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Haiti Liberte 5 Fevrier 2020

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Vol 13 # 31 • Du 5 au 11 Février <strong>2020</strong><br />

LE CORE GROUP N’APPRÉCIE LE<br />

DIALOGUE SANS ACCORD<br />

Konnen ak konprann<br />

kont kisa n ap batay : ki<br />

pèspektiv batay mas pèp<br />

la anfas ideyoloji kapitalis<br />

konwonpi an ?<br />

Page 6<br />

U.S. Regrets Not Reaching<br />

Political Agreement with<br />

<strong>Haiti</strong>’s Opposition<br />

Page 9<br />

Voir page 3<br />

Entretien avec Rita<br />

Dieujuste, porte-parole<br />

du comité des<br />

victimes de La Saline<br />

Page 7<br />

Le Core Group est composé de la représentante spéciale du Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu),<br />

Helen Meagher La Lime dirigeante du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), des ambassadeurs d’Allemagne,<br />

du Brésil, du Canada, d’Espagne, des États-Unis d’Amérique, de France, et de l’Union Européenne, ainsi que du représentant<br />

spécial de l’Organisation des États américains (Oea)<br />

34E ANNIVERSAIRE DU SEPT<br />

FÉVRIER 1986<br />

Entretien avec<br />

l’ex-président<br />

bolivien Evo<br />

Morales !<br />

Page 10-11<br />

Voir page 3<br />

La journée du 7 février 1986 était d’une part, pleine de réjouissance et d’autre part, de violences accrues, de chasse et de<br />

pillages de certaines personnes soupçonnées d’être des macoutes ou de connivence avec le régime déchu<br />

La Ligue arabe<br />

rejette le plan de<br />

Trump. Abbas rompt<br />

« toutes les relations<br />

» avec Israël et les<br />

USA<br />

Page 17


Editorial<br />

HAITI<br />

LIBERTÉ<br />

Au pire moment et dans les pires conditions<br />

1583 Albany Ave<br />

Brooklyn, NY 11210<br />

Tel: 718-421-0162<br />

Fax: 718-421-3471<br />

Par Berthony Dupont<br />

Les propositions succèdent aux propositions. Les<br />

plans succèdent aux plans. Les conférences succèdent<br />

aux conférences pour n’accoucher que de démagogie.<br />

Ce n’est pas le verbiage continuel de la classe<br />

politique moribonde qui mettra fin à ses desseins macabres<br />

contre les masses laborieuses haïtiennes.<br />

Les problèmes du pays demeurent inchangés. Ils<br />

sont même appelés à empirer puisque les protagonistes<br />

au sein des classes dominantes ne font que poursuivre<br />

une guerre de clans apparemment acharnée entre eux<br />

mais précisément, elle ne vise qu’à allumer et entretenir<br />

des foyers de tensions, de troubles et d’insécurité<br />

et tout cela est dirigé pour contrecarrer ou empêcher<br />

toutes revendications des masses à une vie décente.<br />

En même temps, il faut être clair, que les derniers<br />

événements confirment que la classe politique fait<br />

la honte du pays. Après la débâcle du Parlement, ses<br />

membres ne font que s’envoyer des flèches pour trouver<br />

des boucs émissaires, à qui faire porter la responsabilité<br />

de l’effroyable chaos où ils ont conduit le pays.<br />

Cette classe politique naufragée est à bout de souffle,<br />

rien ne pourrait la sauver de son impopularité croissante<br />

et de sa descente aux enfers.<br />

Tous entendent respecter le jeu et le calendrier des<br />

forces impérialistes pour maintenir le pays et le peuple<br />

enchainés. Ces démagogues de tous bords ne font que<br />

redonner force aux puissances tutrices. Sur le terrain<br />

de la lutte, ce qui retient l’attention, c’est tout d’abord<br />

la violence et l’offensive en direction des masses défavorisées.<br />

Ensuite, les sirènes alarmantes d’une quelconque<br />

solution négociée pour tenir les travailleurs en<br />

haleine dans l’attente d’un certain dénouement prochain<br />

de la crise.<br />

Le Core group, représentant diplomatique des pays<br />

impérialistes en Haïti n’a pas manqué de manifester ses<br />

insatisfactions à l’égard de la classe politique puisque<br />

rien n’a changé aux données du problème à la Nonciature<br />

apostolique. Ainsi, il les exhorte à mettre entièrement<br />

de côté leurs divergences et à en venir à un accord<br />

sans tenir compte de la volonté et des aspirations du<br />

peuple.<br />

Le Core Group feint d’ignorer que la population<br />

dans son immense majorité ne se reconnait nullement<br />

dans les actes fantaisistes, répugnants, arbitraires de<br />

ces dirigeants politiques actuels qui ne désirent qu’une<br />

seule chose : satisfaire leur soif inextinguible de richesses<br />

et d’honneurs mal acquis.<br />

Cela dit, il faut être bien naïf pour s’étonner d’un<br />

éventuel dialogue ou d’une quelconque négociation<br />

vouée au départ à l’échec entre les acteurs de la classe<br />

politique, voire s’en passionner. Devant cette gravité<br />

des enjeux, les masses populaires doivent entreprendre<br />

d’audacieuses initiatives susceptibles de mettre en<br />

garde leurs ennemis internes représentés, d’une part<br />

par ces oiseaux de mauvais augure, porteurs de mauvaises<br />

nouvelles, et ceux de bon augure, porteurs de<br />

soi-disant nouvelles d’espoir comme la démission de<br />

Jovenel Moise. Ils sont deux faces de la même médaille,<br />

miroir de la bête étoilée aux deux faces républicaines et<br />

démocrates ; toutes leurs acrobaties tendent à satisfaire<br />

les intérêts impérialistes.<br />

Évitons donc de tomber dans le piège qui nous est<br />

tendu à savoir préférer l’un plutôt que l’autre comme<br />

l’indiquent certains courants. Une chose est certaine,<br />

malgré le torchon brulant entre les deux alliés de classe,<br />

le dialogue n’est pas rompu pour autant entre ses frères<br />

et sœurs de classe. Ils trouveront au moment opportun<br />

un terrain d’entente et feront front contre tout mouvement<br />

des masses opprimées visant à libérer le pays.<br />

Voilà ce qu’il en est de la réalité du pays et qui<br />

explique que le cycle de déstabilisation à outrance<br />

commencé n’est prêt à s’achever que si seulement les<br />

masses populaires sont organisées et mobilisées avec<br />

dynamisme dans l’application d’une orientation capable<br />

de mettre en déroute les forces adverses, perverses<br />

qui veulent asphyxier le pays par les moyens les plus<br />

sordides.<br />

La situation parait bien pire et certes dans des pires<br />

conditions, mais elle peut se retourner d’un moment à<br />

l’autre, car la colère du peuple ne cesse de gronder, son<br />

indignation face à la vie chère, le chômage, la pauvreté<br />

ne cesse de grandir, sauf que les conditions subjectives<br />

qui ne sont pas encore réalisées l’empêchent de prendre<br />

le chemin qui mène au grand combat de classe.<br />

Nous y arriverons, nous y arriverons, et Haïti à<br />

coup sûr sera libérée plus tôt que tard, même quand<br />

il y a certes beaucoup à faire pour atteindre le niveau<br />

d’actions conséquentes et efficaces.<br />

Jamais un tel choix n’est apparu aussi opportun,<br />

nécessaire et urgent qu’aujourd’hui pour sortir du tunnel<br />

de la honte.<br />

3, 2ème Impasse Lavaud<br />

Port-au-Prince, <strong>Haiti</strong><br />

Email :<br />

editor@haitiliberte.com<br />

Website :<br />

www.haitiliberte.com<br />

DIRECTEUR<br />

Berthony Dupont<br />

RÉDACTEUR EN CHEF<br />

Dr. Frantz Latour<br />

RÉDACTION<br />

Berthony Dupont<br />

Wiener Kerns Fleurimond<br />

Kim Ives<br />

Frantz Latour<br />

Guy Roumer<br />

CORRESPONDANTS<br />

EN HAITI<br />

Daniel Tercier<br />

Bissainthe Anneseau<br />

COLLABORATEURS<br />

Marie-Célie Agnant<br />

J. Fatal Piard<br />

Catherine Charlemagne<br />

Pierre L. Florestal<br />

Yves Camille<br />

Jacques Elie Leblanc<br />

Roger Leduc<br />

Claudel C. Loiseau<br />

Henriot Dorcent<br />

Dr. Antoine Fritz Pierre<br />

Jackson Rateau<br />

Eddy Toussaint<br />

Ray Laforest<br />

Edmond Bertin<br />

Robert Garoute<br />

Jacques Nési<br />

Ed Rainer<br />

Ing. Roosevelt René<br />

Robert Lodimus<br />

Luckner Elysée Vil<br />

ADMINISTRATION<br />

Marie Laurette Numa<br />

Didier Leblanc<br />

DISTRIBUTION: MIAMI<br />

Pierre Baptiste<br />

(786) 262-4457<br />

COMPOSITION ET ARTS<br />

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2 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol 13 # 31 • Du 5 au 11 Février <strong>2020</strong>


Le Core Group n’apprécie<br />

le dialogue sans accord<br />

34e Anniversaire du sept février 1986<br />

Prof. Esau Jean-Baptiste<br />

De gauche à droite Cristobal Dupouy de l’OEA, la représentante du<br />

secrétaire générale de l'ONU et cheffe de la BINUH, Hellen La Lime et le<br />

diplomate de Vatican Eugene Martin Nugent<br />

Par Isabelle L. Papillon<br />

De gauche à droite Victor Benoit et Emmanuel Menard<br />

Le Core Group n’a pas digéré que<br />

les conférences du 29, 30 et 31<br />

janvier <strong>2020</strong>, déroulées au siège de<br />

la Nonciature Apostolique pour une<br />

sortie de Crise ou une sortie du régime<br />

agonisant du PHTK ait tourné<br />

au fiasco ; une crise qui le ronge<br />

depuis la révolte populaire du mois<br />

de juillet 2018.<br />

Avaient participé à cette<br />

conférence, entre autres, des organisations<br />

qui avaient paraphé<br />

l’accord de Marriott : Mache Kontre<br />

représenté par Edgard Leblanc<br />

Fils de l’OPL et Alix Richard de la<br />

Fusion, le bloc Démocratique par<br />

Emmanuel Menard et Victor Benoit<br />

et Liné Baltazar du PHTK qui<br />

représentait les signataires de l’accord<br />

de Kinam.<br />

Ont été également présents,<br />

plusieurs autres organisations de<br />

la société civile, les représentants<br />

des partis comme le Rassemblement<br />

des Démocrates Nationaux<br />

Progressistes (RDNP) d’Eric Jean<br />

Baptiste, le CONA de Joseph Lambert,<br />

Palmiste de Simon Desras,<br />

Inifòs de Paul Denis, des partisans<br />

de Jovenel Moise : Renald Lubérice,<br />

Jude Charles Faustin, et Mme Jessy<br />

Ménos.<br />

Cette conférence a été arbitrée<br />

par le Comité Haïtien d’Initiative<br />

Patriotique (CHIP) composé<br />

d’un représentant de partis politiques,<br />

un membre de la société<br />

civile et un Recteur d’université.<br />

Elle a été entièrement appuyée par<br />

le Core Group, particulièrement la<br />

représentante du secrétaire générale<br />

de l’ONU et cheffe de la BINUH,<br />

Hellen La Lime et le représentant<br />

permanent de l’OEA en Haïti Cristobal<br />

Dupouy.<br />

Le Core Group n’a guère apprécié<br />

le résultat des rencontres<br />

dont l’objectif visait tout bonnement<br />

de parvenir à un accord de sortie de<br />

crise. Ainsi dans un communiqué,<br />

ils disent regretter que « les participants<br />

aux discussions politiques,<br />

déroulées les 29, 30 et 31 janvier<br />

derniers, n’aient pas pu parvenir<br />

à un accord, malgré leurs efforts ».<br />

Il faut signaler que l’unique<br />

point de divergence entre les<br />

représentants de l’opposition et<br />

ceux de pouvoir en place n’est pas<br />

la question de la formation d’un<br />

gouvernement, ni celle de l’insécurité<br />

; d’un nouveau conseil électoral,<br />

des changements constitutionnels,<br />

et des élections mais celle de la<br />

durée du mandat de Jovenel Moise.<br />

Pour sa part, le président Jovenel<br />

est accouru à la Nonciature<br />

le dernier jour en soulignant aux<br />

délégués, qu’il n’était nullement<br />

attaché à la durée de son mandat,<br />

mais à certaines réformes dans l’administration<br />

du pays. De plus il insista,<br />

qu’il veut remettre le pouvoir<br />

à un autre Président élu avant son<br />

départ.<br />

Par ces mots, ses représentants<br />

l’ont bien compris et n’ont pas<br />

accepté point barre de faire la concession<br />

sur la durée de son mandat<br />

que les membres de l’opposition<br />

voulaient amputer d’une année, de<br />

sorte qu’il laisse le pouvoir l’année<br />

prochaine au mois de Février 2021.<br />

Ne pouvant pas s’entendre,<br />

les acteurs ont laissé la nonciature<br />

sans parvenir à un accord de sortie<br />

de crise. Ce qui ne fait pas l’affaire<br />

de la communauté internationale<br />

qui espérait boucler cette affaire<br />

pour permettre à Jovenel de faire<br />

tout ce que bon lui semble.<br />

Le Core Group regrette qu’il<br />

n’y ait pas d’accord après les négociations<br />

et invite l’ensemble de la<br />

classe politique et des secteurs de<br />

la société haïtienne à prendre leurs<br />

responsabilités face aux défis auxquels<br />

le pays est confronté.<br />

Il semblerait que les pourparlers<br />

pourraient reprendre, c’est ce<br />

qu’a laissé comprendre le directeur<br />

de l’Initiative de la société civile<br />

(Isc), Rosny Deroches, qui indique<br />

que les acteurs de la conférence en<br />

l’occurrence le pouvoir et les partis<br />

de l’opposition, seront à nouveau<br />

convoqués le 7 février <strong>2020</strong><br />

à l’occasion du 34e anniversaire<br />

de la chute de la dictature des Duvalier<br />

pour continuer la discussion<br />

et trouver un accord même dans le<br />

désaccord<br />

Le Secteur dit démocratique<br />

et populaire et l’Alternative<br />

consensuelle pour la refondation<br />

d’Haïti qui avaient boudé les conférences<br />

ont pour leur part réitéré<br />

par leur porte-parole Michel André<br />

« Nous rejetons toute possibilité<br />

de participer à un gouvernement<br />

d’union nationale avec Jovenel<br />

Moïse comme président. Pour nous,<br />

la solution à la crise politique actuelle<br />

passe d’abord et avant tout par<br />

la démission de Jovenel Moïse »<br />

7 février 1986-7 février <strong>2020</strong> : une<br />

interminable transition de duperies,<br />

de rêve galvaudé et d’échec<br />

démocratique<br />

Apparemment, tout allait bien pour<br />

le gouvernement de Jean Claude<br />

Duvalier, quand, dans la ville des Gonaïves,<br />

cité de l’indépendance, a commencé<br />

une opposition contre le régime.<br />

Effectivement, quelques mois de cela,<br />

lors d’une manifestation dans cette ville<br />

(département de l’Artibonite), le peuple,<br />

dans ses revendications socio-politiques,<br />

rendait le gouvernement d’alors,<br />

responsable de leur situation de misère.<br />

Tout en tenant compte de la situation et<br />

des conséquences que cela pourrait avoir<br />

sur les autres régions du pays, le pouvoir<br />

dictatorial de Port-au-Prince, pour pallier<br />

á ce mouvement de soulèvement, dépêcha<br />

le ministre Alix Cinéas sur les lieux.<br />

Ironie du sort, c’est aussi dans cette ville<br />

que dix-huit mois plus tard, a commencé,<br />

avec la mort de Daniel Israël, Mackenson<br />

Michel et Jean Robert Cius, trois jeunes<br />

écoliers des Gonaïves, les mouvements<br />

de protestations qui devaient emporter le<br />

régime vers l’exil.<br />

Évidemment, avec des manifestations<br />

dans presque tous les départements,<br />

spécialement les grandes villes<br />

du pays, les derniers jours de janvier<br />

annonçaient déjà les couleurs contre<br />

un pouvoir dictatorial vieux de presque<br />

trente ans. En fait, Port-au-Prince, la<br />

capitale d’Haïti, où á l’époque se trouvait<br />

toutes les grandes forces militaires et répressives<br />

du gouvernement, était encore<br />

passive et, suivait jusqu’alors, l’évolution<br />

de la crise réclamant le départ de<br />

Jean-Claude Duvalier.<br />

Par contre, comme dans les villes<br />

de provinces, les écoles et les universités<br />

étaient aussi fermées á Port-au-Prince.<br />

Cependant, avec la manifestation du 30<br />

janvier 1986, la ville de Port-au-Prince,<br />

qui jusqu’à date était calme, s’est rapidement<br />

alignée au côté d’autres villes<br />

qui réclamaient le départ de Jean Claude<br />

Duvalier du pouvoir. Le faux départ du<br />

dictateur le 31 janvier allait conduire á<br />

une semaine d’état siège. Tout en analysant<br />

les raisons de cet état siège, certains<br />

analystes et experts dans la crise<br />

politique haïtienne pensaient que c’était<br />

juste une question pour la communauté<br />

internationale de trouver une terre d’asile<br />

pour le président à vie.<br />

Dans l’intervalle, comme des rumeurs<br />

couraient sur le départ de Jean-<br />

Claude Duvalier, donc durant les nuits<br />

du 5 et 6 février, la population était impatiente<br />

en termes de quoi demain sera<br />

fait. Avec la fermeture des stations de<br />

radios qui étaient jugées, par le gouvernement,<br />

trop exagérées dans la diffusion<br />

des nouvelles locales, donc les jeunes en<br />

particulier et la population en générale,<br />

en quête d’information ont essayé et certaines<br />

fois très tard, d’être branché sur<br />

des émissions des « short wave » des radios<br />

étrangères venant des pays proches,<br />

pour avoir des nouvelles concernant le<br />

dénouement de la crise dans le pays.<br />

Comme on n’était pas à l’ère de la technologie,<br />

ou grâce à des réseaux sociaux<br />

les nouvelles pourraient aller loin et vite,<br />

donc à l’époque, mis à part des rumeurs<br />

venant des personnages proches du pouvoir<br />

ou d’une certaine classe de l’élite<br />

haïtienne, les infos étaient rares et même<br />

trop rares au grand public. Ce qui fait,<br />

à partir des informations recueillies dans<br />

leurs pays de résidence, certains haïtiens,<br />

surtout les opposants (appelé Kamoken)<br />

du pouvoir politique de Port-au Prince,<br />

dans certaines communautés en diaspora<br />

qui, de près, surveillaient l’évolution<br />

de la situation, ont dans bien des occasions,<br />

appelé leurs alliés et amis pour les<br />

informer sur les toutes dernières nouvelles<br />

de la crise haïtienne. Donc á partir<br />

Le général Henri Namphy, 3e à gauche, lors de la remise du pouvoir aux<br />

militaires par Bébé Doc le jour de son départ le 7 février 1986. Le Conseil<br />

National de gouvernement (CNG)<br />

(Photo by Jean-Claude FRANCOLON/Gamma-Rapho via Getty Images)<br />

Le départ de Jean-Claude « Baby Doc » et Michèle Duvalier pour l’exile<br />

des informations qui circulaient, le pays<br />

était en alerte. Ainsi, pendant des jours<br />

et des heures, au fur et à mesure que<br />

le suspense se faisait attendre, il n’était<br />

plus question de son départ en soi, mais<br />

plutôt d’une affaire de temps, á savoir<br />

quand est-ce il quitterait le pouvoir.<br />

Entre-temps, toutes les activités<br />

étaient au point mort. Mis à part les<br />

écoles et les universités qui étaient fermées<br />

depuis des semaines, avec l’état<br />

siège qui était décrété depuis des jours<br />

par le régime dictatorial, la vie nocturne<br />

était complètement paralysée. Donc très<br />

tôt dans l’après-midi, par peur d’être victimes<br />

de représailles des tortionnaires<br />

du régime, les gens étaient déjà soit á<br />

la maison ou dans leur quartier. On ne<br />

prend pas de chance. Bien entendu, dans<br />

toutes circonstance, il-y-a toujours des<br />

inconvénients qui bien des fois forcent<br />

les gens à violer certains principes ou<br />

des imprudents qui, quand il s’agit de<br />

leurs routines de fonctionnement ou de<br />

folies au quotidien, ne soucient de rien<br />

peu importe le risque à courir. Bref, dans<br />

l’ensemble, la semaine d’état siège était<br />

très inquiétante, mais surtout la nuit du<br />

jeudi 6 février fut la plus longue. Pendant<br />

les dernières heures, soient qu’elles<br />

viennent des membres proches du pouvoir<br />

ou des haïtiens de la diaspora, des<br />

rumeurs de toutes sortes circulaient á<br />

Port-au-Prince. Quant à certaines presses<br />

de l’international, ne voulaient pas répéter<br />

les mêmes expériences du 31 janvier<br />

ou le faux départ du dictateur était annoncé,<br />

alors qu’il était encore au pouvoir<br />

au Palais national, donc, elles étaient très<br />

prudentes. De ce fait, elles préféraient<br />

attendre. N’empêche, dans certaines<br />

chambres d’hôtels du pays, les reporters<br />

internationaux en quête des toutes dernières<br />

nouvelles, attendaient impatiemment.<br />

Par mesure de précautions, des parents<br />

et amis encourageaient leurs siens,<br />

particulièrement les plus imprudents, de<br />

ne pas prendre des risques, en un mot,<br />

la consigne était de rester chez soi. Pour<br />

ceux qui ont de l’expérience dans les dénouements<br />

de crise politique en Haïti, ils<br />

sentaient déjà que quelque chose allait<br />

arriver.<br />

Le départ de Duvalier le<br />

7 février 1986<br />

Ainsi, pendant que certains dormaient,<br />

d’autres étaient sur leurs pieds de<br />

guerre attendant les toutes dernières<br />

nouvelles. Finalement l’annonce fut<br />

faite. Après avoir dirigé le pays pendant<br />

presque trente ans, la famille Duvalier est<br />

partie. Ne voulant pas affronter la colère<br />

du peuple, président Duvalier choisit<br />

de quitter le pays au beau milieu de la<br />

nuit. ‘’Il était 2h45 quand le président,<br />

accompagné de sa famille et des proches<br />

collaborateurs, dans un C-141 de l’armée<br />

Américaine partait pour l’exile. Et<br />

au moment de son départ, le dictateur a<br />

prononcé son dernier discours : « Désirant<br />

entrer dans l’histoire la tête haute,<br />

la conscience tranquille, j’ai choisi de<br />

passer le destin de la nation, le pouvoir<br />

aux Forces Armées d’Haïti en souhaitant<br />

que cette décision permettra une<br />

issue pacifique et rapide á la crise actuelle.<br />

»<br />

7 Février 1991 investiture du président Jean Bertrand Aristide<br />

Avec ce discours dans la matinée<br />

du vendredi 7 février 1986, ainsi prenait<br />

fin vingt-neuf années de dictature des<br />

Duvalier père et fils. Aussi s’annonce<br />

l’espoir pour une nouvelle Haïti pleine<br />

de promesse, mais surtout des changements<br />

socio-économiques pour les<br />

classes défavorisées. A Port-au-Prince<br />

comme dans les villes de provinces, tôt<br />

dans la matinée, une foule en délire avec<br />

des branches d’arbres, errait dans les<br />

rues pour exprimer leur contentement.<br />

suite à la page(18)<br />

Vol 13 # 31 • Du 5 au 11 Février <strong>2020</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

3


Pitit Malere<br />

Sa ou vle nèg-la fè?<br />

madanm-li ap pase rad,<br />

li minm l-ap pase tray<br />

pitit li kouche<br />

tou rèd tou plat<br />

kon nap joudlan.<br />

yon ti moun si zan<br />

tou chèchkò.<br />

wa di you bwadan<br />

seren fi-n souse,<br />

wa dj you vye chalimo<br />

fronmi ap pote ale.<br />

vwazinay koumanse sanble<br />

lan kay-la,<br />

yo chita lan plenyen :<br />

apa yè, mezanmi,<br />

ti nonm-la t-ap pase la-a...<br />

Hey! katye-a tankou<br />

you bout bra<br />

ki pa kenbe anyen.<br />

PAR CES MOTIFS<br />

Le tribunal, après examen, et sur les conclusions conformes du Ministère public,<br />

maintient le défaut octroyé contre la partie défenderesse à audience quatorze (14)<br />

Février deux mille dix neuf (2019) , pour le profit déclare fondée la dite action;<br />

admet en conséquence le divorce du sieur Joseph Reconny PIERRE LOUIS d'avec son<br />

épouse née Marie Edeline MÉUS, pour injures graves et publiques. Prononce la dissolution<br />

des liens matrimoniaux existent entre les dits époux; ordonne à l'officier de l’état<br />

civil de Petite Rivière de Nippes de transcrire sur les registres à ce destinés le dispositif<br />

du présent jugement dont un extrait sera inséré dans l'un des quotidiens s'éditant à la<br />

capitale sous peine de dommages intérêts envers les tiers s'il y échet; commet l'huissier<br />

Moral Jean Pierre de ce tribunal pour la signification du présent jugement;<br />

compense les dépens. Ainsi jugé et prononcé par nous, Me Marideline Paul, juge en<br />

audience civile, ordinaire et publique du vingt et un (21) Février deux mille (2019, en<br />

présence de Me Kinsly BENJAMIN, substitut du commissaire du gouvernement de ce<br />

ressort, avec l'assistance du sieur Emmanuel Désir, greffier du siège. Il est ordonné à<br />

tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement à exécution, aux officiers<br />

du Ministère public près les tribunaux civils d'y tenir la main; à tous commandants et<br />

autres officiers de la force publique d'y prêter main forte lorsqu'ils en seront<br />

légalement requis. En foi de quoi la Minute du présent jugement est signée du juge<br />

et du greffier susdit.<br />

PAR CES MOTIFS<br />

Après en avoir délibéré conformément à la loi, Accueille favorablement la<br />

demande de la partie demanderesse pour être juste et fondée accorde<br />

que le cité soit expulsé des lieux et que la requérante, partie demanderesse<br />

soit réintégrée et maintenu dans sa possession condamne le dit cité<br />

aux dommages intérêts, frais et dépens de la procédure ce , au termes<br />

des articles 49, 56 C.P.C et 1168 C. C s'éditant dans l'un des journaux du<br />

pays commet l'huissier Wilfrid Ulysse pour la signification du du présent<br />

jugement donné de nous Me Pressage Antoine juge de paix de la<br />

commune de Grand Grossier à l'audience civile ordinaire et possessoire<br />

du lundi cinq Août deux mille dix neuf assisté du citoyen Jn Baptiste<br />

Anthony Rabel greffier. Le tribunal se décline devant les sommes de cent<br />

et cent cinquante mille gourdes pour raison de compétence. Il est ordonné<br />

à tous huissiers, sur ce requis de mettre le présent jugement à exécution<br />

aux officiers du Ministère public près les tribunaux civiles d'y tenir la<br />

main à tous commandants et autres officiers de la force publique d'y<br />

prêter main forte lorsqu'ils en seront légalement requis. En foi de quoi la<br />

minute du présent jugement a été signée par le juge et le greffier Jn<br />

Baptiste Anthony Rabel pour expédition conforme collationnée.<br />

PAR CES MOTIFS<br />

Le tribunal après avoir délibéré au voeu de la loi et sur les conclusions conformes<br />

du Ministère public, accueille l'action de la demanderesse , la dame née Katlyne<br />

DAUDIER, en la forme; maintient le défaut faute de comparaître octroyé à<br />

l'audience du vendredi vingt six juillet deux mille dix neuf contre le sieur Patrick<br />

JOSEPH; admet en conséquence le divorce de ladite dame née Katlyne DAUDIER<br />

contre son époux Patrick JOSEPH ,pour injures graves et publiques fait prévu à<br />

l'article 217 du code civil haïtien; prononce la dissolution des liens matrimoniaux<br />

ayant existé entre eux aux, torts exclusif de l'époux; ordonne à l'office l'état civil<br />

de Port-au-Pronce Section Est de transcrire sur les registres à ce destinés le dispositif<br />

du présent jugement dont dont un extrait sera publié dans l'un des quotidiens<br />

s'éditant à la capitale, sous peine de dommages intérêts envers les tiers ;<br />

Compense les dépens vu la qualité des parties; commet l'huissier Jean Marc<br />

AUGUSTIN pour la signification du présent jugement. RENDU DE NOUS, Berge O.<br />

SUPRISE, juge au tribunal de première instance de Port-au-Prince, en la chambre<br />

du conseil en audience civile publique et ordinaire du vendredi vingt six juillet<br />

deux mille dix neuf, en présence du substitut commissaire du gouvernement, Me.<br />

Jean Rolex MEROVE, faisant partie office du Ministère du Ministère public, et avec<br />

l'assistance de Me. Serge DUVERT , greffier du siège. Il ordonné. ......etc. En foi<br />

de quoi. ...etc. Ainsi signé : Berge O. SUPRISE et Jean Serge DUVERT.<br />

PAR CES MOTIFS<br />

Le tribunal après avoir délibéré conformément à la loi le<br />

Ministère public entendu dans son réquisitoire, maintient le<br />

défaut octroyé à l'audience contre Mme Elisette Simon. Qu'en<br />

conséquence, admet le divorce entre les époux Webert saint<br />

Louis d'avec la dame Elisette Simon pour abandon du droit<br />

marital et incompatibilités de caractères. Ordonne que les<br />

parties soient présentées par devant l'officier de l'état civil où<br />

le contrat de mariage à été contracté. Compense les dépens.<br />

Ordonné de nous Me Verne Simon, AV. Doyen au tribunal de<br />

première instance de Inche à l'audience civile de divorce du<br />

lundi 01 Avril 2019 en présence de Me Fritz AUBOURG, commissaire<br />

du gouvernement avec l'assistance de Me Wilfrid Elie<br />

greffier du siège. Pour ordre de publication : Me Antoine<br />

Toussaint Avocat.<br />

Maladi lan san,<br />

osnon maladi san non?<br />

- Non madanm,<br />

se grangou k-ap pote-l ale,<br />

maladi lamizè<br />

ki kanpe lan tout kay-la<br />

lan mitan tout bagay.<br />

Sa ou vlé nèg-la fè?<br />

madanm-li ap pase rad,<br />

li menm l-ap pase tray,<br />

l-ap vanse je fèmen,<br />

li pa konnen sa pou-l fè,<br />

li tankou you vye revèy<br />

ki rete sou midi:<br />

vant-li vid,<br />

bouch-li ap kimen.<br />

Li pa touche depi twa mwa,<br />

pitit-1i kouche tou rèd<br />

epi-l tande<br />

lantèman pou ka trè.<br />

Georges Castera Fils<br />

PAR CES MOTIFS<br />

Le tribunal après examen sur les conclusions du Ministère public<br />

maintient le défaut octroyé contre Jean Yves Charles à l'audience<br />

précitée, pour le profit déclare fondée la dite action , admet en<br />

conséquence, le divorce de Dieula Antoine d'avec Jean Yves Charles,<br />

pour incompatibilités de caractères, aux torts de l'époux; prononce la<br />

dissolution des liens matrimoniaux ayant existé entre les dits époux;<br />

ordonne à l'officier de l'état civil de la commune de Saint Marc de<br />

transcrire sur les registres à ce destinées le dispositif du présent<br />

jugement dont un extrait sera inséré dans l'un des quotidiens<br />

s'éditant à la capitale, sous peine de dommages intérêts envers les<br />

tiers, s'il y échet, compense les dépens. Ainsi jugé et prononcé par<br />

nous Me Gabnel François Av. Juge en audience civil ordinaire et<br />

publique en date du treize février deux mille dix huit en présence de<br />

Me Grand Pierre Estimé substitut commissaire du gouvernement de ce<br />

ressort avec l'assistance du greffier Pascal Toussaint . Il est odonné........etc....En<br />

foi de quoi. .... etc. .... Charliernor Thompson, officier<br />

de l'état civil<br />

PAR CES MOTIFS<br />

Sur les conclusions conformes du Ministère public, confirme le défaut<br />

déjà octroyé en la forme contre le sieur Onel LÉON, au fond admet le<br />

divorce des époux Onel LÉON la dame née Clarelle CAZEAU pour incompatibilité<br />

de caractère, prononce la dissolution des liens matrimoniaux<br />

ayant existé entre eux; dit que désormais l'épouse reprendra son nom de<br />

famille. Dit que son copie du dispositif du présent jugement certifié<br />

conforme par le greffier du tribunal de première instance des Cayes, sera<br />

signifié, après qu'il aura acquis l'autorité de la chose souverainement<br />

jugé à l'un des officiers de l'état civil des Cayes aux fins de sa transcription<br />

sur les registres à ce destinés. Dit également quʼun extrait du<br />

jugement sera publié sur l'un des journaux s'éditant à la capitale,<br />

compense les dépens, commet l'huissier Louis Sonel Laurent pour la<br />

signification du présent jugement. Redu de nous, Me Pierre Ezéchiel Vaval<br />

Doyen du tribunal de première instance des Cayes, assisté de Me Wilnoce<br />

SANON, substitut commissaire du gouvernement et de Mercinor BAZIL,<br />

greffier du siège en l'audience publique et civile de ce jour 23 janvier<br />

deux mille dix neuf An 216ème de l'indépendance. Il est ordonné, ....En<br />

foi de quoi ...etc... Me Jonas BADETTE. Avocat.<br />

PAR CES MOTIFS<br />

Le tribunal après en avoir délibéré au voeu de la loi et après avoir entendu le ministère public dans<br />

ses conclusions écrites en la forme et au fond , favorable à l'action de la requérante accueille l'action<br />

intentée en divorce par la dame Dieumerci Fortuna contre son époux Cloter François en la forme<br />

maintient le défaut déjà octroyé contre le défendeur à l'audience du jeudi 12 juillet 2018 à 01<br />

heures 15 minutes de l'après midi ce pour n'avoir pas été rabattu aux termes de l'article 287 du<br />

code de procédure civil Luc D'HECTOR. Admet le divorce des époux sus-parlés pour tortures corporelle<br />

