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Gynette Mag #2 (Avril 2018)

Édition numérique du fanzine Gynette Mag' #2 dans le cadre de l’ARC Fuck Patriarcat, proposé par Mathilde Feurtet, Florian Humbert, Enthéa Roturier, Venitia Mancani, Quitterie Daflon, Justine Betems, Nicolas Graff, Manon Montravers, Brian Laval et Chloé Poulain, avec le support de Vanessa Desclaux, Marlène Gossmann, Isabelle Lebastard et Sammy Engramer.

Édition numérique du fanzine Gynette Mag' #2 dans le cadre de l’ARC Fuck Patriarcat, proposé par Mathilde Feurtet, Florian Humbert, Enthéa Roturier, Venitia Mancani, Quitterie Daflon, Justine Betems, Nicolas Graff, Manon Montravers, Brian Laval et Chloé Poulain, avec le support de Vanessa Desclaux, Marlène Gossmann, Isabelle Lebastard et Sammy Engramer.

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photo©Enthéa Roturier<br />

MATHILDE FEURTET ?


GyNeTTe MaG'<br />

avec<br />

- Mathilde FEURTET - Justine BETEMS<br />

- Quitterie DAFLON - Nicolas GRAFF<br />

- Florian HUMBERT - Manon MONTRAVERS<br />

- Enthéa ROTURIER - Brian LAVAL<br />

- Venitia MANCANI - Chloé POULAIN<br />

En compagnie de Vanessa DESCLAUX, Marlène GOSSMANN,<br />

Isabelle LEBASTARD et Sammy ENGRAMER.<br />

Réalisé dans le cadre de l'Atelier de Recherche et création<br />

FUCK PATRIARCAT<br />

ENSA Dijon


JUSTINE BETEMS


JUSTINE BETEMS


Le Centre Pompidou fête ses 40 ans en 2017 partout en France. Pour partager cette célébration<br />

avec les plus larges publics, il propose un programme inédit d’expositions, de prêts exceptionnels,<br />

de manifestations et d’événements pendant toute l’année. Expositions, spectacles, concerts, conférences<br />

et rencontres sont présentés dans quarante villes françaises, en partenariat avec un musée,<br />

un centre d’art contemporain, une scène de spectacle, un festival, un acteur du tissu culturel et<br />

artistique français... Au croisement des disciplines, à l’image du Centre Pompidou, ces projets<br />

témoignent de son engagement depuis sa création aux côtés des institutions culturelles en région,<br />

acteurs essentiels de la diffusion et de la valorisation de l’art de notre temps.<br />

Communiqué Officiel du Centre Pompidou<br />

Lorsque le Consortium à Dijon qualifie l’invitation du Centre Pompidou d’ « inoubliable, du fait même<br />

de sa générosité » quant aux prêts d’œuvres pour l’exposition Truchement, le centre d’art du Transpalette<br />

à Bourges s’est vu refusé catégoriquement un ensemble d’œuvres apparemment trop importante<br />

par rapport à son ampleur. Le Consortium déploie entre autres au sein de son espace d’exposition<br />

quelques compressions de César, une projection en 35 mm de Rodney Graham et d’autres en 16 mm<br />

de Bertrand Lavier, une installation in situ d’Hans Haacke ou encore un tableau démesuré de Frank<br />

Stella. La crème de la crème, et dans un pot de crème en or massif. Alors qu’à titre de comparaison, le<br />

Transpalette a obtenu au prêt un ensemble de copies numérisées d’œuvres multimédia, parmi lesquelles<br />

figurent les artistes Paul McCarthy & Mike Kelley, Natacha Nisic ou Derek Jarman. Si les installations<br />

vidéo Art Make Up (1967-68) et Good Boy Bad Boy (1985-96) de Bruce Nauman font exception à<br />

cette restriction drastique, le Centre Pompidou n’a accepté qu’un ensemble de 6 dessins d’Anne-Marie<br />

Schneider et un triptyque photographique de Gina Pane en tant qu’œuvre non-numérisable. Tout ce<br />

qui coûte cher, et engendrerait donc des risques de dégradations trop onéreuses, fut tout simplement<br />

refusé au prêt. Pour revenir sur ce parallèle crémier, cette fois-ci, ce ne serait plus du bio, mais plutôt<br />

une crème liquide rehaussée aux additifs et autres conservateurs !<br />

Edi Dubien, Série Enfants Transe (2017)<br />

Le Pot De Crème<br />

Quoiqu’il serait plus juste de le caractériser d’officieux à vrai dire. Si la célébration du musée est effectivement<br />

nationale et plurielle, elle ne manque pas de témoigner d’une hypocrisie dirigée ou d’un<br />

favoritisme orienté. Alors que les partenariats à travers le territoire français se révèlent assurément<br />

multiples, la collaboration avec ces différents acteurs culturels demeure quant à elle formatée, impersonnelle.<br />

Célébration apathique en somme.<br />

Mais encore, qu’importe<br />

la structure hébergeant les<br />

expositions anniversaires<br />

du Centre Pompidou, l’assurance<br />

des œuvres ou copies<br />

d’œuvres, le transport<br />

de celles-ci et la visite d’un<br />

membre du Centre Pompidou<br />

pour en vérifier l’accrochage<br />

obligatoirement<br />

flatteur, demeurent évidemment<br />

à la charge des<br />

structures exposantes. Des<br />

expositions Made in Pompidou<br />

dont le propos est<br />

clairement la célébration<br />

de sa notoriété nationale,<br />

et qui restent pourtant intégralement<br />

financées au<br />

frais des structures accueillantes<br />

! Ce n’est plus la qualité<br />

du produit qui est en<br />

jeu alors, mais bien la valeur<br />

ajoutée que peut rapporter<br />

l’image même de la<br />

marque Pompidou, maison<br />

établie en 1977.<br />

Skall, Challenging the moon (2010) / Béatrice Cussol, N°479 (2009)<br />

Laura Bottereau & Marine Fiquet, S’horrifier de l’Orifice (2016)


