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10 / MÊME PAS PEUR N O <strong>18</strong> / MAI-JUIN 2017 MAI-JUIN 2017 / MÊME PAS PEUR N O <strong>18</strong> / 11<br />
DÉCONOMIE<br />
DECONOMIE<br />
Benoit Doumont<br />
Sylvie Kwaschin<br />
CARTES INFIDÈLES<br />
CHOIX ÉCONOMIQUES ET DÉMOCRATIE<br />
On les connaît tous : Bonus Cards,<br />
Cartes Plus, Cartes Extra et autres<br />
cartes de fidélité ont envahi nos<br />
fouilles et nos larfeuilles pour<br />
nous transformer en larbins<br />
dociles de leurs enseignes. Mais<br />
quoi ? En plus de demeurer fidèle<br />
à son conjoint, sa parole, son dieu,<br />
son roi et son équipe de foot, il faudrait<br />
encore jurer allégeance à un<br />
magasin ? Là, tiens !<br />
Les points crétins<br />
Qu’il s’agisse des classiques cartes à<br />
cases ou d’une de leurs variantes numériques<br />
(e-coupons, kilométrage aérien…),<br />
la carambouille commerciale est vieille<br />
comme l’arnaque : on gonfle les prix de<br />
10% pour persuader le chaland qu’il<br />
emporte gracieusement le dixième article.<br />
Les supermarchés, qui disposent d’une<br />
marge de manœuvre plus restreinte en<br />
matière tarifaire, usent quant à eux d’un<br />
procédé plus sournois, qui repose sur<br />
une filouterie rhétorique : « 1 Point Bonus<br />
= 0,01 euro – dès 500 points épargnés vous<br />
pouvez obtenir un chèque Bonus de 5€ », claironne<br />
Carrefour sur son site 1 , jouant de<br />
façon assez équivoque sur la symétrie du<br />
signe d’égalité (si a=b, alors b=a), ce qui<br />
ne manque pas de semer la confusion<br />
dans l’esprit du consommateur. En réalité,<br />
un point acheté (entre 2€ et 3,99€) n’a<br />
évidemment pas la même valeur qu’un<br />
point revendu (0,01€). Au final, la formidable<br />
ristourne promise se situe quelque<br />
part entre 0% (puisqu’il s’agit toujours de<br />
« tranches » de 2€, un achat de 1,99€ ne<br />
rapportant rien du tout) et 0,5%. Le deal<br />
du siècle ?<br />
1 https://bonuscard.be.carrefour.eu/fr/faq#t2n124<br />
Et ça marche : la plupart des études<br />
marketing indiquent que ces cartes<br />
incitent les consommateurs à se rendre<br />
plus souvent dans l’enseigne et à y acheter<br />
davantage 2 . C’est l’ahuri futé qui évite<br />
d’éparpiller ses points dans différents<br />
magasins ; c’est le corniaud perspicace<br />
qui achète une boîte de Tic-Tac à la caisse<br />
parce qu’il calcule que ça lui rapportera<br />
un point supplémentaire.<br />
Fidélité à sens unique<br />
Mais quel est donc le prix à payer pour<br />
bénéficier de si somptueux avantages ?<br />
Oh, juste une formalité : on nous demandera<br />
simplement de bien vouloir renseigner<br />
nos nom, prénom, date de naissance,<br />
adresse, téléphone, email et, tant qu’on y<br />
est, composition de ménage. Pour en faire<br />
quoi ? Mais tout simplement les exploiter,<br />
les partager et, bien entendu, les vendre.<br />
Le « tracking » constitue la plus évidente<br />
des méthodes d’utilisation de ces<br />
cartes. Il s’agit simplement de stocker nos<br />
données dans une banque interne,<br />
afin de pouvoir nous les briser<br />
plus menu avec des publicités personnalisées<br />
et des folders à domicile.<br />
Reste à savoir qui a accès aux<br />
banques de données en question.<br />
Dans bien des commerces, tous les<br />
membres du personnel peuvent<br />
consulter les informations de n’importe<br />
quel client, ce qui pose à tout<br />