(sévices)et pour graves et publiques envers son marie au voeu de l'article 217 du code civil haïtien.<br />

prononce la dissolution des liens matrimoniaux ayant existé entre les dits époux tout en ordonnant<br />

à l'officier de l'état civil de la commune de la Petite Rivière de Nippes Mr. Lionel Prucien de transcrire<br />

sur les registres à ce destinés le dispositif du présent jugement, dont un extrait sera inséré dans l'un<br />

des quotidiens s'éditant à la capitale sous peine de dommages intérêt envers les tiers et de rédiger<br />

l’acte de divorce des époux précités. Commet l'huissier Codet Geste pour la signification du présent<br />

jugement aux fins de droit tout en composant les dépens en raison de la qualité des parties . Donné<br />

de nous Me Nerva Vilmont, juge doyen près le tribunal de première instance de Miragoâne en<br />

audience publique et civile de divorce en date du jeudi 12 juillet 2018 à 01h20 minutes de l'après<br />

midi . An 215ème de l'indépendance, en présence de Me Kinsly Benjamin. Magt. Substitut<br />

commissaire du gouvernement près le paquet du tribunal de première instance de Miragoâne avec<br />

l'assistance de Me Arismon Saint Clair avocat greffier en chef. Il est à tous huissiers sur requis de<br />

mettre le présent jugement à exécution aux officiers du ministère public près les tribunaux civils d'y<br />

tenir la main , à tous commandants et autres officiers de la force publique d'y prêter main forte<br />

lorsqu'ils en seront légalement requis En foi de quoi la minute du présent jugement est signé du juge<br />

, le commissaire du gouvernement et du greffier en chef susdit . Pour expédition conforme à la<br />

minute collationné. Mr Lionel Prucien off.cv.<br />

PAR CES MOTIFS<br />

Le tribunal sur les conclusions conforme du Ministère public représenté à la barre<br />

par Mr Joseph Denis Gérard substitut commissaire du gouvernement de ce ressort<br />

, maintient le défaut requis et déjà octroyé à l'audience du jeudi six juin deux mille<br />

dix neuf contre le sieur Jean Herold Jean Louis pour faute de comparaître, pour le<br />

profit accueille favorablement l'action en divorce introduite par la dame née<br />

Guerthi Toussaint pour être juste et fondée, et en conséquence la dissolution des<br />

liens matrimoniaux existant entre les sus dits époux pour les causes sus énoncées<br />

et aux torts de l'épouse défaillant,en outre renvoie la requérante par l'officier de<br />

l'état civil de Vieux Bourg d'Aquin pour la rédaction de l'acte de divorce et la<br />

transcription du dispositif de cette décision sur les registres destinés à cet effet.<br />

Compense les dépens en raison de la qualité des parties. Commet Anthony Saint<br />

Germain, de ce siège pour la signification de cette décision. Ainsi jugé et prononcé<br />

par nous Louis Fils Joseph , en présence de Me Aldrin Joassaint substitut commissaire<br />

du gouvernement de ce ressort en audience publique et en ses attributions<br />

civile ordinaire et de divorce et avec l'assistance du citoyen Jean Claude Novembre<br />

Greffier du siège de ce jour jeudi neuf janvier deux mille vingt An 217 ème de<br />

l'indépendance.<br />

Il est ordonné etc. . En foi de quoi etc.<br />

Me Philippe M Lalane, Avocat.<br />

La lettre sous la languet<br />

Je t’écris pour te dire<br />

que je vis à fleur d’encre<br />

dans une ville de béton armé<br />

On tire lamentablement dans<br />

ma rue<br />

Dire et déjà trop dire<br />

le bonheur sous chloroforme<br />

Qui habitera avec nous<br />

cet espace mensonger<br />

l’incertitude de ce pays<br />

aphone à force de faire des<br />

promesses<br />

à des bonheurs sans complices<br />

à des rêves de plein jour<br />

PAR CES MOTIFS<br />

Le tribunal, après examen et sur les conclusions du ministère public,<br />

maintient le défaut octroyé contre le défendeur à l'audience précitée;<br />

pour le profit déclare fondée la dite action admet en conséquence le<br />

divorce de la dame Jeanine SENAT d'avec son époux André PHILIPPE,<br />

pour injures graves et publiques aux torts de l'époux. prononce la<br />

dissolution des liens matrimoniaux ayant existé entre les dits époux;<br />

ordonne à l'officier de l'état civil de grande Saline de transcrire sur les<br />

registres à ce destinés le dispositif du présent jugement dont un extrait<br />

sera inséré dans l'un des quotidiens s'éditant à la capitale sous peine de<br />

dommages intérêts envers les tiers s'il y échet. Compense les dépens.<br />

Ainsi jugé et prononcé par nous, Me. Gabnel François, avocat juge en<br />

audience civile ordinaire et publique en date du quinze mai deux mille<br />

dix huit en présence de Me Grand Pierre ESTIME, substitut Commissaire<br />

du gouvernement de ce ressort et avec l'assistance du greffier Feronel<br />

FILS AIME. Il est ordonné. ....etc En foi de quoi. ....etc Ainsi signé :<br />

Gabnel François et Feronel FILS- AIME. Feronel FILS -AIME greffier.<br />

PAR CES MOTIFS<br />

Le tribunal après avoir délibéré conformément après au voeu de la loi et<br />

sur les conclusions conformes du Ministère public, accueille favorablement<br />

l'action en divorce intentée par le sieur Francisque Cantave contre sa<br />

femme née Alaine Joseph pour être régulière en la forme. Maintient au<br />

fond le défaut, faute de comparaître requis et octroyé contre la dame Alaine<br />

Joseph et faute de conclure contre Me Syfanier Raphaël à l'audience civile<br />

de divorce du 18 janvier 2018 pour n'avoir pas été rabattu ni combattu en<br />

conformité avec l'article 287 du code de procédure civile. Admet le divorce<br />

des époux Francisque Cantave, femme née Alaine Joseph pour injures<br />

graves et publique selon le voeu de l'article 217 du code civil Haïtien;<br />

prononce en conséquence la dissolution des liens conjugaux existant entre<br />

les dits époux; ordonne à l'officier de l'état civil de la section sud des<br />

Gonaïves des de transcrire le dispositif du présent jugement sur les<br />

registres à ce destinés dont un extrait sera inséré dans l'un des quotidiens<br />

s'éditant à la capitale sous peine de dommages intérêts envers les tiers, s'il<br />

y échet . Commet l'huissier Georges Michel du tribunal de première<br />

instance des Gonaïves pour la signification du jugement. Compense les<br />

dépenses en raison de la qualité des parties. Me Chenet Sanon Avocat<br />

PAR CES MOTIFS<br />

Le tribunal après examen sur les conclusions du ministère public,<br />

maintient le défaut octroyé contre le défenseur à l'audience précitée<br />

pour le profit déclare fondée la dite action; admet en conséquence le<br />

divorce de Fabiena St Neus d'avec son époux Prince Warrens Ashley<br />

Jean Paul, pour injures graves et publique. Prononce la dissolution<br />

des liens matrimoniaux ayant existé entré les dits époux . Ordonne à<br />

l'officier de l'état civil de grande Saline de trancrire sur les registres<br />

à ce destinés le dispositif du présent jugement dont un extrait sera<br />

inséré dans l'un des quotidiens s'éditant à la capitale sous peine de<br />

dommages intérêt envers les tiers s'il y échet, commet l'huissier<br />

Wilkenson ALTIME de ce siège pour la signification de ce jugement.<br />

Compense les dépens . Ainsi jugé et prononcé par nous Gabnel<br />

FRANÇOIS, juge en audience civile et publique en date du dix mai<br />

deux deux mille dix huit en présence de Me Grand Pierre ESTIME<br />

substitut commissaire du gouvernement de ce ressort avec l'assistance<br />

du greffier Huguens D'HATI. Me Ulrick Joseph<br />

PAR CES MOTIFS<br />

Le tribunal après examen, le Ministère public entendu, maintient le<br />

défaut octroyé contre la défenderesse à l'audience précitée, pour le<br />

profit déclare fondée la dite action. Admet en conséquence le divorce<br />

de la dame Marie Guernite DOSTREL, d'avec son époux Abiquit SAINT<br />

SAUVEUR pour injures graves et publiques et inconpatibilités de<br />

caractères aux torts de l'époux. Prononce la dissolution des liens<br />

matrimoniaux existant entre les dits époux. Ordonne à l'officier de<br />

l'état civil de Port-au-Prince Section Est de transcrire sur les registres<br />

à ce destinés, le dispositif du présent jugement dont un extrait sera<br />

inséré dans l'un des quotidiens s'éditant à la capitale sous peine de<br />

dommages intérêts envers les tiers s'il y échet, commet l'huissier<br />

Amos JEANLUS de ce siège pour la signification de ce jugement;<br />

compense les depens; Ainsi jugé et prononcé par nous, Annie<br />

FIGNOLE, juge en audience civile ordinaire et publique du jeudi vingt<br />

cinq juillet deux mille dix neuf en présence de Me. Jean Rolex<br />

MEROVE substitut commissaire du gouvernement, et avec l'assistance<br />

du sieur Mozart TASSY, greffier du siège<br />

et de plain-pied ?<br />

Déjà l’ellipse<br />

ma main coupée en deux<br />

Il faut trancher<br />

Je suis un homme<br />

qui du rebord piégé de la lune<br />

et du rebond de la lettre<br />

et du piège de l’esprit<br />

appelle la folie<br />

devant la mer en ruine<br />

et puisqu’il te faut un récit<br />

court<br />

celui des fous derrière la porte<br />

des lapsus<br />

Errata<br />

ou des masques allumés<br />

qui font un bruit de<br />

poulie<br />

dans les os<br />

je t’écris pour t’apprendre<br />

que j’ai longtemps<br />

parlé avec les poings<br />

serrés<br />

pour ne pas crier<br />

avec<br />

l’horizon qui fait<br />

naufrage.<br />

PAR CES MOTIFS<br />

Le tribunal après examen. Le Ministère public entendu, maintient le défaut octroyé<br />

contre la défenderesse à l'audience précitée, pour le profit déclare fondée la dite<br />

action admet en conséquence le divorce du sieur Serge Gaspard, d'avec son épouse<br />

née Alourdes André pour injures graves et publiques aux torts de l'épouse.<br />

Prononce la dissolution des liens matrimoniaux existant entre les dits époux;<br />

ordonne à l'officier de l'état civil de la section Est de Port-au-Prince à transcrire sur<br />

les registres à ce destinés; le dispositif du présent jugement dont un extrait sera<br />

inséré dans l'un des quotidiens s'éditant à la capitale sous peine de dommages<br />

intérêts envers les tiers s'il y échet. Commet l'huissier Johnny Jean pour la signification<br />

de ce jugement; compense les dépens. Ainsi jugé et prononcé par nous, Guy<br />

Augustin juge en audience civile ordinaire et publique du mercredi vingt quatre<br />

juillet deux mille dix neuf en présence de Me. Paul WESLEY , substitut commissaire<br />

du gouvernement de ce ressort et avec l'assistance du sieur Junior Sauvens<br />

THELEMAQUE, greffier du siège. Il est ordonné à tous huissiers sur ce requis de<br />

mettre le présent jugement à exécution; aux officiers du ministère public près les<br />

tribunaux de première instance d'y tenir la main à tous commandants et autres<br />

officiers de la force publique, d'y prêté main forte lorsqu'il en seront légalement<br />

requis. En foi de quoi, la minute le présent jugement est signée du juge et du<br />

greffier susdit.<br />

PAR CES MOTIFS<br />

Sur les conclusions conforme du Ministère public, confirme le divorce<br />

des époux Jean Enel SIMILIEN, la dame née Daphney DUQUELLA<br />

pour injures graves et publiques, abandon du toit conjugal, proonce<br />

la dissolution des liens matrimoniaux ayant existé entre eux. Dit que<br />

désormais l'épouse reprendra son nom de famille. Dit que copie du<br />

dispositif du présent jugement passé en force de chose jugée, certifié<br />

par le greffier du tribunal de première instance des Cayes aux fins de<br />

sa transcription aux registres à ce destiné. Dit également qu'un<br />

extrait dudit jugement publié dans un journal da la capitale,<br />

compense les dépens, en fin commet l'huissier Pierre Richard GIRAULT<br />

pour la signification du présent jugement. Prononcé par nous Me<br />

Jocelyn LUCIEN, juge en présence de Me Joseph AMAZAN substitut<br />

commissaire du gouvernement, assisté de Pierre CASSEUS , greffier<br />

du siège en audience publique et civile ce jour 16 novembre deux<br />

mille seize. An 213ème de l'indépendance. Il est ordonné etc. ..... En<br />

foi de quoi etc. ... Jean Baptiste Pierre Zachary Avocat<br />

PAR CES MOTIFS<br />

Après examen, le Ministère public entendu, maintient le défaut<br />

octroyé contre la défenderesse à l'audience précitée, pour le profit<br />

déclare fondé la dite action . Admet en conséquence le divorce du<br />

sieur Wilsonne CLENAT d'avec son épouse née Gertha JEAN LOUIS<br />

pour injures graves et publiques aux torts de l'épouse. Prononce la<br />

dissolution des liens matrimoniaux existant entre les dits époux;<br />

ordonne à l'officier de l'état civil de la section Nord de Port-au-Prince<br />

de transcrire sur les registres à ce destinés, le dispositif du présent<br />

jugement dont un extrait sera inséré dans l'un des quotidiens<br />

s'éditant à la capitale sous peine de dommages intérêts envers les<br />

tiers. Commet l'huissier Canal Gabriel de ce siège pour la signification<br />

de ce jugement. Compense les dépens. AINSI JUGÉ ET PRONONCÉ<br />

par nous Annie FIGNOLÉ, juge en audience civile, publique et<br />

ordinaire du jeudi vingt quatre janvier deux mille dix neuf, en<br />

présence de Me Jean Rolex MEROVE, substitut commissaire de ce<br />

ressort et avec l'assistance du sieur Mozart TASSY . Greffier du siège.<br />

Me Jacques SAINT PREUX Avocat<br />

PAR CES MOTIFS<br />

Georges<br />

Castera Fils<br />

La couverture du dernier numéro aurait dû lire Vol. 13 # 30 * du 29 Janvier au 4 Février <strong>2020</strong> au lieu<br />

de Vol. 13 # 05 * du 7 au 13 Août 2019.Nous nous excusons également pour une partie de l'article «Les<br />

Bossales dans les rues» à la page 3 qui a été supprimée par inadvertance.<br />

La Direction<br />

Le tribunal après examen, le Ministère public entendu, maintient le défaut<br />

octroyé contre le défendeur à l'audience précitée, pour le profit déclare<br />

fondé la dite action, admet en conséquence le divorce des époux Hygens<br />

JOSEPH, la femme née Anne Marie Yolande PIERRE pour injures graves et<br />

publiques et abandon du toit conjugal aux torts de l'époux, conformément<br />

aux articles 217 et suivant du code civil; prononce la dissolution des liens<br />

matrimoniaux existant entre les dits époux; ordonne à l'officier de l'état<br />

civil de la Section Sud de Port-au-Prince à transcrire sur les registres à ce<br />

destinés le dispositif du présent jugement dont un extrait sera inséré dans<br />

l'un des quotidiens s'éditant à la capitale sous peine de dommages intérêts<br />

envers les tiers s'il y échet; commet l'huissier Jean Joseph Donald CADET<br />

pour la signification de ce jugement; compense les dépens. Ainsi jugé et<br />

prononcé par nous, Guy AUGUSTIN, juge, en audience civile , ordinaire et<br />

publique du mercredi dix Avril deux mille dix neuf en présence de Me Paul<br />

Wesley, substitut commissaire du gouvernement de ce ressort et avec<br />

l'assistance du sieur Junior Sauvens THELEMAQUE , greffier du siège. Il est<br />

ordonné. .......etc. ..En foi de quoi. ......etc.<br />

4 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol 13 # 31 • Du 5 au 11 Février <strong>2020</strong>


Twa Fèy, Twa Rasin O!<br />

Un fils du peuple en tête-à-tête avec un<br />

ti boujwa arivis<br />

Par Fanfan la Tulipe<br />

« Conseil aux arrivistes : mangez du cirage,<br />

vous brillerez en société ! »<br />

Pierre Doris<br />

(Acteur, Artiste, Comique)<br />

Avec tout ce raffut, ce chahut, cette<br />

cacophonie, ce charivari, cette confusion,<br />

ce bordel qu’est la scène politique<br />

depuis l’ère des tètkale savann boule,<br />

ère organisée, entretenue par la gent internationale<br />

et les fils de pute locaux de<br />

l’impérialisme, on a l’impression que les<br />

concernés, le pouvoir aussi bien que l’opposition,<br />

ne font que du surplace autour<br />

de leurs deux thèmes favoris : la démission<br />

de Jovenel versus un impossible sinon<br />

illusoire dialogue. Alors, fatigué de<br />

ces turpitudes, ennuyé à mourir par cette<br />

honte, cette déchéance en chute libre, je<br />

me suis refugié dans mon nirvana, non<br />

pas l’espace d’un cillement mais le temps<br />

de retrouver mon sens de l’équilibre, de<br />

me rafraîchir à la source du rationnel.<br />

Dans mon nirvana, je me détends,<br />

je fuis la marche aberrante, dégringolante<br />

du pays, la tortuosité et<br />

l’abracadabrance des acteurs politiques,<br />

je recrée la vie au hasard de mon imagination.<br />

Tout peut émerger dans mon<br />

univers nirvanal : un grand poème engagé<br />

digne d’un Paul Laraque, un rêve<br />

hadrianique pour rejoindre la regrettée<br />

Marguerite Yourcenar sur ses voies lactées<br />

; une audacieuse tentative de jouer<br />

à un grand écrivain qui serait l’auteur<br />

d’un « Mille ans de solitude » comme<br />

pour saluer la mémoire de Garcia Marquez<br />

; un dialogue non pas de mes<br />

lampes, mais un tête-à-tête entre un fils<br />

du peuple et un ti boujwa arivis.<br />

Les ti boujwa arivis pullulent dans<br />

le monde limoneux, trouble des PHTK. Ils<br />

ne sont pas analphabètes au sens strict du<br />

terme, mais… Professionnels ou non, ils<br />

respirent la bêtise, s’en alimentent, s’en<br />

délectent, en raffolent. Leur dénominateur<br />

commun c’est de s’assurer qu’ils peuvent<br />

passer pour des bourgeois. Se croyant<br />

dans la note juste, ils font assez de bruit<br />

pour se faire remarquer par le « chef » qui<br />

laissera tomber un os aux plus bruiteux<br />

d’entre eux. Ils sont minables à observer :<br />

aplatis, allongés dans les couloirs du palais<br />

ou des ministères, pattes en avant,<br />

attendant leur « récompense ».<br />

L’usage de la radio, de la télé ou des<br />

deux combinées les arrangent, ils sont<br />

dans leur plat. Là, ils tonitruent, s’époumonent,<br />

braillent, aboient, déblatèrent,<br />

écument. L’essentiel c’est que l’écumance<br />

océane de leur voix arrive jusqu’aux<br />

oreilles du président ti zòrèy. C’est ainsi<br />

que l’imagination, la fiction et quelques<br />

réminiscences aidant, j’ai pu écouter, médusé,<br />

l’entrevue radiophonique qui suit,<br />

celle accordée par un fils du peuple, naïf<br />

jusqu’aux os, à un ti boujwa mal fagoté,<br />

Aristobule Kakapoul, essayant de coincer<br />

et de tourner en dérision le filius populi.<br />

L’interviewé – Jorélus Labanière<br />

– est membre influent d’une certaine<br />

« Fòs pèp pwogresis », toutefois il est un<br />

fervent partisan du président Jovenel. À<br />

l’évidence, « pwogresis » et Jovenel sont<br />

comme lait et citron. Même dans mon<br />

nuageux nirvana, il m’a semblé plutôt<br />

étrange d’entendre un jeune, un fils du<br />

peuple, membre d’une organisation populaire<br />

progressiste par surcroît, s’afficher de<br />

façon aussi ouverte en faveur d’un chef<br />

d’État au passé politique aussi trouble,<br />

aussi boueux ; un « ingénieur » menteur<br />

bien connu pour ses accointances avec<br />

l’extrême-droite macouto-duvaliériste et<br />

la bourgeoisie, deux entités notoirement<br />

alignées sur la politique néolibérale des<br />

Etats-Unis.<br />

Assurément on n’aurait rien à redire<br />

d’un militant d’organisation populaire<br />

(OP) qui entretiendrait des relations<br />

de proximité politique avec tel membre de<br />

la bourgeoisie pourvu que ce dernier fût<br />

un progressiste authentique. Un Antoine<br />

Izméry, par exemple, qui avait d’excellents<br />

rapports politiques de solidarité avec<br />

le secteur populaire. Izméry qui n’avait<br />

pas arrêté de dénoncer la répression, les<br />

exactions et les violences commises par<br />

la clique Cédras-Michel François. Izméry<br />

qui a payé de sa vie, de son courage, de<br />

sa franchise, de son honnêteté à dénoncer<br />

la collusion entre l’étranger et les forces<br />

antinationales, anti-peuple.<br />

C’est à se demander ce que cet olibrius<br />

de Jorélus était allé chercher dans la<br />

galère impériale-bourgeoise. Ce mariage<br />

depaman, cette alliance dépamanne,<br />

contre nature, m’a rappelé étrangement<br />

les années 2003 et 2004 lorsque des étudiants<br />

faisant le jeu de la macouto-bourgeoisie<br />

pour déstabiliser le régime légitime<br />

en place pensaient, croyaient bêtement<br />

et béatement qu’un André Apaid Junior<br />

pouvait être un vrai allié social et politique,<br />

quelqu’un avec qui ils pouvaient<br />

franchement «fraterniser» de classe à<br />

classe. Hélas ! Longtemps après, ils se<br />

sont mordu les pouces jusqu’au coude<br />

pour avoir été les stupides dindons des<br />

tractations de l’infâme Groupe GNBiste<br />

des 184.<br />

En fait, ce tête-à-tête entre Jorélus<br />

et Aristobule a été intéressant à plus<br />

d’un point. En effet, le représentant d’organisation<br />

populaire exprimait sa ferme<br />

confiance de voir le président Jovenel<br />

Moïse changer le cours des choses. Peu<br />

lui importait d’être au courant des menées<br />

entachées de corruption de sa laideur, pardon,<br />

de son leader. Le mec s’est bien laissé<br />

prendre, comme beaucoup de jeunes,<br />

au piège de la propagande savamment<br />

orchestrée présentant Jomo comme un<br />

«entrepreneur» (sic), un « ingénieur-agronome<br />

n’appartenant pas au «système»<br />

(resic), un outsider, un businessman haut<br />

de gamme capable d’impulser un changement<br />

social et économique réel en Haïti.<br />

Durant l’interview avec Aristobule,<br />

Jorélus concentrait sa fureur verbale<br />

particulièrement sur un certain André Tikoukou,<br />

un «sociologue averti» qui avait<br />

bénéficié d’une bourse duvaliériste pour<br />

étudier en Europe, mais qui après avoir<br />

courtisé assidûment et étroitement des fils<br />

du peuple (progressistes, il ne faut pas<br />

l’oublier) pour obtenir leurs votes, leur<br />

avait tourné le dos prestement, pour mener<br />

vanmpanm son train non pas de sénateur<br />

mais de proche conseiller politique<br />

du président « entrepreneur » travesti en<br />

chef d’Etat présentable.<br />

De toute évidence, Jorélus n’avait<br />

pas retenu de ses lectures l’adage «qui<br />

se ressemble s’assemble». Jomo ne pourrait<br />

assurément pas avoir autour de lui,<br />

proches de lui, ces trop remuants représentants<br />

populaciers qui au moindre akasan<br />

sont prêts à siroter n’importe quel<br />

gouvernement de leurs manifs et sulfureuses<br />

revendications anti-néolibérales.<br />

Jorélus était trop raz pour côtoyer les gras<br />

bourgeois, les maigres petits-bourgeois<br />

en voie de se faire du ventre, les peu<br />

fréquentables néo-bourgeois, les bourgeois<br />

grennsenk, les boujwa wòwòt, les<br />

bourgeois en perte de vitesse désireux<br />

de reprendre leurs activités en première<br />

vitesse, sans oublier les bourgeois déplumés<br />

en phase de replumage .<br />

Il faut toutefois reconnaître que<br />

malgré ses nouvelles fréquentations<br />

contre nature, Jorélus faisait des «revandikasyon<br />

mas pèp la» son propos majeur<br />

durant l’entretien avec Aristobule. Il insistait<br />

que le président (bien intentionné ?)<br />

puisse réellement mettre fin au système<br />

paspouki, au favoritisme, au clanisme,<br />

au «classisme», au mounnpatisme, au<br />

ticouloutisme, au bacouloutisme, au<br />

paspoukisme en usage dans les cercles<br />

politichiens, depuis l’époque où Jadis était<br />

caporal.<br />

Il faut reconnaître un élan de sincérité<br />

dans les propos de Jorélus conscient<br />

du Goliath impérial caché derrière ce vakabon<br />

d’« ingénieur » métamorphosé en<br />

chef d’État, après avoir été trop longtemps<br />

dans un si triste état. Il faut reconnaître<br />

l’honnêteté et l’innocence exprimées à<br />

travers les propos de Jorélus résolu à voir<br />

le pays avancer, entêté à faire confiance<br />

au Grand « Ingénieur », au Grand Timonier,<br />

au Guide, au Rénovateur, au Génie<br />

de la race.<br />

Alors que même dans son ingénuité<br />

Jorélus s’exprimait en termes de revendications<br />

de sa classe sociale réclamant<br />

un vrai changement, un abandon des<br />

pratiques sociales réac en cours, Aristobule,<br />

lui, s’ingéniait à tourner en dérision<br />

le fils du peuple et à douter de sa sincérité<br />

de classe. Les questions ou insinuations<br />

tendaient clairement à montrer que du<br />

côté de Jorélus il ne pouvait y avoir que<br />

l’intérêt matériel, seulement le terre à<br />

terre au sens le plus péjoratif du terme :<br />

« eske w gen yon bagay w ap chèche ?»,<br />

demanda-t-il à Jorélus.<br />

En face de lui, Aristobule s’imaginait<br />

avoir affaire à un vorace, un afannaaf<br />

pareil à ces bourgeois avadra<br />

grandan qui réclamaient des franchises<br />

douanières imméritées sous le gouvernement<br />

de l’ancien PM de facto Gérard Latortue.<br />

Toute démarche de Jorélus dénonçant<br />

le clanisme de Tikoukou ne pouvait<br />

relever que du plus bas opportunisme.<br />

Le petit-bourgeois arriviste n’avait manifestement<br />

aucun respect pour le fils du<br />

peuple, innocent, naïf, crédule qui avait<br />

cru pouvoir s’identifier à la paysanneté<br />

du président.<br />

Ne pouvant porter Jorélus à avouer<br />

son terre-à-terrisme, Aristobule, plus<br />

avant, s’est fait plus perfide, avançant<br />

quelque chose qui se rapprochait d’un « si<br />

ce n’est pas toi, c’est donc quelqu’un de<br />

ta race : «ki sa egzakteman n ap chèche<br />

nan gouvènman an ?», le «n ap» se rapportant<br />

aux membres de l’organisation<br />

populaire. Pour Aristobule, subconsciemment,<br />

Jorélus et les siens ne pouvaient<br />

être qu’à la recherche de gras chèques du<br />

gouvernement qui les sortent de leur précarité<br />

sociale et économique.<br />

Enfin, ils pourraient rouler dans<br />

de grosses cylindrées, déguster jambon,<br />

mortadelle de la Lombardie, saucisson<br />

d’Ardèche, poires d’Angers, raisins, oui,<br />

du bon muscat de Hambourg et pòm<br />

Frans ; s’asseoir «comme du monde»<br />

dans les restaurants chics de Pétion-Ville,<br />

comme des bourgeois, quoi ! Poukipa ? Et<br />

vive l’harmonie entre les classes sociales !<br />

Ma grand-mère avait raison : oui, «on est<br />

risqué» avec les arrivistes, les nouveaux<br />

riches.<br />

La perfidie d’Aristobule, arriviste<br />

cuit dans la sauce aux mendiants à fauxcol,<br />

n’arrêta pas une seconde. En face de<br />

l’interviewer, Jorélus se sentait désemparé,<br />

car il devinait, flairait la mauvaiseté<br />

d’Aristobule, sa perversité, sa méchanceté,<br />

sa malignité, sa cruauté, sa hautaineté<br />

de classe. Il restait sur ses gardes<br />

d’autant qu’une demi-minute de silence,<br />

sans raison, avait interrompu l’interview ;<br />

ce qui devait lui avoir semblé une éternité.<br />

Une autre question, abrupte, est<br />

venue préciser la pensée du méchant<br />

garnement quand il a demandé à Jorélus<br />

:« eske n ap mande ministè ?», le ravalant<br />

au même niveau que tel ou tel autre<br />

membre de l’opposition recherchant sa<br />

tranche de gâteau à travers de soi-disant<br />

tentatives de « dialogues ». N’ayant aucun<br />

sens d’humanité puisque son arrivisme<br />

l’a rendu fou, Aristobule ne s’imaginait<br />

pas une seconde que Jorélus, un fils du<br />

peuple pût s’intéresser au sort de sa classe<br />

sociale, même lorsqu’il se fut trompé en<br />

faisant confiance à Jovenel.<br />

Quand Jorélus, agité, s’époumona<br />

à dénoncer le clanisme (et l’ingratitude en<br />

fait) de Tikoukou et de certains membres<br />

de l’entourage du président ki pa annafè<br />

ak pèp, notre « amical » interviewer devint<br />

menaçant : «ou sanble ou kòm ap<br />

batay kont prezidan an, kont l’autorité<br />

établie... eske estrateji w la pa p destabilize<br />

prezidan Moïse ?». Ah !<br />

orélus s’en sortit avec intelligence,<br />

sans surenchère, sans faux-fuyant, mais<br />

Aristo ne le lâchait pas d’une maille : «si<br />

prezidan an ap tande w la a, se pou l<br />

ta revoke Tikoukou». Jorélus fit alors<br />

remarquer que lors de certaines virées<br />

et dévirées du président, Tikoukou n’est<br />

pas autour du chef. Par contre dans des<br />

situations politiques de pouvoir pur et<br />

dur, la visibilité de Tikoukou est presque<br />

aveuglante.<br />

Ce à quoi Aristo répondit que<br />

«prezidan an gen [diferan] moun pou<br />

pale ak diferan sektè». Au demeurant,<br />

lorsque Jorélus voulut faire passer l’idée<br />

qu’il défend le secteur populaire (progressiste),<br />

Aristobule lui rétorqua, mi-sérieux<br />

mi-sarcastique: «pa gen [on] mounn ki<br />

rele sektè popilè». Humour noir et sinistre<br />

d’un névropathe.<br />

Aristobule ne s’est même pas embarrassé<br />

d’avancer que le président est<br />

en quelque sorte redevable auprès de<br />

supporters qui ont déboursé pour sa campagne<br />

électorale alors que les militants<br />

d’OP ont peu ou pas du tout contribué du<br />

point de vue financier. Jorélus répliqua<br />

que le problème n’était pas à ce niveau,<br />

que les militants d’OP s’étaient dépensés,<br />

« recrutant» des jeunes pour voter Jovenel<br />

et qu’à ce titre la présidence devait leur<br />

donner aujourd’hui pleine considération,<br />

les mettre à bord pour la pleine participation<br />

de tous les secteurs (sic) au «changement»<br />

(resic) annoncé.<br />

Aristobule revint à la charge :<br />

eske ou pap poze pwoblèm moun ki gen<br />

kapasite ak moun ki pa gen kapasite ?»<br />

Mais Jorélus ne se laissa pas désarçonner<br />

encore moins intimider par le souflantyou<br />

de la bourgeoisie. Alors, voyant<br />

l’acharnement de Jorélus à dénoncer le<br />

mounpatisme de la bande à Tikoukou,<br />

Aritobule lui infligea la gifle suprême,<br />

lui demandant à brûle-pourpoint :« ou<br />

frustre ?».<br />

En dernière analyse, et à court de<br />

petites et grosses ruses psychologiques<br />

pour impressionner ou caponer Jorélus,<br />

notre fielleux intervieweur s’aventura sur<br />

un terrain dangereux, anachronique. En<br />

effet malgré les assertions répétées du militant<br />

OP à dire, clairement, qu’il défendait<br />

et entendait faire passer les «revandikasyon<br />

mas pèp la», Aristobule anbreye<br />

an bak : «eske w ap poze on pwoblèm<br />

koulè ?» et sitôt après : «eske w ap poze<br />

kesyon moun ki genyen pa opozisyon ak<br />

moun ki pa genyen ?»<br />

Pourtant Jorélus s’était clairement<br />

exprimé dans le même esprit qu’Acaau et<br />

Jacques Roumain. Mais le petit-bourgeois<br />

arriviste n’avait pas pu retenir ses réflexes<br />

de classe voyant en Jorélus un bolchevique<br />

cachant sous sa chemise de prolétaire-de-tous-les-pays-unissez-vous<br />

la<br />

faucille, le marteau et des cocktails Molotov,<br />

l’image parfaite du dangereux chimè<br />

prêt à en découdre avec les heureux bourgeois.<br />

Ma grand-mère paternelle dirait : «<br />

peyi ki gen koze, madanm…» Aristobule<br />

prit congé de Jorélus en le remerciant du<br />

bout des lèvres.<br />

L’entretien à peine terminé, alors<br />

que peut-être Jorélus n’avait même pas<br />

encore quitté les studios de la radio, le poseur<br />

de questions traîtresses, condescendant,<br />

sans complaisance, satisfait, et qui<br />

s’était pris pour un psy (sic), se félicitait<br />

d’avoir offert à son interlocuteur «frustré»<br />

une psychothérapie « salutaire » (resic),<br />

gratuite par surcroît, qui le porterait à réfléchir<br />

sur quelques aspects dialectiques<br />

d’une certaine convivialité (dernier sic)<br />

du secteur petit-bourgeois arriviste.<br />

Je suis revenu de mon nirvana<br />

persuadé qu’il ne prendrait pas trop longtemps<br />

à Jorélus – à moins de se laisser<br />

coopter et pervertir – pour faire l’expérience<br />

d’un proverbe haïtien fort à propos<br />

: nan batèm frize, nèg rive manje<br />

kaka chwal.<br />

Et telefòn ne lâchez pas. À la revoyure<br />

!<br />

2 février <strong>2020</strong><br />

Vol 13 # 31 • Du 5 au 11 Février <strong>2020</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

