieur à 96% et un<br />
taux d’alphabétisation frôlant les<br />
85%, le pays connait une croissance<br />
économique soutenue avec 4% de<br />
moyenne annuelle sur les dix dernières<br />
années. Ajouté à cela un statut<br />
de 5ème producteur de pétrole<br />
d’Afrique ; le plus faible niveau de<br />
jouissant d’une<br />
situation géographique<br />
de premier plan avec<br />
un positionnement au<br />
cœur de l’Afrique et une<br />
ouverture sur la façade<br />
Atlantique, le Gabon<br />
ouvre aux investisseurs,<br />
la porte d’un foyer de<br />
quelques 250 millions de<br />
consommateurs.<br />
dette publique de l’Afrique centrale<br />
; une monnaie (franc CFA) stable<br />
indexée à l’euro, avec un taux d’inflation<br />
relativement bas oscillant autour<br />
des 2 % (soit 2 fois moins qu’un<br />
pays émergeant comme le Brésil) ; et<br />
une stratégie gouvernementale ambitieuse<br />
désireuse de diversifier son<br />
économie, à l’instar de ce vaste programme<br />
d’investissement public qui<br />
vise à hisser le pays au rang de pays<br />
émergent à l’horizon 2025, le Gabon<br />
offre de sérieux avantages sur le pan<br />
économique. Et, afin d’atteindre cet<br />
objectif, le pays tente d’augmenter<br />
l’attractivité de son environnement<br />
des affaire en poursuivant une stratégie<br />
de rénovation de ses codes sectoriels,<br />
à l’image de la création des<br />
zones économiques et franches, l’allégement<br />
fiscal en faveur des investisseur,<br />
ou encore la mise en place<br />
d’un guichet unique pour faciliter la<br />
procédure de création d’entreprise.<br />
Les flops<br />
Toutefois, tout n’est pas rose (tout<br />
n’est jamais tout rose en matière<br />
d’investissement, cela porte le nom<br />
de « risque », contrepartie du profit<br />
!) Si le Gabon semble être un eldorado<br />
pour les investisseurs, il présente,<br />
néanmoins, quelques inconvénients,<br />
et ils sont au nombre de 2. En effet,<br />
au vu de sa dépendance aux matières<br />
premières et ses exportations très<br />
peu variées en termes de produits<br />
(le secteur pétrolier représente 80 %<br />
des exportations, 45 % du PIB et 60<br />
% des recettes budgétaires), l’économie<br />
du pays est soumise au dictat<br />
des cours mondiaux du pétrole. En<br />
d’autres termes, le tissu économique<br />
est fortement impacté par le prix du<br />
baril qui n’a eu de cesse de baisser.<br />
Cependant, pour remédier à cette<br />
dépendance, le Gabon a d’ores et<br />
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>
56<br />
INVESTIR<br />
déjà tracé les grandes lignes de différentes<br />
stratégies futures, comme<br />
le plan « Gabon Industriel », le plan<br />
« Gabon Vert, Gabon Bleu » et le<br />
plan « Gabon des Services », dans<br />
l’unique but de diversifier son économie,<br />
ce qui se traduit en terrain<br />
vierge ou en aubaine dans le langage<br />
des investisseurs.<br />
L’autre hic qui, de prime abord, va<br />
à l’encontre de l’encouragement des<br />
investissements étrangers dans ce<br />
pays, concerne le fameux indice de<br />
développement humain, principal<br />
indicateur du développement d’un<br />
pays. A en croire le dernier classement<br />
du PNUD (Programme des nations<br />
unies pour le développement),<br />
le Gabon occupe une timide 112ème<br />
place. Toutefois, à y voir de plus<br />
près, cela signifie qu’économiquement,<br />
le Gabon est loin d’être saturé,<br />
et que beaucoup y reste à faire, et qui<br />
dit faire, dit investir. Alors oui ! Investir<br />
au Gabon, c’est bon ! Et, n’oubliez<br />
jamais : investir en Afrique,<br />
c’est investir dans l’avenir.<br />
A l’ intention des personnes pressées<br />
Pour celles et ceux qui n’ont nullement<br />
envie de se coltiner les<br />
quelques feuillets de ce papier,<br />
voici une synthèse reprenant les<br />
meilleurs arguments en faveur de<br />
l’investissement au Gabon :<br />
- Un potentiel ressources naturelles<br />