Versus<br />

Le hasard, s’il s’agit bien là d’un hasard, fait bien les choses ! L’invitation, faite aux étudiants des écoles<br />

d’art de Valence et Dijon à participer aux processus de construction de cet événement d’audience nationale,<br />

ambitionne d’interagir avec les œuvres présentées au Transpalette ou refusées au prêt par le<br />

Centre Pompidou en dialogue avec un texte manifeste de Paul B. Preciado. Initialement publié dans<br />

l’ouvrage collectif Géo-esthétique (2012), réalisé par la plate-forme curratoriale Le Peuple qui Manque,<br />

ce texte théorique apparaissait comme essentiel pour penser la question des identités aujourd’hui.<br />

Si dans la lecture que nous faisons de ce texte dense, ouvert à diverses interprétations, plusieurs champs<br />

de réflexion se dégagent telles que la dimension queer ou l’idée de décolonialisme, c’est en écho avec<br />

les difficultés de la collaboration du Centre Pompidou avec le Transpalette que nous avons choisi d’interpréter<br />

cet article. Dans sa définition d’une cartographie ren@rde, Paul B. Preciado insiste d’ailleurs<br />

sur la capacité à subvertir les méandres d’une politique du lion par une réappropriation de la représentation<br />

de ces marges par elles-mêmes, divulguant à la fois les oppressions qu’elles subissent tout en<br />

proposant un moyen de les contrer.<br />

Le Safari Des Ren@rds<br />

Abel Techer, Licorne (2016)<br />

L’exercice pouvait dès lors prendre diverses directions, en dialoguant directement avec les œuvres exposées<br />

ou non, en explorant autrement les champs théoriques soulevés, parfois en les piratant. Il s’agissait<br />

ainsi pour nous de nous positionner par rapport au thème général, tout en questionnant les possibilités<br />

contemporaines de les mettre en crise au sein d’un centre d’art. Ainsi, l’exposition Traversées Ren@rde<br />

intégrait aussi dans son processus de construction la relation complexe qu’un centre d’art peut entretenir<br />

avec un musée national. En nous appuyant sur des discussions continues, des visites, des échanges entre le<br />

Transpalette et le Centre Pompidou, nous étions invités à partager nos sensibilités propres afin de répondre<br />

aux enjeux d’une manifestation intervenant dans un dispositif d’anniversaire irrigant l’ensemble du territoire<br />

national. Nous pouvions donc laisser émerger une pensée libre, décloisonnée, ouverte qui atteste<br />

des positionnements d’une génération face aux enjeux soulevés par le texte théorique de Paul B. Preciado.<br />

Intitulé « Cartographie queer : le flâneur pervers, la lesbienne topophobique et la travailleuse sexuelle<br />

multicartographique, ou comment faire une cartographie ren@rde avec Annie Sprinkle », l’article définissait<br />

assez précisément la dichotomie entre deux types de cartographies, deux modes de perception<br />

de la construction des identités. Le concept avancé par Paul B. Préciado, à savoir celui de Cartographie<br />

ren@rde, ne prend sa pertinence qu’en opposition à celle du lion. Lorsque le lion abuse de la force et<br />

s’inscrit dans un courant visant à normaliser les identités, le ren@rd s’inscrit dans des tactiques plus<br />

machiavéliques, plus souterraines, refusant les antagonismes évidents. La cartographie du lion se présente<br />

ainsi comme un grand récit, voire comme une utopie issue de la modernité occidentale. Il aime<br />

les typologies claires, nettes, pseudo scientifiques. Et lorsqu’il s’intéresse aux minorités ou qu’il explore<br />

des identités en marge, c’est pour mieux les cerner, les soumettre à son contrôle bienveillant. Au<br />

contraire, une cartographie ren@rde refuse cette forme de contrôle social en affirmant que les identités<br />

ne sont pas des symptômes cliniques mais bien des singularités irréductibles. Il est donc constitué de<br />

milliers de récits qui se croisent, s’opposent, se répondent et s’entremêlent.<br />

Anne Brégeaut, 22 ppeintures (2015-2017)


Le Transpalette propose de ce fait une traversée des plaisirs décomplexés, entre œuvres historiques<br />

issues des collections du Centre Pompidou et artistes invité.e.s, qui chacun à leur manière, dans leurs<br />

pratiques singulières, voire dérangeantes, n’ont de cesse de réinventer les centres et les périphéries des<br />

grands récits de l’art. À partir de l’incapacité à se satisfaire d’une histoire insuffisamment plurielle, d’un<br />

prestige marchand dominant, d’une hiérarchisation conservatrice des approches artistiques, l’exposition<br />

Traversées Ren@rde s’est donc construite par furetages en creusant moult terriers. Elle invite à<br />

cheminer à la rencontre de territoires ouverts sans frontière, sexualisés, post-identitaires.<br />

Des territoires pensés et fabriqués par près de cinquante artistes qui participent activement à réinventer<br />

les modes de résistance face aux systèmes et aux modèles dominants. Traversées Ren@rde est<br />

une convergence. Le projet ambitionne une explosion du sens en revendiquant d’autres communs,<br />

d’autres paradigmes, à travers cette constellation d’expressions entremêlant dessins, peintures, vidéos,<br />

sculptures, performances, photos, conférences, lectures, etc. L’exposition fût ainsi pensée comme une<br />

cartographie bâtarde et sans hiérarchie où cohabitent étudiant.e.s en art, artistes, artivistes et œuvres<br />

labellisées par le musée. Régie par une volonté de mettre en lumière les formes, les images, les langages<br />

et les corps du contre-pouvoir, Traversées Ren@rde cherche à s’émanciper des cloisonnements institués<br />

et des règles d’hier qui perdurent et fabriquent du visible et des invisibles.<br />

Finalement, le lion n’était autre que le Centre Pompidou lui-même. Quant à nous, nous avons préféré<br />

être ici à la fois furtifs et incisifs tels des ren@rds !<br />

Nicolas Graff<br />

Exposition Traversées<br />

Ren@rde • du 21 Octobre<br />

2017 au 27 Janvier <strong>2018</strong> •<br />

Centre d’Art Contemporain<br />

Le Transpalette • Friche<br />

Culturelle L’Antre-Peaux • 26<br />

Route de la Chapelle • 18000<br />

Bourges • http://www.emmetrop.fr/evenements/exposition-traversees-renarde/#<br />

