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questions d’éthique<br />
libérez le spectre radio !<br />
Lorsque Guglielmo Marconi essaie d’obtenir un monopole sur l’utilisation<br />
des ondes radio, peu avant 1900, les États y mettent le holà. Un<br />
traité international est signé en 1906 ; il spécifie que l’utilisation du<br />
spectre relève de la souveraineté nationale. Cette utilisation est depuis<br />
strictement réglementée. Bien entendu il y a de bonnes raisons à<br />
cela, mais la manière d’appliquer ces règles a freiné le progrès. Avec<br />
les nouvelles techniques, il est possible d’allouer une même bande<br />
de fréquence à plus d’utilisateurs, ce qui est nécessaire pour faciliter<br />
« l’explosion démographique » des appareils connectés. De plus,<br />
les liaisons hertziennes sont un outil essentiel pour donner l’accès<br />
à l’internet aux quelque trois milliards de personnes qui en sont<br />
actuellement privées.<br />
Guglielmo Marconi. Photo : domaine public.<br />
Tessel Renzenbrink (Pays-Bas)<br />
Marconi a « l’insigne honneur » d’être<br />
le seul homme pour qui un traité international<br />
a été établi, et ce pour lui barrer<br />
la route. Les raisons pour lesquelles<br />
les nations ont été unanimes relèvent<br />
de leurs préoccupations pour la sécurité<br />
; la radio permettait pour la première<br />
fois de communiquer avec des<br />
navires en haute mer, et personne ne<br />
voulait dépendre – surtout en temps de<br />
guerre – du bon vouloir de l’entreprise<br />
britannique de Marconi.<br />
Un opérateur radio reçoit un message transmis<br />
par voie hertzienne avec le détecteur magnétique<br />
de Marconi.<br />
Photo : Archie Frederick Collins (domaine public).<br />
Absence de signal.<br />
Photo : Liz Sullivan (Wikimedia Commons).<br />
Monopole<br />
Robert Horvitz, de l’Open Spectrum<br />
Foundation, donne dans un article [1]<br />
une seconde raison à la mainmise des<br />
États sur le spectre radio : les appareils<br />
étaient en ce temps-là un peu primitifs,<br />
et ils devaient être manipulés par<br />
des opérateurs habiles pour éviter les<br />
interférences. En découpant le spectre<br />
en bandes, on évitait que des amateurs<br />
viennent y mettre la pagaille et<br />
en rendent l’utilisation impossible à tous.<br />
Celui qui voulait émettre devait demander<br />
une licence ; la régulation stricte de<br />
l’utilisation des ondes était née.<br />
Horvitz commente à ce sujet : « il est<br />
important de noter que la revendication<br />
des nations pour contrôler souverainement<br />
le spectre n’est pas basée<br />
sur les propriétés physiques des ondes<br />
radio. Ces ondes sont après tout identiques<br />
aux rayons lumineux, et aucun<br />
État n’a jamais voulu s’approprier la<br />
lumière du soleil franchissant ses frontières.<br />
Cela montre que les efforts des<br />
nations pour monopoliser l’accès au<br />
spectre radio ne sont pas de nature<br />
scientifique, mais proviennent bien d’un<br />
agenda politique ».<br />
Enchères du spectre<br />
Il résulte de cette régulation stricte que<br />
le spectre n’est pas utilisé de manière<br />
efficace. Par exemple, les autorisations<br />
pour certaines bandes de fréquence<br />
– dont celles pour la téléphonie<br />
mobile – sont attribuées aux enchères.<br />
Les entreprises de télécommunications<br />
payent des sommes faramineuses pour<br />
ces autorisations ; elles reçoivent en<br />
retour un accès exclusif à ces bandes<br />
de fréquence. Cette exclusivité fait que<br />
certaines parties du spectre sont peu<br />
ou pas du tout utilisées. Les autorités<br />
ne sont bien entendu pas objectives en<br />
la matière, car les enchères rapportent<br />
des milliards aux finances publiques :<br />
126 janvier/février <strong>2<strong>01</strong>8</strong> www.elektormagazine.fr<br />
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