exceptionnel : la diversité et l’étendue<br />
de la richesse minière du pays,<br />
fait de ce dernier un véritable gisement<br />
pour l’avenir de l’économie<br />
mondiale.<br />
- Une situation politique et sociale<br />
stable : grâce, notamment, aux réformes<br />
lancées par le Président Ali<br />
Bongo Ondimba, au pouvoir depuis<br />
2009, le Gabon connait un contexte<br />
politique et social assez stable. Le<br />
pays compte décrocher l’honorable<br />
statut de « pays émergeant » à l’horizon<br />
2025.<br />
- Un positionnement géographique<br />
avantageux : jouissant d’une situation<br />
géographique de premier plan,<br />
le Gabon ouvre aux investisseurs la<br />
porte d’un foyer de quelques 250<br />
millions de consommateurs.<br />
- Des atouts économiques de taille<br />
: une croissance soutenue, un faible<br />
niveau de dette publique, une stratégie<br />
gouvernementale ambitieuse visant<br />
à diversifier l’économique, un<br />
PIB par habitant largement au-dessus<br />
de la moyenne de ses voisins, le<br />
Gabon offre de sérieux atouts économiques<br />
pour les investisseurs.<br />
- Un environnement des affaires attractif<br />
: afin de consolider son cadre<br />
des affaires, le Gabon poursuit une<br />
stratégie de rénovation de ses codes<br />
sectoriels, à l’instar de la création<br />
des zones économiques et franches,<br />
l’allégement fiscal en faveur des<br />
investisseurs, ou encore la mise<br />
en place d’un guichet unique pour<br />
faciliter la procédure de création<br />
d’entreprises.<br />
Voilà donc les 5 principaux atouts<br />
du Gabon pour le lecteur pressé,<br />
auquel la rédaction prodigue un ultime<br />
conseil sous forme d’un vieux<br />
dicton : « Rien ne sert de courir, il<br />
faut partir à point ! ».<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong><br />
57
58<br />
OPINION<br />
Assalia Ousmane<br />
Maïga<br />
Directeur Usine chez Ciments de<br />
l'Afrique<br />
Maroc–Afrique subsaharienne : Un<br />
modèle réussi du partenariat Sud-Sud !<br />
Le développement économique de l’Afrique passe d’abord par les africains eux-mêmes<br />
et réside dans leurs capacités à fédérer les efforts collectifs en vue de créer de la valeur<br />
ajoutée locale par l’utilisation optimale de toutes les ressources disponibles en Afrique.<br />
Le retour du Maroc à<br />
l’Union africaine est<br />
somme toute logique et<br />
ne peut être que bénéfique<br />
pour l’ensemble du continent.<br />
En effet, le Maroc a su construire au<br />
fil des années des relations diplomatiques<br />
solides avec les Etats frères<br />
Africains, en particulier ceux au sud<br />
du Sahara. Ces relations qui, faut-il<br />
le rappeler, reposent sur un solide<br />
ancrage historique. Certes, l’espace<br />
saharien a longtemps été une aire<br />
d’échanges culturels, commerciaux<br />
et de flux migratoires entre le Maroc<br />
d’où partaient les expéditions<br />
caravanières et l’actuelle Afrique<br />
Occidentale. Ces contacts ont permis<br />
d’ores et déjà d’établir entre le<br />
Maroc et les pays d’Afrique Subsaharienne<br />
des liens séculaires couvrant<br />
les dimensions sociale, commerciale,<br />
culturelle, intellectuelle et<br />
spirituelle.<br />
<strong>Mai</strong>s c’est depuis une dizaine<br />
d’années que nous constatons une<br />
intensification des relations Maroc-<br />
Afrique subsaharienne à travers une<br />
diplomatie marocaine très agressive.<br />
Telle est désormais la priorité stratégique<br />
tracée par Sa Majesté, le Roi<br />
Mohammed VI, en matière de politique<br />
étrangère.<br />
Une vision royale qui sera rapidement<br />
matérialisée par des actions<br />
concrètes de solidarité telles que<br />
l’annulation de la dette qu’ont les<br />
pays Africains les moins avancés<br />
envers le Maroc et l’exonération de<br />
leurs produits de droits de douane<br />
à l’entrée du marché marocain ,la<br />
régularisations de ressortissants<br />