Justin Smith, Pinrstripe amour (2007)<br />

Sélection d’œuvres d'artistes, sous le comissariat de Damien Sausset, Erik Noulette, Nadège Piton et Julie Crenn dont :<br />

Steven Cohen, 18 paires de chausson (2017)<br />

Edi Dubien • Roberta Marrero • Anne Brégeaut • Tom de Pékin • Pauline N’Gouala • Arthur Gillet • Clarisse<br />

Tranchard • Guillermo Gomez Pena & Balitronica Gomez • Annie Sprinkle & Beth Stephens • Jean-<br />

Luc Verna • Brice Dellsperger • Dorothy Iannone • Zanele Muholi • Béatrice Cussol • Justin Smith • Marc<br />

Anselmi • Virginie Trastour • Collectif la Rage • Abel Techer • Smith • Laura Bottereau & Marine Fiquet<br />

• Steven Cohen • Skall • Adrien Vermont • Annette Messager • Claude Lévêque • Pascal Lièvre • Soufiane<br />

Ababri • Tsuneko Taniuchi • Charlotte El Moussaed • La Bourette • Pierre Ardouvin • Shilpa Gulta<br />

Sélection de vidéos sous-titrées en français présentées lors de l’exposition HERstory au centre d’art de Malakoff avec :<br />

Sampat Pal • Julieta Paredes • Chimamanda Ngozi Adichie • Mona Eltahawy • Laboria Cuboniks • Starhawk<br />

• Paul B. Preciado • Mickael Kimmel • Julia Serano • Vincent Guillot<br />

Sélection d’œuvres d’artistes issues des collections du Centre Pompidou :<br />

Pipilotti Rist • William Burroughs • Jenny Holzer • Derek Jarman • Paul McCarthy & Mike Kelley •<br />

Bruce Nauman • Natacha Nisic • Anne-Marie Schneider • John Giorno • Gina Pane • Michel Journiac


FIST FUCKING<br />

Article déconseillé aux manchots<br />

Le fist-fucking<br />

est une<br />

pratique sexuelle<br />

avec le<br />

poing<br />

consistant<br />

à pénétrer<br />

le vagin<br />

ou le<br />

FIST<br />

FEMINISTE<br />

Peu importe le genre, nous<br />

possédons tous un (voir plus<br />

couramment deux) poings.<br />

Aucun rôle biologique, genré<br />

ou culturel n’est assigné.<br />

Femme, homme, hétéro, gay,<br />

bi, trans. Qu’importe. La<br />

pratique est transgenre et<br />

dégénitalisée.<br />

Il y a donc une égalité entre<br />

les partenaires.<br />

rectum<br />

Le poing dressé peut donc<br />

se voir comme une réponse<br />

au «pouvoir» de l’érection<br />

dominante (qui parfois<br />

ne fonctionne pas comme<br />

messieurs le souhaiteraient).<br />

POUR + D’INFO :<br />

• Erik Rémès,<br />

Osez le fist fucking,<br />

2014<br />

• Marco Vidal,<br />

Fist, 2015


Photos © Enthea Roturier<br />

Ê T R<br />

E R E<br />

N @ R<br />

D.E.S<br />

Nicolas Graff // Maël Le Goarant // Carole Lebon // Venitia Mancani


Avec des propositions d’étudiants de l’ENSA de Dijon.<br />

Venitia Mancani, Effigie de l’Artiste (2017)<br />

Pour cette performance, j’ai choisi parmi les œuvres refusées au prêt par le centre Pompidou,<br />

Les Petites Effigies d’Annette Messager, pour les incarner, ou plutôt en incarner une.<br />

Je deviens ainsi une petite effigie de l’artiste. Le but est de me présenter non plus en tant que<br />

personne, mais bien en temps qu’œuvre d’Annette Messager. Œuvre qui se présente, et peut<br />

échanger avec son public. C’est pour moi une façon de rendre l’œuvre vivante, et visible malgré<br />

son absence.<br />

Le texte comporte une partie description, avec le titre, dimension, date de création, matériaux,<br />

numéro d’inventaire, date d’acquisition, de Les Petites Effigies.<br />

Puis une partie écrite plus librement ; de façon plus poétique, sur le sens de l’œuvre et ma vision<br />

de cette dernière ou devrais-je dire, de moi-même. Pour réaliser cette performance, je me<br />

suis habillée en noir, avec au tour du cou, un cadre dans lequel il y a une photographie d’une<br />

Petite Effigie . Ce qui agit comme une mise en abyme de l’oeuvre et du morcellement du corps.<br />

Mais aussi la question de l’enfantement, chère à l’artiste et à moi-même au sein de mon propre<br />

travail. Enfantement artistique, autant que physique.<br />

Le titre que je donne à ma performance Effigie de l’artiste reprend le titre de la pièce<br />

d’Annette Messager, Les Petites Effigies. Je m’identifie ainsi à l’artiste, et aux préoccupations<br />

de son travail. Un artiste à l’effigie d’un autre artiste. Cette idée rejoint également<br />

l’idée d’enfantement, puisque le travail d’Annette Messager est déclencheur<br />

de la performance. La pièce de l’artiste provoque l’engendrement de ma performance.<br />