5


Kwonik Kreyòl<br />

Konnen ak konprann kont kisa n ap batay : ki pèspektiv batay mas<br />

pèp la anfas ideyoloji kapitalis konwonpi an ?<br />

Analiz Kolektif Kanmarad Janil Prezan<br />

Depi plizyè mwa klas eksplwate yo<br />

nan lari toupatou nan peyi a. Soti<br />

nan mwa jen 2019 pou rive jounen jodi<br />

a, chak jou pi plis gen kategori anplis<br />

k ap rejwenn mobilizasyon. Si dènye<br />

jou sa yo, apre twa mwa mobilizasyon<br />

rèd, nan depatman Lwès, Sid ak Sidès<br />

ta sanble gen yon ti poz, nan plizyè<br />

lòt depatman tankou Nip, Latibonit,<br />

Plato Santral sitiyasyon an rete tenn<br />

fas. Moun yo ap manifeste pou mande<br />

prezidan Tèt Kale a, Nèg bannann<br />

nan, Jovenel Moyiz remèt pouvwa a.<br />

Gen divès etap nan batay la kote nou<br />

te gen lenpresyon mobilizasyon yo ta<br />

pral debouche nan yon soulèvman<br />

demokratik popilè jeneralize men te gen<br />

yon bagay ki manke. Kontrèman ak sa<br />

anpil moun ta vle fè kwè, sitou sila ki<br />

nan entènasyonal la, revandikasyon<br />

moun yo pa fantezis ditou. Se pa paske<br />

yo pa konnen kisa yo vle ni nonplis<br />

tou paske yo se yon bann aryennafè<br />

ki pran plezi bay tèt yo pwogram nan<br />

kouri monte desann nan lari a anba<br />

solèy cho. Manifestasyon yo ak tout<br />

revandikasyon yo se ekspresyon yon<br />

gwo kriz ki gen plizyè fasèt peyi a ak<br />

tout sistèm kapitalis la ap travèse. Pou<br />

aspè jeneral la, se sa k fè nou kapab wè<br />

se pa nan peyi Ayiti sèlman gen gwo<br />

mobilizasyon nan moman an.<br />

Nan ka nou menm Ayiti, peyi a<br />

ap degrenngole chak jou piplis. N ap viv<br />

nan yon peyi kraze, yon peyi mizè sou<br />

lagraba kote pa preske gen lavi ankò.<br />

Popilasyon an ozabwa. Depi omwens 2<br />

lane, travayè-travayèz nan soutretans<br />

yo ap mande ogmante salè minimòm<br />

lan a 1000 goud pou yon jounen travay<br />

8tèd tan ak divès avantaj sosyal<br />

tankou sibvansyon manje ak transpò,<br />

lojman sosyal desan, pi bon sèvis nan<br />

Ona ak Ofatma, elatriye…<br />

Se sa k fè, sou yon pa moun yo<br />

ap manifeste pou yo di yo bouke ak sitiyasyon<br />

katastwofik y ap viv ladann<br />

nan tankou grangou, chomaj, lavichè,<br />

ensekirite, salè pwatrinè pou sila k ap<br />

Depi ti konkonm ap goumen ak<br />

berejèn, mas popilè yo nan peyi<br />

Ayiti pa janm bouke batay pou yo<br />

jwenn chimen lavimiyò, chimen<br />

libète ak byennèt pou tout moun.<br />

travay yo. Epitou yon lòt pa, yo ap<br />

manifeste poutèt yo pran konsyans<br />

pandan lavi yo ap depafini gen divès<br />

moun, pami yo Jovenel Moyiz, k ap<br />

piye, vòlè epi gagote tout ti resous peyi<br />

a genyen. Pa egzanp nan bidjè 2017-<br />

2018 la, malgre nivo lagraba kondisyon<br />

lavi malere-malerèz nan peyi a te<br />

tonbe, pouvwa aloufa Tèt Kale a te deside<br />

monte taks ak enpo sou tèt pèp la,<br />

pandan y ap bay boujwa ki te finanse<br />

eleksyon Jovenel Moyiz yo tout kalite<br />

avantaj. Yo monte pri matrikil fiskal, pri<br />

paspò, pri lisans, pri kontravansyon,<br />

taks sou lwaye ak afèmay tè, konstriksyon<br />

elt… anmenmtan tou pandan<br />

yo ap redwi posyon bidjè sante, yo ogmante<br />

pòsyon bidjè ki pou ale jwenn<br />

palman an, primati ak palè nasyonal<br />

pou yo kapab jwenn lajan pou yo gagote.<br />

Popilasyon an gen santiman kat la<br />

mal bat, richès ki genyen yo mal pataje.<br />

Yo gen santiman tou sitiyasyon sa<br />

pa kapab kontinye konsa ! Y ap goumen<br />

anfèt, pou chanje sistèm epi retire<br />

Leta peyi a anba men klas dominan<br />

eksplwatè, piyajè, vòlè k ap peze souse<br />

majorite moun nan peyi a sitou sila yo<br />

ki nan klas popilè yo.<br />

Depi ti konkonm ap goumen<br />

ak berejèn, mas popilè yo nan<br />

peyi Ayiti pa janm bouke batay pou<br />

yo jwenn chimen lavi miyò, chimen<br />

libète ak byennèt pou tout moun.<br />

Nan divès faz batay sa, yo toujou gen<br />

yon seri de moun, kategori oswa klas<br />

moun, ki kouche ankwa sou wout yo<br />

pou anpeche batay la abouti. Kategori<br />

oswa klas moun sa yo ap defann enterè<br />

enperyalis la, grandon ak boujwa<br />

yo nan peyi a. Men tou jan sa parèt<br />

aklè pou tout moun nan dènye moman<br />

sa yo, klas dominan yo, kit se<br />

granmanjè nan leta, kit se grandon, kit<br />

se gwo komèsan nan enpò-ekspò, kit<br />

sa ki nan soutretans yo, yo tout anba<br />

lòd enperyalis yo. Se sa k fè pwoblèm<br />

nan pa poze nan yon senp chanje rejim,<br />

men li montre pi fondamantalman<br />

gen yon kriz nan nannan sistèm nan<br />

ki merite adrese pou lavi kapab blayi<br />

pou tout moun. Se sa nou rele yon kriz<br />

revolisyonè. An n gade pi byen kisa<br />

yon kriz revolisyonè ye !<br />

Kisa yon kriz revolisyonè ye?<br />

Nan plizyè liv analiz li ekri Lenin<br />

fe tantativ pou defini kisa yon kriz<br />

revolisyonè, li eseye defini konsèp<br />

kriz revolisyonè a anpatikilye nan «<br />

La Maladie infantile du communisme »<br />

epi nan « La Faillite de la IIe Internationale<br />

» (Maladi Timoun Piti ak Fayit<br />

Dezyèm Entènasyonal la). Men se sitou<br />

nan Fayit Dezyèm Entènasyonal la<br />

li bay yon lis kritè ki kapab pèmèt dekri<br />

pi byen ak evalye kriz revolisyonè a.<br />

Pami kritè yo men twa sa li konsidere<br />

ki fondamantal jisteman pou n pale des<br />

« indices d’une situation révolutionnaire<br />

» :<br />

a) Enposiblite pou klas dominan<br />

yo kontinye kenbe dominasyon yo san<br />

yo pa chanje l fòm; kriz nan tèt Leta<br />

ak sosyete a, kriz nan politik klas dominan<br />

ap aplike anndan sosyete a. Sa<br />

vle di baz sosyete pa vle viv menmjan<br />

anvan anko epi tet sosyete a pa kapab<br />

fose baz la kontinye viv nan menm<br />

kondisyon an ; b) Sitiyasyon nòmal<br />

detrès ak mizè klas yo ap peze yo vin<br />

pi grav pase aksan grav ; c) Ogmantasyon<br />

aktivite mas yo pou chanje kondisyon<br />

lavi yo.<br />

Daprè Lenin, se ansanm<br />

chanjman objektif sa yo nan sitiyasyon<br />

sosyal la ki konstitye sa n rele yon sitiyasyon<br />

revolisyonè. Fò n konsidere<br />

tou pou sitiyasyon an revolisyonè tout<br />

bon vre, nou pa kapab pran kritè yo<br />

nan izolasyon youn parapò ak lòt men<br />

nan entè-depandans yo, nan makonay<br />

yo. Sa vle di nan menm moman "aktivite<br />

mas yo ap ogmante an" se nan<br />

menm moman sa tou kriz nan klas<br />

oswa fraksyon klas k ap dirije yo parèt.<br />

Kidonk youn kondisyone lòt. Nan sans<br />

sa, kapasite militan yo pou apresye egzateman<br />

sitiyasyon revolisyonè a enpòtan<br />

anpil. Yon militan ki pa devlope<br />

kapasite sa lakay li, se pratikman yon<br />

komedyen k ap mennen batay mas yo<br />

nan lòbèy. Li enkapab pou ede batay la<br />

vanse.<br />

Nan Maladi Timoun Piti,<br />

Lenin fè kèk retouch sou premye kritè<br />

nou sot pale la yo. Andiplis li ensiste<br />

sou yon lòt kritè enpòtan anpil ki se<br />

raliman kouch tiboujwazi yo (classes<br />

moyennes) nan batay mas travayètravayèz<br />

yo pou chanjman an. Men la<br />

ankò, kritè raliman sa pa yon fenomèn<br />

pou kont li. Se nan relasyon li ak lòt<br />

kritè yo, pou n konsidere l nan sitiyasyon<br />

kriz revolisyonè a. Otan mas<br />

popilè yo detèmine nan batay la, se<br />

plis rasanbleman kouch entèmedyè<br />

yo ap solid pou anpeche trayizon ak<br />

woule m de bò. Se poutèt sa Trotski<br />

ekri nan L’Histoire de la révolution<br />

russe : «La réciprocité conditionnelle<br />

de ces prémisses est évidente : plus le<br />

prolétariat agit résolument et avec assurance,<br />

et plus il a la possibilité d’entraîner<br />

les couches intermédiaires, plus<br />

la couche dominante est isolée, plus<br />

la démoralisation s’accentue chez elle.<br />

Et par contre la désagrégation des dirigeants<br />

porte de l’eau au moulin de la<br />

classe révolutionnaire».<br />

(Tradiksyon lib. « Lojik pwason<br />

kraze nan bouyon prensip sa yo kle<br />

tankou dlo kokoye: plis pwoletarya a<br />

ap aji ak rezolisyon ak deteminasyon,<br />

se plis li gen posibilite pou antrene<br />

kouch entèmedyè yo, se plis tou l ap<br />

izole klas dominan yo. Plis klas dominan<br />

yo izole, se plis demoralizasyon ap<br />

vin fo nan mitan yo. Sou yon lòt bò,<br />

delala klas dirijan yo ap pote anpil van<br />

nan batay klas revolisyonè a pou l al<br />

Lagonav”)<br />

Nati kriz la nan peyi pa nou Ayiti<br />

Jan nou kapab wè sa apati ti<br />

prezantasyon rapid kritè Lenin yo, sitiyasyon<br />

an mi nan peyi pou gen yon<br />

revolisyon. Tout kondisyon yo reyini<br />

pou n di n ap viv yon kriz revolisyonè<br />

wodpòt. Se yon kriz sistèm ki mande<br />

pou chodyè a chavire net. Chavire chodyè<br />

a vle di pa kite manje a kontinye<br />

bouyi sou menm dife a ak nan menm<br />

veso a. Menmsi li pa sifi, pawòl sa<br />

tradui yon premye etap nan nivo konsyans<br />

mas yo sou sa ki merite fèt rapid<br />

rapid. Se sa pawòl k ap pale nan lari a<br />

depi plizyò mwa, pawòl chanje sistèm<br />

nan vle di. Se pa yon pawòl vèbal.<br />

Sistèm n ap goumen pou chanje jounen<br />

an se yon konplèks ki ekonomik, politik,<br />

sosyal ak kiltirèl. Jan yon dokiman<br />

fè sonje sa, istorikman li sòti nan konsepsyon<br />

Aleksann Petyon (prezidan<br />

Ayiti 1807-1818) te genyen sou fason<br />

pou li jere pouvwa a nan avantaj<br />

moun ki te nan menm klas sosyal avèk<br />

li. Konpayèl Petyon, JanPyè Bwaye<br />

(prezidan Ayiti 1818-1843) ki pran<br />

pouvwa a apre l fin mouri, pral konsolide<br />

sistèm sa nan jan yo monte aparèy<br />

Leta a ak jan yo fòse sosyete a devlope<br />

dapre yon chema apatay. Leta Petyon-<br />

Bwaye a se yon modèl Leta rasis ki pa t<br />

gen sousi pou amelyore kondisyon lavi<br />

gwo popilasyon peyi a. Se sistèm sa ak<br />

tout modèl Leta ak sosyete li konstwi<br />

pandan pase 200 lane ki rive nan bout<br />

li jounen jodi a.<br />

Youn nan siy ki montre kijan<br />

nivo kriz la wo se lè n ap gade jounen<br />

jodi a gen yon seri gwo palto, politisyen<br />

tradisyonèl ak boujwa ki anbake nan<br />

pawòl chanje sistèm nan, pandan pyès<br />

nan yo pat janm konn pote ansanm revandikasyon<br />

ak vre pwoblèm mas pèp<br />

la. Menm yo menm ki t ap soutni Eske<br />

sa vle di politisyen sa yo chanje? Eske<br />

sa vle di moun k ap batay nan kan<br />

mas pèp la kapab fè yo konfyans pou<br />

vanse ak yo poutèt yo ap pale pawòl<br />

chanje sistèm nan? Repons lan san<br />

ezite se NON. Dayè si n byen gade n<br />

ap wè pyès nan yo pa prezante ankenn<br />

mekanis pou soti sosyete a anba grif<br />

gwo boujwa oswa grandon nan peyi a<br />

ni nonplis tou yo pa gen ankenn pwopozisyon<br />

pou soti peyi a anba dominasyon<br />

politik ak ekonomik anbasad<br />

enperyalis yo – anpatikilye meriken<br />

– ki la pou garanti eksplwatasyon nan<br />

peyi a. Okontrè si n gade byen yon lòt<br />

fwa ankò, n ap wè yo tout dakò pou<br />

mache tèt bese devan ajenda enperyalis<br />

la. Menm nan mitan jèn ti politisyen ki<br />

nan pwomotè mouvman Petwokaribe<br />

a, gen divès tandans ki se pou mennen<br />

mouvman ale chache onksyon nan pye<br />

je vèt kè lanfè. Sa pa dwe etone lè n<br />

konnen enterè anpil nan yo marande<br />

ak enterè blan yo. Kidonk nivo konsyans<br />

mas Pèp la sou kriz la pi avanse<br />

pase nivo politisyen gwo levit yo.<br />

Anmenmtan tou, nou kapab<br />

konstate kijan enperyalis la ap miltipliye<br />

mouvman pou pa kite kriz la chape<br />

nèt pou l debouche sou revolisyon popilè<br />

a. Enperyalis meriken sitou rasanble<br />

Kèk nan gwo boujwa k ap pwofite sistèm k ap depafini peyi a<br />

tout ajan ak koutye li yo pou montre yo<br />

nesesite pou yo fè fwon pou mete pansman<br />

sou java kriz la. Dènye inisyativ<br />

Enperyalis la pran se rasanble patwon<br />

ayisyen ak dominiken nan Miyami.<br />

Kriz la tèlman mi, li sou wout pachiman<br />

si militan revolisyonè yo pa fè travay<br />

yo kòmsadwa.<br />

Bonjan remèd pou kriz la<br />

Pou nou menm tout inisyativ sa yo<br />

se jwèt tibebe. Remèd pou kriz la se<br />

chavire sistèm nan nèt nèt. Ki vle di<br />

anyen pa dwe rete. Nou vle rekonstwi<br />

men nou pap rekonstwi sou menm<br />

fondasyon an. Solisyon an se pa refòm<br />

se revolisyon. Se pa drese ak korije, se<br />

refèt nèt. Nou menm nan Kolektif la<br />

ak nan Gwoup Rhizomes, nou pap fè<br />

yon peyi pou kèk moun viv byen men<br />

yon peyi pou tout moun. Chak goud<br />

Leta depanse fòk li ka di konkrètman<br />

nan kijan l ap itil popilasyon an. Li pa<br />

nòmal pou lajan taks malere-malerèz<br />

ap peye ofisyèl ak fonksyonè anndan<br />

tankou deyò peyi epi yo pa gen anyen<br />

yo itil peyi a ak popilasyon an. Li pa<br />

nòmal pou dirijan yo ap viv nan lwil,<br />

rete nan gwo kay ap woule bèl machin<br />

pandan popilasyon an ap penpennen<br />

nan malsite (tout depans nan nivo<br />

sa yo dwe jele omwens pou twa (3)<br />

pwochèn lane yo annatandan peyi a<br />

reprann kap li). Youn nan gwo chanjman<br />

enpòtan ki pou fèt nan dispozitif<br />

pouvwa popilè a se fasilite patisipasyon<br />

politik tout moun nan peyi an anpatikilye<br />

medam yo sitou fanm travayè, ouvriye,<br />

peyizan ak ti machann yo. Dapre<br />

dènye estimasyon IHSI (2015) fanm<br />

yo reprezante 53 % moun nan sosyete<br />

ayisyen a pifò medam sa yo se malere<br />

k ap bat dlo pou fè bè. Sa se pa pawòl<br />

pou eleksyon men lide pou yon chanjman<br />

anpwofondè nan lojik jan sosyete<br />

a òganize. Fò n soti nan lesplwatasyon<br />

an, fòn soti nan dominasyon an,<br />

fòn soti nan lopresyon ak eksklizyon.<br />

Kontrèman ak sa òganizasyon zefeyis<br />

tiboujwazi ap defann, kesyon parite a<br />

pa nan biwo Leta senpman ni nonplis<br />

tou, li pa sèlman yon kesyon pousantay.<br />

Fòk kat la rebat globalman nan<br />

sosyete a, anplis fòk parite fi ak gason<br />

an egal ego nan tout ògan Leta a men<br />

suite à la page(19)<br />

6 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol 13 # 31 • Du 5 au 11 Février <strong>2020</strong>


Perspectives<br />

Entretien avec Rita Dieujuste, (1) porte-parole du comité des<br />

victimes de La Saline<br />

Par Frédéric Thomas<br />

« On reste face au gouvernement actuel,<br />

toujours barricadés, et on le restera<br />

tant qu’on n’aura pas la justice »<br />

Frédéric Thomas : Pouvez-vous<br />

vous présenter en quelques mots : d’où<br />

venez-vous, que faites-vous ?<br />

Rita Dieujuste : Je m’appelle<br />

Rita Dieujuste. Je suis la première victime<br />

du massacre de La Saline [4] et<br />

je suis membre du comité des victimes.<br />

J’ai six enfants, mais mon premier a<br />

été tué lors du massacre. Et j’ai quatre<br />

petits-enfants. J’habite et je suis née à<br />

La Saline. Je suis marchande. Je vends<br />

des vêtements. Je fais ça depuis que j’ai<br />

vingt-cinq ans. Cela me rapporte de l’argent<br />

pour vivre et nourrir mes enfants.<br />

Frédéric Thomas : La mairie ou<br />

l’État font-ils quelque chose pour La Saline<br />

?<br />

Rita Dieujuste : Rien. Ils ne font<br />

rien pour l’éducation, pour la santé, pour<br />

que les gens vivent bien.<br />

Frédéric Thomas : Vous participez<br />

aux mobilisations sociales depuis le<br />

début ?<br />

Rita Dieujuste : Depuis le début<br />

! La Saline est en première position dans<br />

la lutte. C’est un quartier populaire qui a<br />

toujours résisté, qui a toujours fait partie<br />

des démocrates. On est contre le système<br />

car il utilise souvent les quartiers<br />

populaires, avec de l’argent, pour servir<br />

les partis politiques.<br />

Frédéric Thomas : Il y a un an,<br />

début novembre 2018, est commis le<br />

massacre de La Saline. Le sentiez-vous<br />

venir ?<br />

Rita Dieujuste : Oui, car on n’est<br />

pas d’accord avec le gouvernement. On<br />

sentait venir quelque chose, on se sentait<br />

en danger. Le 17 octobre 2017, le<br />

pouvoir est venu fêter Dessalines [5]<br />

devant le monument historique qu’on<br />

lui a construit. Les gens voulaient<br />

que le gouvernement vienne et fasse<br />

des choses pour permettre au quartier<br />

d’avancer. Mais ils sont venus comme<br />

toujours. Sans vouloir rien faire. Alors,<br />

ils n’ont pas reçu un bon accueil et c’est<br />

à cause de cela qu’ils se sont fâchés. Ils<br />

voulaient qu’on manifeste en soutien du<br />

gouvernement et qu’on crie : « Vive Jovenel<br />

pour cinq ans ». On n’a pas voulu.<br />

Le gouvernement en place a fait<br />

le massacre pour montrer qu’ils ont<br />

les pleins pouvoirs, qu’ils contrôlent le<br />

quartier. C’est à La Saline que ça a commencé.<br />

Ça a été le signal pour les autres<br />

massacres, six en tout : deux fois à La<br />

Saline, à Carrefour feuille, à Solino (Martissant),<br />

à Delmas 6, et, il y a quelques<br />

jours, à Bel Air. Tous des quartiers populaires.<br />

Jovenel Moïse et sa femme sont<br />

les têtes pensantes du massacre de La<br />

Saline, mais ils utilisent d’autres personnes,<br />

des bandits et des policiers pour<br />

le faire.<br />

Les bandits, les auteurs du massacre<br />

sont restés neuf jours à La Saline.<br />

Ils cherchaient d’autres gens pour les<br />

assassiner. Pendant tout ce temps, les<br />

deux commissariats, celui juste à l’entrée<br />

du quartier et celui dedans n’ont pas<br />

bougé. Ils ont eu peur. Ils n’ont pas voulu<br />

intervenir dans les affaires du gouvernement.<br />

Frédéric Thomas : Comment<br />

vous êtes-vous organisés ?<br />

Rita Dieujuste : Lors des massacres<br />

et lorsqu’ils rentrent dans le<br />

quartier, on s’enfuit se réfugier dans<br />

les quartiers à côté : Warf Jérémie, les<br />

ruelles Dessaline et Dechamps… On<br />

ne dormait plus à La Saline : on venait<br />

le matin et on repartait le soir. On dort<br />

dans le marché. Mais il est au bord de la<br />

mer et des enfants sont morts noyés. Et<br />

depuis, plusieurs fois, la BOID [Brigade<br />

d’opérations et d’interventions départementales,<br />

l’une des unités de la police]<br />

nous a attaqués, avec des matraques et<br />

des gaz lacrymogènes. Ils continuent de<br />

nous intimider.<br />

On a une chance, une petite<br />

chance, d’avoir accès à la radio Zénith<br />

FM. Lorsque La Saline ou d’autres quartiers<br />

populaires se font attaquer, on leur<br />

fait passer le message et ils le diffusent.<br />

Une fois que l’information passe à la<br />

radio, en disant qui sont les agresseurs,<br />

quelles sont les personnes de la police<br />

qui sont là, etc. ils se replient car ils ne<br />

veulent pas que des gens extérieurs [à<br />

La Saline] les voient. C’est radio Zénith<br />

et RNDDH [Réseau national de défense<br />

des droits humains] qui nous ont aidés.<br />

On a aussi créé un Comité de<br />

femmes victimes. Il y a dix personnes<br />

qui se rendent disponibles pour le comité<br />

et j’en suis la porte-parole. On a fait<br />

passer nos revendications à la radio. On<br />

demande justice pour les victimes du<br />

massacre de La Saline. Il faut un procès.<br />

On a porté plainte. RNDDH nous aide.<br />

Mais comment on va faire si le gouvernement,<br />

c’est l’État ? Comment on va<br />

faire si le président protège ceux qui ont<br />

fait le massacre, et s’il est lui-même à la<br />

tête du massacre ?<br />

Frédéric Thomas : Est-ce que<br />

cela a arrêté la mobilisation ?<br />

Rita Dieujuste : Non. Tant qu’on<br />

n’aura pas justice, on restera mobilisées<br />

et on restera face à ce gouvernement.<br />

La Saline a toujours été présente. Dans<br />

le passé, quand il y avait des manifestations,<br />

si La Saline ne participait pas,<br />

c’est comme dire qu’il n’y a pas de<br />

manifestations du tout ! C’est un quartier<br />

de résistance. Déjà, le 11 septembre<br />

1988, le pouvoir a attaqué Aristide à<br />

Saint-Jean-Bosco [6]. Mais on a résisté<br />

et on continue à résister.<br />

Frédéric Thomas : Vous participez<br />

au pays locked [pays bloqué] [7],<br />

vous participez aussi aux marches ?<br />

Rita Dieujuste : Non, on ne peut<br />

pas prendre la rue, car on a peur des<br />

chauffeurs à l’entrée de La Saline, qui<br />

sont payés pour nous attaquer si on sort<br />

manifester. Alors, on résiste en bloquant<br />

La Saline, en se barricadant. On utilise<br />

les barricades pour nous défendre contre<br />

le système. Pour notre sécurité. Un<br />

semblant de sécurité car ça n’empêche<br />

pas les policiers d’attaquer. Mais, depuis<br />

le monument Dessalines jusqu’au portail<br />

de Saint-Joseph, une autre entrée du<br />

quartier, on bloque tout : la route pour<br />

aller en plaine, vers Port-de-Paix, l’accès<br />

au centre-ville, les ports… Tout.<br />

Frédéric Thomas : Mais quand<br />

vous bloquez le quartier, cela veut dire<br />

que vous ne pouvez plus travailler, faire<br />

le commerce, etc. C’est un sacrifice.<br />

Rita Dieujuste : Avec le pays<br />

locked, les voitures et les marchandises<br />

n’arrivaient pas jusqu’à La Saline. Et les<br />

habitants de la zone, lorsqu’ils sortaient,<br />

étaient toujours menacés par des bandits.<br />

Puis, le système en place a brûlé<br />

les marchandises dans le marché. On a<br />

tout perdu.<br />

Les gens de La Saline vivent très<br />

mal. Ils ne sont pas soignés, ils ne mangent<br />

pas ou mal. Il n’y a pas de logements,<br />

pas de centre de santé. Les enfants<br />

ne sont pas scolarisés. Il y a une<br />

école dans le quartier, mais avec l’insécurité,<br />

les enfants n’y vont plus. On<br />

n’a pas d’argent, pas de travail, pas de<br />

marchandises à vendre ; comment faire<br />

pour vivre bien ? Le gouvernement ne<br />

peut pas, ne veut pas nous donner les<br />

moyens d’une vie meilleure.<br />

Il y a eu plusieurs massacres.<br />

Beaucoup de morts, de viols, de violence.<br />

La vie chère, l’insécurité, l’injustice,<br />

et plus de gens qui sont armés dans<br />

les rues. C’est très dur. Le gouvernement<br />

veut que les habitants de La Saline ne<br />

vivent plus, qu’ils soient contrôlés et dirigés<br />

par les bandits sur place. Avec l’argent,<br />

on utilise les habitants à des fins<br />

malfaisantes, pour servir les politiques,<br />

pour manifester pour eux. Nous sommes<br />

bloqués comme dans un ghetto par la<br />

méchanceté du gouvernement.<br />

Mais jusqu’à ce jour, on bloque…<br />

C’est un sacrifice pour trouver la justice.<br />

On reste face au gouvernement actuel,<br />

toujours barricadés, et on le restera tant<br />

qu’on n’aura pas la justice.<br />

Frédéric Thomas : Est-ce que<br />

d’autres acteurs de la mobilisation, à<br />

part radio Zénith et le RNDHH, ont marqué<br />

leur solidarité avec vous ?<br />

Rita Dieujuste : Des membres<br />

de partis d’opposition sont venus. Et les<br />

petrochallengers [8]. Ils nous aident à<br />

combattre l’injustice, à ce qu’on respecte<br />

nos droits comme citoyens. Mais le gouvernement<br />

en place ne peut pas nous<br />

donner la garantie de ces droits.<br />

Frédéric Thomas : Quels sont<br />

vos espoirs ?<br />

Rita Dieujuste : J’ai 47 ans. Mon<br />

rêve est de vivre bien, dans un quartier<br />

sans insécurité, où mes enfants pourront<br />

aller à l’école, vivre sans crainte,<br />

disposer de toutes les choses comme la<br />

santé, l’éducation, etc. On veut la justice<br />

sociale et le droit de vivre bien.<br />

Notes<br />

Dr. Kesler Dalmacy<br />

1671 New York Ave.<br />

Brooklyn, New York 11226<br />

Tel: 718-434-5345<br />

Le docteur de la<br />

Communauté Haïtienne<br />

à New York<br />

Pancarte du comité des victimes du massacre de La Saline<br />

(« Justice » « Réparation »)<br />

[1] Entretien réalisé à Port-au-<br />

Prince le jeudi 28 novembre 2019.<br />

[2] Jean-Jacques Dessalines est<br />

l’une des principales figures historiques<br />

de la révolution haïtienne. Il a été assassiné<br />

le 17 octobre 1806.<br />

[3] Au cours du mois de novembre<br />

2018, septante et une personnes<br />

sont assassinées à La Saline. Plusieurs<br />

femmes sont victimes de viols collectifs.<br />

Il apparaîtra que des fonctionnaires<br />

publics sont impliqués. Le massacre a<br />

duré plus de quatorze heures, sans que<br />

la police, présente à proximité, n’intervienne.<br />

De manière générale, une partie<br />

de l’insécurité semble directement initiée<br />

et alimentée par le pouvoir, afin d’assurer<br />

sa mainmise. L’ONU a demandé<br />

à ce qu’une enquête soit menée sur la<br />

possible complicité entre les gangs et<br />

l’État. Voir à ce sujet le rapport de la<br />

Mission des Nations unies pour l’appui<br />

à la justice en Haïti (MINUJUSTH) et le<br />

Haut-Commissariat des Nations unies<br />

aux droits de l’homme, « La Saline : justice<br />

pour les victimes. L’État a l’obligation<br />

de protéger tous les citoyens », ainsi<br />

que les rapports du Réseau National de<br />

Défense des Droits Humains – RNDDH.<br />

Notamment : https://web.rnddh.org/<br />

wp-content/uploads/2018/12/Massacre-La-Saline-Rapport-CARDH-1.pdf.<br />

[4] Deux ans après la chute de<br />

la dictature des Duvalier, alors qu’Aristide<br />

était prêtre et officiait dans l’église<br />

Saint-Jean Bosco à La Saline. Lire Hérold<br />

Jean-François, « 11 septembre 1988,<br />

l’histoire en dérision... », Le Nouvelliste,<br />

11 septembre 2014, https://lenouvelliste.com/article/135659/11-septembre-1988-lhistoire-en-derision.<br />

[5] Mouvement social qui entend<br />

verrouiller le pays, en paralysant la circulation<br />

et toute l’activité économique. Il<br />

a été mis en œuvre pendant onze jours<br />

en février 2019, puis à nouveau, pendant<br />

plus de deux mois, de septembre à<br />

début novembre 2019.<br />

[6] Mouvement citoyen anti-corruption<br />

né sur les réseaux sociaux, suite<br />

à la publication de la photo de l’écrivain<br />

et cinéaste Gilbert Mirambeau Jr, les<br />

yeux bandés, brandissant une pancarte<br />

en carton sur laquelle est écrit : « Kot<br />

Kòb Petwo Karibe ? » (« Où est l’argent<br />

de Petrocaribe ? »), avec le hashtag<br />

« petrochallenge ». Les jeunes et les<br />

femmes sont particulièrement actifs en<br />

son sein. Le mouvement regroupe une<br />

myriade de collectifs dont le plus connu<br />

et le plus puissant est Nou pap dòmi.<br />

Lire : Frédéric Thomas, Haïti : « C’en<br />

est assez ! Il faut une rupture avec cette<br />

classe dominante qui est dans le mépris<br />

total », 11 octobre 2019, https://www.<br />

bastamag.net/<strong>Haiti</strong>-soulevement-petrochallenge-Caraibes-oligarchie-repression-Nou-pap-domi.<br />

