BD2-mars 2019

MÉTROPOLE
SOLIDARITÉ : L’ENTREPRISE DES POSSIBLES NE VEUT LAISSER PERSONNE
SUR LE BORD DE LA ROUTE
Des entreprises de la Métropole lyonnaise se fédèrent autour d’un projet, la lutte contre la
pauvreté. Qu’il s’agisse de donner du temps aux salariés pour qu’ils puissent effectuer du
bénévolat, de l’argent via des jours de congés ou de mettre des locaux à disposition, le participatif
est dans l’air du temps.
C’est un changement de paradigme qui s’opère dans le
monde de l’entreprise. L’heure n’est plus au business à tout
prix et au capitalisme à outrance. Les salariés comme les
dirigeants veulent donner un sens à leur vie. Cette vision qui
se dessine de plus en plus vient de se concrétiser. À l’initiative
d’Alain Mérieux, président de l’Institut Mérieux, l’Entreprise
des Possibles vient d’être lancée. La démarche soutenue par
le MEDEF Lyon-Rhône, la CCI Lyon Métropole, la CPME et
par dix-sept entreprises vise à aider les plus démunis, les
sans-abri ou les mal logés. Ceux-ci représentent 7% dans
l’Hexagone.
Trois leviers d’action s’inscrivent dans ce dispositif :
le crowdtiming, autrement dit donner de son temps.
L’entreprise soutient le salarié souhaitant être bénévole sur
son temps de travail tout en étant rémunéré. Les premières
missions de bénévolat proposées par les associations
partenaires seront publiées en juin sur le site crowdfunding
: le collaborateur travaille un jour de congé payé ou
pendant une RTT, en contrepartie l’entreprise verse le
salaire non perçu à l’Entreprise des Possibles. Les premières
redistributions financières se feront en octobre prochain ;
enfin le crowdlodging, qui consiste à mettre à disposition
des locaux ou des terrains momentanément inoccupés pour
offrir des solutions d’hébergement.
L’objectif du collectif est de parvenir d’ici un an à mobiliser
6000 personnes sur les 570 000 collaborateurs du secteur
privé, soit 1%. Si aujourd’hui l’aventure compte dixsept
entreprises, d’autres devraient les rejoindre et pas
uniquement celles de la Métropole.
Photo : Emmanuel Imberton & Alain Mérieux
L’entreprise opère un tournant
Ce qui a conduit Alain Mérieux à cette démarche est une
réflexion de longue date : “Le problème des sans-abri, de
ceux qui sont abandonnés sur le bord du chemin, est une
situation intenable. Durant mon enfance, puis en milieu
hospitalier et dans l’armée, nous étions tous solidaires.
Personne ne laissait tomber personne. Aujourd’hui, je ne
reconnais plus mon pays. Les personnes marginalisées sont
de plus en plus nombreuses et de plus en plus jeunes. Cette
marginalisation entraînera une révolte et ce qui se passe sur
les ronds-points était prévisible”.
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Philippe Valentin du groupe Valentin, l’une des entreprises
fondatrices s’est exprimé : “Cette démarche correspond à
nos valeurs. Les chefs d’entreprise sont combatifs mais il
suffit d’un divorce, d’un aléa et on tombe facilement. La rue
broie même les plus costauds”.
La réinsertion dans la société des individus connaissant de
grandes difficultés passe par deux étapes : un logement
stable et un accompagnement à la réintégration sociale,
aussi les associations œuvrant en ce sens seront recensées,
notamment Habitat et Humanisme qui a déjà été contactée.
L’Entreprise des Possibles n’a pas vocation à se substituer
aux dispositifs déjà existants, elle vient simplifier des
actions, met en adéquation ceux qui ont besoin d’être aidés
avec ceux souhaitant s’engager et ils sont de plus en plus
nombreux. Un quart des Français font du bénévolat et le
potentiel de citoyens en mesure de s’engager est de 38%
selon les chiffres de France Bénévole.
“Le monde change et aujourd’hui nous sommes sur la crête.
Il s’agit d’aller du bon côté, c’est-à-dire d’être une entreprise
efficace sur le plan du business, mais qui a une vision
sociétale à la fois sur le plan environnemental et sur celui
de la pauvreté” a souligné Alain Mérieux. Il faut avoir des
objectifs et ce à tous âges. La France ne peut pas devenir
une société fragmentée comme elle l’est actuellement. Le
rôle de l’entreprise doit dépasser le business. Le système
actuel est absurde”.
L’ambition du collectif serait d’enrayer le problème des
sans-abri, ou à minima d’en réduire le nombre. Cette prise
de conscience qui s’opère semble générale. Pour Laurent
Fiard, à la tête du MEDEF Lyon-Rhône “L’entreprise du futur
sera collective et collaborative”. Philippe Schutz, directeur
chez Algoé, a lui précisé : “Le co-engagement entre les
entreprises et les salariés est bénéfique. Il génère une
meilleure gestion des ressources humaines. Cela devient
même un critère de motivation de la part du salarié pour
rejoindre une entreprise».
L’Entreprise des Possibles est lancée et des locaux lui seront
prochainement dédiés à Tassin.
Renseignements : lentreprisedespossibles.org