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BD2-mars 2019

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RHONE<br />

AGRICULTURE : PATRICIA BISSARDON DE SOLIDARITÉ PAYSANS :<br />

«NOUS APPORTONS UN REGARD NEUF»<br />

Début avril, Solidarité Paysans organise un colloque sur le<br />

changement comme source de redressement pour les paysans<br />

en difficulté. L’occasion de revenir sur cette association qui<br />

accompagne les agriculteurs depuis vingt-deux ans, une<br />

profession, qui bien que guidée par la passion, est toujours en<br />

souffrance. Rencontre avec la coordinatrice, Patricia Bissardon.<br />

ECHOMAG : Le 9 avril prochain,<br />

Solidarité Paysans organise un<br />

colloque intitulé «Les difficultés en<br />

agriculture : le changement, source de<br />

redressement ?» Pourquoi ce thème ?<br />

Patricia Bissardon : Parfois les<br />

agriculteurs sont bloqués dans un<br />

système et tournent en rond. La<br />

conférence prévoit un focus sur le<br />

changement des pratiques et sur<br />

l’agroécologie, qui sont des solutions<br />

pour sortir des difficultés.<br />

ECHOMAG : Pourriez-vous nous faire<br />

un rapide historique de l’association<br />

Solidarité Paysans ?<br />

PB : Elle a été créée en 1997. Au<br />

départ, elle s’appelait Aide agri 69<br />

avant de prendre le nom de Solidarité<br />

Paysans en 2008, nom du réseau national<br />

auquel nous adhérons.<br />

Solidarité Paysans est présente dans<br />

une soixantaine de départements en<br />

France.<br />

ECHOMAG : Quelle zone géographique<br />

couvrez-vous ?<br />

PB : En 2008, nous n’intervenions<br />

que dans le Rhône. En 2015, nous<br />

avons essaimé dans l’Ain. Nous nous<br />

appelons Solidarité Paysans Ain-Rhône,<br />

mais en réalité nous sommes présents<br />

sur l’ensemble des départements de<br />

Rhône-Alpes sauf l’Isère.<br />

ECHOMAG : Quelle est votre<br />

mission ?<br />

PB : Nous accompagnons les<br />

agriculteurs en difficulté, la spécificité<br />

étant que cet accompagnement est<br />

assuré par des bénévoles. Ils sont une<br />

cinquantaine dans le Rhône, répartis<br />

notamment dans les Monts du Lyonnais<br />

et dans le Beaujolais.<br />

ECHOMAG : Quel est leur profil ?<br />

PB : Ce sont pour 90% des personnes<br />

issues du milieu agricole, soit des<br />

agriculteurs encore en activité ou<br />

retraités pour les trois-quarts, soit<br />

proches du milieu agricole. Cela nous<br />

semble important que le bénévole<br />

connaisse cet univers et les difficultés<br />

du métier.<br />

ECHOMAG : Combien d’agriculteurs<br />

accompagnez-vous ?<br />

PB : En 2018, nous avons accompagné<br />

72 exploitations dans le département<br />

du Rhône, soit près de 80 agriculteurs.<br />

ECHOMAG : Quels types de<br />

difficultés rencontrent-ils et quelles<br />

solutions leur proposez-vous ?<br />

PB : Les difficultés sont souvent<br />

financières. L’agriculteur est parfois<br />

submergé de factures. Notre rôle<br />

est de trouver des accords avec<br />

les créanciers, de négocier les<br />

échéanciers. Nous avons un rôle de<br />

médiateur. Nous tentons d’imaginer<br />

comment l’agriculteur peut réduire<br />

ses charges, l’électricité, l’eau, les<br />

produits phytosanitaires, les engrais.<br />

Les problèmes financiers viennent<br />

souvent de problèmes techniques, un<br />

lait de mauvaise qualité ou en quantité<br />

insuffisante, un manque de rentabilité,<br />

une organisation à revoir. En raison<br />

de la surcharge de travail, du stress,<br />

les agriculteurs n’ont pas le recul<br />

nécessaire. Notre présence permet<br />

d’apporter un œil extérieur, un regard<br />

neuf. Nous établissons un diagnostic<br />

et définissons les priorités, sachant<br />

que nous travaillons de concert<br />

avec les professionnels agricoles, la<br />

chambre d’agriculture, les vétérinaires,<br />

les comptables. Nous tentons aussi de<br />

remédier aux problèmes relationnels<br />

que l’agriculteur peut rencontrer avec<br />

des propriétaires ou avec ses associés.<br />

Plus largement, nous sommes là pour<br />

les écouter sans émettre de jugement,<br />

pour les soutenir et les aider à rebondir.<br />

20<br />

ECHOMAG : Comment y parvenezvous<br />

?<br />

PB : Parfois, nous leur proposons<br />

une reconversion professionnelle ou<br />

une reconversion en bio ou un arrêt<br />

partiel d’activité. En cas de liquidation<br />

judiciaire ou de redressement judiciaire,<br />

nous les accompagnons au tribunal.<br />

Grâce au réseau national de Solidarité<br />

Paysans, des juristes les épaulent dans<br />

leurs démarches juridiques.<br />

ECHOMAG : Quelle est la durée<br />

moyenne d’un accompagnement ?<br />

PB : C’est très variable d’une personne<br />

à une autre. Il peut durer quelques<br />

semaines, souvent quelques mois,<br />

rarement quelques années. En<br />

moyenne, il dure deux ans et demi à<br />

un rythme hebdomadaire ou mensuel,<br />

selon les besoins. Certains agriculteurs<br />

ont juste besoin d’un petit coup de<br />

pouce, pour d’autres ce sera plus long,<br />

d’autant qu’il faut établir une relation<br />

de confiance.<br />

ECHOMAG : Comment cet<br />

accompagnement est-il optimisé ?<br />

PB : Les bénévoles et les agriculteurs<br />

ne se connaissent pas, ils ne sont pas<br />

de la même commune afin d’éviter<br />

tous conflits d’intérêts. La confiance<br />

est indispensable, car pour aider au<br />

mieux l’agriculteur, celui-ci doit nous<br />

donner un maximum d’informations.<br />

Il faut parfois effectuer un important<br />

travail dans le tri des factures afin de<br />

savoir ce qui doit être payé en priorité.<br />

D’autre part l’accompagnement fonctionne<br />

toujours en binôme, l’agriculteur<br />

est suivi par deux bénévoles qui<br />

se complètent, un homme et une<br />

femme, l’un gérant la partie technique,<br />

l’autre la partie économique. Bien

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