Source (français) :<br />

CETRI, 6 janvier <strong>2020</strong>.<br />

Diffusion de l’information sur<br />

l’Amérique latine Dial<br />

31 janvier <strong>2020</strong><br />

Greater Brooklyn<br />

Gastroenterology Care<br />

Michel Jose Charles MD, FACG, AGAF<br />

Board Certified Gastroenterology<br />

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Vol 13 # 31 • Du 5 au 11 Février <strong>2020</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

7


La Tribune de Catherine Charlemagne (101)<br />

ULCC, un météore nommé Claudy Gassant !<br />

Le mercredi 22 janvier <strong>2020</strong>, le pays<br />

apprend par un arrêté présidentiel<br />

paru dans le journal officiel Le Moniteur<br />

que le nouveau Directeur général<br />

de l’Unité de Lutte Contre la Corruption<br />

(ULCC) s’appelle Rockfeller Vincent.<br />

Il remplace à ce poste le flamboyant,<br />

l’incompréhensible et, paraît-il, l’incorruptible<br />

Me Claudy Gassant qui n’a tenu<br />

que moins de deux mois à la Direction<br />

de cette institution. Ce fut une météorite<br />

qu’on avait aperçue dans le ciel de l’UL-<br />

CC. En effet, nommé en plein épisode de<br />

« Pays lock » par un arrêté présidentiel<br />

paru dans Le Moniteur N° 203 le 29<br />

novembre 2019 et installé le 3 décembre<br />

2019, ces cinquante jours passés à<br />

la tête de l’ULCC, il les a vécus comme<br />

une véritable saga malgré son court laps<br />

de temps tant depuis sa nomination Me<br />

Claudy Gassant n’arrêtait pas de marquer<br />

son territoire. L’arrivée de ce trublion<br />

de la République au sommet de cette<br />

institution dont le rôle est de tout faire<br />

pour mettre les fonctionnaires de l’Etat<br />

dans le droit chemin a été, il faut le dire,<br />

une surprise de taille pour tout le pays.<br />

Car, personne ne s’y attendait<br />

et même n’imaginait que c’est l’ancien<br />

Commissaire du gouvernement pourtant<br />

très critique au Président Jovenel Moïse<br />

qui serait nommé Directeur de cette institution<br />

si sensible politiquement vis-àvis<br />

de tous les pouvoirs en place. Si tous<br />

ses amis, ses proches qui n’étaient pas<br />

dans la confidence ont été surpris de voir<br />

arriver Me Gassant à l’ULCC, l’intéressé<br />

lui-même a été le premier à être étonné<br />

qu’il soit approché par le Président de la<br />

République qui lui a proposé le poste.<br />

S’était-il agi d’un piège ou d’un défi,<br />

qu’importe, le fougueux homme de loi a<br />

accepté sans hésiter. Car, pour lui, cette<br />

opportunité représente un challenge.<br />

Curieusement, comme pour sa nomination<br />

cinquante jours plus tard, c’est par<br />

surprise et sur fond de polémique que<br />

le pays entier apprend la mise à pied de<br />

l’ancien éphémère Secrétaire d’Etat à la<br />

justice sous la présidence de René Préval.<br />

Lui aussi a été pris de court ; puisque personne<br />

ne l’avait officiellement prévenu.<br />

C’est par hasard sur les réseaux sociaux<br />

qu’il a découvert qu’il n’était plus le patron<br />

de l’ULCC et que son successeur<br />

avait déjà été désigné, son nom publié<br />

au journal officiel.<br />

On s’en doutait. Me Claudy<br />

Gassant n’en revient pas même s’il acquiesce<br />

sans mot dire cette révocation<br />

brutale, incompréhensible et qui est pour<br />

lui une forme d’humiliation par le Président<br />

Jovenel Moïse qui n’oublie point<br />

que Me Gassant a été un des avocats de<br />

l’opposition durant la saga électorale qui<br />

devait le conduire au Palais national en<br />

2017. Avant d’entrer dans le fond de ce<br />

qui est devenu « l’affaire Gassant » ou<br />

« l’affaire ULCC », un bref coup d’œil sur<br />

la personnalité et le passé de cet ancien<br />

étudiant de l’Ecole de la magistrature de<br />

Bordeaux, en France, nous permettra de<br />

comprendre que Claudy Gassant n’avait<br />

aucune chance de faire long feu en tant<br />

que Directeur général d’une institution<br />

dont la mission première est de combattre<br />

la corruption sous toutes ses formes<br />

au sein de l’administration publique<br />

haïtienne. Tout d’abord, Gassant est un<br />

sang chaud, il ne laisse rien passer sans<br />

réagir sur le champ. Si Claudy Gassant<br />

demeure un monsieur très simple et ouvert<br />

à toutes conversations, il est prompt<br />

à réagir sur le coup et c’est un fonceur<br />

invétéré.<br />

Il n’a peur de rien et ne recule<br />

devant rien ni personne. Mais, Me Claudy<br />

Gassant n’est pas un caractériel, tout<br />

le contraire d’un Michel Martelly, en plus<br />

il est bien éduqué et possède une bonne<br />

culture. Homme de loi, il est pointilleux<br />

et minutieux. C’est un avocat qui maîtrise<br />

parfaitement sa profession, donc<br />

craint par ses pairs sans pour autant être<br />

un redoutable ténor des Barreaux. En revanche,<br />

il est tantôt proche du pouvoir<br />

politique tantôt proche de l’opposition<br />

suivant la conjoncture et les aléas de la<br />

politique haïtienne. Ainsi, on le trouve<br />

soit Substitut ou Commissaire du gouvernement,<br />

une fonction qui fait de lui<br />

une personnalité de premier plan au sein<br />

de la République ; puisqu’en Haïti, le<br />

Commissaire du gouvernement, équivalent<br />

de Procureur de la République,<br />

est un poste éminemment politique car<br />

l’indépendance de la justice demeure un<br />

vain mot jusqu’ici malgré énormément<br />

d’efforts qui ont été fait ces dernières années,<br />

surtout après la période dictatoriale<br />

des Duvalier.<br />

Me Claudy Gassant par son<br />

tempérament ne dure pas longtemps<br />

dans les fonctions à responsabilités publiques<br />

qu’il occupe. On l’appelle « Monsieur<br />

éphémère » ou « l’éphémère Gassant<br />

» tant il est volatil, flamboyant et<br />

parfois trop volubile, comme on dit en<br />

Haïti « choròf ». Tout le monde en Haïti,<br />

en tout cas les Port-au-princiens se souviendront<br />

longtemps de son court passage<br />

à la tête de la Secrétairerie d’Etat<br />

à la justice au cours du second mandat<br />

du feu Président René Préval vers les<br />

années 2000. Gassant est un impressionniste,<br />

il aime se faire voir et être vu.<br />

Ses cortèges officiels dans la capitale ne<br />

laissaient personne indifférent et gare à<br />

celui ou celle qui se plaçait au mauvais<br />

moment et au mauvais endroit quand ils<br />

traversaient la ville. On se rappelle aussi<br />

de son altercation publique en pleine rue<br />

de la capitale avec Volcy Assad à l’époque<br />

Conseiller à la présidence haïtienne<br />

pour une sombre affaire de voiture qui<br />

aurait participé dans un cas de kidnapping<br />

ou d’enlèvement de personne et<br />

signalé par la police. Commissaire du<br />

gouvernement, il estime que le Parquet<br />

de Port-au-Prince est son bien personnel<br />

qu’il appelle, « Pakè pam nan ». Mais,<br />

c’est avant tout un homme de droit, il ne<br />

tolère ni le désordre ni qu’on transforme<br />

« son » Parquet ou « Pakè pal la » en<br />

marché du Temple.<br />

Pour lui, le Temple de Thémis<br />

est un lieu où l’on prononce le droit et<br />

où la loi est le seul crédo. Avec cette particularité,<br />

Me Claudy Gassant agace et<br />

dérange certains autant qu’il plait et est<br />

élevé au temple de la probité par d’autres<br />

dans le milieu judiciaire et dans le pays.<br />

Un temps, on lui promettait une carrière<br />

politique au plus haut niveau mais lui,<br />

jusqu’à maintenant préfère rester au service<br />

de l’administration et des politiques<br />

qui l’utilisaient à leur guise, l’humiliaient<br />

et le jetaient comme une serviette de<br />

papier dont on n’a plus besoin. Claudy<br />

Gassant ne passe jamais une année à un<br />

poste ou une fonction publique. Certains<br />

disent qu’il est instable d’autres croient<br />

qu’il n’est pas fait pour ce genre de<br />

fonction ce qui ne l’empêche pas d’être<br />

toujours prêt à répondre présent dès<br />

que la présidence de la République fait<br />

appel à lui pour ses compétences et son<br />

côté incorruptible. Ainsi, en pleine crise<br />

politique entre l’opposition radicale et<br />

le Président Jovenel Moïse, Me Claudy<br />

Gassant qui était sorti du radar va faire<br />

son grand retour sur la scène politique<br />

et médiatique nationale le 3 décembre<br />

2019 là où personne ne l’attendait. Jovenel<br />

Moïse qui se battait comme un fou<br />

contre son ombre allait frapper un grand<br />

coup. Il va sortir du placard comme par<br />

enchantement Me Claudy Gassant dont<br />

il est sciemment conscient que cette<br />

nomination ne passerait pas inaperçue et<br />

ferait forcément du bruit dans les coins<br />

les plus reculés de la République.<br />

La nomination de ce personnage<br />

médiatique pour prendre les commandes<br />

d’un organisme d’Etat, l’un<br />

des plus surveillés par l’ensemble de<br />

l’opposition, la population et la Communauté<br />

internationale n’avait qu’un<br />

seul but : frapper les esprits de l’ensemble<br />

des protagonistes et partenaires<br />

d’un régime décrié pour le nombre de<br />

scandale de corruption qu’il engendre.<br />

Jovenel Moïse voulait faire taire les critiques<br />

selon lesquelles sa présidence ne<br />

fait rien pour combattre la corruption et<br />

que lui-même et son entourage seraient<br />

mouillés jusqu’aux os dans des actes<br />

délictueux comme ceux de PetroCaribe<br />

et Dermalog. Mais, le chef de l’Etat, en<br />

difficulté politique avec son opposition,<br />

L’ancien directeur général de l’Unité<br />

de lutte contre la corruption (ULCC),<br />

Me Claudy Gassant<br />

voulait aussi envoyer un message fort<br />

à l’opinion publique nationale laissant<br />

croire qu’il veut faire de la lutte contre<br />

la corruption son cheval de bataille. Qui<br />

mieux que quelqu’un de très respecté et<br />

respectable que Me Claudy Gassant pour<br />

jouer ce rôle ? Ainsi, le locataire du Palais<br />

national va surprendre tout le monde en<br />

faisant appel à l’incorruptible Me Claudy<br />

Gassant. Et le moins que l’on puisse<br />

dire, son choix détonne tout en semant<br />

la confusion, la zizanie, le doute et la<br />

curiosité en sein de ses adversaires et<br />

même de ses partisans qui n’expliquent<br />

pas ce choix pour le moins audacieux et<br />

risqué pour le Président de la République.<br />

Très vite, tout le monde va être fixé. Car<br />

le nouveau Directeur général de l’ULCC<br />

ne va pas tarder à faire comprendre qu’il<br />

n’est pas là pour faire de la figuration ni<br />

pour plaire au pouvoir encore moins au<br />

Président Jovenel. Il est en poste pour<br />

servir la République, point barre !<br />

Pour comble de malheur ou<br />

de bonheur, c’est selon où l’on se place<br />

dans cette affaire, Claudy Gassant va<br />

être servi par les dossiers qui étaient déjà<br />

en suspens, ceux de la corruption au sein<br />

l’ambassade d’Haïti à Santo Domingo,<br />

en République Dominicaine où, paraît-il,<br />

tout le monde semble mouillé jusqu’aux<br />

os et divers autres affaires de corruption<br />

en cours. Comme à son habitude, le nouveau<br />

Directeur général se jette à bras le<br />

corps dans ces dossiers tout en médiatisant<br />

à outrance les affaires, une façon de<br />

prendre l’opinion publique locale et internationale<br />

à témoin. Sa première grande<br />

décision, c’est de faire publier les noms<br />

de l’ensemble des employés ou fonctionnaires<br />

haïtiens en poste à l’Ambassade<br />

d’Haïti à Santo Domingo qu’il soupçonne<br />

d’être mêlés de près ou de loin dans une<br />

vaste entreprise de corruption dans cette<br />

Ambassade. La publication de cette<br />

liste a fait scandale dans les deux sens.<br />

Premièrement, le grand public découvre<br />

les noms des fonctionnaires Haïtiens<br />

qui seraient liés à la corruption à Saint<br />

Domingue, c’est le premier scandale.<br />

Deuxièmement, la Chancellerie haïtienne<br />

Joel H. Poliard<br />

M.D., M.P.H.<br />

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et le ministre des Affaires étrangères en<br />

particulier, Bocchit Edmond, sont scandalisés<br />

du mode opératoire du Directeur<br />

général de l’ULCC vis-à-vis de ces employés<br />

de l’Etat. Celui-ci cadre publiquement<br />

le Directeur général de l’ULCC.<br />

C’est le début du conflit qui<br />

va conduire au limogeage rapide et sans<br />

ménagement de Me Claudy Gassant.<br />

Mais, l’affaire va être amplifiée par un<br />

dossier sous-entendu toujours en provenance<br />

de la République voisine. Cette<br />

fois-ci, c’est le dossier de l’arrestation à<br />

la frontière de la cheftaine du Consulat<br />

général d’Haïti à Santiago, madame Judith<br />

Exavier, qui aurait tenté de rentrer<br />

en Haïti le 7 décembre 2019 au volant<br />

d’un véhicule faisant l’objet d’un signalement<br />

et suivi par la police dominicaine<br />

et même du Service de narcotique<br />

américain. Pour le nouveau Directeur de<br />

l’ULCC, c’en est trop pour cette ambassade.<br />

Il faut d’une part tirer ces affaires<br />

au clair et d’autre part mettre un frein<br />

au plus vite à ces agissements qui ternissent<br />

davantage l’image des Haïtiens<br />

et d’Haïti auprès des autorités dominicaines<br />

et des dominicains dont on connaît<br />

le sentiment à l’égard des Haïtiens. Si<br />

ces deux dossiers deviennent le fil rouge<br />

pour Claudy Gassant, son institution va<br />

aussi s’intéresser à des dossiers comme<br />

celui du PetroCaribe que Me Gassant jure<br />

qu’il ira jusqu’au bout et des têtes seront<br />

tombées.<br />

Il va s’intéresser de près aussi<br />

au dossier de la SOGENER, cette entreprise<br />

privée d’électricité de la famille<br />

Vorbe en conflit et en justice avec le<br />

Président Jovenel Moïse pour le compte<br />

de l’Etat haïtien. On se souvient que<br />

l’ULCC, à la demande de Claudy Cassant,<br />

voulait ouvrir une enquête sur ce<br />

conflit opposant l’Etat et la SOGENER.<br />

Mais, à la surprise générale, les avocats<br />

de l’Etat se sont opposés à l’ouverture<br />

de cette enquête de l’ULCC dans cette<br />

affaire. Enfin, il y a la demande sous<br />

forme d’ultimatum de l’ULCC à tous<br />

anciens hauts fonctionnaires, parlementaires<br />

et ministres d’apporter au plus vite<br />

leur déclaration de patrimoine avant et<br />

après la fin de leur mandat ou mission.<br />

Pour certains, c’est la goutte d’eau qui<br />

a fait déborder le vase car, d’après eux,<br />

cette dernière requête pourrait concerner<br />

directement le Président Jovenel Moïse<br />

dans l’avenir. Revenons donc à la raison<br />

pour laquelle Me Claudy Gassant a été<br />

purement et simplement « viré » de la<br />

Direction de l’Unité de Lutte de Contre la<br />

Corruption en seulement moins de deux<br />

mois de gestion.<br />

Si l’histoire du véhicule suspect<br />

de la République dominicaine retrouvé<br />

entre les mains d’une diplomate haïtienne<br />

à la frontière a été le déclencheur de<br />

l’affaire, le cas d’un autre diplomate dont<br />

JOBS<br />

la nationalité même intrigue plus d’un a<br />

été le fond d’un ensemble de malentendus<br />

entre le Directeur général de l’ULCC,<br />

le Ministre des Affaires étrangères, le<br />

Parquet de Port-au-Prince, le Ministre<br />

de la justice et le Président de la République.<br />

Ce diplomate qui a été le numéro 2<br />

à l’Ambassade d’Haïti à Santo Dominicaine<br />

s’appelle Kerby Alcantara ou Alcante<br />

Désormeaux. Ce fonctionnaire haïtien<br />

possède la double nationalité. Il est<br />

détenteur d’un passeport haïtien et d’un<br />

autre de la République Dominicaine.<br />

Outre qu’il est le deuxième Conseiller à<br />

la Légation haïtienne dans ce pays, il est<br />

connu pour être un homme d’affaires<br />

et s’occupe de ses commerces à Saint<br />

Domingue.<br />

Un statut qui pose problème<br />

dans la mesure où en tant que diplomate<br />

il ne peut sous aucun prétexte exercer<br />

une autre profession dans le pays où il<br />

est accrédité. Or, il se trouve que ce monsieur<br />

qui est à la fois dominicain et haïtien<br />

mène tranquillement les deux activités<br />

en même temps et en toute illégalité<br />

sans que cela ne dérange la Chancellerie<br />

haïtienne ni les autorités dominicaines.<br />

Et pour cause. Etant ressortissant<br />

dominicain, il n’a aucun problème pour<br />

exercer dans son pays. Sauf que, pour<br />

l’ex-Directeur général de l’ULCC, c’est<br />

tout à fait incompatible avec son statut<br />

de diplomate et de fonctionnaire de l’Etat<br />

haïtien. Surtout que le nom de Kerby Alcantara<br />

ou Alcante Désormeaux est cité<br />

parmi les employés haïtiens de l’Ambassade<br />

qui seraient impliqués dans la corruption.<br />

Pour commencer, l’ULCC avait<br />

demandé à deux fois au Ministre des<br />

Affaires étrangères, Bocchit Edmond, de<br />

mettre ce fonctionnaire à la disposition<br />

de son institution pour être entendu dans<br />

le cadre de ces accusions de corruption et<br />

devrait aussi fournir plus d’informations<br />

concernant sa vraie nationalité. Mais, les<br />

demandes de Me Claudy Gassant sont<br />

restées lettres mortes. Or, Gassant n’est<br />

pas celui qui laisse tomber une affaire,<br />

fût-elle la plus difficile.<br />

Alors, il a passé à une étape<br />

supérieure. Il porte plainte contre le<br />

Chancelier Bocchit Edmond pour entrave<br />

à la justice et fait arrêter une première<br />

fois cet Alcante ou Alcantara qui semble<br />

planer au-dessus des lois de la République<br />

et de ses chefs hiérarchiques pour<br />

le motif de faux et usage de faux. Dès<br />

qu’il s’est présenté à la frontière haïtienne,<br />

Alcantara a été arrêté par la police<br />

haïtienne qui l’a remis entre les mains de<br />

la justice. Mais, dès son arrivée au Parquet<br />

de Port-au-Prince, Herby Alcantara<br />

ou Alcante Désormeaux a été promptement<br />

libéré sur le champ par le substitut<br />

du Commissaire du gouvernement, Me<br />

Jeanty Souvenir. On imagine la colère<br />

suite à la page(16)<br />

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8 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol 13 # 31 • Du 5 au 11 Février <strong>2020</strong>


This Week in <strong>Haiti</strong><br />

Coronavirus: Plane<br />

Carrying 11 Chinese<br />

Passengers<br />

Causes Panic in <strong>Haiti</strong><br />

U.S. Regrets Not Reaching Political<br />

Agreement with <strong>Haiti</strong>’s Opposition<br />

Photos, inside and out, of the small jet with 11 Chinese passengers which<br />

refueled in <strong>Haiti</strong> on Jan. 31<br />

The “Core Group” of U.S.-led ambassadors flank Jovenel Moïse.<br />

They were unable to reach an agreement with <strong>Haiti</strong>’s opposition<br />

by Samuel Maxime, <strong>Haiti</strong> Sentinel<br />

plane originating from China<br />

A was denied entry into its destination<br />

in the Bahamas and was<br />

diverted to the Toussaint Louverture<br />

Airport in Port-au-Prince on<br />

Fri., Jan. 31 when it became low<br />

on fuel.<br />

On social media Friday evening,<br />

the news spread like wildfire.<br />

<strong>Haiti</strong>ans were worried and<br />

anxious about a private jet from<br />

China with 11 Chinese nationals<br />

on board sitting on the tarmac at<br />

Toussaint Louverture Airport in<br />

Port-au-Prince since the deadly<br />

coronavirus is rapidly spreading<br />

in China and to other countries.<br />

A source close to the National<br />

Office of Civil Aviation (OF-<br />

NAC) told the newspaper, Le Nouvelliste,<br />

that the passengers and<br />

crew members remained on the<br />

plane during the entire refueling<br />

process.<br />

“Originally, this private<br />

plane, which had 11 Chinese on<br />

board and three crew members,<br />

including two Americans and a<br />

Chinese hostess, took off from<br />

China to go to Japan,” confirmed<br />

the source. “Then, the plane visited<br />

several countries in Europe before<br />

arriving in the Dominican Republic.<br />

Arriving in <strong>Haiti</strong> on Friday<br />

evening, the crew simply wanted<br />

to refuel."<br />

The passengers remained on<br />

the plane without ever getting off.<br />

"They never left the plane. They<br />

pose no danger to the country.”<br />

“At first, the plane had to<br />

leave Port-au-Prince to go to the<br />

Bahamas which refused them access<br />

to their territory,” said our<br />

contact at 9:45 am on Friday.<br />

“Now Portugal agrees to receive<br />

them… The plane will be able to<br />

leave <strong>Haiti</strong> in the next few minutes.”<br />

However, our contact at the<br />

National Office of Civil Aviation<br />

(OFNAC) was unable to give details<br />

about the passengers on the<br />

plane or why they arrived in the<br />

country after having traveled to<br />

several other nations.<br />

The coronavirus, which<br />

emerged in China a few weeks<br />

ago, has already killed more than<br />

490 people there.<br />

The death toll and number<br />

of people infected with the virus,<br />

which often produces pneumonia,<br />

increases daily with over 24,000<br />

cases worldwide at press time<br />

(Feb. 4). In France, six people<br />

have been infected and are hospitalized.<br />

The global health emergency<br />

was declared by the World<br />

Health Organization on Jan. 30.<br />

Cases of the virus have been<br />

recorded in some 20 countries,<br />

including the United States, Germany,<br />

Canada, France. Several<br />

have already closed their borders<br />

to China.<br />

<strong>Haiti</strong>ans are rightfully wary<br />

of a new disease being introduced<br />

into their country, which has a<br />

severely debilitated health infrastructure.<br />

In October 2010, UN<br />

occupation troops from Nepal imported<br />

cholera into <strong>Haiti</strong>, unleashing<br />

an epidemic which killed close<br />

to 10,000 <strong>Haiti</strong>ans and sickened<br />

some 800,000.<br />

by Samuel Maxime, <strong>Haiti</strong> Sentinel<br />

On Feb. 1, <strong>2020</strong>, the U.S. Ambassador<br />

to <strong>Haiti</strong> along with other U.S.-allied<br />

diplomats expressed their regret at<br />

the end of talks with <strong>Haiti</strong>'s moderate<br />

opposition that no agreement had been<br />

reached.<br />

The discussions took place at the<br />

Apostolic Nuncio in Pétion-Ville. They<br />

involved not only the U.S. Embassy,<br />

representing the Trump administration,<br />

but also the ambassadors of Brazil, Canada,<br />

the EU, France, and Germany, as<br />

well as representatives from the United<br />

Nations and Organization of American<br />

States.<br />

The movement to unseat President<br />

Jovenel Moïse for crimes against<br />

humanity and corruption moves into<br />

its 20th month as the talks failed. The<br />

overwhelming majority of <strong>Haiti</strong>ans,<br />

from various backgrounds and sectors,<br />

find themselves in the "radical opposition"<br />

and call for the president to resign.<br />

They see dialogue with Jovenel Moïse<br />

and his international allies as a waste of<br />

time while the crisis deepens.<br />

But the U.S.-led group of diplomats<br />

calling themselves the “Core<br />

Tax Tax Preparation<br />

• IRS Representation<br />

• E-Filing<br />

PREVIOUSLY<br />

• Audit Protection<br />

Group” said they support "any constructive<br />

initiative of dialogue offering a real<br />

perspective of resolution of the political<br />

and institutional crisis."<br />

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Vol 13 # 31 • Du 5 au 11 Février <strong>2020</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

9


ENTRETIEN AVEC L’EX-PRÉSIDENT<br />

BOLIVIEN EVO MORALES !<br />

Par Fabián Kovacic<br />

L’ancien président de Bolivie doute que<br />

le nouveau gouvernement reconnaisse<br />

une éventuelle victoire du MAS (Mouvement<br />

vers le socialisme) aux élections<br />

du 3 mai <strong>2020</strong>. Il insiste sur la<br />

légitimité de sa tentative de réélection<br />

et estime que la solution au problème<br />

de la direction de la gauche régionale<br />

réside dans un changement de mentalité<br />

chez les Latino-Américains. Dans<br />

un dialogue avec l’hebdomadaire<br />

Brecha [Uruguay], il s’est attaqué à<br />

ceux qui remettent en cause le modèle<br />

extractiviste [mines de fer, pétrole,<br />

gaz, lithium] dans son pays et a parlé<br />

de son lien avec le féminisme.<br />

Avec une chemise blanche à<br />

manches courtes, un pantalon noir et<br />

L’ex-président de la Bolivie exilé en<br />

Argentine, Evo Morales<br />

des chaussures assorties, Evo Morales<br />

se promène dans les bureaux de son<br />

«bunker» de Buenos Aires, sur la calle<br />

Chile, dans le quartier de San Telmo,<br />

son téléphone portable à la main. Nous<br />

sommes mercredi matin et la date limite<br />

du dépôt des candidatures en Bolivie<br />

L’ex-président bolivien Evo Morales, candidat au Sénat et le candidat présidentiel<br />

Luis Arce à Buenos Aires le 27 janvier. RONALDO SCHEMIDT / AFP<br />

se fait pressante: le dernier jour est le<br />

3 février. Dès le début de la matinée,<br />

il a rencontré plus de 20 représentants<br />

de différents départements de Bolivie.<br />

Dans une grande salle, ils choisissent<br />

les candidats en assemblée, l’un après<br />

l’autre. Derrière la porte fermée, les<br />

différentes voix se font entendre. Morales<br />

observe, écoute, donne son avis.<br />

Il quitte le bureau et accueille avec un<br />

sourire les journalistes qui attendaient,<br />

puis il s’éloigne, entre dans un autre<br />

bureau et parle avec une personne de<br />

Bolivie. L’équipe de Brecha avait été<br />

convoquée pour l’entretien avec l’ancien<br />

président à 8h30. L’attente se<br />

termine à 12h45, lorsque Evo Morales<br />

entre enfin dans la salle et se prépare à<br />

s’asseoir pour répondre aux questions.<br />

«Je m’excuse pour le retard», dit-il.<br />

La veille, Luis Arce, candidat à<br />

la présidence du Mouvement vers le<br />

socialisme (MAS) et ancien ministre<br />

de l’Economie de Morales, a débarqué<br />

sur le sol bolivien pour commencer la<br />

campagne électorale. Il était attendu<br />

par le gouvernement de Jeanine Áñez,<br />

sous la menace d’une arrestation pour<br />

des accusations de corruption. Une mesure<br />

judiciaire à la mode: il s’agit dans<br />

ce cas, selon le nouveau pouvoir, de ne<br />

pas avoir contrôlé l’utilisation du Fonds<br />

indigène [Fondo Indígena] dans les<br />

différents projets approuvés pour exécution.<br />

La procureure [Heidi Pamela<br />

Gil] dans cette affaire a elle-même nié<br />

l’existence d’un mandat d’arrêt contre<br />

Arce et n’a fait que prendre sa déposition,<br />

attendant que ses avocats aient<br />

accès au volumineux dossier relatif à<br />

cette affaire.<br />

Cette question fut l’objet d’un débat<br />

a eu lieu dans les bureaux du MAS<br />

de la rue Chile de Buenos Aires. On y<br />

dispose déjà des données issues des<br />

premiers sondages: 35% d’intentions<br />

de vote pour Luis Arce et un peu plus<br />

de 15% pour Carlos Mesa. La présidente<br />

Jeanine Áñez est classée un peu plus<br />

loin. Les leaders civiques Fernando<br />

Camacho [extrême droite chrétienne,<br />

Santa Cruz] et Jorge «Tuto» Quiroga<br />

[vice-président sous le deuxième mandat<br />

de 1997 à 2001 d’Hugo Banzer qui<br />

avait été le général dictateur de 1971<br />

à 1978, Quiroga exerça le mandat de<br />

président d’août 2001 à août 2002]<br />

n’obtiennent pas de pourcentages<br />

significatifs, du moins selon les résultats<br />

dont dispose l’équipe de presse<br />

de Morales. «Ils vont chercher à nous<br />

persécuter», dit l’ancien président. Et<br />

les membres de l’assemblée acquiescent.<br />

Lorsque Brecha s’enquiert de son<br />

éventuelle candidature, il préfère éviter<br />

le sujet. «Je suis ici pour soutenir mes<br />

camarades», dit-il en passant. Mercredi<br />

soir le 29 janvier, une déclaration<br />

du MAS a été publiée pour informer<br />

qu’Evo a accepté de s’inscrire comme<br />

candidat à l’Assemblée législative<br />

plurinationale. Toutefois, le document<br />

précise que l’inscription a pour seul but<br />

de permettre – au plan légal et dans les<br />

limites établies par le calendrier électoral<br />

– une éventuelle candidature au<br />

cas où les assemblées [Sénat et Chambre<br />

des députés] décideraient de l’élire<br />

comme représentant à l’Assemblée<br />

plurinationale. «Le débat portant sur<br />

les candidatures finales est toujours en<br />

cours», précise le communiqué de presse.<br />

[Cet entretien conduit par Fabián<br />

Kovacic met en lumière l’analyse et les<br />

orientations politiques propres à Evo<br />

Morales.].<br />

Fabián Kovacic: Après 14 ans<br />

au pouvoir et après le coup d’Etat déjà<br />

accompli, quelles leçons en tirez-vous<br />

et quelle autocritique faites-vous aujourd’hui?<br />

Evo Morales: D’abord, toujours<br />

avec le peuple, et tout pour le peuple.<br />

Il s’agit de la lutte historique des gens<br />

marginalisés. La lutte a ses origines<br />

dans la période coloniale, et s’est transférée<br />

durant la période de la république<br />

[dès 1880]. Et pour être avec le peuple,<br />

nous avons pensé qu’il était important<br />

de prendre en compte trois éléments:<br />

politiquement, la refondation de la Bolivie;<br />

économiquement, la nationalisation;<br />

et socialement, la redistribution<br />

des richesses. La chose la plus difficile<br />

pour mon administration a été la refondation,<br />

en quittant l’Etat colonial et<br />

Luis Arce, ancien ministre<br />

de l’Economie, candidat à la<br />

présidence du Mouvement vers le<br />

socialisme (MAS)<br />

en instaurant un Etat plurinational en<br />

Bolivie [en 2009], où tout le monde a<br />

les mêmes droits. En finir avec l’Etat<br />

imposteur, avec les autorités apparentes<br />

[camouflant la réalité du pouvoir<br />

sur la population indigène], avec l’Etat<br />

failli et les menaces de faire disparaître<br />

la Bolivie réelle. Sur la base de l’Etat<br />

plurinational furent stimulées les meilleures<br />

possibilités pour les plus exclus,<br />

qui se trouvent au sein du mouvement<br />

indigène, ainsi que pour les femmes.<br />

Et tout cela a été intégré dans la<br />

suite à la page(15)<br />

Li lè pou nou pran sa ki<br />

konsène nou an men.<br />

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10 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol 13 # 31 • Du 5 au 11 Février <strong>2020</strong><br />

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Vol 13 # 31 • Du 5 au 11 Février <strong>2020</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