d’Afrique sub-saharienne en situation<br />
irrégulière au Maroc, entre<br />
autres.<br />
Les nombreuses visites effectuées<br />
par le Souverain Chérifien ces dernières<br />
années en terre d’Afrique<br />
Subsaharienne témoignent de l’importance<br />
capitale accordée à cette<br />
région. La stratégie impulsée par<br />
Sa Majesté le Roi Mohammed VI<br />
couvre désormais tous les domaines<br />
qu’ils soient politiques, culturels,<br />
spirituels ou bien entendu économiques.<br />
Sur le plan politique et dans un<br />
contexte géopolitique marqué par<br />
l’insécurité grandissante au Sahel,<br />
le Maroc a plus que jamais besoin<br />
de renforcer ses liens de fraternité<br />
et d’amitié avec les états frères<br />
d’Afrique Subsaharienne et veut<br />
désormais jouer un rôle majeur<br />
dans les différentes problématiques<br />
auxquelles sont confrontés les pays<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
OPINION<br />
59<br />
Addis Abeba, 31 janvier <strong>2017</strong>.Le roi Mohammed VI prononçant son discours à la tribune de l’Union africaine.<br />
sahelo-saharien en mettant en avant<br />
plusieurs atouts dont son islam modéré<br />
qu’il partage avec plus de 50%<br />
des populations de cette région africaine<br />
aux yeux desquelles le Roi du<br />
Maroc représente plus qu’un simple<br />
Leader politique mais il est avant<br />
tout un chef religieux islamique : «<br />
Amir Al Mouminine » c'est-à-dire «<br />
Commandant des croyants ». C’est<br />
au nom de cet islam solidaire que<br />
des centaines d’Imams Maliens ont<br />
été récemment formés au Maroc en<br />
vue de renforcer les valeurs communes<br />
de tolérance et d’ouverture à<br />
l’autre que les deux pays partagent<br />
depuis des siècles. Par ailleurs, cette<br />
diplomatie de proximité permettra<br />
aussi au Maroc de réaffirmer et de<br />
consolider le soutien politique tant<br />
précieux que ces pays lui apportent<br />
au sujet de la question du Sahara.<br />
Sur le plan économique, le Maroc a<br />
compris, depuis la crise financière<br />
de 2008 survenue en Europe qu’il<br />
se devait de diversifier ses partenaires<br />
économiques en revenant plus<br />
au Sud tout en conservant son statut<br />
avancé acquis auprès de l’Union<br />
Européenne.<br />
Afrique subsaharienne apparait ainsi<br />
pour le Maroc comme l'environnement<br />
naturel pour la diversification<br />
de son économie.<br />
En effet, le potentiel de croissance<br />
de l’Afrique, en particulier la zone<br />
subsaharienne, reste encore très important<br />
et inexploité. Le continent a<br />
réalisé un taux de croissance annuel<br />
de 5% et à en croire les statistiques<br />
de la Commission Economique <strong>Africaine</strong><br />
de l’ONU (CEA/UN), il serait<br />
encore en 2016 de 4,5% en moyenne<br />
dont 5,2% pour Afrique de l’ouest<br />
et 6,8% pour l’Afrique de l’Est. En<br />
plus de regorger 30% des réserves<br />
mondiales en minerais de tous types,<br />
l’Afrique subsaharienne c’est aussi<br />
800 millions de consommateurs potentiels<br />
aujourd’hui, une population<br />
qui va croitre pour atteindre 1,3 milliards<br />
en 2030 selon les estimations<br />
de l’ONU. En un mot, l’Afrique est<br />
devenu en l’espace de deux décennies<br />
le relais de la croissance mondiale,<br />
la région où se déploie une<br />
compétition acharnée, la risée de<br />
tous les espoirs d’investissements<br />
économiques.<br />
L’approche Marocaine du partenariat<br />
Sud-Sud s’avère être aujourd’hui<br />
la plus efficace puisqu’elle sort des<br />
schémas classiques de coopération<br />
fondés sur les conditionnalités, le<br />
maintien des pays Africains dans<br />
un statut d’exportateurs de matières<br />
premières et d’importateurs de produits<br />
finis, de pays endettés à des<br />
taux d’intérêt volatils en imposant<br />
des méthodes de gestion du type programme<br />
d’ajustement structurel, en<br />