le moins la question de la protection<br />
de la vie privée. Votre ex travaille<br />
chez Brico, où vous avez une<br />
carte ? N’oubliez pas qu’il lui suffit<br />
de taper votre nom pour connaître<br />
votre adresse et même le nom de<br />
vos enfants. Prompte à cafter, la<br />
carte de fidélité !<br />
Deuxième utilisation : le partage<br />
de nos données avec des « partenaires<br />
», dont la liste est parfois<br />
longue comme le bras et qui entretiennent<br />
un lien souvent flou avec<br />
l’enseigne émettrice (ainsi du quotidien<br />
L’avenir pour Carrefour, par<br />
exemple). Il faut encore ajouter à<br />
cette liste les improbables « partenaires<br />
du mois », régulièrement<br />
remplacés. Avouez qu’en matière<br />
de fidélité, on fait nettement mieux.<br />
Enfin, troisième option, de loin<br />
la plus flippante : la revente pure<br />
et simple de nos données à des<br />
sociétés tierces. Sans s’embarras-<br />
2 Voir entre autres : http://www.marketing-professionnel.fr/chiffre/carte-fidelite-usages-impact-fidelisationclients-04-2011.html<br />
ser de la syntaxe, Carrefour<br />
explique ainsi que<br />
« les données personnelles<br />
reprises sur le formulaire<br />
d’inscription et récoltées<br />
via l’utilisation de la Carte,<br />
pourront, sauf opposition<br />
de la part du Titulaire,<br />
pourront [sic] être communiquées<br />
à des sociétés liées<br />
à Carrefour Belgium ou à<br />
des Sociétés Partenaires<br />
ou à des tiers qui proposer<br />
[sic] des produits ou des services au<br />
Titulaire. » 3 . Delhaize va même plus loin<br />
et avoue partager les données avec « des<br />
outils d’analyse web, comme Google ou<br />
Omniture » 4 . Rappelons aux distraits<br />
qu’Omniture, société américaine de collecte<br />
et d’analyse de données à des fins de<br />
marketing, récolte également les fichiers<br />
d’Apple, Amazon et Adobe (qu’elle vient<br />
d’ailleurs de racheter). Autant dire que<br />
ces rigolos-là savent à peu près tout de<br />
nous, depuis la pointure de nos godasses<br />
jusqu’à notre bouquin préféré, en passant<br />
par notre tension artérielle et notre<br />
rythme cardiaque. Maintenant, grâce au<br />
zèle des supermarchés, ils savent aussi ce<br />
que nous bouffons, si nous nous protégeons<br />
pendant l’amour et combien parmi<br />
nous sont alcooliques.<br />
3 https://bonuscard.be.carrefour.eu/fr/conditions-generales-dela-carrefour-bonus-card<br />
4 file:///C:/Users/Ben/Downloads/belgium-pdf-privacypolicycarteplus-fr.pdf<br />
LA FIDÉLITÉ DU BONUS DE<br />
LA FIDÉLITÉ DU BONUS DE<br />
LA FIDÉLITÉ DU BONUS DE<br />
LA FIDÉLITÉ.<br />
Yakana<br />
Semper FI 5<br />
Si on a bien raison de s’interroger sur<br />
l’usage que ces sociétés de marketing<br />
pourront faire de nos données (la revente<br />
à des groupes d’assureurs pourrait par<br />
exemple représenter un débouché très<br />
lucratif), on serait également bien inspiré<br />
de s’intéresser à certaines de leurs<br />
dispositions particulières : « nous nous<br />
réservons également le droit de transmettre<br />
toutes les données que nous avons<br />
vous concernant en cas vente ou<br />
de cession de tout ou partie de<br />
nos activités ou avoirs » 6 , lit-on<br />
notamment sur à peu près tous<br />
les sites concernés. Ainsi, quand le<br />
méchant L’Oréal rachète le gentil<br />
Body Shop, il récupère au passage<br />
quantité d’informations concernant<br />
une clientèle qui, jusque-là,<br />
lui échappait largement.<br />