11


Les larmes mortelles de l’injustice<br />

Par Robert Lodimus<br />

(Deuxième partie)<br />

Éris a commencé à servir comme<br />

domestique chez Gesner à<br />

l’âge de quatre ans. Éliphète s’était<br />

résigné finalement à le confier à<br />

Alicia, malgré les remontrances et<br />

les réserves de Clotilde:<br />

– Penses-tu qu’ils disent vrai<br />

mon homme? D’accord, Alicia est<br />

ta sœur, la tante de nos enfants,<br />

mais elle n’a pas grandi en dehors,<br />

avec Dieumaime et Tibotte.<br />

Elle est devenue comme les gens<br />

de la ville qui maltraitent les enfants<br />

des paysans, qui les transforment<br />

en bête de somme, qui les<br />

font bourriquer du matin au soir,<br />

du soir au matin, sans leur accorder<br />

un peu d’ repos. À t’ dire sincèrement,<br />

je n’ai pas confiance en<br />

Gesner. Il ressemble à un bourreau!<br />

Pis, ta sœur, ce n’est pas moi qui<br />

l’ dis, elle a décroché un repris de<br />

justice, un bandit qui a fait d’ la<br />

prison pour avoir massacré à coups<br />

d’ poignard une pauv’e femme qui<br />

refusait de se mett’e avec lui, qui<br />

repoussait ses avances, alors qu’il<br />

était encore tout jeune et enrôlé<br />

dans les forces armées...<br />

– Encore des ragots que tu<br />

es allée ramasser de la bouche de<br />

Mathilda, la vieille sorcière...!<br />

– Je crois qu’on doit garder<br />

le p’tit avec nous. Il va avoir du<br />

chagrin... Il faut lui épargner ces<br />

souffrances.<br />

– Écoute! Nos deux autres<br />

garçons, Dieujuste et Lysius, n’ont<br />

jamais été à l’école. Tout c’ que<br />

nous leur avons appris à faire, c’est<br />

quoi: sarcler et arroser la terre,<br />

planter du manioc, de l’igname,<br />

de la carotte, du melon... Un jour,<br />

ils nous adresseront certainement<br />

des reproches. Je veux que notre<br />

fils dernier-né puisse lire dans<br />

les livres, écrire dans les cahiers<br />

comme les enfants de Rénette.<br />

– Mais le travail de la terre,<br />

c’ n’est pas mauvais, que je sache!<br />

Le paysan vit de son jardin. Ses<br />

enfants doivent apprendre à travailler<br />

la terre. La terre, c’est le<br />

seul bien que nous possédons...<br />

C’est le seul héritage que nous lèguerons<br />

à nos filles et à nos fils.<br />

Alors, il faut qu’ils apprennent à la<br />

conserver, à la faire prospérer, à la<br />

rendre productive…<br />

– C’ que tu n’ dis pas : il<br />

faut qu’il y ait aussi des paysans<br />

capables de bien lire et de bien<br />

écrire pour défendre les intérêts d’<br />

la communauté. J’ai pris ma décision.<br />

Je vais l’ placer chez Gesner<br />

et Alicia; ainsi, il aura toute sa<br />

chance d’aller à l’école. Si l’instruction<br />

tarde à venir s’installer à<br />

la campagne, il faut que la campagne<br />

– et c’est un devoir et une<br />

obligation – se déplace elle-même<br />

pour aller vers elle: la saisir là où<br />

elle s’ trouve...<br />

– Tu as bien parlé! Mais ça n’<br />

se passe pas comme ça. Les campagnards<br />

qui sont devenus des savants:<br />

médecins, ingénieurs, avocats,<br />

professeurs ne reviennent<br />

pas vivre parmi nous. Y en a qui<br />

oublient même leur origine et qui<br />

vont jusqu’à changer de nom...! Tu<br />

n’ me diras pas l’ contraire! Pour<br />

preuve, le garçon de compère Osias<br />

est devenu un grand avocat à la<br />

métropole. D’après ce que l’on rapporte,<br />

il a des amis même au palais<br />

national. Il fait partie des gens qui<br />

mangent ici, au pays et qui vont<br />

boire de l’eau à New York ou à Paris.<br />

Il va plaider au tribunal chaque<br />

semaine pour défendre les intérêts<br />

des bourgeois.<br />

– Tu parles de Clérilus Lhérisson?<br />

– Il faut dire plutôt Me Éric<br />

Duchemin. Il a changé de nom et<br />

de prénom. Clérilus, a-t-il dit, faisait<br />

trop paysan.<br />

– Ah, bon!<br />

– C’est comme ça! Mais<br />

quand on leur jette un mauvais<br />

sort en ville, c’est en dehors qu’ils<br />

vont chercher la guérison; c’est<br />

seulement dans les moments difficiles<br />

que certains se souviennent<br />

de leurs racines.<br />

Éris ne comprenait pas trop<br />

ce que tout cela voulait dire. Mais<br />

la décision de son père était irrévocable...<br />

Clotilde disait juste. Gesner<br />

et Alicia ne se sont pas préoccupés<br />

de son éducation. Tous les matins,<br />

il regardait avec tristesse les<br />

gosses de son âge qui s’amusaient<br />

sur le chemin de l’école. Ils gesticulaient,<br />

criaient, couraient dans<br />

toutes les directions, sautaient<br />

d’une galerie à l’autre. De temps<br />

en temps, ils s’arrêtaient quelques<br />

instants pour remettre en place<br />

leurs sacs de cahiers, de crayons<br />

et de livres portés en bandoulière.<br />

Éris donnerait cher pour être avec<br />

eux. Lorsqu’il allait chercher du<br />

charbon de bois chez Célicie, afin<br />

que sa tante préparât à manger<br />

pour sa cousine Altâgrace qui revenait<br />

de l’école vers 14 h 30, et<br />

Gesner qui partait travailler tous<br />

les matins de bonne heure, et qui<br />

rentrait tard le soir, vers 18 h 00, il<br />

s’arrêtait souvent pour écouter les<br />

enfants qui répétaient les lettres<br />

de l’alphabet après mademoiselle<br />

Nady, ou qui récitaient les tables<br />

d’addition et de soustraction.<br />

À force de répéter tout bas,<br />

Éris avait fini par mémoriser toutes<br />

les lettres sans jamais les voir sur<br />

le petit tableau noir accroché au<br />

mur de la petite école fondée et dirigée<br />

par la vieille dame. Lui aussi,<br />

il rêvait d’y aller tous les matins,<br />

d’en revenir tous les après-midi, de<br />

souper comme les autres enfants,<br />

de faire des devoirs à la maison,<br />

de répéter les leçons de demain et<br />

d’aller se coucher pour se reposer<br />

dans un vrai lit. Est-ce trop demander<br />

au Bon Dieu? Une fois, le<br />

jour de la fête Dieu, il est allé prier<br />

à l’église catholique de Monseigneur<br />

Robert et il a supplié Saint<br />

Joseph d’intercéder en sa faveur<br />

auprès de son beau-fils, Jésus de<br />

Nazareth, pour que Gesner ait accepté<br />

de l’envoyer à l’école de mademoiselle<br />

Nady.<br />

L’institutrice retraitée l’avait<br />

surpris en train d’écouter la classe<br />

aux portes. Il voulait se sauver à<br />

toutes jambes, mais la main de la<br />

vieille dame se refermait sur son<br />

bras frêle. Il avait honte et il tenait<br />

la tête baissée. Il a eu l’impression<br />

qu’il venait de commettre un crime<br />

impardonnable. « Pourquoi aije<br />

pris l’habitude de m’arrêter là<br />

tous les jours à proximité du fenestrage<br />

de la vieille bâtisse pour<br />

voler des miettes d’instruction<br />

qui ne m’appartenaient pas, qui<br />

ne m’étaient pas destinées? », se<br />

culpabilisait-il. Pourtant, il prenait<br />

toutes les précautions pour ne pas<br />

déranger mademoiselle Nady et les<br />

petits apprenants. Éris s’est mis à<br />

trembler de toute son âme. Mais la<br />

voix calme et tranquille de l’octogénaire<br />

l’a rassuré:<br />

– N’aie pas peur mon garçon!<br />

Ce n’est pas la première fois que je<br />

te vois là, que je te surprends en<br />

train de nous épier... Je t’ai observé<br />

à plusieurs reprises. Comment<br />

t’appelles-tu?<br />

Il a avalé une salive... et a<br />

répondu avec hésitation:<br />

– Éris Dor...Dorci...Dorcilien,<br />

ma...madame.<br />

– Bien! Où sont tes parents?<br />

L’enfant ne savait plus quoi<br />

lui répondre. Mais elle a insisté:<br />

– Je suis sûr que tu habites<br />

dans le quartier. Dis-moi où exactement,<br />

fiston?<br />

– Là-bas, chez ton...tonton<br />

Ges…ner et...et...et tante A...Alicia.<br />

(Source Camer news)<br />

– Donc, tu habites tout près<br />

de la maison de monsieur Jérôme?<br />

– Oui madame, tout près...<br />

Et même que je connais monsieur<br />

Jérôme et madame Claudinette.<br />

– Pourquoi ne vas-tu pas à<br />

l’école comme la plupart des enfants<br />

du quartier?<br />

– Je ne sais pas madame...!<br />

Mais, je voudrais bien... venir dans<br />

votre... dans votre école pour apprendre<br />

à répéter les lettres... et les<br />

chiffres comme les autres enfants.<br />

– Dimanche, après la messe,<br />

j’irai parler à ton oncle et à ta tante<br />

pour qu’ils te laissent faire partie<br />

de la classe. Quel âge as-tu?<br />

– Six ans qu’ils disent, madame…<br />

– Six ans, j’en étais sûre. À<br />

ton âge, tu ne dois pas rester à la<br />

maison. Tu dois fréquenter un établissement<br />

scolaire.<br />

Éris n’avait pas compris ce<br />

que voulait dire « établissement<br />

scolaire. » La vieille dame a ajusté<br />

ses lorgnons sur son nez pointu et<br />

a repris de façon plus claire:<br />

– Je veux dire que tu dois<br />

fréquenter une école régulière,<br />

pour que tu ne grandisses pas<br />

sans savoir lire et écrire. Tu me parais<br />

un garçon intelligent.<br />

– Je sais dire l’alphabet,<br />

madame.<br />

– Appelle-moi mademoiselle<br />

Nady...!<br />

– Oui madame mademoiselle<br />

Nady.<br />

– Non, tu dis simplement<br />

mademoiselle Nady. Répète: ma,<br />

de, moi, selle Nady!<br />

– Mademoiselle Nady...<br />

– Bien! Maintenant, retourne<br />

vite chez toi.<br />

Éris a détalé à toute vitesse.<br />

Et l’institutrice est retournée<br />

auprès de ses élèves.<br />

Gesner a refusé d’obtempérer<br />

à la demande de la vieille institutrice.<br />

– Qui va chercher de l’eau à<br />

la fontaine pour la cuisson? Lorsqu’Alicia<br />

va faire tous les matins<br />

ses provisions au marché, qui va<br />

surveiller la maison? Dites-moi<br />

donc, madame? Et puis tout le<br />

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monde ne peut pas être des savants<br />

dans ce pays! C’est la nature<br />

qui en a décidé ainsi, s’il y a des<br />

maîtres, faut-il bien qu’il y ait des<br />

valets? N’y croyez-vous pas?<br />

– Ce n’est pas juste de réfléchir<br />

ainsi. Ce garçon mérite<br />

mieux. Le traitement que vous<br />

êtes en train de lui infliger est<br />

injuste, inhumain. Vous raisonnez<br />

mal; permettez-moi de vous<br />

poser la question: pourquoi avezvous<br />

décidé d’inscrire votre fille à<br />

l’école? Oui, dites-moi pourquoi?<br />

– De toute façon, nous ne<br />

pouvions pas la garder à la maison...<br />

Elle doit devenir quelqu’un,<br />

c’est ainsi qu’elle pourra servir son<br />

pays.<br />

– Et Éris, y avez-vous<br />

pensé? Il n’a lui-même aucun<br />

devoir civique envers sa patrie?<br />

Avez-vous pris quelques secondes<br />

pour réfléchir à son avenir? Il ne<br />

vous pardonnera pas d’avoir gâché<br />

sa vie, sacrifié son intelligence et<br />

sa jeunesse. Si vous accordez une<br />

demi-journée de liberté à ce petit<br />

pour qu’il ne porte pas sa lettre de<br />

condamnation, j’en suis certaine,<br />

Dieu vous le rendra au centuple…<br />

– C’est non, madame! Et je<br />

ne reviendrai pas sur ma décision.<br />

Inutile d’insister, je n’y reviendrai<br />

pas. Dorénavant, je ne veux<br />

plus vous voir chez moi, je ne<br />

veux plus entendre parler de cette<br />

affaire d’école pour cette espèce de<br />

morveux qui nous donne déjà assez<br />

de fil à retordre. Non seulement<br />

il faut le nourrir, mais encore trouver<br />

de l’argent pour lui acheter des<br />

livres, des crayons, une ardoise,<br />

des cahiers et des vêtements pour<br />

qu’il aille traîner dans les rues de<br />

la ville? Je ne suis pas riche, moi.<br />

Faut-il bien que je gagne ma vie,<br />

que je nourrisse ma famille, que je<br />

m’occupe de ma fille?<br />

– Mais vous avez promis à<br />

ses parents de l’envoyer à l’école,<br />

de veiller sur lui, de l’aider à meubler<br />

son petit cerveau pour qu’il<br />

devienne un homme demain.<br />

Grâce à vous, la société pourra<br />

bénéficier de son savoir faire, de<br />

ses compétences intellectuelles et<br />

professionnelles. Vous serez fiers,<br />

votre compagne et vous, d’avoir<br />

accompli une bonne action. Vous<br />

ne pouvez pas lui refuser ça. Ce serait<br />

un fardeau trop lourd à porter<br />

pour votre âme. Vous avez beaucoup<br />

de souci pour l’éducation de<br />

votre fille. Vous voudriez que sa<br />

réussite, à tous les niveaux, constitue<br />

un objet de fierté pour votre<br />

famille. Le père et la mère de ce<br />

petit être attendent assurément la<br />

même chose de lui. Vous n’irez<br />

pas jusqu’à me faire croire que<br />

vous êtes un individu sans cœur,<br />

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sans âme, sans bonté, sans conscience...<br />

– Qu’est-ce que vous en<br />

savez vous-même? Hein! Qu’estce<br />

que vous en savez? Les gens<br />

qui m’ont recueilli chez eux, à la<br />

mort de mes parents, comment<br />

m’ont-ils traité selon vous? J’étais<br />

un gosse de six ans, abandonné<br />

à moi-même. Y avait-il quelqu’un<br />

qui venait prendre ma défense<br />

lorsque j’étais forcé d’exécuter des<br />

tâches harassantes, complètement<br />

au-dessus de mes forces? Je frottais<br />

les murs, je lavais le plancher<br />

d’une grande maison de trente<br />

pièces. J’accomplissais tous les<br />

jours les douze travaux d’Hercule.<br />

J’étais un forçat de la faim. Je<br />

dormais dans un hangar couvert à<br />

moitié. Quand il pleuvait, j’allais<br />

me tapir dans un petit coin et je<br />

regardais passer la nuit, sans joindre<br />

les paupières, sans fermer les<br />

yeux. J’ai dû lutter, lutter courageusement<br />

pour sortir de cet endroit<br />

infernal. En grandissant, j’ai<br />

appris tout seul à lire et à écrire.<br />

Finalement, je me suis évadé de<br />

ma grande prison. Pour survivre,<br />

j’ai mendié aux passants, j’ai accepté<br />

de me transformer en portefaix...<br />

Et puis, quand j’ai atteint<br />

l’âge de dix-sept ans, je suis allé<br />

m’enrôler dans l’armée. J’ai réussi<br />

à faire croire que j’avais atteint<br />

l’âge adulte, que j’étais majeur. Je<br />

ne dois rien à personne, moi. Absolument<br />

rien, rien...<br />

– Je vois! Vous voulez faire<br />

subir à votre neveu toutes les humiliations<br />

que vous avez subies<br />

vous-même avant de devenir adulte.<br />

– Il n’est pas mon neveu.<br />

Et je m’en fous qu’il soit le fils du<br />

frère aîné d’Alicia.<br />

– Vous êtes possédé par les<br />

esprits du mal. Vous portez le mal<br />

en vous. Vous êtes sous l’emprise<br />

du diable.<br />

– Et quoi encore?<br />

– Vous ne laissez aucune<br />

place dans votre cœur pour les<br />

bonnes œuvres.<br />

– Mais où étiez-vous, lorsque<br />

j’étais livré pieds et mains liés<br />

à mes problèmes, aux multiples<br />

souffrances qui m’empêchaient de<br />

vivre? Ma mère travaillait là comme<br />

servante. Elle faisait à manger<br />

pour une vingtaine de personnes,<br />

elle s’occupait de toute la lessive.<br />

Elle paraissait toute jeune, quand<br />

elle était arrivée chez cette famille<br />

bourgeoise pour y travailler<br />

afin d’aider ses parents restés à la<br />

campagne. La saison cyclonique<br />

avait provoqué partout des pluies<br />

diluviennes qui causaient des<br />

suite à la page(16)<br />

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12 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol 13 # 31 • Du 5 au 11 Février <strong>2020</strong>


Perspectives<br />

Notre Mémoire se Souvient<br />

Camilo Torres Restrepo, prêtre et guérillero<br />

3 février 1929 - 15 février1966<br />

Par Frantz Latour<br />

Parmi les hommes et les femmes qui<br />

ont donné leur vie pour qu’une nouvelle<br />

société plus juste, plus humaine<br />

naisse sur les décombres d’un système<br />

capitaliste prédateur, oppresseur et assassin,<br />

il n’y a pas eu que des laïcs.<br />

Il y a eu également des religieux, des<br />

prêtres qui à un moment de leur sacerdoce<br />

en sont arrivés à se convaincre<br />

de la nécessité d’un changement social<br />

radical et même à considérer la violence<br />

légale, dans des situations de grave<br />

injustice sociale. Ce fut le cas pour le<br />

prêtre Camilo Torres Restrepo né à Bogota,<br />

en Colombie, le 3 février 1929.<br />

Camilo Torres appartient à une<br />

famille aisée, bourgeoise, aux traditions<br />

libérales. Du premier mariage de<br />

sa mère, Isabel Restrepo Gaviria avec<br />

Carlos Westendorp, de nationalité allemande,<br />

sont nés deux enfants. Fernando<br />

et Camilo Torres sont nés d’un<br />

second mariage avec Calixto Torres.<br />

Les premières années de Camilo sont<br />

semblables à celles d’autres jeunes de<br />

sa catégorie sociale. La famille voyage<br />

en Europe : Bruxelles, Barcelone,<br />

puis retourne en Colombie en 1934.<br />

Les parents se séparent en 1937, les<br />

enfants restent avec leur mère. Camilo<br />

fréquente le collège allemand de Bogotá<br />

pour ses primaires, et le lycée Cervantès<br />

pour ses classes secondaires. Il participe<br />

aux retraites annuelles organisées par<br />

les Jésuites. Il restera très attaché à sa<br />

mère jusque peu avant sa mort.<br />

En 1947, il commence des<br />

études de droit à l’Université nationale.<br />

Il y reste seulement un semestre. Il<br />

devient rédacteur au journal La Razón.<br />

De façon surprenante et inattendue, il<br />

décide d’entrer en prêtrise. Séminariste,<br />

il manifeste, pendant ses sept années de<br />

formation, une préoccupation précoce<br />

pour les questions sociales. Après avoir<br />

été ordonné prêtre en 1954, il part en<br />

Belgique afin d’entreprendre des études<br />

de sociologie et de sciences politiques à<br />

l’université catholique de Louvain.<br />

Depuis lors se sont manifestés son esprit<br />

de sacrifice, son désir d’exercer une<br />

influence sur l’ensemble de la société<br />

et sa volonté d’être lié aux problèmes<br />

des groupes sociaux les plus pauvres. Il<br />

s’y lie d’amitié avec François Houtart,<br />

prêtre et sociologue belge, professeur à<br />

l’Université de Louvain, militant de la<br />

cause du Tiers-Monde. Il représente les<br />

étudiants au Collège pour l’Amérique<br />

latine. En 1958, Camilo obtient sa licence<br />

de sociologie à la suite de la<br />

présentation d’un mémoire intitulé<br />

« Approche statistique aux problèmes<br />

socio-économiques de la ville de Bogota<br />

».<br />

Muni d’une formation<br />

académique différente de celle de la<br />

plupart des membres du clergé colombien<br />

plutôt traditionnel, ringard, accroché<br />

au parti conservateur et au statu quo,<br />

il retourne en 1956 en Colombie pour<br />

préparer sa thèse. De ses discussions<br />

avec un ami marxiste paraît le livre<br />

Conversations avec un prêtre colombien<br />

de Rafael Maldonado Piedrahita, ouvrage<br />

affichant une pensée nettement<br />

progressiste quoique encore solidement<br />

ancrée dans la doctrine catholique.<br />

Il voyage à nouveau en Belgique<br />

pour passer sa maîtrise. Là, il rencontre<br />

Margaret Mary Olivieri, activiste sociale<br />

qui allait être sa plus proche collaboratrice<br />

en Colombie. Son diplôme<br />

obtenu, il retourne travailler dans son<br />

pays en 1958, après un crochet de<br />

quelques mois d’études à l’Université<br />

de Minnesota, aux «États-Unis. On le<br />

nomme aumônier de l’Université nationale<br />

à Bogotá et professeur à la Faculté<br />

de sociologie nouvellement créée.<br />

Il compte parmi les organisateurs<br />

du premier Mouvement Universitaire<br />

de Développement communautaire<br />

(MUNIPROC). A l’université commence<br />

à s’enraciner une pensée radicale influencée<br />

par le marxisme et la révolution<br />

cubaine. Dès 1961, ses prises de<br />

défense de la cause estudiantine, son<br />

implication de plus en plus marquée<br />

dans les affaires politiques du pays,<br />

ses interventions contre les inégalités<br />

sociales lui valent des conflits avec la<br />

haute hiérarchie catholique et l’establishment<br />

politique. Ses supérieurs le<br />

destituent de ses fonctions. Il est muté<br />

dans la paroisse de Vera Cruz où il sert<br />

comme vicaire. Il y décroche un poste<br />

d’enseignant à l’École supérieure d’administration<br />

publique.<br />

Il préside en 1963 le premier<br />

congrès national de sociologie de Bogotá<br />

au cours duquel il présente une<br />

étude ayant pour titre La violence et les<br />

changements socioculturels dans les<br />

régions rurales colombiennes. Les conflits<br />

avec les autorités ecclésiastiques et<br />

civiles engagées dans la répression de<br />

la protestation sociale et le contrôle de<br />

toutes les formes de dissidence le rapprochent<br />

des groupes radicaux de l’Université<br />

et le mènent à la conclusion que<br />

les chrétiens qui veulent le changement<br />

social doivent travailler aux côtés des<br />

socialistes et des marxistes, et même<br />

considérer que la violence est légale<br />

dans des situations de grave injustice<br />

sociale. Son expérience dans les<br />

Plaines Orientales avec les agriculteurs<br />

du conseil d’administration de l’Institut<br />

Colombien de la Réforme Agraire, entre<br />

1962 et 1964, finit par le convaincre<br />

de la nécessité d’un changement social<br />

radical en Colombie.<br />

En 1964, année de marasme<br />

économique, Camilo Torres participe<br />

à la mise en place d’un mouvement<br />

politique regroupant différents milieux<br />

progressistes. Le but est de déterminer<br />

« une action révolutionnaire commune<br />

par voie légale ». Il s’agit de fédérer<br />

l’opposition progressiste fragmentée<br />

dans un projet commun. Dans l’optique<br />

révolutionnaire de Camilo Torres, il est<br />

nécessaire de se débarrasser de l’impérialisme<br />

américain et de l’oligarchie qui<br />

sert ses intérêts pour transformer le<br />

pays et faire accéder les classes populaires<br />

à un minimum de bien-être. Il<br />

est nécessaire de mobiliser, d’organiser<br />

et d’associer les secteurs pauvres de la<br />

population à la lutte pour la construction<br />

d’un nouvel Etat. Par conséquent,<br />

il faut créer l’unité du mouvement révolutionnaire<br />

en rassemblant les masses<br />

opprimées du pays.<br />

On doit être convaincu de mener<br />

la lutte jusqu’au bout avec toutes les<br />

conséquences que cela comporte. Les<br />

chrétiens ont non seulement la possibilité<br />

de participer à la révolution, mais ils<br />

sont tenus de la faire: «Le devoir de chaque<br />

chrétien est d’être révolutionnaire,<br />

et le devoir de tout révolutionnaire est<br />

de faire la révolution». Une maxime<br />

proche de celle de Che Guevara. Un autre<br />

élément clé de la pensée de Camilo<br />

a consisté en un effort pour concilier<br />

le christianisme et le marxisme, promouvant<br />

ainsi à ses yeux un nouveau<br />

type de société à caractère socialiste et<br />

chrétien, fondée sur la répartition équitable<br />

des richesses. Torres était d’avis<br />

que «Les marxistes luttent pour une<br />

société nouvelle, et nous les chrétiens,<br />

nous devrions être aux côtés de leurs<br />

combats».<br />

Entre 1965 et 1966, il multiplie<br />

conférences et manifestations à<br />

travers le pays tout en appelant à une<br />

suite à la page(19)<br />

La mémoire au service des luttes : Paul Robeson<br />

Par FUIQP & Alain Saint-Victor<br />

Il y a 44 ans, le 23 janvier 1976, l’acteur,<br />

chanteur, athlète et écrivain Paul<br />

Robeson décédait.<br />

Né à Princeton au New- Jersey,<br />

le 9 avril 1898, il est le fils d’un père<br />

esclave, William Drew Robeson, enfui,<br />

à l'âge de 15 ans, d'une plantation de<br />

Caroline du Nord et d’une mère métisse,<br />

Maria Louisa Bustill, descendante<br />

d'une famille quaker abolitionniste.<br />

William Drew entreprit des études uni-<br />

Ne pouvant pas entrer à l'université<br />

Princeton, à cause de sa couleur,<br />

Paul Robeson intégra l'université<br />

Rutgers où il fit de brillantes études.<br />

Il fut admis, par la suite, à l'université<br />

Columbia où il décrocha un diplôme en<br />

droit en 1923. Il fréquenta également<br />

l'École des études orientales et africaines<br />

de Londres.<br />

À l'époque du Jim Crow (période<br />

de plus de 100 ans au cours de laquelle<br />

les Afro-Américains furent victimes<br />

systématiquement de violence raciste),<br />

il était très difficile à un Noir d'exercer<br />

le métier d'avocat. Malgré qu'il fût<br />

l'un des meilleurs de sa classe, Robeson<br />

dut abandonner sa carrière en droit<br />

et joignit le Provincetown Players, un<br />

groupe de théâtre de New York qui<br />

compte en son sein le dramaturge Eugene<br />

O'Neill (1888-1953).<br />

En 1924, Robeson fait partie des<br />

acteurs de la pièce d'O'Neill, All God's<br />

Chillun Got Wings (inspirée du Negro<br />

spiritual). Au cours de la même année<br />

et en 1925, il devient célèbre à New<br />

York et à Londres en interprétant le premier<br />

rôle de la pièce du même auteur,<br />

Emperor Jones (perçue, par certains,<br />

comme une critique de l'occupation<br />

étatsunienne d'<strong>Haiti</strong>, 1915-1934).<br />

En plus de ses talents d'acteur,<br />

Robeson avait une superbe voix baryton-basse.<br />

En 1925, il donna son premier<br />

récital d'art vocal au Greenwich<br />

La célébrité de Robeson est à son<br />

apogée lors de son interprétation magistrale<br />

d' Othelo en 1930, qui bat tous<br />

les records des pièces shakespeariennes<br />

jouées à Broadway, à l'époque.<br />

Robeson devient célèbre non<br />

seulement en Europe et aux États-Unis<br />

mais également en Afrique, faisant ainsi<br />

craindre son influence sur les peuples<br />

colonisés d’Afrique subsaharienne.<br />

Parmi ses plus grands succès<br />

figure le célèbre Song of Freedom.<br />

Paul Robeson devient, au cours de ses<br />

voyages dans le monde entier, un ambassadeur<br />

du mouvement des droits<br />

civiques et un dénonciateur des conditions<br />

de vie des Afro-Américains aux<br />

États-Unis, en particulier dans les États<br />

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du Sud ségrégationnistes. Il utilise sa<br />

notoriété pour mobiliser l’opinion contre<br />

les lynchages qui, à l'époque, se<br />

multiplient.<br />

Au cours des années 1950, alors<br />

que le Maccarthysme devient l'idéologie<br />

dominante aux États-Unis (prêchant un<br />

anticommunisme primaire et violent),<br />

Paul Robeson est victime d'un véritable<br />

boycott organisé contre ses films et enregistrements.<br />

On lui retire également<br />

son passeport de 1950 à 1958.<br />

Après le décès de son épouse, Eslanda,<br />

en 1966, Robeson, de plus en<br />

plus isolé et marginalisé, connut une<br />

période de déchéance. Après deux infarctus,<br />

il meurt dans la pauvreté d'un<br />

arrêt cardiaque en 1976, à l'âge de 77<br />

ans.<br />

De Paul Robeson, l'historien Afro-Américain<br />

Gerald Horne écrit: « Il<br />

a été un précurseur pour des hommes<br />

comme Malcom X et Dr. Martin Luther<br />

King. En fait, on ne peut comprendre la<br />

vie et le parcours de ces deux hommes<br />

sans tenir compte de Paul Robeson. »<br />

Pour illustrer son engagement,<br />

Robeson écrit: "L'artiste doit choisir de<br />

lutter pour la liberté ou pour l'esclavage.<br />

J'ai fait mon choix. Je n'avais pas<br />

d'alternative." Ce qui résume bien toute<br />

la trajectoire de son existence. C’est ce<br />

type d’artistes dont nous avons besoin.<br />

Repose en paix frère et camarade.<br />

Texte: FUIQP (Modifications et<br />

ajouts ASV)<br />

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versitaires et devient pasteur de l'Église<br />

presbytérienne de Princeton de 1880 à<br />

1901. Il est décédé en 1918, alors que<br />

le jeune Paul n'a que vingt ans.<br />

Village (New York). Il atteint une réputation<br />

internationale sous le nom de Joe<br />

dans la comédie musicale Show Boat.<br />

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Vol 13 # 31 • Du 5 au 11 Février <strong>2020</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