Bonjour à tous<br />

Nous sommes vraiment désolés<br />

Pour le retard occasionné<br />

Bonjour... Bonsoir<br />

Nous mettons à disposition ce papier<br />

Je vais vous faire parvenir des fichiers<br />

J’espère que tout va bien pour vous<br />

Ces fichiers seront effacés<br />

Ils n’ont pas reçu mon mail<br />

Je ne serais pas représenté<br />

Pour la soirée<br />

Le vernissage<br />

Je devrais avoir de leurs nouvelles<br />

D’ici quelques jours par mail<br />

Ou peut être faut-il que j’appelle ?<br />

N’hésitez pas non plus à envoyer tout ça<br />

J’ai expliqué la situation<br />

C’est difficile pour l’exposition<br />

Ils nous ont seulement donné<br />

Les oeuvres sélectionnées<br />

Et les artistes présentés<br />

Il faut communiquer<br />

J’ai pris un rendez-vous<br />

Afin que nous puissions nous organiser<br />

Afin que nous planifions<br />

Afin que nous<br />

L’exposition.<br />

Alors, titre, durée, support technique<br />

À qui ? De quoi as-tu besoin ?<br />

J’ai pas d’information<br />

J’ai tout perdu, j’ai dû changer d’ordinateur<br />

Les choses vont si vite ici<br />

Je suis dans l’écriture de mon texte<br />

Il faut que je fasse la mise en page<br />

Tu veux un exemplaire ?<br />

Histoire d’en discuter<br />

J’espère que ça va plaire<br />

Bonjour j’ai le plaisir de vous informer<br />

De ma participation à l’exposition<br />

Exposition à laquelle nous avons convié<br />

Tous les refusés<br />

À faire des propositions<br />

On ne va pas se formaliser<br />

Bienvenue à l’exposition<br />

Carole Lebon, Sans Titre (2017)<br />

Poème imprimé sur papier format A4


Maël Le Goarant,<br />

Ceci n’est pas : Par la présente, je n’appartiens plus à l’art! (2017)<br />

On présente La Bruja, les Inflammatory Essay, WHAT BIG MUSCLES YOU HAVE! puis La Peau.<br />

Urs Lüthi, Autoportrait-Chicago (1976)<br />

Celle qui contamine, celle qui soigne, celle qui n’est<br />

pas votre mère, celle qui vit avec le chaos, celle qui se<br />

nourrit d’ambiguïté, celle qui est la sorcière, celle qui<br />

vous suit pendant toute votre visite, celle à qui on fait<br />

face en dernier. Le ton est franc, direct, sans fioriture<br />

mais bienveillant, injonctif voir même cynique, elle<br />

dénonce, elle ne cesse de dénoncer, ces situations<br />

si violentes. Il y a une liste, une liste et un déplacement<br />

sémantique. Les statuts sont énumérés, dénoncés,<br />

détournés. Les liens intimes sont montrés dans leurs<br />

relations de pouvoir. Ils sont renvoyés à leur corps.<br />

Pour elle la catégorisation est absurde, elle l’ignore.<br />

Il y a sa peau en haut, sa peau avec laquelle elle a eu<br />

plusieurs existences, sa peau, réclamé, détériorée,<br />

recousue, cicatrisé, montré, vendue, devenue relique.<br />

Elle nous accompagne dans ce chaos, elle est une idée<br />

corporalisée, la peau est son point de compression.


Nicolas Graff, Ne reproduisez pas cette œuvre chez vous (2017)<br />

3 tutoriels imprimés sur papier format A4 replié en deux<br />

Action Autoportait(s) – mise en condition / contraction / rejet (1973) constitue pour Gina Pane<br />

un constat d’action, une documentation plastique restituant fidèlement le déroulé des trois<br />

performances qui y sont associées à la manière d’un story-board. Cependant, la politique de<br />

diffusion des grandes institutions muséales (entre sacralisation et white cube), combinée à la<br />

spéculation économique suite au décès de l’artiste en 1990, a transmué le statut de la dite-œuvre<br />

en un ensemble de reliques issues de trois actions, qui ne peuvent plus être visibles autrement<br />

qu’au travers de ces tableaux synoptiques.<br />

De là, il s’agissait de se rapprocher à nouveau du caractère démonstratif de l’œuvre par la rédaction<br />

de trois tutoriels décrivant, étape par étape, la préparation et le déroulement des trois<br />

performances. En les détournant comme des figures illustratives de mode d’emploi, la réception<br />

de ces ensembles photographiques navigue entre guide initiatique et mémoire empathique du<br />

regard. De plus, le spectateur se retrouve confronter à la potentialité d’une réappropriation DIY<br />

des trois actions, interrogeant ainsi le devenir d’une performance dont il ne reste qu’une mise<br />

en image.


Cécile Dachary<br />

Cécile Dachary est une<br />

artiste textile qui explore<br />

des techniques dites<br />

« domestiques », pour les<br />

faire entrer dans une<br />

dimention sculpturale et<br />

organique.<br />

« Toute mon enfance j’ai vu<br />

les femmes de ma famille<br />

réaliser des ouvrages en<br />

tissus et en fil cousus,<br />

brodés, au crochet ou<br />

au tricot…. J’ai appris<br />

avec elles le plaisir des<br />

« ouvrages de dames ».<br />

Après des études d’arts<br />

appliqués et une carrière<br />

Sublime anatomie<br />

dans le textile, j’ai choisi<br />

de me consacrer à cet<br />

univers.<br />

Héritière d’un savoirfaire<br />

féminin, familial et<br />

professionnel, j’ai gardé<br />

la mémoire des gestes<br />

réservés à l’intimité du<br />

foyer et tente d’en élargir<br />

les champs. Ce qui était<br />

alors une forme d’œuvre<br />

« domestique » devient<br />

un mode d’expression<br />

artistique marqué par sa<br />

féminité intrinsèque. »<br />

Cécile Dachary<br />

Organes, 2010<br />

La technique du crochet, destiné à un usage de loisir, devient ici une<br />

nécessité, et ce libère de l’appelation « travail de dame », relégué<br />

au second plan, chose insignifiante du savoir faire féminin.<br />

« Ce qui m’intéresse dans la représentation du corps avec le tissu, c’est le lien étroit qui existe entre ce<br />

matériau et l’humain. Le tissu est une seconde peau, une enveloppe corporelle qui garde l’empreinte<br />

du corps qui l’a porté. Celui-ci rend le tissu vivant, lui donne une matérialité charnelle. L’étoffe garde<br />

du corps le souvenir, entier ou fragmenté. Ce souvenir gardé est multiple, émouvant, troublant, violent,<br />

sensuel ou érotique. Il devient motif ou volume. Je le trace ou le modèle selon mes émotions ou mon<br />

intuition de l’expression la plus figurative jusqu’à une version la plus simplifiée et originelle, le rond, en<br />

passant par des volumes organiques évocateurs...<br />

... Je n’évoque pas uniquement le dehors mais aussi le dedans, en inventant ma propre représentation<br />

de l’intérieur du corps, des organes aux microscopiques cellules et bactéries, dont je donne des images<br />

fantasmées et fantastiques. Je cherche ainsi à exprimer l’intimité, le secret intérieur. »<br />

