L'Écran de la FFCV n°121
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
L’ E C R A N • A V R I L 2 0 1 8 • 2 6<br />
Ci-<strong>de</strong>ssus, Oreste Éléa,<br />
Autoportrait pour L’<strong>Écran</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>FFCV</strong>.<br />
Oreste Éléa<br />
“L’art vidéo<br />
a changé<br />
ma perception<br />
du mon<strong>de</strong>”<br />
L’<strong>Écran</strong> ◗◗ Vous avez réalisé plus d’une centaine<br />
<strong>de</strong> documentaires pour <strong>de</strong>s chaînes européennes,<br />
vous vous êtes <strong>la</strong>ncé dans le clip et <strong>la</strong> fiction,<br />
ça ne vous suffisait pas ?<br />
Oreste Éléa ◗◗ C’est vrai que ça pourrait faire un<br />
peu enfant gâté, qui n’en a jamais assez. Mais ce<br />
n’est pas le caprice ou <strong>la</strong> manie d’un toujours plus<br />
qui m’a conduit à l’art vidéo mais <strong>de</strong>s rencontres.<br />
Deux rencontres en fait, pour moi déterminantes.<br />
La première avec Miche<strong>la</strong>ngelo Buffa, un artiste<br />
expérimental italien qui réalise <strong>de</strong>s films <strong>de</strong>puis<br />
plus <strong>de</strong> cinquante ans. Il m’a ouvert les portes sur<br />
Chris Marker, Jonas Mekas et <strong>de</strong> nombreux autres.<br />
Mais il m’a aussi donné à voir et à comprendre son<br />
propre travail, fait <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> sensibilité, <strong>de</strong><br />
subjectivité, <strong>de</strong> souffrance <strong>de</strong>vant le temps qui<br />
passe, <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> dispartion <strong>de</strong>s êtres et <strong>de</strong>s territoires<br />
familiers. La secon<strong>de</strong> rencontre déterminante<br />
a été celle d’une artiste roumaine, Georgiana<br />
Ba<strong>la</strong>ceanu. Miche<strong>la</strong>ngelo Buffa a un parcours<br />
d’étudiant en cinéma. Georgiana Ba<strong>la</strong>ceanu a un<br />
parcours d’artiste contemporain : l’université <strong>de</strong><br />
Timisoara et puis l'École Supérieure d'Art <strong>de</strong> Lorraine.<br />
Pour elle aussi, le thème omniprésent dans<br />
son travail est <strong>la</strong> mémoire, celle qui porte les<br />
reliques du passé sous <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> souvenirs. Du<br />
point du vue p<strong>la</strong>stique elle réalise <strong>de</strong>s instal<strong>la</strong>tions<br />
qui sont conçues comme <strong>de</strong>s espaces poétiques,<br />
dont le jeu entre obscurité et lumière artificielle<br />
est caractéristique. Impossible <strong>de</strong> faire abstraction<br />
<strong>de</strong>s notions <strong>de</strong> paysage et <strong>de</strong> nature morte<br />
dans son travail. Moi, je me suis enrichi <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<br />
Oreste Éléa, Appointement with disaster,<br />
found footage (2017).<br />
Oreste Éléa a d’abord été documentariste<br />
pendant près <strong>de</strong> vingt ans pour différentes<br />
chaînes publiques européennes avant <strong>de</strong> se<br />
<strong>la</strong>ncer dans le clip, <strong>la</strong> fiction puis dans l’art<br />
vidéo. Son parcours est particulièrement<br />
intéressant. En effet, ses différents domaines<br />
d’intervention dans l’audiovisuel s’enrichissent<br />
désormais <strong>de</strong> ses expérimentations artistiques.<br />
Ses fictions et ses documentaires en ont été<br />
transformés. C’est d’ailleurs dans l’art vidéo<br />
qu’il estime s’épanouir le plus aujourd’hui.<br />
L’Ecran a rencontré cet artiste atypique.