totale incohérence avec les réalités<br />
africaines.<br />
Le modèle que propose le Maroc repose<br />
avant tout sur la mise en exergue<br />
de valeurs africaines fondamentales<br />
que sont la solidarité, les développements<br />
humain, social et culturel tout<br />
en ayant pour finalité l’établissement<br />
de relations économiques équitables<br />
et mutuellement bénéfiques. Il s’agit<br />
pour le Maroc d’établir un nouveau<br />
type de relation diplomatique « Gagnant<br />
– Gagnant » où les dimensions<br />
humaine et sociale sont au cœur des<br />
préoccupations.<br />
Il est utile de remarquer que cette<br />
coopération a positivement évolué<br />
en plusieurs périodes :<br />
• Avant l’an 2000 :<br />
L’engagement du Maroc envers ses<br />
pays frères d’Afrique subsaharienne<br />
était visible dans la coopération militaire<br />
et à travers l’implication des<br />
entreprises publiques marocaines<br />
(ONE, ONEP, AMCI,…) dans des<br />
projets d’infrastructure de base tels<br />
la construction de routes et de barrages,<br />
l’électrification, la gestion des<br />
ressources en eau, l’irrigation, la<br />
santé et la formation.<br />
Précisons que depuis cette époque à<br />
nos jours, le Maroc octroie chaque<br />
année des milliers de bourses<br />
d’études aux étudiants ressortissants<br />
de ces pays en vue de les former<br />
dans ses meilleures universités<br />
contribuant ainsi à préparer l’élite<br />
africaine de demain ;<br />
• De 2000 à 2014 :<br />
La présence du Maroc en Afrique<br />
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>
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OPINION<br />
Subsaharienne est visible à travers<br />
son secteur privé et ses « Champions<br />
nationaux » comme Royal Air<br />
Maroc, Maroc Telecom , BMCE<br />
Bank, Attijariwafabak, BCP, Managem,<br />
OCP, Addoha, Saham… dont<br />
les performances n’ont rien à envier<br />
à celles des multinationales européennes<br />
et américaines sur place.<br />
Mieux encore, des géants Français<br />
comme BNP Paribas actifs en<br />
Afrique subsaharienne depuis fort<br />
longtemps perdent des parts de marché<br />
face à l’agressivité des banques<br />
marocaines. Toutefois est il que la<br />
crise financière et économique de<br />
2008 ait été un facteur non négligeable<br />
dans le désengagement progressif<br />
des banques françaises ou européennes<br />
de leurs filiales africaines<br />
au profit des groupes Africains.<br />
• Depuis 2015 :<br />
Une stratégie globale de co-développement<br />
économique est amorcée par<br />
le Maroc qui entend désormais inscrire<br />
son action dans le long terme<br />
en vue d’un développement durable<br />
au profit des peuples d’Afrique et<br />
pour l’émergence économique de<br />
l’Afrique.<br />
C’est dans ce cadre que le Maroc<br />
envisage désormais une intégration<br />
régionale plus poussée que des rapports<br />
de coopération ont été établis<br />
avec les communautés économiques<br />
régionales comme l’UEMOA (Union<br />
Economique et Monétaire Ouest<br />
<strong>Africaine</strong>) ou la CEMAC (Communauté<br />
Economique et Monétaire<br />
de l’Afrique Centrale) dans l’objectif<br />
d’établir des accords de libres<br />
échange.<br />
Les résultats obtenus par le Maroc<br />
en appliquant cette approche innovante<br />
de politique étrangère incitent<br />
à lancer un appel pressant aux autres<br />
géants du continent (hors Afrique du<br />
Sud) à lui emboiter le pas.<br />
En effet, durant la dernière décennie,<br />
le volume des échanges commerciaux<br />
entre le Maroc et les pays<br />
Africains a enregistré une nette progression.<br />
Ces échanges ont cru de<br />
14% par an pour s’établir en 2014 à<br />
38 milliards de dirhams en 2014 (4<br />
milliards de $ US) soit environ 6%<br />
du total des échanges extérieurs du<br />
Maroc contre à peine 4% en 2004.<br />
Ce qui fait du Maroc le deuxième<br />
exportateur intra continental, après<br />