Cécile Dachary<br />

Enfermé dans le silence de la chambre,<br />

le corps étouffé, sommé de se taire, ouvre le passage vers son intérieur.<br />

L’intérieur... l’intérieur... l’intérieur du foyer<br />

et l’intérieur du corps sur le devant de la scène et cri son existence.<br />

Dans le travail de Cécile Dachary<br />

et notamment dans sa pièce Pis<br />

de Seins (2009) on assiste à un<br />

morcellement du corps. Ici, le sein<br />

nourricier devient un morceau, une<br />

pièce qui tient plus de la grappe,<br />

de la multiplication cellulaire que<br />

du sein en lui-même. C’est une<br />

amputation de corps, qui se divise<br />

et prend de l’ampleur. Comme un<br />

morceau de corps malade qui ne<br />

contrôle plus sa croissance. C’est<br />

un corps ni vivant ni mort, dans un<br />

état de transition vers un « on ne<br />

sait où… ».<br />

Le sein devient dévorant, mamelle<br />

gigantesque à tétons chercheurs,<br />

prêt à se diriger vers le spectateur.<br />

Cette partie coupée de son corps<br />

d’origine était-elle un abcès non<br />

désiré ou malade ? Ou simplement<br />

un corps qui désire son activation?<br />

Venitia MANCANI<br />

Pis de Seins, 2009


Pancakes vegan<br />

au lait de coco<br />

FLORIAN<br />

Ingrédients pour 8 pancakes :<br />

— 150 ml de jus de pois chiche, en conserve ou en bocal<br />

— 1 c. à soupe de jus de citron jaune<br />

— 1 conserve de lait de coco de 400 g<br />

— 20 g de sucre blond, complet ou de coco<br />

— 40 g de fécule de maïs ou de pomme de terre, ou d’arrow-root<br />

— 1 c. à café de bicarbonate alimentaire<br />

— 140 g de farine de riz complet ou de blé T55 ou T65<br />

— Un peu d’huile d’olive ou de tournesol<br />

Zero déchet<br />

Petit budget<br />

Convivialité<br />

Gourmandise<br />

Végan<br />

Verser le jus de pois chiche et le jus de citron dans<br />

un saladier et battre au fouet électrique 5 minutes,<br />

jusqu’à l’obtention de “blancs en neige”.<br />

Ouvrir la conserve de lait de coco et prélever la partie<br />

crémeuse et épaisse. Vous devez obtenir 140 g environ.<br />

Verser la crème dans le saladier et mélanger au fouet<br />

classique.<br />

Buvez l’eau de coco restante bien fraîche<br />

ou glissez-la dans un smoothie.<br />

Petit à petit, incorporer le sucre, la fécule,<br />

le bicarbonate et la farine.<br />

Faire chauffer un peu d’huile dans une poêle, sur feu vif.<br />

Lorsque l’huile est bien chaude, verser un peu de pâte.<br />

Faire cuire 1 minute environ, retourner le pancake<br />

et faire cuire 20 secondes à peu près.<br />

Recette prise sur : auvertaveclili.fr


Nicolas Graff


Les gens de l’extérieur viennent sur le camp, tous les deux ou trois mois, quand ils organisent<br />

une convergence. C’est le nom qu’ils ont donné – nul ne se souvient d’avoir inventé<br />

le terme, mais il est utilisé par tous – à la nuit pendant laquelle Vernon choisit la musique<br />

pour faire danser les participants. Ces convergences rythment leur vie – trouver un endroit<br />

où s’établir, préparer les lieux, l’événement, puis remballer et partir pour un autre endroit.<br />

Ça s’est fait sans que personne ne décide que ce serait comme ça. Ça s’est produit disons.<br />

Les postulants aux convergences sont vite devenus si nombreux qu’il faut toute une organisation<br />

pour sélectionner les participants et ne pas dépasser une centaine. Il se passe quelque<br />

chose. Les gens débarquent, certains sont super chiants, ils viennent « pour voir », méfiants<br />

et agressifs, comme si on cherchait à leur vendre un baratin quelconque alors qu’on ne leur<br />

vend rien, même pas une belle histoire : il s’agit de danser jusqu’à l’aube, c’est tout. La<br />

chose extraordinaire, c’est ce que les danseurs ressentent – sans drogue, sans préparation,<br />

sans trucage.<br />

Virginie Despentes - Vernon Subutex 3 (2017)<br />

On s’approche enfin de Bourges. Il est déjà dix neuf heures passées. La nuit<br />

est tombée, les lampadaires sont allumés en ville. On arrive toujours à Bourges<br />

dans le noir. La friche de l’Antre-Peaux est complètement vide, à l’exception d’un<br />

food truck garé ici spécialement pour l’occasion. Il y est inscrit en haut Assiette<br />

vide, yeux humides. Précisément, oui.<br />

Simultanément Roberta Marrero et Orne Cabrita terminaient la présentation<br />

de leur travail plastique respectif au sein de la salle de spectacle du Nadir. Roberta<br />

développe un ensemble baroque de figures emblématiques de la culture populaire<br />

mondiale, en résonance avec différents slogans ou autres images, afin d’interroger<br />

le poids des conventions et des traditions dans la société espagnole. Une mythologie<br />

personnelle et pudique face au poids écrasant d’une société consumériste<br />

qui ne cesse de vouloir normaliser les identités. Figure de la scène street art, Orne<br />

déploie quant à elle un univers intime, empli d’une sincérité cinglante, inspiré par<br />

les luttes intestines, par ces monstres internes ambigus et fluctuant que chacun<br />

cherche à dissimuler.<br />

Rassasié, on rentre dans le Nadir. Il est un peu plus d’une demi-heure avant<br />

la lecture d’un texte de Pasolini sur l’Italie de l’après-guerre. Le public tarde à<br />

s’imposer. Du retard. Et finalement, une nouvelle foule venue, semble-t-il, plus<br />

pour la notoriété des oratrices que pour le contenu de l’évènement. Les portes<br />

s’ouvrent, la salle sera comble.<br />

La lumière est basse. Elles sont là, debout derrière un pupitre. Le groupe Zëro<br />

s’engage doucement dans une nappe sonore électronique, rauque et aiguisée. Le<br />

spot éclaire progressivement Béatrice Dalle. Elle ouvre ses lèvres épaisses, commencent<br />

la lecture avec intensité. Virginie Despentes poursuit, le timbre grave,<br />

maitrisé. Le contraste s’intensifie, Béatrice s’emporte dans une subjectivité débordante.<br />