De même, comment être assez<br />
naïf pour imaginer un seul instant<br />
que les fichiers encodés seront<br />
un jour effacés ? Que les « partenaires<br />
du mois » se déferont de<br />
nos coordonnées sitôt le soir du 31<br />
venu ? Les listes « Robinson », qui<br />
recensent les clients ne souhaitant<br />
plus être importunés, restent d’un<br />
usage marginal et ne supposent<br />
d’ailleurs aucunement l’effacement<br />
de la moindre donnée.<br />
Le meilleur pour la fin : « il est<br />
également possible que nous pensions<br />
qu’il est nécessaire ou souhaitable<br />
de transmettre vos données<br />
pour prévenir un dommage<br />
physique ou financier, ou en cas<br />
d’enquête sur une fraude présumée<br />
ou avérée ou sur des activités<br />
illégales. » 7 Ou quand notre supermarché<br />
se pose en défenseur de la<br />
moralité publique. Et ces balances<br />
voudraient qu’on leur soit fidèle !<br />
En définitive, il ressort que les chaînes<br />
commerciales se réservent le droit de<br />
vendre nos informations personnelles<br />
à n’importe qui, n’importe quand et<br />
n’importe comment. Et puisqu’il n’existe<br />
qu’une seule manière d’échapper à leurs<br />
radars, il n’avons plus qu’à découper nos<br />
cartes de fidélité en petits morceaux.<br />
5 Abréviation de « Semper Fidelis » : « Toujours fidèle » (devise<br />
des U.S. Marines)<br />
6 file:///C:/Users/Ben/Downloads/belgium-pdf-privacypolicycarteplus-fr.pdf<br />
7 file:///C:/Users/Ben/Downloads/belgium-pdf-privacypolicycarteplus-fr.pdf<br />
Petite incursion dans les Conférences<br />
de citoyens, une procédure<br />
démocratique qui remet le<br />
plouc de base au centre du jeu,<br />
ce qui ennuie les experts de tous<br />
bords. En économie, il y a des<br />
choix à faire ; ni résultat de lois<br />
inéluctables, ni pures positions<br />
de force d’intérêts partisans, ces<br />
choix doivent être démocratiques.<br />
Certes, cela ne permet pas de renverser<br />
la table, de mettre l’économie<br />
cul par-dessus tête et le prolétaire<br />
sur la tête du capitaliste.<br />
Mais comme le prolétaire belge<br />
n’a pas l’air prêt à renverser la<br />
table demain, risquons-nous.<br />
Un changement fondamental<br />
de modèle<br />
L’idée m’est venue de vous parler des<br />
Conférences de citoyens ou des Conférences<br />
de consensus à la lecture des<br />
débats parlementaires préalables au<br />
vote d’une loi récente. Il ne vous aura<br />
peut-être pas échappé que le Parlement<br />
fédéral a voté une loi modifiant le<br />
financement de la sécurité sociale. Ce<br />
n’est peut-être pas votre tasse de thé,<br />
c’est technique, compliqué et tout cela,.<br />
mais, c’est important. Que vous soyez en<br />
faveur du maintien de l’actuelle sécurité<br />
sociale (soins de santé, chômage, pensions,…)<br />
ou que vous vous soyez laissé<br />
séduire par les sirènes d’une allocation<br />
universelle, vous êtes conscient qu’il<br />
faut financer le bidule.<br />
Or donc, nos parlementaires ont<br />
décidé d’entendre des experts ainsi que<br />
les actuels gestionnaires de la sécu (les<br />
partenaires sociaux) avant de voter.<br />
Bonne idée, si ce n’est que ces auditions<br />
ne changent pas les votes et que la loi<br />
fut votée (majorité contre opposition).<br />
Plus encore, lors des auditions, les bancs<br />
de la majorité étaient singulièrement<br />
déserts. La chercheuse Pascale Vielle<br />
(droit social, UCL) y a pourtant expliqué<br />
