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PDF INTEGRAL DL 238

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NUMÉRO<br />

SPÉCIAL<br />

ANNIVERSAIRE<br />

30<br />

ANS<br />

RURALITÉ LOTOISE<br />

La dimension<br />

humaine, alternative<br />

au modèle urbain ?<br />

PATRIMOINE(S)<br />

Le défi de<br />

la conservation<br />

R 29136 - <strong>238</strong>-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 - F : 5,50€ ISSN 0<strong>238</strong>0 0988-9795<br />

ECONOMIE, TOURISME / 1987-2017<br />

LE LOT EST-IL SORTI<br />

DE SA RÉSERVE ?<br />

AGRICULTURE,<br />

ENVIRONNEMENT<br />

Pas de pays<br />

sans paysans !<br />

FIGEAC, CAHORS, SOUILLAC....<br />

30 ANS DE CULTURE<br />

DANS LE LOT


30 ans de Lot,<br />

et toujours tant de choses à dire…<br />

Explorer pour susciter l’envie, donner à comprendre et donner à voir. S’immerger,<br />

décrypter pour créer le débat et parfois lancer l’alerte. Participer à la transmission<br />

de la mémoire du territoire et mettre en lumière celles et ceux qui œuvrent à sa<br />

vitalité au quotidien. Voilà ce qui anime la rédaction du<br />

magazine depuis 30 ans. De la curiosité, des convictions,<br />

beaucoup de passion et ce désir permanent de partager<br />

avec vous, amis lecteurs, toutes nos rencontres et nos<br />

découvertes.<br />

Faire de sa ruralité un atout dans un contexte de fracture,<br />

garder ses forces vives et s’ouvrir au monde, accueillir<br />

sans se compromettre et veiller à préserver son identité,<br />

sa culture et son patrimoine, affirmer sa place dans la<br />

recomposition des territoires, autant de défis que le Lot<br />

devra continuer à relever et autant de sujets que nous<br />

aurons à partager avec vous dans les années à venir.<br />

Bonnes lectures !<br />

Vincent Besserve<br />

& toute l’équipe du magazine<br />

Société éditrice : DIRE TERRITOIRES, Sarl au capital de 5000€ - RCS CAHORS 529 697 864 - Siret 52969786400013<br />

Contact abonnements, rédaction et service commercial : DIRE TERRITOIRES - 141, Chemin du Paradis - 46000 CAHORS<br />

contact@dire-territoires.fr - 09 67 00 73 40<br />

Directeur de la publication & Rédacteur en chef : Vincent Besserve<br />

Rédacteurs et photographes ayant collaboré à ce numéro : Christophe Pélaprat, Pierre Leconte, Christine Hoden, Pierre Sourzat, Hélène Ferrarini, Alain Idez, Anne-Gaëlle de Mersan<br />

Photo de une : J. Morel / Création graphique et mise en page : - www.eure-k.fr / Impression : France Quercy, 46090 Mercuès<br />

Commission paritaire N°0313 K 84291 / ISSN 0988-9795 - Dépôt légal 4 e trimestre 2017 / Périodicité bi-mestrielle / n°<strong>238</strong> NOVEMBRE-DECEMBRE 2017<br />

Tous droits de reproduction réservés<br />

Prix de vente au numéro : 5,50€ - Abonnements : 6 numéros (1an) + hors-série 43€ ou 12 numéros (2ans) + hors-série 79€<br />

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1<br />

RAYER LA MENTION INUTILE / BULLETIN À ADRESSER À : DIRE TERRITOIRES - 141, CHEMIN DU PARADIS - 46000 CAHORS - Tél. 09 67 00 73 40


Sommaire<br />

03<br />

EDITO<br />

•<br />

05<br />

SOMMAIRE<br />

•<br />

06<br />

RENCONTRE<br />

L’homme qui voulut dire « Lot »<br />

Aux genèses d’un magazine.<br />

•<br />

10<br />

HISTOIRE & PATRIMOINE<br />

Patrimoine(s),<br />

le défi de la conservation.<br />

•<br />

20<br />

TERRITOIRE<br />

Ruralité lotoise.<br />

La dimension humaine,<br />

alternative au modèle urbain ?<br />

•<br />

28<br />

TERRITOIRE<br />

Economie, tourisme<br />

1987-2017<br />

Le Lot est-il sorti de sa réserve ?<br />

38<br />

NATURE & ENVIRONNEMENT<br />

Agriculture, territoire et environnement<br />

Pas de pays sans paysans !<br />

•<br />

50<br />

ART DE VIVRE<br />

30 ans de culture dans le Lot !<br />

•<br />

60<br />

AGENDA<br />

Sortir dans le Lot<br />

La sélection d'Anne-Gaëlle.<br />

•<br />

64<br />

L'OEIL ET LA PLUME<br />

Dire Lot,<br />

30 ans déjà !<br />

•<br />

65<br />

LECTURES<br />

•<br />

66<br />

DIRELOT NEWS<br />

5<br />

/#235/mai-juin 2017


#<strong>238</strong>/novembre-décembre 2017 RENCONTRE<br />

6<br />

RENCONTRE<br />

L ’homme qui voulut<br />

dire « Lot »<br />

Aux genèses<br />

d’un magazine.<br />

Textes et Photos Christophe Pélaprat


Il voulut dire « Lot », il osa Dire Lot. Guy Pautis eut l’ambition de<br />

donner au département un vrai magazine d’information, digne de<br />

grands titres nationaux. Une aventure inscrite dans le contexte des<br />

années 80, portée par l’opiniâtreté de ce communiquant qui alla au<br />

bout de ses convictions. Confidences.<br />

Que manquait-il dans le paysage<br />

médiatique lotois des<br />

années 80 ? C’est la question<br />

que s’est posée Guy Pautis<br />

après avoir fait ses premières<br />

armes dans les quotidiens<br />

régionaux. Des débuts à Sud-Ouest,<br />

puis plusieurs années de bons et loyaux<br />

services à La Dépêche du Midi à Cahors (où<br />

ce Lot-et-Garonnais d’origine oeuvra sous<br />

la direction d’un certain Martin Malvy).<br />

« Après cette période, j’ai eu envie de faire du<br />

journalisme hors des contraintes d’un quotidien,<br />

il me fallait trouver une porte de sortie.<br />

J’ai pris le risque de démissionner en 1985,<br />

en créant d’abord une agence de communication.<br />

Et puis, un jour, je me suis lancé. »<br />

Créer un autre quotidien ? Trop lourd pour<br />

démarrer. Un hebdomadaire ? Le Lot en<br />

connaissait déjà deux. Ce sera un magazine,<br />

Dire Lot, dont le premier numéro parut en<br />

octobre 1987.<br />

« La volonté était de créer un news magazine,<br />

pas une revue : la moitié des sujets<br />

était consacrée à des sujets de société, à la<br />

politique, à l’économie… Je voulais faire à<br />

l’échelle locale ce que proposaient des magazines<br />

d’information nationaux. » Le nom ?<br />

« On a cherché pendant plusieurs jours, mais<br />

notre premier objectif était de vouloir dire<br />

les choses : « Dire Lot » s’est imposé. »<br />

« Au début, l’ambiance était « associative »,<br />

se souvient Guy Pautis, la performance était<br />

un peu secondaire. » Un comité de rédaction<br />

épaulait des pigistes quasi bénévoles, que<br />

des collaborations ponctuelles venaient<br />

compléter. Plusieurs érudits ou spécialistes<br />

lotois y participaient, tels l’historien Pierre<br />

Laborie, l’architecte du patrimoine Gilles<br />

Séraphin… « C’était dur mais on n’avait pas<br />

l’impression de travailler, c’est la période où<br />

j’ai pu le plus m’exprimer. » D’abord mensuel,<br />

Dire Lot devint rapidement bimestriel :<br />

« ce n’était pas tenable, on a vite vu qu’on<br />

allait s’épuiser ».<br />

« Je suis curieux de<br />

tout et je parlerai de<br />

tout. Je dirai aussi bien<br />

ma révolte et mon<br />

scepticisme que mon<br />

admiration. Je dirai mon<br />

plaisir. Et je laisserai dire.<br />

Comme il faut connaître<br />

ses limites et bien<br />

savoir ce que l'on dit,<br />

j'ai choisi d'être, à ma<br />

manière, un reflet d'un<br />

seul département. Celui<br />

où mes parents m'ont<br />

fait naître. Celui où je<br />

partage déjà le bonheur<br />

d'y vivre et de l'aimer<br />

passionnément. Le LOT. »<br />

Extrait de l’éditorial du 1er numéro de Dire Lot<br />

Premier magazine français entièrement<br />

dédié à un département rural, Dire Lot gagna<br />

vite en notoriété et fut rapidement aux<br />

mains d’une petite équipe de journalistes.<br />

Lancé à 2000 exemplaires, il atteignit l’objectif<br />

des 4000, et culmina même jusqu’à<br />

6000 exemplaires, un tirage très important<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 RENCONTRE<br />

7


#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 RENCONTRE<br />

8<br />

à l’échelle d’un département comme le Lot.<br />

« On peut estimer qu’un lotois sur trois nous<br />

lisait. Nous disions les choses que les autres<br />

ne disaient pas, nous proposions des sujets<br />

que personne ne traitait, nous faisions beaucoup<br />

de portraits… C’était un travail de fond,<br />

novateur dans le paysage médiatique local.<br />

On a voulu apporter un regard nouveau, on<br />

a montré une qualité d’écriture, la volonté<br />

d’avoir de belles photos… Le magazine a attiré<br />

une nouvelle clientèle, nous avions aussi<br />

des abonnés en dehors du département,<br />

même à l’étranger… Aujourd’hui, ce serait<br />

difficile de lancer un tel produit, l’information<br />

circule partout. À l’époque, à part La<br />

Dépêche, un peu la télévision régionale, les<br />

sources étaient très limitées et connotées. »<br />

« La première année,<br />

j’aurais dû arrêter.<br />

Mais il fallait que<br />

ça réussisse,<br />

financièrement,<br />

intellectuellement et<br />

psychologiquement. »<br />

Bien sûr, Dire Lot n’était pas au début très<br />

rentable. « La première année, j’aurais dû<br />

arrêter. Mais il fallait que ça réussisse, financièrement,<br />

intellectuellement et psychologiquement.<br />

J’avais une obligation absolue de<br />

réussir », confie son fondateur. Le magazine<br />

offrait toutefois une vitrine à Dire Communication,<br />

la société qu’avait fondé Guy<br />

Pautis, prestataire auprès de collectivités<br />

et d’entreprises, et créatrice à la même<br />

période du magazine Entreprendre, pour<br />

la Chambre de commerce et d’industrie.<br />

Entre prestations, rédaction et fabrication<br />

des deux magazines, Dire Communication<br />

a pu ainsi mutualiser ses moyens et ses<br />

journalistes, dès lors fins connaisseurs de<br />

leur territoire. « Nous pouvions autant faire<br />

les nègres pour des clients privés ou publics<br />

que nous exprimer librement dans Dire Lot.<br />

Nous avions l’équipe qu’il fallait, il y avait un<br />

bon équilibre des plumes, un bon partage des<br />

sujets. »<br />

Un mélange des genres qui aurait pu s’avérer<br />

périlleux. Car Dire Lot ne s’est pas gêné<br />

pour apporter un regard parfois très critique<br />

sur l’actualité départementale et dénoncer<br />

certains projets locaux. « Nous n’hésitions<br />

pas à être un peu… impertinents »,<br />

confirme Guy Pautis. Les oppositions à la<br />

THT (ligne à très haute tension) qui faillit<br />

traverser le Quercy blanc, les questionnements<br />

autour de l’autoroute, les tribulations<br />

de l’ancien camp militaire de Virouloux,<br />

les aides aux entreprises… nombreux<br />

furent les sujets soulevés à vif par le magazine,<br />

sans complaisances avec des clients<br />

de Dire Communication. « Je n’aurais pas<br />

accepté de pressions, mais il n’y en a pas eu ».<br />

Seule exception : l’affaire Bernard Charles,<br />

quand Dire Lot mena dans les années 90 un<br />

travail d’investigation sur un conflit d’intérêt<br />

concernant le maire de Cahors. Une<br />

enquête qui fit du bruit et valut au magazine<br />

son record de vente. L’histoire, qui<br />

finira sans mal… mais au tribunal, illustre<br />

la détermination qu’eut Guy Pautis dans<br />

sa volonté de dire les choses. « Je ne recule<br />

jamais », prévient-il.<br />

Quand Dire Lot est né, mettre en place sa<br />

chaîne de fabrication fut une tâche lourde<br />

et onéreuse. Les prémices de l’informatique<br />

et du numérique ont ensuite permis de<br />

diminuer ces coûts : Dire Communication<br />

a pu se pérenniser et Dire Lot, en noir et<br />

blanc au début, a connu la couleur. Malgré<br />

ces évolutions et la passion qui le portait,<br />

Guy Pautis a su s’arrêter au bout d’une dizaine<br />

d’années. Le magazine sera racheté :<br />

une autre histoire.<br />

Pour le créateur, aucun regret : « J’ai fait du<br />

journalisme totalement libre, retient-il. Ce<br />

furent les dix années les plus intéressantes<br />

de ma carrière, les plus dures aussi. »<br />

Dire Lot toujours vivant, trente ans après ?<br />

Guy Pautis en est le premier étonné. •


HISTOIRE & PATRIMOINE // Escapade


HISTOIRE & PATRIMOINE<br />

Patrimoine( s),<br />

le défi de la<br />

conservation<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 HISTOIRE & PATRIMOINE // Escapade<br />

11<br />

Textes et Photos Christophe Pélaprat


#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 HISTOIRE & PATRIMOINE // Patrimoine(s), le défi de la conservation<br />

12<br />

Difficile de nier que le Lot possède l’un des plus beaux patrimoines<br />

bâtis de l’hexagone, inscrits dans des paysages et un patrimoine<br />

naturel tout aussi remarquables.<br />

Mais si en plus de trente ans le département a lentement changé de<br />

visage, a-t-il su préserver cet extraordinaire héritage ?<br />

Réussira-t-il dans l’avenir à conserver cette âme ?<br />

Art majeur du Quercy, le patrimoine<br />

bâti du Lot a connu<br />

une double chance : il a pu<br />

rester immuable pendant<br />

plusieurs siècles et a suscité<br />

l’intérêt d’érudits passionnés<br />

qui surent l’inventorier et l’étudier,<br />

relayés par des associations et des administrations<br />

conscientes de sa richesse. Le<br />

docteur Alfred Cayla dans les années 60,<br />

puis l’association Quercy Recherche qu’incarnait<br />

Jean-Luc Obereiner dans les décennies<br />

suivantes, ont trouvé un patrimoine<br />

rural encore « dans son jus », laissé en l’état<br />

depuis ses origines et le dépeuplement qui<br />

s’en suivi. Aujourd’hui encore, le visiteur<br />

est d’emblée saisi par la prégnance et l’harmonie<br />

de l’architecture paysanne quercynoise,<br />

à l’instar du voyageur Arthur Young<br />

qui en 1787 s’émerveillait<br />

de voir en ces<br />

contrés extrêmement<br />

pauvres de si beaux<br />

« cottages ».<br />

« Le Quercy n’a pas<br />

brillé comme dans<br />

d’autres régions par<br />

ses costumes, ses céramiques<br />

ou sa musique,<br />

mais par son architecture,<br />

relève Catherine<br />

David, architecte spécialisée<br />

en patrimoine<br />

paysager. Il y a eu ici<br />

un désir d’architecture,<br />

une volonté de<br />

se distinguer avec, à<br />

l’échelle d’un village,<br />

d’une maison, d’une<br />

ferme… tout s’accordait,<br />

même dans des<br />

milieux très modestes.<br />

Le Lot a fortement<br />

conservé ce patrimoine<br />

inscrit dans le paysage, qui fait encore<br />

illusion aujourd’hui. » Illusion ? « Cette harmonie<br />

d’ensemble se dissout », poursuit l’architecte,<br />

qui garde l’heureux souvenir des<br />

visites qu’animait Alfred Cayla pour faire<br />

découvrir ce patrimoine. Parmi les maisons<br />

photographiées par celui-ci ou Quercy<br />

Recherche, peu sont encore intactes de nos<br />

jours.<br />

UN PATRIMOINE RICHE<br />

MAIS EN VOIE D’ÉROSION<br />

« Le patrimoine s’est énormément érodé,<br />

confirme Mathieu Larribe, directeur du<br />

CAUE (1) du Lot. Son maintien implique de la<br />

rénovation mais il y a eu beaucoup de pertes<br />

et de banalisation. Le Lot est un département<br />

Une maison rénovée à Marcilhac-sur-Célé


UNE CHARTE POUR<br />

LES SAVOIR-FAIRE<br />

« Endiguer les<br />

pertes ordinaires<br />

sur le patrimoine<br />

par une<br />

approche sensible<br />

collective, une<br />

connaissance<br />

approfondie<br />

des savoir-faire<br />

traditionnels et le<br />

partage d’un ensemble<br />

de bonne<br />

pratiques »,<br />

tels sont les<br />

objectifs de<br />

cette Charte des<br />

savoir-faire de la<br />

restauration du<br />

Les savoir faire font l’objet d’une charte<br />

regroupant des artisans sur le territoire du<br />

Parc naturel régional.<br />

patrimoine bâti, inaugurée cet automne par le Parc<br />

naturel régional, la Chambre des métiers et le CAUE.<br />

La Marque « Valeurs du Parc naturel régional des<br />

Causses du Quercy » est ainsi attribuée à des artisans<br />

qui conservent encore les savoir-faire nécessaires<br />

à une restauration de qualité du patrimoine bâti,<br />

dans les métiers de la maçonnerie traditionnelle, la<br />

maçonnerie pierre sèche, la charpente, la couverture,<br />

la menuiserie et la ferronnerie. Une dizaine d’artisans<br />

sont actuellement marqués, une trentaine devraient<br />

être concernés l’année prochaine.<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 HISTOIRE & PATRIMOINE // Patrimoine(s), le défi de la conservation<br />

