Exposition La Peau de l'Ours - Galerie RABOUAN MOUSSION

Revolver - Meat, 2008
Lambda print
120x160cm
Une violence extrême anime ces photographies: derrière la brutalité des sujets abordés (la guerre, la mort,
le terrorisme, les armes), la violence est celle de l’étal, de la crudité – celle de l’exposition. Il y a dans ces
images la monstration de la monstration, c’est-à-dire une pure idée de l’exposition. Le fait d’être exposé
cesse alors de signifier la gentillette action bourgeoise d’accrocher dans des galléries des tableaux ou des
photographies destinés à remplir l’espace vide au-dessus des commodes; peu importe que ces dernières
soient rustiques ou design, le bourgeoisisme est le même avec son espoir (heureusement) souvent déçu
de retour sur investissement. En exhibant la viande dans son rapport au meurtre et à l’abatage, du point de
vue unifié du tireur, de l’arme et de la cible, Dimitri Tsykalov expose le concept d’exposition. Ici, l’exposition
est le plus cru du plus cru. On est au-delà de la pornographie. Celui qui court à découvert sous les tirs à
balles réelles, celui qui se sent viande sur pattes, cible pour snipers, celui-là est exposé. C’est à ce genre de
risques que l’art nous expose lorsqu’il sort parfois, comme ici, de l’extension du design intérieur pour cadres
supérieurs ou de l’art spécialement calibré à destination des institutions culturelles.
Jean Yves Jouannais et Dominique Quessada, MEAT,
« Cadavre Exquis », Editions du Regard, 2007