une chose non anodine. « Il me semble »,<br />
a-t-elle déclaré, « que la loi consacre l’aboutissement<br />
d’un changement de paradigme en<br />
Belgique et d’un glissement vers un modèle<br />
anglo-saxon. Je pense donc qu’il est important<br />
de savoir, lorsqu’on adopte cette loi, ce<br />
qu’on est en train de faire. »<br />
Un paradigme, c’est une conception<br />
théorique, un cadre, un modèle cohérent<br />
qui permet de construire et d’organiser<br />
des données et de faire des hypothèses<br />
pour le futur. Elle déclare donc que la<br />
loi est l’aboutissement d’un changement<br />
de modèle et, en bonne pédagogue, elle<br />
rappelle qu’historiquement il y a trois<br />
modèles différents d’organisation de la<br />
sécurité sociale. Elle ne dit pas que l’on<br />
modifie tel ou tel élément du financement,<br />
elle ne se demande pas s’il vaut<br />
mieux organiser le financement à partir<br />
de la TVA ou d’autre chose. Elle dit<br />
qu’on change de vision, qu’on change de<br />
monde social. Ce n’est pas rien.<br />
C’est passé comme une lettre à la poste,<br />
quelle que soit la qualité des interventions<br />
des différents experts, représentants<br />
syndicaux et patronaux compris.<br />
Les représentants patentés ont fait leur<br />
boulot, l’opposition dénonçant, démontrant,<br />
s’insurgeant, la majorité défendant<br />
le texte du gouvernement. Emballé,<br />
plié.<br />
Cela signifie qu’un élément central de<br />
l’organisation de notre société, qui la<br />
structure depuis la fin de la deuxième<br />
guerre mondiale, peut être profondément<br />
transformé sans qu’il n’y ait un<br />
large débat public, sans que celles et<br />
ceux dont ce n’est pas la profession de<br />
« gérer » la sécurité sociale ou de voter<br />
les lois n’en aient même réellement<br />
conscience.<br />
Référendum ?<br />
Faudrait-il comme en Suisse organiser<br />
une votation, un référendum si vous<br />
préférez, pour savoir ce que le peuple<br />
souverain pense de ce changement ?<br />
Le problème du référendum, c’est qu’il<br />
additionne la pomme ou la poire de<br />
chaque individu.<br />
D’une part, il est difficile de savoir<br />
ce que signifie un « oui » ou un « non ».<br />
En témoignent les débats post-référendaires,<br />
dont celui qui suivit en France le<br />
référendum à propos du Traité constitutionnel<br />
européen reste exemplaire.<br />
Donc, on additionne des « oui » ou des<br />
« non » qui ne veulent pas dire la même<br />
chose. Impossible de dire « oui, mais »,<br />
« oui, si », « oui, parce que ».<br />
D’autre part, on empile des choix individuels.<br />
Comme sur un marché. Chacun<br />
forge son opinion dans son for intérieur<br />
et décide, individuellement. Même si<br />
des débats préparatoires de qualité sont<br />
organisés, comme dans le cas du référendum<br />
français, le vote n’est pas collectif,<br />
il est individuel. Comme quand vous<br />
décidez ou non d’acheter des pommes<br />
ou des poires, d’alimenter un fonds de<br />
pension par votre épargne ou d’acheter<br />
une auto ou un vélo. Même si vous réfléchissez<br />
aux conséquences collectives de<br />
votre décision, vous ne pouvez décider<br />
et voter qu’individuellement et attendre<br />
le show télévisé pour connaître le résultat<br />
collectif.<br />
Or, la sécurité sociale, pour revenir à<br />
elle, c’est un enjeu collectif, qui concerne<br />
tout un chacun aujourd’hui mais aussi<br />