13<br />

à la fois préservé mais dont le patrimoine se<br />

dégrade lentement car il n’a plus d’usage. »<br />

Concilier rénovation et sauvegarde de l’habitat<br />

ancien, sensibiliser le public, préserver<br />

les savoir-faire… ces problématiques<br />

posées dans les années 70 restent entières<br />

aujourd’hui. Le Lot fut pourtant précurseur<br />

en initiant dès cette période une Assistance<br />

architecturale, ancêtre du CAUE, pour prévenir<br />

avec pédagogie les interventions malheureuses<br />

nuisant au patrimoine et au paysage.<br />

Des associations comme l’ASMPQ (2) et<br />

Maisons Paysannes de France ont contribué<br />

à une prise de conscience des richesses patrimoniales.<br />

La présence dans le département<br />

d’hommes politiques influents (Faure,<br />

De Monnerville, Pompidou) a appuyé ces<br />

démarches, ainsi que celle de serviteurs de<br />

l’Etat qui s’y sont investis, dont notamment<br />

le préfet Michel Denieul, dont le fonds départemental<br />

toujours alloué au petit patrimoine<br />

porte son nom.<br />

Un travail de longue haleine, comme en té-


HISTOIRE & PATRIMOINE // Patrimoine(s), le défi de la conservation<br />

14<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />

AUTOIRE<br />

LE DEVENIR D’UN PAYSAGE<br />

« Autoire est un<br />

cas d’école et<br />

en même temps<br />

un site plutôt<br />

atypique dans<br />

le réseau des<br />

Espaces naturels<br />

sensibles<br />

du Département<br />

», précise<br />

Les ruines rénovées du cirque d’Autoire<br />

Maryline Bes.<br />

D’abord repéré en raison de sa « roque », cette ruine<br />

de fortification bâtie dans les falaises, le lieu a ensuite<br />

fait l’objet d’une attention plus large pour être pris<br />

en compte dans la globalité de son paysage : l’action<br />

du Département se mène aujourd’hui à l’échelle du<br />

cirque d’Autoire, de cette « reculée » emblématique des<br />

rebords orientaux du Causse.<br />

Le site d’Autoire, avec sa cascade, est renommé depuis<br />

longtemps, balade du dimanche des lotois comme lieu<br />

de visite touristique. Bien que faiblement signalé, il<br />

connaît chaque année une fréquentation importante<br />

et pâtit d’une circulation automobile vite chaotique au<br />

fil des petites routes d’accès. « Le souhait est de mieux<br />

gérer la fréquentation et d’amener à une autre façon<br />

de découvrir le site », explique Catherine Marlas, viceprésidente<br />

du Département. La redéfinition des cheminements<br />

et des aires de stationnement, ainsi que des<br />

garde-corps pour sécuriser les points de vue, ont été les<br />

premières mesures réalisées en ce sens. Il s’agira aussi<br />

de préserver la faune et la flore des milieux rupestres<br />

et d’accompagner la pratique de l’escalade. Comme sur<br />

d’autres sites ENS, le Département a acquis une partie<br />

du site pour en faciliter la gestion, notamment ici la<br />

parcelle comprenant la fortification.<br />

La roque d’Autoire n’est pas unique mais elle nécessitait<br />

d’être consolidée ici en raison de la fréquentation<br />

du site et de par son inscription dans le paysage.<br />

« La commande était de cristalliser les ruines, explique<br />

l’architecte Robin Annett, qui a conduit les travaux. Le<br />

but est de transmettre ce patrimoine sans danger, mais<br />

sans vouloir le reconstituer – il n’y avait pas de raison<br />

d’être de le reconstruire ni de traces historiques permettant<br />

de le faire. J’ai voulu laisser une part de rêve<br />

aux visiteurs, qui peuvent y entrer librement. »<br />

La stabilisation du bâti a nécessité l’ajout de rares<br />

pierres neuves et la fabrication d’un mortier de joint<br />

savamment étudié à partir des matériaux de maçonnerie<br />

d’origine. « La sauvegarde de ce patrimoine nécessitait<br />

un projet d’architecture, nourri des connaissances<br />

du site », résume l’architecte, qui se réjouit du fait de<br />

consacrer des moyens collectifs à rénover un paysage<br />

du passé, « inutile ». Pas tant que ça : la renommée du<br />

site amène des retombées économiques importantes, et<br />

cette restauration a fait redécouvrir le lieu aux habitants<br />

et aux élus.<br />

moigne Jean De Chalain, qui fut président<br />

de l’ASMPQ : « avant les années 80, les lotois<br />

et leurs élus étaient peu sensibilisés à leur<br />

patrimoine. Ce furent les gens venus d’ailleurs<br />

qui le mirent en valeur. Le patrimoine<br />

pose les mêmes questions qu’il y a quarante<br />

ans mais la prise de conscience est bien plus<br />

D’atypiques masonnettes à Quissac


importante, on ne fait plus aujourd’hui de<br />

monstrueuses bêtises. »<br />

BIEN CONNAÎTRE POUR<br />

MIEUX PRÉSERVER<br />

Encore faut-il bien connaître<br />

le patrimoine pour le préserver.<br />

Et pour bien connaître,<br />

il faut conserver. Dans un article<br />

intitulé « Décrypter pour<br />

conserver » dans un Dire Lot<br />

de 1997, Gilles Séraphin, alors<br />

architecte du patrimoine à<br />

Cahors, plaidait pour un défrichement<br />

et un déchiffrement<br />

du patrimoine architectural,<br />

largement insuffisants à ses<br />

yeux, en comparant le bâti<br />

à des archives : le perdre, le<br />

modifier, revient à perdre une<br />

connaissance. Le transformer,<br />

c’est le risque d’obtenir un<br />

palimpseste, un patrimoine –<br />

qui n’en est plus un - réécrit<br />

sur un témoignage effacé.<br />

Nicolas Bru, au service patrimoine<br />

du Département, ne dit<br />

pas autre chose aujourd’hui :<br />

« la connaissance est une<br />

question fondamentale dans<br />

la chaîne opératoire du patrimoine.<br />

Ici, les archives sont<br />

physiques, les traces de l’histoire<br />

sont surtout matérielles :<br />

elles nous renseignent sur la<br />

façon d’habiter, de construire…<br />

C’est précieux. »<br />

HISTOIRE & PATRIMOINE // Patrimoine(s), le défi de la conservation<br />

15<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />

Connaît-on bien le patrimoine<br />

lotois ? « Non, répond avec<br />

malice Nicolas Bru. On est capable<br />

de connaître le nombre<br />

d’églises romanes, mais pas<br />

celui des caselles du département.<br />

Mais la connaissance<br />

s’est accélérée et s’est affinée<br />

depuis une quinzaine d’années,<br />

ajoute-t-il, on a recensé<br />

les maisons du Moyen âge (le<br />

Lot est le département français<br />

qui détient le plus de bâti<br />

médiéval), on a aujourd’hui<br />

une cartographie des dolmens<br />

et des menhirs… On capitalise<br />

mieux nos connaissances ».


16<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />

HISTOIRE & PATRIMOINE // Patrimoine(s), le défi de la conservation<br />

Une maison paysanne « élémentaire » encore inscrite dans le paysage pastoral vivant à Durbans.<br />

Le Département peut ainsi donner des<br />

clefs aux élus pour orienter les priorités de<br />

financement selon l’intérêt patrimonial ou<br />

la représentativité des édifices à conserver.<br />

« L’une des priorités du projet de mandat<br />

que nous avons décidé avec l’ensemble<br />

des conseillers départementaux concerne le<br />

patrimoine, indiquent ainsi Catherine Marlas,<br />

vice-présidente du Département chargée<br />

du patrimoine et de l’environnement, et<br />

Catherine Prunet, en charge de la culture.<br />

C’est un précieux héritage qu’il s’agit de préserver<br />

et de transmettre à nos enfants ».<br />

Le patrimoine rural, aujourd’hui réellement<br />

reconnu mais encore méconnu dans ses<br />

détails, a connu aussi une évolution dans<br />

sa prise en compte : d’abord inventorié il y<br />

a quarante ans, on s’intéresse aujourd’hui<br />

aux savoir-faire de sa construction.<br />

« On ne peut pas tout mettre sous cloche<br />

mais on peut conserver des maisons témoins<br />

auxquelles on ne touche pas, avance Nicolas<br />

Bru. Il ne viendrait à personne l’idée d’habiter<br />

une grotte ornée, pourtant une maison<br />

ancienne est aussi le témoin d’une culture<br />

disparue. »<br />

Une culture. C’est ce terme que met en<br />

avant Catherine David pour apporter un<br />

regard critique sur la rénovation du patrimoine<br />

rural : « on a regardé l’architecture<br />

quercynoise sur sa fonctionnalité mais pas<br />

sur un plan culturel, le confort a primé sur<br />

la beauté. On a méprisé la culture architecturale<br />

de la paysannerie du 19e siècle, sans<br />

être capable de la remplacer. On a ignoré sa<br />

dimension symbolique, esthétique, voire spirituelle.<br />

Cela nous empêche d’y donner suite<br />

aujourd’hui. »


L’IMPOSANT PATRIMOINE DES GRANGES<br />

Une grange transformée en habitation est-elle encore un patrimoine ? Pour<br />

Robin Annett, architecte à Saint-Céré, ces bâtiments agricoles du passé<br />

concentrent tout ce qu’on peut faire de bien ou de mal en terme de rénovation.<br />

« Souvent, les personnes qui veulent rénover une grange le font par héritage,<br />

par accessibilité ou pour bénéficier de gros volumes, constate-t-il, mais<br />

leurs préoccupations s’arrêtent là. Pourtant, il est difficile d’y appliquer des<br />

exigences contemporaines : ouvertures, isolation… Le risque est de coller des<br />

éléments architecturaux propres à une maison, et de perdre le langage de la<br />

grange. » Conscient du sursis d’un tel patrimoine, quasiment plus utilisé par<br />

l’agriculture, l‘architecte préfère le restaurer en l’adaptant à d’autres usages.<br />

À Prudhomat, ce fut le cas d’une grange monumentale qui lui a récemment<br />

permis de relever ce défi. La solution a été de créer une boîte à l’intérieur<br />

du bâtiment d’origine, en gardant ainsi intacts les éléments du patrimoine<br />

tout en répondant facilement aux besoins de confort. Cette habitation<br />

contemporaine s’insère en retrait de l’ouverture principale, et laisse au fond<br />

une grande partie de la grange en l’état, visible depuis une verrière : « c’est<br />

comme une cour intérieure, qui reste un espace de vie et laisse des possibilités<br />

d’extension, explique l’architecte, ce n’est pas une conservation morte, figée. »<br />

L’intérêt patrimonial principal des granges réside dans leur charpente, et<br />

leur atout est d’offrir en rénovation une importante volumétrie. « Il faut<br />

vite expliquer comment l’exploiter, raconte Marie-Josée Gautrand, architecte<br />

à Figeac, les proportions sont particulières et demandent une distribution différente<br />

de celle d’une maison. Des ouvertures peuvent s’ajouter soit discrètement<br />

à l’identique des existantes, soit en créant une baie contemporaine et franche.<br />

C’est un patrimoine qui dépérit, s’inquiète-t-elle, notamment dans des fermes<br />

exploitées qui les délaissent ; les granges deviennent les friches de la ferme<br />

d’aujourd’hui. »<br />

À Castelnau-Montratier, c’est une autre grange-étable monumentale du 19e<br />

siècle qui a été restaurée cette année, dotée d’une charpente exceptionnelle,<br />

mais pour continuer à remplir sa fonction agricole. Ce bâtiment a bénéficié<br />

des aides du Département qui ciblent ce type de patrimoine sur la période<br />

2016-2018. Le but est ici de conserver en l’état ces témoins du passé rural<br />

quercynois. Catherine Marlas, vice-présidente du Département en charge<br />

du patrimoine et de l’environnement explique : « Les granges monumentales<br />

n’étaient pas aidées. L’intérêt est de soutenir les particuliers qui portent un<br />

intérêt à leur patrimoine, mais aussi de mettre en lumière des savoir-faire particuliers<br />

qui perdurent grâce aux entreprises de restauration. C’est important<br />

que ce savoir se transmette ».<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 HISTOIRE & PATRIMOINE // Patrimoine(s), le défi de la conservation<br />

17


HISTOIRE & PATRIMOINE // Patrimoine(s), le défi de la conservation<br />

18<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />

LES PAYSAGES, UN HÉRITAGE<br />

EN PÉRIL ?<br />

« Le patrimoine, c’est un domaine dangereux,<br />

tellement porteur de dogmes et de clichés<br />

», prévient Renaud Laurent, architecte<br />

depuis 1972 à Prudhomat. Venu s’installer<br />

ici pour retrouver les ambiances rurales<br />

de son enfance, qu’il voit disparaître avec<br />

nostalgie, il a été confronté tout au long de<br />

sa carrière aux enjeux de la restauration.<br />

« Un projet d’architecture, c’est une somme<br />

de compromis. Mais il faut obligatoirement<br />

être contextuel ici, faire avec le territoire.<br />

Dans un hameau, un seul élément peut tout<br />

gâcher. » Il témoigne du passage d’une<br />

époque où presque tout était permis à une<br />

période d’extrême conservation, notamment<br />

dans les centres anciens, mais au détriment<br />

des entrées de village trop délaissées<br />

à ses yeux.<br />

Restent aussi des enjeux de taille : l’abandon<br />

des centre bourgs (un phénomène<br />

national), le changement d’échelle des<br />

habitations qui condamne aujourd’hui les<br />

CUZALS - UN MUSÉE POUR LE QUERCY<br />

maisons monumentales… et le devenir plus<br />

global des paysages qui font l’identité du<br />

Lot.<br />

Quid au 21e siècle des bocages du Limargue,<br />

du maillage de murets en pierres sèches du<br />

Causse malgré le renouveau de cette technique…<br />

? « La voiture continue à rouler mais<br />

le moteur est coupé, avertit Mathieu Larribe<br />

en faisant allusion aux usages disparus qui<br />

ont créé les paysages encore visibles du<br />

département. C’est un héritage qui part,<br />

confronté aux dynamiques économiques<br />

globalisées qui simplifient, harmonisent et<br />

changent l’échelle des paysages. » L’habitat<br />

individuel, de nouvelles formes d’urbanisation,<br />

perturbent les traits du paysage quercynois,<br />

tandis que la disparition des activités<br />

agricoles passées met son entretien en<br />

péril. L’avancée de la friche masque la perception<br />

du bâti et menace aussi une biodiversité<br />

créée par cette ancienne occupation<br />

de l’espace.<br />

C’est face à ces menaces que le Département<br />

s’est saisi de la politique des Espaces naturels<br />

sensibles (ENS) dans les années 90.<br />

« Faut-il sauver Cuzals ? » se demandait Dire Lot en 1992, dans le style<br />

percutant de l’un de ses articles d’alors, qui questionnait le bouillant<br />

instigateur du musée, Jean-Luc Obereiner. Cuzals fut heureusement sauvé,<br />

soutenu par le Département qui l’acquit en 1993, et le régit directement<br />

depuis 2005.<br />

C’est un lieu pas comme les autres que choisit l’association Quercy-Recherche,<br />

éditrice de la revue du même nom, pour créer en 1985 ce musée<br />

de plein air. Perdu sur les hauteurs de Sauliac-sur-Célé, Cuzals fut un<br />

authentique hameau habité au 19e siècle mais aussi le projet déchu d’une<br />

ferme modèle à l’aube du 20e siècle, d’où est issu l’étrange château en<br />

ruine au centre du domaine. Les traces de cet épisode inédit, mêlées au patrimoine vernaculaire, ajoutent du sens<br />

à ce lieu dont la fonction est désormais de transmettre l’aventure humaine, celle des Causses du Quercy.<br />

Cuzals fut d’abord un conservatoire, et détient toujours un fonds de 17 000 objets, de la cuillère à la locomobile<br />

de 25 tonnes, dont un tiers est présenté au public. « Le musée à ses débuts a mis l’accent sur la culture matérielle,<br />

aujourd’hui on travaille aussi sur le patrimoine immatériel, qui a souvent disparu en subissant une rupture de transmission<br />

à partir des années 50, explique Martine Bergues, chargée de mission ethnologie au Département. Mais les<br />

perspectives générales demeurent : faire connaître le patrimoine du Quercy pour transmettre des savoirs utiles au<br />

monde d’aujourd’hui. » Tout en invitant à lire l’histoire rurale quercynoise de l’après Révolution aux années 1940,<br />

sur 12 hectares et au fil de 18 espaces muséographiques, le musée met en effet en perspective, à travers des expositions<br />

temporaires, la société passée avec les pratiques contemporaines : les savoirs naturalistes et culinaires, le<br />

réemploi des objets, sont autant de thèmes renvoyant à des interrogations d’aujourd’hui.<br />

La fréquentation (10 000 entrées) est surtout estivale, mais 40 % des visiteurs sont lotois ou des départements limitrophes.<br />

« Le but est que ce soit un musée du territoire, où les habitants s’y retrouvent – c’est en ce sens que Cuzals<br />

est aujourd’hui labellisé écomusée. Cette volonté d’ouverture marque les perspectives à venir », explique Catherine<br />

Prunet, vice-présidente du Département en charge de la culture. Jean-Luc Obereiner, en son temps, souhaitait déjà<br />

cette rencontre, jugeant dépassée l’idée d’un musée figé.


« 70 % de notre territoire est couvert par des<br />

espaces naturels. C’est aussi un patrimoine<br />

à préserver », acquiesce Catherine Marlas.<br />

En ciblant des sites emblématiques, à la<br />

fois cœurs de biodiversité et paysages représentatifs,<br />

comme la forêt de la Braunhie,<br />

les vallées de l’Ouysse et de l’Alzou, ou<br />

la couasne de Floirac, il intervient pour<br />

conserver, restaurer et entretenir des milieux<br />

naturels remarquables et souvent<br />

menacés. « L’entrée est le patrimoine naturel<br />

mais les ENS permettent de croiser plusieurs<br />

enjeux, de la gestion de la fréquentation à la<br />

valorisation d’un paysage, détaille Maryline<br />

Bes, coordinatrice des espaces naturels<br />

au Département. L’approche est la même<br />

que pour le patrimoine bâti, il faut d’abord<br />

mieux connaître pour conserver et sélectionner<br />

des sites d’intervention prioritaires. On<br />

travaille ensuite sous forme de mosaïque, la<br />

conservation se fait par touches, avec discrétion<br />

et réversibilité. »<br />

Sous le chapeau de cette politique, dix<br />

sites majeurs sont concernés, ainsi qu’une<br />

vingtaine de sites plus ponctuels soumis<br />

à des activités de pleine nature. Enfin, un<br />

programme de reconquête des espaces embroussaillés,<br />

à travers la création de vingtet-une<br />

associations foncières pastorales,<br />

permet de maintenir une activité d’élevage<br />

et de sensibiliser à la biodiversité les agriculteurs,<br />

qui sont essentiels dans l’entretien<br />

d’un patrimoine hautement emblématique<br />

des Causses : les pelouses sèches.<br />

HISTOIRE & PATRIMOINE // Patrimoine(s), le défi de la conservation<br />

19<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />

ENS, services du patrimoine du Département,<br />

de villes comme Figeac et Cahors,<br />

Villes et Pays d’Art et d’Histoire, sans oublier<br />

le Parc naturel régional, on ne compte<br />

plus les outils mis depuis trente ans au service<br />

du patrimoine lotois, dont les missions<br />

se destinent aussi à la sensibilisation du<br />

public.<br />

Car la clé du devenir du patrimoine réside<br />

dans ce que l’on en fait et comment on le<br />

perçoit, et dans la conciliation des usages<br />

de tout un chacun. « Tout le monde doit<br />

amener sa pierre à l’édifice, c’est long car<br />

on travaille avec l’intime des gens, précise<br />

Catherine Marlas. La préservation du patrimoine,<br />

c’est un sport d’équipe. » •<br />

1<br />

Conseil en Architecture, Urbanisme et Environnement<br />

2<br />

Association pour la Sauvegarde des Maisons et Paysages<br />

du Quercy


20<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />

Ruralité lotoise<br />

La dimension humaine,<br />

alternative au modèle<br />

urbain ?<br />

Textes et Photos Pierre Leconte


21<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017


Au-delà de la prise de conscience de ses atouts patrimoniaux et<br />

environnementaux, le Lot passe d’une logique de préservation à celle<br />

de la construction. Ponctuée de mobilisations et d’initiatives centrées<br />

sur les attentes du quotidien, cette trajectoire décline une approche<br />

de la ruralité à dimension humaine, ancrée dans notre temps,<br />

qui pourrait s’installer comme une alternative durable, attractive et<br />

innovante au modèle urbain.<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 TERRITOIRE // Ruralité lotoise<br />

22<br />

habitons à<br />

seulement 250 m<br />

d’un petit village,<br />

mais la maison<br />

est en contrebas.<br />

“Nous<br />

Bilan : ni réseau<br />

mobile, ni ADSL digne de ce nom. J’ai dû<br />

prendre le satellite… ». Témoignage lotois<br />

du 21e siècle. Ou comment illustrer la vertigineuse<br />

évolution des préoccupations quotidiennes<br />

en seulement trente années. Inimaginable<br />

lors du lancement du DireLot - à<br />

l’ère du Minitel -, la question du numérique<br />

n’est sans doute pas représentative de la situation<br />

du Lot. Elle est, néanmoins, la digne<br />

héritière d’une problématique récurrente<br />

de la ruralité, celle de la « fracture ». Les<br />

zones blanches de l’Internet, qui touchent<br />

certains territoires lotois, sont aujourd’hui<br />

considérées comme un frein à leur développement,<br />

du fait de la faible attractivité qui<br />

en découle.<br />

Dans un éditorial<br />

publié en<br />

avril 1997, Guy<br />

Pautis, alors<br />

directeur de la<br />

rédaction de<br />

DireLot écrivait<br />

: « Dans<br />

l’épreuve qui<br />

l’attend pour<br />

assurer sa survie<br />

sans perdre<br />

son âme, le Lot<br />

dispose d’une<br />

valeur, la ruralité,<br />

et d’un<br />

atout, son réseau<br />

de petites<br />

et moyennes<br />

entreprises<br />

bien placées<br />

dans leurs secteurs<br />

d’activité.<br />

On ne voit pas<br />

clairement aujourd’hui<br />

comment<br />

va évoluer<br />

le contenu social<br />

de la ruralité,<br />

mais on sent<br />

confusément qu’il faut à tout prix en préserver<br />

l’essentiel pour saisir avec profit, dans<br />

dix ou vingt ans, les effets d’un inévitable<br />

retournement. » Vingt ans, nous y voilà.


