L'Écran de la FFCV n°121
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L’ E C R A N • A V R I L 2 0 1 8 • 1 5<br />
nombreux travaux <strong>de</strong> <strong>la</strong>boratoire ou en écoles. Pour<br />
nous <strong>la</strong> question se posait moins en termes <strong>de</strong> problèmes<br />
techniques qu’en termes d’envies d’amélioration.<br />
Par exemple, un <strong>de</strong>s challenges techniques<br />
<strong>de</strong> Nobody, avait été que les cadreurs aient <strong>de</strong>s camérassans<br />
fil. C’était également le cas pour Festen pour<br />
lequel on a pu s’appuyer sur les résolutions technologiques<br />
trouvées pour Nobody. Sur Festen, on a eu<br />
envie d’améliorer notre qualité d’image, <strong>de</strong> travailler<br />
avec du matériel qui nous permette notamment<br />
d’avoir plus <strong>de</strong> jeu sur <strong>la</strong> profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> champ. On a<br />
beaucoup plus <strong>de</strong> flous sur les profon<strong>de</strong>urs que dans<br />
Nobody. C’est passé principalement par un changement<br />
<strong>de</strong> modèle <strong>de</strong> caméra. On travaille sur Festen<br />
avec <strong>de</strong>s caméscopes Sony PXW-X70. On vou<strong>la</strong>it du<br />
matériel qui soit compact pour que les cadreurs puissent<br />
évoluer aisément au milieu du décor et au milieu<br />
<strong>de</strong>s comédiens. Il y a une stabilisation optique et<br />
numérique dans les caméras mais <strong>la</strong> stabilisation <strong>de</strong><br />
l’image relève avant tout du travail <strong>de</strong>s cadreurs. On<br />
a voulu également améliorer nos techniques d’étalonnage.<br />
L’image est étalonnée en temps réel. Mais<br />
alors que sur Nobody on avait une même valeur <strong>de</strong><br />
correction colorimétrique sur l’ensemble du spectacle,<br />
sur Festen on a voulu améliorer ça pour pouvoir<br />
<strong>la</strong>isser plus <strong>de</strong> liberté à l’éc<strong>la</strong>irage scénique et ne pas<br />
systématiquement contraindre l’éc<strong>la</strong>iragiste par les<br />
nécessités <strong>de</strong> l’image. Il s’agissait aussi <strong>de</strong> trouver<br />
une méthodologie <strong>de</strong> travail qui puisse permettre <strong>de</strong><br />
travailler en complémentarité. Cette fois, sur Festen,<br />
on a une correction colorimétrique qui évolue durant<br />
le spectacle. On a plusieurs valeurs d’étalonnage qui<br />
sont rappelées au fur et à mesure et qui nous permettent<br />
<strong>de</strong> compenser les variations <strong>de</strong> luminosité<br />
ou <strong>de</strong> teinte. C’est aussi une écriture <strong>de</strong> <strong>la</strong> lumière<br />
prenant à <strong>la</strong> fois en compte <strong>la</strong> vision directe du p<strong>la</strong>teau<br />
et l’image. Son créateur, Julien Boizard, retravaille<br />
en fonction <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ns, en renforçant par exemple tel<br />
axe <strong>de</strong> lumière en fonction <strong>de</strong>s axes <strong>de</strong> caméra.<br />
L’<strong>Écran</strong> — Qu’est-ce qui change fondamentalement<br />
avec l’apport <strong>de</strong> <strong>la</strong> caméra et <strong>de</strong> l’écran ?<br />
Mehdi Toutain-Lopez — Dans un projet comme Festen,<br />
<strong>la</strong> vidéo <strong>de</strong>vient un outil dramaturgique, un outil <strong>de</strong><br />
mise en scène, un outil <strong>de</strong> jeu évi<strong>de</strong>mment pour les<br />
comédiens. Ils savent qu’ils sont filmés, ils ont conscience<br />
du cadre et ils jouent en même temps avec les <strong>de</strong>ux<br />
lectures, p<strong>la</strong>teau et film. On ne pourrait pas envisager<br />
<strong>de</strong> présenter ce spectacle avec uniquement le p<strong>la</strong>teau<br />
et pas l’image. C’est dans notre ADN, au même<br />
titre que <strong>la</strong> lumière, <strong>la</strong> musique, etc.<br />
L’<strong>Écran</strong> — En assistant au spectacle, je n’ai pas toujours<br />
su spontanément où regar<strong>de</strong>r : le p<strong>la</strong>teau ou<br />
l’écran ? Mais finalement j’ai trouvé très riches ces<br />
couches <strong>de</strong> sens proposées, dans lequel le spectateur<br />
© Simon Gosselin<br />
évolue au gré <strong>de</strong> ses sensations, avec l’impression<br />
que je pourrai regar<strong>de</strong>r dix fois le spectacle et le lire<br />
<strong>de</strong> façon très différente d’une fois sur l’autre…<br />
Mehdi Toutain-Lopez — Chacun est effectivement<br />
invité à faire librement son écriture entre le p<strong>la</strong>teau<br />
et l’écran. L’image est réalisée en direct. Il n’y a jamais<br />
<strong>de</strong> contresens entre le p<strong>la</strong>teau et l’écran. Lorsque le<br />
spectre <strong>de</strong> <strong>la</strong> sœur décédée fait son apparition via<br />
l’écran, c’est un révé<strong>la</strong>teur du hors-champ, qui peutêtre<br />
un hors-champ mental. Chacun vient chercher<br />
entre le p<strong>la</strong>teau et l’écran en fonction <strong>de</strong> sa sensibilité.<br />
Il n’y a aucun moment où il faut regar<strong>de</strong>r impérativement<br />
l’un ou l’autre.<br />
Propos recueillis<br />
par Didier Bourg.<br />
FESTEN / Prochaines dates :<br />
10-13 avril<br />
Comédie <strong>de</strong> Reims, CDN (51)<br />
17-18 avril<br />
Equinoxe, Scène nationale<br />
<strong>de</strong> Châteauroux (36)<br />
24-26 avril<br />
TAP, Scène nationale<br />
<strong>de</strong> Poitiers (86)<br />
6 – 8 juin<br />
Printemps <strong>de</strong>s Comédiens (34)<br />
12-16 juin<br />
Les Célestins, Théâtre <strong>de</strong> Lyon (69)