Pour quelques uns surjoué, pour d’autres exalté. Virginie temporise. Le<br />

dialogue se développe à la fois raide et tragique, contrôlé et sauvage, voix off et<br />

poésie. Et ces élocutions résonnent. Le rapport des fils à leurs pères, l’hérédité. Le<br />

lègue d’une faute que les pères ont tous commise, et que leurs fils risquent en tant<br />

que pères de commettre à nouveau. Laquelle est sommairement d’avoir laisser le<br />

monde être ce qu’il est, sans agir plus, sans se révolter plus, sans s’acharner plus.<br />

Sans intervenir contre le fascisme, la séparation radicale entre les classes riches<br />

et pauvres, la ségrégation de l’autre, du hors-norme, de l’inadapté en faveur de<br />

l’adapté normé. Comme un rappel à la lutte, à la révolution politique, sociale, identitaire.<br />

C’est que l’Italie d’après-guerre avait bien quelque chose à nous apprendre<br />

de notre pays aujourd’hui et maintenant. La lecture se termine. Chamboulement.<br />

Quelques instants dehors pour respirer un peu de fumée de tabac avant d’assister<br />

au concert d’Heliogabale pour la sortie de leur nouvel album Ecce Homo<br />

(2017). Formation culte de la scène indépendante française, le groupe s’est démarqué<br />

par une approche arty, théâtrale et littéraire du rock noise.<br />

Sommeil.


Retour sur la friche vers dix-sept heures. On est entrain de manquer quelques<br />

interventions apparemment. Daria Marx, membre du collectif de personnes grosses,<br />

sans hiérarchie et sans organisation, Gras Politique, qui est à l’initiative du<br />

blog du même nom, ainsi que Gabrielle Deydier, auteure du livre On ne naît pas<br />

grosse (2017) sur la grossophobie et ses recours et fondatrice du webzine culturel<br />

Ginette le <strong>Mag</strong>, lancé en août 2014. On se rattrape ensuite avec la lecture par<br />

Cara Zina de son nouveau roman Handi Gang (2017), en partie inspiré de faits<br />

autobiographiques. Un adolescent vivant auprès de sa mère y entreprend de régler<br />

le problème de l’accessibilité, mais aussi plus largement celui de la marginalité,<br />

dans la société par l’action directe avec le soutien de sa bande de copains valides<br />

ou non. Assez rapidement, une courte projection encore. In My Language (2017)<br />

d’Amanda Baggs, où elle décrit sa propre expérience, sa propre sensibilité face<br />

au monde en tant que personne atteinte d’autisme. Nous n’avons finalement pas<br />

visionné Being an unperson.<br />

Une courte pause au sein du Nadir. Depuis notre arrivée, Tania Padam (Rata<br />

Tattoo) propose des tatouages flashs by the master of queer old school ink. Divine,<br />

du bondage, quelques femmes avec des poils sur les jambes et des slogans punchy<br />

à la fois queer et dark. Tenté, mais l’école n’aurait pas accepté un tatouage parmi<br />

les frais de voyage. Dommage. Et au mur aussi, une série de photographies en noir<br />

et blanc prises lors de multiples concerts au Nadir par Gilles Garrigos. Girls just<br />

want to have Punk. Que des femmes donc : Beth Ditto, Patti Smith, Lydia Lunch,<br />

Riot Girls ou encore L7. D’autres encore. Belle collection !<br />

Quimera Rosa rentre, solennel, en gang, comme dans un film de western<br />

punk. Lui, est complétement masqué derrière un foulard, une capuche et des lunettes.<br />

Noir. Et des vêtements amples, recouvrant l’intégralité du corps. On ne le<br />

reconnaitra pas, ni même Interpol. Présentation du projet Trans*Plant : Ma Maladie<br />

est une Création Artistique. Il s’agit d’une recherche bio-médicale expérimentale<br />

visant à hacker une technique appelée Photo-Thérapie Dynamique (PDT), afin<br />

de l’utiliser dans la localisation et le traitement de cellules cancéreuses, tout en essayant<br />

de s’affranchir du marché pharmaceutique par le biais de circuits parallèles<br />

plus facilement accessibles. Époustouflant.<br />

Ensuite, La Petite Fabrique du Lecteur Vernon Subutex, ou la restitution<br />

d’un atelier de lecture organisé autour des trois volumes du roman Vernon Subutex<br />

de Virginie Despentes. Une composition musicale ambiante, drone, postrock<br />

et noise des groupes TROM et QANM commence. Ils sont plusieurs sur<br />

scène, une dizaine peut être, avec tous des timbres, des rythmes, des subtilités<br />

de voix qui leur sont singulier. La lecture en fut irrémédiablement hétéroclite,<br />

alternative. Comme si ces quelques épisodes de la vie de Vernon pouvaient aussi<br />

se dialoguer autour de soi, qu’ils pouvaient aussi jongler de soi aux autres. Ce<br />

qui les unissait tous sur scène, c’était cette écriture, cette histoire que chacun<br />

nous racontait à sa manière. On semblait un peu tous des Vernon à ce moment là.<br />