« ON NE RÉSISTE PAS POUR<br />

UNE LOGIQUE COMPTABLE,<br />

MAIS HUMAINE. »<br />

Attrait hier, attractivité aujourd’hui… Le<br />

« contenu social de la ruralité » évoqué par<br />

Guy Pautis couvre bien entendu toutes les<br />

facettes de la vie quotidienne. Parmi ces<br />

composantes, l’école tient un statut particulier.<br />

En témoignent les multiples actions<br />

menées par les parents et élus locaux tout<br />

au long des dernières décennies,<br />

notamment face aux<br />

fermetures de classes et<br />

d’écoles. Au-delà de l’érosion,<br />

dénoncée par ailleurs,<br />

des services publics, c’est<br />

la défense d’un véritable<br />

ancrage social de l’école qui<br />

s’exprime. « En quelques<br />

décennies ; la demande visà-vis<br />

de l’école s’est élargie »,<br />

souligne Marthe Bonnet,<br />

ancienne directrice d’école<br />

à Cahors. « Nous avons dû<br />

intégrer une évolution du<br />

contexte social avec davantage<br />

de familles monoparentales<br />

et des parents confrontés<br />

à des problèmes d’emploi, de<br />

déplacements, de santé… Fort<br />

heureusement, nous avons eu<br />

la chance de bénéficier de formations<br />

régulières et de qualité<br />

organisées par des professeurs<br />

de l’IUFM soucieux<br />

de nous associer à l’évolution<br />

des pratiques et des connaissances.<br />

Je ne suis pas sûre que<br />

cela soit le cas aujourd’hui. »<br />

L’ouverture, à la rentrée de septembre par<br />

l’association « Pitchouns à Molières », d’une<br />

école maternelle hors contrat dans les locaux<br />

de l’école qui venait d’être fermée,<br />

est une expression forte du rôle attribué à<br />

l’école dans l’espace rural. « On ne résiste<br />

pas pour une logique comptable, mais humaine<br />

», souligne Stéphanie Cantaloube, sa<br />

présidente, ajoutant qu’en regroupant les<br />

élèves ailleurs « on perdrait énormément<br />

sur le dynamisme de la commune et tous les<br />

liens déjà créés. ». Et Françoise Dumont, gé-<br />

L'école maternelle associative de Molières, ouverte en septembre 2017<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 TERRITOIRE // Ruralité lotoise<br />

23


#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 TERRITOIRE // Ruralité lotoise<br />

24<br />

rante de l’épicerie-bar « Les trois marronniers<br />

» lancée par la mairie en 1998 après<br />

la disparition des commerces, d’ajouter :<br />

« Moi, on me retire l’école, je ferme à la fin<br />

de l’année. ». L’initiative pose à l’évidence la<br />

question du contrat social entre le citoyen<br />

et l’Etat, où l’on pourrait également parler<br />

de « fracture ». Comme pour les particuliers<br />

face au numérique, la réponse locale s’inscrit<br />

pour suppléer la puissance publique, de<br />

manière d’autant plus claire que le contexte<br />

est rural.<br />

L’annonce, faite en septembre par la préfecture<br />

du Lot, de la fermeture définitive<br />

des guichets de permis de conduire et<br />

cartes grises, au profit de démarches en<br />

ligne, s’inscrit dans la même logique de<br />

JEAN-NOËL, QUAND LES TRAINS<br />

CONTINUENT À S’ARRÊTER<br />

Installé à Cahors au<br />

début des années 80,<br />

Jean-Noël Boisseleau<br />

connait le moindre<br />

méandre ferroviaire<br />

lotois. Amoureux du<br />

prestigieux « Capitole<br />

», classé en son<br />

temps train le plus<br />

rapide de France, il<br />

s’est mobilisé pour<br />

faire valoir un service<br />

de passagers porteur<br />

d’avenir.<br />

« J’ai été profondément marqué par l’annonce de<br />

suppressions d’arrêts à Gourdon et Souillac, j’ai pensé<br />

alors « On ne peut pas laisser faire ça ! ». J’avais déjà<br />

vécu de près l’abandon de la ligne Cahors-Capdenac. A<br />

mes yeux, supprimer des arrêts, c’était effacer les villes<br />

et les villages. Cela nous a conduits à nous organiser.<br />

Pour autant, il me paraissait essentiel d’avoir une<br />

approche constructive ; je me suis donc attaché à développer<br />

une expertise technique au service du Département<br />

et des parlementaires, afin de conduire une action<br />

auprès des instances de la SNCF et de l’Etat. Nous<br />

sommes aujourd’hui un partenaire reconnu et impliqué<br />

aussi bien pour l’avenir de la ligne Paris- Toulouse que<br />

sur sa connexion avec la transversale grand-sud de<br />

Bordeaux à Nice, ou encore les questions de correspondance<br />

à Brive. De nombreux projets sont en cours et il<br />

n’est pas question que le Lot reste à l’écart ! C’est ainsi,<br />

par exemple, que nous défendons le maintien du train<br />

de nuit et la connexion de Cahors, Gourdon et Souillac<br />

au réseau TGV par le rétablissement de la liaison TGV<br />

Brive-Roissy-Lille. »<br />

MARTHE, À L’ÉCOUTE DES PETITS<br />

COMME DES GRANDS<br />

Native du Lot,<br />

Marthe Bonnet y<br />

a déroulé toute<br />

sa carrière d’institutrice<br />

puis de<br />

directrice d’école<br />

maternelle.<br />

Traversant les<br />

« années Dire-<br />

Lot », dont elle est abonnée de la première heure<br />

« avant même que le journal ne sorte ! », au cœur<br />

de la vie quotidienne des familles.<br />

« Quand j’ai commencé dans les années 80-90, nous<br />

nous sentions proches des parents dont nous partagions<br />

les préoccupations. Le contexte permettait<br />

d’établir une relation de confiance. A l’école maternelle<br />

Gambetta où j’ai été nommée directrice en 1997,<br />

nous nous sommes associés à la mobilisation contre<br />

la fermeture… sans succès, elle a été fermée en 2006.<br />

A l’époque, il nous était répondu que l’essor des villes<br />

satellites de Cahors était prioritaire… J’ai le sentiment<br />

qu’en réalité nous étions à l’orée d’un mouvement de<br />

fermeture qui n’a fait que s’accélérer. Il me semble que<br />

l’évolution de la demande vis-à-vis de l’école ne permet<br />

plus vraiment cette qualité relationnelle. Aujourd’hui<br />

à la retraite, je prolonge ma vocation en animant des<br />

cours de français langue étrangère pour adultes avec<br />

l’association générale des intervenants retraités (Agir)<br />

auprès des centres sociaux et de structures telles que la<br />

maison départementale des familles (Udaf), le centre<br />

départemental de l’enfance ou le centre d’accueil des<br />

demandeurs d’asile. J’y retrouve le même souci d’être à<br />

l’écoute, au plus près des besoins ! ».<br />

déni rural. Quid de l’accès au numérique ?<br />

Selon l’Autorité de régulation (Arcep), seule<br />

la moitié des Français est éligible pour une<br />

connexion descendante d’au moins 30<br />

Mbits/s. La ruralité figure sans surprise au<br />

bas du classement, avec l’Yonne, le Lot et la<br />

Creuse…<br />

LA LIGNE<br />

PARIS-CAHORS-TOULOUSE<br />

RECONNUE « PRIORITAIRE<br />

STRUCTURANTE »<br />

Les déplacements, comme le commerce ou<br />

la santé, ont aussi largement occupé les<br />

colonnes du DireLot. A l’instar du déploiement<br />

autoroutier et des dessertes ferro-


Extrait du DireLOT n°18 oct. 1989<br />

viaires. Un domaine que connaît bien Jean-<br />

Noël Boisseleau, vice-président d’« Urgence<br />

Ligne Polt », missionné expert ferroviaire<br />

par le Département du Lot, qui précise :<br />

« Au fil des années, la prise de conscience des<br />

enjeux liés aux dessertes de la ligne Paris-<br />

Toulouse a conduit à une mobilisation des<br />

territoires. L’une<br />

des actions emblématiques<br />

a<br />

été la création<br />

de l’association<br />

« Tous ensemble<br />

pour les gares »<br />

face à l’annonce<br />

de la suppression<br />

d’arrêts<br />

à Souillac et<br />

Gourdon. »<br />

Aujourd’hui,<br />

l’association<br />

« Urgence Ligne<br />

Polt » fédère<br />

les territoires<br />

œuvrant avec<br />

les élus locaux<br />

auprès des instances<br />

parlementaires,<br />

des<br />

ministères et de<br />

la SNCF. « Un travail de longue haleine, souligne<br />

Jean-Noël Boisseleau, mais très positif<br />

avec des avancées importantes. En six ans,<br />

nous avons rétabli les arrêts et obtenu la<br />

rénovation complète des rames Corail. » La<br />

récente qualification par l’Etat de « Ligne<br />

prioritaire structurante » pour l’équilibre<br />

CHRISTIAN ET ROMUALD,UN ENGAGEMENT VILLAGE AU COEUR<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 TERRITOIRE // Ruralité lotoise<br />

25<br />

Plus de 80 ans pour Christian, près de 40 ans pour<br />

Romuald, dans la famille Molinié demandez l’oncle<br />

et le neveu. Signe particulier : tous deux ont grandit,<br />

se sont établis et ont été élus maire à Gigouzac.<br />

Témoignages croisés en forme de passage de témoin.<br />

« Quand je me suis retrouvé maire à la fin des années 70,<br />

souligne Christian Molinié, le village était plein de ruines<br />

et l’école menacée. Aujourd’hui, les maisons sont rénovées<br />

et nous avons 45 élèves… Personnellement, je suis favorable<br />

au regroupement scolaire, au moins du point de<br />

vue pédagogique, pour garantir les conditions d’accueil<br />

et rationaliser les coûts. De même, la création de communautés<br />

de communes apporte des moyens et permet<br />

d’éviter l’esprit de clocher. Le projet qui m’a marqué a été la construction de la salle des fêtes. La difficulté, quand on<br />

gère une commune, est d’avoir à anticiper, et le changement entraîne souvent des blocages. »<br />

« L’un des atouts pour le village, a été de faire évoluer la carte communale, ajoute Romuald Molinié. Pour accueillir de<br />

nouveaux habitants. Notre intégration au Grand Cahors permet de bénéficier d’une expertise que l’on ne peut développer<br />

à notre niveau. C’était aussi une évidence pour les habitants qui sont des usagers réguliers des équipements<br />

communs. J’ai été très marqué par les inondations de 2010 qui ont nécessité une réelle gestion de crise avec trois ans<br />

de travaux. L’ampleur des dégâts tient en partie au changement d’habitude : les anciens ne vivaient pas au rez-dechaussée<br />

! L’un de mes regrets concerne notre fête votive qui était grandiose. C’était un facteur de fierté et de cohésion<br />

pour le village. Aujourd’hui les attentes ont changé et il est difficile d’y répondre, notamment pour les jeunes, sans se<br />

professionnaliser. »


des territoires marque un tournant. Un<br />

budget d’un milliard et demi d’euros a été<br />

alloué pour la rénovation des infrastructures<br />

et des voies. « Notre objectif est de<br />

relever les vitesses pour gagner une heure<br />

entre Paris et Cahors, tout en engageant le<br />

renouvellement des trains.»<br />

Actifs et vigilants sur de nombreux fronts,<br />

les Lotois comptent sur la mobilisation de<br />

leurs élus. A défaut de nouveau modèle de<br />

la ruralité, le Lot s’offre un remodelage, une<br />

identité à la fois authentique et expérimen-<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 TERRITOIRE // Ruralité lotoise<br />

26<br />

MYRIAM, ÉPICIÈRE TU VERRAS<br />

DU PAYS<br />

Avec un grand-père maraîcher et un diplôme de<br />

gestion et aménagement en poche, Myriam<br />

Scattolin s’est installée il y a une dizaine d’années<br />

dans le Lot. Depuis un an, elle en sillonne les<br />

routes au volant de son épicerie itinérante « La<br />

Petite ». Préfiguration d’un renouveau créatif et<br />

dynamique tissé sur le lien social.<br />

« Je cherchais un moyen pour valoriser la production<br />

bio et locale, mais aussi diffuser un message autour<br />

de ces productions à l’image de ce qui se fait dans les<br />

fermes pédagogiques. L’idée d’un commerce itinérant<br />

permet de proposer en circuits courts les produits<br />

d’agriculteurs et artisans locaux tout en cultivant un<br />

lien pour partager des valeurs communes. Beaucoup de<br />

gens me disent que je leur rappelle l’épicier d’antan !<br />

Mes tournées intègrent des marchés, comme Catus,<br />

Belvès ou Cazals, des villages comme actuellement à<br />

La Bastide-du-Vert, et des livraisons à domicile sur<br />

ma tournée. A terme, mon objectif est de développer<br />

le système de précommande par le biais de mon site<br />

internet. Je privilégie les produits bio locaux sans exclusivité<br />

pour proposer une palette plus large des fruits et<br />

légumes, pâtes ou épices, cosmétiques ou produits de<br />

l’artisanat comme cela s’est, par exemple, fait pour des<br />

chaussettes de laine. »<br />

Contact : myriam.scattolin@gmail.com<br />

La voie ferrée surplombant le village de Calamane<br />

tale. L’émergence de modes de production<br />

agricole alternatifs, de nouveaux métiers<br />

du service et du bien être, d’initiatives commerciales<br />

originales, de réflexion sur l’organisation<br />

de la santé… en témoigne aussi.<br />

Pour ses dix ans, le DireLot posait la question<br />

« Comment retenir les jeunes ? », soulignant<br />

que « les jeunes du milieu rural continuent<br />

à être fascinés par la ville ; peut-être<br />

un jour l’horreur de la ville les fixera au pays,<br />

avec un bagage qui leur permettra d’agir. »<br />

Cette fascination serait-elle en voie d’érosion,<br />

y compris auprès des jeunes urbains ?<br />

La tendance à venir est peut-être là : plutôt<br />

que de maintenir, simplement accorder leur<br />

place aux jeunes d’ici comme à ceux venus<br />

d’ailleurs… •


#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 TERRITOIRE // Ruralité lotoise<br />

27


28<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />

Crédit © kachina images


TERRITOIRE<br />

Economie, tourisme<br />

1987-2017<br />

Le Lot est-il sorti de sa<br />

réserve ?<br />

29<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />

Textes et Photos Christine Hoden (sauf mentions spéciales)


En 1989, Dire Lot titrait : « Débat : autoroute A20, le oui et le non ».<br />

Certains mettaient alors en balance la préservation d'un Lot<br />

intimiste, avec pour corollaires un repli sur soi et une inertie certaine,<br />

et une ouverture annonciatrice d'échanges.<br />

30 ans plus tard, alors que les nouveaux découpages régionaux le<br />

placent au sein d'une Occitanie forte, à l’heure où les technologies<br />

numériques exigent réactivité et expertises pointues, où compétitivité<br />

rime avec regroupements et mutualisation de moyens, où le<br />

vieillissement de sa population met en péril la vitalité de son<br />

économie, le Lot est-il armé pour faire face aux nouveaux enjeux<br />

dont dépend son avenir ?<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 TERRITOIRE // Economie<br />

30<br />

Le débat était sur la table (Dire<br />

Lot n°17, été 1989) : faut-il "figer<br />

le Lot dans son état actuel,<br />

en faire une réserve d'Indiens"<br />

ou le raccorder à "une grande<br />

infrastructure routière moderne,<br />

performante, sûre et reliée au réseau<br />

européen" ? D’un côté, on disait : l'autoroute<br />

va défigurer le Lot. De l’autre, on parlait<br />

d'intérêt général : l'absence de tentative de<br />

désenclavement condamne le Lot à se vider<br />

de son économie, donc de sa population<br />

active et à terme de sa jeunesse. Sur la base<br />

du schéma directeur routier proposé en<br />

1987 (il a 30 ans lui aussi !), l'autoroute fut<br />

construite avec une intégration paysagère<br />

plutôt réussie et joua indiscutablement<br />

un rôle d'accélérateur pour l’essor économique<br />

qui suivit.<br />

INDUSTRIE, TOURISME,<br />

AGRICULTURE : L'OSSATURE<br />

DE L'ÉCONOMIE LOTOISE<br />

voire mondiale (Mecanic Vallée, Aerospace<br />

Valley...). Elles se sont installées dans le nord<br />

et l'est du département, aidées en cela par<br />

des politiques locales d'aménagement. La<br />

vallée du Lot n’a pas connu le même essor,<br />

même si Cahors reste le siège d'une activité<br />

Le Lot véhicule une image de territoire<br />

rural et touristique, l'industrie en est pourtant<br />

le secteur porteur avec une part d'emplois<br />

15 % supérieure au niveau national.<br />

Le nombre d'implantations et de salariés<br />

a augmenté depuis vingt ans dans des secteurs<br />

méconnus du grand public : une filière<br />

"mécanique" et une filière "aéronautique",<br />

qui rassemblent autour d'entreprises "locomotives"<br />

des compétences rattachées à des<br />

pôles de compétitivité à échelle nationale<br />

« Depuis sa création dans les années 2000 (ci-dessus), la zone d'activités de<br />