les générations futures. C’est un enjeu<br />
dominé par des intérêts contradictoires<br />
et largement pollué par des caricatures,<br />
des approximations et des mensonges<br />
du genre : « les chômeurs sont des fainéants<br />
qui travaillent au noir ». Au-delà<br />
des grands principes d’organisation,<br />
c’est aussi un système technique devenu<br />
compliqué à comprendre lorsqu’on entre<br />
dans les détails, là où se cache le diable.<br />
Perso, je ne parierais pas un kopeck sur<br />
un référendum en faveur de la sécurité<br />
sociale.<br />
Conférences citoyennes<br />
Donc, ni professionnels, ni référendum.<br />
Mais alors, quoi , demandes-tu,<br />
lecteur bientôt lassé ? Eh bien, des nonprofessionnels<br />
réunis pour analyser une<br />
problématique et prendre une décision<br />
collective. Posez une problématique<br />
générale « organisation et financement<br />
de la sécurité sociale ». Tirez au sort une<br />
vingtaine de « citoyens », en plusieurs<br />
étapes, afin de garantir la représentation<br />
des genres, des âges, etc. Vérifiez<br />
qu’ils n’ont aucun lien avec la problématique<br />
en question. Libérez-les de<br />
leurs contraintes de boulot pour trois<br />
ou quatre sessions de travail de trois ou<br />
quatre jours. Rémunérez-les, ni trop, ni<br />
trop peu. Organisez une formation de<br />
base dans la matière concernée, en veillant<br />
à y inclure l’apport des historiens,<br />
des sociologues,… et la liste des personnes-ressources<br />
disponibles.<br />
Ensuite, laissez-les établir la liste des<br />
personnes, experts patentés ou non,<br />
qu’ils veulent entendre. Point besoin<br />
d’unanimité, à ce stade. Tout peut être<br />
entendu, tout peut faire farine au moulin.<br />
Toutes les options possibles, toutes<br />
les positions en présence doivent avoir<br />
droit de cité. Et laissez-les construire la<br />
problématique qu’ils vont devoir traiter.<br />
La manière dont les questions sont<br />
posées a autant d’importance que les<br />
réponses.<br />
Lorsque vos citoyens s’estiment suffisamment<br />
informés, ils se retirent pour<br />
élaborer des choix politiques et des<br />
actions à mener pour les concrétiser.<br />
Non pas majorité contre opposition ; au<br />
consensus. En prenant le temps nécessaire<br />
pour se convaincre mutuellement<br />
de manière argumentée du caractère<br />
fondé et désirable des choix retenus. Le<br />
résultat de la Conférence citoyenne doit<br />
être contraignant pour le Parlement qui<br />
devra l’exécuter au travers de lois, arrêtés,<br />
décrets, ordonnances.<br />
À Sylvie Kwaschin.<br />
Je comprends que tu aies presque<br />
l’air de t’excuser de parler des<br />
conférences de consensus. Tu as<br />
vu ce que le Parlement de Wallonie<br />
organise ? Quatre jours de<br />
« Panel citoyen » pour produire<br />
une « déclaration de consensus » à<br />
propos des « enjeux du vieillissement<br />
». Les citoyens sélectionnés<br />
sont ceux qui se sont déclarés disponibles<br />
suite à un sondage. Pour<br />
l’indépendance, c’est pas gagné.<br />
Pas question de plusieurs jours de<br />
formation : l’IWEPS a commandé<br />
une étude de quelques 630 pages<br />
à l’UCL et les participants ont eu<br />
droit à une « synthèse » lors de la<br />
première journée. Pas besoin donc<br />
de lire toutes ces pages, encore<br />
moins de rechercher d’autres<br />
sources d’information, différentes,<br />
contradictoires ou convergentes.<br />