l’Afrique du Sud.<br />
Afrique subsaharienne compte pour<br />
40% de ces échanges, les 60% ont<br />
été réalisés surtout avec les pays<br />
maghrébins notamment l’Algérie en<br />
”<br />
Le modèle que<br />
propose le Maroc<br />
repose avant tout sur la<br />
mise en exergue de<br />
valeurs africaines<br />
“<br />
fondamentales<br />
vue de satisfaire les besoins énergétiques<br />
du Maroc.<br />
Les exportations du Maroc vers<br />
l’Afrique subsaharienne ont atteint<br />
13 milliards de dirhams (1,4 milliard<br />
de $ US) en 2014 contre 2 milliards<br />
de dirhams (210 millions de $ US)<br />
en 2004 enregistrant une progression<br />
annuelle de 19%.<br />
Afrique subsaharienne est ainsi<br />
devenue en l’espace de dix ans la<br />
première destination des investissements<br />
marocains directs à l’étranger<br />
(IDE) : 80% des IDE sortants vers<br />
le continent et 50% du total des IDE<br />
marocains à l’étranger sont consacrés<br />
à l’Afrique subsaharienne.<br />
Les années à venir vont connaître<br />
une influence économique grandissante<br />
du Maroc en Afrique subsaharienne.<br />
Et pour cause, cet engouement<br />
du secteur privé marocain à<br />
l’égard de l’Afrique subsaharienne<br />
qui prend de plus en plus de l’ampleur<br />
de nos jours à l’image des décisions<br />
récentes prises par les fleurons<br />
de l’économie marocaine, l’OCP<br />
(Office Chérifien des Phosphates) et<br />
la SNI (Société Nationale d’Investissement),<br />
en vue de créer des filiales<br />
spécialement dédiées à l’Afrique<br />
pour la production d’engrais (OCP<br />
Africa) et la production de ciments<br />
(LafargeHolcim Maroc-Afrique).<br />
A ces poids lourds de l’économie<br />
marocaine s’ajoutent une multitude<br />
de PME/PMI entrain de scruter à la<br />
loupe toute opportunité d’investissement<br />
en Afrique subsaharienne en<br />
marge des nombreuses rencontres B<br />
to B, foires et forums Maroc-Afrique<br />
organisés par les uns et les autres.<br />
Ces entreprises marocaines qui ont<br />
pu développer un véritable savoirfaire<br />
dans leurs différents secteurs<br />
d’activité disposent de réels atouts<br />
pour conquérir davantage le marché<br />
subsaharien en particulier dans<br />
la grande distribution, l’industrie,<br />
l’énergie, l’éducation et la santé qui<br />
recèlent encore d’énormes potentialités.<br />
Pour conclure, le Maroc en raison de<br />
l’expertise multisectorielle de son<br />
économie et de ses liens séculaires<br />
avec les Etats d’Afrique subsaharienne,<br />
a tous les moyens d’y asseoir<br />
son leadership sur les plans économique<br />
et politique dans une logique<br />
volontariste de co-développement.<br />
Cette initiative forte louable du Maroc<br />
devrait être soutenue et encouragée<br />
par les politiques des Etats<br />
d’Afrique subsaharienne tout en<br />
incitant les autres à s’inspirer de ce<br />
modèle au profit du développement<br />
socio-économique des peuples africains.<br />
AVRIL - MAI <strong>2017</strong> L’USINE AFRICAINE
R&D<br />
61<br />
LafargeHolcim Maroc inaugure son<br />
premier centre d’innovation à vocation<br />
africaine<br />
LafargeHolcime Maroc<br />
vient d’inaugurer, à Casablanca,<br />
le 23 mars <strong>2017</strong><br />
son premier centre d’innovation<br />
à vocation africaine: le<br />
Smart Construction Lab. Huitième<br />
du genre pour LafargeHolcime et<br />
une grande première au Maroc, ce<br />
Smart Construction Lab. comme le<br />
souligne un communiqué de LafargeHolcime<br />
Maroc, est né pour «<br />
Apporter des solutions pour mieux<br />
construire le Maroc de demain ».<br />
La même source ajoute qu’ « audelà<br />
de produire des matériaux de<br />
construction de grande qualité,<br />
LafargeHolcim Maroc a depuis toujours<br />
l’ambition de contribuer significativement<br />
au développement du<br />
secteur de la construction au Maroc<br />
…et en Afrique subsaharienne francophone<br />
».<br />