Rescapé des groupes Bérurier Noir, Molodoï et François Béru & les Anges<br />

Déchus, FanXoa propose une présentation de son recueil de nouvelles Un jeune<br />

homme éventré (2017), dans un enchainement de lectures disparates de ces différentes<br />

histoires. On est en 1983, l’époque est sombre, le tableau écarlate, la mort<br />

rôde. L’ensemble témoigne d’une attention toute particulière au cinéma japonais<br />

d’avant-garde et de la nouvelle vague, mais aussi la culture cinématographique<br />

de la fin des années 70. Influence samouraï et soldatesque érotisée mais aussi manifeste<br />

nihiliste, gestuelle autodestructrice prenant forme dans le fantasme d’un<br />

suicide psychologique et d’une renaissance.<br />

Et, le moment ensuite d’une projection un peu spéciale ! FluidØ, un film<br />

cypherpunk Sci-Fi de la réalisatrice Shu Lea Cheang. Virus, sexe, drogue au programme<br />

dans une ambiance de clubbing new-yorkais des années 80 au décor pourtant<br />

futuriste, modélisé numériquement. C’est l’année 2060. Le Sida a finalement<br />

été éradiqué. Seulement, les quelques rares cas subsistant présentent une mutation<br />

du virus VIH en un gène générateur d’une nouvelle substance psychotrope contenu<br />

dans le liquide séminal. La crainte face à l’exposition au virus, à la contamination/<br />

transmission par celui-ci s’inverse radicalement pour devenir une substance dans


lesquels les pouvoirs politiques et pharmaceutiques s’impliquent dans une optique<br />

commerciale et industrielle. Le scénario Sci-Fi de FluidØ entremêle ainsi piratage<br />

et conspiration autour du fluide blanc devenu l’hypernarcotique du 21 ème siècle.<br />

Despentes Convergence Party. Vraiment ? Tania Padam, de retour, avec Géraldine<br />

Sarratia aux platines en Versus. Virginie Despentes n’est pas sur scène,<br />

elle s’agite un peu parmi une foule dispersée. Mais, à dire vrai, ce n’est pas vraiment<br />

une bataille, un combat, plutôt une chamaillerie avec un sens de la répartie<br />

assez décevant. En mode playlist Deezer, avec une transition entre les morceaux<br />

qui laisse à désirer. Pas de remix. Juste une sélection, une playlist. En tout cas, ce<br />

n’est clairement pas le registre de Vernon. Sans doute pas celui de Virginie. Plutôt<br />

Nostalgie FM. Ma foi, une heure et demie suffisait. On rentre finalement avec les<br />

première tonalités du dj-set électro des deux killeuses des Seconds Couteaux.<br />

Photos © Enthea Roturier<br />

Quatre heures et demie, on éteint la lumière.<br />

Évènement Despentes Convergence • du 07 au 09 Décembre 2017 • dans le cadre de l’exposition<br />

Traversées Ren@rde • du 21 Octobre 2017 au 27 Janvier <strong>2018</strong> • Centre d’Art<br />

Contemporain Le Transpalette • Friche Culturelle L’Antre-Peaux • 26 Route de la Chapelle<br />

• 18000 Bourges • http://www.emmetrop.fr/evenements/exposition-traversees-renarde/#


Chronique<br />

cinemA<br />

Call me by your name<br />

Luca Guadagnino<br />

Une affiche d’un bleu électrique et deux visages tourné vers le soleil Call Me By Your<br />

Name n’a pas eu besoin de bande annonce pour me donner envie.<br />

«Un bijou de délicatesse et d’humanité », «un éblouissement», «une romance aussi belle que<br />

passionnée». Les éloges pleuvent pour le film de Luca Guadagnino, dévoilé en janvier 2017<br />

au festival de Sundance et qui vient tout juste de sortir sur nos écrans.<br />

Il s’agit d’une adaptation de Plus tard ou jamais, le roman culte d’André Aciman, qui vaut au<br />

cinéaste italien l’Oscar du meilleur scénario adapté et quatre nominations aux Oscars, dont<br />

celui du meilleur film.<br />

Ce long-métrage se passe durant l’été<br />

1983 sous le soleil ardent d’Italie, Elio<br />

Perlman (Timothée Chalamet) est un<br />

adolescent réservé. Il aime lire, flirter<br />

avec son amie Marzia, écouter et jouer<br />

de la musique classique. Chez lui, on<br />

parle anglais, italien et français. Fils d’un<br />

professeur de culture gréco-romaine<br />

et d’une éminente traductrice, il a reçu<br />

une très bonne éducation et dispose<br />

d’une grande culture générale. Oliver,<br />

(Armie Hammer) est un jeune chercheur<br />

américain, désinvolte et charmeur invité<br />

a passé l’été dans la villa familiale, afin<br />

d’accompagner le père d’Elio dans ses<br />

recherches. Son arrivée apporte une<br />

dimension nouvelle à la vie d’Elio.<br />

Entre les longs repas et les après-midis au bord de la piscine ensoleillées va naître une idylle<br />

sensuelle entre les deux hommes. Le jeune Elio développe une conscience du sentiment<br />

amoureux et de l’érotisme. Il a une grande éloquence, une immense culture, mais il dit ne<br />

rien connaître des choses qui comptent, des choses de la vie. Il se laisse finalement guidé par<br />

ses sens pour se pencher sur le corps, la chaire, le désir, ce qui va lui permettre de grandir.<br />

Au cœur de leur amour, on retrouve la projection de soi dans l’autre, évoquée par le titre du<br />

film, et cette fameuse citation prononcée par Oliver : « Call me by your name, and i’ll call<br />

you by mine ». Cette phrase scelle leur union. Leurs deux êtres sont identiques parce qu’ils<br />

se reconnaissent mutuellement.<br />

Les parents d’Elio sentent ce qui se passe. Ils accompagnent leur fils dans sa découverte.<br />

Dire son amour ou mourir. Voilà le message qu’ils lui délivrent implicitement, un soir où sa<br />

mère se plait à lire un extrait d’un roman contant l’histoire d’un chevalier amoureux, effrayé<br />