13


Conférence de Berlin sur la Libye : Palabres au sommet !<br />

Par Majed Nehmé<br />

Ils sont venus, ils étaient tous là<br />

(ou presque) pour, disaient-ils,<br />

sauver la Libye depuis Berlin. Ils<br />

avaient répondu à l’invitation de la<br />

chancelière allemande Angela Merkel<br />

qui s’était distinguée, en mars 2011<br />

par son opposition, en tant que<br />

membre non permanente du Conseil<br />

de sécurité de l’ONU, à la résolution<br />

1973, interprétée par la France, le<br />

Royaume-Uni et les États-Unis comme<br />

autorisant la guerre contre la<br />

Libye de Kadhafi. Elle s’était retrouvée<br />

dans le même camp de la Chine,<br />

de la Russie, du Brésil et de l’Inde.<br />

A l’époque rare étaient, en Occident,<br />

ceux qui n’avaient pas condamné la<br />

« trahison » allemande. Neuf ans<br />

après, voilà que les fossoyeurs de la<br />

Jamahiriya se retrouvent autour de<br />

la même table à Berlin pour conjurer<br />

la catastrophe libyenne, avec Merkel<br />

et Poutine comme parrains ! Ce spectacle<br />

a amené le journal burkinabé<br />

Le Pays (le Burkina est aujourd’hui<br />

l’une des victimes collatérales de la<br />

guerre de Libye) à consacrer son<br />

éditorial à cette rencontre au sommet<br />

qu’il avait qualifiée « Le bal des<br />

hypocrites ».<br />

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La guerre contre la Libye, transformée en état failli est une opportunité<br />

historique pour les groupes terroristes. Dessin de Chapatte.<br />

La France hors circuit<br />

La France, principale responsable de<br />

cette guerre, était représentée dans<br />

cette conférence par le chef d’Etat en<br />

personne, Emmanuel Macron. Contrairement<br />

à ses deux prédécesseurs<br />

Nicolas Sarkozy et François Hollande,<br />

il avait eu le courage de reconnaître la<br />

responsabilité de son pays dans cette<br />

catastrophe géopolitique. Dans un<br />

entretien accordé à huit médias européens<br />

(Le Figaro, Suddeutsche Zeitung,<br />

Le Soir, The Guardian, Corriere<br />

Della Serra, El País, Gazeta Wiborcza<br />

et Le Temps) en 2017, il a admis que<br />

« la participation des Forces armées<br />

françaises à l’opération militaire en<br />

Libye en 2011 a été une erreur et<br />

la France doit éviter ce scénario en<br />

Syrie ». Et d’ajouter :«Avec moi, ce<br />

sera la fin d’une forme de néo-conservatisme<br />

importée en France depuis<br />

dix ans. La démocratie ne se fait pas<br />

depuis l’extérieur à l’insu des peuples.<br />

La France n’a pas participé à la<br />

guerre en Irak et elle a eu raison. Et<br />

elle a eu tort de faire la guerre de cette<br />

manière en Libye. Quel fut le résultat<br />

de ces interventions? Des États faillis<br />

dans lesquels prospèrent les groupes<br />

terroristes ».<br />

Il ne croyait pas si bien dire. Il<br />

se retrouve aujourd’hui condamné à<br />

gérer ce lourd héritage, mais sans se<br />

donner les moyens du changement.<br />

Les néo-conservateurs sont encore<br />

très nombreux dans son entourage.<br />

Jean-Yves Le Drian, l’actuel ministre<br />

des Affaires étrangères, qui avait<br />

été en charge sous le mandat de<br />

François Hollande du portefeuille de<br />

la Défense, a de la peine à mettre en<br />

pratique les déclarations de son nouvel<br />

employeur. Résultat : La France<br />

se retrouve aujourd’hui hors circuit.<br />

De « protectrice du peuple libyen »<br />

comme elle se présentait pour justifier<br />

son intervention contre la Jamahiriya,<br />

elle est acculée maintenant à se «<br />

protéger » du désordre libyen.<br />

Avant de venir à Berlin, Emmanuel<br />

Macron avait tiré la sonnette<br />

d’alarme. Interrogé, en off, lors de la<br />

présentation des vœux pour le nouvel<br />

an par un collègue de France 24<br />

arabe sur les informations relatives<br />

à l’envoi par la Turquie de miliciens<br />

syriens pour combattre du côté de<br />

Sarraj, lui-même marionnette des milices<br />

islamistes de Misrata, il répondit<br />

: « Si les services de renseignement<br />

français vont me confirmer ces informations,<br />

ce serait un développement<br />

extraordinairement grave » !<br />

« Car, poursuit-il, de là ils vont faire<br />

la jonction avec le Sahel, région où<br />

la France est en première ligne dans<br />

la lutte contre le terrorisme ». Confirmées,<br />

semble-t-il par ses services,<br />

il exprimera deux jours plus tard son<br />

désarroi et ses craintes devant les<br />

participants à ce sommet. Dans son<br />

intervention, il a stigmatisé directement<br />

la Turquie qui soutient militairement<br />

le gouvernement de Fayez<br />

al-Sarraj et qui organise le recrutement<br />

et l’envoi de centaines de miliciens<br />

syriens en Libye. “Il faut que<br />

cela cesse”, a-t-il martelé.<br />

La suite donnera plus de consistance<br />

à cette menace, puisque les<br />

informations en provenance de Syrie<br />

(zone occupée par la Turquie) et de<br />

la Libye font état, non seulement de<br />

l’arrivée de plusieurs centaines de ces<br />

miliciens grassement payés par la<br />

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Turquie et le Qatar en Libye mais, fait<br />

inquiétant, de l’évasion de 17 d’entre<br />

eux vers l’Italie par voie de mer.<br />

Cela a été confirmé par l’Observatoire<br />

syrien des droits de l’homme, basé<br />

en Grande-Bretagne et qui est connu<br />

pour son opposition au pouvoir syrien.<br />

Le sommet de Berlin, réuni à<br />

l’initiative de l’Allemagne et sous<br />

l’égide de l’ONU rassemblait onze<br />

pays dont les cinq membres permanents<br />

du Conseil de sécurité ainsi que<br />

le secrétaire général de l’ONU Antonio<br />

Guterres et son représentant pour<br />

la Libye Ghassan Salamé qui n’a pas,<br />

jusqu’ici, brillé par son efficacité.<br />

La majorité des pays qui se<br />

retrouvent aujourd’hui au chevet<br />

de la Libye avaient activement participé<br />

à sa destruction ou du moins<br />

cautionné l’expédition de l’Otan. A<br />

part Recep Tayyip Erdogan et Angela<br />

Merkel, qui avaient participé plus<br />

ou moins activement à cette expédition,<br />

Emmanuel Macron, Boris Johnson,<br />

Giuseppe Conte et Mike Pompeo<br />

héritaient de ce dossier. La Russie, la<br />

Chine et l’Algérie s’y étaient frontalement<br />

opposées. Pour rappel, Vladimir<br />

Poutine, alors Premier ministre, avait<br />

critiqué sans ménagement Dimitri<br />

Medvedev pour avoir laissé passer la<br />

résolution 1973. Ce qui avait provoqué<br />

une crise entre les deux hommes<br />

et, plus grave encore, rallumé une<br />

nouvelle guerre froide dans les relations<br />

internationales. Poutine avait<br />

en effet condamné l’expédition de<br />

l’Otan en Libye estimant que «l’intervention<br />

des Occidentaux en Libye<br />

fait penser à l’appel des croisés du<br />

Moyen Age». Aujourd’hui, il prend<br />

sa revanche et fait un comeback remarqué<br />

sur la scène libyenne. Tout<br />

en tendant cyniquement la main<br />

à Erdogan, dans le but d’affaiblir<br />

l’Otan, il soutient militairement le<br />

maréchal Haftar à travers les mercenaires<br />

russes de Wagner. Il estime<br />

qu’il est le seul à même de recoller<br />

les morceaux d’une Libye éclatée<br />

et de lutter contre le terrorisme que<br />

son armée combat en Russie même<br />

et en Syrie. Position partagée tacitement<br />

par la France, l’Allemagne, le<br />

Royaume-Uni, les Émirats arabes<br />

unis, et surtout l’Égypte qui accuse<br />

le gouvernement de Tripoli de constituer<br />

un sanctuaire pour les Frères<br />

musulmans égyptiens. Quant au Maroc,<br />

qui avait abrité la conférence de<br />

Skhirate, en décembre 2015, dont<br />

la feuille de route est restée morte,<br />

n’a pas été invité. La Tunisie, qui<br />

supporte le poids d’une présence libyenne<br />

importante depuis 2011, n’a<br />

été invitée qu’in extremis. Touchée<br />

dans son amour-propre, elle a décliné<br />

l’invitation. Enfin, le Qatar dont la<br />

responsabilité dans le financement et<br />

l’armement des milices islamistes libyennes<br />

est écrasante, a été exclu du<br />

sommet alors que les Émirats arabes<br />

unis qui ne cachent pas leur stratégie<br />

anti-islamistes (Frères musulmans en<br />

particulier) et anti-terroriste ont participé<br />

aux travaux de la conférence.<br />

Tout ça pour ça ?<br />

Les résultats de cette énième<br />

conférence et réunion internationale<br />

sur la Libye ne sont pas à la hauteur<br />

des attentes des Libyens : engagement<br />

à respecter l’embargo sur les<br />

armes décidé en 2011 par les Nations<br />

unies et à renoncer à toute « interférence<br />

» étrangère dans le conflit,<br />

appel à l’observation d’un véritable<br />

cessez-le-feu permanent sur le terrain…Des<br />

engagements pris sans jamais<br />

résister aux réalités du terrain et<br />

des intérêts en jeu.<br />

Au lendemain de ce sommet<br />

que les pays européens pensaient<br />

utiliser comme un tremplin pour<br />

revenir dans le jeu en Libye afin de<br />

sécuriser leurs frontières face à la<br />

menace migratoire et terroriste, une<br />

certaine désillusion transparaissait<br />

dans les déclarations des uns et des<br />

autres. Les 27 ministres des Affaires<br />

étrangères de l’Union européenne<br />

s’étaient réunis le 20 janvier à Bruxelles<br />

pour essayer de dissiper cette<br />

désillusion. Peine perdue. Le nouveau<br />

haut représentant de l’UE pour<br />

les Affaires étrangères, Josep Borrell,<br />

n’a pas caché son pessimisme,<br />

reconnaissant qu’aucune décision<br />

n’avait été prise sur la Libye et le<br />

Sahel. Les mesures concrètes sont<br />

donc reportées à la prochaine réunion<br />

des ministres européens des Affaires<br />

étrangères programmée pour le 17<br />

février prochain.<br />

En attendant, les trois points<br />

discutés étaient : les moyens à<br />

déployer pour sécuriser l’embargo sur<br />

les armes, les dispositifs à mettre en<br />

place si un cessez-le-feu devait être<br />

obtenu, et la manière dont il conviendrait,<br />

à moyen terme, de restaurer<br />

les institutions libyennes.<br />

La Libye, « une tumeur qui<br />

produit des métastases sur<br />

l’ensemble de la région »<br />

Pour Josep Borrell, cet immobilisme<br />

est catastrophique pour l’Europe. Il<br />

avait déjà tiré la sonnette d’alarme<br />

le 10 janvier. Les combats autour<br />

de Tripoli, prévient-il, pourraient se<br />

traduire « par une nouvelle poussée<br />

migratoire vers l’Europe….Quelque<br />

700 000 migrants se trouvent en Libye,<br />

pour la plupart venus du Sahel.<br />

Ils attendent l’occasion pour migrer<br />

Les participants au sommet de Berlin sur la Libye posent pour la photo. On remarquera<br />

l’absence des Libyens. Photo DR<br />

vers l’Europe. » Au-delà de la Libye,<br />

c’est bien évidemment le Sahel qui<br />

est menacé. « La Libye, a rappelé Josep<br />

Borrell, est une sorte de tumeur<br />

qui produit des métastases sur l’ensemble<br />

de la région.»<br />

Si l’on ajoute à cela l’arrivée<br />

annoncée de milliers de terroristes qui<br />

évoluent dans les zones sous contrôle<br />

turc en Syrie, dont des Caucasiens,<br />

Tchétchènes, Turkmènes, Ouïgours<br />

vers la Tripolitaine, cette « métastase<br />

» a toutes les chances de contaminer<br />

la rive nord de la Méditerranée.<br />

Dans son éditorial consacré<br />

au sommet de Berlin, le journal Le<br />

Monde, qui avait en 2011 soutenu<br />

la guerre de Bernard-Henry Lévy,<br />

membre de son Conseil de surveillance,<br />

contre la Libye, avait écrit : «<br />

Aux portes de l’Europe, la poudrière<br />

en Libye menace de se transformer<br />

en une nouvelle Syrie ». Il ne pipe<br />

pas mot sur la manière d’y mettre fin.<br />

Face aux palabres de Berlin, au<br />

jeu trouble de la Turquie, de la lâcheté<br />

européenne, ceux qui pensent que le<br />

salut de la Libye passe par la défaite<br />

militaire des milices armées qui terrorisent<br />

la population de la Tripolitaine<br />

sont de plus en plus nombreux. N’en<br />

déplaise aux pompiers pyromanes qui<br />

continuent à prôner la paix publiquement<br />

tout en alimentant la guerre<br />

sur le terrain. Car un nouveau pouvoir<br />

fort dans une Libye réunifiée et<br />

pacifiée signifie plus de sécurité pour<br />

les Libyens d’abord, mais aussi pour<br />

les pays limitrophes et pour l’Europe.<br />

Majed Nehmé<br />

Afrique-Asie 22 janvier <strong>2020</strong><br />

14 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol 13 # 31 • Du 5 au 11 Février <strong>2020</strong>


Suite de la page (10)<br />

Constitution. Dans le domaine<br />

économique, pour être avec le peuple,<br />

la nationalisation des ressources naturelles<br />

et des entreprises stratégiques<br />

a été importante.<br />

S’affirme ici une profonde différence<br />

avec la droite bolivienne et<br />

avec le système capitaliste, qui considèrent<br />

la santé et le logement comme<br />

des services marchands. Pour<br />

notre mouvement, ce sont des droits.<br />

Les services de base sont une affaire<br />

privée pour le capitalisme. Alors que<br />

pour nous, dans le socialisme communautaire,<br />

ils relèvent des droits humains.<br />

Par conséquent, notre défense<br />

ne porte pas seulement sur les droits<br />

individuels et des personnes, mais<br />

aussi sur les droits collectifs et communautaires.<br />

Sur la question du commerce,<br />

pour être avec le peuple, un<br />

programme de solidarité, de complémentarité<br />

et de compétitivité est important.<br />

DIVORCE SUMMONS BY PUBLICATION AND MAILING<br />

Docket NoSU19D1234DR<br />

Commonwealth of Massachusetts<br />

The Trial Court<br />

Probate and Family Court<br />

Lesly Chery vs Marie Stephan aka Medgine Celestin Chery<br />

To the Defendant<br />

Fabián Kovacic: Et l’autocritique<br />

de votre gestion?<br />

Evo Morales: [Il hésite avant<br />

de répondre.] Sur la question de l’autocritique<br />

et des faiblesses… Quand<br />

votre frère est président, certains secteurs<br />

manifestent une ambition exagérée.<br />

Certains revendiquent même<br />

des choses qui ne sont pas souhaitables<br />

pour d’autres secteurs sociaux.<br />

Alors ils ne pensent pas à la Bolivie,<br />

mais seulement à leur secteur ou à une<br />

fraction de citoyens. Mais lorsque le<br />

gouvernement est géré avec transparence,<br />

avec des données économiques,<br />

ces secteurs le comprennent, même<br />

s’ils ont du mal à l’accepter. Et je veux<br />

dire que dans la lutte des classes,<br />

idéologique, programmatique, il est<br />

nécessaire de discuter et de travailler.<br />

Les mêmes mouvements sociaux<br />

nous ont dit lors de réunions<br />

qu’ils ne venaient pas pour discuter<br />

et juger les politiques mais pour obtenir<br />

la distribution de projets et de<br />

travaux. Ils ne voulaient pas de débat<br />

idéologique.<br />

Or, il faut élaborer sur cela durant<br />

le processus même de transformation.<br />

La réalité est que près de trois<br />

millions de Boliviens sont passés de la<br />

classe humble ou pauvre à la classe<br />

«moyenne». Ils ont dès lors oublié<br />

d’où ils venaient, ils préfèrent ne pas<br />

avoir d’engagements envers la société<br />

et ils expriment déjà de nouvelles attentes.<br />

Ils ne tiennent pas compte du<br />

fait qu’il y a encore beaucoup de familles<br />

dans la situation où ils se trouvaient<br />

auparavant.<br />

The Plaintiff has filed a complaint for Divorce requesting that the court grant a<br />

divorce for IRRETRIEVABLE BREAKDOWN<br />

The complaint is on file at the Court<br />

An automatic Restraining Order has been entered in this matter preventing you<br />

from taking any action which would negatively impact the current financial<br />

status of either party.<br />

SEE Supplemental Probate court Rule 411<br />

You are hereby summoned and required to serve upon:<br />

Lesly Chery<br />

7 Rosebery Rd<br />

Hyde Park, MA 02136<br />

Your answer, if any, on or before 02/24//<strong>2020</strong>. If you fail to do<br />

so, the court will proceed to the hearing and adjudication of<br />

this action. You are also required to file a copy of your answer,<br />

if any, in the office of the Register of this Court<br />

Witness, Hon, Brian J. Dunn, First Justice of the Court<br />

Date January, 22, <strong>2020</strong><br />

Register of Probate<br />

Fabián Kovacic: C’est un défi<br />

pour tous les gouvernements progressistes<br />

de la région. Comment réagir<br />

aux nouvelles attentes suscitées par<br />

les améliorations obtenues grâce aux<br />

actions du gouvernement?<br />

Evo Morales: C’était un défi<br />

pour notre gouvernement, et il y a encore<br />

beaucoup de chemin à parcourir<br />

avant de savoir comment réagir et<br />

aller de l’avant. Dans le domaine de<br />

la gestion, nous avons élaboré sur la<br />

base des données recueillies et sommes<br />

arrivés à la conclusion que les<br />

subventions publiques exagérées exercent<br />

une ponction sur l’économie<br />

nationale. Elles ne garantissent pas<br />

l’avenir économique du pays. Les<br />

investissements publics réalisés pour<br />

développer l’appareil productif doivent<br />

être combinés avec les aspects sociaux<br />

et d’emplois. C’est de là que vient la<br />

redistribution des richesses, qui permet<br />

de mettre fin à la pauvreté.<br />

Fabián Kovacic: Ceux qui,<br />

selon vous, exigent trop du gouvernement<br />

actuel, sont-ils ceux qui, en<br />

novembre, demandaient sa démission?<br />

Je veux parler de la Centrale des<br />

travailleurs boliviens (COB) et de certains<br />

syndicats miniers.<br />

Evo Morales: Je ne dirais pas<br />

cela… Je pense que la demande de ma<br />

démission relevait d’un sentiment de<br />

peur. Je ne comprenais pas moi-même<br />

comment la COB pouvait exiger ma<br />

démission, ce qui aboutissait à donner<br />

une chance à la droite. C’était une<br />

erreur politique de la part de la COB,<br />

mais pas à cause des revendications<br />

sectorielles dont j’ai parlé plus tôt.<br />

Parce qu’ils ont eux-mêmes proposé<br />

que je sois candidat à la présidence,<br />

ont défendu ma candidature et se sont<br />

mobilisés pour elle. Il y a eu un moment<br />

où la peur s’est emparée d’eux et<br />

ils ont lancé un appel pour ma démission.<br />

Ils considéreront cela comme<br />

une erreur historique.<br />

Fabián Kovacic: La candidature<br />

d’Andrónico Rodríguez<br />

[vice-président des Seis Federaciones<br />

Cocaleras del Trópico de Cochabamba]<br />

et d’Orlando Gutiérrez, dirigeant de la<br />

COB, marque-t-elle une différence entre<br />

le MAS, la COB et les mineurs?<br />

Evo Morales: Non. Nous sommes<br />

unis. Il n’y a jamais eu quatre<br />

candidats auparavant. Nous sommes<br />

tous convaincus que l’unité est importante,<br />

car quiconque a la responsabilité<br />

de diriger le nouveau processus<br />

Suffolk Probate and Family Court<br />

24 New Chardon Street<br />

Boston, MA 02114<br />

compte sur le soutien de tous.<br />

Le modèle extractiviste<br />

Fabián Kovacic: Une des<br />

questions communes aux gouvernements<br />

progressistes ou de gauche ces<br />

dernières années est la création de<br />

richesses à travers une matrice similaire<br />

à celle du néolibéralisme: l’extractivisme.<br />

Comment traiter ce problème?<br />

Evo Morales: Le système capitaliste,<br />

en plus de détruire la planète,<br />

veut que les pays dits sous-développés<br />

le prennent en charge, mais à son<br />

propre avantage. Je ne partage pas ce<br />

point de vue. Bien sûr, nous devons<br />

prendre soin de l’environnement, et<br />

j’en suis convaincu. L’être humain ne<br />

pourra pas vivre sans sa terre-mère.<br />

Et elle existerait mieux sans l’être humain.<br />

Dès lors, nous avons fait valoir<br />

les droits de la Terre mère auprès des<br />

Nations unies. Il y a seulement un peu<br />

plus de 70 ans [décembre 1948] que<br />

le monde a réalisé que les êtres humains<br />

ont des droits et que se sont affirmés<br />

les droits de l’homme, les droits<br />

politiques, sociaux et économiques. Et<br />

ce n’est qu’en 2007 [13 septembre]<br />

que la Déclaration sur les Droits des<br />

Peuples indigènes a été adoptée par<br />

les Nations unies. Mais le plus important<br />

ici est que les droits de la terremère<br />

n’existent pas. Sans la terremère,<br />

il n’y a pas de vie, et donc pas<br />

d’humanité.<br />

Lorsqu’il s’agit d’utiliser nos<br />

ressources naturelles avec une planification<br />

à court, moyen et long terme<br />

qui respecte les droits de la terre, mais<br />

cela n’avait pas été mis en œuvre<br />

antérieurement en Bolivie. Lorsque<br />

le néolibéralisme a exploité le pétrole<br />

dans les réserves forestières, il n’y<br />

avait personne pour se plaindre, ni les<br />

ONG, ni les fondations [privées dites<br />

écologistes]. Lorsque nous sommes<br />

arrivés au gouvernement et avons<br />

commencé à explorer les zones de réserves<br />

naturelles, les protestations ont<br />

commencé, financées par les Etats-<br />

Unis ou par des multinationales.<br />

Fabián Kovacic: Il y a des secteurs<br />

de la gauche non financés par les<br />

Etats-Unis qui se plaignent du modèle<br />

extractiviste?<br />

Evo Morales: Qui sont ces secteurs<br />

en Bolivie? Ce sont les troskos<br />

[qualificatif qui renvoie à l’attitude<br />

de certains secteurs de la dite gauche<br />

radicale en Bolivie] qui adoptent de<br />

fait une position proche de l’extrême<br />

droite. On entend maintenant en Bolivie<br />

la phrase «Une autre gauche est<br />

possible». Et c’est ce que disent les<br />

troskos. Pendant le coup d’Etat, ils<br />

n’ont même pas organisé de manifestation<br />

contre la nouvelle dictature, et<br />

ils se disent à gauche. Je ne peux pas<br />

parler de ce qui se passe dans d’autres<br />

pays avec cette question de l’exploitation<br />

des ressources naturelles. Mais<br />

je vais vous dire ce que nous avons<br />

fait en Bolivie. Nous avons donné une<br />

valeur ajoutée à nos ressources naturelles<br />

afin de ne pas dépendre de la<br />

science et de la technologie [liées aux<br />

transnationales]. C’était une priorité.<br />

Quel est le problème que nous<br />

avons, non seulement les Sud-Américains,<br />

mais l’ensemble du continent<br />

latino-américains [depuis le Mexique]?<br />

Certains pays proposent une<br />

libération politique, sociale et culturelle.<br />

Et mon expérience me dit que<br />

nous devons l’accompagner d’une<br />

libération économique. Une libération<br />

politique ou idéologique sans libération<br />

économique n’a pas beaucoup<br />

d’avenir. Nous avons garanti cette<br />

libération économique et politique par<br />

des nationalisations. Mais le grand<br />

problème de l’Amérique latine est qu’il<br />

faut ensuite passer de la nationalisation<br />

à l’industrialisation, avec la science<br />

et la technologie.<br />

Fabián Kovacic: Et cela n’est<br />

pas réalisé avec les technologies dites<br />

propres?<br />

Evo Morales: Nous devons le<br />

réaliser, bien sûr, conjointement à la<br />

défense de la terre-mère et en cherchant<br />

et en débattant de nouvelles<br />

voies. Mais pour cela, nous, les Latino-Américains,<br />

devons progresser<br />

dans le domaine de la science et de la<br />

technologie.<br />

Le coup d’Etat et l’OEA<br />

Fabián Kovacic: Parler du coup<br />

d’Etat: déjà en 2015 et 2016, Nicolas<br />

Maduro du Venezuela et «Pepe» Mujica<br />

en Uruguay avaient désavoué et<br />

critiqué le rôle du secrétaire général<br />

de l’OEA, Luis Almagro [uruguayen].<br />

Pourquoi avez-vous, même avec le<br />

coup d’Etat en préparation, mis autant<br />

de temps à réaliser le rôle que vous<br />

attribuez maintenant à Almagro, qui<br />

va dans la même direction?<br />

Evo Morales: C’était une erreur<br />

de la part du gouvernement national<br />

[en référence à son gouvernement].<br />

Almagro a un double discours. Il a<br />

fait l’éloge de notre économie, du processus<br />

de changement. Mais je comprends<br />

qu’il est un agent de l’empire<br />

états-unien et qu’il opère avec des<br />

plans contre le peuple, même sans<br />

respecter les statuts fondateurs de<br />

l’OEA. En tant que Bolivien et ancien<br />

président, je dois reconnaître que<br />

c’était une erreur de croire que Luis<br />

Almagro pouvait garantir un processus<br />

démocratique dans notre pays.<br />

Mais malgré le rapport final de<br />

l’audit électoral [qui a «constaté» des<br />

irrégularités], nous avons gagné au<br />

premier tour [après dépouillement de<br />

83% des votes, le décompte est suspendu,<br />

ce qui débouche sur une contestation<br />

des résultats finaux; la crise<br />

s’ouvre alors]. Le rapport de l’OES fait<br />

état de 226 bureaux de vote présentant<br />

des irrégularités. Si c’est le cas,<br />

de nouvelles élections sont convoquées<br />

dans ces circonscriptions et pas<br />

dans toute la Bolivie. Si l’on prend en<br />

compte les 36’000 bureaux de vote du<br />

pays, 226 représentent bien de 1%.<br />

Même si tous ces votes avaient été<br />

comptés pour l’opposition, nous aurions<br />

quand même gagné au premier<br />

tour. C’est donc un coup de l’OEA.<br />

Réélection et référendum<br />

Fabián Kovacic: De nombreux<br />

gouvernements de gauche ou progressistes<br />

latino-américains n’ont pas été<br />

en mesure d’assurer une politique de<br />

leurs dirigeants. Comment remédier à<br />

cette lacune?<br />

Evo Morales: [Il hésite, regarde<br />

autour de la table et joue avec<br />

le magnétophone.] Je n’y croyais pas<br />

beaucoup… Mais maintenant, je suis<br />

convaincu que c’est une question importante.<br />

Je ne sais pas s’il s’agit de<br />

travailler ensemble pour établir un<br />

nouveau leadership ou quelle est la<br />

solution. Je n’ai jamais cru que le dirigeant<br />

qui a provoqué de profondes<br />

transformations dans chacun de ses<br />

pays était si important. Nous devons<br />

repenser cette situation.<br />

Quoi qu’il en soit, je pense toujours<br />

que le projet politique de libération,<br />

le programme du peuple, vient<br />

toujours en premier, et ensuite viennent<br />

les responsabilités correspondantes.<br />

C’est ainsi que cela devrait<br />

être. Mais il semble que ce sera une<br />

caractéristique de l’Amérique latine<br />

que le peuple dépende toujours d’un<br />

leader. Il faut changer la mentalité des<br />

Latino-Américains.<br />

Fabián Kovacic: Je vous pose<br />

cette question parce que vous avez<br />

perdu un plébiscite populaire en 2016<br />

[devant introduire une modification de<br />

la Constitution pour un mandat supplémentaire],<br />

alors que vous vouliez<br />

vous présenter à nouveau à la présidence.<br />

Or, selon diverses modalités,<br />

vous avez décidé d’insister sur l’argument:<br />

«le peuple a demandé ma<br />

candidature». Et finalement, tout cela<br />

s’est terminé par un coup d’Etat [fin<br />

octobre-novembre 2019]. Comment<br />

comprenez-vous ce raisonnement?<br />

Evo Morales: Dans ce référendum,<br />

le mensonge a gagné.<br />

Fabián Kovacic: Mais vous<br />

aviez vous-même admis que vous<br />

étiez préparé à une éventuelle défaite…<br />

Evo Morales: Mais, pour cette<br />

raison, différents secteurs sociaux et<br />

politiques ont réagi et ont cherché<br />

une autre voie constitutionnelle pour<br />

m’habiliter en tant que candidat. Ma<br />

candidature n’a pas été illégale ou inconstitutionnelle.<br />

En Amérique latine<br />

dans des cas exemplaires, la jurisprudence<br />

a été invoquée que ce soit au<br />

Honduras, au Nicaragua ou au Costa<br />

Rica… Ce n’est pas une invention de<br />

nous, les Boliviens.<br />

Les deux féminismes<br />

Fabián Kovacic: Il y a quelques<br />

mois, l’ancien vice-président du Nicaragua<br />

pendant la révolution sandiniste,<br />

Sergio Ramírez, a déclaré que la<br />

nouvelle gauche devait se concentrer<br />

sur la redistribution des richesses,<br />

mais pas sur la discussion de la suprématie<br />

du capital. Partagez-vous<br />

cette vision du rôle de la nouvelle<br />

gauche?<br />

Evo Morales: La distribution<br />

est importante, mais à part cela, il est<br />

important de combler progressivement<br />

les énormes écarts d’inégalité entre les<br />

familles. C’est la seule façon de garantir<br />

le socialisme communautaire, du<br />

XXIe siècle, comme vous voulez l’appeler.<br />

La santé et l’éducation doivent<br />

être des droits fondamentaux parmi<br />

les droits de l’homme. Et en plus de<br />

cela, il s’agit d’avoir une économie<br />

sans asymétries profondes, et pour<br />

cela la redistribution des richesses est<br />

importante.<br />

Fabián Kovacic: Comment<br />

voyez-vous la croissance du mouvement<br />

féministe en Amérique latine?<br />

Evo Morales: Je suis féministe.<br />

Je me suis battu depuis mes<br />

années de lutte syndicale jusqu’à la<br />

lutte électorale pour que nos sœurs<br />

aient les mêmes droits. Mais au sein<br />

du féminisme, il y a deux lignes. Pour<br />

un groupe de féministes, le premier<br />

ennemi est l’homme et pour un autre<br />

groupe, nous sommes une famille,<br />

nous tous, respectant les droits d’égalité<br />

et d’équité. En Bolivie, jusqu’en<br />

1952, les femmes étaient totalement<br />

marginalisées, tout comme le mouvement<br />

indigène. Ils n’ont pas pu participer.<br />

Et dans la politique électorale<br />

et syndicale, les femmes sont toujours<br />

plus honnêtes que les hommes.<br />

Fabián Kovacic: Pensez-vous<br />

que votre gouvernement a réussi à<br />

améliorer le statut des droits de la<br />

femme?<br />

Evo Morales: Totalement. Aujourd’hui,<br />

les femmes sont plus nombreuses<br />

à fréquenter le lycée et l’université,<br />

et plus nombreuses à exercer<br />

une profession libérale. L’espérance<br />

de vie s’est allongée et, surtout, il y<br />

a plus de femmes à l’Assemblée législative<br />

plurinationale. Nous sommes<br />

le deuxième ou le troisième pays au<br />

monde en termes de participation parlementaire<br />

des femmes.<br />

Fabián Kovacic: Vous avez eu<br />

quelques phrases machistes que la<br />

presse a compilées, comme celle qui<br />

dit «après mes années de mandat, je<br />

pars avec mon cato de coca [40x40m<br />

de culture de feuilles de coca], ma<br />

quinceañera [ma Miss] et mon charango<br />

[instrument à cordes des Andes<br />

proche de la guitare]»…<br />

Evo Morales: [Rires.] Je suis<br />

un blagueur, j’aime les chansons populaires.<br />

Et au Carnaval, les chansons<br />

populaires ont un caractère un peu<br />

macho. Mais dans ma gestion, comme<br />

jamais auparavant, l’égalité des sexes<br />

a été garantie. Je le répète, les blagues<br />

sont quelque peu épicées et machistes,<br />

tant dans les couplets que dans les<br />

vers. Mais toutes les femmes boliviennes<br />

savent que je suis féministe.<br />

Elections et plan B<br />

Fabián Kovacic: Quelles sont<br />

les données dont vous disposez, issues<br />

des sondages, pour l’élection du<br />

3 mai?<br />

Evo Morales: Avant de définir<br />

les candidats, le MAS était déjà en tête<br />

dans tous les sondages.<br />

Fabián Kovacic: Vous serez<br />

candidat?<br />

Evo Morales: Je ne me présente<br />

pas aux élections en ce moment.<br />

Fabián Kovacic: Que se passera-t-il<br />

si le MAS gagne les élections<br />

et que le gouvernement de la présidente<br />

par intérim Jeanine Áñez ne reconnaît<br />

pas son triomphe?<br />

Evo Morales: Cela nécessite un<br />

plan B. Je pense aussi que cela se produira.<br />

Mais il reste encore beaucoup<br />

de chemin à parcourir, il y aura des<br />

observateurs internationaux et le processus<br />

électoral bat son plein.<br />

Entretien publié dans<br />

l’hebdomadaire Brecha, le 31<br />

janvier <strong>2020</strong><br />

Traduction rédaction A l’Encontre<br />

1 er février <strong>2020</strong><br />

Vol 13 # 31 • Du 5 au 11 Février <strong>2020</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