Cahors Sud a bénéficié de transferts d'activité mais pas de créations. »<br />

Crédit © kachina images


électrique et électronique. "Ce territoire<br />

n’a pas bénéficié d’autant d’attentions politiques."<br />

regrette le président de la Chambre<br />

de Commerce et d'Industrie du Lot Thomas<br />

Chardard. On n’a pas, en son temps, su ou<br />

voulu exploiter l’existence de l’aérodrome.<br />

La zone d’activités de Cahors sud ne décolle<br />

pas, alors qu’elle est située aux portes de<br />

l’autoroute et dotée d’un bel outil, un parc<br />

des expositions, totalement inexploité. La<br />

CCI et le Grand Cahors portent aujourd'hui<br />

un projet ambitieux pour la ville : la création<br />

d'un pôle d'expertise dans l'acoustique<br />

et l'audition, l'Acoustique Vallée.<br />

Si la mutualisation de stratégies comme<br />

levier de développement est le principe des<br />

pôles industriels de compétitivité, les communes<br />

savent aussi "jouer collectif". Ainsi<br />

Cauvaldor, récente communauté de 79 communes<br />

issues des Causses et de la Vallée de<br />

la Dordogne, pleine de vitalité, s'est dotée<br />

fin 2016 d'une agence de développement<br />

économique. Ce territoire mise sur la proximité<br />

de l'aéroport de Brive pour attirer de<br />

nouvelles entreprises et donc des emplois.<br />

Aux côtés de quelques têtes d'affiche<br />

M2I BIOCONTROL,<br />

LES DÉBUTS RÉUSSIS<br />

D'UNE START UP INNOVANTE<br />

Depuis bientôt<br />

deux ans, les<br />

anciens bâtiments<br />

d'embouteillage<br />

du site de<br />

Vinovalie à Parnac<br />

sont occupés par<br />

M2i Biocontrol,<br />

filiale de M2i<br />

Life Sciences, un<br />

groupe industriel<br />

spécialisé en<br />

chimie fine appliquée<br />

à la pharmacie et la santé (production de principes<br />

actifs de synthèse). Avec cette filiale, le groupe<br />

a développé une spécialisation dans un domaine<br />

de "niche" appliqué à l'agriculture et l'horticulture<br />

sur lequel il est leader mondial : la protection sans<br />

pesticide des cultures par l'emploi de phéromones<br />

de synthèse. Olivier Guerret, son dirigeant, explique :<br />

"Les phéromones sont des substances sécrétées naturellement<br />

par les insectes et les végétaux pour communiquer.<br />

Notre métier consiste à analyser et comprendre<br />

ce langage, le reproduire et l'appliquer avec des<br />

substances de synthèse." Le principe permet de neutraliser<br />

les insectes en les attirant dans des pièges,<br />

ou de protéger les végétaux par un effet de leurre : la<br />

diffusion des phéromones brouille la communication<br />

et désoriente les insectes, évitant ainsi leur reproduction.<br />

Les phéromones de synthèse apportent une<br />

solution sans risque pour l'être humain et répondent<br />

aux exigences écologiques du respect de l'environnement<br />

et de la biodiversité. "Il s'agit d'un marché<br />

neuf, d'une dizaine d'années tout au plus, porté par<br />

la volonté de sortir du tout pesticide." précise Olivier<br />

Guerret. L'entreprise a déjà développé avec succès des<br />

principes applicables à différentes cultures :<br />

vigne, pommes, poires, noix, ainsi que sur la chenille<br />

processionnaire du pin. Elle travaille également sur la<br />

pyrale du buis.<br />

Créée sur le modèle "start up", l'entreprise est rapidement<br />

passée de 3 à 14 salariés, avec une perspective<br />

de croissance à 30 personnes d’ici cinq ans faisant<br />

appel au recrutement de main d'œuvre locale. Déjà<br />

ancré dans le sud de la France pour ses centres de<br />

recherche et de production, M2i Biocontrol cherchait<br />

un site pour son unité de conditionnement et<br />

d'expédition. Pourquoi Parnac ? "Ayant des attaches<br />

familiales en Quercy, je me suis renseigné sur les<br />

opportunités locales." explique Olivier Guerret. "La CCI<br />

m’a orienté vers les bâtiments disponibles du site de<br />

Vinovalie, situé en ZRR (zone de revitalisation rurale).<br />

Ils avaient déjà abrité une activité industrielle, ce qui<br />

nous a permis une installation rapide et une mise en<br />

œuvre immédiate."<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 TERRITOIRE // Economie<br />

31


COPEYRE,<br />

UNE SUCCESS STORY MADE IN LOT<br />

comme Ratier-Figeac ou Figeac Aéro, le tissu<br />

industriel lotois compte de jeunes entreprises<br />

comme M2i (voir page 31), preuve<br />

que le Lot sait séduire les porteurs de projets.<br />

LE TOURISME, FILIÈRE<br />

ÉCONOMIQUE ET AXE DE<br />

PROMOTION MAJEURS<br />

A la seconde place en terme de chiffre d’affaires<br />

derrière l’industrie, le tourisme est<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 TERRITOIRE // Economie<br />

32<br />

1974 : 8 canoës, 1 point d'embarquement, 1 personne.<br />

2017 : plus de 1 000 canoës, 17 bases nautiques,<br />

72 employés en haute saison dont 11 à<br />

l'année. L’entreprise s’appelle Copeyre et l’homme<br />

à l'origine de cette success story se nomme Michel<br />

Aimar. "J'ai démarré seul. Aidé d'un ami, j'ai fabriqué<br />

moi-même mes premiers canoës en fibre de verre. Il<br />

n'y avait pas encore de réglementation et la Dordogne<br />

était le fief des pêcheurs en barque. J'ai petit à petit<br />

ouvert plusieurs bases de canoë, d'Argentat, en Corrèze,<br />

jusqu’à Beynac, en Dordogne." Le besoin de se diversifier<br />

le mène vers le vélo, la spéléo, puis en 1979<br />

naît Quercyland, parc aquatique à Souillac, et l'année<br />

suivante le labyrinthe de l'Ermite à Domme, tandis<br />

qu'une flotte de bus-navettes transporte les navigateurs<br />

à leur base de départ. Depuis 5 ans, Copeyre<br />

propose des promenades sur le Lot, à Puy l'Evêque, en<br />

gabare tout électrique.<br />

Les clés de cette réussite ? Un ancrage local tout<br />

d'abord, pour la confiance et le réseau de connaissances.<br />

Ensuite, génie ? talent ? simple bon sens ?<br />

"Nous sommes une destination rurale, notre clientèle<br />

est familiale et vient chercher ici détente et aventure<br />

à un prix accessible, nous devons apporter cela. Avec<br />

internet et la profusion d'offres qui s’y trouve, les gens<br />

sont de plus en plus exigeants, difficiles à étonner et à<br />

satisfaire. A nous de nous remettre en question. Nous<br />

regardons ce qui se fait ailleurs pour puiser des idées."<br />

Et il a encore innové cette année avec un paddle à 8<br />

venu du Canada !<br />

Chef d'une entreprise qui compte dans le paysage économique,<br />

Michel Aimar travaille depuis la première<br />

heure à l'échelle d'une "grande destination", la vallée<br />

de la Dordogne, du Sarladais où se concentre le plus<br />

fort de son activité jusqu'à la Corrèze. Quelles bonnes<br />

idées a-t-il en réserve pour l’avenir ? "Mon projet de<br />

tyrolienne géante au-dessus de la vallée est gelé, la<br />

remise en valeur du chemin de halage en bord du Lot<br />

pour y faire travailler des chevaux comme autrefois<br />

n'a pas recueilli les suffrages. Peut-être une guinguette<br />

sur les bords de la Dordogne où l'on dégusterait nos<br />

produits locaux au son d'un orchestre..."<br />

Génie ? talent ? simple bon sens ? les 3 à la fois ?<br />

Michel Aimar a la fibre de la réussite !<br />

« La navigation a permis la revitalisation de la rivière et des villages riverains. »<br />

Crédit © Lot Tourisme - A. Leconte


clairement le secteur qui tire totalement<br />

profit de l'autoroute. Outre l’accès régional,<br />

celle-ci place le Lot à portée des aéroports<br />

de Brive ou Toulouse et à 5h de Paris. Le<br />

nouveau découpage régional fait du département<br />

la porte d’entrée de la 4è région<br />

touristique française. Quelques chiffres :<br />

en Occitanie, le tourisme génère 87 5OO<br />

emplois salariés et un chiffre d’affaires<br />

de 13 milliards d'euros en consommation<br />

touristique (2016). Dans le Lot, il génère<br />

3 300 emplois salariés et une consommation<br />

globale de 328 millions d'euros<br />

(chiffres 2012).<br />

Au sein de<br />

cette région<br />

riche de sites<br />

majeurs, le<br />

Lot n'a pas<br />

à rougir de<br />

son potentiel<br />

valorisé par<br />

une politique<br />

de développement<br />

initiée<br />

en 1969 avec<br />

la création<br />

du Comité départemental<br />

du tourisme<br />

(CDT). Jean<br />

de Chalain en<br />

fut le directeur<br />

jusqu'en<br />

2000 : "Le<br />

tourisme avait<br />

jusqu'alors<br />

une image<br />

culturelle.<br />

C’est la prise<br />

de conscience<br />

de son potentiel<br />

économique<br />

par les<br />

politiques qui<br />

a donné naissance<br />

au CDT."<br />

Le rôle de<br />

celui-ci fut de<br />

fédérer les acteurs<br />

du tourisme<br />

et de<br />

développer<br />

des actions<br />

de sensibilisation<br />

pour<br />

structurer<br />

et qualifier<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 TERRITOIRE // Economie<br />

33


#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 TERRITOIRE // Economie<br />

34<br />

« L’œnotourisme, un axe touristique et économique fort pour le Lot. »<br />

l'offre du territoire. "De destination culturelle,<br />

le Lot est devenu une destination grand<br />

public. La protection des sentiers, la relance<br />

du chemin de Compostelle ont contribué à<br />

développer le tourisme rural, avec l'appui<br />

des agriculteurs via les gîtes ruraux, campings<br />

à la ferme et autres fermes-auberges.<br />

Ceux-ci dans le même temps firent découvrir<br />

leurs produits et leur terroir. La remise en<br />

navigation de la rivière Lot a offert de nouvelles<br />

activités de pleine nature. Le Lot s'est<br />

montré innovant dans sa démarche de développement,<br />

en avance sur les autres départements."<br />

précise Jean de Chalain.<br />

Marché plus concurrentiel, mobilité accrue,<br />

modes de vie différents, sans oublier l'incidence<br />

d'internet... en 2017, le tourisme a<br />

changé et tout évolue très vite. La tendance<br />

n’est plus aux longues vacances, mais aux<br />

courts séjours décidés souvent au dernier<br />

moment. Internet donne accès à l'ensemble<br />

du marché depuis chez soi et influe sur le<br />

profil même de ce marché. L’émergence de<br />

l'hébergement collaboratif type Airbnb au<br />

détriment des hébergements traditionnels<br />

en est un exemple. "Pour rester compétitifs,<br />

les professionnels doivent être réactifs<br />

et faire évoluer en permanence leurs prestations."<br />

constate Pierre Lagache, actuel<br />

directeur de l'Agence de développement<br />

touristique (ADT). Pour répondre à ces<br />

évolutions comportementales, l'ADT mise<br />

sur la promotion d'une destination Lot axée<br />

sur la qualité avec pour outils classements,<br />

qualifications et autres labels.<br />

"Nous revendiquons un tourisme rural qualitatif<br />

qui est notre identité." reprend Pierre<br />

Lagache. "La randonnée pédestre s’appuie<br />

sur notre superbe réseau de chemins, la navigation<br />

a totalement redynamisé la rivière.<br />

L'itinérance reste pour nous un axe majeur.<br />

Nous misons aujourd’hui sur la véloroute<br />

avec l'aménagement des voies vertes en val-


CLÉMENT BOUSCAREL,<br />

PROFESSION : PAYSAN CONTEUR<br />

Clément Bouscarel<br />

a deux métiers. Le<br />

premier, il l'a hérité<br />

de ses ancêtres avec<br />

la ferme familiale<br />

où ont travaillé<br />

plusieurs générations<br />

avant lui. Il<br />

élève des canards<br />

et produit des noix,<br />

mais aussi luzerne,<br />

blé, orge, maïs et,<br />

pour les besoins de<br />

la consommation<br />

courante, lapins, dindons,<br />

abeilles pour le miel, légumes... "Toute la ferme<br />

est en bio." précise-t-il.<br />

Son second métier est le fruit de deux passions : son<br />

Quercy natal et le conte, par lequel il partage l'histoire<br />

de son pays et les traditions d'un passé transmis<br />

par voie orale de génération en génération. Ses histoires<br />

racontent la vie, la nature, et se peuplent parfois<br />

de personnages magiques pour devenir légendes.<br />

Et tout cela en français mêlé d'occitan, "pour la<br />

musique" précise le conteur qui parle couramment les<br />

deux langues, "et parce que ces histoires parlent d'un<br />

temps où les gens d'ici ne parlaient pas français !".<br />

Cela fait 5 ou 6 ans qu'il exerce sa double profession,<br />

après des études en environnement et une expérience<br />

de guide touristique. "J'organisais des randonnées de<br />

découverte de la nature et du patrimoine. Un jour, pour<br />

animer une soirée, j'ai raconté les histoires que j'entendais<br />

dans ma famille quand j'étais petit." La passion<br />

s'est conjuguée au talent et de conteur occasionnel,<br />

Clément Bouscarel est devenu conteur professionnel.<br />

Il se produit dans des festivals et fait vivre le<br />

patrimoine par des visites contées. Ses histoires ont<br />

plusieurs niveaux de lecture. Amoureux de la nature,<br />

écologique dans l'âme bien sûr, il en profite pour distiller<br />

quelques messages "de simple bon sens paysan".<br />

Acteur touristique atypique, cet ambassadeur du<br />

Quercy a su créer une passerelle entre agriculture,<br />

culture et patrimoine. Un projet sommeille : restaurer<br />

la maison du 18è siècle de ses ancêtres, l'"oustal<br />

vielh", et en faire un lieu de transmission. "J'aimerais<br />

y perpétuer la transmission orale par une scène<br />

ouverte autour du conte ou encore des ateliers type<br />

vannerie…" Le projet n’avance pas vite : "Je n'ai pas de<br />

financement et je fais tout par moi-même." La valeur<br />

que revendique avant tout Clément Bouscarel, c'est la<br />

liberté. Cela dit, si un mécène a un coup de cœur pour<br />

son projet, il lui ouvrira sa porte tout grand !<br />

lées de la Dordogne et du Lot. Nous pouvons<br />

en estimer les retombées économiques en extrapolant<br />

les résultats observés par exemple<br />

sur le canal du Midi." Œnotourisme, géotourisme<br />

sont d'autres thématiques intéressantes.<br />

Au sein de l'Occitanie, le Lot reste-t-il visible ?<br />

Pierre Lagache est confiant : "Nous proposons<br />

des grandes destinations -vallée du<br />

Lot, de la Dordogne- à l'échelle de la région.<br />

Notre patrimoine terrestre et souterrain est<br />

renommé et labellisé : monuments historiques,<br />

géoparcs, patrimoine de l’Unesco…<br />

Le Parc naturel régional des causses du<br />

Quercy nous donne accès au réseau régional<br />

des parcs. Notre réseau d'offices de tourisme,<br />

au nombre de 9, est bien structuré, et nous<br />

sommes plutôt en avance dans ce domaine."<br />

Le tourisme est l'un des piliers de l'économie<br />

lotoise, renchérit Thomas Chardard,<br />

et un rapprochement des forces vives des<br />

départements d'Occitanie serait idéal pour<br />

tisser une filière régionale forte de sa diversité.<br />

UNE AGRICULTURE AUX<br />

PRODUITS D'EXCELLENCE<br />

La filière agricole et agro-alimentaire lotoise<br />

s’est forgé une renommée. Aux côtés<br />

d’une filière "gras" à Gourdon et Gramat<br />

en belle progression, les produits "made<br />

in Lot" sont marqués AOC, AOP, IGP ou Label<br />

Rouge, et régulièrement récompensés<br />

(57 médailles au dernier Salon de l'agriculture).<br />

Vin, melons, truffes, safran, noix,<br />

agneau fermier, Rocamadour... contribuent<br />

à la réputation de la gastronomie, tirée vers<br />

le haut avec la création -il y a 30 ans là encore<br />

!- des Bonnes Tables du Lot, réseau de<br />

restaurateurs engagés dans une démarche<br />

qualité autour de la valorisation des pro-<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 TERRITOIRE // Economie<br />

35


#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 TERRITOIRE // Economie<br />

36<br />

duits locaux. "Il est dommage qu'aucune de<br />

ces filières, notamment le vin ou la truffe, ne<br />

soit suffisamment structurée pour créer un<br />

réel poids économique." déplore cependant<br />

Thomas Chardard.<br />

LA PRIORITÉ : RAJEUNIR LA<br />

POPULATION POUR ASSURER<br />

L'AVENIR<br />

Le vieillissement de la population, avec<br />

une tranche des + de 65 ans qui augmente<br />

quand celle des actifs diminue, engendre<br />

des enjeux vitaux pour l'avenir. 60% des<br />

chefs d'entreprise lotois ont plus de 55 ans<br />

et la moitié des artisans plus de 50 ans. Se<br />

pose le double problème des reprises pour<br />

consolider l'existant et de la création d'entreprises<br />

pour créer de nouveaux emplois.<br />

"Nous devons impérativement attirer des<br />

créateurs d'entreprise et des actifs." résume<br />

le président de la CCI. "Notre point faible<br />

reste encore l'accès au réseau numérique<br />

avec un débit défaillant, mais nous y remédions<br />

avec une démarche combinant fibre<br />

optique, accès au haut et très haut débit,<br />

satellite…" Pour être attractif, un territoire<br />

doit offrir un cadre de vie qualitatif, des<br />

structures familiales et de proximité performantes,<br />

un rayonnement culturel, bref :<br />

une qualité de vie. Soyons confiants, ces<br />

atouts, le Lot les a. •<br />

ANNE ET HEIFARA SWARTVAGHER,<br />

LE MÉTIER DE VIGNERON AU SERVICE<br />

DU TOURISME ET VICE VERSA<br />

"Le<br />

vignoble<br />

est propriété<br />

de<br />

ma famille<br />

depuis<br />

1619, il est<br />

passé entre<br />

les mains<br />

de beaucoup<br />

de<br />

femmes !"<br />

sourit<br />

Anne<br />

Cavalié-Swartvagher, à la tête, avec son mari, du<br />

"Château Saint-Sernin" à Parnac. Elle, fille de vigneron,<br />

n'avait jamais travaillé dans l'exploitation. Lui,<br />

natif de Polynésie, était artiste peintre. En 2002, le<br />

couple décide de reprendre le domaine et apprend le<br />

métier, lui côté vigne et chai, elle à l’administrationgestion-expédition<br />

et commercialisation. "Jusque là,<br />

il s'agissait d'une exploitation traditionnelle, mon père<br />

n'accueillait pas à la propriété. Mais notre métier s'est<br />

affiné, avec une technologie plus pointue. Nous devons<br />

présenter nos produits aux clients, leur expliquer nos<br />

techniques et répondre à leurs questions." Week-ends<br />

portes ouvertes, visites de chai avec dégustation se<br />

mettent en place. Lorsque l'ADT crée le label "Accueil<br />

vigneron", elle adhère, faisant du "Château Saint-<br />

Sernin" le maillon d'un réseau de valorisation des<br />

produits lotois.<br />

Le couple va plus loin. "Pour se démarquer et s'identifier<br />

auprès des clients aujourd’hui, il faut associer le<br />

vin à un concept." explique Anne. "Par affinité, nous<br />

avons choisi d'associer notre vin à l'Art." Un événement<br />

nommé Barriq'Art a ainsi fêté cette année sa 7è<br />

édition : des artistes créent des œuvres en lien avec<br />

le vin à partir de matériel de récupération, douelles,<br />

barriques, bouchons... qui sont ensuite exposées dans<br />

le chai. Ce même chai prête parfois son acoustique à<br />

des soirées musicales. Et Jean-Michel peint lui-même<br />

les étiquettes des bouteilles.<br />

Unique représentant de l'appellation Cahors dans le<br />

réseau national Covigneron.com, le Château<br />

Saint-Sernin propose aux amateurs une nouvelle<br />

expérience : le parrainage de pieds de vigne. Pendant<br />

un an, les "apprentis vignerons" s’initient au travail<br />

de la vigne jusqu'à l'étape ultime : la dégustation de<br />

leur millésime avec bouteilles personnalisées.<br />

"Ce réseau inter-régions nous fait connaître auprès de<br />

nos confrères d’autres appellations." commente Anne.<br />

Enfin, soucieux d’une réciprocité bénéfique à ses<br />

produits et au tourisme lotois, le Château Saint-Sernin<br />

est membre de l'association Touristic Vallée(s) Lot et<br />

Dordogne, qui fédère des acteurs touristiques autour<br />

de projets communs.