à l’idée de dire son amour.<br />

Il faut être courageux. C’est la seule issue. Avoir le courage d’aimer, d’accepter ses<br />

sentiments sans penser aux conséquences, aux limites, aux frontières, et préférer le discours<br />

amoureux à l’hésitation, au<br />

la justesse du comportement<br />

naissante idylle de leur fils<br />

force et une fraicheur qui<br />

Le discours du père, après<br />

a fait ses adieux à Oliver,<br />

scènes du film. Il s’adresse<br />

déjà été confrontée à la<br />

laisse derrière lui un vide<br />

C’est une ode à la vie, à<br />

érotique, intellectuel. Ici on<br />

« Les gens qui<br />

lisent cachent<br />

ce qu’ils sont,<br />

et les gens qui se<br />

cachent n’aiment<br />

pas toujours ce<br />

qu’ils sont. »<br />

renoncement. L’empathie,<br />

des parents face à la<br />

apporte au film une vraie<br />

fait chaud au cœur.<br />

le retour de son fils qui<br />

est une des plus belles<br />

à toutes personnes ayant<br />

perte d’un être aimé, qui<br />

qui prend toute la place.<br />

l’amour familial, amical,<br />

aime la chaleur de l’été,<br />

l’art, les corps, la jeunesse, la nourriture, l’eau, la<br />

curiosité. On s’extase quand on découvre des statues antiques, on danse, on rit, on pleure.<br />

Le scène final est profondément touchante. La douleur et la peur d’un avenir sans amour<br />

qu’Elio vient tout juste de connaître, marque à présent son visage. Sur ce plan de plusieurs<br />

minutes, on peut voir sa mère préparant la table en arrière-plan. Un geste anodin, la vie<br />

continue. Incroyable contraste avec l’émotion qu’on peut lire dans le regard et les larmes<br />

d’Elio, qui, lui est ailleurs, perdu dans ses souvenirs et dans l’avenir.<br />

Comment ne pas se sentir bouleversé, ne pas sentir une blessure du passé se réveiller,<br />

timidement, en étant confronté à une si juste performance de l’acteur Timothée Chalamet.<br />

Ce n’est pas un film qui traite principalement de l’homosexualité en soi, mais plus généralement<br />

des relations amoureuses, de l’adolescence, de la maturité, de l’importance du soutien<br />

familial. Plongez corps et âme dans « Call me by your name », vous ne le regretterez pas.<br />

Esthétique Personnages B-O<br />

Scénario Engagement<br />

Esthétique<br />

Personnages<br />

B-O<br />

Scénario<br />

Par Brian Laval et Chloé Poulain © <strong>2018</strong>


RAP FRANÇAIS :<br />

LE GRAND REMPLACEMENT ?<br />

Rappeurs mecs :<br />

Porcs repentis ou assumés, leur rapport aux femmes est discutable<br />

: la démocratisation du rap en France remet en cause ses codes.<br />

Le public est plus large, plus jeune, plus féminin. Ce ne doit<br />

plus être du simple diverstissement ou de la provoc. Le grand<br />

public attend un discours bien pensant et le rappeur se montre<br />

exemplaire. Ceux qui résisteront à cette pression populaire seront<br />

boycottés, soumis à des excuses publiques ou trainés en procès.<br />

Quelques exemples de rappeurs français tombés dans ces<br />

problématiques :<br />

DAMSO, BOOBA, ORELSAN, ALKAPOTE<br />

Chilla :<br />

Détournant avec brio la trap misogyne et testostéroné, Chilla<br />

mène un combat. Ses armes : de la provocation, des prods<br />

musclés et un discours féministe bien rodé, le tout arrosé de<br />

références à des affaires bien connus du grand public (Weinstein,<br />

BalanceTonPorc, Polansky, DSK...) Par ce biais, elle parvient à se<br />

faire entendre par un public niché dans le rap hardcore et se tient<br />

comme porte-étandart d’un nouveau genre d’auditeurs de rap<br />

qui ne se retrouvent pas dans les idées véhiculées par la plupart<br />

des artistes. Si Chilla ne trouvera certainement pas sa place dans<br />

le Panthéon du rap, elle aura tout de même réussi à surfer sur la<br />

tempête de dénonciation qui refaçonne peu à peu la société tout<br />

entière, cultures underground comprises.<br />

Quitterie DAFLON


On a jamais<br />

vu un homme<br />

se battre contre<br />

un chou-fleur<br />

Le végétarisme, au travers d’une démarche qui rejoint celle des anti-spécistes, permets<br />

d’affirmer certaines idéologies. On constate que, encore bien volontiers à notre époque,<br />

la nourriture est genrée. Certains mets sont l’apanage d’une virilité incontestable, alors<br />

que certains choix alimentaires peuvent la remettre en cause.<br />

Le spEcisme,<br />

c'est quoi ?<br />

#Conversation de rue<br />

#TrueStory<br />

Ca mord ?<br />

« La nourriture, au même titre que<br />

l’entraînement et la science, a été un<br />

processus d’émancipation. »<br />

Le spéciste<br />

est convaincu que toutes les<br />

espèces n’ont pas les mêmes droits,<br />

et qu’aller buter du phoque pour se<br />

faire une crème de beauté est un<br />

dû de sa condition humaine.<br />

L’anti-spéciste<br />

est convaincu que toutes les<br />

espèces ont les mêmes droits, du<br />

lombric à sa belle mère. Et il fait<br />

de son mieux pour les traiter de la<br />

même manière.<br />

Dessins © Nicolas Boccard<br />

Propos de Chloé Maillet, conférence ENSA, nov. 2017.<br />

Et oui, c’est bien avec le végétarisme (et aussi le jujitsu, faut pas déconner), que les<br />

suffragettes ont décidé de lutter pour se libérer de la domination masculine :<br />

Moins de temps à passer derrière les fourneaux, plus de temps à consacrer à soi-même.<br />

Evincer la viande, symbole de virilité.<br />

ENTHEA ROTURIER<br />

Pour plus d’info sur le rapport entre notre société patriarcale et le fait de boulotter de la viande, tu peux<br />

aller emprunter ces deux bouquins :<br />

Carol J. Adams, La politique sexuelle de la viande, 1990<br />

Nora Bouazzouni, Faiminisme, 2017


TANNE<br />

TON<br />

QUEER<br />

TANNE<br />

TON<br />

QUEER


TANNE<br />

TON<br />

QUEER<br />

TANNE<br />

TON<br />

QUEER

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