Le groupe d’experts de soutien est<br />
défini préalablement, pas question<br />
de choisir ses interlocuteurs.<br />
Si on les prend pour des cons<br />
incapables de lire, les participants<br />
ont tout de même dû consacrer un<br />
Quel est le pari ?<br />
Le pari est que des citoyens correctement<br />
informés, n’ayant d’autre intérêt<br />
que celui de rechercher les choix à<br />
poser pour le plus grand nombre, sans<br />
pression de lobbys, feront au moins de<br />
l’aussi bon boulot que des parlementaires<br />
enfermés dans le jeu stérile d’un<br />
accord de gouvernement et le nez sur la<br />
prochaine échéance électorale. Le principe<br />
est aussi, pour les questions fondamentales,<br />
qui engagent l’avenir de long<br />
terme de tous, de rechercher le consensus<br />
plutôt que la majorité simple et de<br />
construire une position collective plutôt<br />
qu’un agrégat de choix individuels plus<br />
ou moins éclairés.<br />
De manière certes limitée, cela permet<br />
une appropriation des choix politiques<br />
par les citoyens ainsi que l’apprentissage<br />
par chacun, quelle que soit son origine,<br />
sa formation, etc., de ce qu’il est capable<br />
de raisonner un choix politique.<br />
Ce n’est pas…<br />
Ce n’est pas la révolution. C’est un aménagement<br />
des institutions dites démocratiques<br />
dans une économie capitaliste.<br />
La révolution ne semblant pas pour<br />
demain, faudrait-il se priver de tels aménagements<br />
? Cela me paraît en tout cas<br />
plus intéressant qu’un référendum. Ah<br />
oui, petite précision : je n’ai rien inventé.<br />
Cela existe de plus de trente ans, cela<br />
a fonctionné pour des choix dans des<br />
matières complexes (choix technologiques<br />
notamment). Les Économistes<br />
atterrés demandent une « Conférence de<br />
consensus » sur l’évaluation des 35h. en<br />
France afin de dépolluer le débat…<br />
peu de temps pour faire allégeance<br />
et prêter serment « je jure de servir<br />
loyalement ma région ». Vive la<br />
démocratie de service !<br />
Selon le site du Parlement, « les<br />
rencontres permettront de comprendre<br />
et de bien mesurer les<br />
enjeux du vieillissement de la<br />
population sur l’évolution de la<br />
société wallonne et de faire passer<br />
quelques messages et idées-clefs<br />
importants au monde politique<br />
(députés wallons et Gouvernement<br />
wallon) qui se mettra dans une<br />
position d’écoute et de dialogue. »<br />
Fais-moi un petit dessin pour la<br />
position d’écoute et de dialogue,<br />
steplaît… J’en suis déjà tout chose.<br />
L’IWEPS avait déjà frappé en 2015<br />
en réunissant des gens pendant<br />
une journée, pour trois thématiques<br />
(!) sous l’étiquette « Conférence<br />
de citoyens ».<br />
Alors : citoyenneté riquiqui parce<br />
que budget petit, petit ? Ou foutage<br />
de gueule mal maquillé ?<br />
Sokolov<br />
Une carte de fidélité, c’est fantastique.<br />
Mais des centaines, c’est<br />
encore mieux ! A condition de ne<br />
JAMAIS les utiliser. Leurs reflets<br />
bleus brillent doucement dans la<br />
lumière du printemps et sont la promesse<br />
dans les cieux d’un éden du<br />
consommateur récompensé. Le Dieu<br />
capitaliste est potentialité, chers<br />
fidèles. Mais personne ne l’a jamais<br />
aperçu dans un supermarché.<br />
Commencez tous votre collection !<br />
Celui ou celle qui aura plus de 100<br />
cartes de fidélité recevra une carte<br />
de membre.