Grand<br />

Jeu<br />

DES<br />

ANS<br />

A GAGNER<br />

1 ER LOT 2 ÈME LOT<br />

Un dîner d’exception pour deux<br />

personnes (valeur 160€)<br />

dans le restaurant de votre choix<br />

parmi les établissements membres<br />

de l’association « Les Bonnes<br />

Tables du Lot »<br />

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pour vous ou à offrir à la personne<br />

de votre choix.<br />

Un vol en avion au dessus du Lot<br />

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37<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />

3 ENVELOPPES SERONT TIRÉES AU SORT LE 15 DÉCEMBRE 2017 SOUS CONTRÔLE D'HUISSIER ET DÉTERMINERONT LES 3 GAGNANTS DU JEU.<br />

POUR PARTICIPER AU JEU :<br />

DECOUPER OU RECOPIER CE BULLETIN SUR PAPIER LIBRE ET NOUS L’ADRESSER SOUS ENVELOPPE<br />

AVANT LE 08/12/2017 (cachet de la poste faisant foi) à :<br />

DIRE TERRITOIRES - 141, CHEMIN DU PARADIS - 46000 CAHORS<br />

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ADRESSE .................................................................................................................................................................................................................................................................................................................<br />

CODE POSTAL ....................................................................................................... VILLE ......................................................................................................................................................................<br />

Jeu ouvert du 26/10/2017 au 08/12/2017. Règlement déposé et consultable chez la Scp Montaubric - Berenguer, huissiers de justice associés à Cahors au 56 Avenue de la Beyne.<br />

Dire territoires / Sarl au capital de 5000 euros - RCSCahors 529 697 864 - Tél. 09 67 00 73 40


NATURE & ENVIRONNEMENT<br />

38<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />

Agriculture, territoire<br />

et environnement<br />

Pas de pays<br />

sans paysans !<br />

Textes et Photos Pierre Sourzat (sauf mention spéciale)


39<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />

Crédit © CPPL / J. Morel


NATURE & ENVIRONNEMENT // Agriculture, territoire et environnement<br />

40<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />

En 1957, le Traité de Rome et l’instauration de la politique agricole<br />

commune pour rendre l’Europe autosuffisante au plan alimentaire ont<br />

créé les conditions d’un changement profond de l’agriculture. Il y a<br />

30 ans, les agriculteurs avaient cette ambition principale de produire.<br />

Mais les choses ont changé avec les règles de l’OMC. De plus, avec le<br />

réchauffement climatique, on peut s’attendre à d’autres changements<br />

importants pour les prochaines décennies.<br />

On n’échappe plus au contexte global de notre monde, y compris<br />

lorsqu’on habite le Lot. Dans le numéro 24 de Dire Lot (octobre,<br />

novembre 1990), il y a 27 ans, il était déjà question d’évolution de<br />

la production. « La première fonction de l’agriculture, qui consiste<br />

à produire en grande quantité et au moindre coût des denrées<br />

consommables, n’étant plus aujourd’hui suffisante à son maintien<br />

dans le Lot, il nous faut prendre de plus en plus au sérieux la fonction<br />

qualitative ». La logique de l’époque consistait à produire des volumes<br />

avec des prix en face. L’amélioration constante de la qualité était dans<br />

tous les esprits. Les excédents agricoles en matière de céréales, viande<br />

et lait étaient contrôlés avec le concours de l’Europe. Les quotas laitiers<br />

avaient été mis en place en 1984.<br />

Des aides à la cessation d’activité permettaient l’agrandissement<br />

des exploitations et des volumes produits afin de maintenir<br />

les revenus. Les syndicats agricoles se battaient pour garantir<br />

les prix à la production.<br />

La nouvelle Politique agricole<br />

commune (PAC) fut mise en<br />

place en 1992 avec de nouveaux<br />

leviers pour le soutien<br />

aux exploitations. « Les aides<br />

à l’hectare sont venues remplacer<br />

les aides à la production, explique Alain<br />

Guitard, Directeur de la Chambre d’Agriculture<br />

du Lot. Les agriculteurs ont dû déclarer<br />

les surfaces occupées sur leur exploitation.<br />

Nous avons dû mettre en parallèle d’un<br />

accompagnement purement technique, une<br />

aide conséquente sur le plan administratif. »<br />

Nombre d’agriculteurs se sont sentis dépassés<br />

par la situation et la chambre d’agriculture<br />

n’a pas hésité dans son soutien<br />

aux agriculteurs. Les réformes de la PAC<br />

se sont succédées. A chaque fois, en 1999,<br />

2006, 2014, les systèmes déclaratifs se sont<br />

sophistiqués. « Jusqu’alors le paysan s’occupait<br />

de produire, souligne Jean-Claude<br />

Coudon, Directeur adjoint. On lui a greffé<br />

une activité pour laquelle il n’était pas préparé.<br />

Tout cela parce que l’Europe avait<br />

un système trop protecteur au plan international<br />

qui entrait en contradiction avec<br />

les règles du GATT. L’ambition du GATT, ou<br />

« accord général sur les tarifs douaniers et le<br />

commerce », était de faciliter le libre échange<br />

entre les pays et de faire baisser les prix pour<br />

les consommateurs. L’Europe a dû transformer<br />

son soutien direct à l’agriculture avec<br />

le « découplage des aides » déconnectant les<br />

aides des quantités produites. »<br />

LE SYSTÈME EST DÉSORMAIS<br />

NORMÉ ET CONTRÔLÉ EN<br />

AGRICULTURE.<br />

Au cours de ces 30 dernières années, les<br />

aides à la production sont devenues des<br />

aides à l’exploitation agricole en fonction


Elevage porcin<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 NATURE & ENVIRONNEMENT // Agriculture, territoire et environnement<br />

41<br />

Elevage d’oies en Quercy


NATURE & ENVIRONNEMENT // Agriculture, territoire et environnement<br />

42<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />

de leur historique. « L’acte de production<br />

est passé au second plan, ajoute le Directeur.<br />

Après guerre, on avait demandé aux<br />

agriculteurs de produire. C’est presque si<br />

aujourd’hui on ne leur reprocherait pas<br />

d’avoir trop bien réussi. Petit à petit, les prix<br />

de vente se sont dégradés au point qu’ils se<br />

sont déconnectés des coûts de production.<br />

Les aides ne font que compenser la perte sur<br />

le produit. L’objectif du GATT a été atteint<br />

puisque le panier de la ménagère est passé<br />

de 35 à 20 % du revenu familial en près de<br />

30 années. » Le métier de paysan tel qu’il<br />

était conçu autrefois a perdu sa légitimité.<br />

« Le système normé et contrôlé où le facteur<br />

production a perdu de sa valeur s’est traduit<br />

par des déclarations très lourdes, complète<br />

le Directeur-adjoint. Le papier a été remplacé<br />

par la numérisation des données requérant<br />

des compétences particulières. Les<br />

parcelles sont répertoriées sur un cadastre<br />

établi à partir de photos aériennes ou satellite.<br />

On n’a plus droit à l’erreur et celles-ci<br />

ne sont plus rattrapables. Ce sont près de 40<br />

personnes qui travaillent auprès des agriculteurs<br />

pour leur déclaration PAC du 1er avril<br />

au 15 mai. Sans ces déclarations, ils n’auraient<br />

pas de revenu. »<br />

LE TERRITOIRE PERD<br />

DE SES AGRICULTEURS.<br />

Dans le Dire Lot de juin 1998, nous rapportions<br />

que « l’objectif des 150 installations<br />

par an, représentant 250 actifs agricoles,<br />

n’est pas loin d’être atteint. La plupart vivront<br />

effectivement de la terre : sur les installations<br />

de la décennie, on compte 90 %<br />

de réussite après 3 ans. Pas de pays sans<br />

paysans ! » Or, en 30 ans, le nombre d’agriculteurs<br />

dans le Lot a été divisé par deux,<br />

passant de plus de 7000 à environ 3500.<br />

Le nombre d’installations aidées se situe<br />

autour de la trentaine. La Chambre d’Agriculture<br />

a complété son logo, en 2010, par<br />

« Agricultures et Territoires », pour montrer<br />

son implication au service de tous les<br />

types d'agricultures et de celui des territoires<br />

dans lesquels s'exerce l'activité agricole.<br />

« L’établissement est devenu interlocuteur<br />

des collectivités territoriales, lesquelles<br />

ont pris des compétences nouvelles, explique<br />

le Directeur.<br />

CHRISTOPHE CANAL, PRÉSIDENT DE LA<br />

CHAMBRE D’AGRICULTURE<br />

DU LOT RÉSUME<br />

« La particularité<br />

de l’agriculture<br />

lotoise, c’est<br />

d’être à dimension<br />

humaine. Un producteur<br />

de porcs<br />

en Espagne peut<br />

produire tout ce<br />

que produit le Sud-<br />

Ouest. Nous avons<br />

toujours essayé de<br />

garder des hommes<br />

sur le territoire.<br />

Cela passe par des<br />

cultures à haute<br />

valeur ajoutée où<br />

l’eau est déterminante. Au train ou ça va pour l’eau,<br />

je crains que l’on se réveille un jour en s’apercevant<br />

que l’on n’a pas fait ce qu’il fallait. Que se passerait-il<br />

en été si les réserves en amont du Lot avec leur 500<br />

millions de m3 n’existaient pas ? A Marcaix, commune<br />

de Catelnau-Montratier, le projet d’une réserve d’eau<br />

bénéficiant à une trentaine d’agriculteurs est gelé à<br />

cause de la lourdeur administrative. Pour la PAC, dont<br />

les aides sont en diminution constantes, l’administration<br />

est dépassée avec des retards de paiement qui<br />

s’accumulent. Cependant, il faut arrêter de dire que<br />

c’était mieux avant. Les technologies embarquées, la<br />

robotique, les innovations sont le propre d’une agriculture<br />

qui se modernise et va rendre les tâches plus<br />

faciles dans le respect de l’environnement. »<br />

« En 30 ans, le nombre<br />

d’agriculteurs dans le Lot<br />

a été divisé par deux,<br />

passant de plus de 7000<br />

à environ 3500. »<br />

Nous avons un avis à donner sur les projets<br />

qui concernent l’aménagement du territoire<br />

et son urbanisation. Mais les territoires<br />

perdent de leurs agriculteurs. » Ce<br />

qui semble toutefois dommageable, c’est<br />

le retour à un certain individualisme. Il y a<br />

30 ans, la dimension du collectif à travers<br />

les coopératives (coopératives et groupements<br />

de producteurs) s’imposait tout naturellement.<br />

On produisait, on mutualisait<br />

le matériel agricole, on se regroupait pour


Exploitation agricole au pied du village de Saint-Cirq Lapopie<br />

acheter et vendre. Les outils collectifs se<br />

raréfient malheureusement.<br />

LA DIFFICULTÉ<br />

DE JOUER COLLECTIF.<br />

« Les jeunes préfèrent aujourd’hui des installations<br />

individuelles, estime Jean-Claude<br />

Coudon. Le nombre de GAEC (Groupement<br />

agricole d’exploitation en commun) est tombé<br />

en trois décennies de 1100 à 600. On a<br />

longtemps pensé que l’installation en société<br />

était plus sécurisante en agriculture. Or, les<br />

solutions individuelles chez les nouveaux<br />

venus sont majoritaires jusque dans la mise<br />

en marché des produits. » Dans le Dire Lot<br />

de 1988, nous indiquions que le nombre de<br />

CUMA était dans le Lot de 190 contre 168<br />

actuellement. Non seulement, le nombre<br />

de CUMA a baissé mais il est de plus difficile<br />

de renouveler les responsables de ces<br />

coopératives. La difficulté serait la même<br />

dans le monde agricole que dans les autres<br />

secteurs d'activité. Les responsables professionnels<br />

de l’agriculture qui ont du vécu<br />

ont tendance à penser qu’il s’agit là d’une<br />

évolution profonde de la société. L’individualisme<br />

devient la référence ou la préférence.<br />

L’hyper connexion serait un facteur<br />

NATURE & ENVIRONNEMENT // Agriculture, territoire et environnement<br />

43<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017


44<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />

NATURE & ENVIRONNEMENT // Agriculture, territoire et environnement<br />

L’enjeu de l’eau est colossal<br />

de repli sur soi. On n’échangerait plus avec<br />

les voisins.<br />

LA MULTIPLICATION DES<br />

NORMES, LE BIO, ET<br />

L’ENVIRONNEMENT.<br />

Le concept de production en agriculture a<br />

été supplanté par ceux d’alimentation et<br />

de santé. « La multiplication des normes<br />

est devenue un casse-tête coûteux pour les<br />

agriculteurs, s’inquiète Alain Guitard. Les<br />

normes notamment sur la maîtrise des pollutions<br />

d’origine agricole, sont calibrées sur<br />

le nord de l’Europe, par rapport à des territoires<br />

à haute densité de population. Les<br />

investissements non productifs pénalisent<br />

les trésoreries des exploitations lotoises. Ces<br />

normes ne prennent pas suffisamment en<br />

compte nos réalités. » Au-delà de la question<br />

des normes, les agriculteurs restent<br />

sensibles à la protection de l’environne-


PASCAL VERHAEGHE,<br />

PRÉSIDENT DE L’UIVC, APPORTE<br />

UN ÉCLAIRAGE SUR LE BIO<br />

ET LE CHANGEMENT CLIMATIQUE<br />

« Nous avons assisté à beaucoup de reconversions en<br />

bio au cours de ces dernières années. Environ 15 %<br />

des vignerons sont en bio dans le Lot contre 3 à 5 %<br />

en France. Avec le bio, tout se joue dans la perfection.<br />

Bien sûr chacun peut avoir des clés personnelles pour<br />

que ça marche. La demande en vins bio ne cesse de<br />

grossir. Le bio chez les vignerons offre une plus-value à<br />

long terme. Le changement climatique est évident avec<br />

des vendanges de plus en plus précoces. Ceci a pour<br />

conséquence des raisins plus murs et une amélioration<br />

de la qualité. Mais ce qui surprend le plus, ce sont les<br />

aléas climatiques avec la grêle, la sécheresse et le gel.<br />

En 2017, nous avons eu mars en avril et avril en mars.<br />

Cette gelée d’avril a été très préjudiciable. Il faut déjà<br />

se poser la question de l’arrosage des vignes pour sauver<br />

les récoltes et améliorer la qualité. En 2003, si l’on<br />

avait pu arroser, on aurait sauvé la récolte. »<br />

NATURE & ENVIRONNEMENT // Agriculture, territoire et environnement<br />

45<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />

« Avec le changement climatique,<br />

les prévisionnistes estiment que<br />

nous allons manquer d’eau pour<br />

les besoins domestiques et pour<br />

boire dans le Lot dans 20 ans. »<br />

ment dans lequel ils veulent vivre en bonne<br />

santé. La Chambre du Lot a déjà amorcé le<br />

virage du bio avec un technicien référent<br />

et des spécialistes pour le maraîchage, les<br />

plantes aromatiques, les filières lait, noix<br />

et viticoles. Des difficultés sont soulignées<br />

par les professionnels. Ils regrettent que<br />

chaque fois qu’un projet économique d’envergure<br />

se met en place, une association<br />

se crée pour le contester, notamment pour<br />

l’implantation des bâtiments. Les traitements<br />

viticoles, les nuisances visuelles ou<br />

olfactives font partie du panel des contestations<br />

habituelles par les riverains.<br />

La question de l’eau devient majeure. « On<br />

ne peut plus stocker l’eau en hiver pour la<br />

réutiliser en été, relève Alain Guitard. Les<br />

études d’impact sur le milieu sont de plus en<br />

plus coûteuses. Les normes réglementaires<br />

ne sont pas proportionnées à la dimension<br />

des ouvrages.