15


Suite de la page (8)<br />

du Directeur de l’ULCC qui ne comprend<br />

pas la décision du Parquet. Il proteste<br />

auprès du chef hiérarchique du substitut<br />

qui est le Ministre de la justice. Me<br />

Claudy Gassant lance alors un deuxième<br />

mandat d’arrêt contre le fonctionnaire<br />

soupçonné de corruption. Celui-ci<br />

sera arrêté une seconde fois à l’aéroport<br />

international Toussaint Louverture<br />

de Port-au-Prince. Sans tarder, le<br />

même substitut auprès du Commissaire<br />

du gouvernement, Jeanty Souvenir,<br />

procèdera dans l’immédiat à la libération<br />

de Herby Alcantara qui semble<br />

sentir le souffle.<br />

Cette fois, Me Claudy Gassant<br />

rentre dans une colère folle et rentre en<br />

conflit ouvert et public avec ce substitut<br />

du Commissaire du gouvernement, le<br />

Ministre de la justice et toujours et encore<br />

le Ministre des Affaires étrangères.<br />

Dans la foulée, le Directeur général organise<br />

une journée porte ouverte sur les<br />

activités, la mission et le rôle de l’Unité<br />

de Lutte Contre la Corruption à laquelle<br />

le Président Jovenel Moïse a participé.<br />

En fait, le but de cette journée Porte<br />

ouverte sur l’institution était une façon<br />

d’informer le grand public sur les activités<br />

de l’ULCC et son combat contre ce<br />

fléau qu’est la corruption qui devient<br />

une seconde nature dans la fonction<br />

publique en Haïti et dans les institutions<br />

du pays. Mais, dans ce combat,<br />

ce que l’ex-Directeur semblait ignorer<br />

c’est qu’il était le seul à croire qu’il<br />

pourrait sortir victorieux d’une lutte<br />

dans laquelle il n’avait aucun soutien<br />

sérieux, si ce n’est de façade, des autorités<br />

et des pouvoirs publics.<br />

En donnant priorité à ce dossier<br />

de corruption à l’Ambassade d’Haïti<br />

à Santo Domingo, Gassant ne savait<br />

pas qu’il allait être le témoin du blocage<br />

de la lutte contre la corruption au<br />

plus haut de la hiérarchie du système<br />

administratif, politique et institutionnel.<br />

Me Gassant voulait aller vite, très vite,<br />

voire trop vite selon la plupart de ses<br />

amis dans sa quête de résultats contre<br />

ce cancer de la corruption. Il a démontré<br />

en très peu de temps que l’ULCC, si<br />

le gouvernement lui apportait sa pleine<br />

coopération, pourrait faire baisser à un<br />

taux très bas la corruption dans l’administration<br />

publique haïtienne. En à<br />

peine un mois et demi, il a mis en lumière<br />

ce qui empêche ou fait barrage à<br />

l’institution de faire son travail, surtout<br />

d’avoir des résultats. Si Me Gassant<br />

s’était contenté de jouir seulement des<br />

privilèges de la fonction, il aurait passé<br />

comme tous ses prédécesseurs des années<br />

dans cette fonction sans démontrer<br />

la capacité de l’ULCC à faire quoi que ce<br />

soit.<br />

Mais, ce n’est pas dans sa nature<br />

de rester enfermé dans un bureau<br />

sans rien faire ni sans servir à quelque<br />

chose. C’est l’obligation de résultat qui<br />

l’importe pas l’inverse. Comme d’habitude,<br />

en un temps record, Me Claudy<br />

Gassant a marqué son passage à la tête<br />

d’une institution publique haïtienne par<br />

ses coups d’éclats et son omniprésence<br />

dans les dossiers chauds. En moins de<br />

deux mois, il a sorti l’ULCC de l’anonymat<br />

et fait prendre conscience au grand<br />

public que la corruption n’est pas une<br />

fatalité. Elle peut être vaincue avec la<br />

volonté de bien faire. Un bon coup de<br />

pub aussi pour ce personnage haut en<br />

couleur que certains disaient avoir trahi<br />

la cause pour se rallier à un pouvoir<br />

plombé par la corruption qui pensait<br />

s’acheter à peu de frais une bonne conduite<br />

tout en se cachant derrière une<br />

personnalité intègre, en tout cas, qui<br />

a fait preuve de lucidité pour ne pas<br />

tomber dans le piège que le Palais national<br />

lui avait tendu. Quoiqu’on dise,<br />

dans cette affaire, Me Claudy Gassant<br />

est sorti tête haute et a même grandi<br />

devant ses pairs et devant la population.<br />

Puisque, même le pouvoir n’a pas<br />

trouvé de motif acceptable et valable<br />

pour expliquer les raisons du limogeage<br />

de cet enfant terrible de la République.<br />

Certes, pour masquer ses erreurs dans la<br />

révocation du Directeur général de l’UL-<br />

CC, le Président Jovenel Moïse a profité<br />

pour procéder à un jugement à la Salomon<br />

en mettant fin au mandat de tous<br />

les protagonistes du dossier.<br />

A commencer par celle par qui<br />

le scandale a éclaté, madame Judith<br />

Exavier, qui a été aussi révoquée par<br />

un courrier laconique de son Ministère<br />

de tutelle en ces termes « Il a été décidé<br />

de mettre fin à vos fonctions de chef<br />

de poste au Consulat général d’Haïti<br />

à Santiago ». Si Me Gassant a vite été<br />

remplacé par Rockfeller Vincent, un<br />

natif du département du Nord comme<br />

Jovenel Moïse, celui avec qui le dialogue<br />

fut tendu, le substitut du Commissaire<br />

du gouvernement, Me Jeanty<br />

Souvenir, qui a procédé à deux fois à<br />

la mise en liberté du ressortissant haïtiano-dominicain,<br />

a été suspendu dans<br />

sa fonction. Car, le Ministre de la justice,<br />

Jean Roudy Aly, eut à écrire « La<br />

présente est pour vous informer qu’il a<br />

été décidé de vous mettre en disponibilité<br />

sans solde, en attendant le résultat<br />

de l’enquête menée autour des faits<br />

qui vous sont reprochés ». Et naturellement,<br />

celui sur qui pèsent de fortes<br />

soupçons de corruption et utilisant<br />

plusieurs titres de voyage, le deuxième<br />

Secrétaire à l’Ambassade d’Haïti en République<br />

Dominicaine, Herby Alcantara<br />

ou Alcante Désormeaux.<br />

Comme pour sa collègue Judith<br />

Exavier, Alcantara s’est vu mettre fin<br />

à ses fonctions au Ministère des affaires<br />

étrangères par le gouvernement.<br />

Rappelons que ce monsieur dont on<br />

ignore réellement sa vraie identité est<br />

enregistré comme citoyen dominicain<br />

sous le registre N° 224-0036121-2 du<br />

Ministère dominicain de l’intérieur. Si<br />

la révocation de Me Claudy Gassant à<br />

la tête de l’ULCC n’a pas été prise en<br />

compte dans le dernier Rapport annuel<br />

de l’ONG Transparency International sur<br />

l’indice de perception de la corruption<br />

dans le monde, elle va être scrupuleusement<br />

analysée en aval par les spécialistes<br />

de l’agence. Surtout que d’après ce<br />

Rapport, Haïti occupe la première place<br />

à ses dépens dans la perception de la<br />

corruption pour l’année 2019. Le pays<br />

est placé 168 e sur 180 pays, autant dire<br />

que le monde entier regarde Haïti comme<br />

l’un des pays le plus corrompu des<br />

Amériques juste derrière le Venezuela<br />

dont on connaît l’attitude de certaines<br />

institutions internationales sous l’influence<br />

du gouvernement américain<br />

depuis quelque temps.<br />

Une chose est sûre, le passage<br />

éclair de ce météore nommé Gassant<br />

qui a frôlé l’atmosphère du pouvoir<br />

et sa révocation expresse vont rester<br />

comme une tache indélébile pour la<br />

présidence de Jovenel Moïse et l’administration<br />

de Jean-Michel Lapin, son Premier<br />

ministre par intérim depuis bientôt<br />

une année. Cette révocation brutale et<br />

sans manière prouve une chose, les<br />

dirigeants haïtiens ne sont pas encore<br />

prêts à accepter et laisser fonctionner<br />

en toute indépendance l’Unité de Lutte<br />

Contre la Corruption tant qu’ils veulent<br />

protéger leurs arrières. En mettant fin<br />

ainsi au mandat de Me Claudy Gassant,<br />

le Président Jovenel Moïse fait planer le<br />

doute sur les accusations de corruption<br />

dont il fait l’objet, d’ailleurs bien avant<br />

son accession à la présidence de la République.<br />

C.C<br />

Suite de la page (12)<br />

dégâts considérables dans les<br />

champs. Les récoltes furent compromises.<br />

Elle était belle, ma pauvre<br />

mère. Le maître de la somptueuse<br />

résidence avait bu, comme tous les<br />

soirs d’ailleurs. Et il avait choisi<br />

de se dégriser dans le corps de ma<br />

mère. Elle avait pris l’habitude de la<br />

violer à répétition, jusqu’au jour où<br />

elle était tombée enceinte. Alors, il<br />

décida de la chasser. Il l’avait mise<br />

à la porte avant que son épouse n’en<br />

fût tenue au courant. Ma mère était<br />

donc retournée chez ses parents dans<br />

la localité dénommée Bassin. Malgré<br />

tout, le jeune paysan qui n’arrêtait<br />

pas de lui faire la cour depuis qu’elle<br />

était adolescente accepta de se placer<br />

avec elle. Il m’a donné son nom et il<br />

m’a adopté. Je suis un bâtard. Mon<br />

père et ma mère ont été assassinés<br />

par un grand don, un chef de section<br />

à la solde du gouvernement. C’est à<br />

cause de cela que je me suis retrouvé<br />

chez des sorciers bien nantis.<br />

– Mais quel rapport y-a-til<br />

entre ce garçon que vous traitez<br />

comme un esclave et l’histoire tragique<br />

de votre vie personnelle?<br />

– Le rapport: c’est que je<br />

me suis débrouillé pour trouver mon<br />

chemin tout seul. Il doit en faire autant.<br />

Personne ne m’est venu en aide<br />

au moment où j’en avais besoin. J’ai<br />

volé pour manger. J’ai tout fait pour<br />

rester accroché à la vie.<br />

VENUS<br />

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– Et vous vous vengez sur<br />

un petit innocent?<br />

– Il devrait remercier Alicia<br />

de l’avoir sorti de son trou plutôt que<br />

de se comporter en ingrat vis-à-vis<br />

de nous.<br />

– C’est vous qui devriez le<br />

remercier de tous les services qu’il<br />

est en train de vous rendre tous les<br />

jours, de toutes les tâches ingrates<br />

qu’il exécute chez vous, de tous les<br />

efforts surhumains qu’il déploie pour<br />

mériter de ronger les os que vous<br />

laissez dans vos assiettes.<br />

– Vous n’avez pas le droit<br />

de dire cela de nous.<br />

– Oh si, j’ai tout à fait le<br />

droit. Et permettez-moi de vous dire<br />

que vous aurez à payer un jour votre<br />

méchanceté envers ce gamin sans<br />

défense. Lorsque ses parents apprendront<br />

comment vous l’avez maltraité,<br />

ils ne vous le pardonneront pas.<br />

Monsieur Gesner, pensez au revers<br />

de la vie.<br />

– Vous me menacez?<br />

– Non! Je voulais tout simplement<br />

vous rappeler que le mal<br />

peut durer longtemps, mais pas toujours.<br />

C’est le Prophète qui l’a dit:<br />

« Un temps pour chaque chose. Un<br />

temps pour rire, un temps pour pleurer.<br />

»Au revoir monsieur Gesner!<br />

Peu de jours après cette intervention<br />

courageuse de mademoiselle<br />

Nady auprès de Gesner pour le<br />

persuader de la nécessité d’envoyer<br />

Éris à l’école du quartier, le vieil oncle<br />

de Clotilde, Fontilus, est venu rendre<br />

AMBIANCE<br />

EXPRESS<br />

visite au fils de sa nièce. Il était de<br />

passage dans la ville et Clotilde lui<br />

avait demandé de rapporter des<br />

nouvelles de l’enfant. Dès qu’Alicia<br />

a remarqué la présence de Fontilus<br />

devant la porte qui donnait sur la<br />

rue, dressé sur un vieux cheval qui<br />

paraissait avoir l’âge de son cavalier,<br />

elle est allée avertir son concubin impulsif.<br />

Le couple hautain a échangé<br />

quelques mots à voix basse, pendant<br />

que Gesner se tordait nerveusement<br />

le menton et se fronçait les sourcils.<br />

Il était fou de rage. Puis, malgré luimême,<br />

se portait à la rencontre du<br />

vieillard visiblement éreinté. Il ne<br />

l’avait jamais rencontré auparavant.<br />

– Bonjour monsieur, vous<br />

semblez chercher quelqu’un… Puisje<br />

vous aider?<br />

– Oui, mon garçon! Je m’appelle<br />

Fontilus… C’est bien ici la maison<br />

d’Alicia, la sœur d’Éliphète, le<br />

mari de ma nièce Clotilde …<br />

– Exact, et je suis Gesner…<br />

Alicia n’est pas à la maison. Elle a<br />

emmené Éris avec lui. Vous savez, la<br />

tante et le neveu sont inséparables.<br />

Je lui dirai que vous êtes passé voir<br />

Éris.<br />

– Clotilde m’a prié de lui donner<br />

des nouvelles au retour, je vais<br />

retrouver Éloïse au marché et tous<br />

les deux, nous repasserons plus<br />

tard. Au revoir, mon garçon!<br />

Entre-temps, Gesner a eu le<br />

temps de couper les cheveux touffus<br />

et sales d’Éris avec les vieux ciseaux<br />

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(Entre E. 51 et Utica)<br />

10h am – 10h pm<br />

qu’Alicia s’est empressée d’aller<br />

emprunter chez André, le petit marchand<br />

tailleur qui confectionnait des<br />

habits pour les hommes et les garçons<br />

du quartier. André a même accepté<br />

de lui prêter un pantalon court<br />

et une chemise de la taille du petit<br />

domestique qu’il avait enlevés du lot<br />

de commande d’un de ses clients.<br />

Elle avait déniché une paire de tennis<br />

en bon état chez les Philistin qui, fort<br />

heureusement, faisait bien l’affaire<br />

du garçonnet.<br />

Lorsque Fontilus est repassé<br />

quelques heures plus tard, dans<br />

l’après-midi, il trouvait le petit Éris<br />

un peu amaigri, mais propre, apparemment<br />

bien portant. Alicia lui a<br />

raconté que l’enfant a du chagrin à<br />

cause de ses parents qu’il n’a pas<br />

vus quand même longtemps, mais<br />

qu’il apprenait très bien à l’école, et<br />

demain, sans doute, il deviendra un<br />

homme qui sera utile à Éliphète et à<br />

Clotilde, peut-être même un grand<br />

chef du pays.<br />

Fontilus est reparti satisfait<br />

et soulagé. Il a promis à Alicia et à<br />

Gesner de transmettre le message à<br />

Éliphète et à sa nièce. La promesse<br />

du paysan est sacrée. Fontilus avait<br />

donc la conscience tranquille. Éris,<br />

de son côté, était déçu. Il pensait<br />

que son grand oncle et Éloïse étaient<br />

venus le chercher pour le ramener<br />

à Éliphète et à Clotilde. Il avait envie<br />

de revoir ses frères, courir dans<br />

les champs avec ses petits cousins<br />

et cousines, plutôt que de marcher<br />

pieds nus dans les rues caillouteuses<br />

de la ville, plonger dans les eaux de<br />

la rivière La Quinte, au lieu de puiser<br />

de l’eau saumâtre dans le puits<br />

de Léa pour se laver et enfiler ensuite<br />

les mêmes guenilles qui couvrent son<br />

corps chétif, mettre sa petite bouche<br />

dans les mamelles des vaches<br />

comme Dieujuste et Lysius et laisser<br />

couler le lait dans sa « gargane »,<br />

jusqu’à se saouler comme Thermitus,<br />

le fils de Clercina qui le prenait dans<br />

ses bras quand il passait devant la<br />

maisonnette de Clotilde, même s’il<br />

titubait sur ses jambes déséquilibrées<br />

et affaiblies par l’alcool, régaler une<br />

bonne assiette de « mil à chandelle »<br />

mélangé à des haricots blancs et enrobé<br />

de la sauce blanche des petits<br />

poissons des chenaux, comme Clothilde<br />

en a le secret, plutôt que d’avaler<br />

sans respirer des bouchées fades<br />

de farine de maïs jaune qu’il prépare<br />

pour Diego le chien et lui-même. En<br />

regardant Fontilus et Éloïse enfourcher<br />

respectivement le cheval et la<br />

bourrique et s’éloigner de la maison<br />

de son calvaire quotidien, Éris retenait<br />

mal ses larmes et son chagrin. Il<br />

avait l’impression que son petit cœur<br />

triste, désespéré, découragé…, de<br />

façon prémonitoire, était en train de<br />

lui révéler un message angoissant,<br />

dramatique, funeste... que sa petite<br />

cervelle n’arrivait pas à décoder.<br />

Robert Lodimus<br />

(À suivre)<br />

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16 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol 13 # 31 • Du 5 au 11 Février <strong>2020</strong>


A Travers le Monde<br />

Quelques réflexions sur le « Deal » de<br />

Trump contre le peuple palestinien<br />

Le « Deal » du siècle, dévoilé par<br />

Trump mardi 28 janvier à Washington,<br />

en présence de Netanyahu,<br />

doit être caractérisé pour ce qu’il est<br />

: un plan d’expulsion totale du peuple<br />

palestinien de sa terre. C’est le sens<br />

de l’autorisation donnée par Washington<br />

à l’Etat sioniste d’annexer la<br />

vallée du Jourdain et l’ensemble des<br />

territoires des colonies israéliennes<br />

qui, depuis des années, grignotent<br />

sans cesse les « territoires autonomes<br />

palestiniens » des accords d’Oslo de<br />

1993 (Cisjordanie et Bande de Gaza).<br />

Tous les aspects de ce plan vont dans<br />

le même sens : le peuple palestinien<br />

doit disparaître. De ce point de vue,<br />

l’impérialisme US, pour ses propres<br />

raisons, autorise le sionisme à aller<br />

jusqu’au bout de sa logique colonisatrice<br />

d’expulsion des Palestiniens.<br />

Ce plan est promu par une<br />

fraction importante de la bourgeoisie<br />

américaine autour de l’administration<br />

Trump. Il a bien entendu été salué<br />

en Israël, tant par le Premier ministre<br />

Netanyahu que par son principal<br />

rival aux élections du 2 mars, Benny<br />

Gantz. Mais il n’aurait pu voir le<br />

jour sans le soutien des régimes arabes<br />

réactionnaires de la région, en<br />

particulier l’Arabie saoudite et les<br />

monarchies du Golfe, qui ont promis<br />

50 milliards de dollars de prétendus «<br />

investissements » dans le cadre du «<br />

volet économique » du « Deal ».<br />

Cependant, il est indispensable<br />

de répondre à une question : ce<br />

plan est-il, comme de nombreuses<br />

voix le prétendent, la « négation de<br />

la solution à deux Etats » ? Ou bien<br />

est-il l’aboutissement de la politique<br />

de partition de la Palestine depuis la<br />

résolution des Nations-Unies du 29<br />

novembre 1947, promue par l’impérialisme<br />

américain avec le soutien de la<br />

bureaucratie stalinienne de l’URSS ?<br />

Aux Etats-Unis, une fraction<br />

de la classe dirigeante, notamment<br />

par la voix des dirigeants du Parti<br />

démocrate, a fait connaître ses réserves<br />

sur le plan de Trump. Nancy<br />

Pelosi, porte-parole des Démocrates à<br />

la Chambre des représentants, estime<br />

ainsi que le plan de Trump « pose<br />

un certain nombre de questions, en<br />

particulier concernant l’annexion<br />

unilatérale, le gel de la colonisation,<br />

et le manque de négociations avec<br />

les Palestiniens ». « J’ai passé ma<br />

vie à travailler pour assurer la sécurité<br />

et la survie d’Israël comme Etat<br />

juif et démocratique. Ce n’est pas<br />

dans ce sens que va le plan », a dit<br />

de son côté le candidat aux primaires<br />

démocrates Joe Biden, car « un plan<br />

de paix suppose que les deux parties<br />

se réunissent ». Elizabeth Warren, autre<br />

candidate à la candidature du Parti<br />

démocrate, estime que « rendre public<br />

un plan sans négocier avec les Palestiniens,<br />

ce n’est pas de la diplomatie,<br />

c’est une imposture. Je m’opposerai à<br />

toute forme d’annexion unilatérale ».<br />

Bloomberg, le milliardaire bien connu,<br />

lui aussi dans la course à la primaire<br />

démocrate : « Tout plan (de paix –<br />

Ndlr) viable nécessite l’accord des<br />

deux parties. » Enfin, Bernie Sanders,<br />

le candidat de la « gauche » du<br />

Parti démocrate, a déclaré : « Tout<br />

accord de paix acceptable doit être<br />

conforme au droit international et<br />

aux multiples résolutions du Conseil<br />

de sécurité des Nations Unies. Il doit<br />

mettre fin à l’occupation israélienne<br />

qui a commencé en 1967 et permettre<br />

l’autodétermination palestinienne<br />

dans un État indépendant, démocratique<br />

et économiquement viable aux<br />

côtés d’un État d’Israël démocratique<br />

et en sécurité. » D’ailleurs, 12 sénateurs<br />

démocrates, dont Bernie Sanders,<br />

ont adressé une lettre ouverte à<br />

Trump exprimant leur « profonde inquiétude<br />

» qui se conclut ainsi : « La<br />

mise en œuvre unilatérale de ce plan<br />

Netanyahu et son allié à Washington, le président Donald Trump<br />

favorable à l’une des deux parties<br />

risque d’éliminer toute perspective de<br />

parvenir à une solution pacifique et<br />

viable à deux États. »<br />

Posons une première question<br />

: le plan de Trump est-il une rupture<br />

avec la politique « des deux Etats »,<br />

et donc avec les Accords d’Oslo qui,<br />

en 1993 avaient instauré l’Autorité<br />

palestinienne ?<br />

Partisan de la prétendue « solution<br />

des deux Etats », le journal Le<br />

Monde en France, affirme : le plan de<br />

Trump « dessine la perspective très<br />

lointaine d’un Etat palestinien croupion<br />

» sur quelques lambeaux de territoire.<br />

A la condition, ajoute Trump,<br />

que la direction palestinienne reconnaisse<br />

l’Etat d’Israël et qu’elle « rejette<br />

le terrorisme sous toutes ses formes ».<br />

Cet ersatz d’Etat, dit le plan Trump,<br />

sera « démilitarisé » : l’Etat sioniste<br />

sera responsable de la sécurité et du<br />

contrôle de son espace aérien et de<br />

ses « frontières ». « Sans contrôle des<br />

frontières et des axes de communication,<br />

l’Etat qu’on promet [aux Palestiniens]<br />

n’aura d’Etat que le nom »,<br />

s’indigne le journal Le Monde. Quant<br />

au droit au retour des réfugiés palestiniens,<br />

chassés de leurs terres en<br />

1948, revendication démocratique<br />

élémentaire, il est purement et simplement<br />

nié : « Les réfugiés palestiniens<br />

auront le choix entre vivre dans le<br />

futur Etat palestinien, s’intégrer dans<br />

les pays où ils résident actuellement,<br />

ou s’installer dans un pays tiers », affirme<br />

la Maison Blanche.<br />

Mais la vérité oblige à dire que<br />

toutes les caractéristiques de cet « Etat<br />

croupion » promis par Trump était<br />

déjà inclus dans les accords d’Oslo en<br />

1993.<br />

En 1993, la IV° Internationale<br />

reproclamée cette année-là, était le<br />

seul courant politique à mettre en garde<br />

contre les accords signés à Washington<br />

sous l’égide de Clinton, dans<br />

une déclaration publiée en septembre<br />

1993. Cette déclaration rappelait la<br />

renonciation, en 1988, de la direction<br />

palestinienne à la Charte nationale<br />

palestinienne, que Yasser Arafat avait<br />

déclarée « caduque », abandonnant la<br />

perspective d’une Palestine laïque et<br />

démocratique sur tout son territoire<br />

historique, et reconnaissant, de facto,<br />

l’Etat d’Israël. La déclaration citait<br />

le préambule des accords d’Oslo<br />

: « la solution de deux Etats, israélien<br />

et palestinien, vivant côte à côte, est<br />

possible à condition que la violence et<br />

le terrorisme cessent ».<br />

La déclaration citait également<br />

l’annexe 2 des accords d’Oslo qui<br />

précisait que dans les « territoires autonomes<br />

palestiniens », les fonctions<br />

suivantes ne relevaient pas de l’Autorité<br />

palestinienne : « la sécurité extérieure,<br />

les colonies de peuplement,<br />

les Israéliens, les affaires étrangères<br />

». L’Autorité palestinienne « démilitarisée<br />

», instaurée par Oslo, n’avait<br />

donc ni armée, ni contrôle des frontières,<br />

ni de son espace aérien, ni le<br />

contrôle de son propre territoire là<br />

où celuici était occupé par des colonies<br />

israéliennes. Précisons que les<br />

Accords d’Oslo furent complétés par<br />

l’Accord intérimaire sur la Cisjordanie<br />

et la Bande de Gaza (dit Oslo II ou «<br />

Accord de Taba », septembre 1995)<br />

divisant la Cisjordanie en trois zones<br />

: la zone A (18% du territoire) est entièrement<br />

sous contrôle palestinien,<br />

la zone B (22%) est sous contrôle «<br />

mixte », et la zone C (60%) est entièrement<br />

sous contrôle israélien.<br />

La déclaration de la IV° Internationale<br />

de septembre 1993 posait la<br />

question : « Premier pas vers un Etat<br />

palestinien ? En quoi « l’autogouvernement<br />

» (devenu ensuite Autorité<br />

palestinienne – NDR) en est-il un premier<br />

pas quand les enclaves de Gaza<br />

et de Jéricho restent sous le contrôle de<br />

l’armée israélienne, qui sera chargée<br />

d’appliquer les décisions de l’impérialisme<br />

américain ; quand l’eau, l’électricité,<br />

la défense, la terre, l’économie<br />

sont sous le contrôle de l’étranger ?<br />

» C’est un fait que le plan de Trump<br />

va bien plus loin que ce qui avait été<br />

imposé en 1993. Mais en quoi ce<br />

que propose aujourd’hui Trump est-il<br />

qualitativement différent ?<br />

Aussi, lorsqu’aujourd’hui les<br />

représentants de l’Autorité palestinienne,<br />

protestant contre le plan<br />

de Trump, à l’instar de Saëb Erakat,<br />

l’un des principaux négociateurs<br />

palestiniens menacent de « quitter<br />

les accords d’Oslo », ils auront du<br />

mal à faire oublier au peuple palestinien<br />

qu’ils ont accepté, en 1993, la<br />

même logique que ce qu’aujourd’hui<br />

l’impérialisme américain et son valet<br />

sioniste ne font que pousser jusqu’au<br />

bout.<br />

Ce qui nous amène à une deuxième<br />

réflexion. La principale tromperie<br />

de la prétendue « solution à<br />

deux Etats », c’est que, depuis 1947,<br />

il n’y a jamais eu de place, du point<br />

de vue de l’impérialisme, que pour un<br />

seul Etat.<br />

Comme nous l’écrivions en<br />

août 2017 dans la revue du CORQI,<br />

L’Internationale (N°7) : « des « deux<br />

États » qui étaient prévus par le<br />

plan de partage de l’ONU, un seul,<br />

l’État d’Israël, vit le jour, comme<br />

Quatrième Internationale (1947)<br />

l’avait prévu : « La création d’un<br />

État arabe indépendant en Palestine<br />

est hautement improbable. »<br />

D’abord parce que « le roi Abdallah<br />

de Transjordanie, l’agent n°1 de la<br />

City de Londres dans le monde arabe,<br />

pourrait tout à fait réussir à intégrer<br />

l’est de la Palestine à son royaume<br />

» (Quatrième Internationale). C’est<br />

ce qui se produira effectivement. La<br />

IVe Internationale, dès 1947, mettait<br />

à juste titre en garde contre les faux<br />

La Ligue arabe rejette le plan de<br />

Trump. Abbas rompt « toutes les<br />

relations » avec Israël et les USA<br />

Par Al Manar<br />

alliés du peuple palestinien : « Les<br />

effendis et les agents impérialistes,<br />

(…) les manœuvres des bourgeoisies<br />

égyptienne et syrienne », en deux<br />

mots les régimes arabes réactionnaires.<br />

Paroles prémonitoires. Car<br />

les illusions mortelles sur « l’aide »<br />

que les régimes arabes de la région<br />

(sans exception) pouvaient apporter<br />

à la révolution palestinienne furent<br />

à l’origine de bien des défaites sanglantes<br />

et des trahisons, de « Septembre<br />

noir » en Jordanie aux accords de<br />

Camp David entre l’Égypte de Sadate<br />

et Israël, en passant par la sécurisation<br />

de la frontière israélienne sur le<br />

plateau du Golan par le régime syrien<br />

d’Assad. Quant à la direction<br />

palestinienne, toutes fractions confondues,<br />

elle finira par renoncer, en<br />

1988, puis par les accords d’Oslo en<br />

1993, à la Charte nationale palestinienne,<br />

qui se fixait la libération de<br />

toute la Palestine pour y établir un<br />

État dont les citoyens, quelle que soit<br />

leur religion, seraient égaux en droit.<br />

Le renoncement à la Charte nationale<br />

réunit toutes les fractions de la direction<br />

palestinienne, y compris, hors de<br />

l’OLP, le Hamas, qui, le 1er mai 2017,<br />

s’est officiellement prononcé pour «<br />

un État dans les frontières de 1967<br />

» (c’est-à-dire Cisjordanie et Gaza).<br />

Or, il n’y a pas de « troisième voie<br />

» possible entre un État démocratique<br />

et la guerre d’extermination. «<br />

La seule alternative à une solution à<br />

deux États serait un État laïque et<br />

démocratique où juifs, musulmans et<br />

La Ligue arabe a annoncé le samedi<br />

1er février rejeter le plan de règlement<br />

du conflit israélo-palestinien<br />

annoncé plus tôt cette semaine par le<br />

président américain Donald Trump, affirmant<br />

qu’il était « injuste » envers les<br />

Palestiniens.<br />

En même temps, le président palestinien<br />

Mahmoud Abbas a annoncé<br />

la rupture de « toutes les relations »,<br />

y compris sécuritaires, entre l’Autorité<br />

palestinienne d’une part, et Israël et les<br />

Etats-Unis d’autre part.<br />

La ligue arabe a été convoquée<br />

pour une réunion extraordinaire<br />

au Caire des ministres des Affaires<br />

étrangères à l’invitation de l’Autorité<br />

palestinienne. Dans un communiqué<br />

publié à l’issue de la réunion, elle a<br />

annoncé qu’elle « rejetait l’accord (…)<br />

américano-israélien étant donné qu’il<br />

ne respecte pas les droits fondamentaux<br />

et les aspirations du peuple palestinien<br />

». La Ligue arabe a ajouté que<br />

les dirigeants arabes avaient promis «<br />

de ne pas (…) coopérer avec l’administration<br />

américaine pour mettre ce plan<br />

en œuvre ». Les responsables arabes<br />

ont également insisté sur la nécessité<br />

d’une solution à deux Etats, incluant la<br />

formation d’un Etat palestinien sur les<br />

frontières de 1967 avec pour capitale<br />

Jérusalem-Est, secteur palestinien de la<br />

ville occupée et annexée par Israël.<br />

En même temps, le chef de l’Autorité<br />

palestinienne rompait ses liens<br />

avec Israël et les USA « Nous vous<br />

informons qu’il n’y aura aucune sorte<br />

de relation avec vous (les Israéliens,<br />

NDLR) ainsi qu’avec les Etats-Unis, y<br />

compris en matière sécuritaire, à la lumière<br />

» du plan américain, qui est une<br />

« violation des accords d’Oslo » signés<br />

avec Israël en 1993, a-t-il dit.<br />

M. Abbas, qui a affirmé avoir<br />

transmis le message au Premier ministre<br />

israélien Benjamin Netanyahu, l’appelant<br />

à « prendre ses responsabilités<br />

en tant que puissance occupante » des<br />

Territoires palestiniens. Les Palestiniens<br />

« ont le droit de continuer leur lutte légitime<br />

par des moyens pacifiques pour<br />

mettre fin à l’occupation », a-t-il ajouté.<br />

Le plan américain, dévoilé le<br />

mardi 28 janvier par M. Trump prévoit<br />

notamment l’annexion de grandes parties<br />

de la Cisjordanie occupée par Israël.<br />

Parmi les nombreux points sensibles du<br />

projet figure l’annexion par Israël des<br />

colonies qu’il a implantées en Cisjordanie<br />

occupée depuis 1967, en particulier<br />

dans la vallée du Jourdain, qui doit<br />

devenir la frontière orientale d’Israël.<br />

Les colonies installées sur les territoires<br />

palestiniens occupés par Israël<br />

depuis 1967 sont jugées illégales par<br />

l’ONU, et une grande partie de la communauté<br />

internationale voit en elles un<br />

obstacle majeur à la paix.<br />

Selon le plan de Trump, l’Etat<br />

palestinien pourrait conditionnellement<br />

voir le jour au bout de 4 années<br />

de négociations avec les Israéliens, si<br />

les Palestiniens remplissent les conditions<br />

qui y sont prescrites. Il serait<br />

sans aucune souveraineté, démilitarisé<br />

et assiégé des quatre côtés. Si la colonisation<br />

israélienne de la Cisjordanie<br />

occupée s’est poursuivie sous tous les<br />

gouvernements israéliens depuis 1967,<br />

elle s’est accélérée ces dernières années<br />

sous l’impulsion de M. Netanyahu et<br />

de son allié à Washington, le président<br />

Donald Trump.<br />

Source : Avec AFP<br />

Comité Valmy 1er février <strong>2020</strong><br />

chrétiens seraient égaux », déclarait<br />

en février 2017 Saëb Erakat, de la<br />

direction palestinienne… pour immédiatement<br />

écarter cette « seule<br />

alternative », qui supposerait la rupture<br />

avec l’impérialisme, dont il ne<br />

veut pas. »<br />

Force est donc de constater que<br />

tous ceux qui aujourd’hui, prétendent<br />

opposer au plan de Trump les résolutions<br />

de l’ONU (à commencer par celle<br />

de novembre 1947) ou le « respect<br />

des Accords d’Oslo »… partagent avec<br />

Trump, qu’ils le veuillent ou non, un<br />

point d’accord majeur. A savoir que<br />

ce n’est pas au peuple palestinien<br />

de décider librement de son sort. Car<br />

toutes les « solutions » à la question<br />

palestinienne depuis 1947 sont<br />

fondées sur le fait que ce sont d’autres<br />

que le peuple palestinien qui décident<br />

de son sort, sur la négation du droit<br />

démocratique à l’autodétermination<br />

du peuple palestinien. Les organisations<br />

du Comité d’organisation pour la<br />

reconstitution de la IV° Internationale,<br />

si elles se prononcent pour l’unité la<br />

plus large du mouvement ouvrier et<br />

démocratique pour rejeter le « Deal »<br />

de Trump, ne manqueront pas de rappeler<br />

que, pour ce qui les concerne,<br />

c’est au peuple palestinien et à lui seul<br />

de décider de son sort.<br />

Comité d’organisation pour<br />

la reconstitution de la IVe<br />

Internationale N° 11 (Nouvelle<br />

série) – 1er février <strong>2020</strong> – corqi.<br />

ocrfi@gmail.com<br />

Vol 13 # 31 • Du 5 au 11 Février <strong>2020</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