Pour rappel, ce Smart Construction<br />
Lab (SCL) a été inauguré par M.<br />
Saâd Sebbar Président de la Région<br />
Afrique Moyen Orient du groupe<br />
LafargeHolcim et M. Hassan Ouriagli,<br />
Président directeur général de<br />
la Société Nationale d’Investissement<br />
en présence des représentants<br />
des autorités, des professionnels du<br />
secteur de la construction, startups,<br />
architectes, clients, partenaires et<br />
collaborateurs de LafargeHolcim au<br />
Maroc et en Afrique.<br />
À cette occasion, Marcel Cobuz,<br />
Directeur Général de LafargeHolcim<br />
Maroc a souligné que « l’innovation<br />
est au cœur de notre stratégie et le<br />
Smart Construction Lab à Casablanca<br />
va permettre d’accélérer le<br />
développement de produits à valeur<br />
ajoutée, de services et de systèmes<br />
constructifs innovants qui répondent<br />
aux enjeux majeurs de la construction,<br />
tels que l’urbanisation croissante,<br />
l’efficacité énergétique du<br />
bâtiment, la durabilité des infrastructures,…<br />
».<br />
Le Smart Construction Lab aura<br />
plusieurs missions. D’une part, il<br />
permettra de concevoir des solutions<br />
constructives innovantes qui<br />
répondent aux besoins du marché<br />
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI <strong>2017</strong>
62<br />
R&D<br />
local et du marché africain, en s’appuyant<br />
sur le réseau mondial des<br />
laboratoires LafargeHolcim et des<br />
partenariats avec les professionnels<br />
du secteur de la construction .<br />
D’un autre côté, il favorisera le développement<br />
des partenariats avec<br />
des startups, universités et écoles<br />
supérieures pour la promotion de<br />
la R&D et le renforcement de passerelles<br />
avec les professionnels de<br />
la construction. Enfin, on y organisera<br />
des formations pour les clients<br />
et artisans afin d’améliorer la mise<br />
en œuvre et la maitrise des solutions<br />
innovantes.<br />
Implanté sur 4.000 m2, le Smart<br />
Construction Lab va regrouper plusieurs<br />
unités offrant des services<br />
diversifiés : laboratoires, conception<br />
et essais de prototypes, auditorium<br />
de 70 places, salles de formation et<br />
showroom extérieur et intérieur pour<br />
découvrir les derniers solutions et<br />
produits innovants de LafargeHolcim<br />
Maroc et ses partenaires.<br />
Une équipe pluridisciplinaire de 50<br />
ingénieurs, architectes et techniciens<br />
de la construction, animée par les<br />
équipes marketing de LafargeHolcim<br />
Maroc, va œuvrer pour mettre<br />
au point les futurs produits, solutions<br />
et systèmes constructifs pour l’ensemble<br />
du secteur de la construction<br />
: le bâtiment, les routes, les ports….<br />
Des partenariats ont d’ores et déjà<br />
été noués avec plusieurs institutions,<br />
notamment l’École Nationale<br />
d’Architecture, l’École Hassania des<br />
Travaux Publics, l’Université Euromed<br />
de Fès ou encore le Laboratoire<br />
Public des Études et Essais (LPEE)<br />
et le CERIB (France). Par ailleurs,<br />
le SCL a également lancé un incubateur<br />
avec deux startups, qui travaillent<br />
sur l’utilisation des matériaux<br />
recyclés issus notamment de la<br />
construction, pour réaliser avec eux<br />
des essais de prototypes.<br />
Le Smart Construction Lab a obtenu<br />
la certification HQE Bâtiments en<br />
Construction qui permet de distinguer<br />
les bâtiments dont les performances<br />
environnementales et énergétiques<br />
correspondent aux meilleures<br />
pratiques actuelles. Ce certificat<br />
a été remis à LafargeHolcim<br />
Maroc lors de la cérémonie d’inauguration<br />
par Cerway, l’opérateur de<br />
la certification HQE.<br />
INVEST AFRICA EXPO<br />
S A L O N<br />
I N T E R N A T I O N A L D U<br />
C O M M E R C E , D E<br />
L ' I N D U S T R I E E T D E<br />
L ' I N V E S T I S S E M E N T<br />
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