Les contraintes sont devenues telles que l’on<br />

va finir par user les initiatives. Pourtant, l’enjeu<br />

de l’eau est colossal pour les prochaines<br />

décennies. Avec le changement climatique,<br />

les prévisionnistes estiment que nous allons<br />

manquer d’eau pour les besoins domestiques<br />

et pour boire dans le Lot dans 20 ans.<br />

NATURE & ENVIRONNEMENT // Agriculture, territoire et environnement<br />

46<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />

ANNE GODIN<br />

ET L’HISTOIRE DU GROUPEMENT<br />

DÉPARTEMENTAL AB OU GD AB<br />

Anne GODIN vit à<br />

Saint-Matré au Château<br />

du Vent d’Autan.<br />

Elle est à l’origine du<br />

GD AB avec quelques<br />

amis. « En 1995, on a<br />

commencé à se réunir<br />

avec quelques amis<br />

et en 1997 on a créé<br />

Lot ABné réunissant<br />

47 agriculteurs en<br />

bio, relate-t-elle. J’ai<br />

représenté les bios en<br />

qualité de présidente<br />

jusqu’en 2004. J’allais<br />

à la Région pour que<br />

les bios du Lot soient<br />

reconnus en tant<br />

que tels. On veillait<br />

au grain pour que notre cahier des charges ne soit pas<br />

abaissé, ce qui se passe aujourd’hui avec Bruxelles.<br />

Nous, on veut que le lien entre le sol et la plante soit<br />

préservé. Si les oligo-éléments naturels du sol ne sont<br />

pas dans la plante, comment ses fruits peuvent-ils avoir<br />

du goût, comment conserver la santé ? Les bios espagnols<br />

respectent le cahier des charges mais avec des<br />

cultures sous serre. La plante est dans le sol sans être<br />

dans son environnement naturel ; elle ne connait pas la<br />

biodiversité. La bio concerne de nombreuses filières : la<br />

viticulture, le maraichage, les petits fruits, les plantes<br />

aromatiques, l’élevage caprin, ovin, bovin, etc. En viticulture,<br />

nous sommes passés de 7 vignerons à au moins<br />

35. Si le raisin est beau, c’est facile de faire du vin bio.<br />

C’est en arboriculture que la culture bio est le plus difficile<br />

mais on y arrive avec des variétés anciennes qui<br />

sont plus adaptées à la biodiversité. » Véronique Gault<br />

a succédé à Anne Godin en 2004, puis Serge Moulène<br />

et Thierry Simon en 2008 et Nathalie Masbou<br />

en 2013. Fanelli Walter est la technicienne de Bio 46<br />

qui compte 120 adhérents pour 360 bios dans le Lot.<br />

Après une interruption de plusieurs années, elle a<br />

repris le flambeau de Daniel Lavergne. Son bureau est<br />

à la Maison de l’agriculture du Lot.<br />

Champs de céréales en Quercy blanc<br />

La Garonne sera à sec en été. Les ouvrages<br />

hydroélectriques en amont du Lot permettent<br />

de réguler son débit durant l’année.<br />

On ne pourrait pas bâtir ces barrages aujourd’hui.<br />

» Les professionnels de l’agriculture<br />

pensent que l’on a perdu le sens des<br />

réalités entre l’écologie et l’économie. Ils<br />

s’attendent à des impacts certains sur les<br />

populations dans les prochaines décennies.<br />

L’INSTALLATION DES JEUNES<br />

PÉNALISÉE PAR LA TAILLE<br />

DES EXPLOITATIONS.<br />

La production agricole est touchée par les<br />

évolutions de l’agriculture. « Les volumes<br />

ont augmenté dans le Lot mais ils commencent<br />

à baisser, poursuit Jean-Claude<br />

Coudon. Les structures foncières ont moins<br />

évolué que dans les autres départements


NATURE & ENVIRONNEMENT // Agriculture, territoire et environnement<br />

47<br />

avec des exploitations agricoles dont la superficie<br />

moyenne est passée de 35 ha à 50<br />

ha alors que la moyenne en France est de 55<br />

ha et dans la région Centre de 95 ha. On a<br />

conservé une forte concurrence sur le foncier<br />

avec des prix qui ont dérapé à certains<br />

endroits, ce qui n’arrange pas la situation.<br />

On a pourtant des jeunes qui veulent venir<br />

dans le département avec des situations de<br />

départ très diverses. La taille importante de<br />

certaines exploitations ne facilite pas leur<br />

reprise. Lorsque le foncier, les bâtiments,<br />

le matériel et les animaux représentent des<br />

sommes importantes, les moyens financiers<br />

exigés deviennent hors de portée des repreneurs<br />

potentiels. Les banques sont frileuses.<br />

Différentes formules ont cependant été mises<br />

en place pour faciliter la reprise d’exploitation.<br />

»<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017


REGROUPER LES MOYENS<br />

POUR MIEUX LES PARTAGER<br />

DANS UN CONTEXTE<br />

D’INNOVATION.<br />

NATURE & ENVIRONNEMENT // Agriculture, territoire et environnement<br />

48<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />

Au terme de 30 années d’évolution, il ne<br />

faut pas penser que tout est foutu. Les<br />

agriculteurs sur le terrain s’accrochent<br />

en contribuant à la vitalité de leur territoire.<br />

Si parfois le moral n’est pas au beau<br />

fixe, ils résistent et<br />

s’engagent à la recherche<br />

de solutions<br />

plus économiques ou<br />

novatrices. Les projets<br />

ne manquent pas.<br />

« Au fil du temps, on a<br />

toujours fait en sorte<br />

d’accompagner les<br />

agriculteurs, soutient<br />

le Directeur. L'évolution<br />

de la demande et<br />

les moyens plus rares<br />

font que la gestion<br />

des chambres d’agricultures<br />

devient compliquée.<br />

L’avenir, c’est<br />

certainement le partage<br />

des compétences,<br />

la mutualisation des<br />

moyens entre départements<br />

et nous y travaillons.<br />

Déjà, nous<br />

partageons des techniciens<br />

spécialisés avec<br />

d’autres Chambres.<br />

L'innovation, pour<br />

nous, c'est le quotidien.<br />

Les nouvelles technologies<br />

associées au<br />

numérique en matière<br />

d’élevage ou de fertilisation<br />

sont en train de<br />

transformer le métier.<br />

Le big data en agriculture,<br />

c’est maintenant.<br />

A nous d'en faire une<br />

opportunité. » Si l’acte de production des<br />

paysans est passé au second plan dans un<br />

contexte mondialisé, Il n’en reste pas moins<br />

nécessaire. Le qualitatif dont nous parlions<br />

il y a 27 ans n’a pas suffi. Reste que ce sont<br />

les paysans qui font le pays avec son environnement<br />

et ses ressources nourricières,<br />

paysagères et économiques. •


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DIRE TERRITOIRES - 141, CHEMIN DU PARADIS - 46000 CAHORS<br />

Tél. 09 67 00 73 40


ART DE VIVRE<br />

30 ans<br />

de culture dans le Lot !<br />

Textes Hélène Ferrarini Photos Voir crédits


51<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />

Madame Butterfly au château de Castelnau-Bretenoux, Festival de Saint-Céré 2012 - Crédit © Nelly Blaya


#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 ART DE VIVRE // 30 ans de culture dans le Lot<br />

52<br />

"Ce que je trouve extraordinaire, c'est que des projets qui étaient portés<br />

par de petites associations, des syndicats d'initiative ou des offices<br />

du tourisme, sont aujourd'hui devenus des piliers de la vie culturelle<br />

lotoise" commente Béatrice Bardon, chargée de mission musées<br />

et beaux-arts au Département du Lot.<br />

"Bien des territoires français, plus riches, plus peuplés envient la<br />

diversité et la qualité de l’offre culturelle du Lot !" poursuit Catherine<br />

Prunet, vice-présidente du Département chargée de la Vie associative,<br />

du Sport et de la Culture<br />

Le paysage culturel et artistique du Lot de 2017 se met en place à la<br />

fin du siècle dernier. Des festivals voient le jour, des musées ouvrent,<br />

l'accès à la culture se démocratise, la pratique artistique s'organise...<br />

30 ans plus tard, nombre des événements et des structures créés à<br />

cette époque existent toujours. Depuis les années 2000, les enjeux ont<br />

évolué. Il faut se démarquer pour se faire remarquer et garder sa place<br />

dans l'agenda et la carte culturelle lotoise, largement étoffés.<br />

En 1987, le Lot compte déjà<br />

quelques festivals. Pionnier,<br />

Souillac en jazz a vu le jour en<br />

1976, fondé par Sim Copans,<br />

homme de radio et fin connaisseur<br />

de cette musique venue<br />

d'Amérique. Pendant de nombreuses années,<br />

il en élabore la programmation, donnant<br />

à l'événement une portée nationale<br />

et internationale. Quelques années après,<br />

c'est au Cahors Blues festival de pousser<br />

ses premières notes. Né en 1982, le doyen<br />

des festivals de France en la matière a accueilli<br />

parmi les plus grands noms du blues,<br />

de Ray Charles à Nina Simone. En 1985,<br />

c'est au tour des Rencontres de cinéma de<br />

Gindou de projeter leur première bobine. A<br />

la 33e édition qui a eu lieu fin août 2017,<br />

le festival a réuni 18 000 spectateurs dans<br />

une commune qui compte 300 habitants.<br />

Le succès d'un festival et sa pérennisation<br />

sont le fruit d'une alchimie complexe, mais<br />

il est certain que l'impulsion donnée par<br />

certaines personnes est cruciale, comme en<br />

témoigne le pari réussi des rencontres de<br />

violoncelle de Bélaye, lancées en 1988.<br />

Au cours des années 1990, c'est l'effervescence.<br />

Des festivals tout aussi différents que<br />

les Rencontres musicales de Figeac autour<br />

des cordes, le festival jazz et littérature Les<br />

FESTIVALISATION<br />

DE LA CULTURE<br />

Africajarc, bientôt 20 ans !


DIFFICILE PASSAGE AU NUMÉRIQUE<br />

POUR CINÉLOT<br />

Le cinéma itinérant dans le Lot voit le jour en 1988,<br />

avec des bénévoles assurant des projections en<br />

16mm. "C’était une première alternative aux 3B (Bal<br />

Bouffe Belote), activités les plus fréquentes dans nos<br />

foyers à l’époque" commente Maguy Vayssouze,<br />

président de la Fédération des foyers ruraux du Lot.<br />

En 1999, un projecteur 35mm est acheté et un emploi<br />

jeune permet de relancer le cinéma itinérant, qui<br />

devient une activité de la fédération des foyers ruraux<br />

du département.<br />

45 sites de projections sont aujourd'hui agréés par<br />

le Conseil National du Cinéma et cinq salariés à<br />

temps partiel travaillent avec l'aide de bénévoles à la<br />

projection de film aux quatre coins du Lot. En 2016,<br />

126 films ont été projetés au cours de 340 séances<br />

auxquelles ont assisté 10500 spectateurs. Dans un<br />

territoire rural où nombre d'habitants vivent éloignés<br />

de la dizaine de salles de cinéma que compte le Lot,<br />

un cinéma itinérant est un superbe outil de diffusion<br />

culturelle. Mais il y aura moins de séances en 2017,<br />

la fédération des Foyers ruraux en ayant revu le<br />

nombre à la baisse pour "réduire les déficits". "Depuis<br />

le passage au numérique en 2012, les coûts ont augmenté"<br />

explique Mme Vayssouze. "Dans les salles fixes,<br />

le numérique a peut-être permis de réduire les coûts<br />

en embauchant moins de personnel, mais pour nous<br />

cela n'a rien changé puisque de toute façon nous nous<br />

déplaçons. De plus nous avons investi dans le matériel,<br />

qui demande des compétences informatiques, de la<br />

maintenance et n'aime pas trop le déplacement !"<br />

"Jusqu'en 2012, le cinéma itinérant nous permettait<br />

de faire quelques bénéfices et donc de développer<br />

d'autres activités." Aujourd'hui ce n'est plus le cas et<br />

le question du maintien de CinéLot au sein de de la<br />

fédération des foyers ruraux se pose. Il y a un an, la<br />

création de l'association Les amis de CinéLot a permis<br />

de récolter quelques milliers d'euros en soutien au<br />

circuit. Mais l'avenir reste incertain.<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 ART DE VIVRE // 30 ans de culture dans le Lot<br />

53<br />

nuits et les jours de<br />

Querbes à cheval entre le<br />

Lot et l'Aveyron et La BD<br />

prend l'air à Cajarc, ont ainsi soufflé leurs<br />

20 bougies en 2017. Africajarc les rejoindra<br />

l'an prochain. Au fil des ans, le panorama<br />

de festivals du Lot s'étoffe. Les rencontres<br />

de Théâtre de Figeac ont 17 ans. L'Eccausystème,<br />

festival de musiques actuelles qui<br />

se tient sur la commune de Gignac, 650 habitants,<br />

a réuni 42 000 personnes pour sa<br />

15e édition. Le festival de musique sacrée<br />

de Rocamadour naît en 2006. A Cahors,<br />

Traces contemporaines, festival de danses<br />

contemporaines, souffle cette année ses<br />

dix bougies. Cette énumération ne peut<br />

être exhaustive. Parmi les petits derniers,<br />

l'association Anima a lancé il y a deux ans<br />

Jazz in Marcilhac-sur-Célé, en clin d'œil au<br />

célèbre festival du Gers, Jazz in Marciac !<br />

A l'été 2017, la projection du dessin animé<br />

Les Aristochats et deux soirées musicales<br />

animèrent ce modeste événement en vallée<br />

du Célé, signe que la création de festival est<br />

toujours d'actualité dans le département.<br />

L'essentiel étant de trouver son créneau,<br />

l'humour en est un.


Le phénomène n'est bien sûr pas propre au<br />

Lot, puisqu'un tel essor est observé partout<br />

en Europe au cours de la deuxième moitié<br />

du XXe siècle, amenant des chercheurs à<br />

parler de "festivalisation" de la culture.<br />

Il y aussi les festivals qui sont partis ou qui<br />

ont disparu. Le printemps de Cahors, festival<br />

de photographie et d'arts visuels, a mis<br />

les voiles pour Toulouse en 2002, après dix<br />

ART DE VIVRE // 30 ans de culture dans le Lot<br />

54<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />

L'HISTOIRE MOUVEMENTÉE<br />

DU CHAÎNON MANQUANT<br />

Restera ? Restera pas ? La question a ponctué les<br />

quinze ans de présence du festival du Chaînon manquant<br />

dans le Lot. Arrivé en 1997 à Cahors après<br />

avoir vu le jour à Tours en 1991, le festival migre à<br />

Figeac en 2002 où il reste jusqu'en 2010 pour revivre<br />

une dernière édition lotoise à ... Cahors. Depuis 2012,<br />

le festival a élu domicile à Laval en Mayenne.<br />

Le Chaînon manquant est avant tout un réseau fondé<br />

dans les années 1980 travaillant au "repérage artistique"<br />

et au "développement économique d’un circuit<br />

culturel équitable et solidaire", dixit la structure. Au<br />

début des années 1990, ce réseau donne naissance<br />

à un festival multidisciplinaire avec du théâtre, des<br />

arts de la rue, des arts du cirque, de la musique, de<br />

la danse..., conçu comme "une plate-forme artistique<br />

permettant aux artistes de présenter leur projet et<br />

aux diffuseurs de repérer et d’échanger autour de la<br />

qualité des projets présentés pour construire leur<br />

programmation". Voilà pour la partie professionnels<br />

du spectacle. Pour le territoire qui accueille le<br />

Chaînon manquant, c'est avant tout un festival, avec<br />

ses concerts, ses représentations, ses artistes... et ses<br />

enjeux touchant au développement économique et<br />

social local.<br />

Les migrations internes au Lot, entre Cahors et<br />

Figeac, puis le départ définitif du département générèrent<br />

leur lot de frustrations et d'incompréhensions.<br />

Des élus locaux proposèrent d'augmenter les subventions<br />

pour faire rester l'événement. D'autres pointèrent<br />

les sommes précédemment accordées, vivant<br />

le départ du festival comme une trahison. Du côté des<br />

organisateurs, itinérance revendiquée du festival et<br />

mise en concurrence des territoires s'entremêlèrent.<br />

La question de l'ancrage local peut être sensible.<br />

Un festival investit un territoire tout autant que les<br />

territoires investissent dans les festivals, créant une<br />

relation d'interdépendance. Dans ce contexte, l'itinérance<br />

d'un festival peut être difficilement acceptée et<br />

acceptable.<br />

Musée Jean Lurçat - Crédit N. Blaya - Département du Lot<br />

ans dans la cité cadurcienne. Assier dans<br />

tous ses états, festival de jazz et de théâtre,<br />

proposant aussi des stages de capoeira,<br />

fondé en 1986, s'arrête à la fin années<br />

2000. Ou encore le Chaînon manquant et<br />

son histoire mouvementée.<br />

AUX MUSÉES<br />

DES CÉLÉBRITÉS<br />

En parallèle à ce bourgeonnement festivalier,<br />

le Lot assiste à la fin des années 1980 à<br />

un boom des inaugurations de musées. Tout<br />

comme pour les festivals, le facteur humain<br />

y est crucial. Ces lieux de culture s'appuient<br />

souvent sur la présence passée dans le Lot<br />

d'une personnalité dont le lieu tire sa légitimité.<br />

En 1988 ouvrent à la fois le muséeatelier<br />

Lurçat à Saint-Jean-les-tours, dans<br />

le château du maître de la tapisserie, et le<br />

musée Zadkine aux Arques, en mémoire<br />

aux séjours quercynois du sculpteur. En<br />

1986 à Figeac, le musée Champollion s'installe<br />

dans la maison natale du célèbre égyptologue,<br />

déchiffreur des hiéroglyphes.<br />

Pour Catherine Prunet « Il y a 30 ans, le<br />

Département a su saisir les opportunités<br />

qui s’offraient à lui : donation Lurçat et<br />

collection Zadkine. Aujourd’hui on amplifie<br />

ce travail en inscrivant ces musées dans la<br />

modernité, en s’appuyant sur des synergies,<br />

en mobilisant des moyens financiers significatifs.<br />

Les résultats sont là ».