17


Suite de la page (3)<br />

Jeunes de tout âge, vieux, hommes et<br />

femmes de toutes les classes sociales<br />

confondues exprimaient leurs joies et<br />

satisfactions. Sans tenir compte de leurs<br />

différences sociales, ils s’entrelaçaient les<br />

uns les autres. On pouvait lire sur presque<br />

tous les murs : Vive Haïti libérée,<br />

Deuxième indépendance.<br />

Avec ce départ, il y eut donc une<br />

absence de leadership et le besoin de le<br />

combler fut pressant. Dès l’aube, ce vide<br />

politique fut, à partir d’un accord entre<br />

l’oligarchie locale, l’armée et la communauté<br />

internationale, particulièrement<br />

les États-Unis, remplacé par un gouvernement<br />

civilo-militaire appelé Conseil<br />

National de Gouvernement (CNG).<br />

Il était composé de quatre militaires et<br />

deux civils, respectivement le Lieutenant<br />

Général Henri Namphy, président, et les<br />

Colonels, Williams Régala, Max Valles,<br />

Prospère Avril, Alix Cinéas et Gérard<br />

Gourgue étaient des conseillers. Le Conseil<br />

National de Gouvernement avec un<br />

mandat de deux ans, avait pour mission<br />

de stabiliser le pays, de le doter d’une<br />

nouvelle constitution et d’organiser des<br />

élections libres, honnêtes et démocratiques<br />

pour enfin passer le pouvoir à un<br />

gouvernement civil le 7 février 1988.<br />

Discours et actions du CNG<br />

Aux premières heures de leur investiture,<br />

le discours de ce Conseil National<br />

de Gouvernement (CNG) se voulait être<br />

un discours d’apaisement. Bégayant, le<br />

général lit ce qui suit : ‘’L’Armée ne nourrit<br />

aucune ambition politique et demeure<br />

au service des intérêts supérieures de la<br />

Patrie’’.<br />

Cependant, le discours du général<br />

n’avait pas pour autant apaisé tout le<br />

monde, particulièrement une partie de la<br />

population qui était en colère contre les<br />

macoutes..<br />

Ce qui explique, pendant<br />

qu’une foule aux Champs de Mars et<br />

ailleurs célébraient le départ du dictateur,<br />

d’autres étaient, par exemple, au<br />

cimetière de Port-au-Prince pour attaquer<br />

les tombeaux de François Duvalier<br />

dit Papa Doc et de l’ancien général<br />

de l’armée, Jacques Gracia. Plusieurs<br />

auteurs et journalistes qui commentaient<br />

sur les évènements qui ont eu<br />

lieu ce vendredi 7 février 1986 étaient<br />

unanimes á reconnaître que la journée<br />

était d’une part, pleine de réjouissance<br />

et d’autre part, de violences accrues, de<br />

chasse et de pillages de certaines personnes<br />

soupçonnées d’être des macoutes<br />

ou de connivence avec le régime déchu.<br />

Jusqu’avant les événements politiques<br />

de fin 1985 et du début 1986, internationalement,<br />

on a toujours vu Haïti<br />

comme un pays politiquement stable ou<br />

le citoyen haïtien est toujours présenté,<br />

en dépit de son état d’extrême pauvreté<br />

et de misère, comme un peuple docile et<br />

hospitalier. Mais la journée du 7 février<br />

1986 a permis de se faire une autre idée<br />

sur ce peuple. D’une part, manipulés<br />

par des leaders au discours violents, et<br />

d’autre part, animés de l’idée de vengeance<br />

contre les macoutes qui pendant<br />

vingt-neuf ans faisaient non seulement<br />

de sales besognes pour les dictateurs,<br />

mais aussi des abus personnels sur la<br />

population, des jeunes aussi bien des<br />

adultes avec leurs actions empruntées<br />

de violence présentaient des images<br />

horribles au monde extérieur. Avec des<br />

pneus usagés des voitures, communément<br />

appelés « père Lebrun », les macoutes<br />

une fois tués á coups de pierres ou<br />

de machettes, étaient arrosés avec de la<br />

gazoline pour être brulés vifs.<br />

Dans des stations de radio, les Églises<br />

catholiques et protestantes á travers<br />

des prêtres et pasteurs modérés aussi<br />

bien que des leaders de droits humains<br />

ont appelés le peuple au calme et á la<br />

pondération. De même, le chef du gouvernement<br />

de transition avait demandé<br />

au peuple de garder le calme. Comme<br />

cette violence continuait pendant toute la<br />

journée du 7 février, donc dans l’aprèsmidi,<br />

un couvre-feu fut établi sur tout<br />

le territoire ou l’Armée et les agents de<br />

police essayaient de patrouiller la ville de<br />

Port-au-Prince.<br />

Comme, dans le cadre de protection<br />

des vies et des biens, les forces<br />

de l’ordre ne pouvaient pas, en même<br />

temps, intervenir dans tous les coins du<br />

pays, ainsi on a eu, nationalement, des<br />

dérapages. Le bilan était lourd en termes<br />

de pertes de vies humaines, biens<br />

et immeubles des membres du régime<br />

déchu. Certaines maisons aussi bien que<br />

des magasins soupçonnés d’appartenir<br />

á des macoutes et barons du régime<br />

furent saccagés et pillés. Il faut toutefois<br />

mentionner que certains macoutes qui,<br />

probablement étaient zélés ailleurs, mais<br />

bons enfants dans leurs quartiers étaient<br />

épargnés par des voisins ou des jeunes<br />

dans leurs zones de résidences ou de<br />

fréquentations. Entre-temps, le peuple,<br />

dans le cadre de ses expressions de réjouissances,<br />

n’écrivait pas seulement sur<br />

les murs des slogans de : Haïti libérée<br />

ou deuxième indépendance, on pouvait<br />

aussi lire des slogans comme : Abas<br />

les macoutes, Abas Jean-Claude et sa<br />

femme, Michèle.<br />

Haïti après le 7 février 1986<br />

Le départ le 7 février 1986 du régime<br />

des duvalier a laissé un bilan négatif.<br />

Le bilan était lourd pour vingt-neuf années<br />

de régime. C’était un pays complètement<br />

en retard par rapport aux<br />

autres pays du continent, spécialement<br />

la République Dominicaine avec qui<br />

Haïti partage la frontière. Mis á part des<br />

deux routes nationales 1 et 2, l’accès<br />

aux localités reculés du pays restait á<br />

désirer. L’Haïti de l’après Jean-Claude<br />

était encore au stade archaïque. Il n’y<br />

avait pas assez d’hôpitaux, d’écoles<br />

primaires et secondaires pour les enfants,<br />

centres professionnels et universités<br />

pour les jeunes. Les paysans<br />

dans les grandes villes comme dans les<br />

provinces reculées étaient abandonnés<br />

á eux-mêmes. L’état des routes et des<br />

maisonnettes dans certaines localités<br />

aussi bien que le style de vie des habitants<br />

étaient encore comme á l’époque<br />

de la guerre de l’indépendance.<br />

Face à ce constat, le gouvernement<br />

de transition avait du pain sur<br />

la planche. Mais, était-il en mesure de<br />

combler le fossé de presque deux cents<br />

ans d’inégalité entre ceux-là qui possèdent<br />

toutes les richesses du pays et ceux<br />

qui n’ont absolument rien. Le général,<br />

avait-il la possibilité, la vision, l’expérience<br />

et la bonne volonté pour répondre<br />

aux attentes du peuple haïtien qui avait<br />

tant souffert surtout des vingt-neuf<br />

dernières années de dictature des Duvalier<br />

? Était-il en mesure de se conduire en<br />

vrai chef capable de prendre les bonnes<br />

décisions pour le pays ou une marionnette<br />

facile d’être influencé et intimidé<br />

par l’oligarchie haïtienne et leurs alliés de<br />

la communauté internationale ?<br />

Bref, immédiatement après le<br />

départ de Duvalier, le Conseil National de<br />

Gouvernement avait pris deux grandes<br />

mesures comme : le retour du drapeau<br />

bleu et rouge le 17 février 1986 et, la<br />

dissolution du corps de Volontaire de la<br />

Sécurité Nationale (VSN) crée par le docteur<br />

François Duvalier.<br />

Si ce maquillage politique permettait<br />

à certains d’espérer un changement<br />

de situations pour les gens dans les quartiers<br />

populaires et le pays en général, par<br />

contre, les plus prudents n’avaient pas<br />

fait confiance à ces militaires au pouvoir.<br />

Quand on sait ils sont tous des cadets qui<br />

ont non seulement suivis des formations<br />

aux États-Unis, mais qui ont aussi fait<br />

carrière durant la dynastie des duvalier,<br />

donc espérer quelques choses de positif<br />

pour le pays par des militaires qui ont des<br />

affinités avec le statuquo local et international,<br />

serait de la naïveté. Quant aux<br />

optimistes qui rêvaient d’un lendemain<br />

meilleur pour les classes défavorisées en<br />

particulier, et le pays en général, par les<br />

gestes de dissolution du Corps des VSN<br />

et le retour des couleurs du drapeau au<br />

bleu et rouge, suivis de belles promesses<br />

et discours du général, ils pensaient que<br />

le régime militaire de transition allait converger<br />

toutes les force vives, internes et<br />

externes de la nation vers un consensus<br />

de changement.<br />

Mais, après le slogan de ‘’banboch<br />

demokratik’’ du président du<br />

Conseil National de Gouvernement, les<br />

mois précédant le discours du matin du<br />

7 février 1986, avec la tuerie des manifestants<br />

le 26 avril 1986 par devant la<br />

prison de Fort Dimanche, de juillet 1987<br />

contre des manifestants qui protestent<br />

contre des décrets de lois électorales<br />

jusqu’aux élections avortées du dimanche<br />

29 novembre 1987, le pays était très<br />

mouvementé.<br />

Effectivement, Haïti avait connu<br />

des bouleversements de rues, protestations,<br />

persécutions, arrestations et assassinats<br />

des leaders communautaires, des<br />

associations des travailleurs, des organisations<br />

d’étudiants aussi bien que des<br />

leaders politiques en plein jour. Parmi<br />

ces assassinats qui ont porté la marque<br />

fabrique des militaires, celui de l’avocat<br />

et ancien militaire Yves Volel en octobre<br />

1987 au grand jour devant le Grand<br />

Quartier Général de la Police de Port-au-<br />

Prince, est un cas classique d’un régime<br />

sanguinaire macoute.<br />

Mais le régime militaire avait d’autres<br />

plans beaucoup plus macabres dans<br />

leur arsenal. Puisque, avec la complicité<br />

des nostalgiques duvaliéristes et des militaires<br />

en civil á bord des voitures pickup,<br />

cagoulés, munis de leurs armes automatiques,<br />

machettes, ils blessaient et<br />

tuaient les votants dans les bureaux de<br />

votes pour une fois de plus, endeuiller,<br />

ensanglanter la famille haïtienne. Ainsi,<br />

se matérialisait ce que, dans les premiers<br />

jours du gouvernement de transition,<br />

redoutaient certains analystes et critiques<br />

: le refus pour le duvaliérisme sanguinaire<br />

d’accepter la marche évolutive<br />

de l’histoire.<br />

Le massacre des électeurs à la<br />

Ruelle Vaillant le 29 novembre 1987<br />

L’armée, dans sa politique traditionnelle<br />

comme elle l’avait fait en 1957 pour le<br />

docteur François Duvalier, voulait, en<br />

novembre 1987, effectivement organiser<br />

des élections orientées, dirigées<br />

pour un groupe de candidats. Mais<br />

l’hypocrisie et la mesquinerie du jeu de<br />

double langage de certains leaders de la<br />

classe politique á pouvoir participer aux<br />

élections avait dans une certaine mesure<br />

désamorcée l’atmosphère électoral<br />

et du même coup facilité l’armée dans<br />

leur jeu macabre. Au lendemain même<br />

du 7 février, certains leaders de la classe<br />

politique haïtienne ont toujours été indécis<br />

en termes de leur participation<br />

effective dans un processus de pouvoir<br />

démocratique. Avec des discours<br />

révolutionnaires et de changement de<br />

condition des masses, bon nombre de<br />

leaders politiques n’étaient toujours pas<br />

d’accord comment accéder au pouvoir.<br />

Dans leurs prises de positions toujours<br />

codés et empruntés du double langage<br />

et de marronnage, il y avait certains qui<br />

préconisaient la prise du pouvoir par la<br />

force et d’autres qui voulaient le prendre<br />

par la légalité, mais avec la faveur<br />

bien entendu de l’armée et de la communauté<br />

internationale.<br />

Ce qui fait, en dépit des signaux<br />

indicateurs depuis des mois que l’armée<br />

n’était pas déterminée á prendre le chemin<br />

de la démocratie et du progrès que<br />

réclamait le peuple après le départ de<br />

Duvalier, quoique divisé sur comment et<br />

par quel moyen ils peuvent le faire, certains<br />

leaders du secteur dit démocratique<br />

avaient opté d’accompagner les masses<br />

populaires dans la lutte pour le changement<br />

d’un état de droit dans le pays.<br />

Avec une nouvelle constitution et une<br />

d’institution pour organiser des élections,<br />

surtout après plusieurs tentatives pour<br />

forcer le régime militaire á partir, donc<br />

vers la fin de l’année 1987, il y avait<br />

une fièvre électorale. Mais les secteurs<br />

nostalgiques du duvaliérisme, avaient<br />

vite, une fois qu’ils s’étaient vus écartés<br />

du processus électoral, recouraient á la<br />

violence pour pouvoir empêcher le bon<br />

déroulement et fonctionnement du scrutin<br />

démocratique.<br />

Le souvenir du massacre de la Ruelle<br />

Vaillant lors des élections générales a<br />

pratiquement inauguré l’ère des massacres<br />

du peuple haïtien pour étouffer ses<br />

aspirations populaires à un vrai chambardement<br />

du statu quo tout au long de<br />

cette période interminable de “transition<br />

démocratique”.<br />

Après ce jour macabre, les militaires,<br />

avec un conseil électoral domestiqué,<br />

avaient pu organiser les élections<br />

du 17 janvier 1988. Au cours desquelles<br />

étaient sorti un président, des députés et<br />

sénateurs pour diriger l’Haïti post duvalier.<br />

Après les élections avortées du 29<br />

novembre 1987 et la mascarade électorale<br />

de janvier 1988, le gouvernement de<br />

transition, spécialement le général avait,<br />

comme les militaires qui avaient organisés<br />

les élections de 1957, fait le choix de<br />

rentrer dans l’histoire comme tant d’autres<br />

gouvernements militaires ou civils<br />

qui avait raté la chance de conduire le<br />

pays vers la démocratie. Le général qui<br />

était chouchouté par toute la population<br />

au moment de prendre la parole tôt dans<br />

la matinée du 7 février 1986 comme<br />

président du Conseil National de Gouvernement,<br />

pouvait, deux ans après, faire<br />

toute une différence en Haïti.<br />

Trente-quatre ans après le 7<br />

février 1986<br />

Du massacre de la Ruelle Vaillant le 29<br />

novembre 1987, du rêve assassiné des<br />

élections du 16 décembre 1990 avec<br />

le coup de forces des militaires le 30<br />

septembre 1991, suivi des élections<br />

frauduleuses post tremblement de terre<br />

du 12 janvier 2010, trente-quatre ans<br />

après le départ de Jean-Claude Duvalier,<br />

Haïti continue de faire face aux crises<br />

institutionnelles et structurelles de<br />

toutes sortes. Tous les efforts du peuple<br />

haïtien de 1986 á <strong>2020</strong> consentis dans<br />

le cadre du processus démocratique<br />

sont sapés par des hommes politiques<br />

et alliés locaux et internationaux.<br />

Les dirigeants de l’après 1986 ont<br />

tous, piteusement échoué. Ils le sont du<br />

fait qu’ils sont non seulement des marionnettes<br />

dans les mains de l’oligarchie<br />

locale et internationale, mais aussi, du<br />

fait qu’ils sont incapable de comprendre<br />

que le soulèvement qui a conduit<br />

au départ de Jean-Claude Duvalier le 7<br />

février 1986 était beaucoup plus profond<br />

qu’un simple changement de gouvernement.<br />

Dans leurs revendications, les<br />

masses défavorisés étaient et continuent<br />

encore d’être dans les rues pour réclamer<br />

un leader moderne, avec de grandes<br />

visions d’un nouveau contrat social. En<br />

un mot, le peuple voulait d’un leader<br />

capable, á travers l’idéal dessalinien, de<br />

comprendre leurs aspirations politiques,<br />

économiques et sociales.<br />

Comme plus que cela change<br />

avec la litanie des élections frauduleuses<br />

des législatives et présidentielles des<br />

dernières années plus les choses sont<br />

restées les mêmes pour la classe défavorisées,<br />

donc le future d’Haïti est incertain.<br />

Puisque, avec des dirigeants, immoraux,<br />

arrogants, inexpérimentés et<br />

incompétents, de plus, qui se sont supportés<br />

dans toutes ses malversations par<br />

l’oligarchie locale et l’international, le<br />

pays se meurt.<br />

C’est dans ce contexte que, dans<br />

son texte titré une révolution pout Haïti,<br />

publié dans les colonnes Journal de Montréal,<br />

Loïc Tasse opine que: Rarement un<br />

pays a été gouverneé par une brochette<br />

de bandits et d’incompétents...Tant que<br />

les élites actuelles resteront au pouvoir,<br />

rien ne changera. Elles continueront à<br />

s’empiffrer, entre autres grace à l’argent<br />

qui arrive généreusement de l’étranger,....<br />

Quand Haïti n’est pas présenté<br />

comme un état en faillite, certaine fois,<br />

l’international a tendance á la présenter<br />

comme étant le pays le plus pauvre de<br />

l’hemisphère. Quoique certains vous<br />

diront à priori que cette même communauté<br />

internationale qui ne rate jamais<br />

une occasion pour critiquer Haïti<br />

a aussi sa part de responsabilté dans le<br />

sabotage du processus de transition et<br />

de démocratie, ou de plus, le pays n’est<br />

pas pauvre, mais de préférence, il est<br />

apprauvri par des sois-disant faux amis<br />

de l’extérieur. État en faillite, pauvre ou<br />

apprauvrir, il suffit á quelqu’un d’effectuer<br />

une courte visite en Haïti pour se<br />

rendre compte de la situation de misère<br />

dans laquelle vit le peuple haïtien. Structurel<br />

et conjoncturellement, Haïti en ellemême<br />

est très problématique. Quoi qu’il<br />

en soit ou les raisons évoquées pour expliquer<br />

cette pauvreté, il est une évidence<br />

que Haïti est aujourd’ui très pauvre.<br />

Comme plus que cela change<br />

avec la léthanie des élections frauduleuses<br />

des législatives et présidentielles<br />

des dernières années, plus les choses<br />

sont restées les mêmes pour la classe<br />

défavorisées, donc le future d’Haïti est<br />

incertain.<br />

Haïti est un État failli ?<br />

Sous le titre: Les États-Unis ont-ils<br />

un rôle dans le naufrage d’Haïti, l’auteur<br />

écrit qu’ «’Il n’existe pratiquement<br />

aucune institution viable en Haïti et<br />

l’Etat n’est qu’une fiction. Le système<br />

éducatif totalement démantelé, n’arrive<br />

à fournir les compétences nécessaires<br />

pour surmonter ce drame alors que plus<br />

de 80% des diplômés haïtiens vivent à<br />

l’étranger »<br />

Quant à la jeunesse -statistiquement<br />

majoritaire, elle est aux abois.<br />

« Sans repères, elle est gagnée par la<br />

dépravation, la corruption et la prostitution.<br />

Pour elle, aucune lueur n’est<br />

encore visible au bout du tunnel. Et ça<br />

va durer encore longtemps. Gobée par<br />

l’acculturation et arrimée aux dérives<br />

d’un ordre économique mondial délétère<br />

(consumérisme, acculturation, distraction<br />

par les medias, etc.), elle se révèle<br />

incapable de cerner le fond du problème<br />

afin de saisir les véritables enjeux. »<br />

A chaque fois qu’il veut faire<br />

mention des décennies négatives des<br />

expériences démocratiques post duvalier<br />

en Haïti, Pierre Raymond Dumas, journaliste<br />

et ancien ministre de la culture,<br />

parle toujours de transition démocratique<br />

continue ou une transition qui n’en finit<br />

pas. Est-ce la transition continue qui fait<br />

d’Haïti un Ėtat failli ou son état de défaillance<br />

qui permet á cette transition de<br />

n’en plus finir ?<br />

De toute évidence, la transition<br />

haïtienne a trop duré. La population est<br />

fatiguée. Le pays est complètement en<br />

retard par rapport aux grands défis du<br />

développement. Mais comme Delcamp<br />

aurait pu dire : ’Il n’existerait donc pas<br />

de recette magique, mais d’avantage<br />

une nécessité de gérer de manière<br />

satisfaisante et habile un ensemble<br />

de problèmes théoriques et pratiques<br />

inhérents à la réalité qui est<br />

propre à chaque histoire et donc à chaque<br />

pays’’. Tout en tenant compte de la<br />

réalité culturelle du pays et des exigences<br />

de l’heure, la réussite d’une transition<br />

démocratique en Haïti, devait être le résultat<br />

d’une combinaison de respect et<br />

de mise en oeuvre de grands principes et<br />

normes démocratiques.<br />

Le Chili et les Philippines, eux<br />

aussi, ont fait de longues expériences<br />

dictatoriales. Mais sans grandes difficultés,<br />

contrairement à Haïti, ils ont réussi<br />

leurs transitions démocratiques, alors<br />

qu’ils avaient commencé leur processus<br />

presqu’à la même époque qu’Haïti.<br />

Comment se fait-il que, jusqu’à présent,<br />

Haïti continue sa longue et difficile traversée<br />

vers un État moderne ? Non<br />

seulement les mauvaises expériences de<br />

la transition démocratique durent depuis<br />

trente-quatre ans, mais encore ‘’la plus<br />

grande confusion perdure et les problèmes<br />

d’Haïti deviennent plus complexes<br />

et plus difficiles que lors du départ de<br />

Jean Claude Duvalier’’.<br />

Il y a longtemps, avec des armes<br />

et minutions achetées avec l’argent des<br />

contribuables que la mort s’éternise dans<br />

les quartiers populaires. L’union fait la<br />

force continue d’être la devise d’un pays<br />

déchiré en plusieurs petits morceaux entre<br />

ceux-là qui ont tout pris et ceux qui<br />

n’en trouvent rien. Entre-temps, les attachés<br />

sont plus attachés au pouvoir et<br />

à l’argent facile pour perpétuer dans la<br />

plus grande tranquillité les crimes d’État.<br />

Avec des armes distribuées à des jeunes<br />

dans les quartiers populaires, les anciens<br />

membres du FRAPH continuent de frapper<br />

plus fort dans les quartiers populaires.<br />

Ils continuent à tuer les pauvres dans les<br />

quartiers populaires pour leur faire payer<br />

leur insolence d’avoir cru ou de continuer<br />

de croire à un changement démocratique<br />

dans ce pays. Quant aux faux amis de<br />

l’international, par leur ingérence dans<br />

les affaires internes du pays, ils continuent<br />

soit par le biais du chef de la<br />

diplomatie américaine ou la Nonciature<br />

Apostolique à faire des exigences pour<br />

une date sur les élections ou la mise sur<br />

pied d’un gouvernement, alors que, cela<br />

devrait être de la souveraineté nationale<br />

d’État, donc la démocratie n’a pas atterri.<br />

Ainsi, du 7 février 1986 au 7 février<br />

<strong>2020</strong>, trente-quatre ans après, Haïti est<br />

encore à la case de départ. La démocratie<br />

continue encore á chercher sa voie en<br />

Haïti. Plus cela change, plus c’est la<br />

même chose.<br />

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18 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol 13 # 31 • Du 5 au 11 Février <strong>2020</strong>


Suite de la page (13)<br />

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révolution pacifique. Dans une sorte de<br />

Manifeste, il définit sa pensée et son engagement<br />

politique:<br />

« Je suis révolutionnaire en tant<br />

que Colombien, en tant que sociologue,<br />

en tant que chrétien et en tant que<br />

prêtre.<br />

En tant que Colombien :<br />

parce que je ne peux pas rester<br />

étranger à la lutte de mon peuple.<br />

En tant que sociologue : parce que les<br />

connaissances scientifiques que j’ai de<br />

la réalité m’ont conduit à la conviction<br />

qu’il n’est pas possible de parvenir à des<br />

solutions techniques et efficaces sans<br />

révolution.<br />

En tant que chrétien parce que<br />

l’amour envers le prochain est l’essence<br />

du christianisme et que ce n’est que par<br />

la révolution que l’on peut obtenir le bien-être<br />

de la majorité des gens.<br />

En tant que prêtre : parce que la<br />

révolution exige un sacrifice complet de<br />

soi en faveur du prochain et que c’est<br />

là une exigence de charité fraternelle<br />

indispensable pour pouvoir réaliser le<br />

sacrifice de la messe, qui n’est pas une<br />

offrande individuelle mais l’offrande<br />

de tout un peuple, par l’intermédiaire<br />

du Christ. »<br />

Le moment décisif arrive enfin<br />

pour Camilo Torres de demander à<br />

l’archevêque de Bogota de le relever de<br />

ses fonctions de prêtre tant les conflits<br />

s’aggravent. Il n’aura aucune fonction<br />

sacerdotale. C’est fait au mois de juin<br />

1965. Manifestement, les pouvoirs<br />

laïcs et religieux lui en veulent, s’opposant<br />

de plus en plus durement aux<br />

manifestations qu’il organise. Toute issue<br />

légale lui est fermée. Camilo Torres<br />

choisit alors la violence révolutionnaire<br />

en rejoignant l’Armée de Libération Nationale<br />

(Ejército de Liberación Nacional<br />

[ELN]). Il annonce cette décision au<br />

début de l’année 1966: «Les voies légales<br />

sont épuisées. Pour que le peuple<br />

puisse posséder éducation, toit, nourriture,<br />

vêtement et, surtout, dignité, la<br />

voie armée est l’unique voie qu’il lui<br />

reste».<br />

La première opération militaire à<br />

laquelle participe Camilo Torres a lieu<br />

le 15 février 1966 à San Vicente de<br />

Chucurí, municipalité du nord-est de la<br />

Colombie. Des guérilleros tendent une<br />

embuscade à des soldats de l’armée. A<br />

un moment, ceux-là pensent que ceuxci<br />

ont tous été abattus. L’ordre est donné<br />

de récupérer les armes. Quand Camilo<br />

s’aventure pour y donner suite, un<br />

soldat qui était seulement blessé tire sur<br />

Camilo qui s’approchait de lui. Atteint<br />

de deux balles, la seconde lui est fatale.<br />

On ignore où il a été enterré et les recherches<br />

faites pour retrouver son corps<br />

n’ont jusqu’à présent pas abouti.<br />

Selon Camilo Torres, la lutte<br />

armée n’avait jamais été une fin en soi,<br />

mais une solution de dernier recours à<br />

un moment historique précis où tous les<br />

autres moyens légaux d’établir la justice<br />

sociale ont échoué. Rassembler divers<br />

secteurs de la lutte populaire autour<br />

d’un projet commun, sans abandonner<br />

l’identité de chacun, telle était la base de<br />

l’action politique de Camilo: un processus<br />

difficile, mais pas une tâche impossible.<br />

Aujourd’hui, il est plus nécessaire<br />

que jamais.<br />

Quand Camilo Torres est mort<br />

en 1966, la théologie de la libération,<br />

en tant que discipline, n’était pas née.<br />

Cependant, sa base était déjà établie,<br />

comme en témoigne l’engagement des<br />

chrétiens dans les luttes sociales et<br />

révolutionnaires. Camilo Torres a été<br />

l’un des précurseurs, inspiré d’abord<br />

par la doctrine sociale de l’Église dans<br />

son orientation la plus radicale: la condamnation<br />

des abus et des excès du<br />

capitalisme comme source d’injustice.<br />

La pensée politique de Camilo Torres,<br />

comme celle du Che ne mourra jamais.<br />

Références:<br />

¿Quién es Camilo Torres Restrepo?<br />

Batallón Camilo Torres Restrepo.<br />

Septembre 2007.<br />

Biogafía política de Camilo Torres.<br />

Edgar Camilo Rueda Navarro. 2002<br />

Unidad que multiplica. Entrevue<br />

de Rafael Ortiz membre du Commandement<br />

central de l’Union Camiliste de<br />

l’ELN accordée à Marta Harnecker journaliste,<br />

sociologue militante de gauche<br />

chilienne. (Quito, Editorial La Quimera,<br />

1988).<br />

Camilo Torres Restrepo and the<br />

Peace Process in Colombia. François<br />

Houtart. Telesur. 13 février 2016.<br />

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Vol 13 # 31 • Du 5 au 11 Février <strong>2020</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

19


Pleins Feux Sur : Roger « Tiyale » Jean-Baptiste (Port-au-Prince)<br />

Par Ed Rainer Sainvill<br />

« Un guitariste innovant »<br />

Tiyale, de son côté, a<br />

émergé adolescent dans<br />

un aura de musique et de<br />

sport, dans un Bas-Peude-Chose<br />

encore vibrant et<br />

rebelle. Juste au centre de<br />

l’avenue Christophe, où il<br />

est repéré pour ses dons de<br />

footballeur. Alors que ses<br />

frères ainés Smith et Franky<br />

sont surtout célèbres pour<br />

être parmi les pionniers<br />

et initiateurs du premier<br />

des mini-jazz : « Shleu-<br />

Shleu », respectivement<br />

comme batteur défricheur<br />

et « gongiste » innovateur.<br />

Tandis que Roger lui s’est<br />

orienté vers les cordes,<br />

subrepticement en émulant<br />

Sergo Rosenthal ; tout en<br />

s’auto-formant minutieusement.<br />

Alors qu’on attend de<br />

le voir enfiler les couleurs<br />

du Victory, équipe fanion de<br />

la zone. C’est plutôt au sein<br />

d’un petit groupe de fortune<br />

de la place Jérémie du nom<br />

de « Mussollo band » qu’il<br />

s’est introduit.<br />

Une formation<br />

éphémère qui a porté le<br />

surnom de son ami d’enfance<br />

d’à côté, Serge ‘’Mussollo’’<br />

Crispin, lui ancien<br />

avant du Victory. Cependant,<br />

c’est avec les « Pachas<br />

» du Canapé Vert que<br />

Tiyale a fait ses débuts ;<br />

commençant à faire montre<br />

de ses capacités de guitariste<br />

de flair et d’harmonie.<br />

Ce qui le met tout de suite<br />

dans le collimateur des recruteurs.<br />

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Shleu », après la désertion<br />

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de la deuxième équipe à<br />

New-York pour la formation<br />

du « Skah-Shah ». Mais,<br />

cette étape ne va pas non<br />

plus s’éterniser, puisque<br />

quelque temps après, cette<br />

troisième version « Shleu-<br />

Shleu » décide à son tour<br />

de ne pas retourner au pays<br />

de baby doc. C’est ainsi que<br />

ses membres les plus influents<br />

dont Gérard Daniel et<br />

Tiyale vont remettre ça avec<br />

la formation du « Djet X ».<br />

Et dès la deuxième demie<br />

des années 1970, Roger<br />

va se faire prépondérant<br />

avec cet orchestre qui a<br />

franchi le rubicon comme<br />

le groupe des romantiques<br />

et des heures tranquilles<br />

; bousculant même<br />

les bolides : « Tabou »,<br />

« Skah-Shah » et « Orig.<br />

Shleu-Shleu » dans leur fief<br />

new-yorkais. Transformant<br />

cet ensemble en un ‘’power<br />

house’’ de la communauté<br />

d’outre- mer et du pays qui<br />

s’entichent bien de cette sonorité<br />

pittoresque. Au sein<br />

duquel Jean Baptiste a mis<br />

en évidence sa touche pétillante.<br />

Imposant ses griffes<br />

de guitariste innovant dans<br />

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signé comme l’un des initiateurs<br />

de ‘’la douce qui<br />

vient’’ ; la marque-déposée<br />

du « Djet X », qui a fait autant<br />

de vagues dans l’environnement<br />

du music-hall<br />

haïtien.<br />

Constituant la trinité<br />

du groupe en compagnie<br />

du chanteur Maxon Badette<br />

et du saxophoniste virtuose<br />

Gérard Daniel. Tiyale<br />

s’est bien acquitté de ses<br />

fonctions d’arrangeur et<br />

de compositeur. Enfilant les<br />

succès monstres du groupe:<br />

le nôtre, orgueil, fais-toi<br />

plus belle, gagòt Djet X,<br />

big break, rossignol, simalo,<br />

love to love you<br />

baby et autres. Et lorsque<br />

les clignotants se sont refroidis<br />

pour ‘’la douce qui<br />

vient’’, et que cette troupe<br />

a atteint prématurément sa<br />

fin de cycle, Tiyale a continué<br />

à se montrer entreprenant<br />

dans des œuvres en<br />

solo ; notamment dans l’album<br />

: « Jet X Love Unlimited<br />

» et aussi, une production<br />

avec le Mini All Stars.<br />

Mais les 1990’s ne sont pas<br />

tout aussi fructueux musicalement<br />

pour R.J.B qui doit<br />

donner la priorité à la vie<br />

familiale. En s’écartant un<br />

peu du milieu du show-biz.<br />

Pour se retrouver<br />

éventuellement à Orlando ;<br />

où il mijotait de rebondir<br />

avec la formation du groupe<br />

« 100 Degrés ». Cependant,<br />

la mort vint impardonnable<br />

lui ravir d’un coup,<br />

deux fils dans un accident<br />

de voiture sur l’autoroute<br />

de la Floride. Mais insatiable,<br />

il revient encore pour<br />

revendiquer son statut d’artiste<br />

dans l’âme, en récidivant<br />

dans la teneur du « X<br />

Factor », et d’autres initiatives<br />

qui l’ont permis de se<br />

maintenir dans le bain des<br />

vagues nouvelles, tout en<br />

certifiant les acquis d’hier.<br />

Ce dont il s’est astreint à<br />

faire fructifier dans son studio<br />

d’enregistrement d’Orlando<br />

où il respire toujours<br />

de musique.<br />

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Vol 13 # 31 • Du 5 au 11 Février <strong>2020</strong>

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