OBJECTIF LABELLISATION<br />

Les décennies suivantes sont plutôt celles<br />

de la recherche d'une labellisation. Musée<br />

de France, maison des illustres, scène<br />

conventionnée,... les estampilles se multiplient.<br />

Le Département crée même, en<br />

2008, son propre label "Le Lot, un festival de<br />

festivals" qui réunit aujourd'hui les 14 plus<br />

importants festivals du territoire. La collectivité<br />

leur alloue 40 % de son enveloppe<br />

culture, preuve de l'importance accordée<br />

à ces événements, qui comptabilisèrent<br />

110 000 festivaliers en 2016.<br />

Pour ce qui est des scènes conventionnées,<br />

autre reconnaissance institutionnelle de<br />

taille, c'est du côté du théâtre qu'il faut<br />

se tourner. La réunion du festival de St-<br />

Céré, du festival de théâtre de Figeac et du<br />

théâtre de l'Usine a ainsi donné naissance<br />

à une scène conventionnée pour le théâtre<br />

et le théâtre musical. A Cahors, la salle Les<br />

Docks est elle labellisée scène de musiques<br />

actuelles.<br />

En 2011, le ministère de la Culture, dirigé<br />

par Frédéric Mitterrand, crée le label<br />

Maison des illustres, dont bénéficient aujourd'hui<br />

l'atelier-musée Lurçat, la maisonmusée<br />

Champollion et le musée Murat à<br />

BÉLAYE, PARI RÉUSSI !<br />

"- Tu fais Bélaye cette année ?" Il paraît que l'on<br />

peut entendre cette question dans les milieux mélomanes.<br />

Bélaye : 230 habitants. 10 fois plus pendant<br />

les quelques jours d'un festival internationalement<br />

connu. On y vient de toute l'Europe pour y écouter ...<br />

du violoncelle. Bélaye, c'est le choix de « l'hyperspécialité<br />

pour l'hyperruralité. »<br />

"Notre chance est d'avoir été très pointu dès le départ.<br />

Si nous avions fait un festival de musique classique<br />

généraliste, nous nous serions rapidement cassés la<br />

gueule !" analyse Philippe Lagard, président du festival<br />

et principal artisan de ce pari culturel.<br />

En 1988, le village de Bélaye se meurt doucement...<br />

L'école et le restaurant ont fermé. "200 habitants et<br />

pas un radis" résume Philippe Lagard. Du côté des<br />

atouts : un joli point de vue "où les gens venaient faire<br />

des photos pour les premières communions" et une<br />

grande église. Le maire de l'époque demande alors<br />

à Philippe Lagard, enfant du pays introduit dans les<br />

milieux parisiens, de réfléchir à un moyen de redynamiser<br />

la commune.<br />

Il décide de "vouer le village à un instrument". Ce sera<br />

le violoncelle. Il sollicite Roland Pidoux. Ce virtuose,<br />

professeur au Conservatoire de Paris, âgé alors de<br />

42 ans, est dubitatif. Mais, il accepte d'essayer. L'été<br />

1988, le violoncelliste anime des ateliers d'interprétation<br />

à Bélaye, auxquels le public peut assister. La<br />

semaine de travail se clôt par un concert. La formule<br />

est adoptée. "Le rôle de Roland Pidoux comme animateur<br />

du festival est capital" commente Philippe Lagard.<br />

Avec 2500 visiteurs par an, le village situé sur un<br />

promontoire rocheux est au maximum de sa capacité<br />

d'accueil. 30 ans après leur création, les rencontres<br />

de violoncelle de Bélaye ont trouvé leur public.<br />

Peut-être entendra-t-on cet hiver dans les couloirs<br />

des grandes salles parisiennes : "Tu fais les 30 ans de<br />

Belaye cet été ?"<br />

ART DE VIVRE // 30 ans de culture dans le Lot<br />

55<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />

Musée Champollion, salle naissance - Crédit N. Blaya-Département du Lot<br />

Labastide-Murat, maison d'un maréchal<br />

d'Empire. "C'est un label plutôt prestigieux.<br />

Nous sommes dans un catalogue et cela<br />

crée un réseau de lieux emblématiques<br />

en France" explique-t-on au Musée


PARTENAIRE PASSIONNÉ<br />

DES ÉVÉNEMENTS QUE VOUS AIMEZ<br />

Engagée avec passion dans sa région, la Banque Populaire Occitane<br />

est heureuse de s’associer au 30 ème anniversaire de Dire Lot<br />

Banque Populaire Occitane, Société anonyme coopérative de Banque Populaire à capital variable, régie par les articles L.512-2 et suivants du Code Monétaire et Financier et l’ensemble des textes relatifs aux Banques Populaires et aux établissements de crédit -<br />

Intermédiaire en assurance inscrit à l’ORIAS sous le N° 07 022 714. Immatriculée au Registre du commerce et des sociétés sous le numéro siren RCS TOULOUSE 560 801 300, ayant son siège social 33-43 avenue Georges Pompidou à Balma (31130). Crédits photos :<br />

Getty Images . Création : - 9, place Alfonse Jourdain, Toulouse (31000) - RCS Toulouse B 327 469 706. Octobre 2017.


Champollion-Les écritures du Monde,<br />

"parmi les premiers à avoir été labellisés".<br />

Presque vingt ans après son ouverture, ce<br />

lieu renaît de ses cendres après deux ans de<br />

travaux et devient le Musée Champollion –<br />

Les écritures du Monde en 2007. La proposition<br />

muséographique est plus ambitieuse,<br />

faisant passer la fréquentation du simple ou<br />

double. Depuis sa réouverture, le musée accueille<br />

en moyenne 40 000 personnes par an.<br />

EDUCATION CULTURELLE<br />

La culture est aussi une question de pratique,<br />

amateur ou professionnelle. Dans un<br />

département rural comme le Lot se pose<br />

la question de l'accès à la culture hors des<br />

rares pôles urbains. Festivals et musées<br />

ne s'y sont pas trompés, et nombreux sont<br />

ceux à jouer le jeu d'une diffusion culturelle<br />

tout au long de l'année.<br />

Le festival Africajarc est né d'un stage de<br />

danse et de musique africaines organisés<br />

auprès d'enfants. Les résidences d'artistes<br />

portées par l'association Les ateliers des<br />

Arques sont mises en place en même temps<br />

que le musée Zadkine. L'association Gindou<br />

cinéma mène quant à elle un colossal travail<br />

d'éducation à l'image, auprès du public<br />

scolaire.<br />

UNE SCÈNE CONVENTIONNÉE POUR<br />

UN PROJET ARTISTIQUE<br />

ET CULTUREL AMBITIEUX<br />

La Scène Conventionnée Théâtre et Théâtre musical,<br />

depuis 2014, traduit la reconnaissance de l’État-<br />

Ministère de la Culture pour le travail effectué et<br />

confirme sa volonté de soutenir un projet, qui tout à<br />

la fois, contribue au soutien à la création et à l’émergence<br />

de jeunes artistes, poursuit un effort d’aménagement<br />

culturel du territoire, propose aux publics les<br />

plus larges et les plus variés une diffusion artistique<br />

de qualité, promeut des démarches d’action culturelle<br />

actives et intensives. Aujourd’hui, concernant<br />

ScénOgraph, cette convention permet de réunir le<br />

soutien de l’État et de l’ensemble des collectivités<br />

territoriales, Région Occitanie, Département du Lot,<br />

Villes de Saint-Céré et de Figeac, Communautés de<br />

communes Cauvaldor et Grand-Figeac. Les missions<br />

de ScénOgraph se déclinent en 4 activités tout au long<br />

de l’année : La création et les tournées, Le Festival<br />

de Saint-Céré, Le Festival de Théâtre de Figeac et la<br />

saison du Théâtre de l’Usine et son rayonnement.<br />

Du côté du 7e art, le circuit de cinéma itinérant<br />

Ciné Lot œuvre aussi au quotidien<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 ART DE VIVRE // 30 ans de culture dans le Lot<br />

57<br />

Le Misanthrope en 2014 avec Julie Depardieu et Michel Fau (co-directeur artistique du festival de Théâtre de Figeac) - Crédit © Marcel Hartmann


Le Festival de Gindou<br />

ART DE VIVRE // 30 ans de culture dans le Lot<br />

58<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />

à faciliter l'accès à la culture des habitants<br />

du département. L'ADDA, Association<br />

départementale pour le développement<br />

des arts, créée dans le Lot en 1977, a pour<br />

mission de développer les pratiques artistiques<br />

et culturelles dans les domaines<br />

de la musique, de la danse et du théâtre.<br />

LE FESTIVAL DE MUSIQUE SACRÉE<br />

DE ROCAMADOUR,<br />

UN PROJET UNIQUE ET STRUCTURANT<br />

QUI MONTE EN PUISSANCE !<br />

Avec une hausse<br />

de plus de 20%<br />

de la fréquentation<br />

et 4 soirées à<br />

guichets fermés,<br />

la dernière édition<br />

du Festival<br />

de Rocamadour<br />

a connu un franc<br />

succès. Né il y a<br />

12 ans, le Festival<br />

s’est professionnalisé<br />

en 2014.<br />

Avec l’arrivée<br />

d’Emmeran<br />

Rollin à sa direction,<br />

entouré<br />

d’une équipe<br />

solide, le Festival<br />

est devenu<br />

un événement majeur en France dans l’univers de<br />

la musique classique. Un festival unique mais aussi<br />

structurant pour le territoire qui, au-delà du temps<br />

fort estival (du 5 au 26 août) à Rocamadour, propose<br />

désormais des RDV en saisons aux quatre coins du Lot<br />

et tout au long de l’année. Rendez-vous dès cet hiver !<br />

La structure contribue "au rééquilibrage<br />

territorial de l’offre culturelle, notamment<br />

en zone rurale" explique sa directrice Stéphanie<br />

Landes.<br />

PRATIQUES ARTISTIQUES<br />

Et de poursuivre : "il faut veiller à ce que<br />

les pratiques ne deviennent pas individuelles<br />

et ne se transforment pas en de simples<br />

pratiques consuméristes. Il est important<br />

de favoriser les pratiques collectives que ce<br />

soit dans l’enseignement ou dans la mise en<br />

œuvre de projets participatifs avec les jeunes<br />

ou les habitants". A l'ère du numérique, l'accent<br />

est mis sur la présence, le sensible et<br />

le partage.<br />

Cette approche est partagée par Catherine<br />

Prunet, élue chargée de la Bibliothèque<br />

départementale, pour qui "les bibliothèques<br />

doivent de plus en plus être des lieux de vie,<br />

d'animation, de partage, où l'on peut trouver<br />

autre chose que des livres. Dans un département<br />

extrêmement rural comme le Lot,<br />

la bibliothèque est aussi un lieu de service<br />

public qui continue à ouvrir dans des villages<br />

où les autres lieux ont fermé." Autant d'enjeux<br />

dont les acteurs de la culture auront à<br />

se saisir dans les années à venir.<br />

Rendez-vous en 2050 pour connaître les 30<br />

ans de culture à venir dans le Lot ! •


SCÉNOGRAPH<br />

SCÈNE CONVENTIONNÉE<br />

THÉÂTRE ET THÉÂTRE MUSICAL<br />

N O V E M B R E<br />

THÉÂTRE MUSICAL<br />

CHANSON<br />

THÉÂTRE<br />

SUR LA TÊTE<br />

PRÉVERT / Création<br />

Mise en scène Laurent Pelly<br />

Avec les comédiens de l’ATELIER du TNT<br />

◆ Vendredi 10, 20h30 - Théâtre de l’Usine,<br />

Saint-Céré<br />

L’ÂME DU VIN<br />

Interprété par Patrice Bourgeon<br />

Piano Dominique Charnay<br />

◆ Vendredi 17, 20h30 - Salle du Cantou, Floirac<br />

◆ Samedi 18, 20h30 - Salle des fêtes, Glanes<br />

◆ Dimanche 19, 17h - Salle des fêtes,<br />

Mayrinhac-Lentour<br />

EUGÉNIE GRANDET<br />

ou l’argent domine les lois,<br />

la politique et les mœurs<br />

d’après BALZAC / Création<br />

Mise en scène<br />

Camille de La Guillonnière<br />

Avec les comédiens de l’Académie<br />

de l’Union de Limoges<br />

◆ Samedi 25, 20h30 - Théâtre de l’Usine,<br />

Saint-Céré<br />

D É C E M B R E<br />

JAZZ<br />

THÉÂTRE<br />

THÉÂTRE EN FAMILLE<br />

BD CONCERT<br />

RÉCITAL CHANT<br />

LOUIS SCLAVIS<br />

FRANÇOIS RAULIN<br />

En partenariat avec Souillac en jazz<br />

◆ Vendredi 1 er , 20h30 - Salle Polyvalente, Payrac<br />

◆ Samedi 2, 20h30 - Théâtre de l’Usine,<br />

Saint-Céré<br />

UN OBUS DANS LE CŒUR<br />

De Wajdi Mouawad<br />

Mise en scène<br />

Guillaume Séverac-Schmitz<br />

◆ Vendredi 1 er , 20h30 - Théâtre de l’Usine,<br />

Saint-Céré<br />

LE PETIT CHAPERON<br />

ROUGE<br />

Mise en scène Joël Pommerat<br />

◆ Samedi 9, 20h - Théâtre de l’Usine,<br />

Saint-Céré / À partir de 6 ans<br />

COME PRIMA<br />

Scénario et dessin Alfred<br />

Avec les musiciens de Splendor in the Grass<br />

◆ Vendredi 15, 20h30 - Théâtre de l’Usine,<br />

Saint-Céré<br />

LES QUATRE CHEMINS<br />

DE NOËL<br />

Victoria, Poulenc, Bach, Kodaly...<br />

Quatuor vocal La Sportelle<br />

En partenariat avec le Festival de Musique sacrée<br />

de Rocamadour<br />

◆ Vendredi 22, 20h30 - Théâtre de l’Usine,<br />

Saint-Céré<br />

05 65 38 28 08<br />

www.theatredelusine-saintcere.com


Sortir dans le Lot<br />

novembre-décembre<br />

La sélection d'Anne-Gaëlle ¨<br />

COUPS DE PROJECTEUR<br />

Derrière le Hublot : Non je ne danserai pas<br />

la morue à l’envers du San Salvador…<br />

AGENDA // Sortir dans le Lot<br />

60<br />

Une fois de plus et en beauté, Derrière le Hublot fait<br />

vivre son territoire au rythme de tous les âges. Il y en<br />

a pour tous les goûts, toutes les disciplines au plus loin<br />

du département. Les spectacles sont multiples et vous<br />

permettent de vous cultiver, de participer ou tout simplement<br />

de vous divertir pendant ces deux mois souvent<br />

enclins au repli. Sortez, réchauffez-vous, rencontrezvous,<br />

riez, apprenez avec les conférences, les ateliers, le<br />

théâtre, le cinéma, les sciences, la danse…. et même la<br />

cuisine !<br />

Derrière le Hublot accueille du 27 novembre au 2 décembre<br />

Frédéric Ferrer en résidence de création pour<br />

« De la morue - cartographie 6 », nouvelle conférencespectacle<br />

qui viendra étayer L'Atlas de l’anthropocène.<br />

C’est un cycle artistique de cartographies théâtrales du<br />

monde, entre conférence<br />

et performance,<br />

où il traite de territoires<br />

inattendus. Il<br />

présentera entre le 30<br />

novembre et le 2 décembre<br />

trois cartographies<br />

déjà existantes<br />

(À la recherche des canards perdus // WOW ! // Pôle<br />

Nord) et le 3 décembre il présentera une étape de travail<br />

pour De la Morue au cours de la journée théâtre, cuisine<br />

et chant populaire nommée « Un dimanche d'agapes »<br />

aux côté de San Salvador.<br />

www.derriere-le-hublot.fr<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />

Cahors innove et crée une dépendance à la culture.<br />

Le grand succès de la saison précédente (2016-2017) a<br />

donné des ailes aux programmateurs de l’actuelle saison<br />

culturelle. Ils « sortent le grand jeu » et vous donnent<br />

rendez-vous en cette fin d’année dans divers lieux de la<br />

capitale lotoise. Le théâtre, l’auditorium, les Docks vous<br />

invitent à décloisonner la culture et ouvrir vos sens à la<br />

diversité. Pour autant, les spectacles sont adaptés à chacun.<br />

Modernité et tradition se mettent en scène.<br />

Nouveauté : un site de réservation unique pour un spectacle<br />

ou un abonnement dans un ou plusieurs lieux.<br />

www.mairie-cahors.fr<br />

La Scène Conventionnée Théâtre et Théâtre musical<br />

Figeac / Saint-Céré : un bilan culturel et artistique de qualité.<br />

Depuis 2014, le travail effectué par la Scène Conventionnée<br />

est reconnu et son projet de territoire peaufiné<br />

d’année en année. Le soutien à la création et à l’émergence<br />

de jeunes artistes a cette année encore permis de<br />

proposer à un public varié une diffusion artistique de<br />

qualité. Au bilan de la saison d’été la Scène Conventionnée<br />

a de nouveau battu les records de diversité culturelle.<br />

Le 17ème festival de théâtre de Figeac a été un succès<br />

grâce à son théâtre généreux, critique et libre.<br />

Le festival lyrique de Saint Céré, sous le signe des fables<br />

cette année, a de nouveau fait retentir les plus belles<br />

voix en harmonie avec les plus beaux accords.<br />

Le Théâtre de l’Usine et tous les autres lieux partenaires<br />

de la Scène Conventionnée accueilleront pendant cette<br />

saison d’hiver les beaux projets pensés et recensés par<br />

cette équipe de professionnels du monde culturel.<br />

theatredelusine-saintcere.com/


EXPOSITIONS<br />

NOVEMBRE<br />

3 NOVEMBRE<br />

Anglars-Juillac / Espace Appia – 20h30 – chanson et<br />

littérature populaire : la Cabaret des Funambules par la<br />

Cie l’Œil du Silence<br />

4 NOVEMBRE<br />

Payrignac / Salle des fêtes – 20h30 – Racontade : animée<br />

par Daniel Chavaroche, raconteur de pays pour vous faire<br />

voyager dans l'imaginaire<br />

Anglars-Juillac / Espace Appia – 20h30 – soirée thématique<br />

histoire de l’art : le masque révélateur, carte<br />

blanche à Claude Frontisi<br />

Souillac<br />

Salle Saint-Martin<br />

Partition graphique à Souillac :<br />

une exposition à découvrir avec<br />

les yeux et en rythme.<br />

Cette exposition regroupe des<br />

Œuvres des collections des<br />

Abattoirs, Musée – Frac Occitanie<br />

Toulouse et des collectionneurs<br />

Evelyne et Jacques Deret.<br />

Jusqu’au 19 novembre, de<br />

nombreuses actions culturelles<br />

- conçues en résonance au<br />

festival de Jazz qui a lieu tous<br />

les étés pour mieux évoquer<br />

l’amour de Souillac pour ce<br />

genre musical - rythmeront l’exposition (conférences,<br />

concert-vidéo, contes pour enfant, etc), en partenariat<br />

avec les acteurs locaux : le Pays d’Art et d’Histoire<br />

Causses et Vallée de la Dordogne, le Musée des Automates<br />

de Souillac avec l’exposition "Les Marionnettes<br />

du Mali", l’association Ecaussystème, la Médiathèque<br />

Municipale de Souillac et son fonds ancien, l’association<br />

du festival Souillac en Jazz, l’école de musique<br />

de Souillac, les films du Genièvre et la radio Décibel<br />

FM. Cette exposition se présente alors comme<br />

une partition sonore et gestuelle où les œuvres des<br />

artistes plasticiens trouvent un retentissement inédit.<br />

Harmonieuse et mélodieuse, cette sélection est aussi<br />

l’occasion de présenter la diversité de cette collection<br />

unique sur le territoire d’Occitanie.<br />

www.cauvaldor.fr<br />

Cajarc<br />

MAGCP<br />

Jusqu’au 3 décembre<br />

Capitainerie, de Mathieu Provansal.<br />

Mathieu Provansal a conservé le sobriquet de<br />

« Capitaine », depuis ce matin de fête à Aix-en-Provence<br />

dans les années 1980... Capitainerie devient<br />

ce lieu depuis lequel l’artiste observe et organise sa<br />

vision du monde : un chaos joyeux qui mêle images,<br />

sculptures, écrits, dans une tension dont il est l’artisan<br />

précis, érudit et pétillant.<br />

Avec des œuvres prêtées dans le cadre des 40 ans du<br />

Centre Pompidou, Paris : Portrait de James Joyce par<br />

Brancusi ; Jean Renoir, réalisateur, Beverly Hills, Californie,<br />

11 mai 1972 par Richard Avedon ; Bethléem<br />

par Édouard Boubat.<br />

www.magcp.fr<br />

10 NOVEMBRE<br />

Cahors / Auditorium – 18h30 – Théâtre musical : les<br />

gourmandises de Satie par la Cie L’Art Go<br />

Saint-Céré / L’Usine – 20h30 – Théâtre musical : Sur<br />

la tête de Prévert, mise en scène de Laurent Pelly avec<br />

les comédiens de L’Atelier du TNT et le pianiste Thierry<br />

Gonzalez<br />

Mercuès / Médiathèque – 20h – cinéma : Le Roi et<br />

l’Oiseau<br />

15 NOVEMBRE<br />

Capdenac Gare / Salle Athmosphère – 20h30 – mots<br />

en résistance : Théâtre, Le Collectif Mensuel interprète<br />

2043 d’après Black-out de Sam Mills<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 AGENDA // Sortir dans le Lot<br />

61<br />

8 NOVEMBRE<br />

Figeac / L’Astrolabe – 20h30 – lecture musicale : Gaël<br />

Faye, Petit Pays<br />

Le Vigan / Espace Jean Carmet – 20h30 – conférence :<br />

Archéologie de la violence et du pouvoir, animée par<br />

Jean-Paul Demoule, dans le cadre du 3ème cycle sur la<br />

Non Violence


#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 AGENDA // Sortir dans le Lot<br />

62<br />

SPECTACLE POUR LES PLUS JEUNES<br />

SERVICES CULTURELS DU GRAND FIGEAC<br />

Magie : Boîte magique par Dr Troll, à partir de 6 ans<br />

- gratuit<br />

15/11 à 11h : Leyme - Centre Culturel, à 15h : Assier –<br />

Médiathèque<br />

18/11 à 11h : Bagnac / Célé – Médiathèque, à 15h :<br />

Figeac – l’Astrolabe<br />

25/11 à 11h : Capdenac-Gare – Médiathèque, à 15h :<br />

Latronquière – Centre Culturel<br />

29/11 à 15h : Cajarc – Médiathèque<br />

N’importe rien ! par la Cie Bachibouzouk, à partir de<br />

6 mois<br />

29/11 à 16h30 : Figeac – Salle Balène<br />

A l’envers de l’endroit par la Cie Jeanne Simone, à<br />

partir de 3 ans<br />

2/12 à 10h30 et 15h : Capdenac Gare – Ecole Pierre Riols<br />

Le petit chaperon rouge par Joël Pommerat, à partir<br />

de 6 ans<br />

13/12 à 19h : Figeac – Espace François Mitterrand<br />

Boîte de nuits par la Toute petite Cie, à partir de 4<br />

ans<br />

16/12 à 16h : Cuzac – salle des fêtes<br />

17/12 à 16h : Latronquière – centre culturel<br />

16 NOVEMBRE<br />

Souillac / Palais des Congrès – 18h – Soirée dinatoire :<br />

Dansante et festive pour célébrer les vins nouveaux avec<br />

les accordéonistes Gérard Gouny, Nelly Music, Cedric<br />

Bergougnoux, et Fernand Chevalier ainsi que Tony<br />

Bram’s.<br />

Cahors / Théâtre – 20h30 – Théâtre : moi et François<br />

Mitterrand, mis en scène par Benjamin Guillard avec<br />

Olivier Broche.<br />

17 NOVEMBRE<br />

Cahors / Auditorium – 20h30 – musique : Récital<br />

François Dumont.<br />

18 NOVEMBRE<br />

Pradines / Salle Daniel Roques – 20h30 – Théâtre :<br />

Passions et prairies de Denise Bonal par Causse Toujours<br />

Cie.<br />

Le Vigan / Espace Jean Carmet – 20h30 – Jazz : Jazz dans<br />

l’Espace avec Lorenzo Naccarato Trio et BlueMary Swing.<br />

19 NOVEMBRE<br />

Corn / Cœur de Village – 11h - Balade spectacle : Pousser<br />

les murs par Rémi Luchez accompagné d’Alexandre<br />

Leclerc. Un village jardin. Un village potager où chaque<br />

scène proposée sera le fruit de ce qui aura été glané en<br />

chemin ou préalablement planté. Suspension, élan, vertige<br />

et gravité garantis.<br />

REISSA - 05 65 40 57 43<br />

20 NOVEMBRE<br />

Cahors / Cinéma ABC : 3ème édition du festival de<br />

cinéma scientifique itinérant « Les sciences au cinéma »<br />

organisé par Carrefour des Sciences et des Arts.<br />

21 NOVEMBRE<br />

Figeac / Annexe du musée Champollion – 18h30 – Conférence<br />

: La calligraphie taiwanaise contemporaine : quel<br />

avenir pour un art scriptural multiséculaire par Marie<br />

Laureillard, maître de conférence à l'Université Lumière-<br />

Lyon 2.<br />

22 NOVEMBRE<br />

Cahors / Théâtre – 18h30 – BD concert : Au Vent Mauvais,<br />

d’après la BD de Thierry Murat et Rascal.<br />

23 NOVEMBRE<br />

Figeac / Espace François Mitterrand – 20h30 – lectures :<br />

l’Homme A, textes de Marguerite Duras par Sandrine<br />

Bonnaire et Eric Truffaz.<br />

24/26 NOVEMBRE<br />

Arcambal / Espace culturel – Fête du Livre et de<br />

l’Image : exposition, conférences, salon et concert.<br />

www.fetedulivretedelimage.fr<br />

25 NOVEMBRE<br />

Saint-Céré / L’Usine – 20h30 – Théâtre : Eugénie Grandet<br />

ou l’Argent domine les lois, la politique et les moeurs<br />

d’après Balzac, mise en scène de Camille de La Guillonnière.<br />

29 NOVEMBRE<br />

Cahors / Théâtre – 20h30 – Théâtre : Edmond, mis en<br />

scène par Alexis Michalik.


DÉCEMBRE<br />

Saint-Céré / L’Usine – 20h30 – BD concert : Come prima,<br />

scénario et dessin d’ Alfred, avec les musiciens de Splendor<br />

in the Grass.<br />

1 ER DÉCEMBRE<br />

Saint-Céré / L’Usine – 20h30 – Théâtre : Un obus dans<br />

le cœur. Texte de Wajdi Mouawad, conception et jeu de<br />

Guillaume Séverac-Schmitz.<br />

Pradines / Salle Daniel Roques – 20h30 – théâtre :<br />

Georges est à la noce par le Théâtre du Travers<br />

Le Vigan / Espace Jean Carmet – 20h30 – Documentaire :<br />

Les Quatre saisons du berger, de Jean-Paul Jaud. Comment<br />

vivre au rythme du berger, une expérience filmée !<br />

16 DÉCEMBRE 2017<br />

Cahors / Quartier Libération Daurade - 4ème Marché de<br />

Noël : une trentaine d'artisans créateurs réunis.<br />

Payrac / Salle Polyvalente – 20h30 – Jazz : Louis Sclavis<br />

et François Raulin, clarinette et piano<br />

Le Vigan / Espace Jean Carmet – 20h30 – Conférence :<br />

l’Art contemporain chinois par Geneviève Furnemont.<br />

2 DÉCEMBRE<br />

Cahors / Auditorium – 20h30 – Humour : Gerbes<br />

d’amour, Ecrit par Constance sous la tutelle musicale de<br />

Marie Reno.<br />

Saint-Céré / L’Usine– 20h30 – Jazz : Louis Sclavis et<br />

François Raulin, clarinette et piano<br />

7 DÉCEMBRE<br />

Cahors / Les Docks – 21h : Crystal Groove : Thomas<br />

Bloch (cristal et orgue de verre), Tioneb (loopstation)<br />

et Pauline Haas (harpiste). Trio atypique dans le cadre<br />

des Rencontres Ré’Percutantes.<br />

8 DÉCEMBRE<br />

Cahors / Eglise Saint Barthélémy – 20h30 – Concert :<br />

La Misatango de Martin Palmeri, compositeur et pianiste<br />

argentin.<br />

9 DÉCEMBRE<br />

Figeac / L’Astrolabe – 20h30 – Chansons : Loïc Lantoine<br />

et le very big Experimental Troubifri orchestra.<br />

21 DÉCEMBRE<br />

Cahors / Théâtre – 20h30 – Musique : les Fouteurs de<br />

Joie interprètent Des Etoiles et des Idiots.<br />

22 DÉCEMBRE<br />

Saint-Céré /<br />

L’Usine – 20h30<br />

– récital chant :<br />

les quatre chemins<br />

de Noël<br />

par la Sportelle,<br />

quatuor vocal<br />

de Rocamadour.<br />

30<br />

DÉCEMBRE<br />

Cahors / Auditorium<br />

– 17h –<br />

Concert de fête :<br />

Chant Lyrique<br />

sur musique<br />

cubaine et<br />

espagnole par<br />

Déborah Tardy<br />

(mezzo-soprano), François Almuzara (ténor),<br />

Antoin Herrera (Baryton-basse), Cyril Kubler (piano).<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 AGENDA // Sortir dans le Lot<br />

63<br />

Saint-Céré / L’Usine – 20h – Théâtre jeune public : Le<br />

Petit Chaperon Rouge, mise en scène de Joël Pommerat.<br />

15 DÉCEMBRE<br />

Cahors / Auditorium – 20h30 – Musique : Stéphane Guillaume<br />

Quartet.


L'ŒIL ET LA PLUME<br />

Dire Lot,<br />

30 ans déjà !<br />

Textes Alain Idez<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017 L'ŒIL ET LA PLUME<br />

64<br />

Archéologues identitaires, les pionniers ont ouvert le sillon, essaimé<br />

à perdre haleine pour dessiner les premières maquettes, évolutives et<br />

prometteuses silhouettes. Qu’ils en soient sincèrement remerciés en cet<br />

automne anniversaire ! Sans eux rien ne serait : parole de Dire avortée,<br />

sans voix, Lot orphelin de cette unicité qu’Occitanie nous envie.<br />

Fort heureusement, l’offre est<br />

aujourd’hui mature. L’élan pérenne<br />

du bimestriel a étoffé son<br />

influence de plusieurs numéros<br />

spéciaux, consacrés à “l'Art<br />

de vivre”, aux “Bonnes Tables”,<br />

à “l’Esprit” du territoire Quercy et plus récemment<br />

à quelques “Itinérances” en Vallée<br />

du Lot, de la source à la confluence de notre<br />

rivière éponyme, une aventure initiatique à<br />

vivre passionnément…<br />

en symbiose avec ses racines. La mission de<br />

ceux qui le servent au quotidien est de susciter<br />

l’envie… de connaître, comprendre,<br />

partager sur terrains et sentiers de randonnée,<br />

contrées, saveurs et goûts, tout ce qui<br />

fait le sel de la vie.<br />

L’outil, désormais performant est valorisé<br />

par la haute définition numérique de<br />

l’apport photographique et l’enthousiasme<br />

d’une équipe dont l’émulation est le moteur.<br />

Invitation diversifiée, pléthore d’annonces<br />

inventives alléchantes… Tout bouge, se<br />

concerte, se structure autour de ce qui rassemble<br />

par delà différences et divergences.<br />

Au fil du temps s’est construit une attente<br />

voire une impatience dans le lectorat,<br />

comme une reconquête, une réappropriation<br />

salutaire de ce qui est à soi et qu’on<br />

croyait perdu…<br />

Fiers d’être lotois et le dire haut et fort !<br />

Dépositaire de notre bien commun, notre<br />

patrimoine séculaire, Dire est plus qu’une<br />

“mémoire”, c’est le Lot vivant d’aujourd’hui<br />

Bon anniversaire donc à l’adulte juvénile,<br />

adepte forcené du Carpe Diem version moderne<br />

développement durable !<br />

Longue vie à toi, compagnon magazine<br />

qu’on ne jette pas, qu’on conserve, classe,<br />

archive, devenu précieux comme toute<br />

chose qui aide à vivre et en laquelle on se<br />

reconnaît.<br />

Ta musique est une voix concertante.


LECTURES<br />

LA VILLE FORTIFIÉE DE LA GUERRE<br />

DE CENT ANS<br />

Les récits de la guerre<br />

de Cent Ans sont émaillés<br />

d’opérations menées<br />

contre des villes fortifiées.<br />

Pourtant, à part quelques<br />

faits généraux relevant de<br />

l’évidence, on ne sait que<br />

peu de choses sur la façon<br />

dont tous les types d’armement<br />

étaient utilisés<br />

et combinés pour assurer<br />

leurs défenses. A quoi servaient<br />

les énormes trébuchets<br />

et leurs boulets de 300 kg ? Les arbalètes<br />

étaient-elles positionnées au hasard<br />

sur les ouvrages ? A quel moment jetait-on<br />

les mélanges irritants sur les assaillants ?<br />

Quel genre de tir effectuaient les canons ?<br />

La trame urbaine était-elle aménagée pour<br />

augmenter le rendement des armes ? Surtout,<br />

au delà, existait-il une tactique présidant<br />

à la mise en œuvre de tous les moyens<br />

de défense et, si oui, quelle était-elle ?<br />

Le but du présent ouvrage est d’éclairer ces<br />

questions à partir de l’important corpus<br />

documentaire et des traces archéologiques<br />

que nous ont légués les villes du grand<br />

ensemble constitué par les provinces de<br />

l'Agenais, du Périgord, du Bas-Limousin, de<br />

la Haute-Auvergne, du Quercy, du Rouergue<br />

et de l’Albigeois. On découvre ainsi des<br />

systèmes défensifs élaborés de manière<br />

logique, cohérents et efficaces, bien plus<br />

proches de la fortification moderne que<br />

l’on pourrait initialement le penser.<br />

Auteur : Nicolas Savy<br />

Editions : Archeodrom<br />

Tarif lancement : 15.83 euros jusqu’au 31<br />

octobre puis 21.10 euros<br />

Disponible sur Amazon.<br />

65<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />

LECTURES<br />

En 2017,<br />

1 000 étudiants sur le Grand Cahors<br />

en post-bac dans les établissements suivants : centre universitaire Maurice-Faure, institut de formation en soins<br />

infirmiers, pôle formation de la CCI du Lot, lycée Clément-Marot, lycée Gaston-Monnerville, ensemble scolaire<br />

Saint-Etienne, lycée des territoires, école des métiers du Lot.


NEWS<br />

INITIATIVES OCCITANES<br />

sa famille dans le village de Saint-Médard. Grandes maisons<br />

et domaines confidentiels, vignobles de renommée<br />

mondiale ou petites appellations méconnues, Florian sait<br />

trouver l’accord parfait pour chaque met.<br />

C.V. EXPRESS<br />

DIRELOT NEWS<br />

66<br />

/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />

La dynamique associative lotoise récompensée.<br />

Via sa Fondation d’Entreprise, outil de mécénat, la Banque<br />

Populaire Occitane affirme cette année encore ses valeurs<br />

mutualistes et revendique son engagement auprès du tissu<br />

associatif régional. Dans le cadre du concours annuel<br />

des Initiatives Occitanes, 4 associations lotoises viennent<br />

d’être récompensées pour leurs actions sur le territoire.<br />

L’Association « Duravel Nature » pour l’organisation d’activités<br />

périscolaires autour de la nature et de l’environnement<br />

s’est vue remettre le « Prix Environnement » (1500<br />

euros). L’association « Jeunesse Sportive Gramatoise de<br />

Handball » pour le développement d’une activité pour<br />

des personnes en situation de handicap a obtenu le « Prix<br />

Solidarité » (1000 euros). Quant aux « Prix Animation<br />

Territoire » (500 euros), ils ont été décernés aux « Amis<br />

de Cornac » pour les travaux de restauration de la Chapelle<br />

des Pénitents Blancs de Cornac et à l’« Association<br />

pour la Sauvegarde du Patrimoine Historique et Culturel<br />

des Junies » pour la sauvegarde des peintures murales de<br />

l’Eglise de Canourgues sur la commune de Junies.<br />

DISTINCTION<br />

Un lotois élu « Sommelier de l'année 2018 ».<br />

Florian Balzeau, sommelier au restaurant Le Gindreau à<br />

Saint-Médard vient tout juste d’être consacré «Sommelier<br />

de l'année 2018» par le célèbre guide Gault et Millau. Une<br />

bien belle distinction qui s’ajoute à la deuxième étoile au<br />

guide Michelin obtenue l’an passé par l’établissement lotois.<br />

C’est ainsi toute l’équipe qui œuvre aux côtés du chef<br />

Pascal Bardet qui est désormais mise en lumière. Après<br />

un parcours professionnel riche de collaborations avec de<br />

grands chefs étoilés tels Georges Blanc, Gérald Passedat et<br />

Thierry Drapeau, Florian Balzeau s’est installé avec toute<br />

Jérôme Filippini, nouveau Préfet du Lot.<br />

Jérôme Filippini est<br />

arrivé en septembre<br />

dernier à Cahors.<br />

Agé de 48 ans, il est<br />

titulaire d’une maîtrise<br />

de philosophie,<br />

d’un DEA de géopolitique<br />

et diplômé de<br />

l’Institut d’Études<br />

Politiques de Paris.<br />

Ancien élève de<br />

l’École Normale Supérieure<br />

et de l’ENA,<br />

© La Vie Quercynoise<br />

il est nommé auditeur<br />

à la Cour des<br />

comptes en 1996,<br />

dont il a été le secrétaire général adjoint de 1999 à 2001.<br />

Devenu secrétaire général de la préfecture du Tarn-et-Garonne<br />

de 2001 à 2003 il rejoint la direction de la logistique<br />

à la préfecture de police de Paris. Il passe ensuite par<br />

le ministère de la Justice (2006-2007), sous-directeur de<br />

l’organisation et du fonctionnement des services déconcentrés<br />

à la direction de l’administration pénitentiaire,<br />

avant de revenir à la Cour des comptes en tant qu’avocat<br />

général entre 2007 et 2009. Jusqu’en 2011, il occupe le<br />

poste de directeur des systèmes d’information et de communication<br />

au ministère de l’Intérieur, de l’Outre-Mer et<br />

des Collectivités territoriales avant de devenir adjoint au<br />

secrétaire général du gouvernement et directeur interministériel<br />

des systèmes d’information et de communication<br />

(2011-2012). En 2012, il est nommé directeur général de<br />

la modernisation de l’État, puis secrétaire général pour la<br />

modernisation de l’action publique. Il devient secrétaire<br />

général de la Cour des comptes en 2013 avant d’en devenir<br />

le conseiller-maître jusqu’à l’été 2017. Désormais Préfet<br />

du Lot il occupe son premier poste de premier représentant<br />

de l'État.


Château de Haute-Serre<br />

Un Terroir à visiter, un restaurant, un lieu exceptionnel.<br />

Réservez sur www.hauteserre.fr - 05 65 20 80 20


Département du Lot<br />

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